Chapitre 12 : Prévoir l'imprévisible ?

Notes de l’auteur : tw: Automutilation, Alcool

Heather avait décidé de déposer quelques affaires chez moi. Elle ne voulait pas quitter son taudis, mais voulait tout de même être plus proche de moi et ne pas avoir à faire des allers-retours sans arrêt.

Elle était en train de ranger quelques affaires, toujours aussi peu et les disposant, contrairement à la dernière fois, dans ma chambre. Je l'avais laissée seule durant quelques minutes, le temps de passer un coup de fil à Vitalik. Rien de nouveau à l'horizon ainsi qu'à propos de sa fille. Elle ne lui avait rien dit, tant mieux. Les affaires pouvaient continuer sans le moindre encombre.

Pendant quelques minutes, il osa me parler de sa famille. Je fis mine d'écouter. Il la considérait vraiment comme une fierté. Je ne comptais même plus le nombre de fois où il m'avait montré des photos de ses gosses tout comme le nombre de fois où il avait sous-entendu que ça serait une excellente expérience. C'était juste un moyen comme un autre de combler sa misérable vie.

Je finis par trouver un moyen de mettre court à cette conversation en prétendant un double appel. Je pus enfin retrouver Heather, toujours en plein rangement. Je la cherchais dans la chambre. Elle n'était pas là. Seulement sa valise était par terre, ouverte. Le contenu s'était rapidement vidé. Plutôt rapide pour éparpiller ses affaires chez moi. Je jetai un bref regard au peu de ses fringues traînant dans cette valise. Rien de bien intéressant. C'était plutôt habillé dans le genre.

J'entendis quelques bruits provenant de la salle de bains. Elle devait installer tous ses produits, son maquillage. Ma salle de bains allait être l'endroit le plus envahi désormais. Je la rejoignis. Contrairement, à ce que je pensais, elle n'était pas en train de ranger, du moins, elle avait dû être interrompue. Elle avait ouvert un des tiroirs du meuble sous l'évier et était désormais figée.

Comment avais-je pu oublier ça ? Je n'avais qu'une chose à penser, je l'avais oubliée. Évidemment, c'était une des pires choses qu'elle aurait pu trouver chez moi. Malheureusement, je n'avais pas la foi de lui mentir pour cette fois.

Je savais pertinemment ce qu'elle était en train de fixer. Elle avait ouvert le tiroir, le tiroir contenant ces fameuses lames de rasoir. D'habitude, je laissai toujours un mouchoir ou un tissu pour masquer le sang qui s'était accumulé après tant d'années.

J'avais très mal rangé. Mes habitudes m'avaient joué un vilain tour.

Elle remarqua ma présence et leva son regard vers moi, apeurée. Elle était tellement prise au dépourvu qu'elle ne sut pas quoi dire. Sa bouche s'ouvrit, mais aucun son ne sortait. Après tout, ce n'était peut-être pas à elle de parler.

— Tu te poses des questions ? demandai-je d'un ton à la limite du murmure.

— Un peu, me répondit-elle avec hésitation sur le même ton.

Elle m'avait quand même vu nu, il n'y avait plus de secret pour personne. Certaines cicatrices ne pouvaient en aucun cas se cacher, en particulier au niveau des bras.

— Je suppose que tu as remarqué quand on a baisé.

Même si nous étions le soir avec pour seule compagnie une lumière tamisée, n'importe qui l'aurait vu. C'était visible, très visible. Elle avait sûrement fait mine d'ignorer. La solution que tout le monde préférait choisir.

Elle détourna son regard brièvement. Elle n'était pas à l'aise. Moi non plus. Je n'avais aucune idée de pourquoi je lui parlais de ça. Après tout, je n'avais aucune confiance en elle. Elle pourrait très bien se moquer et le révéler à qui veuille l'entendre, quelque chose que je ne supporterais pas...

— Tu t'es mutilé ? m'interrogea-t-elle en reposant son regard vers moi.

Je fermai le tiroir et pris une brève inspiration avant de lui répondre. Lui mentir me semblait tellement vain à ce moment-là...

— Oui, soupirai-je, déjà exténué par cette conversation.

Elle ne s'y attendait pas, son regard effrayé me le prouvait encore une fois. Elle était bien trop innocente. Tout ça ne lui avait sûrement jamais traversé l'esprit, elle ignorait tout de cet obscur monde comme la plupart.

Bizarrement, je décidai d'être honnête avec elle, du moins, en grande partie. Je n'allais certainement pas lui révéler ce qui m'était passé par la tête après notre première fois.

Je m'approchai d'elle et relevai d'une dizaine de centimètres seulement ma manche gauche. Elle put apercevoir quelques cicatrices sur mon avant-bras. Sa réaction ne se fit pas attendre.

— Oh mon Dieu...

Elle détourna aussitôt son regard. Elle était horrifiée. Elle n'avait pas dû faire attention lorsque nous avions couché ensemble, ce qui était assez perturbant.

Je remis ma manche en place. Ceci la gênait. Je n'en doutais pas. Peu de gens étaient confrontés à ce genre de choses. Son regard finit par revenir vers moi.

— Pourquoi tu as fait ça ? me demanda-t-elle faiblement.

— Peu importe.

Elle fronça les sourcils. Avais-je vraiment envie d'entrer dans les détails ? Non, certainement pas.

— Tu comptes continuer ? s'enquit-elle, la voix tremblante.

Si j'avais dû lui répondre, je n'aurais pu articuler qu'un "peut-être", ce qui n'était clairement pas une bonne réponse et elle était déjà suffisamment terrorisée comme ça.

— Pourquoi tu ne veux pas m'en parler ? s'inquiéta-t-elle en secouant la tête pour montrer son incompréhension.

— Parce que ce ne sont pas des choses qui t'intéressent...

En réalité, je ne pouvais pas t'en parler sans devoir tout révéler. C'était ça qui me gênait le plus, le fait que tu puisses me fuir comme de la peste, comme tous les autres...

— Tu ne me considères pas comme quelqu'un à qui tu pourrais en parler ?

— Peu importe.

Elle leva les yeux au ciel immédiatement après ces quelques mots. Elle s'emportait déjà, mais les choses n'allaient pas changer de sitôt.

— Pourquoi tu te renfermes soudainement ? Quand il s'agissait de sexe, tu paraissais bien plus ouvert.

— À ton avis ?

Elle se tut et baissa la tête. Elle espérait vraiment que je m'ouvre vraiment davantage à elle, mais c'était impossible. Sur ce point-là, elle était semblable aux autres. Je connaissais déjà sa réaction par avance.

— Et d'ailleurs, tu comptes m'épouser ? lâchai-je pour détourner le sujet de l'attention.

C'était probablement le pire moment pour en parler, mais c'était bien plus simple ainsi.

— Je n'en sais rien.

En réalité, mon plan n'avait plus lieu d'être, mais le fait qu'elle puisse devenir ma femme m'excitait. J'aimais déjà cette vision, lui glisser la bague au doigt, la voir porter mon nom. Et je ne comprenais pas pourquoi j'y voyais une forme de satisfaction alors que j'avais toujours détesté l'idée du mariage.

— Tu te fiches vraiment de moi ? demanda-t-elle avec une légère grimace.

— Non...

— Alors... J'accepte de t'épouser si tu convaincs mon père, me provoqua-t-elle en plongeant son regard dans le mien.

Elle leva un sourcil comme pour me montrer qu'elle avait un coup d'avance. Puis elle croisa les bras, attendant ma réaction avec délectation.

Si seulement elle savait à quel point j'aimais les défis. En particulier celui-ci. J'allais par la même occasion enfin rencontrer son père, celui qu'elle glorifiait tant, celui dont elle était persuadée qu'il refuserait notre relation. Tout ceci devenait tellement bien plus excitant que d'habitude.

— C'est dans la poche, rétorquai-je d'un air déjà victorieux.

— Ne crois pas si bien dire ! s'indigna-t-elle en plissant des yeux.

Elle attendait chacune de mes réactions avec impatience, prête à me contredire pour me prouver à quel point j'avais tort.

Je tentai d'esquisser un sourire qui pourrait me faire passer pour le parfait gentleman, ou du moins, la plupart y croiraient, sauf moi. D'un air enjôleur, je pris la parole, convaincu d'avoir les mots qu'il fallait :

— Je lui sortirai mes plus belles paroles et il sera charmé en moins de deux, persuadé que je serai l'homme idéal pour sa fille chérie, celui qui sera capable de lui offrir du bonheur tout en la préservant des malheurs de ce monde.

— On verra demain, chez moi, lâcha-t-elle d'un ton assez moqueur.

Mon sourire s'effaça au contraire du sien désormais plein de malice. Elle pensait savoir mieux manier les cartes que moi, elle avait tort, totalement tort. Elle ignorait à quel point je relevais ce défi avec plaisir contrairement à ce que je pourrais laisser croire. J'allais la surprendre, bien plus que d'habitude. Son sourire était de courte durée...

 

*

 

La pluie frappait violemment sur les fenêtres du salon. Je pouvais à peine distinguer l'extérieur depuis celles-ci. Une brume épaisse avait obscurci le paysage. Le coucher du soleil n'aidait pas non plus à l'égayer, au contraire.

Puis mon regard se posa sur la pendule. Il n'était que dix-sept heures. Et moi qui pensais que les aiguilles s'approchaient dangereusement des heures fatidiques. J'avais tort.

Je me servis un autre verre d'un alcool que j'avais pris au hasard. Sûrement du whisky ou qu'en sais-je ? Peu importe, je n'avais pas eu envie de réfléchir à ce moment et c'était toujours le cas maintenant. J'avais même arrêté de compter les verres. J'aurais la gueule de bois demain en rencontrant le père de Heather. Peu importe. Je ne faisais même plus la différence.

Après une rapide gorgée, je posai mon verre sur la table pour prendre mon visage entre mes mains. Je fis passer mes doigts dans mes cheveux, ceux-ci me retombèrent aussitôt dans les yeux. Mon regard fixa alors sur cette lame tranchante qui avait atterri sur le sol. Elle avait dû m'échapper. Je la ramassais. Je vérifiais ma poche intérieure, vide.

Tu dois le faire. C'est mieux pour toi.

C'était tout ce que j'entendais avec cette pluie battante. Dans ce silence morose, j'observai cette lame de rasoir. Je ne savais plus quoi en penser. Mécaniquement, je soulevai ma manche gauche, dénudant mon bras. Je pus apercevoir des cicatrices encore bien récentes, encore à vif. Mon auriculaire droit les parcourut avec hésitation.

Rien ne me retenait de le faire. Absolument rien. Que je le fasse ou non, qu'est-ce que ça changerait ? Comme si quelqu'un allait s'en soucier. Des tas de gens l'avaient su, des tas de gens l'avaient ignoré. Ils avaient tous trouvé un moyen de m'éloigner de leur vie, j'étais finalement celui qui avait décidé de mettre court à tout ça.

Fermant les yeux brusquement, je fondis en larmes. Je serrai les dents en espérant que la douleur se dissipe. Quelle douleur ?

J'ouvris les yeux, serrant le poing, et collai la lame contre ma peau. En un geste tout serait réglé. Le sang coulerait encore une fois, et alors ?

J'en venais presque à ne plus savoir respirer. C'était mal de faire ça. Vraiment ? De toute manière personne ne savait, personne ne devait le savoir, personne ne le saurait jamais. Et si quelqu'un l'apprenait ? Ça n'y changerait rien. Je n'aurais droit qu'à leur mépris. C'était tout ce qu'ils m'avaient toujours montré, leur mépris, leur haine. Que je vive ou non, ça ne les préoccupait pas. Je n'étais qu'un parmi tant d'autres. J'étais ce qu'ils disaient de moi dans le fond. Vraiment ? Oui, totalement. Je l'étais.

Je pressai la lame contre ma peau. Ce n'était pas suffisant pour saigner. Pourquoi n'étais-je pas mort tout simplement ? C'était ce qui aurait dû se passer depuis longtemps. Alors pourquoi ? Pourquoi ne l'avaient-ils pas fait ? Pourquoi ne l'avais-je pas fait ?

Je vis mon portable posé sur la table. Je pouvais appeler Paris. C'était ce que j'avais toujours fait au début. Je lui racontais tout jusqu'à ce que je perde cette habitude. Tant pis, je n'avais besoin de personne... Les autres n'étaient qu'un problème comme un autre. Les autres étaient surtout incapables de le supporter.

Heather...

Mon portable en main, je m'arrêtai dans la composition de son numéro quand je constatai que je tenais toujours cette lame. Que pouvais-je bien lui dire ? Je ne pouvais pas lui avouer que j'avais envie de ressentir la douleur de ma peau tranchée par un bout de ferraille et voir le sang s'en écouler. Elle avait à peine compris la dernière fois. En fait, elle n'avait rien compris et ne comprendrait jamais. Elle me répéterait le même discours "C'est mal", "Tu ne dois pas faire ça" ou bien évidemment le perpétuel "Tu devrais en parler à un professionnel". Comme si je n'avais que ça à foutre de ma vie de déballer des atrocités à un inconnu...

Pourtant, je l'appelai même si je ne savais pas pourquoi. Peut-être juste pour entendre sa voix ? Non, je m'en foutais. Sûrement l'alcool.

Elle ne répondait toujours pas et à chacune des sonneries je resserrai la lame entre mes doigts. Elle finit par décrocher et prit immédiatement la parole avant même que je ne puisse le faire :

— Salut Cole. Il y a un problème ?

— Non... Enfin... Non...

— Tu peux tout me dire.

Je regardai la lame tout en pensant qu'elle était chez elle. Cette fois-ci, elle avait décidé de passer cette nuit dans sa maison. Emménager entièrement chez moi n'était pas encore dans ses plans et c'était tout à fait normal.

— Cole ? Tu es là ?

— Oui, je suis toujours là, répondis-je en constatant le silence qui s'était créé entre nous.

— Tu as une voix bizarre. Tu as bu ?

Je laissai échapper un bref rire. Était-ce si facile à remarquer que ça ?

— Tu veux que je vienne ? demanda-t-elle sur un ton on ne peut plus sérieux.

— Non, ça ira. Ça va... Ce n'est rien... Je...

J'avais envie de mourir encore une fois. J'avais envie de me trancher les veines jusqu'à ce... C'était tout ce que je ne pouvais pas lui dire. Même Paris n'arrivait plus à le supporter.

— Je peux vraiment venir. Ça ne me gêne pas, m'assura-t-elle d'une voix grave.

— Tu es habillée comment ? lâchai-je en espérant détourner le sujet.

— Ne me dis pas que tu m'appelais seulement parce que tu étais en manque, soupira-t-elle, presque déçue de mon appel.

Le sexe semblait être une bonne échappatoire. Je n'avais pas baisé depuis notre première fois. Deux jours, ça commençait à faire long. Je n'avais jamais de périodes aussi longues d'abstinence. La fidélité, ça craint.

— Ok, j'ai compris, je viens, annonça-t-elle après ce silence.

— Non ! la repoussai-je d'un ton assez élevé.

Je tentai d'articuler quelque chose, mais elle me devança encore une fois :

— Tu devrais te reposer. Je crois que tu as vraiment trop bu. J'essaierai de passer dans la soirée.

— Non, je t'assure. Tu n'as pas à te déplacer...

Quoique, si elle venait, on pourrait passer la nuit au lit. Elle n'était pas comme une pute qui partait une fois que c'était fini. Après l'acte, elle allait sûrement vouloir me parler, en savoir vraiment plus et même réagir à chacune de mes paroles.

— Alors pourquoi tu m'as appelée ? demanda-t-elle une énième fois.

Comme si je pouvais lui donner la vraie raison...

— Pour rien... Je suis bourré, murmurai-je d'une voix pâteuse. Laisse tomber.

— D'accord... Tu ferais mieux de dormir.

J'étais persuadé qu'elle était en train de sourire ou peut-être était-ce juste une illusion ?

Elle finit par raccrocher. Je posai mon portable sur le canapé et mon regard se posa de nouveau sur cette lame.

Finalement...

Je remontai ma manche gauche. Ce fut un geste brusque puis je jetai la lame au sol. Seul un bruit assourdissant retentit. Le sang s'agglutinait par goutte pour finalement couler le long de mon bras. J'essuyai brièvement mes larmes apercevant alors l'arc-en-ciel qui s'était formé entre-temps dans le ciel. La nature se foutait clairement de ma gueule...

Pris d'épuisement, je finis par m'allonger sur le canapé. Je voulais dormir. Non, je ne voulais pas, je devais. Comme d'habitude, je tentais en fermant les yeux.

J'essayais de faire le vide, ne plus penser à rien en espérant que tout serait plus clair le lendemain.

Fais-le ! Tu es le mal ! Le Mal absolu !

Je sentis une main caresser mes cheveux. Ne cherchant même pas à comprendre la situation et dans un brusque élan, je me redressai et je me saisis violemment de cette main pour me rendre compte qu'il s'agissait de celle de Heather lorsque j'ouvris les yeux. Assise en face de moi sur la table basse, je ne pus me détacher de son regard apeuré durant de longues secondes.

Je finis par la relâcher. Je cherchai mes mots et seuls quelques-uns sortirent de ma bouche :

— Je suis désolé... Heather... Je ne voulais pas...

Elle resta muette, me fixant d'un air inquiet. Je l'avais effrayée. Évidemment. Elle reprit rapidement son calme.

— Est-ce que ça va ? Je ne voulais pas te déranger.

— Je suis désolé, répétai-je dans un murmure.

Elle prit ma main gauche dans les siennes. Apercevant du sang sur mon poignet, je la retirai de son emprise brusquement tout en tirant sur ma manche.

— Je devrais aller dormir... Il doit être tard, lâchai-je en vitesse tout en cherchant la lame du regard.

— Je pense aussi... Tu as l'air vraiment fatigué.

Je me levai, elle fit de même. Un long échange de regards se produisit jusqu'à ce que je la prenne soudainement dans mes bras. Elle était surprise, mais prolongea mon étreinte.

— Tu es sûre que ça va ? me demanda-t-elle, tremblante.

— Je suis content que tu sois venu, chuchotai-je, sincèrement.

— Je crois que tu as vraiment besoin de sommeil...

Je la relâchai. J'en avais besoin, mais c'était plus simple de rester éveillé.

Je pris son visage entre mes mains et caressai du bout de mes pouces ses joues saillantes.

— Maintenant que tu es là, on devrait en profiter, lançai-je, ne me gênant pas à placer quelques sous-entendus.

— Tu pues l'alcool Cole, me fit-elle remarquer, comme si elle en était dégoûtée. Je pense que tout ce dont tu as besoin, c'est du sommeil. On réfléchit mieux quand on dort.

— Un peu de sexe ne peut pas faire de mal.

— Tu te cherches une excuse Cole et on ne fera rien tant que tu ne seras pas sobre.

Elle me prit par le bras et me conduisit jusqu'à ma chambre. Elle força à m'asseoir sur mon lit.

— Demain, tu vas voir mon père, je n'ai pas envie que tu sois dans un mauvais état.

J'avais complètement oublié ça sur le coup. Son père... Celui qu'elle chérissait tant. Pourquoi ne pouvait-elle pas l'abandonner ?

— Juste une petite baise de rien du tout. En un quart d'heure c'est fini et je dors, c'est promis, la suppliai-je en espérant qu'elle accepte.

Je n'allais pas tenir cette promesse, mais deux jours, ça commençait à être long. J'étais en couple et Jordana n'était pas en ville, tout était contre moi pour me priver de sexe.

— Cole... Ça fait juste deux jours. Tu vas survivre.

Je posai mes mains sur sa taille puis les descendis jusqu'à ses hanches. Je sentais sa peau chaleureuse à travers le tissu. Elle prit mes mains et les enleva aussitôt.

— Pas de sexe. Tu dors, s'opposa-t-elle d'un ton ferme.

— Je bande Heather là. C'est de la torture...

Son regard se noircit. Elle n'avait pas envie de jouer. Pourquoi prenait-elle autant la situation au sérieux ?

— Cole... Une fois que tu dormiras et que tu auras dessaoulé, on pourra en reparler.

Elle se pencha pour m'embrasser sur la joue et je m'emparai de son visage pour prendre les devants d'une manière bien plus intensive. Elle mit rapidement fin à ce baiser.

— Bonne nuit Cole.

Je la fixai en train de partir puis m'affalai sur mon lit en espérant trouver le sommeil. Une nuit comme une autre...

 

*

 

J'étais en compagnie d'Heather en attendant son père. Elle était la seule à avoir fait le choix de s'asseoir sur le canapé de son modeste salon. J'étais debout, l'observant céder à son angoisse. Ses doigts tapotaient l'accoudoir à un rythme effréné, incapables d'être arrêtés, tout en se mordant la lèvre inférieure. Elle avait beau avoir été confiante et amusée jusqu'à là, elle ne pouvait mentir sur le fait qu'elle redoutait la situation bien plus que moi. Elle soupira longuement, d'une manière assez saccadée.

Je regardai brièvement ma montre. L'heure du rendez-vous était dépassée depuis de longues minutes désormais.

— En retard, constatai-je.

— Laisse-lui le temps. Il a beaucoup de travail.

— Mais bien sûr, soupirai-je sans vraiment y croire.

Elle croisa ses bras et commença à trembler. Elle s'inquiétait vraiment pour un rien. J'étais persuadé que son père n'en aurait rien à foutre.

D'ailleurs, elle n'avait rien voulu me dire à propos de celui-ci. J'étais dans le noir complet. Elle avait toujours trouvé un moyen d'esquiver mes questions, sûrement pour garder le secret et m'empêcher de faire des recherches sur lui. Elle était prévoyante, c'était une qualité.

— Tu ne veux toujours pas me dire quoi que ce soit sur ton père, je présume ? demandai-je sans le moindre espoir de réponse.

— Tu vas le rencontrer dans cinq minutes, il va se présenter de lui-même, répliqua-t-elle en évitant ma question comme je l'avais prévu.

Cependant, elle ne prit pas la peine de s'emporter, bien trop angoissée pour.

— J'espère que tout va bien se passer, murmura-t-elle.

— Ne t'en fais pas. Je gère la situation.

Elle ne semblait pas rassurée pour autant. Je m'assis à ses côtés et plongeai mon regard dans le sien. Puis lentement, nos lèvres se rapprochèrent mutuellement. Son angoisse était palpable et commença à se dissiper quand elle osa finalement poser ses mains sur mon cou. Elle se laissa faire, me laissant être le maître de la situation encore une fois.

Bien évidemment, ce fut à ce moment précis que son père venait de franchir le seuil de la porte. Il était enfin temps de défier son géniteur, celui dont elle me parlait depuis tant de temps.

Je me défis de l'étreinte d'Heather et me tournai vers lui, sûr de moi. Cet état d'esprit n'allait certainement pas durer pour être remplacé par un autre. En aucun cas je ne m'attendais à lui.

Nash Nichols.

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ManonSeguin
Posté le 23/01/2021
Il se passe trop de choses dans ce chapitre. Quelque part depuis le départ on se doute que Cole n'a pas un "esprit sain" vue le personnage. Il y avait cette part d'ombre autour de lui et maintenant on commence à savoir pourquoi et ce qu'il a fait/ce qu'il se fait et je ne peux que comprendre le "Personne ne le saura. Personne ne le verra".
Ensuite, la fin vient couper tout ça brusquement genre...Le papa de Heather mdr, on dirait que mine de rien, sans vouloir l'avouer à haute voix, il stress à l'idée de rencontrer son père :') ça me fait rire d'imaginer le grand Cole, en stress ahaha :)
MissRedInHell
Posté le 25/01/2021
Ce n'est que le début du côté obscur de Cole. Le pauvre, je l'ai bien massacré. :')

C'était un peu prévisible, mais aussi bien trop tentant de ne pas céder à cet élément pour ne pas le faire haha x')
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