Chapitre 12 : Oh Dany !

 

  Daniel a passé la nuit en cellule, Rodes vient le chercher.

 

    Rodes : — Alors on a bien dormi !

 

    Daniel : — Prenez ma place si ça vous tente. Vous croyez qu’on peut bien dormir ici ! C'est loin d’être un grand hôtel. 

 

    — Zut et moi qui pensait qu'on allait enfin avoir notre premier bon commentaire et quatre étoiles sur notre site de réservation. 

 

    — Je veux mon avocat. 

 

    — Oh Dani ! Si ce n'est pas magnifique ! Vous venez de prononcer la phrase magique. La phrase magique pour sortir de prison. ( Rodes sourit )

 

    — Je veux mon avocat. 

 

    — Vous en connaissez un bon ou vous en voulez un bon marché ?

 

    — Je peux appeler mon avocat. 

 

    — Bien sûr, vous avez le droit à un coup de fil gentiment offert par l’administration. Si ça c’est pas la grande classe ! 

 

    Rodes passe un téléphone portable à Daniel, une heure plus tard, Maître Maxime Gardin arrive au commissariat où il croise le lieutenant Hank Dawkins.  

 

    Dawkins : — Bonjour Maître. Puis-je vous aider ? 

 

    Maître Gardin : — J’aimerais pouvoir parler à mon client.

 

    — Qui est-ce ? 

 

    — Monsieur Daniel Rambaldi.

 

    — C’est vrai que mon collègue l’a interpellé hier soir. Il est dans de sales draps. On a retrouvé chez lui le téléphone de Janis Martin. 

 

    — Vous ne sautez pas un peu trop vite aux conclusions. Avoir le téléphone de quelqu'un chez soi, ça ne veut rien dire.

 

    — Il était aussi un des amants connus de Janis Martin, ça ne plaide pas en sa faveur. 

 

    — Cette fille avait tellement d’amants, ce n’est plus un mystère. 

 

    — Vous avez des informations à nous communiquer ? 

 

    — Non, mais c'est déjà mon deuxième clients qui a une relation avec cette femme et si j’en crois ce qu’a entendu mon ancien client, ce n’était pas les seules. 

 

    — Ce ne sont que des ouï-dires.

 

    — Devant un tribunal, je n’aurais aucune difficulté à prouver ce fait.

 

    — Si vous le dites. Je vous conduis à votre client. 

 

    — Merci lieutenant. 

 

    Dans une salle d’interrogatoire après s’être présenté, Maxime Gardin parle seul avec Daniel.

 

    Maître Gardin : — Vous pouvez tout me dire ? Je suis votre avocat. Vous devez probablement le savoir, je suis lié par le secret professionnel. Ce qui veut dire que vous ne serez pas le premier coupable que je défends. Si cela peut vous rassurer.    

 

    Daniel : — Je suis innocent, je n’ai rien fait.

 

    — Donc vous êtes innocent, c’est bon à savoir. Mais, racontez-moi quand même ce qui s’est passé depuis le début. J’ai besoin de détails pour vous défendre.  

 

    — Que voulez-vous que je vous dise ? Janis Martin est morte. J’ai eu une relation avec Janis, la police le sait déjà. 

 

    — Comment l’ont-ils appris ? 

 

    — C'est mon ex qui m'a balancé. 

 

    — Vous en êtes sûr ?

 

    — C'est certain !  

 

    — Cette ex, elle vous en voulait ? 

 

    — Elle me déteste. 

 

    — C’est pas tout de le dire ! Vous pouvez le prouver ? 

 

    — Aucun problème ! Elle m’a même agressé ici devant la police.

 

    — C’est un bon point. Comment votre ex s'est retrouvée mêlée à cette affaire ? 

 

    — C'est la sœur de Janis. 

 

    — Oh Dani ! Ça par contre, c'est pas bon. Franchement la sœur de votre copine, vous êtes suicidaire !

 

    — Janis était vraiment très séduisante. 

 

    — Les gens n'apprendront donc jamais rien !

 

    — De quoi parlez-vous ? 

 

    — D’histoire, la guerre de Troie, c’était déjà à cause d’une jolie fille prénommée Hélène. 

 

    — Vous savez, j’aurais aussi pu la tromper avec une fille quelconque. Néanmoins j’ai pas choisi n’importe qui. Janis était une vraie bombe. 

 

    — Vous pouvez arrêter de vous vanter ! Votre situation est loin d'être enviable. 

 

    — Je sais. Vous pensez pouvoir me sortir de là ?

 

    — Tout est toujours de l'ordre du possible ! Par exemple, si vous avez un budget conséquent, je connais des gars qui pourraient vous organiser une évasion aux petits oignons. 

 

    — Et puis après ? 

 

    — Hit the road Jack and don’t you come back no more, no more, no more, no more.

Hit the road Jack and don’t you come back no more. 

 

    — Je pensais plus à une sortie légale. 

 

    — Je devrais y arriver, toutefois la première solution avait plus de saveurs selon moi. Au fait, on m'a aussi parlé d’un téléphone qu'ils auraient retrouvé chez vous ! 

 

    — Je n’ai aucune idée de ce que ce téléphone faisait chez moi. 

 

    — Vous n’êtes au courant de rien ! C’est bien ma vaine, mais j’en ai vu d'autres. Ne vous en faites pas, quoique la situation soit loin d'être en notre faveur Dani. Je vais devoir improviser. J’ai trouvé une idée. Une machination contre vous ! On va dire que quelqu'un essaye de vous faire porter le chapeau. Votre ex, une femme jalouse de vous et de sa soeur. Elle s’appelle comment ? 

 

    — Marsha Martin.

 

    — Oh Dani ! Ça c’est parfait! Elle fera l’affaire. On l’accuse d’avoir planqué le téléphone chez vous. L’ex a toujours une clé. Elle devait avoir une clé de chez vous puisque c'est votre ex.   

 

    — Non, ça ne marchera pas ! Peu de temps après notre rupture, j’ai changé la serrure de chez moi.

 

    — Vous pourriez un peu m'aider, bon changement de plan, vous avez laissé votre porte ouverte. Tout le monde peut s’introduire facilement chez vous. Ne me contredisez pas ! Ça arrive à tout le monde d’oublier de bien fermer sa porte.

 

    — Je ne sais pas trop ! 

 

    — Heureusement pour vous, moi je sais. 

 

    — Vous êtes sûr de vous ?

 

    — Mon garçon, je connais le système et avec ça, je vous sortirai de là. Tout ce dont on a besoin, c'est d’une bonne histoire qui tienne à peu près la route et voilà ce que je vais leur servir.  

 

    — Du baratin !

 

    — Vous êtes vexant ! J’applique simplement une stratégie d’un de mes grands professeurs de droit.

 

    — Ça ressemble plus à du baratin. 

 

    — C'est ça ou la prison !

 

    — D’accord, on suit votre approche. Au fait, je ne vous ai pas encore parlé de mon alibi.

 

    — Parlons-en ! 

 

    Pendant ce temps Dawkins est allé voir Rodes.

 

    Dawkins : — Devine qui est l’avocat de Rambaldi ? 

 

    Rodes : — Est-ce-que ça a vraiment de l'importance ? Je donne ma langue au chat. 

 

    — C’est Gardin. 

 

    — Encore lui !

 

    — Tu ne vas pas t’imaginer d’autres théories. 

 

    — Non, je crois que c’est ma faute.

 

    — Comment ça ?

 

    — Daniel avait le droit à un coup de fil, c'est la loi, alors je lui ai passé mon portable et parmi mes contacts j'avais le numéro de Gardin. 

 

    — C'est pas la fin du monde et pourtant tu m’as l’air tout triste. Je sens que tu me caches quelque chose. Qu'est-ce qui s'est passé l’autre soir ?

 

    — Rien de spécial. J’ai arrêté notre suspect ! 

 

    — Non, tu ne me dis pas tout. Accouche ! 

 

    — Tu te rappelles quand je suis allé au laboratoire hier, là-bas j’ai croisé une fille. 

 

    — Je ne suis pas surpris. Un autre jour, une autre fille, c’est la routine pour toi.

 

    — C’est pas ce que tu crois !

 

    — Tu lui as fait ton numéro de charme. 

 

    — Je suis resté moi-même. 

 

    — Donc tu as pris une veste, ce sont des choses qui arrivent.

 

    — Elle avait un truc spécial. 

 

    — Elles ont toutes quelque chose de spécial avec toi. Tu t’en remettras.

 

    — C’est déjà fait.

 

    — Quoi ! Alors pourquoi fais-tu cette tête ? 

 

    — À cause de ce que j’ai fait après. J’ai rappelé Tracy et on a encore passé la nuit ensemble. 

 

    — Ça devient du sérieux entre vous, tu m’inviteras au mariage. 

 

    — Mais ça va pas bien dans ta tête ! J'ai pas envie qu'elle devienne trop collante, et avec ce que j’ai fait, elle ne va plus me lâcher.

 

    — T’as qu’à lui mettre le crime de Janis sur le dos. En plus tu pourras toujours lui faire quelques visites en prison de temps en temps pour entretenir votre flamme.

 

    — Très drôle ! Les mecs qui ont des relations avec les détenues, ce sont les gardiens de prison et je suis policier.

 

    — Tu pourrais changer de carrière, il y a pleins d’anciens policiers qui sont maintenant gardiens de prison. 

 

    — Tu te débarrasseras pas de moi comme ça ! 

 

    — Je n'ai plus qu'à utiliser mon plan B.

 

    — T’as vraiment un plan ?

 

    — Évidemment et pas seulement celui-ci, je suis un vrai grand méchant, je vais de ce pas dans mon antre secrète pour finaliser la domination du monde.

 

    — Où tu vas sérieusement ? 

 

    — Voir mes minions !

 

    — Dis bonjour de ma part à Jameson. 

 

    — Je crois qu'on a une fuite dans mon organisation secrète. Adieu monsieur Rodes.

 

    Dawkins fait semblant de tirer avec ses doigts sur Rodes puis il prend l'ascenseur pour aller voir Jameson, deux minutes plus tard il se retrouve en face à face avec lui. 

 

    Dawkins : — Bonjour Jameson. Vous en êtes où avec ce téléphone ? Vous avez trouvé quelque chose dedans ? 

 

    Jameson : — On a rien trouvé, pas d’empreinte et pas de données il est comme neuf.

 

    — Comment cela est possible ? 

 

    — Le téléphone est bien celui de Janis Martin, on en est sûr grâce au numéro de série, mais à part ça, on a rien. Quelqu'un à effacer toutes traces.

 

    — Mais je croyais qu'on ne pouvait jamais totalement effacer des données. 

 

    — En fait, comme vous pouvez le voir sur ce site internet, il suffit de suivre ces instructions et toutes vos données seront effacées et irrécupérables sur votre téléphone. Un vrai jeu d’enfant ! 

 

    — Qui a pu bien faire ce site ? Laissez-moi voir !

 

    — C'est mon site.

 

    — Pourquoi avez-vous créé ce site Jameson? Vous êtes de quel côté de la loi ?

 

    — C’est un passe-temps. Je partage mes connaissances avec le monde. Et puis ce n'est pas le seul site qui traite de ce sujet. 

 

    — Vous me rassurez vraiment ! La police n’est pas la seule à fournir ce genre de renseignements. Merci internet ! Grâce à toi on trouve le mode d'emploi pour le crime parfait.  

 

    — Qui parle du crime parfait ? J’informe les gens. Nos concitoyens ont besoin d’un bon moyen de ne pas laisser leurs données avant de se séparer de leurs téléphones. Imaginez que vous revendiez votre téléphone et que la personne qui rachète votre téléphone essaie de récupérer vos anciennes données. Le vol d’identité, vous connaissez ! Je suis une personne qui lutte contre une vraie nuisance pour notre société moderne. 

 

    — Et pourriez-vous m’expliquer ceci ? C'est sur votre site ! Comment enlever une tache de sang sur votre moquette sans laisser aucune trace.

 

    — Je rends aussi service aux gens qui ne savent pas bien nettoyer leurs appartements.  C'est difficile d’enlever ce genre de tâche.

 

    — Vous vous foutez de moi ! 

 

    — Pas du tout ! 

 

    Dawkins reprend l’ascenseur furieux. Deux heures plus tard, il se retrouve dans le bureau de Walker. 

 

    Walker : — Ça a donné quoi cet entretien avec Rambaldi ? 

 

    Dawkins : — Pas vraiment de surprise, c'est ceux à quoi je m’attendais.

 

    — C'est-à-dire !

 

    — Pas grand-chose, Gardin avait réponse à tout, on avait aucune preuve directe, j’ai dû relâcher le détenu. Sa défense consistait à accuser la sœur de la victime. 

 

    — Et vous avez demandé des précisions à la sœur de notre victime ? 

 

    — Je m’en suis chargé, il est clair qu'elle déteste son ex, elle l’avait même accusé du meurtre de sa sœur.

 

    — En gros, ils se renvoient la balle. 

 

    — C'est souvent le cas quand une histoire d’amour finie comme ça, mais elle n'a pas approché le domicile de son ex.

 

    — Comment en êtes-vous sûr ? 

 

    — Elle a de bons alibis et franchement ses réactions sont loin d'être celle d’une tueuse manipulatrice.

 

    — Je ne croyais pas que vous marchiez à l’instinct, dans ce métier, on vérifie les faits.

 

    — Je connais mon métier et j'ai d’autres pistes plus prometteuses à suivre. 

 

    — C’est votre enquête Hank, je compte sur vous. Mais rappelez-vous d’une chose si vous échouez, il y aura des conséquences. 

 

    — Depuis quand cette enquête est à ce point importante ?

 

    — Depuis le début, je vous l'ai déjà dit, le maire de notre ville réclame un résultat. Alors vous savez ce que vous avez à faire !

 

    — Je dois trouver le vrai coupable et je le ferais capitaine. 

 

    — Bien, je vous laisse à votre enquête maintenant. 

 

    Dawkins sort du bureau du capitaine et retourne s’asseoir en face de Rodes.

 

    Rodes : — Toi, t’as un plan !

 

    Dawkins : — De quoi tu parles !

 

    — Je connais ce regard, tu mijotes quelque chose.

 

    — Ah je vois c'est l’heure de manger, alors tu espères que je te fasse un bon petit plat, mais rassure-toi, ce n’est pas le cas. Tu sais très bien que j’ai hérité du talent culinaire de ma mère alors la seule chose que je peux te proposer à cette heure-ci, c’est un bon restaurant. 

 

    — Je te l’ai déjà dit, le Tex-mex de ton pote,  c’est un non définitif. 

 

    — Tu ne sais pas ce que tu rates ! 

 

    Dawkins est parti manger dans le petit Tex-mex de son ami Chad.

 

    Chad : — Salut mec, je suppose que tu veux toujours le même menu.

 

    Dawkins : — Évidemment je viens ici seulement pour ce menu qui me plaît, je ne vais pas risquer de tomber sur quelque chose qui me déplaise. J’apprécie ma petite routine. 

 

    — Qu’est-ce qui ne va pas ?

 

    — T’es devenu philosophe ! Si tu veux savoir, c'est pas l’euphorie des grands jours. Avec le boulot, les choses changent et pas en bien.

 

    — Tu voudrais changer de métier ?

 

    — Y'a des jours, je ne dirais pas non et puis d’autres.

 

    — Tu sais, tu n’es pas le premier à qui cela arrive, mais si tu cherches du boulot ici. C’est non.

 

    — Pourquoi ? 

 

    — J'ai déjà testé ta cuisine, tu veux mon avis, reste policier.

 

    — Et moi qui te prenais pour un ami.

 

    — Je suis ton ami, la restauration c’est juste pas pour toi.

 

    Marsha entre dans le Tex-mex, Dawkins lui fait signe. 

 

    Dawkins : — Bonjour Marsha ! Vous me cherchiez ? 

 

    Marsha : — Non, j’étais dans le quartier comme vous le savez et en regardant sur le net, j’ai remarqué que ce Tex-mex avait de bons avis, je me suis dit. Pourquoi pas. 

 

    — Vous avez bien fait, c'est le meilleur Tex-mex de tout le quartier. 

 

    Chad : — Tu veux dire de la ville.

 

    — Oui, si tu veux de la ville. Marsha, je vous présente mon bon ami Chad, c’est son restaurant. 

 

    — Puisque vous êtes l’ami d’Hank, votre premier repas vous est offert par la maison.

 

    Marsha : — Merci, décidément les étoiles sont avec moi aujourd'hui. 

 

    — Vous croyez au signe du destin. 

 

    — Oui, je suis voyante. 

 

    — Vous pourriez me lire les lignes de la main. 

 

    — Un service en vaut un autre.

 

    Dawkins : — Chad, tu m’offres aussi mon repas ?

 

    Chad : — Non, ceci est un business, mais pour la peine je te fais un prix d’ami.

 

    — C'est plus cher que d’habitude ! Tu me fais quoi là ?

 

    — Le prix d’ami.

 

    — Fait moi le prix d’un client de passage alors.

 

    Chad à l’oreille d’Hank : — J’ai vu ton regard, tu ne veux pas impressionner la demoiselle. 

 

    — Si je voulais l'impressionner, ce ne serait pas ici.

 

    Marsha : — Ah bon comme ça, vous voudriez m’impressionner ! 

 

    — Non mon ami se fait des idées. 

 

    — Vous savez ! Je ne serai pas contre l’idée d’être courtisée par un gentleman. 

 

    — Vous êtes toujours suspecte dans mon enquête. 

 

    — Et alors, si vous y tenez je vous laisserai me mettre les menottes. 

 

    — Marsha ! 

 

    — Ça vous intéresse lieutenant ! 

 

    — On pourra parler aussi de votre sœur. 

 

    — Je ne veux plus parler d’elle, elle me hante toujours depuis ce jour. Je voudrais l'oublier mais je n’y arrive pas. Depuis des mois, je me rappelle encore de ses paroles quand je suis rentrée ce jour-là et qu'elle a dit. Oh Dani ! 

 

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