Chapitre 12 : L'Espace

Notes de l’auteur : il y aura un chapitre avant celui-ci quand j'aurais fini de l'écrire, désolée pour le désordre !

Arrivée tout en haut des nombreuses volées de marche, Kim remarqua qu’en effet, il ne se trouvait sur ce palier qu’une seule porte très joliment ornée, à l’inverse des autres paliers inferieurs où il se trouvait à chaque fois plusieurs portes curieusement plus sobres et évidemment, une nouvelle volée de marches. L’huis qui se trouvait en face d’elle s’ornait, comme pour l’arche d’entrée de Kÿl, de nombreuses fleurs et autres structures végétales, d’animaux et d’humains, cette fois non tournés vers le haut en soumission à un nom, mais tournés les uns vers les autres, en parfaite harmonie. Chaque personnage était à sa place et semblait s’y complaire. La porte en elle-même n’était pas en bois comme les autres que Kim avait aperçues durant son ascension mais dans une matière étrange, à la fois dorée et rose, qui luisait et reflétait agréablement la lumière venant de la fenêtre adjacente.

Cependant, malgré sa douce apparence, quelque chose d’étrange en émanait. Un sentiment de malaise comme si tout ce qu’il y était représenté n’était qu’hypocrisie et que les doux sourires des personnage humains étaient en fait empreints de moquerie devant le spectateur qui pensait voir de la paix dans ce paysage.

 

C’est avec cette étrange impression que Kim, malgré toute sa colère, décida tout de même de toquer à la porte. Alors qu’elle s’attendait à une réponse venant de derrière le battant, Kim fut surprise d’entendre une voix à sa droite. Elle tourna la tête et remarqua, non sans surprise et même avec un semblant de dégout, un œil imbriqué dans une structure construite dans le même matériau que la porte et ressemblant à une sorte de bras mécanique articulé. L’œil, loin d’être mort, avait toujours des paupières et clignait de temps à autre en laissant apparaitre son magnifique iris violet.

 

- Quand tu auras fini d’admirer mon œil de nodräg, aurais-tu l’obligeance de répondre à ma question ? demanda l’œil à Kim.

 

- Quelle question ? Et c’est quoi un nodräg ?

 

- Je t’ai demandé qui tu étais, comment tu étais entrée et ce que tu voulais. Et tu n’as pas à savoir ce qu’est un nodräg. Figure-toi que je suis occupé et que je n’ai pas de temps à accorder à qui que ce soit en ce moment, répondit l’œil.

 

- Déjà ça fait trois questions et non pas une, et je vais vous faire changer d’avis, mon cher Espace, parce que je suis l’Henyët et que je suis prioritaire sur la liste de toutes vos pitoyables obligations, répliqua Kim tout en brandissant une nouvelle fois sa main devant l’œil mobile. 

 

La bague magique se refléta dans l’iris, tourbillonnant comme pour l’hypnotiser. Après un lent clignement de l’œil, la porte cliqueta et s’entrebâilla juste assez pour laisser filtrer une lumière jaune, chaleureuse, sur le palier de la tour de l’immense villa.

 

« Entre » fut le dernier mot que prononça l’œil avant de se rétracter dans le mur, plus précisément à l’intérieur d’une ronde anfractuosité que Kim n’avait pas remarquée, cachée par un couvercle parfaitement adapté. La voix qui s’était faite entendre à travers l’œil provenait de la pièce à laquelle Kim avait enfin accès. Elle poussa lentement le battant magique et entra.

 

La comparaison avec le château du Forakäm ne s’arrêtait pas à l’aspect extérieur de la villa. L’intérieur du bureau de l’Espace était aussi chargé de décorations que celui du roi de Toowaïyeff. Mais la différence majeure venait du fait que, malgré le nombre de choses présentes dans le bureau de Forakäm, elles étaient toujours rangées quelque part. Dans ce bureau-ci, le désordre coupa le souffle à Kim. Elle devait faire attention où elle marchait car toute sorte d’objets, tels des tasses, des outils de mathématiques et beaucoup, beaucoup de papiers, tous vierges, s’y entassaient. Ces mêmes feuilles vierges, de dimensions plutôt importantes, étaient aussi accrochées partout aux murs de la petite pièce exiguë. Au plafond se trouvait ce qui ressemblait à un contour de royaume, mais Kim ne pouvait dire si c’était vraiment le cas ou si ce n’était que des fissures du plafond gris terne. Les étagères collées aux murs n’étaient pas dans un meilleur état. Elles débordaient toutes de livres à moitié ouverts, parfois tombés par terre, de parchemins toujours vierges et là aussi de nombreuses plumes et d’outils de mesures. Juste en face de la porte se trouvait enfin le bureau de l’Espace. À l’image de la pièce entière, il était lui aussi tellement encombré que c’était à se demander comment faisait l’homme qui regardait Kim droit dans les yeux pour travailler sérieusement dessus.

L’Espace en lui-même était un beau jeune homme, aux yeux verts et aux cheveux bruns bouclés qui lui tombaient presque jusqu’aux épaules. Une petite barbe pointue venait affiner son visage, qui rappela soudain quelque chose à Kim.

 

- Le même visage que celui du mage dans mon rêve…, murmura Kim, stupéfaite de voir son rêve se réaliser, même si c’était d’une manière quelque peu différente.

 

- C’est mon frère, le Temps que tu as vu en rêve, mais oui nous avons le même visage. Nous sommes trois en réalité. Des triplés ou plutôt des clones si tu veux mon avis, vu l’amour fusionnel que l’on se porte les uns aux autres, déclara l’Espace, en se levant lentement de son bureau sans cesser d’étudier Kim de ses yeux vert mousse.

 

- Et je suppose que le troisième frère à un nom aussi explicite que ceux des deux autres ? demanda innocemment Kim.

 

- Ne sois pas ironique ! Notre troisième frère ne « s’appelle » pas. C’est la Matière et puis c’est tout. Nous n’avons pas choisi ces « noms », répliqua l’Espace.

 

- Qu’est-ce que c’est que cette histoire encore ? Ces noms étranges ne sont pas des surnoms ou métaphores ? demanda Kim.

 

- Nous ne sommes pas des humains si tu veux tout savoir. Enfin, nous ne sommes pas vraiment censés en être. À la base, nous sommes ce que décrivent nos noms, répondit le mage en soupirant et baissant les yeux vers ses mains appuyées à son bureau en bois.

 

- Pourtant vous avez bien l’air d’un humain, et pas seulement à mes yeux…

 

- Le monde entier pense que nous ne sommes que des mages extrêmement puissants, mais ce n’est pas le cas, nous sommes davantage que ça. Nous l’étions, en tout cas. Avant que tout soit bouleversé... Tu es la seule à pouvoir faire redevenir le monde comme avant. Pour le moment, il n’a jamais été aussi vulnérable, conclut le mage avec une lueur de tristesse dans son regard vert, qu’il posa à nouveau sur Kim.

 

- Donc, au final, vous êtes des mages, mais n’êtes pas censés l’être. C’est encore très clair cette histoire ! Mais bon, pour tout vous dire, je m’en fiche un peu. Je suis ici pour vous demander où se trouve la Tulipe et comment utiliser ma bague pour la faire redevenir blanche.

 

- Je crois que tu es venue chercher le mauvais frère. Je suis incapable de répondre à une seule de ces questions, déclara calmement l’Espace.

 

- QUOI ?! Mais vous êtes censé tout savoir enfin ! Comment je fais, moi, maintenant, hein ? Comment sauver le monde si je ne sais même pas faire de la magie ni même où se trouve la source du Mal ?! s’exclama Kim, hors d’elle.

 

- Je ne peux pas répondre à ces questions mais je peux déjà t’apprendre beaucoup de choses que tu seras la seule à savoir ensuite. Comme je te l’ai dit, je ne m’appelle pas l’Espace, mais je suis l’espace. Avant que la Tulipe ne devienne noire, j’étais ce que mon nom veut dire. Ni un mage ni un humain. Pas vraiment un dieu, mais presque. Je suis une partie de ce qui fait fonctionner le monde et que vous avez nommé pour désespérément essayer de me mettre à votre échelle d’humain. Quand la Tulipe était blanche, cela ne posait pas de problème, mais maintenant qu’elle est noire, je suis ce que vous avez fait de moi. Je me retrouve à votre échelle à cause d’un seul mage des ténèbres.

 

- Attendez, attendez. Vous voulez dire que vous êtes initialement l’espace qu’on représente avec les quatre points cardinaux ? Mais comment ça se fait que la Tulipe ait changé votre nature ? Vous êtes sûr que c’est normal ?

 

- La Tulipe régit le monde, je te signale, répondit l’Espace. Et moi et mes frères sommes le monde. La Tulipe n’est pas censée être noire. Elle doit être blanche. Pas rouge, ni bleue, ni verte et encore moins noire. Blanche, et c’est tout. Sinon l’équilibre est rompu. Les autres couleurs influencent la plupart du temps la Matière puisqu’une Tulipe rouge implique un monde de feu, une bleue donne un monde aquatique, etc… Mais une Tulipe noire brise TOUT l’équilibre. Pas seulement la matière, mais aussi tout le reste. C’est pourquoi nous ne sommes plus ce que nous sommes censés être. Nous sommes évidemment beaucoup plus faibles qu’avant, mais je crois que le pire c’est que nous sommes aussi mortels que vous à présent.

 

- Mais vous devez bien savoir faire quelque chose, vous ne restez quand même pas les bras croisés dans cette maison alors que le monde a plongé dans le chaos ? Vous êtes un mage très puissant, alors quelle est votre magie ?

 

- Lorsque j’étais encore l’Espace, je devais régir la géographie de Nouklyën, ce qui était tout à fait normal. Ce n’est pas aux hommes de décider ce qui est à eux et quel terrain appartient à qui. C’était mon rôle, mais vous vous en êtes bien moqués durant les Guerres Blanche et Grise. Et maintenant je ne peux plus rien faire pour ça. En échange de ma nature humaine de mage surpuissant, je peux me téléporter, mais c’est tout. Sinon, on me considère aussi comme un savant qui a réponse à toutes les questions.

 

- Ce qui n’est évidemment pas vrai pour moi, répliqua Kim en levant les yeux au ciel.

 

- Ce qui est normal puisque tu ne te plies pas vraiment aux règles générales de la vie, répondit l’Espace en souriant.

 

- Ce qui veut dire ? demanda Kim avec un air soupçonneux sur le visage.

 

- Tu n’es pas l’Henyët simplement parce que tu portes la bague Ëynomrah, sinon ça voudrait dire que n’importe qui peut l’être. Or, ce n’est évidemment pas le cas. Tu es l’Henyët et c’est toi qui rends la bague magique, pas l’inverse. Tu es l’humaine la plus unique au monde.

 

- Ça ne veut rien dire. Chaque humain est unique.

 

- Physiquement, je te l’accorde. Même les jumeaux sont différents. Mais vous êtes désespérants de similarité si on parle de personnalité. Vous réfléchissez tous de la même manière. J’ai essayé d’être surpris par des comportements relativement différents de la normale, mais même dans ces cas-là, il s’agissait juste d’un autre type d’humain qui réfléchissait toujours de la même manière, poursuivit l’Espace en interrompant la protestation de Kim d’un signe de la main. La seule qui soit différente, c’est toi.

 

Kim s’approcha.

 

- Comment savez-vous si je suis différente ou pas ? Vous ne m’avez jamais parlé avant aujourd’hui.

 

- Mes frères et moi t’observons depuis ta naissance, vu que nous savions que tu étais l’Henyët. Nous avons eu le temps de nous rendre compte que tu n’étais pas comme les autres, et encore aujourd’hui, tu arrives à nous surprendre.

 

- Mais qu’est-ce que je peux bien avoir de si spécial ?

 

- Tu n’as jamais remarqué que les « autres » te regardent avec des grands yeux ébahis lorsque tu commences à te mettre en colère ? Tu aurais dû voir la tête de ton ami lorsque tu es rentrée dans ma maison. Je ne sais pas ce que tu as dit avant, mais ça devait être inhabituel.

 

- C’est donc inhabituel de vous insulter je suppose ? répliqua Kim sans détours.

 

- Ce qui est inhabituel surtout, c’est que, d’un, tu avoues m’avoir insulté, et de deux, tu continues à me vouvoyer alors que tu ne me montres quand même pas beaucoup de respect.

 

- Oh, veuillez m’excuser, votre altesse, conclut Kim avec de grands gestes exagérés. Bon, c’est bien beau l’histoire de vos noms, mais ça ne me dit toujours pas où est la Tulipe et comment je contrôle l’Ëynomrah.

 

- Je pense que c’est à toi de savoir comment le faire. Personne ne pourra t’aider sur ce coup-là. Quant à la Tulipe, tu n’es pas sans savoir qu’elle change tout le temps d’endroit. Il n’y a aucun moyen de savoir où elle se trouve, à moins de fureter. Même moi, je ne sais pas où elle est. Je me demande bien comment a fait le mage noir pour la trouver.

 

- Vous êtes l’Espace et vous ne savez pas OÙ est la Tulipe. Quelle ironie !

 

- Tu vois ces parchemins, sur les étagères, les murs et le sol ? C’étaient des cartes autrefois. La peinture au plafond aussi. À l’époque de la Tulipe Blanche, celui-ci était décoré avec une magnifique fresque du monde de Nouklyën. Mais tout a été effacé et aujourd’hui j’essaie désespérément de me rappeler comment j’avais formé mes frontières, mais je n’y arrive pas. C’est bien la seule chose que je ne sais pas, avec le fonctionnement de ta bague et la localisation de la Tulipe.

 

- Mais alors qu’est-ce que vous fabriquez assis dans ce bureau à longueur de journée si vous ne pouvez rien faire ? Vous vous morfondez sur votre sort ?

 

- J’aurais pu, mais non. En fait je t’attendais Kim, et maintenant que tu es là, je dois avouer que je ne sais pas quoi décider. Je pensais que la Prophétie aiderait, mais il semble que tu n’en saches pas plus que moi ou que mes frères, ce qui est tout de même étrange. Je crois que tu n’es pas faite pour être l’objet d’une prophétie. Tu es tellement imprévisible !

 

- Eh bien, vu la tête de la prophétie, c’est normal, ça ne dit absolument rien sur mes pouvoirs, soupira Kim.

 

- Comment ça, ça ne dit rien, répondit l’Espace en fronçant les sourcils, elle est très précise au contraire sur tes pouvoirs ! De quelle prophétie parles-tu ?

 

- Eh bien de la prophétie de Toowaïyeff, celle qui dit que je dois partir combattre le côté sombre ou quelque chose comme ça.

 

- Tu ne connais que cette prophétie-là ? Jamais on ne t’a parlé de l’autre, connue et crainte du monde entier ?

 

- POURQUOI dès qu’il y a une prophétie à mon sujet, tout le monde la craint-elle ? À Toowaïyeff, c’était parce que le Mal était entré dans les frontières du royaume, et maintenant quoi ? Qu’est-ce que cette prophétie raconte encore de si terrifiant sur moi et mes terribles pouvoirs donnés par ma bague maléfique ?

 

- Je pense que tu arrêteras de plaisanter quand tu l’auras entendue. La voici :

 

Un jour dans l’Histoire de l’univers, viendra un être parfait, capable de gouverner les deux mondes opposés grâce à un anneau qui reflètera la beauté de son âme. La trinité du monde ainsi que les créatures intelligentes de ce même monde n’auront d’autre choix que de se prosterner devant sa puissance. La bague à son doigt ne sierra à nul autre que lui et un jour viendra où la bague elle-même sera insignifiante par rapport à la puissance de l’être.

 

- Et vous dites que c’est censé me faire comprendre comment utiliser ma bague ? Ça ne dit pas grand-chose, à part que je ne suis pas humaine, que je suis logiquement un homme et l’être le plus puissant de l’univers, déclara Kim nonchalamment.

 

- Décidément, rien ne t’impressionne ! Mais, en effet, ça ne dit pas grand-chose sur comment utiliser ta bague. Seulement que tu dois savoir l’utiliser instinctivement. Comme je te l’avais déjà dit, c’est toi qui rends la bague magique et pas l’inverse. Je suppose donc que personne d’autre que toi ne peut savoir comment contrôler tes pouvoirs. C’est toi qui décides de tout, c’est à toi de voir comment tu vas contrôler ta bague et à quel moment tu n’en n’auras plus besoin.

 

Sur ce, l’Espace se dirigea vers la fenêtre de son bureau qui donnait sur la place où devait toujours attendre Edän. Dehors, la pluie se remettait à tomber doucement, sans bruit jusqu’à ce que l’Espace ouvre la fenêtre et fasse rentrer de l’air frais à l’intérieur. Soudain, une rafale plus forte que les autres balaya violemment la pièce et fit s’envoler nombre de parchemins vierges dans la rue. L’Espace les regarda s’envoler puis ouvrit de grands yeux quand ces mêmes parchemins se mirent à s’enflammer alors qu’ils étaient toujours en train de s’envoler.

Il se retourna alors vers Kim, toujours avec de la surprise dans les yeux, et vit que celle-ci souriait malicieusement, la main tendue vers les parchemins dont il ne restait plus que des cendres voletantes.

 

- Je crois que vous aviez raison sur le fait que c’est moi qui décide comment fonctionne la bague, repartit Kim en regardant sa main droite qui portait le bijou, toujours multicolore et tourbillonnant de couleurs.

 

- Pourquoi les avoir brûlés ? J’étais censé retracer les cartes que j’avais dessinées !

 

- Vous n’auriez pas réussi. Vous n’êtes plus l’Espace, mais juste un humain à présent. Et comme vous l’avez dit, vous n’y arriviez pas de toute manière. Le monde a changé, Espace, et jamais les frontières que vous aviez tracées ne seront les mêmes de nouveau. Vous pourrez les retracer à loisir quand la Tulipe sera de nouveau blanche et que vous ne ferez plus qu’un avec vos deux frères. D’ailleurs, j’en ai assez de vous appeler comme ça. L’Espace est un nom trop explicite. Tant que vous êtes un humain, ça pourrait être dangereux que d’autres personnes fassent le lien entre votre nom et votre véritable nature.

 

- Il a suffi que tu utilises ta bague et te voilà complétement différente… Je n’aurais peut-être pas dû t’énoncer la Prophétie tout de suite. Ça aurait peut-être évité que tu sois plus fière que tu ne l’étais déjà.

 

- C’est peut-être vrai que la Prophétie m’a donné la grosse tête, mais dans tous les cas vous ne pouvez pas nier le fait qu’elle est vraie et me concerne. Je suis donc un être surpuissant, et donc ma fierté est bien placée, répliqua Kim avec un grand sourire.

 

- Ce n’est pas tout à fait faux en effet, répondit à son tour l’Espace avec un sourire au coin des lèvres. Eh bien, quel prénom souhaites-tu me donner, un prénom que je porterai à tout jamais je suppose ?

 

- Pas forcément, mais pendant un certain temps, les hommes t’appelleront ainsi. Tu t’appelleras Geb et ce seront des humains sages et aussi ingénieux que toi qui te nommeront ainsi.

 

À ce moment précis, les yeux de l’Espace, appelé maintenant Geb, changèrent imperceptiblement de couleur, et s’illuminèrent, comme si le prénom que venait de lui donner Kim avait changé sa nature et l’avait empli d’une si grande joie que son regard s’éclairait pour illustrer son bonheur.

Kim, de son coté, souriait de plus belle, satisfaite de son choix. Curieusement, elle commençait à s’habituer à son rôle d’Henyët, et comme l’avait dit Geb, elle en tirait une grande fierté. Le fait d’avoir pu enfin manipuler sa bague était déjà un grand progrès à ses yeux, mais d’un autre côté, elle avait agi instinctivement, comme la Prophétie l’indiquait implicitement. Comme pour le nouveau prénom de l’Espace, tout lui était venu naturellement, comme si elle savait déjà depuis longtemps comment manipuler la bague et remplir son rôle correctement. C’était le même fonctionnement que pour respirer, ou marcher après un certain apprentissage. Elle pouvait manipuler la magie comme si elle faisait partie d’elle-même.

Une fois de plus, Kim regarda sa bague magique et comme toujours, celle-ci était multicolore et les couleurs tournaient toujours à l’intérieur de manière aléatoire.

 

- Pourquoi cette bague est-elle multicolore, chuchota Kim, plus à elle-même qu’à Geb.

 

- Tu ne te rappelles déjà plus la Prophétie ? C’était très clair pourtant, la bague reflète la beauté de ton âme, répondit Geb en s’approchant doucement pour admirer le bijou.

 

- Ça veut dire que mon âme est multicolore ? Dans ce cas que représente chaque couleur ?

 

- Comme toujours, je ne peux pas répondre à ce genre de questions. Mais, reprit Geb, je dois bien avouer que si la Prophétie est vraie concernant cet aspect, alors ton âme est magnifique, Henyët. D’ailleurs, tu m’as donné un nouveau nom mais je ne connais même pas le tien. Daigneras-tu me le donner un jour ? demanda malicieusement Geb.

 

- Je ne te l’ai pas encore donné ? Quelle Henyët je fais ! s’exclama Kim en se frappant le front et en levant les yeux au ciel. Je m’appelle Kim Nalhyäj. Ravie de faire ta connaissance, Geb, fit la jeune fille en tendant la main.

 

- Je suis enchanté, moi aussi, déclara Geb en serrant la main de Kim. Bien et maintenant, si nous descendions ? Je crois que ton ami attend toujours en bas avec mes gardes et puis nous avons besoin que tu t’entraines à manipuler ta bague avant de partir combattre le mage noir.

 

- Avec plaisir, mon cher, mais si tu me faisais visiter ta maison avant ? Je n’ai même pas eu le temps de voir le luxe de ta villa tellement j’étais impatiente de te rencontrer.

 

- Et de me faire la leçon en passant, compléta Geb en riant. Je veux bien te faire visiter, même s’il n’y a pas grand-chose à voir, mais tu es sûre de vouloir laisser ton ami tout seul ?

 

- Edän est assez grand et vu le temps qu’on a déjà passé à discuter, ce ne sont pas cinq minutes de plus qui lui feront du mal. Il attendra, conclut Kim en se dirigeant vers la porte du bureau la tête haute.

 

Eh bien, je sens que je vais m’amuser avec elle, se dit Geb en souriant pour lui-même, je n’ose même pas imaginer comment s’est passée la rencontre avec Temps.

 

Kim venait de sortir sur le palier quand celui-ci la rejoignit. Ils commencèrent tous les deux à descendre les escaliers que Kim avait montés rapidement à l’aller sans compter le nombre d’étages qu’elle avait grimpés. Il y en avait en fait quatre en tout, en comptant le bureau de Geb. En faisant plus attention autour d’elle, Kim remarqua que la villa était, à l’inverse de son extérieur, décorée agréablement. Lorsqu’elle en fit la remarque au mage, celui-ci lui répondit que c’était lui qui avait conçu la décoration intérieure, mais qu’à la base, la maison en elle-même avait été bâtie par les hommes pour lui et il n’avait donc eu aucun contrôle sur l’extravagance extérieure de la demeure.

 

Chaque étage avait été décoré selon la place qu’il occupait dans la hauteur de la maison. Ainsi le sol du rez-de-chaussée était recouvert de carrelage vert et marron, les murs possédaient des trompe-l’œil de paysages magnifiques, comme si la Tulipe était restée blanche, et des plantes vertes ainsi que des fleurs égayaient encore plus la magnifique pièce. Au centre de celle-ci se trouvait aussi une grande fontaine où poussaient de belles fleurs aquatiques et où nageaient des poissons de toutes les couleurs de l’arc en ciel. Les escaliers, quant à eux, étaient en bois sombre et possédaient des gravures en bas-reliefs de fleurs, de lianes et parfois, entre deux feuilles, de petits oiseaux.

 

Le premier étage était moins fleuri que le rez-de-chaussée, mais était toujours aussi vert, avec cependant plus d’arbustes que dans l’entrée. Le deuxième étage avait la particularité d’avoir un plafond en clé de voute, intégralement peint en bleu et de nombreux oiseaux et insectes colorés y volaient. Des arbres commençaient à être représentés sur les murs et leurs branches se déployaient sur le plafond, les escaliers et ce, jusqu’au troisième étage.

 

L’avant dernier était la représentation du ciel lui-même. Tous les murs étaient peints en bleu et quelques nuages parsemaient de blanc l’ensemble du décor. De grands oiseaux volaient dans ce même ciel factice. Cet étage avait aussi la particularité d’être orienté d’est en ouest. Ainsi à l’est, on pouvait apercevoir une montagne baignée de soleil qui montait jusqu’au quatrième, et à l’ouest, c’était la nuit qui régnait avec au loin, cette fois, non pas une montagne, mais le Hyunël et quelques étoiles. Enfin au dernier étage de la villa, le sommet de la montagne révélait que ce n’était autre que le Tseryëv, représenté avec, peinte à la mauvaise échelle, tout au sommet, la Tulipe Blanche elle-même. Il y avait aussi au-dessus du palier du bureau de Geb, une lampe très simple mais qui brillait très fort, presque autant que le Lyëlos lui-même, dont elle devait être la métaphore. La villa de l’Espace était finalement une représentation de l’espace lui-même. Kim ne comprit cela que lorsqu’elle arriva au rez-de-chaussée, après être descendue du « ciel ».

 

Arrivée dans la vaste pièce, Kim se dirigea alors, sans demander son avis à Geb, vers une porte au hasard et l’ouvrit tout aussi précipitamment pour s’arrêter net devant le spectacle qui s’offrait à elle. Alors qu’elle s’attendait à une pièce aussi resplendissante que la cage d’escaliers, Kim se trouvait sur le palier d’une pièce assez surprenante mais d’un autre point de vue. Là où le bureau de Geb était un capharnaüm, mais dans un espace qui aurait pu être chaleureux grâce à toutes les étagères en bois ainsi que le bureau dans la même matière, la pièce dans laquelle venait d’entrer Kim était surtout composée de carrelage et de marbre. Tous les murs, ainsi que le sol, étaient faits de carreaux blancs et noirs, disposés à certains endroits pour former des motifs géométriques assez complexes, tels que des losanges collés les uns aux autres, des cercles concentriques et même au centre de la pièce, une spirale de carreaux noirs. Aux murs, les carreaux n’étaient disposés qu’en lignes noires et blanches, alternées, très simples. Quant aux meubles ceux-ci n’étaient sculptés que dans du marbre gris, blanc ou à rainures noires. La pièce en elle-même semblait presque figée dans le temps, et les meubles plutôt que d’être sculptés dans le marbre semblaient avoir été pétrifiés par la gorgone.

C’est alors que Kim décida de s’avancer dans l’étrange pièce figée et froide en sentant la présence de Geb près d’elle. Au moment même où elle rentrait dans la pièce, celle-ci s’illumina de mille couleurs, comme si le temps s’était remis en marche tout à coup. Comme Kim l’avait soupçonné, les meubles redevinrent en bois et quittèrent leurs enveloppes de pierre, et le sol et les murs revêtirent des couleurs chatoyantes, aussi colorées et variées que la bague Ëynomrah.

 

- C’est comme si la pièce t’avait attendue pour que tu lui redonnes vie, murmura Geb à Kim, tout en l’invitant à se promener dans celle-ci et observer tous les changements qu’elle avait apportés.

 

Les carreaux de carrelages noirs n’avaient pas seulement changé de nuances mais aussi de motifs. Les formes géométriques droites, pointues ou hypnotiques avaient été remplacées par des motifs naturels comme des fleurs, des arbres, des animaux. Il y avait même, là où se trouvait la spirale auparavant, un lac bleu parsemé de nénuphars et de roseaux où se perchaient des libellules. La table qui trônait au centre de la spirale noire se trouvait à présent sur un immense nénuphar en éclosion au milieu du lac. Il s’y trouvait même des fleurs dans un joli vase orné, là où il n’y avait rien sur la table en marbre avant que Kim ne rentre dans la pièce. D’autres plantes étaient apparues dans la pièce et venaient, elles aussi, donner de la vie au salon. Les murs qui n’étaient auparavant rien d’autre que des alternances de carreaux noirs et blanc très sobres et mornes, étaient à présent, à l’image de la pièce entièrement transformée, des représentations en mosaïques de paysages aussi charmants que ceux représentés dans la cage d’escaliers. Les meubles auraient pu être tous faits du même bois, mais comme pour représenter une forêt réaliste, ceux-ci étaient tous de couleurs différentes : un bureau en ébène, la table centrale en chêne verni, les chaises en bouleau etc…

À chaque objet ou carreaux que Kim touchait doucement de ses doigts fins, ceux-ci s’illuminaient en renvoyant des ondes de couleurs encore plus vives que l’instant précédent. La seule chose qui manquait à la pièce, c’étaient des lampes. Cependant, il n’y en avait curieusement nul besoin puisqu’une lumière surnaturelle sortait des murs, du sol et parfois même des meubles quand Kim les touchait. Il n’y avait pas de fenêtres non plus dans la pièce, du moins pas de vraies fenêtres, car certaines étaient peintes en trompe-l’œil et la lumière magique venait principalement de ces illusions d’optique.

 

- Mais qu’est-ce que c’est que cette pièce ? voulut savoir Kim en ouvrant grand les yeux, alors qu’elle venait juste d’apercevoir le plafond qui était passé de blanc à bleu avec nombre d’oiseaux volants dessinés dessus.

 

- Je ne sais pas du tout, répondit Geb en regardant lui aussi le plafond, étant donné que je n’habite ici que depuis que la Tulipe est noire, je n’ai jamais vraiment su à quoi elle servait. À vue de nez, je dirais que c’est une sorte de salon de réception. En revanche, je n’ai aucune idée de pourquoi elle était éteinte avant que tu n’y entres. 

 

- Est-ce que la villa existait avant que tu n’y vives ? questionna Kim à nouveau.

 

- Sûrement, mais je pense que tout le monde a oublié à qui elle appartenait avant. En tout cas, tu lui as rendu la vie, reprit Geb en souriant à Kim.

 

- Je ne crois pas que cette pièce ait jamais été vivante avant aujourd’hui… dit mystérieusement Kim.

 

- Et pourquoi est-ce que tu penses ça ?

 

- Je ne sais pas, c’est plus une impression, un sentiment bizarre… En fait, ça me fait penser à un test pour voir ce que je vaux. Peut-être que si j’avais été encore plus mauvaise que je ne le suis déjà, la pièce ne se serait pas illuminée comme ça. Elle serait peut-être restée noire à tout jamais ou alors elle serait devenue encore plus morte ou pire encore, elle nous aurait pétrifiés tous les deux en plus de ses meubles, quelque chose dans ce genre, s’emballa Kim en se mettant à réfléchir à toute vitesse.

 

- Tu n’es pas mauvaise. Mais c’est un point de vue intéressant auquel je n’avais pas du tout pensé. C’est vrai que ça aurait pu être bien pire, ça me fait presque froid dans le dos, avoua Geb en fronçant les sourcils.

 

- Comment ça « presque froid dans le dos », demanda Kim en riant. C’est possible d’avoir « presque » peur ?

 

- En fait je n’ai jamais eu peur, dit Geb, c’est pour ça que je dis presque. Je ne suis pas sûr que ce soit de la peur si tu veux.

 

- C’est la chose la plus bizarre que j’ai jamais entendue, déclara Kim.

 

- Désolé, mais je ne me fais vraiment pas au fait d’être un humain et d’avoir des émotions comme vous ! Allez, viens, sortons voir ton ami et ensuite on verra ce qu’on fait pour ton entrainement avec ta bague. Je pense qu’il faudra que je contacte mes frères d’ailleurs, j’aurai sûrement besoin de leur aide et toi aussi.

 

- Ah, comme j’ai hâte de revoir Temps ! C’est vrai que notre première rencontre m’a donné une excellente impression ! s’exclama Kim en insistant bien sur certains mots.

 

- Oh, je sens que ça va être compliqué en effet, mais vous n’aurez pas vraiment le choix, conclut Geb en sortant de la pièce magique et en attendant Kim dans le hall d’entrée tandis qu’elle refermait la porte derrière elle.

 

Quand ils sortirent tous les deux de la villa en plaisantant, Edän se dit qu’il aurait bien pu ne pas exister que ça n’aurait pas changé grand-chose au destin de la grande Henyët. Cependant, quand celle-ci tourna ses yeux vers lui, son regard s’illumina, ce qui rassura considérablement Edän sur l’utilité qu’elle lui trouvait. Les gardes, qui étaient restés jusque-là impassibles (à l’exception de leur rencontre avec Kim), se tournèrent vers la porte, surpris, quand ils virent arriver leur maitre. C’était la première fois qu’Edän voyait le savant, et si c’était pour lui un honneur, il ne s’attendait certainement pas à ce qu’il fût si jeune. C’était du moins ce que laissait penser l’apparence du mage, qui était évidemment trompeuse sur sa véritable longévité. Pendant le temps où Kim et Geb parlaient, des habitants de Kÿl s’étaient regroupés sur la place devant la villa, curieux de savoir qui était cette fille qui avait pu rentrer sans encombre dans la demeure d’un des magiciens les plus puissants de Nouklyën. Lorsque Kim se rendit compte que Geb et elle étaient observés par des centaines d’yeux interrogateurs, elle se remit à se demander quel était le problème avec ces habitants qui n’étaient finalement pas très hospitaliers à son égard. Alors qu’elle allait demander au jeune homme quel était le problème avec elle, les habitants se mirent soudain à tous retirer leurs lunettes, alors que celles-ci étaient censées les protéger de la lumière. Kim vit alors que chacun des habitants avait les yeux blancs et qu’ils la regardaient tous avec un regard vide.

 

Les habitants de Kÿl étaient en fait aveugles et c’est seulement à ce moment-là que Kim s’en rendit compte. Edän fut aussi étonné qu’elle, cependant seul Geb ne montra aucune réaction devant ce spectacle. Il se pencha vers Kim et lui chuchota quelque chose à l’oreille que personne d’autre ne put entendre. Elle leva alors sa main qui portait la bague vers les habitants aveugles et une douce lumière colorée s’échappa de l’Ëynomrah. Les yeux blancs des habitants se mirent doucement à se colorer. Des iris marrons, vertes et bleues apparurent lentement dans leurs yeux inexpressifs jusqu’au moment où les habitants se regardèrent et se rendirent compte qu’ils avaient recouvré la vue. Ce fut alors un moment de liesse intense qui se produisit, où les autochtones pleuraient, riaient, s’embrassaient et pour certains s’agenouillaient devant Kim qui venait, selon eux, de leur offrir un miracle. Edän choisit ce moment pour se rapprocher de Kim. Celle-ci se tourna vers lui et lui expliqua calmement que les habitants de Kÿl étaient, certes, aveugles mais aussi un peu mediums ou voyants et que s’ils s’écartaient de Kim à chaque fois qu’elle passait près d’eux, c’est parce qu’ils sentaient qu’elle était une mage puissante et craignait qu’elle puisse leur faire du mal, vu l’aura colérique qu’elle dégageait, ce qui était au final la faute des habitants.

 

Peu à peu, la place se vida et il ne resta bientôt que Kim, Edän, Geb et les deux gardes qui ne comprenaient définitivement pas ce qu’il se passait. Kim profita de ce moment pour faire les présentations et passa nettement plus de temps à expliquer à Edän pourquoi elle avait donné un nouveau nom à Geb alors qu’Espace lui allait si bien. Puis Geb prit la parole :

 

- Kim, bien que tu nous aies fait à tous une très grande impression avec ta bague, ça ne reste que quelques tours de passe-passe que n’importe quel mage de Nouklyën est capable d’effectuer. Il faudrait trouver un endroit où tu puisses t’entrainer suffisamment avant de pouvoir retourner chercher la Tulipe ainsi que le fou qui l’a changé.

 

- Et c’est à moi de penser à un lieu alors que c’est toi qui connais toute la géographie de Nouklyën ?! demanda ironiquement Kim.

 

- Je t’ai déjà dit cent fois que je la connaissais. Je ne sais pas ce qui a changé. Il faudrait un endroit calme et avec le moins de curieux possible bien évidemment. Et dans un royaume n’ayant pas subi de conséquences trop lourdes, si c’est faisable.

 

- Je t’aurais bien proposé le village d’Ëdy dans ce cas ou quelque part aux alentours, sauf qu’à cause des inondations, ça me parait moyennement envisageable. Sinon il y a le royaume par lequel je suis passée avant de rejoindre Sërëzyr. Il y avait un grand lac avec une petite plage autour. Les habitants vivaient sous la surface de l’eau avant de se faire digérer par le lac. Le temps s’y était arrêté, mais je l’ai remis en marche.

 

- Vraiment ? Je crois savoir de quel royaume tu parles. Mitoyen à Sërëzyr, avec un grand lac sans aucune habitation sur la plage, il y a peu de chance pour que je me trompe. L’arrêt du temps n’a pas eu de conséquence sur toi ?

 

- Aucune, si ce n’est que c’était un peu flippant quand même. Il n’y avait même pas un bruit.

 

- Ça n’a aucune importance puisque toi et mon frère vous allez vite remédier à ce problème. Bien, en attendant que tu puisses te téléporter toi, et accessoirement ton ami, je pense qu’il vaudrait mieux qu’on y aille par le chemin que vous avez emprunté tous les deux, qui est d’ailleurs ?

 

- La voie de l’eau. Ëdy a une barque. Elle est un peu moisie mais elle devrait tenir le coup, précisa Kim avec un grand sourire adressé à Edän.

 

- Elle n’est pas moisie du tout ! C’est sa couleur naturelle ! s’exclama ce dernier en rougissant de la honte que Kim lui infligeait devant Geb.

 

- Mais bien sûr…Je te crois ! Bref, allons-y, parce que le trajet risque d’être long, et le monde a autre chose à faire que de nous attendre, conclut Kim en se retournant superbement et en se dirigeant vers la rue par où elle était montée, une heure plus tôt, avec son jeune acolyte.

 

Geb et Edän se regardèrent alors en souriant malicieusement et suivirent Kim qui les attendait déjà impatiemment.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez