Chapitre 12

« Y a-t-il d’autres sortes de refuges pour animaux dans le coin ?

- Pardon ?

- Vous m’avez très bien comprise ! »

Enola regarda la secrétaire avec un regard mi-haineux, mi-fatigué. La secrétaire répondit finalement : « Oui, nous ne sommes qu’une minuscule partie de l’organisme Intuitisest Corporation, dont des branches, si l’on peut le dire ainsi, sont réparties dans tout le pays. »

Enola acquiesça, satisfaite, remercia la vieille femme, puis sortit en trombe de l’association. Elle passa sous la devanture « Le pain frais, c’est chez Didier ! », et allait traverser la rue pour retourner à son « gîte », quand elle tomba nez à nez sur le jeune Alain - ou Thomas. Elle soupira, et allait poursuivre son chemin sans lui accorder un regard, quand il lança à la jeune fille : « Il faut que l’on parle… »

Enola vit bien que le jeune homme voulait lui expliquer telle ou telle trouvaille qu’il avait dû faire.

Ce jour-là, on aurait tout à fait pu le qualifier de débraillé : il portait une sorte de gros pull rouge de Noël surmonté d’un gros pompon vert à l’avant, un autre à l’arrière. Derrière, on voyait dépasser une chemise toute blanche qui n’avait pas dû être repassée depuis bien longtemps. Enfin, il portait un pantalon bleu ciel qui n’allait pas du tout avec le pull ou même la chemise.

Le tout semblait le gratter sans arrêt, mais il n’y faisait même pas attention.

Enola lui expliqua sa décision avant même qu’il n’ouvre la bouche, décision qu’elle avait prise le matin même : partir à Paris dans l’espoir de retrouver son frère, et, peut-être, de réunir des preuves pour arrêter les associations soi-disant d’aide aux animaux telles que celle-ci, et peut-être même tout l’organisme Intuitisest.

« Pourquoi Paris ? demanda-t-il.

- Pardon ? »

Thomas répéta sa question une nouvelle fois. Enola répondit d’une voix calme :

« La maison-mère de l’organisme Intuitisest Corporation se trouve là-bas. Je pense que j’y retrouverai mon frère car il est possible qu’ils l’aient enlevé.

- Je dirais même fort probable… Le directeur est… Bref, on dirait un ancien de la MAFIA russe. Toujours est-il que mes parents ont un appartement pour locataires dans le centre-ville de Paris. Il est vide hors vacances, mais…

- …nous sommes au beau milieu de juillet. » compléta Enola.

Elle soupira. Elle dit à Thomas qu’elle prendrait le premier train le lendemain matin, mais il la corrigea : la gare la plus proche était à douze kilomètres. « Et alors ? J’y serai dans trois heures de marche en comptant une petite pause pour déjeuner. » Thomas se pinça l’arête du nez avec son pouce et son index de la main droite, tout en levant les yeux au ciel. Cette jeune fille semblait coriace, et avait visiblement toujours le dernier mot !

« Tu ne connais pas Louis Stanyas. C’est une véritable ordure. Je vais t’accompagner. », lança-t-il sur un coup de tête.

Ce fut au tour d’Enola d’effectuer le même geste en levant les yeux au ciel : elle ne connaissait même pas ce garçon ! Bon, il fallait voir le positif : s’il l’accompagnait, par définition, elle ne serait pas seule.

Mais ses parents ? Sa famille ?

Pourtant, elle acquiesça.

 

Elle ne serait pas seule.

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