Chapitre 11 — Rey

Jamais je ne m'étais réveillée aussi rapidement. D'un bond, je m'étais relevé. Puis, il me fallut de longues secondes pour observer les alentours. Jamais je n'avais dormi dans une telle chambre, mais en constatant la couleur noire prédominante de la pièce, je compris que j'avais dormi chez Ben. Dans la nouvelle maison de Ben.

Je serrai le drap entre mes mains et posai celles-ci contre ma poitrine. J'avais presque envie de pleurer. Surtout que mes souvenirs de la veille étaient extrêmement flous. Je me rappelais encore de ce moment où j'avais tenté de le joindre et que j'avais laissé un message terriblement acerbe sur son répondeur. Puis il était venu au bar. J'avais pu le tenir dans mes bras, humer son parfum... Une douce sensation.

Et voilà que j'étais désormais dans son lit sans être capable de lier tous les évènements de la soirée.

J'inspectai rapidement ma tenue. J'avais encore ma robe de la veille. Seules mes chaussures étaient déposées à côté du lit. Il y avait peu de chances qu'on se soit adonné à des plaisirs charnels. Et peut-être que c'était mieux ainsi. Je n'aurais pas voulu oublier ce genre de moments.

Je m'assis lentement sur le rebord du lit, le temps de retrouver mes repères. J'avais sacrément bu la veille. Et j'ignorais si je le regrettais vraiment pour le moment. Après tout, je n'avais pas croisé Ben et peut-être que nous aurions une discussion très déplaisante – comme bien souvent ces derniers temps.

Je pris mon courage à deux mains et me levai, ce qui fut bien plus compliqué que je ne l'aurais cru. Je n'avais toujours pas totalement émergé. Heureusement, je n'avais pas de mal de crâne typique d'une gueule de bois. Pour une fois, je m'en sortais bien. Mais je me sentais quand même assez fatiguée.

Avant de quitter la pièce, je m'approchai du miroir pour vérifier ma tenue et aussi ma tête. Ça pourrait clairement être pire. Ça se voyait que j'avais dormi avec ces vêtements et que je ne m'étais pas démaquillée la veille, mais Ben n'en tiendrait pas rigueur. Je passai quand même rapidement mes doigts dans les cheveux pour les discipliner.

Puis je quittai la chambre en essayant de repérer Ben au son. Mais tout était si calme. Alors d'une marche hésitante, je longeai un couloir et descendis les escaliers pour atteindre le rez-de-chaussée. Je reconnus l'entrée et le salon. Je pus également déterminer où se trouvait son bureau. Ce fut avec ces informations que je me dirigeai vers la pièce que je ne connaissais pas.

Rapidement, je compris qu'il s'agissait de la cuisine et j'aperçus Ben, concentré à faire du café. Il prit quelque temps avant de remarquer ma présence, quelques secondes où je me posai contre l'embrasure de la porte et où je pouvais profiter de la vue sur son dos nu. Déjà qu'habillé, il me faisait envie, alors là, il n'arrangeait pas son cas...

Il s'arrêta un instant de se servir une tasse et se tourna lentement vers moi. On échangea un sourire totalement innocent. Peut-être que dans quelques minutes, tout deviendrait plus tendu, mais pour le moment, il y avait comme une légère brise calme entre nous.

— T'as bien dormi ? me demanda-t-il en se tournant totalement vers moi.

— À peu près...

A priori, il avait dormi à mes côtés du peu que je m'en souvenais. Mais avait-il dormi aussi peu habillé ? Avais-je vraiment oublié ça ? Honte à moi...

— Tu n'as pas quelque chose à te mettre ? Un pull ou une chemise ? l'interrogeai-je, un brin ironique.

— Pourquoi ? Est-ce si gênant ?

Je secouai la tête comme simple réponse.

— J'ai fait du café si ça te tente, me proposa-t-il en me montrant sa tasse.

— En effet, ça me tente.

— Je vais te servir ça de suite.

Il prit une autre tasse de son placard et la remplit. Je m'approchai lentement de lui. Mes yeux ne pouvaient se détacher des courbures de son dos, de ses omoplates qui bougeaient à chacun de ses mouvements. Je pris appui contre l'îlot de la cuisine sans pour autant cesser de le fixer.

Il se tourna vers moi, ma tasse en main, et un petit sourire en coin se dessina sur son visage. Il savait exactement ce que j'étais en train de regarder et même si notre relation était assez conflictuelle ces derniers temps, notre attirance mutuelle n'avait pas disparu.

— Tu veux du sucre avec ? s'enquit-il alors que je pris la tasse en main.

— Si possible...

Il sortit une boîte de sucres d'un placard et la posa à côté de moi. Je pus en glisser un dans mon café et remuai lentement avec ma cuillère. Mes yeux se détachèrent un instant de son torse, mais je mourrais d'envie de le regarder de plus belle.

— Je suis vraiment désolée pour le message d'hier... J'étais bourrée, je sais que c'est pas une excuse, mais j'ai pas mieux sur le coup.

Je fixai encore un instant mon café, au cas où. Parce que je venais de relancer ce fameux sujet qui pouvait facilement découler sur une discussion assez clivante.

— Tu t'es déjà excusée la veille, et même si tu étais bourrée, je vais te ressortir la même chose : ce n'est pas grave. Tu avais besoin de me dire tout ça... Et tu as fait comme tu as pu.

Mon regard se posa de nouveau sur lui. Il avait un tendre sourire sur son sourire et je ne m'attendais pas à une réaction aussi calme et compréhensive de sa part. Enfin, avant notre rupture, je n'en doutais pas. Mais après, tout était devenu si différent.

— Je ne te déteste pas Ben... Je déteste être sans toi.

— Moi aussi...

Je pris une gorgée de mon café, juste une brève gorgée. Puis je le posai sur l'îlot. J'hésitai quelques instants avant de poser mes lèvres sur les siennes. Il répondit aussitôt à ce baiser. Ses lèvres dévoraient les miennes, comme si c'était la première fois, comme s'il me découvrait.

Il s'empara de ma taille pour me soulever légèrement et me déposer sur l'îlot. Ses mains se glissèrent jusqu'à mes hanches pour remonter délicatement les pans de ma robe.

Brusquement, il s'arrêta et plongea son regard dans le mien, l'air perdu.

— Qu'est-ce qu'on fait là ? me demanda-t-il dans un murmure.

— Je n'en sais rien...

Je caressai délicatement sa joue. Mon pouce sur sa cicatrice. Pendant un bref moment, il fronça les sourcils. Il détestait cette marque sur son visage. Et c'était à partir de ce moment que tout avait basculé. À partir de ce moment, il avait voulu fuir et toutes ses réactions étaient devenues alors impulsives.

— Rey, je n'ai pas envie de te faire du mal...

— Tu ne m'en feras pas, lui assurai-je en souriant.

Il posa sa main sur mon poignet, ce qui arrêta mes caresses. Il mordit ses lèvres avant de reprendre de plus belle :

— Snoke voulait s'en prendre à toi.

— Mais Snoke est mort...

Il baissa son regard un instant. Sa main maintenait toujours mon poignet et m'empêchait de le rassurer via quelques contacts physiques. J'avais terriblement envie de le prendre dans mes bras, mais je sentais encore qu'il me repoussait.

— Même avec Snoke mort, rien n'est terminé. La preuve, il me maintient toujours en otage avec cette entreprise...

— Tu peux totalement t'en débarrasser ou totalement la changer maintenant que tu en es à la tête.

— Pas avec les actionnaires qu'on a. Je n'ai aucun pouvoir sur cette entreprise, mais nos investisseurs, totalement. Sans compter que parfois, on peut retrouver des multimilliardaires puissants et extrêmement dangereux ou encore des institutions comme la police... Je suis rien face à toutes ces personnes.

Ses yeux s'humidifièrent et toute sa peine parcourut mon cœur. Ma gorge se serra. Parce que je comprenais désormais le dilemme dans lequel il était. Il n'avait jamais eu le choix. Il n'était pas tombé dans cette illusion que je croyais. Non, il avait voulu se persuader que c'était le bon choix, pour que la chute soit moins brutale.

— Je suis sûre qu'il existe un moyen pour t'en tirer. Je peux même t'aider.

Son regard revint vers moi et il finit par relâcher mon poignet. Mes mains se posèrent derrière sa nuque pour s'y rencontrer.

— Je ne vois pas comment je peux m'en sortir quand ils sont bien plus puissants que moi... Je veux trouver une solution, mais je n'en ai pas la moindre idée.

— Tu sais forcément comment cette entreprise tourne de A à Z, tu peux facilement trouver un petit élément qui détruirait l'ensemble. Une faille dans le système où il suffirait juste de taper dedans et puis le reste explosera.

— Encore faudrait-il le trouver...

Ça faisait si longtemps que je ne l'avais pas vu aussi désemparé. La dernière fois, Snoke en était encore la cause. Vraiment, ce salaud ne pouvait pas lui foutre la paix, même depuis sa tombe.

— Je peux être ton alliée dans cette guerre. On peut faire ça à deux, tentai-je de le rassurer une énième fois.

— J'aimerais tellement pouvoir avoir une solution miracle, mais si aucun d'entre nous n'en trouve une, on est juste foutu...

— Laisse-nous un peu de temps...

— Je crois pas qu'on aura le temps.

Mon visage se rapprocha du sien et mes lèvres frôlèrent sensuellement les siennes. Il ne cessait de les fixer jusqu'alors, la tentation était devenue un peu trop tentante pour y résister. Je finis par l'embrasser. Un doux et rapide baiser. Juste pour sentir ses lèvres humides sur les miennes. Juste pour le sentir.

— J'ai peur pour toi Rey. Je n'ai pas envie que tu deviennes une cible en restant avec moi...

— Ne le suis-je pas déjà ?

— Mais si on sort ensemble, des gens potentiellement dangereux verront que je tiens à toi.

— Tu tiens déjà à moi.

Mes mots l'arrêtèrent très brusquement. Il ne s'attendait pas à ce que je l'affirme aussi simplement. Ses mains se posèrent sur le plan de travail et j'enroulai mes jambes sur son bassin. Son regard m'évita un instant.

— Je m'en voudrais terriblement Rey s'il t'arrivait quelque chose... Qu'on s'en prenne à moi, je m'en fiche. Mais pas toi.

— Et je ne te laisserai pas t'autodétruire comme ça sans rien faire.

Il posa de nouveau ses yeux vers moi. Une intense connexion se créa alors entre nous. J'essayai de lui prouver toute ma loyauté et toute ma dévotion, comme il avait pu le faire avec moi des tas de fois. Je lui rendais juste la pareille.

Ses lèvres scellèrent un moment les miennes, comme pour combler ce silence. Ses mains se posèrent sur ma taille et mon dos se cambra à ce contact.

— Tu ne sais pas qui je suis Rey... Je suis un monstre.

Un petit rire nerveux m'échappa et je caressai délicatement son visage en rajoutant d'une douce voix :

— Non. Tu n'es pas un monstre. Jamais. Et je ne cesserai de te le répéter jusqu'à ce que tu le penses, jusqu'à ce que tu voies le bon en toi.

— J'ai vu mon père hier... Il m'a révélé quelque chose à propos de mon grand-père qui pourrait me concerner.

Il détourna son regard et mordit ses lèvres. Il était atrocement partagé entre l'envie de m'en parler et de garder ça pour lui.

— Tu n'es pas obligé de m'en parler si tu n'es pas prêt...

Il prit quelques secondes de réflexion, mais ce moment fut écourté quand quelqu'un sonna à la porte. Il fronça les sourcils et prit mes mains dans les siennes.

— Je vais voir qui c'est, m'annonça-t-il.

— N'oublie pas de te mettre quelque chose sur le dos, rétorquai-je en penchant la tête, d'un air malin.

Il m'adressa un timide sourire avant de filer vers sa chambre pour s'habiller. Je ne pus m'empêcher de rire à cette situation. Ça semblait soudainement si léger. Malheureusement, je savais que ce n'était qu'une question de temps avant que tout dégringole de nouveau...

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Jess Swann
Posté le 26/12/2020
Roooooo il aurait pu en profiter pour un calin sur l'îlot de la cuisine surtout que j'ai dans l'idée que ce n'est pas des potes qui viennent de sonner :(
MissRedInHell
Posté le 29/12/2020
J'avoue que j'ai hésité à ce que ça aille un peu plus loin, mais j'aime trop frustrer mes personnages :')
ManonSeguin
Posté le 15/12/2020
"Tu n'as pas quelque chose à te mettre ?" Mon dieu que j'ai souris comme une idiote en repensant à TLJ ! :D
Puis leur retrouvaille fait tellement du bien à mon petit coeur. Petit coeur heureux, joyeux et...HARPER LA FIN ! LA FIN BON SANG !!! POURQUOI TU NOUS FAIT CA ?!!! ON ETAIT SI BIEN PARTIT !!!

I hate you ;___;
MissRedInHell
Posté le 15/12/2020
C'était plus fort que moi cette référence héhé XD

Désolééééeee je suis une vraie saloperie ;-;
ManonSeguin
Posté le 15/12/2020
Je vais souffrir jusqu'au bout, j'ai compris T.T J'ai signé pour ça...
MissRedInHell
Posté le 16/12/2020
Désolée... Je suis trop sadique en écrivant ;-;
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