Chapitre 11 - Les trois crimes d'Atalante

Par Keina

« La grande bleue était agitée. Plus agitée qu'elle ne l'avait jamais vue, comme si pour une fois, la nature avait enfin daigné être en harmonie avec son état d'esprit.

Trop de vent et trop de questions.

Des vagues de malheur… »

Clara, Carpe Diem

 

La remontée se fit sans hâte, dans un état de demi-conscience. Dora menait avec attention les pas de la silfine, prévenant chaque obstacle. Lorsque toutes deux sortirent enfin des entrailles labyrinthiques du Royaume, la clarté frappa le visage de Keina. Elle porta une main devant ses yeux pour laisser à sa rétine le temps de se réhabituer à la lumière.

L’atmosphère s’était vêtue d’un manteau de brouillard blanchâtre qui se fragmentait en de fines gouttelettes glacées. Tandis que Dora l’enjoignait à poursuivre leur avancée, Keina cligna plusieurs fois, désorientée. Elle baissa le regard et vit sur le sol, gravée sous ses bottines, une inscription qu’elle connaissait déjà : « I ». Elles se trouvaient au bas de l’escalier surplombant le vide qu’elle avait découvert lors de sa première rencontre avec Anna-Maria.

Le vertige la saisit aussitôt. Bien que la brume l’empêchât de discerner l’abîme, elle vacilla. Le temps se suspendit soudain, assourdi par les battements de son propre coeur. Perdue, elle battit des paupières, une légère nausée au fond de son estomac, puis elle bascula en avant. Le monde bascula avec elle.

 

Elle pleure, ses phalanges douloureuses s’accrochant désespérément aux aspérités de la roche. Elle tente de lever le genou pour poser le pied dans une encoche mais dérape sur une touffe d’herbe humide. Tremblant de tout son corps, en sueur, elle s’efforce d’oublier le gouffre au-dessous d’elle, bouche béante dont chaque nuage figure une rangée de crocs assassins. Elle perçoit, loin au-dessus d’elle, le cri des assaillants, l’écho des lames qui s’entrechoquent et le hennissement des elfides affolées. Mais il lui faut se faire une raison : elle est seule face au néant, seule face à son destin, petite fille perdue, oubliée dans la gueule du Grand Méchant Loup. Les larmes strient son visage. Elle hoquette, lève les yeux…

… et la voit. La sorcière aux cheveux de jais. La sorcière glacée.

Elle hurle –

 

La silfine s’éveilla.

Au-dessus d’elle, une poutre de bois, massive et ouvragée, traversait le plafond. Du chêne, peut-être. Elle porta une main à son front. De longues sueurs froides sillonnaient encore son épiderme. Elle se redressa avec difficulté sur le haut de sa couche et coula un regard autour d’elle.

On l’avait installée dans une chambre plutôt intime, meublée avec soin. Son esprit encore brumeux associa avec difficulté les éléments de la pièce. Dans un angle, le dossier d’une chaise de paille supportait sa toilette soigneusement repliée. Le miroir d’une commode lui renvoya un visage fatigué, marqué par les plis. Sur l’autre mur, une cheminée imposante dissimulait avec soin quelques braises que les fraîcheurs de l’automne n’avaient pas éteintes. Le manteau arborait cinq ou six bibelots d’inspiration exotique dont la silfine ne parvint pas à retrouver l’origine.

Tandis qu’elle observait la fenêtre accrochée au-dessus de son épaule, la porte s’ouvrit sur une silhouette menue chargée de victuailles. La petite créature leva les yeux sur le sourire de Keina et poussa une exclamation.

— Réveillée ! Keina, tu es réveillée !

— Je crains que oui, grimaça la silfine, les idées confuses, en se redressant un peu plus.

Dora trotta jusqu’à l’édredon et posa le plateau sur les genoux de l’alitée. Celle-ci laissa ses narines se gorger des odeurs appétissantes qui s’en dégageaient. Une tasse d’Earl Grey, du lard grillé sur un toast beurré, deux œufs pochés et une saucisse accompagnée d’une belle tomate tranchée. Les grognements de son estomac la convainquirent qu’elle mourait de faim. Elle planta la fourchette dans la tranche de lard et la porta à ses lèvres.

— Dora, est-ce toi qui m’a amenée ici ? demanda-t-elle entre deux bouchées. Et d’ailleurs, où sommes-nous ? Chez toi ?

— Oh non ! Non non ! Ma maîtresse, c’est ma maîtresse qui m’a aidée. Chez elle, c’est ici.

Keina redressa le menton et avala son morceau.

— Ta maîtresse ? Dora, qui est-ce ? T’a-t-elle demandé de veiller sur moi ?

L’alfine rougit violemment et secoua la tête.

— Je ne dois rien dire, non non non ! Dora reste muette !

La jeune orpheline fronça les sourcils. Combien y en avait-il, de ces mystérieux bienfaiteurs qui refusaient de lui dévoiler leur identité ? Elle songea à celui qui, sous terre, l’avait secourue juste avant de lui susurrer une révélation qu’elle eût préféré ignorer. Le timbre feutré de la voix résonna en écho dans son esprit, et, l’espace d’une seconde, elle crut y déceler un soupçon de familiarité. À l’instant même où l’idée se présenta en elle, le soupçon s’évapora. Tant pis. Pour l’heure, elle était toujours affamée.

Dora s’était installée sur la chaise et l’observa avaler le plateau, un grand sourire en travers de son visage rond. Une fois les victuailles englouties, elle sauta de son perchoir et s’empara des restes sans souffler mot. Keina la laissa faire. Le ventre plein, elle se sentait encore épuisée, la tête enserrée dans un étau. Elle s’effondra sur l’oreiller et ferma les paupières. Bien vite, elle sombra de nouveau.

 

Lorsqu’elle s’éveilla pour la seconde fois et posa les yeux sur le mobilier de la chambre, la sensation de peine et de confusion qui l’avait étreinte auparavant s’était presque évanouie. Son esprit était clair, son corps reposé, et les maux de tête avaient disparu. Elle se frotta les yeux et rejeta les draps devant elle, avec la ferme intention de se lever pour explorer son mystérieux hébergement. Une robe de chambre aux allures vieillottes pendait à une patère. Elle l’enfila en prenant garde à sa chevelure emmêlée et sortit sans se donner la peine de se chausser. Le contact froid du sol carrelé l’indifférait.

Sa chambre donnait sur un couloir sombre et étroit. Elle l’emprunta avec détermination, sans éprouver plus d’intérêt pour les miniatures romantiques qui ornaient les murs, et ouvrit la porte du fond.

L’espace qui se dévoila devant elle lui procura immédiatement une sensation de bien être qui la figea sur le seuil. Son regard embrassa un intérieur montagnard, semblable à ce chalet où, au cours d’une excursion en Suisse avec la famille Richardson, ils s’étaient arrêtés pour y savourer un chocolat chaud et des biscuits de Savoie. Sur l’âtre, une marmite bouillonnait doucement. Dora s’employait à remuer son contenu à intervalle régulier, et y posait un regard attentif de bonne ménagère. Un parfum d’aromates, de fromage et de musc baignait l’atmosphère. Au centre, installée devant une table garnie d’ustensiles et d’ingrédients variés, une femme semblait l’attendre. Elle leva la tête à son entrée, recracha la fumée de sa cigarette et, d’une voix grave, légèrement éraillée, prononça :

— Ainsi, te voilà donc, Keina. Sois la bienvenue dans mon humble demeure.

La silfine hocha la tête et, tandis que Dora se redressait dans un sursaut, vint s’asseoir sur le banc, en face de l’hôtesse qu’elle découvrait enfin.

 

L’inconnue arborait un visage fatigué, aux traits prématurément vieillis. Les traces d’une ancienne beauté flottaient encore au fond de ses iris bleus, mais la petite vérole ne l’avait pas épargnée. Vêtue d’une blouse grise, un simple fichu noué sur sa lourde chevelure brune, elle  figurait une ouvrière de l’East End, vivant dans l’une de ces terrace de brique rouge, à la promiscuité si déplaisante. Elle fit courir quelques instants sa cigarette entre des doigts usés par le travail et darda sur la silfine un regard las mais bienveillant, qu’accentuait la gravité de ses sourcils.

Keina retint un frisson, soudain gênée par ses manières de bourgeoise et les multiples détails qui la rangeaient dans la classe aisée, malgré son rang de simple préceptrice. Elle n’ignorait guère que les Richardson lui avaient octroyé des manières, une éducation et un statut équivalent à ce que ses propres parents auraient dû lui inculquer s’ils avaient survécu à la guerre. Mais elle avait toujours cru naïvement que les inégalités sociales, qu’elle admettait à Londres comme une réalité à laquelle elle n’avait jamais été confrontée, ne se légitimaient pas au Royaume, puisque l’énergie magique y effaçait les désagréments dus à l’argent et au travail forcé. Soudain, elle réalisa que sous le vernis de la surface transparaissait une multitude de craquelures. Alfs réduits en esclavages, haine entre les organisations, coutumes et opinions rétrogrades des êtres les plus influents, monstres abjects dissimulés dans les abysses…  Face à son hôtesse, dont elle reconnut l’identité, le Royaume, autrefois serein et protecteur, se métamorphosa en une étrange boursouflure aux contours imprécis, une anomalie entre les mondes parallèles, tantôt laide, tantôt séduisante, ardente et glaciale, plus immuable que le Temps et pourtant aussi changeante et imprévisible que la tempête. L’image qui s’imposa à son esprit la terrifia proprement.

Elle détourna les yeux pour s’imprégner à nouveau de l’apaisante simplicité du logis et regagner prise avec la réalité. Un sourire désabusé étira les lèvres fines de l’inconnue.

— Tu sais qui je suis, n’est-ce pas ?

La silfine opina du chef. Elle n’avait pas oublié, dans la caverne, la silhouette droite postée aux côtés d’Alderick, ni la galerie des portraits et le tableau devant lequel elle n’avait cessé de passer. Ce même tableau que Lynn avait contemplé une fois avec colère.

— Vous êtes Atalante. La maîtresse d’Alderick.

— Ancienne maîtresse, précisa la brune, une lueur d’amusement au fond de ses pupilles. Alderick… a disparu.

Keina ne releva pas l’hésitation, et préféra se concentrer sur la petite alfine qui, assise sur un trépied de bois face au foyer, affichait une mine basse.

— Dora… Tu travailles donc pour elle ? Mais… Enfin, n’étiez-vous pas contre l’exploitation des alfs ? continua-t-elle en se tournant vers celle qui l’avait hébergée.

Le sourire de la rebelle s’adoucit. Ses traits s’éclaircirent soudain, et se teintèrent d’une élégance nouvelle.

— Dora n’est pas une esclave, mais une amie. Je lui ai rendu sa liberté il y a bien longtemps. Elle est restée auprès de moi, malgré tout. Toutes ces années, elle est restée auprès de moi et a trompé ma solitude. Elle est une chaleureuse et fidèle amie.

— Je suis confuse, maîtresse, déclara l’intéressée d’une voix penaude. Confuse, vraiment, confuse ! Keina n’aurait pas dû sortir de sa chambre, elle n’aurait pas dû vous voir…

— Ce n’est rien, Dora, répondit gravement sa maîtresse. Tu as bien rempli ta mission. Tu n’es pas à blâmer.

— Ainsi, la personne qui veille sur moi depuis que je suis arrivée au Royaume… Il s’agit de vous ? Dora ne faisait que vous obéir !

— Tu n’aurais jamais dû me rencontrer. Lorsque Dora t’a sortie des ténèbres, elle devait te ramener dans ta chambre, mais tu as eu ce malaise, et nous ne savions que faire… Quelque chose, en bas, t’a rendue souffrante. La fièvre t’a possédée durant un jour et une nuit ! Dora a pris soin de toi. Mais te voilà rétablie, et j’imagine qu’il est trop tard pour ignorer tes questions et te ramener chez toi sans explication.

Les yeux de la silfine s’agrandirent.

— Un jour et une nuit ? Voyons, nous sommes donc le vingt-trois ? Lynn a dû mourir d’inquiétude !

À cette mention, Atalante tressaillit et une étincelle illumina ses yeux bleus. Un instant seulement, puis elle se maîtrisa.

— Cette chère Lynn… Comment va-t-elle ? demanda-t-elle d’un ton égal, avant de tirer sur sa cigarette.

Keina ne répondit pas, l’esprit occupé par ses propres incertitudes.

— Alors, vous vivez ici ? Et qu’y faites-vous ? Vous paraissez si…

— Si quoi ? demanda l’ancienne rebelle d’un air de malice. Si pauvre ?

—  Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire…

— Regarde autour de toi, ma chérie. Est-ce là le logis d’une mendiante ? Oh, bien sûr, il ne possède pas le confort et le luxe des appartements du dessus, mais j’y suis à mon aise. Les mains que tu vois là sont celles d’une personne qui gagne chaque jour le droit de rester au Royaume, ainsi que tous devraient le faire. L’ignorais-tu ?

— Je ne comprends pas, répliqua la silfine, confuse.

— Évidemment. Les silfes de là-haut se sont assis sur leurs privilèges depuis si longtemps ! Pourquoi se préoccuperaient-ils encore des lois de ce monde ? Alors que les moeurs humaines sont si faciles à singer…  Mais nous ne sommes pas d’ici, Keina, et cela, nous l’avons oublié trop longtemps. Les alfs et les elfes ont permis à nos ancêtres humains de séjourner au Royaume à la seule condition qu’ils n’y demeurent pas oisifs. (Face à cette révélation, l’attention de Keina s’éveilla, et elle écouta la suite avec application.)  Certains ont choisi de se servir de la magie pour porter secours aux mondes extérieurs, d’autres ont préféré rester au creux de ces montagnes pour y exercer leur savoir-faire. Médecins, astronomes, architectes, inventeurs, ouvriers, couturières, commerçants, charpentiers… Ils avaient tant à apporter à ce monde ! Les elfes apprirent à leur contact curiosité, ingéniosité… et c’est ce qui les tua. (Elle se tut un instant, et reprit plus bas :) Mais ce n’est pas à moi de t’instruire de cela. Vois-tu, j’exerce le métier de blanchisseuse. Oh, rassure-toi, la magie facilite grandement mon travail ! Tu pensais donc que les draps se transportaient tous seuls ? Cependant, je ne suis pas malheureuse. C’est une douce expiation pour les crimes que j’ai commis.

— Les… crimes ?

La voix de Keina se fit moins assurée. Elle resserra les pans de sa chemise, soudain saisie par le froid, en dépit de la douce chaleur que diffusait l’âtre. Le regard d’Atalante s’égara dans le lointain, par-delà la fenêtre qui trouait le mur en face d’elle.

— Pour commencer, j’ai trahi… Seigneur, c’est toi que j’ai trahie en premier lieu, Keina ! J’estimais que le bénéfice du Royaume valait bien le sacrifice d’une enfant. Aveuglée par les allégations de Nephir, j’ai cru que ton sang et ta magie nous conduiraient à la Briseuse, et que le Royaume retrouverait enfin sa véritable nature.

— Je… je ne saisis pas… Pourquoi me dites-vous cela ?

Les paupières de la jeune fille se plissèrent tandis qu’elle s’efforçait de mettre de l’ordre dans les idées qui se bousculaient en elle. Dora s’était approchée du banc et exerçait à présent une pression réconfortante sur le dos de sa main. Le visage d’Amy se matérialisa devant ses yeux, un visage doux, apaisant, plein de chaleur et de bonté. Elle inspira un grand coup, tandis qu’Atalante poursuivait plus lentement.

— Personne ne t’en a jamais parlé ? Oh. J’imagine qu’ils voulaient te protéger… Quel âge as-tu aujourd’hui ?

— J’ai eu vingt ans en janvier dernier. J’en aurai vingt-et-un cet hiver.

— Seigneur, vingt ans… déjà ? Il y a vingt ans que nous nous sommes battus… Et j’ai l’impression que c’était hier…

Un instant, elle parut s’égarer dans les méandres de ses souvenirs. Mais, d’une secousse du menton, elle se ressaisit et écrasa son mégot rougeoyant dans un cendrier de terre cuite.

— Alors, tu es en droit d’apprendre la vérité. Lorsque nous avons commencé notre quête, Alderick, Nephir, Esteban et moi, les elfes ont accepté de nous confier l’une de leurs prophéties. Une prophétie qui annonçait – Seigneur, ma chérie, j’aimerais ne pas être celle qui te révélerait ça – qui annonçait que… que tu devais te sacrifier…

— Je sais cela, coupa Keina, agacée. Quelqu’un me l’a déjà dévoilé, en bas.

— Quelqu’un te l’a… ? (Atalante fronça les sourcils.) Qui ?

— Je ne sais pas. Je n’ai pas vu son visage. Il m’a sauvée de l’abomination, juste avant l’arrivée de Dora.

La confusion se peignit un instant sur le visage de son hôtesse, qui se mit à murmurer quelques mots incohérents. 

— Quelqu’un, en bas ? Qui ? Non… non, ce serait impossible ? Et pourtant… Voyons…

— Mais qu’est-ce que tout cela a à voir avec la guerre ? rétorqua la jeune brune avec énergie. Pourquoi aurait-on voulu me sacrifier de force ?

Atalante sursauta et, pour reprendre contenance, croisa sur la table ses longs doigts arachnéens.

— Oui, oui, bien sûr, tu ne comprends pas. Comment le pourrais-tu ? Tout cela fut le résultat de nombreuses réflexions, disputes et insinuations. J’imagine que tu n’ignores pas non plus que tu es celle qui annonce l’arrivée de la Briseuse ? (Un signe négatif de la silfine l’engagea à poursuivre.) D’après Nephir, tout était lié. Le sacrifice, l’arrivée de la Briseuse… Elle affirmait que ton sang détenait la magie capable de faire apparaître la Briseuse. Que c’était à cela que devait servir ton sacrifice. Elle mentait, j’en suis certaine aujourd’hui. Mais à l’époque… Son père croyait tant en elle, il lui portait une telle affection ! Elle était un joyau à ses yeux, un joyau pur et éclatant, à l’instar de ceux qui, issus de la Pierre Brisée, se sont dispersés à travers les univers ! Mais son éclat était trompeur, et nous avons tous été bernés. Alderick plus encore que les autres. Il aurait donné sa vie pour elle. Seigneur… Comme tout ceci est loin, et proche à la fois ! Perdu dans les brumes de notre folie… Nous n’avons jamais su pour quelles obscures raisons son délire lui commandait de te tuer. Oh, pourquoi elle a enlevé et torturé Anna-Maria, ça, ce n’est pas un secret ! Elle convoitait le diadème. Alderick, mon cher Alderick, a été suffisamment fou pour la conforter dans ses errements. Et moi j’ai laissé faire… Oh, Seigneur, je me suis enfuie et j’ai laissé faire !

La tranquille assurance de la rebelle s'engloutissait peu à peu sous l’avalanche des souvenirs qui dévalait en elle. Keina se mordit une lèvre, incapable de trouver dans cet imbroglio d’informations l’extrémité d’un fil qui lui permettrait de démêler la vérité. Sa mémoire retraça les paroles de Luni qui, des siècles plus tôt, lui avait raconté l’histoire d’Anna-Maria. Elle prit la parole, hésitante.

— Luni… Luni m’a dit que c’était vous qui les aviez conduits à Anna-Maria. Par ailleurs, il m’a aussi interdit de vous parler, ajouta-t-elle avec une pointe de défiance.

Un sourire fin étira les lèvres d’Atalante tandis qu’elle s’extirpait de son lourd passé.

— Oh, il a dit ça ? Mon frère est très prévoyant.

— Votre… frère ?

La surprise de Keina atteint son paroxysme. Pourquoi diable ne lui avait-il pas dit ? Atalante scruta le désordre de son visage avec intérêt et une pointe d’ironie.

— J’imagine qu’il ne t’a pas non plus signalé ce détail. Il faut avouer que la ressemblance physique n’est pas flagrante. Les lois de Mendel s’appliquent d’une étrange façon chez les silfes… Je suis la sœur aînée de Luni et de Lynn. Ou, du moins, l’étais-je avant la guerre. Aujourd’hui, je doute de figurer encore dans la généalogie familiale. Lynn me voue une haine inextinguible. Et Luni me méprise, ce qui revient au même.

À cet instant, d’autres mots vinrent danser devant ses yeux. Des mots qui suintaient la morgue et l’arrogance. Visualisez la famille, à présent : une traîtresse, un coureur de jupon et une impotente… Joli tableau ! souffla Erich à son oreille. Alors, c’était donc ça, la vision d’une famille chez les silfes ? L’image lui retourna le cœur avec bien plus de force que toutes les révélations qu’on lui avait assénées.

— Mais… pourquoi ? murmura-t-elle, à bout de force. Après tout, vous vous êtes finalement rangé de leur côté, non ? Vous les avez menés jusqu’à Anna-Maria !

— Il était trop tard, répliqua l’ancienne rebelle d’une voix sombre. L’esprit de la Reine Blanche avait été anéanti. Et puis… et puis j’avais déjà commis mon second crime.

— Votre second crime ?

Atalante leva le nez et, sans dire un mot, planta en elle son regard d’azur – oh combien proche de celui de Luni, remarqua Keina dans un battement de cœur. La silfine retint son souffle, l’âme transpercée par ces yeux-là. L’espace d’un instant, elle crut que la rebelle allait lui offrir la plus terrible des révélations, mais, au lieu de ça, elle se leva de son banc et s’approcha doucement de l’âtre.

— Seigneur, quelle épouvantable hôtesse je fais ! Nous discutons depuis des lustres, et je ne t’ai offert ni à boire, ni à manger. Veux-tu une tasse de thé ? Ou préfères-tu aller te rafraîchir ? Dora a pris grand soin de ta toilette. Il n’est que neuf heures, tu as tout ton temps.

— Je… je crois que je vais aller me rafraîchir, répondit la silfine, perplexe. Où se trouve donc la salle d’eau ?

 

Ce fut finalement Dora qui accompagna Keina pour ses ablutions matinales. Tandis qu’elle marchait à ses côtés, elle lui expliqua les avantages de la demeure. Il n’y avait pas d’eau courante, mais une source chaude jaillissait à proximité et, par un léger détournement, Atalante avait arrangé au fond de son logis une salle de bain constituée d’une large baignoire creusée à même la pierre.

— Mais… où sommes-nous exactement ? demanda Keina, qui ne comprenait pas d’où pouvait bien sourdre l’eau de la source.

Elle savait que le Château se constituait en partie de sept collines creusées et modelées entre les montagnes, sur lesquelles avait été greffé un nombre infini de constructions disparates, et que la Rivière du Milieu prenait sa source au sein de la colline centrale, mais ignorait tout des facultés thermales du Royaume. Dora émit un petit rire aigu.

— Si je te le dis, Keina, tu ne voudras plus sortir ! Nous sommes en dessous, si, si ! Sous le Château, à l’Extrême Nord ! Beaucoup, beaucoup de maisons accrochées là ! Le long de la Falaise qui n’a pas de Fond…

La silfine tressaillit, mais parvint néanmoins à maîtriser ses sens.

— Je… je ne pensais pas que des gens vivaient là…

— Oh, si, si, il y a toute une vie sous le Château ! Toute une vie ! Beaucoup de galeries souterraines sur ce versant, oui, beaucoup ! Ce n’est pas si abrupt, tu sais ! Ma maison n’est pas loin, mais elle n’est pas aussi belle que celle de ma maîtresse… Oh, nous y voilà !

En pénétrant dans l’atmosphère brûlante et humide de la salle d’eau, Keina se rendit à l’évidence : un bain lui procurerait le plus grand bien. Dora posa ses vêtements sur le plat d’une pierre, devant l’entrée, et l’aida à se dévêtir.

De longues volutes de vapeur mêlées de magie s’enlaçaient dans les airs et tapissaient l’atmosphère d’un brouillard verdâtre. La lumière naturelle s’écoulait d’une baie étroite creusée au-dessus du bassin, dont la forme rappelait les courbes d’une femme, et se mêlait à l’aura des chandelles qui parsemaient l’habitacle, soigneusement abritées dans des coques de verre. Un baquet d’eau froide reposait à droite de la baignoire, tandis que l’eau chaude s’échappait d’un bec de bois qui trouait la roche. Plusieurs rigoles polies par le temps prévenaient les inondations, et l’eau s’éclipsait ensuite derrière l’épaisseur d’une paroi, dont on avait sculpté la pierre de façon à aménager un banc. Une odeur de soufre enrobait le cocon tout entier, sans toutefois agresser les narines.

Keina trempa un pied dans le liquide brûlant, puis le second. Elle ferma les yeux et se laissa glisser au creux de cette bienveillante matrice qui étouffait ses soucis dans un coton bienfaisant. Elle n’avait cependant pas oublié la présence de Dora et, tandis que celle-ci s’apprêtait à quitter la pièce, lui parla prudemment.

— Dora… Tes semblables… Pourquoi n’ont-ils pas revendiqué leurs droits plus tôt ? Là, en bas, j’ai vu de quoi étaient capables certains d’entre vous. La chose qui m’a poursuivie… Elle paraissait bien plus ancienne, et bien plus forte, que la magie qui baigne le Royaume.

— Rien n’est plus vieux que la magie, l’interrompit l’alfine, d’une voix grave qui ne lui ressemblait pas. Tout ça… Ce ne sont pas les affaires d’une silfine, non, non, non ! Beaucoup trop vieux, beaucoup trop loin, beaucoup trop dangereux. Ce qu’il y a en bas doit rester en bas. Nous sommes tous issus de la Pierre…

— Qu’entends-tu pas là ? Les pierres du Royaume, ce sont elles qui vous ont créés ?

— Pas les pierres, non. La Pierre… Mais ça n’a pas d’importance, non, pas d’importance. Les imaginaires sont, voilà tout. Pourquoi nous rebeller ? Nous sommes nés de la magie pour servir la magie. 

— Certains de tes semblables ne sont pas exactement du même avis que toi, Dora, poursuivit la silfine avec un sourire, tandis qu’elle attrapait un savon posé sur le rebord du bassin. Le serviteur de Luni, par exemple, ce… oh, quel est son nom déjà ?

— Karol n’est pas très malin. C’est un imbécile, un imbécile et un sot ! Pas étonnant pour un Bwca.

— Un quoi ?

— Bwca. C’est ce qu’il est. Un Boggart. Vous le nommez comme ça, je crois. Il croit des choses. Qu’il peut imiter les hommes et penser comme eux. Il a oublié qu’il était un imaginaire, pas un imaginant. Pas un imaginant.

— Qu’est-ce qu’un imaginant ?

Tandis qu’elle se redressait pour se savonner, Keina constata avec surprise que les particules enchantées de l’atmosphère s’étaient toutes agglutinées autour d’elle, dans un amas de bulles olivâtres qui dansaient sur la surface de l’eau. Elle tenta de les chasser du revers de la main, mais n’obtint que l’effet inverse.

— Pas de doute, tu es aussi celle qui attire ! constata l’alfine dans un gloussement, apparemment ravie de changer de sujet.

— Tu n’es pas la première à me le faire remarquer, répondit Keina avec une pointe d’irritation tout en se replongeant dans le bain. Mais que suis-je censée attirer, au juste ?

— La magie, bien sûr. Celle que tu devras transmettre à la Briseuse…

Après cette ultime révélation, Dora refusa d’en apprendre plus à son amie, qui dut terminer sa toilette en silence.

 

*

 

Lorsque Keina refit son apparition dans la salle à manger, elle se sentait comme neuve, débarrassée de ses craintes et de ses émotions. Dora l’avait apprêtée et coiffée avec soin, et trottait maintenant à ses trousses.

Debout près de l’âtre, Atalante lui tournait le dos. Droite dans sa simple mise d’ouvrière, les mains jointes sur son ventre, sa silhouette évoquait le souvenir d’une femme fière, déterminée, convaincue par la justesse de ses actes et la sincérité de ses principes. Cependant, que restait-il de tout cela ? Keina ne put s’empêcher de songer au mal que lui avaient infligé ses semblables qui l’avaient reniée. Après tout, elle n’avait fait que suivre l’homme qu’elle aimait, cet Alderick qui, aveuglé par l’amour qu’il portait à sa fille, s’était précipité de lui-même dans un tourbillon de violence aux conséquences désastreuses ! Mais Atalante, elle, avait su ouvrir les yeux avant qu’il ne soit trop tard. N’était-elle pas responsable du sauvetage d’Anna-Maria ?

— Seigneur, te voilà plus présentable, Keina, déclara la concernée, le buste tourné vers elle. Dora va pouvoir te ramener au Château. Tes… tes amis doivent s’inquiéter…

— Attendez, non ! s’écria vivement la silfine. Je ne veux pas remonter ! Je veux que vous me racontiez, que vous me parliez de la guerre !

L’ancienne rebelle secoua doucement la tête, un triste sourire sur les lèvres.

— Ma chérie… À quoi bon ressasser le passé ? Tout ceci est révolu et tu dois penser à l’avenir. Nephir n’est plus une menace à présent.

— Je suis persuadée du contraire, pourtant. Une ombre plane sur moi depuis que je suis revenue au Royaume. Je n’arrive pas à mettre des mots sur ce que je ressens, mais… vous-même, ne le percevez-vous pas ? Après tout, vous avez incité Dora à veiller sur moi…

Les paupières d’Atalante se plissèrent tandis qu’elle s’approchait de son invitée.

— Je voulais te protéger contre les malveillances du Royaume. Nombre d’habitants étaient hostiles à ton retour, et c’était une façon comme une autre de me racheter. Une ombre ? Qu’entends-tu par là ? Keina, dis-moi, quelqu’un t’a-t-il menacé ?

Elle plaça ses mains de part et d’autre de la silfine et planta en elle un regard soucieux. Keina déglutit.

— Je… je le surnomme l’alf au visage lunaire… J’ignore ses intentions. Mais Anna-Maria n’a cessé de me mettre en garde contre les sbires de Nephir…

— Anna-Maria t’a parlé de Nephir ?

— C’est elle aussi qui m’a donné le journal d’Alderick. Mais ses paroles étaient confuses…

La repentie la lâcha subitement, frappée de stupeur.

— Le… le journal d’Alderick ? Seigneur ! Tu l’as lu ?

— Non, non ! L’alf au visage lunaire me l’a dérobé… Écoutez, Atalante…

Un soupir, très bref.

— Appelle-moi Lani. C’était mon diminutif, autrefois.

— Lani, je suis convaincue de vos bonnes intentions, mais…

Atalante ne lui laissa pas le temps de terminer, et apostropha sa petite servante d’une voix impérieuse.

— Dora, lorsque tu as constaté que les appartements de Keina avaient été forcés, as-tu aperçu quelqu’un ? (Le signe de tête négatif de l’alfine lui arracha une moue dépitée.) Dommage. Essaie d’en savoir plus sur ce mystérieux agresseur ! Peut-être qu’une enquête auprès de tes semblables… ? Keina et moi, nous allons rendre visite à Anna-Maria. Quelle idiote je fais ! Depuis tout ce temps elle me demandait de l’aide, et moi je ne l’ai pas écoutée…

— Anna-Maria vous a dit quelque chose ?

Hochement de tête, discret.

— Elle ne loge pas très loin, juste au-dessus. Elle rôde souvent par ici. Tout ce qu’elle me racontait… Je pensais que ce n’était que fables et douces rêveries ! Mais elle possédait le journal… Comment ? Non, non, c’est impossible… Il faut que je sache…

Elle ouvrit subitement la porte d’entrée et se précipita à l’extérieur. Keina fit mine de la suivre, mais se figea sur le seuil. Un porche de bois prolongeait l'habitation de quelques mètres, après quoi le vide s’étendait.

Atalante se tourna vers elle.

— Tu souffres du vertige ? Ne t’inquiète pas. Accroche-toi à moi, et tout ira bien.

Keina hocha la tête et s’approcha de son aînée. L’air vif de l’atmosphère enflamma ses poumons. Elle accepta avec plaisir le châle épais que lui tendait Atalante et le jeta autour de ses épaules. Sur le côté, quelques marches agrippées à la roche s’évasaient en une passerelle qui courait le long de la pente. Le chalet, installé sur une plate-forme naturelle, donnait l’impression d’y avoir été posé en équilibre par un géant facétieux, à l’instar des habitations voisines que l’on pouvait distinguer aux alentours. La falaise, à cet endroit, perdait de son inclinaison, et la vie y avait élu domicile, avec ou sans son accord. Quelques touffes de verdure, aplaties par le vent de l’automne, poussaient entre les pierres et, parfois, un arbrisseau aux branches dénudées, fixé à la cime d’un écueil, défiait les lois de la gravité. Bien plus bas, les premières vagues d’un océan de coton léchaient le flanc de la montagne. Le silence régnait en maître sur cette extrémité du monde.

D’un geste affectueux, Atalante s’empara du bras de sa protégée et s’engagea sur la passerelle, veillant à la maintenir loin du précipice. Soudain, sans qu’elle en comprenne la raison, le cœur de Keina se glaça. Elle glissa un œil vers sa compagne qui entretenait la conversation.

— Belle matinée. Le temps s’est éclairci, les nuages sont enfin redescendus. Nous sommes restés si longtemps dans la brume !

 L’iceberg flottait autour d’Atalante, la silfine le sentait. Chacune des fibres de son corps s’en imprégnait. Elle ferma les paupières pour chasser l’appréhension de son esprit, et les rouvrit devant les premières marches d’un escalier de pierre qui gravissait la montagne. L’iceberg s’évapora aussitôt, laissant place à sa chère phobie coutumière.

— Courage, ma chérie ! Nous allons devoir grimper ça ! Il n’y a pas de cercles de transport ici, plaisanta Atalante.

L’ancienne rebelle releva le bas de son jupon et attaqua l’ascension d’une démarche résolue. Keina la suivit sans hâte, le cœur battant.

Bientôt, elles débouchèrent sur un palier que Keina reconnut aussitôt. Rien n’avait changé, de la petite porte encastrée dans la pierre que Dora l’avait aidée à franchir quelques jours plus tôt jusqu’au « I » gravé à ses pieds, qui ne cessait de l’intriguer. Elle interrogea l’ancienne compagne d’Alderick à ce sujet. Malheureusement, celle-ci en ignorait l’origine et le sens, et échoua à satisfaire la curiosité de sa petite protégée.

Une fois gravies les dernières marches de l’escalier, les premières rues du village s’étalèrent devant les deux piétonnes, qui s’autorisèrent une courte pause afin de reprendre leur souffle. Avec un drôle de sentiment au fond de l’estomac, Keina se remémora sa première rencontre avec l’ancienne reine. L’aimable folle lui avait paru irréelle alors, et elle regrettait de n’avoir pas compris ses paroles.

Un angle de rue, puis encore un, et la façade blafarde de sa demeure surgit de l’ombre comme une apparition. Atalante stoppa net. La porte du logis était entrouverte, et un climat d’étrangeté s’en échappait. Ensemble, elles s’engouffrèrent à l’intérieur du vestibule.

D’abord, les yeux de Keina se posèrent sur la silhouette malingre ramassée sur elle-même au pied de l’escalier, qui dodelinait d’avant en arrière en fredonnant l’air entêtant d’une comptine suédoise qu’elle reconnut aussitôt.

Katten sprang, och svansen slang…

Le chat courait, et la queue se balançait…

Puis elle perçut le cri bref d’Atalante et leva le menton. Elle cligna des paupières, s’efforçant de dissocier sa vision des paroles de la chanson. Enfin, elle réalisa.

Pendu par une corde qu’on avait nouée autour de la lampe à pétrole, un corps se balançait mollement dans le clair-obscur, au milieu du hall. La silfine eut un haut-le-cœur, et plaça une main devant sa bouche pour étouffer le hurlement qui montait en elle. Paralysée, elle observa Atalante se diriger au ralenti vers la forme recroquevillée, s’accroupir devant elle et lui souffler quelques mots qu’elle ne comprit pas.

Il faut la sortir de là, songea-t-elle simplement en reportant son regard sur la défunte reine, toute de blanc vêtue, dont les pieds nus, couverts de crasse et de poussière, oscillaient à quelques centimètres du parquet, mus par le souffle d’air provenant du seuil.

Le chat courait, et la queue se balançait…

Le refrain de la comptine tournait en elle comme une mélopée languissante qui l’étourdissait. Elle inclina la tête et avisa un morceau de papier chiffonné qui traînait à terre. D’un geste lent, comme écrasé par la funeste demeure, elle se baissa pour le ramasser. Sur le document taché d’encre, quatre mots :

Méfie-toi des illusions

— Votre faute ! (La voix aiguë de Dinah la tira de sa torpeur et elle sursauta violemment.) C’est votre faute ! Vous nous avez trahie, vous avez trahi notre cause et refusé de nous écouter ! Soyez maudites !

Keina fit volte-face. La servante s’était redressée, dos au mur, et crachait ses insultes à qui voulaient l’entendre.

— Contemple ton crime, Atalante… Contemple ton troisième crime, lâcha-t-elle enfin, un petit sourire sauvage au bord de ses lèvres pincées.

Elle éclata d’un rire de détraquée, bouscula les deux silfines et s’évanouit dans la clarté du matin.

— Mon troisième crime, murmura Atalante, interdite.

Deux grosses larmes roulèrent sur les joues de Keina tandis qu’elle levait à nouveau les yeux sur le cadavre blanc qui dansait dans les ténèbres. L’histoire s’était pourvue d’une fin tragique. La reine avait cessé d’attendre son amour perdu. 

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Dragonwing
Posté le 29/12/2010
Difficile de commenter avec un esprit clair face à une fin aussi abrupte. Pauvre Anna-Maria... La première victime depuis que Keina est revenue au Royaume, et ça n'annonce rien de bon. Evidemment, il fallait qu'il y ait un contre-coup, puisque quelqu'un avait enfin jugé bon de parler en toute franchise à Keina. Quoique cette Atalante a encore ses secrets, et je m'interroge sur son silence. Quel crime pourrait être plus difficile à confesser à Keina que le fait qu'elle voulait son sacrifice ?
Et qu'est-ce qui a bien pu provoquer cette mystérieuse fièvre chez Keina, d'ailleurs ? Pas le monstre, puisqu'il ne l'a même pas touché, alors... Quelque chose de plus pernicieux ? Je n'ai pas de théorie échevelée sur le sujet, pour une fois (encore que l'une de mes théories du dernier chapitre, au moins, s'est révelée juste, comme quoi je ne pars pas complètement dans tous les sens XD).
Keina
Posté le 29/12/2010
Je reponds vite vite à mes dernières reviews avant de retourner finir mon chapitre 15... ^^ Eh oui, Anna-Maria est la première victime... et Atalante a encore quelques secrets à cacher. Peut-être est-ce quelque chose qui pèse lourdement sur sa conscience... non, je n'en dirai pas plus ! 
Quant à la fièvre, celle-ci est peut-être à mettre en rapport avec son état à la fin du chapitre 14... mais je ne pense pas donner de réponse claire à ce sujet, à toi de te forger tes propres hypothèses ! ^^ Tu en auras peut-être quelques unes avec le chapitre 15... 
Merci beaucoup pour cette review ! :)
vefree
Posté le 08/11/2010
Voici que l'on découvre la vraie Atalante, la mystérieuse Atalante...
Et avec elle, on apprend aussi tout un pan de l'histoire du Royaume où finalement les injustices sociales, les castes et les hiérarchies ne sont pas aussi idylliques que Keina et moi aurions pu le croire. Evidemment, puisqu'il a été envahi et en partie façonné par les hommes. Aaah, ces hommes !!
Le lieu où vit la soeur ainée de Luni et Lynn (hé oui, ça aussi, c'est surprenant !) est particulièrement fascinant. Le Château s'agrandi de chapitres en chapitres. Non, mais je persiste ! Cet endroit ressemble en bien des points à celui de Cristal. Pourtant c'est sans plagiat, mais il m'y fait terriblement penser. Rien que l'idée qu'il s'agrandi ou se réduit selon l'affluence du moment... j'adore ces phénomènes parfaitement féériques pour moi.
Et la fin de ce chapitre... dramatique ! Mon dieu, Anna-Maria... La reine blanche... quelle triste fin... le troisième crime d'Atalante. Enfin, crime... conséquences de sa trahison, non ? Non, là, si on en doutait encore, on ne peut plus dire que le Royaume est un conte pour enfant. Il s'y passe d'horribles choses et les souffrances sont légion. 
Bravo, Keina.
A bientôt pour la suite.
Biz Vef' 
Keina
Posté le 08/11/2010
Coucou vef' !
Oui, oui, j'attends que tu sois en plein déménagement pour te répondre, mais comme ça tu auras la surprise en récupérant le net ! :D 
Alors, oui, beaucoup de surprises dans ce chapitre, n'est-ce pas ? Il y a encore beaucoup d'endroit au Royaume Caché que moi-même je n'ai pas exploré... j'aime cette sensation de découverte, j'espère que je n'en aurais jamais fait le tour ! 
Eh oui, c'est la fin pour Anna-Maria. "Crime" est à prendre au sens plus large dans ce cas, oui. Son premier est d'avoir trahi le Royaume, son deuxième... je n'en parle pas encore ici, et son troisième de n'avoir pas porté foi aux discours d'Anna-Maria et de l'avoir laissée se tuer. Non, le Royaume n'est pas un conte pour enfant. Mais j'ose croire qu'il y a de la lumière partout malgré tout... :)
Bises 
Seja Administratrice
Posté le 25/08/2010
Ah les crimes d'Atlante... Je me souviens avoir lu ce chapitre pendant des vacances dans les Alpes *o*<br /><br />Et finalement, on en apprend pas beaucoup plus dans ce chapitre. Enfin, pas plus que ce qu'on sait déjà. Keina aurait pu être sacrifiée pour parer à une prophétie, toussa. Quand Atlante a dit qu'Alderick était disparu, je me suis demandée ce qui lui était arrivé. Il a été tué ou pas pendant la guerre ? Si tu l'as déjà mentionné, pardonne ma mémoire défaillante, c'est à cause de la chaleur ^^<br /><br />Ha ! Ma théorie de Susan en Briseuse se confirme de plus en plus. Eh oui, l'indice était subtil, mais on ne berne pas une fan de DW. Oui, oui, la référence au "Grand Méchant Loup", haha. Donc, je sais exactement comment va finir toutes cette histoire. En une orgie dans le Tardis dans les environs du 51e siècle. Si si, avoue que c'est ce que tu as prévu :P<br /><br />Et pour en revenir à l'histoire, on découvre donc les bas-fonds de ce Royaume. La magie n'a pas l'air de tout faire, Atlante en est la preuve vivante. Je l'ai bien aimée l'Atlante. Elle dégage une grande force, mais est en même temps très soucieuse du sort de Keina. Peut-être un moyen de se racheter pour avoir voulu la sacrifier.<br /><br />Et cette pauvre Anna-Maria... Un meurtre de plus sur le compteur de Keina-l'auteur, un ! Bon, à ma première lecture, j'ai pas cru à un suicide. Là, j'y crois toujours pas. Hein qu'on l'a aidée ? Oh et je viens de me rappeler un petit détail alors que Keina était venue lui rendre visite. Tu avais mentionné une corde qui pendait du plafond. Coincidence ou quelque chose était déjà en train de se préparer ?<br /><br />Bon, bon, prochain chapitre, on retrouve Luni, si je ne m'abuse *o*
Keina
Posté le 25/08/2010
Le sort d'Alderick n'est jamais abordé, on sait juste qu'il a disparu pendant la guerre. "Disparu" peut être pris dans tous les sens du terme... Voilà voilà. Je n'en dirai pas plus là non plus... ^^
Ya une référence au grand méchant loup ? xD peut-être... Mais j'aime bien ton idée d'orgie au 51e siècle. xD 
Atalante est un personnage que j'aime bien aussi. Comme je l'ai dit plus tôt, au final, si j'avais fait le roman sur la guerre, j'aurais peut-être plus axé mon histoire sur Alderick et Atalante que sur Anna-Maria et Esteban, même si tous ont des facettes intéressantes. Nephir serait de toute façon resté la figure centrale, celle autour de qui tout gravite, comme Keina ici. Atalante n'est pas quelqu'un qui s'est juste laissée entraînée, elle a aussi des convictions assez forte. Ce n'est pas la soeur aînée de Luni et Lynn pour rien.  
Pour le suicide... pourquoi personne n'y croit ? xD Bon, d'accord, il y a forcément eu un élément déclencheur, mais j'ai quand même rendu le personnage suffisamment instable, non ? Non ? Sinon, tu as bien deviné, dans le chapitre où Keina rend visite à Anna-Maria, j'ai glissé dans ma description de sa demeure quelques éléments proleptiques qui annoncent sa mort. Il ne s'agissait pas spécialement d'indices de l'histoire, juste d'un effet de style pour rendre la description encore plus fataliste. ^^'
La Ptite Clo
Posté le 21/08/2010
O_O
Alors comme par hasard, Anna-Maria "se pend" juste au moment où Lani et Keina veulent l'interroger... Ce suicide, je n'y crois pas. Ce ne serait pas plutôt NEPHIR, hmm ?! D'ailleurs, maintenant que j'y pense, Nephir n'aurait pas pu utiliser l'ancienne reine pour attirer Keina ?
En tout cas, j'adore Atalante. J'étais un peu sceptique au début, mais je trouve finalement ce personnage fascinant. Elle a l'air vraiment sincère et très soucieuse de ce qui se passe autour de Keina. J'espère que ce ne sont pas des apparences... mais je ne la vois pas capable de méchanceté. Et c'est la grande soeur de Luni et Lynn ! O_O Diiiiingue !
Et c'est quoi ce second crime ?
T_T 
Allez, je poursuis ma lecture... ;)
Keina
Posté le 21/08/2010
Tiens, c'est rigolo, tu n'es pas la première à penser que le suicide n'est pas un vrai suicide... Mais non non, j'avais bien le suicide en tête quand je l'ai écris. Même si les raisons pour lesquelles Anna-Maria s'est suicidée ont peut-être effectivement été précipitées par quelqu'un ou quelque chose... à la solde de Nephir, c'est une possibilité. :)
Pour ce qui est d'Atalante, ne t'inquiète pas, elle ne feint pas l'amitié ou l'inquiétude, elle est sincère. Je voulais justement montrer qu'une ex-rebelle pouvait aussi être extrêmement humaine, et presque plus soucieuse de Keina que les "alliés".
J'adore Atalante, elle cache des blessures très profondes (ne pas oublier qu'elle a été l'amante d'Alderick), et puis il y a le crime qui pèse le plus sur sa conscience, que j'ai finalement choisi de ne pas dévoiler dans ce chapitre... Il faut absolument que j'arrive à le dévoiler avant la fin du récit, je ne sais absolument pas quand mais c'est pas grave. ^^' Mais ça explique la tension entre Atalante et son frère et sa soeur. Au fond, Atalante est une personne qui n'a pas eu beaucoup de chance à une période de sa vie. Elle en a très gros sur la conscience mais elle tente de se racheter comme elle peut. 
Merci encore pour ce commentaire ! :)
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