CHAPITRE 11

Par _ygso_

Chapitre 11 – Samedi 20 Mars 2137

 

PDV JOANNA ANGEL

– Qu'est-ce que vous avez dit ? Demandé-je pas sûre de bien comprendre ce qui se passe ici.

– Et bien, nous avons perdu un camion de la milice avec dix jeunes du foyer de la ville 537, redit le soldat.

– Envoyer des drones chercher aux alentours, un camion d'enfant ne peut pas tout simplement disparaître ! Surtout dans cette zone, ajoutée-je.

– Bien sûr Madame, dit-il avant de sortir.

Le général de la milice est toujours avec moi dans mon bureau en haut du CRV.

– Dites-moi Général, finisses-je par lui demander alors qu'il me regarde un léger rictus au visage.

– Vous savez que c'est ce groupe de rebelle qui a fait ça, comme à la ville 1000,

Je hoche la tête, bien sûr que je sais que c'est eux, il est actif depuis 2135, quand tout à changer au CRV, et aux divisions.

– Ils ne pouvaient pas avoir cette information, la seule façon c'est que c'est un soldat de la milice qui est de leur côté,

– Ce sont vos hommes et femmes, faites quelque chose pour qu'ils reviennent dans les rangs, dis-je sévère.

– Il va falloir me donner plus de moyens pour trouver ce groupe, et remettre tout le monde dans le droit chemin, dit-il aussi sévère.

Nous nous fixons durement.

– Les moyens que vous voulez, j'en ai besoin pour les recherches d'un vaccin.

– Nous serons tous morts si nous avons une révolte sur les bras ! Dit-il en haussant la voix.

– Et nous serons tous morts si nous n’avons pas de vaccin ! Dis-je sur le même ton.

– Nous pouvons avoir les deux, dit-il.

– Votre domaine à ce que je sache, ce n'est pas la science. Il acquiesce la mâchoire serrée. Alors occupez-vous du vôtre, continué-je, et il part en claquant la porte.

Je souffle discrètement, je suis assise devant mon grand bureau entouré de baies vitrées au dernier étage de la tour du CRV, devant moi les résultats de la division 2. Nous ne trouvons pas de vaccin, pourtant j'ai promis que trouverais une solution, je ne pratique certes plus beaucoup, mais je serai toujours une biologiste, une chercheuse.

 

XXX - PDV EEVA

 

Nous marchons en file indienne, toujours sur une longue route déserte, nous sommes partis de la station depuis deux heures je crois. Le soleil est bien haut dans le ciel, il est midi passé, nous sommes sur l’ancienne autoroute continuant notre chemin, seul sous la chaleur. Le paysage est beau ici, nous sommes entourés de verdure, de forêt, pas comme dans notre ville où tout est béton et immeuble. Forcément la route est en béton, mais je peux voir la nature, ici tout est libre, pas contrôlé par la ville qui fait pousser des arbres de temps en temps. Je peux voir la nature sans l’Homme qui intervient.

Je me retrouve dans cet environnement et j’imagine que c’était comme ça du temps de ma mère. Je l’imagine marché le long de la route, pas du tout perturbée comme moi. Je la revois à 25 ans avec sa peau mate et ses long cheveux bouclés attachés en un chignon lâche. Les mains dans ses poches de sa veste préférée. Une veste en jean avec dans le dos plein de patche de couleur. Je me permets de sortir mon téléphone, sur le fond d’écran de verrouillage, une photo d’elle comme ceci.

C’est en fait une photo d’une photo qu’elle avait ramené de son temps. C’était son petit-frère qui l’avait prise.

L’écran s’éteint et je lève les yeux et vois Liliane et Lucas devant moi à dix mètres. J'éteint mon appareil et les rattrape.

Nous trouvons de l’ombre sous un pont passant par-dessus nous. Nous mangeons un bout avant de repartir aussi tôt.

Je mets finalement mon pull sentant le soleil me brûler la peau, quitte à avoir trop chaud. Nous nous engageons un bout d’un moment sur une intersection et nous quittons l’autoroute pour tomber après un kilomètre sur une route de campagne. Nous longeons cette fois-ci le champ de tout près. Voulant éviter les vieilles stations essence, nous avons opté pour ce chemin, espérons que nous ne croisons plus des créatures qui nous ont attaqué.

Après une petite pause, nous reprenons la route jusqu’à s'arrêter contre des ruines pour la nuit. Après plusieurs vérifications, il semblerait que nous sommes que nous. J’imagine une grange à la place de ces vieilles pierres pour garder le blé ou autre. Malheureusement, ça ne c’est plus comme ça… Nous sommes enfermés dans nos bulles, qu'étaient nos villes. Enfin, j’étais enfermé.

Lucas et Liliane s’allongent pour dormir, quant-à moi, je reste bien éveillée, le pistolet à la main au cas où. Liliane se réveille au milieu de la nuit pour prendre ma place.

XXX – DIMANCHE 21 MARS 2137

Le soleil est levé depuis une trentaine de minutes mais nous sommes déjà en train de marcher rapidement, pour faire le plus de chemin avant qu’il ne fasse trop chaud et que cela soit insupportable et presque intenable. Hier, nous nous sommes échoués sur le sol après la journée de marche. Et avec les faibles ressources d’eau et de nourriture que nous avons, mieux vaut peut-être éviter de marcher l’après-midi. Ou peut-être pas…

– Et attendez ! Crié-je.

Ils s’arrêtent et se rapprochent de moi. Je ressors la carte et pointe mon doigt dessus.

– Regardez, dis-je, c’est un petit village, nous avons juste à faire un petit détour et nous passerons devant. Il y a sûrement des marchés ou autres, et donc peut-être de la nourriture et...

– Et de l’eau, finit Liliane. C’est risqué, peut-être qu'on va croiser de nouveau les créatures…

– Je sais mais nous avons besoin d’eau et je sais que j’ai dit qu’il ne fallait pas retourner près des stations mais si on veut finir le chemin...

– On en a besoin, termine Lucas.

– Oui, dis-je.

– Je ne suis pas sûr… Dit ma meilleure amie.

Moi aussi, ai-je envie de répondre mais je ne dis rien pour ne pas plus les inquiéter et accessoirement nous avons besoin de boire.

– Les choses bizarres n’étaient pas dans la station, ils venaient de l’extérieur ? Demande le petit bouclé.

– Oui, ils arrivaient de la forêt.

– Donc, peut-être qu'ils se cachent là-bas et pas dans les bâtiments…

Nous échangeons un regard avec Lili’ et la décision est prise.

– Très bien, mais on fait très attention, dit-elle.

Je hoche la tête et nous reprenons notre route.

XX

Nous approchons de notre destination, nous tombons sur des maisons avec à gauche une route remontant à l’autoroute. Nous avançons encore le long des vieilles habitations, recouvertes de poussières, où les volets claquent sur les murs dû au vent.

– Eh regardez ça ! Crié-je en pointant l’enseigne du magasin à moitié accrochée au mur.

– Carrefour ?

– Oui ! Dis-je avant de m’élancer en trottinant jusqu’à la porte.

Nous rentrons dedans sans bruit et vidons nos bouteilles d’eau pour en prendre de nouvelles, Liliane s’attaque à la nourriture en trouvant des barres de céréales et paquets de chips.

Les provisions chargées dans nos sacs, j’explore un peu le magasin essayant de trouver peut-être des armes et autres choses utiles.

Mais d’un coup, j’entends un grognement. Je me retourne lentement et m’approche d’une vieille porte en bois donnant sur l’immeuble d’à côté. Le bruit vient définitivement de là, en écoutant des bruits plus fort de l’autre côté.

Je me recule doucement.

– Lucas, Liliane il voudrait mieux y aller, chuchoté-je.

– Ok, dit-elle en ramassant le sac et en prenant la main de Lucas.

– Super, dis-je.

Nous marchons rapidement hors du magasin mais la chance n’est pas de notre côté…

Il y a sur la route un groupe de monstres les bras tombant le long du corps, les yeux dans le vague. Ils sont juste figés à dix mètres de nous.

– Dedans, chuchote Liliane.

Nous courons à l‘intérieur juste au moment où la créature fonce dans la porte et rentre dans le magasin.

Nous courons dans le carrefour et j’ouvre d’un grand coup de pied la porte arrière.

– Eh merde, dis-je en voyant l’impasse.

– Ou bien, dit Liliane. Aidez-moi avec ça !

Nous fermons la porte et la bloquons avec la poubelle. Une fois la porte bien fermée, nous entendons de grands fracas dessus mais nous sommes en sécurité, ils ne devront pas réussir à passer.

Je reprends mon souffle et m’assois au côté de Lucas et Liliane.

– Je pense qu’il faut attendre ici le temps qu’ils partent…

– Et s’il y arrive à casser la porte, demande Lucas les yeux fixés sur la porte qui est bien secoué.

– On n’en est pas encore là, d'accord Lu’, dis-je en serrant sa main pour signer de réconfort.

Nous attendons une trentaine de minutes, la porte faiblit à chaque instant. Elle ne va pas tenir encore longtemps.

– Eh mais on qu’a passé par là ! Dit Liliane en montrant l’échelle de secours qui mène au premier étage de l’immeuble.

Je regarde l’échelle qui est bloquée dans son rail à cinq mètres.

– Lucas vient, tu montes sur mes épaules et tu tires l’échelle, dis-je.

Nous arrivons rapidement à monter sur le toit et nous redescendons de l’autre côté. Cette fois-ci, nous pouvons revenir sur la rue principale. Nous entendons un grand bruit. Et j’ai d’un coup une idée.

Je ramasse un bout de bois par terre et cours dans le magasin. Les choses ont réussi à ouvrir la porte arrière, j’en tape un sur la tête et pousse un autre grâce à coup de pied dans le dos, ils rentrent dans l’impasse et je claque la porte.

Liliane et Lucas qui m’avaient suivi, poussent une grande étagère devant. Avec ça, ils ne devraient pas sortir.

Nous remontons sur l’autoroute et continuons notre chemin en silence, tous un peu secoués et en reprenant notre souffle tranquillement.

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