Chapitre 11

Par AliceH
Notes de l’auteur : Des démons désagréables, un village casse-gueule et un couple de lesbiennes de l'Enfer, aujourd'hui, on poste le chapitre 11 de Alea Jacta Est !

(Oui, j'ai calqué cette intro sur celle des épisodes de Deux heures de perdues)

– Sur mille, quelles étaient nos chances de tomber en panne dans la forêt après avoir croisé une espèce d'elfe qui parle en charades ? demanda Arsinoé alors qu'ils continuaient leur route à pied, leurs sacs sur le dos.

– J'ai jamais été très fort en mathématiques mais je dirais qu'elles étaient peu nombreuses.

– Surtout que mes machines ne tombent jamais en panne d'ordinaire, ajouta Louise, sincèrement surprise de ce fâcheux contre-temps.

– Il faut une première fois à tout, Von Kraft, lui asséna Dewey avec un sourire mesquin aux lèvres.

– Excuse-moi, mais tant qu'à faire, j'aurais préféré que cette première fois se fasse en plein jour et dans une région habitée par des êtres humains ordinaires. Je ne sais même pas où on peut trouver une habitation ou une boîte à Télécommunications ici.

– On finira bien par tomber dessus. Tiens d'ailleurs, quand on parle du renard...

Il y avait effectivement une boîte à télécommunications à quelques dizaines de mètres devant eux, installée à l'intérieur d'un arbre. Celui-ci devait devait avoir plusieurs siècles et possédait une porte ainsi qu'une boîte aux lettres. À l'intérieur, un téléphone et une chaise accompagnée d'une minuscule table encastrée dans le mur. Une fois qu'ils eurent réussi à se tasser tous les trois à l'intérieur, Louise saisit le combiné. Elle contempla le vide pendant quelques instants avant d'énoncer ce qui la tracassait tant :

– Je ne sais pas qui appeler.

Effectivement, c'était fâcheux. Arsinoé n'avait personne d'humain à contacter. Dewey ne semblait pas être débordant d'idées à ce sujet non plus. Ils finirent par proposer en chœur :

– Ton père peut-être ?

– Il est habite à plus de quatre cent kilomètres. En plus, c'est la Foire Mécanique demain, je ne vais pas le faire venir nous chercher et rater ça. C'est à ce moment-là qu'on a le plus de commandes. Il m'aime, certes, mais pas au point de mettre la clef sous la porte pour moi, rétorqua Louise.

– Compréhensible. Peut-être que le standard peut te mettre en relation avec la ville la plus proche ? insista Dewey, qui commençait à se sentir mal à cause de l'étroitesse du lieu.

– Tentons le coup. Qu'est-ce qu'on risque ?

Elle appuya sur la touche zéro puis attendit quelques secondes qui parurent durer des heures. Avec un sourire crispé, elle reposa le combiné avant de poser son front contre le bois de la cabine.

– La cabine est hors-service, il semblerait. Il n'y a pas de tonalité, soupira-t-elle en fixant ses compagnons. Pas étonnant, dans ce coin perdu. On fait quoi maintenant ?

__________

Lénore n'était pas le genre de personne à douter : elle se faisait rapidement son opinion sur les gens et les faits, et généralement, celle-ci était définitive. Les mystères, très peu pour elle. Pour une femme-corbeau qui vivait en Enfer et en concubinage avec une Cavalière de l'Apocalypse, elle était étonnamment rationnelle. Néanmoins, les événements récents et leur marché avec Luc Ifer la tourmentaient : pourquoi s'étaient-elles fourrées dans cette galère ? La Mort et les bureaux de l'HADES (1) avaient déjà assez de travail comme ça, alors pourquoi s'embêter à aider un ange déchu particulièrement désagréable ? Et pourquoi voler la Chronosmontre de ce dernier? À part pour l'argent, elle ne voyait pas. D'ailleurs, ça coûtait combien une Chronosmontre ? Un artefact aussi rare, ça allait dans les... Dans les... Beaucoup d'argent. Beaucoup beaucoup.

– Mort, murmura-t-elle à compagne recroquevillée en boule sous le draps, juste à ses côtés. Mort. Réveille-toi.

– Pourquoi ? C'est déjà l'Apocalypse ? marmonna La Mort, la bouche pâteuse.

– Tu penses que ça se vend combien, une Chronosmontre ? la pressa Lénore.

– On peut pas la vendre, Chronos a mis un sort spécial pour empêcher ça. Tu me réveilles vraiment pour ça ?

– Oui. Mais tu peux retourner te coucher, maintenant, c'est bon.

– Trop tard. Comment t'es-tu retrouvée à te poser cette question ? sourit-elle en embrassant le front de la femme-corbeau.

– C'est cette affaire avec Sir Prize et Luc qui me tracasse. Tu n'avais pas à lui proposer de l'aide. Il est assez grand pour prendre ses responsabilités.

– Malgré son sale caractère, Luc reste un collègue de haut rang et je n'aimerais pas le voir traîné dans la boue. Sans compter que le fait d'avoir perdu deux démons et un stagiaire montre une faille de taille dans notre système de protection du territoire. Le fait qu'il existe peut-être des Portes non-homologuées qui donnent vers le monde des humains voire peut-être même encore d'autres univers et réalités est un gros problème. Si c'est une faute commune, tout le monde, y compris les Cavaliers, va en subir les conséquences.

– Sauf si on arrive à les ramener et à cacher ça avant que tout éclate au grand jour, c'est ça? comprit Lénore qui caressait les dreadlocks de sa compagne.

– Tu as tout compris.

__________

– Pourquoi on retourne à la moto ? On aurait pu rester au chaud dans la cabine ! geignit Arsinoé, peu habitué à autant d'exercice.

– Parce que Rustedhook est claustrophobe. Tu as toutes les qualités de l'homme parfait, n'est-ce pas ? se moqua-t-elle en scrutant le bibliothécaire bougon.

– Parle pour toi, teigne borgne ! répliqua-t-il, à bout de nerfs.

– « Teigne borgne » ?!

– Est-ce que vous me croyez si je vous dis que notre véhicule n'est plus là ? clama le démon avec un grand sourire qui cachait son profond désespoir.

Qu'ils le croyaient ou non, c'était vrai. Les deux belligérants s'interrompirent net. Un silence de plomb s'installa dans la forêt déjà étrangement calme. Calme qui fut rompu par un adolescent qui toussota juste derrière eux, ce qui manqua de les faire hurler d'effroi.

– Bonsoir. Vous avez perdu votre moyen de locomotion ?

– Et quelques-unes de nos affaires avec, malheureusement, grommela Louise qui se demandait où elle allait pouvoir acheter des sous-vêtements propres et des protections hygiéniques en pleine forêt.

– Vous pouvez dormir au village si vous voulez, leur offrit-il d'une voix douce, un sourire aux lèvres. Peu de gens prennent cette route de nuit au vu de la réputation de cette forêt dans la région.

– Et bien, nous ne sommes pas de la région donc si vous pouviez nous mettre au parfum, ce serait fort aimable, répondit Dewey.

– Ces bois sont la demeure du Roi des Aulnes ! Il habite ici depuis des siècles et sa présence en effraie plus d'un ! On dit qu'il apparaît aux voyageurs égarés et cherche à... Je vous raconterai tout ça une fois au chaud, s'interrompit-il après un frisson. Suivez-moi. À moins que vous ne vouliez passer la nuit à la belle étoile.

Ils n'en avaient pas envie du tout, ainsi suivirent-ils ce jeune et aimable inconnu. Marcher dans une forêt en pleine nuit d'automne n'est pas une sinécure. Après avoir manqué de se casser la cheville sur plus d'une racine ou de s'ouvrir le front sur une branche basse, Louise, Dewey et Arsinoé furent soulagés de voir de la lumière à quelques mètres devant eux. Ils stoppèrent aux abords d'une clairière et Arsinoé manqua de se cogner le genou contre un des deux poteaux de bois gravés qui indiquaient le chemin qu'ils venaient d'emprunter. Leur guide, qui n'avait pas prononcé un mot de tout le trajet, leur présenta leur nouveau logis :

– Sylvage, le village dans les arbres. Bienvenue chez moi !

De ravissantes cabanes en bois étaient construites au-dessus d'un marais et autour de troncs d'arbres immenses, sans doute plus que centenaires. Elles étaient reliées les unes aux autres par des ponts couverts de lierre à moitié cachés par des branches touffues. Des champignons, des mousses, des oiseaux et même des écureuils se trouvaient ici et là, certains tranquillement assis sur les lampions qui éclairaient doucement ce qu'on pouvait appeler « rues », d'autres à même les toits des habitations. Des cordes et échelles permettaient de monter aux arbres et d'aller de rue en rue, certains cabanes se trouvant à cinq mètres du sol et d'autres à plus de quinze, voire vingt mètres, presque hors de vue. Des immenses filets installés près du sol marécageux permettaient aux imprudents et maladroits de ne pas se tuer en tombant par-dessus les barrières de sécurité en bois peintes de couleurs vives tout comme les portes, les toits et les bords de fenêtre. Ils entendirent du mouvement non loin d'eux. Une femme sortit de la maison la plus proche du sol et courut prendre leur guide dans les bras.

– Ivan , où étais-tu passé ?! Ton père et moi étions morts d'inquiétude ! l'invectiva-t-elle, les larmes aux yeux.

– J'ai vu des gens s'arrêter sur la route qui traverse la forêt et... Voilà, se contenta-t-il d'expliquer en désignant Arsinoé.

– On est tombés en panne, expliqua le démon qui souhaitait aller se coucher le plus vite possible.

– Et notre véhicule a disparu mystérieusement, continua Louise qui priait pour pouvoir retrouver rapidement sa moto adorée.

– Après qu'on ait croisé un minche bizarre et très beau qui parlait en charades, ponctua Dewey qui espérait pouvoir manger un en-cas avant d'aller au lit.

– Tu aurais pu te rompre le cou dans un fossé ! Ou tomber sur le Roi des Aulnes ! continua-t-elle sans faire mine de les écouter.

– J'ai dix-sept ans, Maman, je ne risque plus rien !

– C'est ce que ton oncle croyait aussi !

Après un silence tendu, la femme sourit puis se présenta aux nouveaux venus :

– Je suis Isabelle Hulotte, la mère d'Ivan. Vous pouvez dormir chez nous ce soir, vous devez être fatigués.

Et pas qu'un peu, songea Dewey qui fut soulagé de n'avoir à grimper que de quelques mètres avant de pouvoir enfin se reposer. Il fut terriblement déçu quand il apprit que les Hulotte vivaient en réalité à la cime des arbres, ce qui leur offrait une vue incomparable sur la forêt, et qu'il allait devoir grimper un bon moment.

__________

La Mort contemplait Pandémonium d'un œil morne, sa robe de chambre entrouverte, une tasse de café à la main. Il pleuvait pour la troisième fois cette semaine et sa discussion matinale avec Lénore lui laissait un goût amer. Elle s'était mise dans un sacré pétrin : si la fugue de Miss Fortune et Sir Prize sur Pangée était découverte, elle et Luc risquaient gros. Elle pouvait toujours lui dire de se débrouiller tout seul, que tout ceci était sûrement de sa faute et que s'il avait été moins désagréable, ses subordonnés ne seraient sûrement pas partis en lui volant sa Chronosmontre. Avant de la planquer dans une Poche. Une idée lui vint soudain. Peut-être pourrait-elle...

– Lénore, ma chérie, clama-t-elle en ouvrant une porte qui menait à ses appartements, tout en verticalité.

Pour l'instant, tout ce qu'elle voyait, c'était leur lit défait et le large escalier en colimaçon qui permettait d'aller d'une pièce à l'autre.

– Tu voudrais venir avec moi au Bureau des Poches ? Il est fort possible que je puisse accéder à celle de Sir Prize vu mon rang. Je pense que ce sera un bon début pour lui tirer les vers du nez concernant sa fuite et... tout ça.

– Je passe mon tour. Amuse-toi bien !

La Mort referma la porte puis se changea avec bonne humeur, très sûre d'elle. Après avoir disparu dans un petit nuage de fumée, elle se trouva dans un couloir sombre aux lambris de bois usés où flottait une odeur de haricots et de naphtaline. À peine eut-elle posé le pied dans la salle d'attente qu'un « ping » se fit entendre : un ticket comportant le numéro 57 venait d'apparaître juste devant elle. Bien consciente de son statut de Cavalière de l'Apocalypse, elle chassa le morceau de papier de la main et s'approcha à grands pas de l'accueil où un démon verruqueux la considéra de son seul œil.

– Prenez un ticket et attendez votre tour, dit-il d'une voix dont le timbre évoquait une porte grinçante.

– Je suis La Mort, Cavalière de l'Apocalypse et Être Supérieur de Première Classe, se présenta Mort qui cumulait bien d'autres titres encore. J'aimerais m'entretenir d'une affaire urgente avec un responsable du Bureau des Poches.

– Vous prenez un ticket et vous attendez votre tour, Madame, répéta le démon – Haxeyxyxyeu d'après sa plaquette.

– Je suis La Mort, et j'exige de rencontrer un responsable, expliqua-t-elle une nouvelle fois, d'une voix plus ferme.

– Et je suis Haxeyxyxyeu et je vous dis que vous devez prendre un ticket et attendre votre tour, qui que vous soyez.

– C'est comme ça que vous traitez les Êtres Supérieurs ? J'aurais du rester à Nécropolis.

– Personne vous empêche d'y retourner. Prenez votre ticket ou j'appelle la sécurité.

Après avoir lâché un long soupir ainsi qu'une poignée de jurons, elle saisit un ticket - le numéro 64 à présent - et prit place sur un siège troué et inconfortable, un brin découragée. Elle tenta de se rassurer en se disant que la suite de sa matinée ne pouvait pas être pire. Après tout, qu'est-ce qui pouvait mal se passer?

__________

Lénore était tranquillement en train de coudre avec les Moires (son hobby favori, et puis, il fallait bien tenir compagnie aux personnes âgées, créatures mythologiques millénaires ou pas) quand la fenêtre de la Tour Mortifère s'ouvrit à toute volée. Sa compagne s'écroula de tout son long sur le tapis à longs poils noirs.

– C'étaient les pires heures de ma post-vie.

Sachant que la Mort avait déjà du faire face à trois quasi-Apocalypses, ce n'était pas peu dire. Atropos soupira et sortit une tasse de thé de sa manche de chemisier tandis que sa sœur Clotho débarrassait une chaise pour que la Cavalière s'y installe. Le visage défait, celle-ci remercia les vieilles dames d'un discret signe de tête.

Lachésis, la dernière Moire dont la tête dépassait à peine derrière son patchwork, lança d'une voix étonnamment claire pour son apparence flétrie :

– Allez, raconte-nous tout !

__________

Arsinoé suivait les humains à travers les ponts et échelles des cimes de Sylvage. Il lui fallut se faire violence pour ne pas regarder en bas, au risque de raviver son vertige. Il décida de se concentrer sur ses compagnons de route, lesquels discutaient à voix basse.

– Vous voulez quelque chose à manger avant d'aller vous coucher ? leur demanda Ivan, les oreilles encore fumantes du sermon que sa mère venait de lui faire.

– Je ne dis pas non ! approuva Dewey.

– Il nous reste du potage aux champignons et du pain. Ce n'est pas grand chose mais...

– Ne vous tracassez pas pour nous, le rassura Louise. Ce n'est pas comme si notre venue était prévue... D'ailleurs, c'est très gentil de nous inviter chez vous.

– Oh, je vous en prie ! sourit Isabelle, une femme d'une quarantaine d'années très athlétique. C'est normal d'accueillir les voyageurs perdus, encore plus dans cette partie de la forêt !

– Est-ce que ça a un rapport avec ce Roi des Aulnes dont vous parliez ? osa Arsinoé, en queue de peloton.

Il aurait pu jurer qu'un coup de vent glacé le cingla à peine ces mots prononcés.

L'expression des Hulotte confirma son hypothèse, et il décela une pointe de tristesse dans leurs yeux. Le reste du trajet se passa en silence. Quand ils passèrent le seuil de la porte des Hulotte, laquelle était gravée d'une chouette, un homme à la fine moustache les attendait. Il se présenta : Loïc Hulotte, père de Ivan et mari d'Isabelle. Tout comme sa femme, il serra son fils dans les bras avant de le réprimander, hors de portée de voix de leurs invités guidés vers la cuisine par la maîtresse de maison. Une fois que Dewey, Louise et Arsinoé furent devant leur potage aux champignons, ils échangèrent un regard avant de se mettre à pouffer. Puis à rire franchement, au point d'en avoir les larmes aux yeux. Heureusement que Isabelle n'était plus là pour leur demander ce qu'il se passait, eux-mêmes ne le savaient pas.

– La fatigue, hein ? réussit à articuler Dewey, qui nettoyait sans grand succès ses lunettes sur un hideux chandail mauve.

– Notre situation est tellement surréaliste qu'elle en devient comique, approuva Louise, qui enlevait ses Goggles pour afin de s'essuyer les yeux.

– C'est l'histoire d'une mécanicienne et inventrice, qui rencontre un bibliothécaire terriblement myope et un démon stagiaire à la Poste et qui finit sa nuit dans une maison dans les arbres après qu'un « Roi des Aulnes » soit apparu devant eux ! ponctua Arsinoé avec un hoquet.

La fenêtre juste derrière eux s'ouvrit à toute volée. Bizarrement, ils n'eurent plus envie de rire.

_________

Après avoir écouté sa compagne raconter encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore et encore (etc, etc) sa matinée dantesque dans les tréfonds de l'administration infernale, Lénore commençait à somnoler doucement. L'odeur atroce, les gens désagréables devant et derrière les comptoirs, les dédales de couloirs, la grandiose absence de logique et de cohérence entre les services... Tous ces cauchemars administratifs étaient connus de tous à travers l'Enfer. D'ailleurs, elle avait déjà assez entendu d'anecdotes à ce sujet pour vous en raconter une différente par semaine pendant quinze ans.

– Ma chérie, tu m'écoutes ? s'enquit Mort.

– L'Administration Infernale, c'est une plaie, oui.

– Raison de plus pour nous en passer dès maintenant !

– Pardon ? laissa échapper Lénore.

– Puisque l'Administration est lente et ardue et de très peu d'utilité dans nos investigations concernant le « petit problème » de Luc, autant ne pas du tout compter sur elle ! Totale illégalité ! Je n'ai même pas pu accéder à la Poche de Sir Prize, d'ailleurs. Ils m'ont dit qu'ils n'en avait pas... marmonna la Cavalière, songeuse.

– Nous n'avons aucun indice sur l'emplacement de la Chronosmontre, aucun moyen de forcer Sir Prize à nous la donner, aucune idée de ce qu'il fait sur Pangée et on doit protéger Luc de la fureur de W. Asser du Secteur III. En plus, on doit s'occuper de nos affaires habituelles. Merveilleux. Tu as encore d'autres idées d'aventures pour nous deux ?

– Oh, Lénore ! On a enfin un peu d'action ! L'administration, l'Enfer... Tout ça a bien besoin d'un peu de chamboulement ! sourit largement Mort en tournant sur elle même, sa longue robe chatoyant à la lumière de son lustre. Et je pense que Sir Prize pourrait nous l'apporter...

– Ne me dis pas que nous allons être de son côté maintenant. Il faudrait se décider. On protège Luc ou on protège ses subordonnés ?

– Les deux. On protège Luc de W.Asser et on protège Sir Prize et Miss Fortune de la colère de Luc.

– Oui, laissons le destin de Pandémonium entre les mains d'un démon véreux chapeauté par un ange déchu dépressif et accompagné d'une démone qui adore la littérature à l'eau de rose.

– Justement, nous devrions peut-être lui rendre visite, proposa Mort en claquant des doigts.

– On a fait chou blanc la dernière fois, rappelle-toi.

– Non, pas à Sir Prize ! À sa chère collègue !

L'idée n'était pas si mauvaise. Elles ne perdaient rien à discuter avec Miss Fortune. Une fois leur déjeuner englouti, elles se mirent en route. Direction : le monde des humains.

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(1) La Haute Autorité des Décès, Expirations et derniers Soupirs.

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