Chapitre 10 - Une confidence dans les ténèbres

Par Keina

« Elle est toujours là dans l’ombre… me rappelant ma promesse en silence. »

Aresya, Colora

 

Pour la première fois, Lynn se confia sans retenue à Keina. Elle lui parla des difficultés rencontrées pour maîtriser le peu de magie qu’elle savait utiliser. Les railleries de ses semblables, son impuissance lorsque la guerre avait éclaté. Elle ne savait pas se battre, n’utilisait la télépathie qu’en de rares occasions et ne maîtrisait qu’une partie des langues du Royaume. Ses constantes fanfaronnades n’étaient qu’une façon de pallier à ces lacunes, de paraître un peu plus ordinaire. Lorsque Keina avait commencé son apprentissage, Lynn avait retrouvé une partie d’elle-même dans les maladresses et l’inexpérience de son amie. Mais à présent, le fossé s’était creusé, comme toujours.

Elle avoua à Keina son inclination pour Eoin, de la Noire, qui la courtisait depuis quelques années. Aux yeux du jeune silfe, sa « tare » n’avait pas d’importance, mais Lynn ne pouvait s’empêcher de le jalouser dès qu’il lui racontait ses exploits dans le service actif, et en éprouvait une culpabilité qui gâtait leurs relations plus qu’elle ne l’aurait voulu. La veille, ils s’étaient disputés au sujet de la Grande Réunion, et Keina comprenait à présent les réticences de la blonde à aborder ce sujet. 

On avait tenté de trouver des remèdes. Elle n’était pas la seule à avoir souffert de ce handicap. L’Histoire du Royaume avait retenu quelques silfes, quelques alfs et même des humains affectés de la même infirmité, qui demeurait un mystère pour tous ceux qui s’efforçaient d’étudier l’énergie magique.

C’était irrémédiable.

Keina s’efforça de réconforter la silfine, du mieux qu’elle le pouvait, et cessa de parler de la Grande Réunion. Mais elle détestait son impuissance, ainsi que celle de ses semblables.

À quoi bon vivre dans un haut lieu de magie, s’il n’y avait aucun moyen d’en contrôler l’essence ?

 

*

 

— Garde le contrôle de ta lame ! Tu n’es pas concentrée !

D’un moulinet du bras, Keina fendit l’air, tenta une attaque, dérapa sur l’herbe humide et lâcha un juron sonore. Un sourire fin se matérialisa sur le visage de son entraîneur.

— Eh bien, je ne savais pas les anglais si grossiers !

— Une habitude que les français nous ont donnée, sans doute, grommela la silfine en guise de réponse.

Pierre éclata d’un rire clair, rentra son épée dans le fourreau qui pendait à sa ceinture, et adressa un signe amical à son élève avant de se diriger à grandes enjambées vers les portes du Château. La leçon était terminée.

Les journées de septembre s’égrainaient, paisibles, et Keina, qui partageait son temps entre l’entraînement drastique que lui infligeait Pierre et la douce oisiveté pratiquée par Lynn, désespérait de pouvoir un jour partir sur le terrain.

Elle poussa un léger soupir et suivit le français en traînant, peu pressée de quitter la tenue confortable qu’elle portait pour combattre. Mais il ne serait pas convenable de se présenter ainsi pour le déjeuner, n’est-il pas ? La voix aigrelette de Georgianna résonna au fond de son esprit et elle renifla. Pourquoi, en tout endroit du Royaume, cette vieille chouette restait-elle le souvenir le plus vivace qu’elle gardait de sa vie à Londres ?

Son cœur se serra. Gaétane et Amy lui manquaient. Les enfants également, des boucles rousses de Martha qui volaient autour d’elles lorsqu’elle courait jusqu’aux petites mains potelées de William qui s’accrochaient à sa jupe comme à une bouée de sauvetage. Un siècle s’était écoulé depuis qu’elle était revenue chez les siens. Un siècle s’écoulerait sans doute avant qu’elle puisse retrouver son foyer.

Elle leva le nez vers l’azur et laissa le vent d’automne sécher ses joues, quelques instants.

Puis elle rejoignit Pierre en s’efforçant de penser à autre chose  – non, pas à lui, non plus.

 

*

 

Un jour, elle lui posa la question qui lui brûlait les lèvres. Elle la lui posa, car il était son meilleur ami, du moins se l’imaginait-elle.

— Est-ce que Luni te parle des fois de ma mère ?

Pierre leva un sourcil surpris. À la veille du Grand Départ, il ne s’attendait pas à ce type d’interrogatoire. Pour une fois, Keina le lisait aisément sur son visage, d’habitude si énigmatique.

— Pas spécialement, pourquoi ? Il n’a jamais aimé évoquer le passé. Mais il était très proche de tes parents, continua-t-il avec véhémence, comme pour se rattraper. C’est lui qui aurait dû être ton tuteur, le savais-tu ?

La surprise figea la silfine. Elle lâcha sa cuillère à thé, qui vint frapper la porcelaine dans un tintement métallique. Pierre lui répondit par un éclat de rire.

— J’en déduis donc que tu n’étais pas au courant !

Il jeta quelques regards discrets autour de lui et se pencha plus avant de son fauteuil, comme pour annoncer un terrible secret. Keina posa sa tasse d’Oolong sur le guéridon qui jouxtait son assise et l’imita, la curiosité portée à son comble.

— On dit qu’il aurait fait une promesse à tes parents, avant que ceux-ci ne perdent la vie… et qu’il ne l’a finalement pas tenue. (Il se redressa, dédaigneux.) Ma foi, les ragots mènent la belle vie au Royaume ! Malgré notre différence d’âge, je connais Luni. (Un temps – réflexion.) Je sais qu’il tient les promesses qu’il fait. S’il a refusé d’être ton tuteur, il avait certainement de très bonnes raisons.

Tout en disant ces mots, Pierre leva le menton, les yeux perçants. Une boule compacte comprima le coeur de Keina. Elle refoula une à une les larmes qui s’amoncelaient au bord de sa paupière. 

 A-t-il refusé parce que j’étais « celle qui annonce », ou parce qu’il aimait beaucoup trop ma mère pour accepter de s’occuper de l’enfant d’un autre ?

Non. Cela n’avait aucun sens. Elle songea à Cinni, qui ne lui accordait guère plus d’un regard de temps à autres, à Ekaterina, dont les élans maternels n’avaient jamais su combler la gaucherie. Luni n’aurait pas été un meilleur tuteur, mais…

Une inspiration pour se maîtriser et elle sourit en retour à Pierre.

— J’en suis persuadée ! Quoi qu’il en soit, je n’avais pas six ans lorsque j’ai été envoyée à Londres ; cela n’aurait donc pas changé grand chose pour moi. C’est là-bas qu’est ma vraie famille.

Le français esquissa un demi-sourire et lui lança l’un de ces regards mystérieux dont il détenait le secret. Elle détourna ses pupilles noisette vers les larges baies vitrées du Grand Salon et contempla un instant le mois de septembre qui déployait ses tons fauve dans les jardins du Château.

 

*

 

Une journée à peine suffit au Royaume pour se vider d’un bon tiers de ses occupants. Keina les observa s’en aller un à un, l’esprit plein de ces mille et mille aventures qu’ils s’apprêtaient à vivre. Elle avait cessé de songer, pour un temps, à ce que l’on racontait d’elle au Royaume. Les silfes partis, elle ne restait qu’une résidente parmi d’autres et n’en éprouvait plus le moindre chagrin.

Après le Grand Départ, salles et couloirs du Château, si vastes auparavant, semblaient plus étroits, plus intimes. La silfine apprit sans surprise que c’était effectivement le cas : par un étrange phénomène, l’architecture, gorgée d’énergie magique, s’adaptait à la population en place. Cela lui permettait, lors de grands événements tels que les couronnements, d’accueillir le flot de contacts extérieurs sans éprouver la moindre pénurie d’espace. Keina songea en frissonnant que le Royaume n’en paraissait que plus vivant. Elle s’ôta prestement cette idée de l’esprit et entreprit de poser à Maria, restée au Royaume elle aussi, d’autres questions sur l’Histoire de cet endroit.

Lynn les écoutait d`une oreille, l’attention occupée par les mésanges charbonnières qui se disputaient quelques graines sur le rebord de la fenêtre.

L’appartement de Maria s’encombrait de porcelaines dont les poses figées procuraient à Keina l’impression déplaisante de siéger au cœur d’une chapelle mortuaire.  À l’apogée d’une commode, une rangée de poupées fixaient leurs pupilles mornes sur la silfine, qui gigota, mal à l’aise, dans son costume de lin aux couleurs automnales. Son hôte, concentrée sur un canevas qu’elle rehaussait de touches vives, parlait d’une voix douce, un peu masculine, qui contrastait avec les excès baroques de son intérieur.

— Oh, c’est une légende, bien évidemment… Il est entendu que l’emblème de la Reine Noire, la panthère, est apparu bien plus tard, sans aucune doute pour faire contrepoids. Cependant, l’on raconte qu’à la découverte d’Ivoire et Ébène, les deux premières Reines Elfes, une louve blanche veillait sur elles. Le plus singulier ? Il s’agissait dit-on du seul animal vivant sur ces terres alors occupées uniquement par les Elfes et les Créatures Magiques.

— Il n’existe donc aucun document capable d’avérer ces faits ?

Le regard de Maria s’illumina d’un sourire.

— Voyons, nous parlons d’une époque qui se perd dans la nuit des temps ! Et puis, les Elfes n’ont découvert l’écriture qu’au contact des hommes. Cependant, c’est étrange…

Elle s’interrompit soudain, rêveuse. Accoudée dans l’angle du sofa, Keina inclina le cou afin de mieux goûter les paroles de son aînée.

La Londonienne s’était prise d’amitié pour la compagne de Lynn qui, plutôt timide et effacée en société, se révéla un véritable puits de science dans l’intimité de son salon. Les légendes du Royaume n’avaient plus de secrets pour elle, et sa voix paisible les contait avec une sagesse et une acuité qui n’avaient rien à envier au grand Dickens lui-même.

— C’est étrange, parce que les Elfes sont tout bonnement incapables d’inventer des histoires.

— Comment cela ?

Une inspiration, un sourire mutin qui creusa deux fossettes au bord des lèvres de la blonde. Lynn tourna la tête, soudain intéressée.

— Les Elfes ne savent pas mentir, ni imaginer. Ce sont des esprits concrets, pragmatiques. Curieux, n’est-ce pas ?

La révélation frappa la silfine. En un instant, des paroles lointaines lui revinrent à l’esprit.

Plaisanter ? – Nous en avons entendu parler – C’est un acte d’imagination, n’est-ce pas ? – Seuls les hommes en sont capables – Les hommes et les silfes – Et les imaginaires…

— On m’a parlé des imaginaires, une fois… qui sont-ils ? demanda-t-elle, prise d’une inspiration subite.

Lynn se tourna vers elle tandis que Maria fronçait les sourcils.

— Qui donc t’a raconté cela ? C’est un nom que les elfes donnaient aux êtres magiques, autrefois. Eux-mêmes se désignaient sous le terme de mémoriels. Ces dénominations ne sont plus guère utilisées. Les elfes ne fréquentent plus la société des hommes à présent, et les créatures de l’ombre se sont détournées de la surface également. C’est à nous, les silfes, que revient aujourd’hui la tâche d’administrer le Royaume. À Dieu ne plaise qu’on en garantisse la paix aussi longtemps qu’il le faudra !

Une remarque brûla la langue de la jeune Londonienne (De la même façon que vous l’avez garantie il y a vingt ans de cela ?), mais elle se contint, peu désireuse de s’attirer les foudres de ses seules amies du moment, et se contenta d’acquiescer avec un sourire.

Parfois, la tournure d’esprit de ses semblables lui donnait des accès de rage qu’elle se trouvait bien en peine de réprimer. Mais elle possédait le même sang, n’est-ce pas ? Alors, pourquoi n’arrivait-elle simplement pas à les comprendre ?

 

*

 

L’automne s’écoula doucement, et les énigmes demeuraient. Tandis que le vent déshabillait une à une les forêts, Keina se laissa vivre, évitant la société du Royaume et ses constantes indiscrétions ; les doutes, la peur et le chagrin relégués tous ensemble dans un coin de son esprit.

Une fois encore, ses errances l’avaient menée jusqu’à la galerie de tableaux, où elle contemplait parfois le visage de sa mère durant des heures entières, jusqu’à ce que Lynn ou Pierre la rappellent à ses devoirs.

Le portrait d’Akrista la fascinait autant qu’il l’effrayait. Un désespoir diffus s’exhalait de la toile, quelque chose dans la courbe de ses yeux, dans l’inclinaison du menton, dans le maintien de son buste. Quelque chose qui soufflait à l’oreille du spectateur : « Je sais ce qui m’attend », et le cœur de Keina s’en trouvait bouleversé plus qu’elle ne l’aurait voulu.

Ce jour-là ne dérogeait pas à la règle.

Fixée à jamais sur la toile par l’œil du peintre, sa mère lui semblait si froide, si lointaine, que la silfine ne put se retenir d’effleurer le grain rigide du canevas afin d’essayer de capter un souffle de vie. Toujours en vain, hélas. Dans un mouvement nerveux, elle replia l’extrémité de ses doigts et recula d’un pas, les yeux rivés sur chaque détail du portrait.

Une ombre sur sa droite détourna soudain son attention. Méfiante, elle fit volte-face : une silhouette massive qu’il lui sembla reconnaître s’effaça dans l’ombre du couloir. Une exclamation étouffée s’échappa de ses lèvres.

Erich.

Sans réfléchir, elle s’élança à sa poursuite.

 

Son esprit bouillonnait tandis qu’elle laissait ses jambes la porter.

Erich… Que faisait-il dans les parages ? N’était-il pas parti avec les autres membres du service actif ? L’espionnait-il ? Avait-il quelque chose à voir avec le vol du journal d’Alderick ?

Dans le tourbillon de son existence au Royaume, elle avait laissé s’effacer le souvenir de son cambriolage, qui datait du bal. Mais aussitôt, les paroles énigmatiques du voleur, l’alf au visage lunaire, lui revinrent en mémoire et se métamorphosèrent en un douloureux pincement au creux de son estomac. Elle redoubla d’ardeur dans sa course, pressée d’obtenir les réponses à ses questions.

Un long couloir, un angle droit, quelques salles et corridors traversés en hâte, une volée de marches dévalée quatre à quatre, puis la silhouette se fondit dans l’ombre. Keina s’agrippa à une colonne, haletante, et passa le seuil d’une arcade avant de s’arrêter à nouveau. De l’autre côté, une cour carrée, encadrée d’un péristyle dont les torsades dansaient sous la lueur des torches, s’ouvrait sur trois allées qui s’évaporaient au coeur des ténèbres. L’endroit était désert. La silfine marqua quelques pas incertains, secoua ses mèches brunes et s’engagea avec conviction dans l’allée centrale.

Une pause. Quelques mètres plus loin, le couloir se muait en un escalier à hélice dont les degrés au marbre poli par les siècles s’enfonçaient dans les entrailles du Royaume.

Keina fit une halte et retint son souffle, à l’écoute. Dans le silence de cathédrale qui l’environnait, elle entendit, venant du bas, un grincement léger : le son d’une porte qui se referme sur ses gonds. Elle se mordit une lèvre, hésitante, et prit une inspiration. Plus décidée que jamais, elle posa le pied sur la première marche et entama la descente, une main soulevant le bas de ses jupes et l’autre posée contre la paroi afin de guider son chemin.

Ses bottines dérapaient sur le marbre usé, prêtes à tout instant à la précipiter au fond de cette gueule noire qui n’aspirait qu’à l’avaler. Elle déglutit, les membres soudain paralysés par l’angoisse. Yeux fermés, cœur battant, elle s’efforça d’oublier cette peur irrationnelle qui lui gâchait l’existence et intima à son corps l’ordre d’avancer, coûte que coûte. Petit à petit, elle reprit son allure. Les flambeaux disséminés au hasard de l’escalier balisaient sa dégringolade et la rassuraient quelque peu.

Le temps s’écoula, et elle en perdit la notion.

Enfin, les marches s’évasèrent en un large palier au fond duquel se découpait une porte close. La silfine s’arrêta, esprit confus et souffle court. Elle s’aperçut qu’elle tremblait. De longues coulées de transpiration glacées s’infiltraient entre ses omoplates et son corset droit devant lui comprimait cruellement la poitrine. Des pointes de douleur fusaient le long de ses chevilles. Tout ça pour quoi ?

Erich avait très certainement disparu, et elle n’était même plus certaine de l’avoir effectivement reconnu.

S’ajoutait à cela l’atroce révélation qui la frappait à présent : elle était perdue.

Elle sentit un rire dément monter dans sa gorge et le laissa s’échapper, métamorphosé par ses cordes vocales en de brefs gloussements désordonnés. Le son de sa voix percuta les murs de pierre froide et s’éleva dans l’étroit conduit de l’escalier.

Un grincement sinistre lui répondit, la faisant sursauter. Son rire s’étrangla. La porte venait de s’ouvrir.

Sans réfléchir davantage, Keina traversa l’entrée d’un pas convaincu. Quoiqu’il y ait de l’autre côté, elle était décidée à l’affronter.

Une forte odeur de moisissure lui étreignit aussitôt la trachée et elle porta une main à la base de ses narines. Ses yeux, habitués à l’obscurité, discernèrent bien vite les contours vastes de l’espace dans lequel elle venait de s’introduire.

 

La forme rappelait celle d’un théâtre creusé dans la roche. De tous côtés, une abondance de fines rigoles d’eau mêlée de magie luisaient sur les parois et sculptaient d’amples stalactites dans la voûte de la cavité, qui miroitait de tons verdoyants. Au fond du théâtre, à l’opposé de la petite porte par laquelle la silfine était arrivée, une plate-forme naturelle figurait une estrade scénique digne des plus luxueux opéras de Vienne.

Keina descendit une petite rampe pour fouler le sol de la caverne et s’arrêta au centre de celle-ci, pivotant sur elle-même pour en apprécier les dimensions.

L’air froid et humide, mâtiné de particules magiques, électrisait son épiderme en une multitude de picotements importuns qu’elle s’efforça de dissiper en se frottant l’avant-bras. Le silence l’assourdissait, et elle aurait voulu hurler pour chasser les terreurs latentes qui se dissimulaient derrière lui. Elle se contint cependant, toujours sur ses gardes, regrettant l’absence d’une épée à son flanc.

Puis, le son se manifesta.

C’était une clameur diffuse, comme étouffé par l’épaisseur d’une cloison. Keina fit un nouveau tour sur elle-même, mais ne distingua dans la pénombre verdâtre que les roches luisantes de la grotte. Elle serra les poings, le cœur battant. De minces volutes de magie galopèrent le long de ses phalanges et disparurent aussitôt. Venue de nulle part, une voix se détacha du tumulte. Une voix chaude, masculine, aux accents impétueux. Le discours se propagea dans l’espace, confus d’abord, puis de plus en plus audible.

La silfine se tourna vers la scène. Ce qu’elle vit la paralysa.

Quatre silhouettes pâles, légèrement vaporeuses, se tenaient droites sur l’estrade, face à leur auditoire. Elle n’eut guère besoin de tordre son cou pour percevoir les formes indistinctes qui se massaient à présent autour d’elle. Un frisson glacé remonta le long de sa colonne vertébrale et accéléra les pulsations de son cœur. Des fantômes…

Combien étaient-ils ? Des centaines ? Des milliers ? Et, face à eux, les quatre instigateurs de la guerre. Les noms cités par Luni lui revinrent en mémoire, comme une évidence. Alderick, Nephir, Esteban, et Atalante.

Alderick, au centre, prononçant un discours vibrants d’intensité sur le libre arbitre des êtres magiques et la légitimité de la guerre. Nephir, sur sa droite, beauté glacée au visage impénétrable. Atalante, à sa gauche, dont les contours imprécis n’arrivaient guère à ôter à Keina l’impression de l’avoir déjà vue. Enfin, la quatrième silhouette, tapie dans les ténèbres, légèrement en retrait de Nephir, ne pouvait être que celle d’Esteban.

L’espace d’une seconde, l’ancienne préceptrice crut que sa raison était en train de vaciller. Puis une évidence la frappa de plein fouet.

Pas des fantômes, non. Nephir vit encore.

Bien raisonné, jeune silfine.

Elle sursauta violemment et pivota le menton.

L’alf négligemment installé au sommet d’une stalagmite, à quelques pas d’elle, n’avait rien d’un fantôme. Instantanément, Keina le reconnut. Son cambrioleur : l’alf au visage lunaire.

— Ainsi, tu es venue jusqu’ici.

Cela sonnait comme une certitude. La silfine acquiesça lentement, la gorge sèche. La créature poursuivit :

Ce ne sont pas des fantômes. Juste des souvenirs.

— Des souvenirs ? De qui ?

Cette fois, elle lui répondit sur le même mode, par télépathie.

L’alf retroussa une babine et, d’un mouvement de sa grosse tête arrondie, balaya l’espace alentour.

Bien sûr, songea-t-elle. Cet endroit devait être leur quartier général. Tant d’événements, tant de personnes ont foulé ce sol… Ce ne sont pas des fantômes, non. Juste… des traces. Des morceaux de temps passé.

— Voilà bien une intelligence vive ! Ttt, ttt, ttt, quel dommage…

Les mots prirent dans sa tête une coloration mielleuse, comme pour s’excuser. Keina se raidit, prête à se battre, à mains nues s’il le fallait.

— Vous m’avez volé le journal. Pourquoi ?

Un sourire, qui lui parut grossier, se matérialisa au centre de cette face blanchâtre.

— Tu n’as pas à savoir ce qui t’attend, silfine.

— Alderick le savait donc, lui ? Comment ?

Avec une agilité surprenante, l’alf sauta du haut de son assise et se plaça face à elle, ses courts membres supérieurs croisés par-dessus son torse velu.

— Voyons voir… Il a su poser les bonnes questions aux bonnes personnes, je crois. Sans compter le pouvoir de sa fille…

— Vous travaillez pour elle, n’est-ce pas ?

Silence. Keina s’aperçut alors que les ombres autour d’elle avaient disparu, de même que les quatre silhouettes sur l’estrade. Ils étaient seuls, à nouveau.

L’être magique hésita, avant de cracher d’une voix méprisante :

Je n’ai pas de maître, je n’en ai jamais eu.

— Où se trouve le journal, dans ce cas ?

La silfine s’était efforcée de prononcer sa question d’une voix assurée, mais l’écho qui lui parvint, tremblant et aigrelet, la pétrifia de honte.

— Je l’ai donné, à ceux qui devaient savoir. Quant à toi, silfine, tu ferais mieux de rentrer chez toi. Tu n’es pas importante pour nous. Tu cherches qui tu es, n’est-ce pas ? Bien, je vais te le dire.

Elle cligna des yeux sans comprendre. L’alf lui renvoya un demi-sourire qui découvrit des canines noirâtres.

— La Briseuse, elle seule importe. Tu n’existes pas, silfine. Tu n’es qu’une parenthèse dans son histoire. Une simple parenthèse pour nous.

Une parenthèse.

Tressaillement.

Une vague de fureur submergea soudain Keina, une fureur sourde, entière, dévastatrice, adressée exclusivement à l’insolent petit être en face d’elle. La magie se déversa dans son corps, le long de ses bras, entre ses bottines, autour de ses épaules. Avec un claquement sec qui se propagea dans l’amphithéâtre, les attaches de son chignon sautèrent et sa longue chevelure brune s’éparpilla, recouverte de particules magiques qui valsaient dans les airs. Une saveur âcre se répandit dans l’atmosphère. La silfine sentit un grondement exalté naître au fond de sa gorge. Elle griffa l’espace devant elle ; une langue d’énergie enchantée fusa de l’extrémité de ses doigts et percuta avec violence la place où, une seconde auparavant, la créature magique se tenait debout.

— Alors, tu es également celle qui appelle. (Elle exécuta un demi-tour brutal, lèvres pincées, joues brûlantes. L’alf au visage lunaire s’était déplacé à bonne distance, comme pour la narguer un peu plus.) Nous le savions, bien évidemment. Mais tout cela n’a pas d’importance, puisque la magie ne t’appartient pas. Tu ferais mieux de rentrer chez toi, silfine. Tu ferais mieux de partir d’ici, avant que le monstre ne t’attrape !

Un rire sans joie secoua l’alf, qui esquiva une nouvelle salve de magie avant de s’évanouir dans le néant. Alertée par une vibration inopinée qui s’échappait du fond de la caverne, Keina virevolta sur elle-même. Son cœur s’arrêta.

Une chose informe, gigantesque, faite de boue, d’yeux aveugles et de tentacules, toute droit sortie de l’une de ces histoires sordides des Munsey magazine, s’échappa des ténèbres et fondit sur elle à la vitesse d’une charge d’éléphants.

D’une volée d’énergie, elle tenta une attaque. Les corpuscules émeraudes percutèrent la créature, dansants et crépitants sur l’épiderme gluant, avant de s’évaporer sans le moindre dégât. La silfine déglutit, le gosier en feu.

Il ne lui restait qu’un espoir : courir.

Elle empoigna à deux mains le bas de ses jupons et s’élança à travers la salle. Son cœur battait la chamade tandis qu’elle filait vers l’autre extrémité de la caverne. Du coin de l’œil, elle surveilla l’évolution de la créature, qui lui avait coupé toute retraite vers les escaliers.

Au bout, l’espace se rétrécit en un long goulet obscur. « Parfait, songea-t-elle avec amertume. Le garde-manger idéal pour cette bestiole. » Elle redoubla d’ardeur, les yeux plissés par l’effort. Sa tête s’était mise à lui tourner et ses chevilles l’élançaient atrocement. Elle sentit dans son dos le souffle provoqué par les tentacules qui battaient l’air à sa rencontre.

Je ne vais pas mourir ici, n’est-ce pas ? Pas ici… pas comme ça…

Sa bottine gauche se coinça dans une rigole. Elle trébucha, un sanglot au bord des lèvres comme elle percutait le sol. Elle ferma les paupières pour en chasser les larmes et se redressa, genoux écorchés, déterminée à se battre jusqu’au bout.

Une main puissante l’empoigna alors par le bras, la tira au fond d’une alcôve et la plaqua contre un buste viril, laissant un tentacule sillonner le couloir à la recherche de sa proie. Elle voulut crier, mais une seconde main s’aplatit sur sa bouche, alors que la première enlaçait son bustier. Elle perçut un souffle chaud frôler le lobe de son oreille et roula de grands yeux affolés.

— Keina… Il n’est pas dit que tu mourras aujourd’hui. La créature se repère à tes mouvements. Tant que tu ne bouges pas, elle ne tentera rien.

La voix dans sa tête prit une coloration chaude, rassurante. La silfine cligna des yeux et se détendit.

Qui êtes-vous ?

— Mon nom n’a pas d’importance. Je ne suis pas ton ennemi.

Le monstre de boue passa devant eux, ses yeux aveugles fouillant l’opacité, accompagné d’un relent de vase et de lichen qui empuantissait l’atmosphère.

— Quelle est cette horreur ?

— Un alf, bien sûr. Un imaginaire. Ils ne sont pas tous aussi inoffensifs que tu peux le croire.

— Je ne crois rien, puisque je découvre.

— Et tu as encore beaucoup de choses à découvrir, Keina. À commencer par ton destin.

Ses muscles se tendirent.

— Que savez-vous de mon destin ?

— Tout, bien sûr. On t’a volé le journal, n’est-ce pas ? Anna-Maria pense qu’il s’agit d’une marionnette de Nephir, mais je ne le crois pas. Cet alf dissimule quelque chose, et je suis incapable de comprendre ce que c’est. (Une nuance d’agacement couvrit le ton calme de l’homme, puis il s’apaisa.) Tu aurais dû lire le journal, Keina. Tu aurais dû le lire jusqu’au bout, dès qu’elle te l’a donné. Tes parents ne voulaient pas que tu apprennes la vérité, mais ils avaient tort. Tu dois t’y préparer, Keina.

— Me préparer ? Me préparer à quoi ?

— À ta propre mort.

Une exclamation étouffée jaillit du fond de sa gorge et se cogna contre les phalanges épaisses de son mystérieux protecteur.

— Ma mort ? Que voulez-vous dire par là ? De quoi me parlez-vous ?

Une voix douce, murmurée dans les ténèbres, comme une confidence :

— Je te parle de ton sacrifice ; du sacrifice de la magie consenti à la Briseuse. Voilà ce que tu es, Keina, ce que tu as toujours été : une sacrifiée.

Soudain, l’étreinte disparut. Prise de vertige, la silfine posa une main sur le mur et jeta un œil derrière son épaule : l’alcôve se muait en un passage étroit d’où s’échappait un léger courant d’air. Tout comme l’alf au visage lunaire, tout comme le monstre de boue, l’inconnu s’était volatilisé. Elle appliqua sa tête contre les aspérités de la paroi et se mordit si violemment la lèvre inférieure qu’un filet de sang coula sur sa langue, y laissant un arrière-goût ferreux. Sa dextre plaquée au bas de son ventre, elle s’efforça de contenir la remontée acide qui lui tordait l’estomac. Elle ne voulait plus bouger, plus respirer. Elle ne souhaitait plus rien d’autre que l’oubli. Retrouver les bras de sa mère adoptive, effacer sa mémoire. Petit à petit, elle se sentit glisser le long de la pierre.

Aussitôt, une main menue s’agrippa à sa jupe. Keina baissa le menton, songeant à Martha, mais le regard qu’elle croisa n’était pas humain. Inquiète, Dora la contemplait de ses grands yeux dorés.

— Tu dois retourner à la surface, Keina ! S’il te plaît, remonte avec moi !

L’esprit dans le vague, la silfine acquiesça lentement, et, les membres désarticulés comme ceux d’une poupée de chiffon, laissa l’alfine la guider dans l’obscurité.

Il était plus que temps pour elle de regagner la lumière.

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Dragonwing
Posté le 29/12/2010
Je viens de réaliser que "la traîtresse" à laquelle Erich faisait allusion dans le chapitre précédent n'était en effet pas du tout Keina... mais peut-être bien la personne dont le portrait avait fait un tel effet à Lynn dans le chapitre 4, celui exposé près du portrait de son père ? Et peut-être même, si je pousse le raisonnement, qu'il s'agirait de la mystérieuse Atalante, dont le visage était même flou dans la scène de ce chapitre ?... Et qui serait du coup de la même famille proche que Lynn et Luni... Enfin je vois que le prochain chapitre a un titre évocateur, donc je ne vais pas me creuser beaucoup les méninges avant de filer voir ça. ;)
Et cette soudaine révélation sur le destin de Keina... Je ne suis même pas certaine d'être surprise, dans la mesure où je commençais à pressentir qu'elle était plus liée à la Briseuse que ce qu'on voulait lui faire croire. Pour commencer, je ne suis pas sûre de comprendre cette distinction qui est faite entre elles, notamment par l'alf, quand il affirmait que la Briseuse devait être "une femme". Je doute à présent que ce soit une expression signifiant "humaine", alors on ne peut donc pas être "femme" en étant sylfine ? On en revient à cette dichotomie permanente qu'éprouve Keina quand elle ne parvient pas à comprendre les autres sylphes, aux mots qu'elle a jeté à la figure de Luni ("je suis une femme"), ainsi qu'au titre de l'histoire... Je ne sais pas si je me fais des films, mais je crois que je commence à comprendre son importance, à celui-là.
Et puis, qui c'est cet inconnu mystérieux qui surgit de n'importe où pour lui sauver la mise ? Si c'est bien Erich qu'elle a aperçu au début de la scène, ça devrait être lui, mais pourquoi ? Et puis on a plutôt l'impression qu'Erich cherchait à l'attirer dans cet endroit... mais encore une fois, pourquoi ? Et qu'y faisait l'alf ? Ou alors, l'inconnu serait Pierre ? Mais à moins que je sois folle, Pierre n'est pas télépathe... Et si ça avait été Pierre ou Erich, elle aurait dû reconnaître sa voix.
Euh, bon, je réfléchis tout haut et je m'embrouille (comme d'habitude). DX Je vais plutôt courir lire la suite !
Keina
Posté le 29/12/2010
Wah, mais dis donc, tu sais que tu devrais écrire des romans policiers ? oO Tu arrives à tout deviner à l'avance ! Eh oui, comme tu l'as constaté plus tard, la traîtresse est bien Atalante, et elle est bien liée à Lynn et Luni. Chapeau pour ton sens de l'observation ! 
Concernant l'analyse qui suit, elle est bien vue ! Je vois où tu veux en venir, mais l'explication n'est pas encore là. Ceci dit, quand l'alf dit que la Briseuse devant être une "femme", je pensais bien à l'opposition "femme humaine"/"silfine", mais j'aime effectivement jouer avec les deux sens du mot "femme" (à la fois synonyme d'humaine, et sexe féminin). C'est un roman d'apprentissage, dans lequel Keina apprend à grandir, à devenir "femme" autant que "silfine". Du coup, ces dénominations sont très importantes, oui. Elles sont aussi importantes pour le futur de Keina, car je sais d'avance quel va être son destin. 
L'inconnu te turlupine ? C'est dommage, il n'est pas prévu que je dévoile son identité... non, ce n'est pas une blague ! Ça fera partie des mystères non résolus de ce récit, même si moi, j'en connais la résolution. :) Par contre, l'apparition d'Erich, je vais essayer (je dis bien "essayer") de l'expliquer avant la fin de l'histoire. Keina a tendance à voir et entendre beaucoup de choses "bizarres", tu ne trouves pas ? 
En tout cas, merci à toi pour ces reviews qui grouillent d'informations qui m'aident bien pour la suite ! Elles me sont très précieuses ! ^^ 
vefree
Posté le 08/11/2010
brrrrr ! J'en ai des frissons !
C'est un formidable chapitre qui, sans être très révélateur, a le mérite d'être encore plus immersif. Je l'ai beaucoup apprécié. Keina et ses errances dans le château à la recherche de son identité et de son passé, pourrait-on lui en vouloir d'en savoir plus et de prendre des risques pour ça ? La voilà dans les entrailles de ce lieu tout aussi vivant que ses habitants (si si, j'adore ces endroits emprunts de magie comme ceux de Cristal), touchant presque du doigt le fin mot de ses origines : une parenthèse... Alors, c'était ça le mystère de ton titre ? Keina est une parenthèse dans l'histoire du Royaume ? "Celle qui annonce"... tu parles d'une révélation ! Je comprend qu'elle n'apprécie pas la façon dont on la traite. Elle doit annoncer, on ne sait pas quoi, elle doit servir de parenthèse entre deux événements majeurs semble-t-il, et difficile d'en savoir plus. Autant dire qu'à sa place, je me prendrais pour un pantin qu'on manipule à sa guise et c'est diablement énervant.
Mais les jours passent et on ne sait pas vraiment où est parti Luni. Keina semble s'être résignée à son départ et ne semble pas non plus l'attendre comme une amoureuse transie. Tant mieux, tu me diras, mais ça m'intrigue quand même. Où est-il allé et pour faire quoi ? Les préoccupations de Keina sont autrement plus importantes que ce qu'il est en train de faire quelque part dans un monde parallèle... Remarque, quand on fait de l'ingérence chez les autres, il faut bien s'attendre à quelques retours de bâton. Mais la pauvre Keina n'y est pour rien et elle semble devoir porter les fautes de tout un peuple sur ses frêles épaules. Enfin, c'est l'impression que ça donne.
Enfin, bref, c'est un très beau chapitre qui appelle évidemment la suite ; regagner la lumière...
à très vite.
 
Keina
Posté le 08/11/2010
Oh, merci pour ce commentaire, vef' ! ^^
Oui, on touche au thème principal du roman dans ce chapitre. Je te remercie d'avoir apprécié le côté immersif de ce chapitre, j'ai essayé de le rendre aussi sombre et inquiétant qu'un roman gothique ! La révélation a de quoi ébranler Keina, oui. Ceci dit, avec le recul, ça relativise aussi son rôle, puisqu'elle n'est au final qu'une "parenthèse"... et non une élue dont la destinée va bouleverser le monde, etc. ! Du coup, peut-être est-elle aussi fâchée parce que son ego en prend un léger coup ? ^^ Bon, d'accord, c'est peut-être un peu trop poussé, et dans l'immédiat, elle est surtout très destabilisée et fatiguée. :) 
On en saura plus sur l'absence de Luni bientôt. Il se pourrait que ça soit plus lié à notre affaire que tu ne le crois... ;) Quoiqu'il en soit, Keina, l'attendre comme une amoureuse transie ? C'est mal la connaître ! xD Il faudrait vraiment qu'elle soit au fond du gouffre pour l'attendre désespérément... quoique ça pourrait se produire... mais elle n'en est pas là pour le moment ! Keina est indépendante, elle a décidé de tirer un trait sur sa relation avec Luni, et ce n'est pas cette absence qui la fera changer d'avis, non mais ! 
Merci encore pour ce commentaire auquel j'avais oublié de répondre ! Le mal est réparé ! ^^ 
Seja Administratrice
Posté le 25/08/2010
Ha ! Le fameux chapitre de la cave *o*<br /><br />Bon, bah, finalement, Pierre était pas si méchant que ça. Et tes explications répondent plus ou moins aux questions que je me posais pour Lynne. Elle ne peut donc vraiment pas faire grand chose avec la magie, la pauvre... Par contre, je m'interrogeais encore à propos de Pierre en particulier et des humains en général. Est-ce qu'ils sont aussi capables de conserver la magie en eux ? Non, parce que jusque là, je pensais que c'était réservé aux truc plus ou moins magiques, genre alfes, elfes, silfes...<br /><br />Ceci étant, on enchaine sur la gallerie de portraits. Pov Keina, à revenir encore et encore vers le portrait de sa mère, à tenter de percer ce qui se cache derrière ce regard... Pour la silhouette, elle a quand même déduit un peu vite que c'était Erich. Aussi bien, c'est le good guy de l'histoire et elle s'en rendra compte que quand ça sera trop tard et ça donnera un méchant coup de théâtre de la part de Keina-l'auteur, haha. Non parce que finalement, on retrouve l'alfe cleptomane...<br /><br />Et là, avec l'apparition de la grosse bestiole, vient la big révélation de l'histoire. Keina doit mourir. Méchante, méchante auteur... Prophétie et tout le toutim. Mais tout le monde sait que les prophéties ne sont là que pour faire joli, hein. Elles ne sont rien sans les personnes qui croient en elles et si Keina n'y croit pas, elle peut pas mourir et encore moins se sacrifier ou être sacrifiée. Si si.<br /><br />Fais gaffe, Keina, j'approche tout doucement de la fin de ma réserve et quand je suis en manque, c'est pas beau à voir. Demande à Cricri :P Tu sais donc ce qui te reste à faire *siffle*
Keina
Posté le 25/08/2010
Alors alors... oui, les humains sont capables, comme les silfes, de retenir la magie en eux. Ce n'est pas une particularité des silfes, mais une particularité du Royaume. Quiconque pénètre dans le Royaume peut, au bout d'un moment et avec de l'entraînement, assimiler et utiliser la magie (normalement, sauf exceptions comme le cas de Lynn). En ce qui concerne les elfes et les alfs, c'est un peu différent, ils sont fait de magie et n'ont donc pas besoin d'assimiler celle du Royaume. Sauf que ce n'est pas la même magie qui constitue les uns et les autres... Mais je t'embrouille peut-être. ^^ Je ne pensais pas qu'il y aurait ce genre de questionnement, mais en même temps, ce n'est pas primordial à retenir pour le moment, et je pense que ça deviendra plus clair quand, dans un futur lointain, je ferai intervenir plus de personnages humains. Oh, et il faut savoir que les reines sont humaines, hein !
Oui, Keina soupçonne vite Erich, c'est vrai. De là à dire que c'est un good guy... il y a un pas que je ne franchirai pas pour le moment ! ^^ "L'alf kleptomane" hi hi j'aime cette dénomination ! :D Mais qui que la mort de Keina est une prophétie ? Bon, d'accord, dans l'histoire tout le monde le dit... mais il s'agit peut-être d'un truc qui a été mal interprété ! hu hu... je n'en dirai pas plus...  
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