Chapitre 10, La Fausse Piste

Par Melau
Notes de l’auteur : Coucou ! Voilà un très long chapitre (que j'ai décidé de ne pas couper en deux afin de garder l'unité-même du propos), bonne lecture !
Je ne sais pas quand la suite arrivera puisque je suis en train de l'écrire et que je suis étudiante !
Bon courage pour les confinés !

Après un petit tour aux toilettes pour faire sortir les ravioles au saumon qui lui avaient donné mal au ventre, MacHolland était prêt à affronter les martiens. Enfin, il le croyait. Jusqu’à ce que Magalie lui dise que non, il n’irait pas sur Mars. Elle et Léopold, oui. Mais lui, Richard, non.

« C’est une blague ?

- Vous n’avez pas à aller sur le terrain, lui assura le lieutenant. Je vous y ai déjà emmené alors que je n’aurais pas dû le faire.

- Mais ça s’est bien passé, vous pouvez bien faire une petite entorse au règlement pour moi.

- Non, Richard, c’est hors de question. Et puis, rangez-moi cette clope, lui ordonna-t-elle alors qu’il venait de sortir son briquet pour fumer.

- Bien, souffla-t-il en obéissant.

- Vous avez intérêt à respecter les ordres cette fois Richard, et je ne rigole pas. Mars est une planète dangereuse, et pas seulement dans le palais. On est d’accord ?

- Bien évidemment lieutenant, lui assura l’architecte. »

Richard ne le pensait absolument pas. Pierce s’éloigna avec un sentiment de satisfaction. L’architecte, lui, descendit dans la soute pour se griller sa clope. Le bruit du briquet tinta aux oreilles de Magalie qui sans hésiter une seule seconde fit demi-tour pour rejoindre MacHolland. Elle l’observa depuis la partie supérieure du vaisseau. Les bras croisés sur la poitrine, Magalie attendait une explication.

« Quoi ? cracha MacHolland après quelques minutes.

- Fumer est interdit.

- Et ?

- Et ? répéta le lieutenant avec ironie. Et, reprit-elle, Richard, vous êtes dans le vaisseau en train de fumer cette cigarette alors que vous n’en avez pas le droit.

- Je ne suis pas un membre à part entière de votre équipage, chère lieutenant. En ce sens, j’ai bien le droit de fumer et déroger à quelques-unes de vos règles. Vous n’êtes pas d’accord ? »

Cette fois-ci, c’était lui qui avait usé d’ironie. Il obtiendrait ce qu’il voulait, coûte que coûte.

« Vous avez un insigne avec votre nom et le logo de la police interstellaire, lui rappela-t-elle en tapotant son propre insigne. En ce sens, vous êtes bien un membre de mon équipage.

- Non.

- Non ?

- Non, lieutenant Pierce, je ne suis pas un membre de votre équipage, répondit Richard après avoir recraché la fumée en direction de la femme qui s’avançait vers lui. Vous ne me dites quasiment rien sur votre affaire. Je sais à peine qui est la victime, et vous voulez que je vous aide ? Sans moi, jamais vous n’auriez su que Friedrich Grassier vous avait menti.

- Si vous ne l’aviez pas découvert en me désobéissant, mon brigadier aurait eu le temps de faire ses propres recherches, expliqua Pierce désormais assez proche de Richard pour que leurs souffles se mêlent. Mais puisque vous n’êtes pas fichu d’obéir à un ordre que je vous donne, Léopold ne peut pas faire son travail. Et, reprit-elle en fixant son regard dans celui de l’architecte, s’il ne peut pas faire son travail, alors moi non plus.

- Parce que vous comptez sur un patapouf comme lui pour faire quelque chose ? Eh ben, vous manquez pas d’espoir, chère lieutenant.

- Fermez-là, MacHolland. »

La voix de Maggie s’était faite ferme sans un grain de colère. Magalie Pierce rapprocha un peu plus encore son corps de celui de l’architecte. Elle posa son index courbé sur la poitrine de Richard. Ce dernier, mal à l’aise à cause de cette proximité soudaine, tenta de reculer. Son dos cogna contre la paroi d’aluminium. Il avait beau être plus grand que le lieutenant, il se sentait pris au piège. Le voilà devenu agneau face au grand méchant loup.

« Qu’est-ce que vous me voulez, chère lieutenant ? murmura Richard en penchant la tête vers la sienne. Pourquoi venir si près d’un homme si peu recommandable ? Pourquoi s’être volontairement lesté d’un poids tel que moi dans une affaire si importante pour vous ? »

Il tentait le tout pour le tout. Richard ne pouvait pas se permettre de se montrer déstabilisé. Et Magalie non plus.

« Vous connaissez parfaitement mes raisons Richard, lui susurra-t-elle à l’oreille avant de se reculer, et c’est pourquoi vous resterez sur le vaisseau.

- Si je suis véritablement un membre de votre équipage et, il baissa d’un ton pour ajouter avec un sourire carnassier, si je suis aussi important à vos yeux que vous le sous-entendez, alors vous allez me laisser venir avec vous. »

Depuis la passerelle, Léopold et Grégoire – qui n’en foutaient pas une – observaient la scène, mi-figue mi-raisin. Aucun d’eux ne savait comment ça allait bien pouvoir se terminer entre Richard et Magalie. La tension entre les deux terriens grandissait sans cesse si bien que l’air en devenait quasiment irrespirable.

« Comme ça, vous me pourrez me garder à l’œil, chère lieutenant… rajouta Richard en ponctuant sa phrase d’un clin d’œil. »

Magalie n’avait plus le choix : elle devait capituler. Elle reposa sa main à plat sur la poitrine de l’architecte qu’elle sentait velue sous le t-shirt tâché. D’une pression, le lieutenant repoussa tout à fait Richard contre la paroi. Sa tête cogna. Magalie approcha ses lèvres des siennes. Alors qu’elles se touchaient presque, les lèvres du lieutenant murmurèrent contre celles de l’architecte :

« J’espérais bien que vous diriez cela, Richard. Vous aurez intérêt à me suivre de très près dans ce cas. »

Ils s’écartèrent tous deux de la paroi puis l’un de l’autre. Richard, désabusé par la manière dont le lieutenant était entré dans son jeu, resta sans bouger. Il l’observait du coin de l’œil. De son côté, Magalie n’hésita pas un instant : si elle voulait obtenir le respect de Richard, elle devait lui montrer qui elle était. Elle leva la main droite, le bras en arrière, et l’abattit avec force sur le fessier de l’architecte. Ce dernier sursauta, surpris d’avoir été touché aussi intimement par cette petite bonne femme. Il ne tourna pas la tête pour la regarder : il n’entendit que les mots qu’elle lui prononça à l’oreille :

« De très, très près, Richard. »

L’architecte resta hébété : la bouche ouverte, il ne bougeait plus. Que venait-il de se passer au juste ?

« Grégoire, le vaisseau va pas se piloter tout seul. On va sur Mars, tu suis un peu ? lança Magalie à l’intention du pilote qui était resté pour observer la scène. »

Le lieutenant monta dans la passerelle sans jeter un coup d’œil en arrière à l’intention de Richard. Elle espérait lui avoir fait de l’effet, l’avoir scotché. Elle ne se doutait pas à quel point elle avait réussi. Reprenant elle-même ses esprits, elle se dirigea vers le poste de commandement. Le pilote s’était remis à son poste. Magalie l’observa faire : Grégoire poussait une manette, appuyait sur un bouton, vérifiait des chiffres. Elle se désintéressa rapidement.

« Léopold, appela-t-elle, tu peux me dire pourquoi les deux martiens ne sont pas surveillés ? Ils sont où là ?

- Dans leur chambre, lieutenant.

- Allez voir ce qu’ils font, ordonna-t-elle sans se tourner pour regarder le brigadier. Et emmenez Richard avec vous, je ne veux pas l’avoir dans les pattes.

- Bien lieutenant. »

Le brigadier acquiesça d’un mouvement de tête avant de disparaître. Le bruit de ses chaussures sur le fer des marches de l’escalier résonna comme étouffé dans la soute où Richard tenait toujours sa dernière cigarette éteinte entre l’inde et le majeur. En voyant le brigadier se diriger vers lui, l’architecte rangea précipitamment la Camel dans le paquet. Hors de question de se faire choper deux fois d’affilée. Et de gâcher la dernière clope qu’il pourrait se griller avant un long moment. Il suivit Léopold sans broncher. De toute manière, il n’avait rien à faire de mieux puisqu’ils n’étaient pas prêts d’arriver sur Mars.

« Grégoire, éteins la musique s’il te plait. Ou mets un casque. »

Désormais seule et dans un calme complet, Magalie pouvait réfléchir. Elle ferma d’abord les yeux. Engoncée dans son siège, elle se détendit. Gaston Francis disait toujours que pour bien travailler, il fallait avoir l’esprit libéré de toute préoccupation extérieure. Une fois le vide dans sa tête fait, le lieutenant rouvrit les yeux et se pencha à nouveau sur son dossier. Cette histoire de meurtre présumé commençait à vraiment lui prendre la tête. Elle devait tout reprendre à zéro à cause des martiens, elle ne comprenait rien à cause des martiens. En bref, Magalie Pierce se sentait prête à tout envoyer promener d’une seconde à l’autre. Soudain, le bruit – ou plutôt le manque de bruit – l’angoissa. Elle s’était habituée au brouhaha permanent dans le vaisseau, si bien que désormais le silence lui vrillait les tympans jusqu’à l’empêcher tout bonnement de se concentrer. Au bouts de quelques minutes sans réussir à comprendre ce qu’elle lisait sur les lignes du dossier qui s’amusaient à danser sous ses yeux, Magalie se leva et parti chercher son téléphone portable. Une fois l’appareil dans sa poche, elle retourna s’asseoir dans le fauteuil rouge à deux ou trois mètres derrière le pilote. Elle déverrouilla le portable par reconnaissance faciale et fit un rapide tour sur ses réseaux sociaux. Là, c’était de la véritable détente. Magalie resta ainsi plusieurs minutes, changea de position dans le fauteuil qui n’était sommes toutes pas très confortable, envoya des messages à ses amis pour s’excuser de ne pas les avoir rappelés, vérifia ses mails, lut attentivement les dernières instructions du patron et finit par se rappeler que, non, elle n’avait toujours pas avoué à son père qu’elle avait été promue. Une boule se forma dans sa gorge. Le lieutenant chercha à déglutir, la bouche soudain sèche comme si elle avait avalé un kilo de poussière. L’idée de passer un coup de téléphone à son géniteur était plus angoissante encore que le silence qui régnait dans cette partie du vaisseau. Comme par un heureux hasard – qui en vérité était un coup bas de la part du destin – Magalie reçut un message de son père. Elle l’ouvrit, la main tremblante.

De Papa à 18 : 03 

Bonjour Magalie, comment vas-tu ? Je n’ai pas eu de tes nouvelles depuis plusieurs jours. Pense à m’appeler quand tu en auras le temps.

Maggie soupira. Même dans ses messages son père n’était pas fichu d’être un minimum humain. Non, il fallait qu’il écrive et parle comme un stupide robot. Elle décida cependant de lui répondre : il était en ligne et pouvait voir qu’elle l’était aussi et qu’elle avait lu le message.

A Papa à 18 : 05

Salut papa, je vais bien merci, et toi ? Je suis désolée de ne pas t’avoir envoyé de message et de ne pas t’avoir rappelé depuis la dernière fois. Je n’ai pas eu trop de temps à moi ces derniers jours. Je suis sur une grosse affaire.

La réponse ne se fit pas attendre. Magalie sentit le malaise lui monter dans la gorge. Ses oreilles bourdonnèrent et chauffèrent lorsqu’elle lut :

De Papa à 18 : 06

Tu n’as pas eu de temps pour toi. Fais un peu attention à la manière dont tu écris Magalie, ton patron relit tes rapports n’oublies pas. Si tu fais de telles erreurs, tu n’obtiendras jamais de promotion.

Le lieutenant s’apprêtait à s’excuser d’avoir fait une telle faute de grammaire, mais elle n’en eut pas le temps : déjà, un nouveau message lui parvenait.

De Papa à 18 : 07

Je suis content que tu sois sur une affaire importante, ma fille. Cependant, en tant que brigadière, tu as le droit de prendre une pause toutes les trois heures. Alors prend ta pause et appelle-moi. Profite que je sois encore en vie, je ne serais pas là éternellement.  

Lui et ses paroles joyeuses alors…. Magalie retint un nouveau soupire : un peu de plus et ça deviendrait un TIC. Elle en avait déjà assez comme ça avec le sucre dans le café et sa manie de vérifier trois fois si sa ceinture était bien attachée. Elle se demanda alors comment répondre à son père de la manière la plus polie possible. Parce qu’à cet instant précis, la jeune Pierce n’avait qu’une envie : envoyer paître son père. Il ne la croyait pas capable d’obtenir une promotion. Il ne la pensait pas capable d’avoir la confiance de son patron. Il n’avait jamais eu confiance en elle. Il ne lui avait jamais montré un peu d’attention. Et malgré le fait qu’il fut un très mauvais père sur le plan affectif, Magalie l’aimait plus que tout. Ce fut la raison pour laquelle elle ne répondit pas tout de suite. Mieux valait qu’il la crut occupée plutôt que de lui répondre sous le coup de l’émotion. Elle se déconnecta de l’application. Elle regarda tout autour d’elle. Là, de l’autre côté des vitres qui entouraient la passerelle, l’espace s’étendait sous ses yeux. Elle n’avait aucune idée de l’endroit où ils se trouvaient exactement, mais ça lui importait peu. Malgré tout le temps passé à traverser la Voie Lactée dans tous les sens, de droite à gauche, en long, en large et en travers, Magalie trouvait toujours le voyage exceptionnel. Les étoiles étaient chaque fois plus brillantes pour certaines, en train de s’éteindre pour d’autres. Les couleurs étaient incroyables. Parfois ils croisaient des météorites, parfois non. Ils ne s’approchaient jamais trop du Soleil ou de la Lune, mais Grégoire acceptait quelques fois d’avancer vers l’un ou l’autre des astres pour qu’ils puissent tous les admirer, le temps d’un instant. C’était exactement de ça dont elle avait besoin. Oui, Maggie avait besoin d’un instant de grâce. Un moment où seule la beauté comptait. Où seule la vie importait. Mais elle n’y aurait pas accès, pas aujourd’hui. Ils devaient aller sur Mars et comprendre pourquoi les Grassier les avaient menés en bateau.

« On y sera dans combien de temps, Grégoire ?

- Dans une heure et demie, lieutenant. Vous voulez que j’accélère ?

- Non, c’est très bien comme ça, le rassura-t-elle. »

Elle le remercia et se renfonça dans son siège. Bon. Elle devait répondre à son père, elle l’avait déjà trop fait patienter. Maggie savait pertinemment que si elle continuait à l’ignorer, alors il l’appellerait sans lui laisser d’autre choix que de lui répondre. Elle ne voulait pas de ça. Pas d’affrontement, pas tout de suite alors que tout était encore si flou dans sa tête. Finalement, elle n’avait pas réussi à faire abstraction de ce qui se passait à l’extérieur, en dehors de l’affaire, comme Francis lui avait toujours dit de faire.

A Papa à 18 : 34

Ecoutes papa, justement, j’ai quelque chose à t’avouer. Hier matin, le chef Francis m’a promue au rang de lieutenant. C’est pour ça que je n’ai pas eu le temps de t’appeler. Excuses-moi de te l’annoncer de cette manière.

Elle relut plusieurs fois son message avant de cliquer sur « envoyer ». L’icône indiquant que son père avait reçu le message s’afficha. Puis celui indiquant qu’il l’avait lu. Et finalement, il y eut les points de suspension marquants le fait qu’il était en train d’écrire. Les points de suspension disparurent. Puis réapparurent. Disparurent. Réapparurent. De nouveau, l’angoisse montait à la gorge de Maggie. Son père hésitait à écrire, ce qui n’était pas bien rassurant. Soit il allait la disputer, l’engueuler comme jamais auparavant il ne l’avait fait. Soit il allait la féliciter. Le lieutenant Pierce espérait de tout cœur que ce fut la seconde option.

Faîtes qu’il soit fier de moi. Faîtes qu’il…

Magalie n’eut même pas le temps de finir de penser. Elle resta les yeux rivés sur son téléphone qui n’affichait plus la page d’accueil de l’application message, mais bien au contraire la tête de son père en grand : il lui téléphonait. Elle laissa l’appareil sonner quelques secondes avant de décrocher, toute tremblante.

« A…Allô ? fit-elle comme si elle ne savait pas qui se trouvait à l’autre bout de la ligne.

- Je n’y crois pas ! gueula son père, lui arrachant au passage un tympan. Tu n’as pas trouvé mieux que de me dire ça par message ? La fonction « appel » sur ton téléphone ne fonctionne plus ? Tu as quoi dans la tête, Magalie ?

- Je…

- Oh et par pitié, arrête de bégayer ! Qu’est-ce que tu peux être insupportable par moment ! explosa-t-il dans le combiné. »

Lorsqu’elle entendit ça, Magalie se leva. Elle se dirigea vers le tableau de bord et, d’elle-même, actionna la manette pour pousser le vaisseau à fond : plus vites ils iraient, plus vite elle pourrait raccrocher. Elle regarda le panneau numérique qui indiquait 22 minutes avant l’arrivée à destination. Parfait. Comme ça, dans dix minutes elle pourrait dire à son père qu’elle devait le laisser. Ce qui voulait dire qu’elle devait tout de même tenir dix minutes au téléphone avec son géniteur.

« Ecoute papa…

- Quoi ? la coupa-t-il. Tu vas me dire quoi d’autres, hein ? Que tu as quelqu’un dans ta vie ? Que tu es enceinte ? Que tu vas te marier ? C’est quoi la prochaine étape dans ta vie ? Qu’est-ce que tu vas encore faire sans m’en parler ?

- Mais papa…

- Combien de temps vas-tu encore me laisser de côté, Magalie ? la voix du père se radoucit. Il semblait sur le point de pleurer, si tant en était qu’il en fut capable. Pourquoi ne me laisses-tu pas faire partie de ta vie ? Je suis ton père quand même.

- Papa, l’appela-t-elle fermement, laisse-moi parler, tu veux bien ? n’ayant pas de réponse de sa part, elle comprit que oui, il l’écoutait désormais. Elle reprit d’une voix qu’elle voulait à la fois douce et ferme. Une main de fer dans un gant de velours. Ecoute papa, commença Magalie, je ne te laisse pas de côté. Tu es mon père, et je le sais très bien. Je n’ai simplement pas eu le temps de t’appeler avant, tu comprends ça ?

- Ne me prends pas pour un enfant, la réprimanda-t-il. Je sais très bien que tu travailles, mais tu aurais au moins pu me le dire plus tôt, au lieu d’attendre que je te le demande.

- Ce n’est pas ce que j’ai fait, d’accord ? J’ai eu une promotion et une grosse affaire sur laquelle je travaille encore actuellement. Et tu vois, là, au lieu d’essayer de comprendre ce qui est arrivé à cette fille, je suis en train de discuter avec toi, ajouta-t-elle froidement.

- Alors va travailler.

- Papa… Papa ? »

Magalie retira le combiné de son oreille. L’écran était de nouveau celui de la messagerie. Elle soupira. Son père avait été vexé et il lui avait raccroché au nez. Elle tenta de le rappeler. Une fois. Deux fois. Ce ne fut qu’à la troisième tentative qu’il décrocha finalement :

« Qu’est-ce que tu me veux ? Tu ne devrais pas travailler sur cette affaire, lieutenant Pierce ?

- Papa ! siffla-t-elle. Arrête. Là, tu vois, tu te comportes comme un enfant. Tu veux quoi ? Que je m’excuse d’avoir été promue sans que tu sois au courant ? Tu n’es pas au centre du monde, et encore moins au centre de ma vie. Tu es mon père, tu n’as pas à régir tout ce qui se passe dans ma vie. Bien sûr, j’aurais dû t’appeler plus tôt et t’annoncer ma promotion. Mais est-ce que tu te souvenais au moins que j’avais passé les tests pour devenir lieutenant ? Silence au bout de l’appareil, Magalie reprit son souffle avant de continuer. Non, c’est sûr que tu ne t’en souvenais pas. Et tu sais pourquoi ? Nouveau silence. Non ? Silence. Mais, papa, c’est parce que tu n’as jamais cru que je serais un jour capable de suivre tes traces. »

Le silence était tellement long et pénible que Magalie vérifia plusieurs fois si son père n’avait pas une nouvelle fois raccroché.

« Je suis désolé si c’est ce que tu penses, Magalie. »

Sur ce, il raccrocha. Magalie se mordit les lèvres : était-elle allée trop loin ? Les mots avaient-ils dépassé sa pensée ? Elle qui n’avait pas voulu d’affrontement, elle en avait bien eu un… Et pas n’importe lequel. Elle ne chercha pas à le joindre à nouveau. Elle fourra le téléphone tout au fond de la poche de son blazer.

« On… On arrive bientôt lieutenant. »

Grégoire avait hésité à parler. Magalie ne releva pas l’indécision du pilote. Après tout, il l’avait entendue se disputer avec son père. Et elle n’avait pas été toute douce avec lui. Elle se décida à ne rien regretter : tout ce qu’elle avait dit, ça faisait des semaines, des mois, des années même qu’elle le pensait. Magalie remercia Grégoire avant de se lever. Elle marcha dans le vaisseau jusqu’à atteindre la chambre des martiens. Elle ouvrit la porte avec force – au moins, elle passait ses nerfs sur quelque chose.

« Lieutenant ? hoqueta Léopold. Qu’est-ce que vous faîtes là ? »

Magalie leva les yeux au ciel et poussa un lourd soupir. Elle ne s’était pas attendue une seule seconde à trouver les garçons aussi tranquillement installés. Léopold était assis sur une chaise dont les pieds n’étaient visiblement pas tous faits pour toucher le sol. Richard lui, était allongé sur un lit, les jambes croisées, un bras derrière la tête. Il somnolait. Le regard du lieutenant s’arrêta quelques secondes sur l’architecte avant de passer à Léon, assis sur le deuxième lit. Le jeune Kay quant à lui était assis sur le sol, comme un chien le serait, avec un téléphone entre les mains. Magalie n’arriva pas à déterminer s’il jouait à un jeu vidéo, regardait des photos ou matait une série. A vrai dire, elle s’en fichait un peu.

« Levez-vous tous, on arrive, déclara-t-elle en guise de seule explication. »

Aussitôt, Léopold se mit sur ses deux pieds ainsi que Léon et Kay qui suivirent la marche. Léopold les sortit de la chambre et les guida à l’étage sur ordre de Magalie. Il ne restait plus que le lieutenant et l’architecte dans la chambre. Richard observait Pierce du coin de l’œil. Elle le savait très bien.

« Lèves-toi, lui ordonna Magalie, abandonnant le vouvoiement.

- Mhhh… Maman ? demanda-t-il en feignant une voix toute endormie.

- On se lève et on bouge, MacHolland.

- Du chocolat et de la confiture à la fraise… »

Magalie attrapa un oreiller sur le lit qu’occupait Léon et le jeta à la figure du consultant qui sursauta. Les deux individus se regardèrent, l’un debout, l’autre allongé. L’échange ne dura que l’espace de quelques secondes. Puis les deux éclatèrent de rire. Parce qu’ils étaient fatigués. Parce qu’ils étaient à bout de nerfs. Parce qu’il n’y avait pas d’explication, au fond.

« Allez, venez maintenant, Grégoire doit nous attendre pour amorcer la descente. »

Le vouvoiement était de retour. Richard se leva sans ajouter quoi que ce fut. Ensemble, ils rejoignirent le reste de l’équipage et s’installèrent dans leurs sièges. Une fois attachés, Magalie fit un signe de tête à Grégoire pour lui dire qu’il pouvait y aller. Aussitôt, le pilote amorça la descente du vaisseau dans l’atmosphère martienne. Quelques secondes plus tard, le vaisseau de la police interstellaire était posé derrière le palais royal. Magalie déglutit. Elle détacha sa ceinture et se leva. Elle attendit ensuite que Grégoire fit descendre la passerelle du vaisseau puis descendit.

« Suivez-moi tous, intima-t-elle une fois que tout le monde fut descendu du vaisseau. »

Magalie ne cessait de se répéter qu’ils ne devraient pas être là, pas sur Mars alors que la reine les avait spécifiquement défendus de revenir avant plusieurs jours. Elle ne les avait pas menacés, mais Magalie savait que c’était du pareil au même. Alors elle mit ses pensées sur pause et avança en tête de file, Richard juste derrière elle.

« Halte là ! »

Devant eux, un membre de la Garde Royale était apparu. Il pointait son arme sur le lieutenant Pierce. Richard esquissa un mouvement : il voulait se mettre devant le lieutenant comme pour la protéger. Il s’arrêta aussi sec en se demandant pourquoi il avait voulu faire ça. N’importe quoi.

« Magalie Pierce, se présenta-t-elle en criant. Lieutenant de la police interstellaire, j’ai des questions à poser au roi et à la reine !

- C’est hors de question, rétorqua le garde qui s’avançait vers Maggie. Les Grassier sont en deuil, ils ne reçoivent pas de visite.

- Dîtes-leur que le lieutenant Pierce les attend et sait ce qu’ils ont fait, ils comprendront.

- Je ne peux pas faire ça, madame.

- Lieutenant, le corrigea Maggie. Maintenant, allez voir le roi et la reine et annoncez-moi. Sinon, je ferais en sorte que vous perdiez votre travail. »

La dernière réflexion de Pierce sembla faire mouche : aussitôt le garde tourna les talons et s’engagea dans l’allée qui menait au palais royal. Quelques minutes plus tard, alors que le vent et le sable fouettaient les jambes et le visage de Magalie qui se demandait si une tempête était véritablement en train de se lever, le garde revint vers elle. Il s’avança au plus près et murmura dans ses moustaches un imbroglio de paroles qui n’avait aucun sens aux oreilles de Magalie.

« Vous pouvez répéter plus clairement, en articulant par exemple ? »

La voix de Richard surprit le lieutenant tout comme le garde. Ah, le voilà qui se réveillait enfin.

« Je disais que les Grassier vous attendent dans le grand salon, répéta le garde. Veuillez me suivre. »

Magalie lança un regard à Richard et articula silencieusement un « merci ». Le lieutenant se mit en marche derrière le garde, suivie de près par l’architecte, le brigadier, les deux détenus et le pilote en queue de file. Le Palais Royal semblait moins impressionnant la deuxième fois. Nettement moins impressionnant. L’architecte se fit la réflexion que son œuvre était vraiment magnifique, il ne voulait pas admettre qu’il avait un minimum tort. Juste un peu.

Tous ensemble, ils traversèrent d’abord la galerie d’art. Magalie put constater que le couteau au manche d’ivoire dont le roi lui avait tant parlé n’était pas dans sa collection. S’il n’était ni là, ni au musée, où se trouvait-il ? La galerie d’art débouchait sur l’intérieur du Palais Royal : les locaux privés de la famille Grassier. Le lieutenant regarda tout autour d’elle : si l’extérieur n’était pas aussi beau que la première fois, l’intérieur était au contraire à en couper le souffle. Le sol en ébène du hall menait vers un immense escalier en marbre blanc aux veinures rosâtres. Magalie n’aurait jamais cru voir du véritable marbre une fois dans sa vie. C’était devenu tellement rare… Le garde fit signe au lieutenant de le suivre. Ils grimpèrent les fameux escaliers puis empruntèrent un couloir. Les murs étaient aussi sombres à l’étage que ceux du hall étaient clairs. Pas de doute, le bâtiment était bien à l’image des Grassier : seule la première impression comptait, les apparences dissimulaient énormément de choses.

« On est arrivés. Ils vous recevront d’ici quelques minutes. »

Ils venaient d’arriver au bout du couloir, devant deux immenses portes en bois dont les poignées étaient tout d’or faîtes. Le lieutenant remercia le garde qui s’échappa aussitôt. Manifestement, il n’avait pas envie de rester avec eux pour voir les Grassier. Au fond, Magalie n’avait pas non plus vraiment hâte de voir le roi et la reine.

« Ils vont nous faire poiroter combien de temps comme ça ?

- Arrêtez de parler comme ça Richard, ronchonna Maggie. »

Au même moment, Friedrich Grassier ouvrit la double-porte du grand salon.

« Bonsoir lieutenant Pierce et… vous tous, fit-il après avoir jeté un regard dédaigneux sur ceux qui l’accompagnaient. Entrez, entrez.

- Bonsoir majesté, salua Maggie. »

L’équipage de la brigade interstellaire – et ses deux prisonniers qui n’en étaient pas vraiment – pénétra au sein du grand salon. Cette pièce porte bien son nom, pensa Maggie. Et pour cause : le grand salon était immense. Séparé en deux côtés distincts, le salon était composé d’un endroit pour discuter et d’un endroit pour lire. La reine était assise dans son fauteuil. Habillée tout de rouge grenat, on ne la distinguait qu’à peine parmi les tentures foncées et les murs aux couleurs chaudes. Cela ne fit que renforcer l’angoisse de Magalie.

« Bonsoir, accueilli Opalina Grassier sans se lever de son fauteuil, une fois que tout le monde fut installé et son mari revenu à ses côtés dans son propre siège aux bras dorés à l’or fin. Que nous vaut cette visite ? demanda-t-elle sans préambule. »

Magalie avait l’impression d’être un petit lapin face à un gigantesque oiseau carnassier prêt à l’engloutir d’une seule traite. Elle se redressa, le dos droit, et prit une seconde pour formuler ce qu’elle allait dire.

Tout autour d’elle, sur les murs, des œuvres d’art se disputaient la place. La collection proposée dans la galerie d’art n’était donc qu’une infime partie des biens possédés par la famille royale. De l’autre côté, dans le dos de Magalie et de tous les visiteurs, du bois était en train de brûler dans une immense cheminée marbrée. De chaque côté de la cheminée, deux immenses bibliothèques s’élevaient jusqu’au plafond, abritant au bas mot deux ou trois cent livres chacune. 

« Vous savez parfaitement pourquoi nous sommes ici, finit par répondre le lieutenant.

- Pour nous ramener celui qui aurait dû être notre gendre accompagné de son père, je vois cela, fit Opalina en jetant un regard noir aux deux susnommés.

- Pas uniquement, votre majesté.

- Alors pourquoi êtes-vous venus ? »

Magalie se leva d’un bond et s’approcha du couple royal. Désormais debout face à eux, elle se sentait plus forte. Après tout, c’était elle qui avait toutes les cartes en main, non ?

« Vous allez continuer longtemps à me prendre pour une idiote ? demanda le lieutenant.

- Je ne vois pas de quoi vous parlez.

- Ne parlez pas ainsi à mon épouse, grinça le roi.

- Très bien. Je vais donc parler en des termes que vous comprendrez certainement mieux. Madame Grassier, vo…

- Votre Majesté, s’il vous plait.

- Bien, soupira Magalie. Votre Majesté, pouvez-vous me dire pourquoi vous avez envoyé ces deux hommes assis là-bas voler mon vaisseau et brûler mes indices ? Et vous, votre Majesté, enchaîna Magalie en se tournant vers Friedrich, pouvez-vous m’expliquer pourquoi vous m’avez menti à propos du couteau au manche d’ivoire ? »

Les deux membres du couple royal se jetèrent un regard, anxieux. La reine fut la première à parler. Magalie sentit le nœud dans sa gorge et celui dans son estomac se dénouer. Elle allait enfin avoir des réponses. Avec un peu de chance, elle aurait une véritable idée de l’endroit où pouvait se trouver Sindy. Après tout, s’ils avaient menti l’un comme l’autre, c’était parce qu’ils avaient quelque chose à cacher, non ? Et si cette chose n’était autre que leur fille ? Et si Sindy était ici ? Dans le palais ? Magalie sentit son cœur battre à tout rompre. Il ne fallait pas crier victoire trop vite.

« Parce que vous ne vouliez pas enquêter sur le meurtre de ma fille, répondit Opalina Grassier, les yeux embués par les larmes qui lui venaient.

- Mais, votre Majesté, avec tout le respect que je vous dois, je vous ai dit que nous ne pouvons pas avoir la certitude que Sindy soit morte.

- Elle l’est, insista la reine.

- Et c’est à cause de ça que vous avez décidé de mettre un frein dans mon enquête ? Tout ça parce que j’enquêtais d’abord sur une disparition plutôt qu’un meurtre ? »

La reine ne répondit pas avec des mots mais avec un simple geste de la tête, de haut en bas. Oui. Magalie soupira. Bon, ce n’était pas plus grave que ça. Après tout, elle n’avait pas beaucoup avancé dans ses recherches quand le vaisseau et les preuves avaient été dérobés.

« Et vous, votre Majesté ? questionna-t-elle en se tournant vers le roi. Pourquoi m’avoir menti ?

- Mais pour une raison très simple lieutenant.

- Laquelle ?

- Je ne peux pas vous la dire. »

Le roi baissa les yeux. Derrière elle, Magalie entendit Richard ricaner. Elle se tourna vers lui.

« Tenez-vous un peu tranquille, monsieur MacHolland.

- J’aimerai bien, chère lieutenant.

- Alors faîtes-le.

- Mais comprenez-moi, ce n’est pas possible de rester là sans rire. Vous n’avez donc pas compris ?

- Compris quoi ?

- Eh bien, chère lieutenant, le roi et la reine ne peuvent pas vous donner la raison de l’absence du couteau.

- Pour quelle raison ? demanda Magalie qui commençait à avoir mal au front à force de froncer les sourcils. Elle ne comprenait rien à ce qui se passait.

- Mon très cher lieutenant, le roi ne peut pas vous dire où se trouve son couteau, puisqu’il l’ignore lui-même. »

Magalie se tourna aussitôt vers le roi dont le visage blêmissait à vue d’œil. Elle lui demanda :

« C’est vrai ? »

Le roi hocha la tête. Une fois. Deux fois. Puis il déclara.

« Absolument vrai. »

Magalie soupira et s’assit sur le bord de la table basse juste derrière elle. Elle mit la tête entre les mains. Elle qui avait cru faire un énorme bond en avant dans son affaire, elle se retrouvait au point mort.  

 

Bonjour la fausse piste.

 

 

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haroldthelord
Posté le 02/01/2021
Bonjour, les deux derniers chapitres que j’ai lu était bien mais tout ça pour aboutir à une fausse piste et je trouve étrange le manque de respect du lieutenant envers les souverains d’une planète alors qu’elle semble être respectueuse envers son père.
A plus.
Melau
Posté le 03/01/2021
Hey ! Merci pour ton commentaire, je relirai pour adoucir donc « l’irrespect » que tu sembles souligner.
Merci !
Le Saltimbanque
Posté le 12/11/2020
Wouaw, il s'en est passé des choses... on peut grosso modo diviser ce chapitre en trois parties.

I/ Magalie vs Richard

Là, j'étais hypé par ce que je pensais enfin avoir des réponses à LA question : pourquoi Magalie garde-t-elle Richard ? Et au final... je suis encore plus paumé qu'avant, c'est hyper frustrant.
"Je crois que vous le savez très bien" dit Magalie à Richard qui est tout autant confus. Parce qu'elle est attirée par lui ? Je ne vois pas d'autres solutions, vu qu'elle vire dans l'harcèlement sexuel avec cette fessée (on aurait dit un autre personnage : jamais Magalie ne s'était comportée de façon aussi malsaine avec Richard).
Donc très déçu pour ma part. On aurait dit que tu as cherché à éviter la question de la présence de Richard.

II/ Discussion avec le Pôpa

Cette scène aurait pu être marquante... si elle ne m'avait pas paru aussi surgit de nulle part. La relation entre Magalie et son père n'est mentionné que dans le chap 3 (il y a très longtemps donc : j'avais complètement oublié) et avait été abordé sous un ton très comique, qui tranche vraiment avec le sérieux de cet échange !
La scène ne fonctionne pas pour moi : elle parait complètement coupée du reste de l'histoire. Un élément très sérieux de la backstory de Magalie arrive comme une fleur, puis disparait aussitôt pour le reste du chapitre.
Et aussi quelques détails qui fâchent : alors qu'elle devrait préparer l'interrogatoire très important contre les Grassier, voilà que Magalie choisit de régler ses problèmes familiaux... Aussi, la présence de Greg juste à-côté donne un côté très comique, qui nuit vraiment à l'émotion de cette conversation téléphonique.
Dommage, j'ai plutôt bien aimé le personnage du père, son côté impitoyable/robotique qui m'a fait penser à Raymond Holt, et les remontrances légitimes qu'il donne à sa fille (qui en a bien besoin).

III/ L'explication des Grassiers

Le retour de mes chouchous ! Déjà ça commence bien. J'ai beaucoup aimé la description du trajet des policiers pour les rejoindre. Les décors sont vivants, l'ambiance se pose, la tension monte, c'est très bien fait. Bon, je ne comprends pas la présence de Richard (qui a toujours prouvé être nul en diplomatie) et de Gregoire (un pilote silencieux) pour mener un interrogatoire, mais passons.

L'interrogatoire... m'a retourné le cerveau. Pour moi, les Grassier n'ont fait que mentir. Il n'y a pas d'autre explication possible, tant il y a une anguille de la taille d'un building sous roche avec tout ce qu'ils ont dit.

Déjà : pourquoi avoir saccagé l'enquête des policiers parce qu'ils pensent que la victime n'est pas morte mais seulement disparue ? Non seulement les policiers sont dans le vrai, puisqu'il n'y a aucune preuve de décès, mais en plus ça n'a pas de sens de détruire les preuves et voler leur vaisseau ! Peu importe ce qu'ils pensent, les policiers vont toujours se mettre à la recherche de Sindy, retourner ciel et terre pour la retrouver, morte ou pas ! Pourquoi les Grassiers ont commis un crime si grave pour une telle raison ? Les policiers vont retrouver Sindy, et ainsi avoir le fin mot de l'histoire !
Et pourquoi avoir choisi Kay et son père pour un tel plan ? Sont-ils des voleurs de voitures professionnels ? Ça n'a jamais été mentionné (et vu comment ils se sont fait capturés comme des blaireaux...) : c'est juste une grosse prise de risque de la part des Grassier, qui paraissaient pourtant intelligents et redoutables jusque-là.
Et du coup le plus rageant (ou le plus drôle) c'est la crédulité de Magalie, qui boit tous leurs mensonges sans aucun problème. Je cite : "Magalie soupira. Bon, ce n’était pas plus grave que ça." QUOI ??? Magalie, tu arrêtes tout de suite ce cirque, et tu arrêtes les Grassier fissa pour obstruction à l'enquête et destruction de preuves ! Ou alors tu les interroges plus durement, pose plus de questions, je ne sais pas... Mais ne te laisse pas faire ainsi, ce qu'ils disent n'a clairement aucun sens ! Il n'y a des limites à l'incompétence, Magalie !

Je n'ai pas compris toute l'importance de ce couteau d'ivoire. Parce que Sindy l'a pris pour une raison ou une autre ? Parce que ça pourrait être l'arme de crime ? Je peux imaginer un milliard d'armes plus efficaces qu'un couteau dans un musée, surtout dans un monde de sf... Et le lien entre une disparition sur TERRE et un couteau d'ivoire dans un musée MARTIEN me paraît très nébuleux, pour ne pas dire forcé.
Et pourquoi les Grassiers veulent-ils autant cacher sa disparition ? Par fierté ? Ce couteau a-t-il une plus grand importance ? Parce qu'il est lié à des magouilles et les Grassier ne veulent pas que les policiers creusent dans cette direction ? Admettons, mais pourquoi les Grassier donnent une excuse aussi bidon que celle du musée sur Jupiter ? La police peut vérifier en deux secondes que ce n'est pas le cas ! Est-ce un piège ? Une diversion ? Les Grassier sont-ils en réalité des idiots finis ?

Et tout ça pour revenir au point de départ : aucune avancée, aucune réponse, le point mort. C'est dommage.
Les problèmes selon moi sont que les personnages sont inconsistants, leur relation peu claires, et parfois leur utilité toute relative (rip Léopold...). Tu multiplies les questions là où il faudrait commencer par donner quelques réponses. On est au chapitre 10 : il serait temps de faire avancer l'enquête, au moins un petit peu. Ou alors clarifier les relations entre les personnages et proposer des évolutions intéressantes.

Tu as déjà prouvé auparavant que tu étais parfaitement capable de proposer des personnages forts, des passages marquants, un monde intéressant. Il y a encore un immense potentiel. Continue d'écrire malgré toutes mes critiques, parce que moi je vais continuer de te lire.
Melau
Posté le 16/11/2020
Coucou !

Encore une fois, merci d'avoir pris tant de temps pour me faire ce commentaire. Et une nouvelle fois : je suis désolée si tu es déçu par l'histoire elle-même.

Je suis bien consciente des défauts que comporte mon texte, et tu en surlignes d'autres tout à fait légitimes.

Bien entendu, je continue d'écrire. je ne laisserai pas cette histoire sans fin ni réponses. C'est bien le but des prochains chapitres, d'ailleurs. Il faut juste que j'en trouve le temps... Et c'est autre chose.

Encore merci, et je suis contente que tu continues de me lire malgré tous les défauts du texte.
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