Chapitre 10

Par tiyphe

Étonnée, Alexie avait découvert une boîte devant sa penderie. C’était une belle robe de soirée bleue nuit. Elle était longue jusqu’au sol, sans manche et un large collier de perles retenait un col bustier. Le tissu était léger et brodé de dentelles sur la poitrine. Le dos, très échancré, formait un ovale qui descendait jusqu’au milieu de la colonne.

Alexie revêtit l’habit, enfila ses escarpins et, après s’être un peu maquillée et coiffée, descendit les escaliers qui menaient dans le salon. Les jumeaux l’attendaient, assis dans le canapé ils discutaient joyeusement. Ils s’étaient tous les deux changés. Très élégants, ils portaient un smoking. L’un était noir, l’autre blanc. 

Ces derniers s’aperçurent de la présence d’Alexie alors qu’elle descendait la dernière marche. Ils se levèrent en même temps et, le regard surpris, s’avancèrent vers elle.

_ Euh… Est-ce que vous pouvez fermer la bouche s’il vous plaît, je suis gênée là.

Les jumeaux s’exécutèrent. Celui habillé en noir fit un pas de plus pour lui prendre la main.

_ Alexie, tu es…

_… Magnifique.

Le deuxième avait finit la phrase du premier sans que ni l’un ni l’autre ne s’en rende compte. La jeune fille, qui commençait à rougir se détacha doucement du premier.

_ Vous êtes plutôt élégants aussi. Tyméo en blanc et Mathéo en noir, le Yin et le Yang.

_ Raté, c’est l’inverse.

Tyméo, qui était donc dans le costume sombre, lui sourit et lui proposa son bras. Mathéo se posta de l’autre côté pour faire de même. D’une même voix les jumeaux annoncèrent :

_ Si mademoiselle veut bien nous donner la peine.

Alexie leva les yeux au ciel avant de prendre le bras des garçons. Les trois jeunes gens descendirent dans la rue. Une limousine était garée devant le bâtiment. Un homme attendait devant la portière. Lorsqu’ils arrivèrent, il l’ouvrit et leur pria gentiment de s’installer.

Après quelques secondes de silence qui suivirent le départ de la limousine, Alexie arqua un sourcil et se tourna vers les jeunes hommes.

_ C’est quoi ce plan ? D’abord la robe, maintenant la limousine. Où m’emmenez-vous ? Dans un château ?

Les jumeaux sourirent. Mathéo, aussi mystérieux qu’à son habitude, répondit par une autre question.

_ Elle te plaît la robe ?

La jeune fille, décontenancée, ouvrit la bouche puis la ferma sans émettre de son. 

_ Euh… Oui, oui, elle est très jolie.

Mathéo lui envoya un nouveau sourire sans ajouter un mot. Tyméo était dans ses pensées et regardait par la fenêtre. Alexie les trouva étrangement silencieux.

Après environ une heure de route, la limousine s’arrêta devant un grand bâtiment blanc, recouvert de baies vitrées. L’ironie voulut que l’endroit s’appelle Château Quermine alors que la jeune fille avait demandé plus tôt si les garçons l’emmenaient dans un château. Le nom intrigua Alexie. Le conducteur lança quelques mots à Tyméo pour lui dire qu’il les attendrait avant de les laisser sortir et partir se garer sur le parking.

L’entrée était immense et très éclairée. Le plafond était haut, donnant cette impression d’être minuscule. Les murs, soit dorés soit lumineux avec ses nombreuses fenêtres, semblaient précieux. Alexie ne savait plus où poser les yeux. Des escaliers de verres montaient aux étages, de grands tableaux contemporains ornaient la pièce et les personnes qui s’y trouvaient étaient riches et élégamment vêtus. 

Les jumeaux invitèrent la Française à les suivre. Ils se retrouvèrent dans un grand patio où quelques personnes bavardaient tranquillement autour d’un verre de champagne. Des arbres surplombaient une allée menant à une piste de danse et, sur les côtés, se trouvaient des tables joliment préparées. 

Un homme les arrêta pour leur demander leurs invitations. Mathéo sortit un papier de sa poche. L’homme le parcourut rapidement et, avec un signe de tête, les autorisa à s’engager dans l’allée.

Alexie était redevenue l’adolescente de dix-sept ans toute timide qui n’osait prononcer un mot. Les garçons s’en aperçurent et l’invitèrent à se mêler aux invités en la présentant à plusieurs personnalités connues dont elle n’avait jamais entendues parler.

Alors que ses amis discutaient avec une vieille femme un peu sourde, Alexie repéra quelqu’un qu’elle connaissait. L’homme la reconnut et, s’excusant auprès de ses interlocuteurs, s’avança vers elle.

_ Alexie. Comment vas-tu ?

_ Monsieur Kermin, je veux dire Carl. Que faites-vous ici ?

_ Et bien, le Château Quermine est ma propriété. Quermine est le nom français de mes ancêtres. Mais je pourrais te retourner la question.

L’homme affichait un grand sourire, bienveillant.

_ Alexie, qui est cet homme ?

Les jumeaux avaient réussi à se délivrer de la vieille femme pour rejoindre leur amie.

_ Mathéo, Tyméo, je vous présente Carl Kermin. Il est mon professeur tuteur, c’est un ancien stewart et apparemment le maître de ces lieux.

Les yeux d’Alexie brillaient de fierté envers cet homme qui était un modèle pour elle. Les jumeaux ne se détendirent pas pour autant mais la jeune fille ne remarqua pas leur comportement étrange. Elle discuta un moment avec son mentor jusqu’à ce que celui-ci s’excuse pour aller accueillir ses invités. Alexie se tourna vers les garçons.

_ Vous ne m’avez toujours pas dit ce que nous faisons ici.

_ Allons nous asseoir à une table.

Comme à son habitude, Mathéo rejetait les questions de la jeune fille. Ils s’installèrent autour d’une table ronde dressée pour trois personnes. Les invités commençaient à se poser eux aussi. Alexie ne pu insister auprès des jeunes hommes car l’hôte se leva de sa chaise et tapota doucement son verre avec un couteau.

_ Ladies and Gentleman, I am Carl Kermin and I am honored by your presence tonight.

Il continua son discours sur des remerciements et l’espoir que la soirée se passerait pour le mieux pour tout le monde. Les plats arrivèrent assez rapidement. Alexie ne se sentait pas d’humeur à manger. Elle venait de se rappeler la lettre de menace et le fait que les garçons ne répondaient pas à ses questions l’irritait. Tyméo remarqua le regard perdu de la jeune fille et intervint.

_ Qu’est-ce qui ne va pas, princesse ?

L’intéressée sortit de sa rêverie et tenta un sourire maladroit.

_ Tout va bien, je n’ai juste pas l’habitude de ce genre de réception.

Elle se retint d’ajouter que ne pas savoir pourquoi elle était là l’inquiétait tout autant. Tyméo appela un serveur qui passait à côté de lui avec une bouteille de vin rouge. Il lui indiqua les trois verres.

_ Bois une gorgée de ce superbe vin qui vient de chez toi. Ça ira mieux après ça.

Mathéo, silencieux jusque là, soupira.

_ Tim, on ne résout pas tout avec de l’alcool.

_ Ah non, tu ne vas pas tirer la tête toi aussi. On est venus pour s’amuser. Souriez la vie est belle.

Il finit sa phrase en buvant cul sec son verre de vin. Pendant qu’il appelait de nouveau le serveur en lui demandant de lui laisser la bouteille, Mathéo afficha un air désabusé. Son téléphone, posé sur la table, se mit alors à vibrer. Le jeune homme l’attrapa et l’éteignit rapidement.

_ Un problème ?

Alexie avait remarqué la grimace qu’avait fait Mathéo en voyant le destinateur. 

_ Non non, ce n’est pas important, ça peut attendre.

Le repas continua sur une note tendue. Tyméo buvait, Mathéo raccrochait son téléphone toutes les cinq minutes et Alexie observait ces deux jeunes hommes qui ne semblaient pas à l’aise et qui ne ressemblaient en rien aux deux garçons toujours le sourire aux lèvres auxquels elle s’était habituée.

Le téléphone de Mathéo sonna pour la nième fois. Irritée, Alexie prit le portable avant que son propriétaire n’ait le temps de le faire. Elle s’apprêtait à répondre à sa place pour dire à la personne au bout du fil que Mathéo ne voulait pas lui parler mais ce dernier se leva violemment, prit le téléphone et se dirigea vers l’allée pour répondre lui-même. 

Alexie allait se lever pour le suivre mais Tyméo posa sa main sur son bras.

_ Laisse, ce n’est rien. Il est parti énervé mais il reviendra avec le sourire. Ce doit être son exe qui le harcèle encore.

_ Son exe le harcèle ?

La jeune fille se reprit, elle se moquait bien de savoir cela. Alors que Tyméo était parti dans des explications plus que compliquées sur l’ancienne relation de son frère, Alexie regarda dans la direction de Mathéo. Il était de dos, caché par un arbre. Elle ne voyait pas son visage, donc ce qu’il se passait.

_ Tim ?

Surpris, le jeune homme s’arrêta de parler.

_ Tu ne m’as jamais appelé comme ça, princesse.

_ Qu’est ce que tu es censé livrer pour cent mille dollars ?

Tyméo faillit s’étouffer avec une gorgée de vin. Surpris, il leva les yeux vers la jeune fille devenue sérieuse.

_ Quoi ? De quoi tu parles ?

Il chercha son frère des yeux mais celui-ci était toujours au téléphone.

_ Ne fais pas l’idiot, j’ai vu la lettre Tyméo.

Après une hésitation, elle enchaîna.

_ La porte était entrouverte, j’étais curieuse de voir où vous travaillez, je suis entrée dans le bureau et j’ai vu la lettre.

Le garçon resta silencieux.

_ Qu’est ce que tu es censé livrer pour cent mille dollars ?

_ Je ne peux pas t’en parler, OK ? J’ai des problèmes d’argent, c’est tout.

A ce moment-là, Mathéo revenait, le regard sombre.

_ On rentre.

***

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Makara
Posté le 29/08/2019
Re-coucou:)
Encore une fois, le chapitre se lit très bien ! Après, je n'ai pas compris pourquoi les jumeaux allaient à cette soirée ? Comment ont-ils été invités ?
« Ces derniers s’aperçurent de la présence d’Alexie alors qu’elle descendait la dernière marche. Ils se levèrent en même temps et, le regard surpris, s’avancèrent vers elle. »=> J'ai pas vraiment l'impression que c'est de la surprise, plus qu'ils sont impressionnés ou bluffés par sa tenue :-)
Le deuxième avait finit (pas de t)
Alexie ne pu(t) insister auprès des jeunes hommes car l’hôte se leva de sa chaise
Qu’est-ce qui ne va pas, princesse => Bon alors là, je vais faire un peu ma féministe reloue mais les jumeaux surnomme toujours Alexie « princesse ». Perso je trouve ça assez cliché. Elle pourrait les reprendre, une femme n'est pas une princesse !

Ce doit être son exe (je n'avais jamais vu cette orthographe avec un e!) qui le harcèle encore.
Les yeux d’Alexie brillaient de fierté envers cet homme qui était un modèle pour elle => Est-ce que ce n'est pas un peu fort ? Elle ne connaît pas trop encore, non ?
Elle venait de se rappeler la lettre de menace et le fait que les garçons ne répondaient pas à ses questions l’irritait.  => Je trouve la phrase très maladroite, essaie de la reformuler ! Surtout qu'elle est importante !

A ce moment-là, Mathéo revenait (revint, je trouve que c'est mieux de mettre au passé simple), le regard sombre.
En tout cas les jumeaux ont l'air d'être dans de beaux draps !
tiyphe
Posté le 29/08/2019
Bon c'est quelque chose que je pourrai ajouter la façon dont ils sont invités, ils ont des connaissances là bas, mais bon ce n'est pas du tout explicite j'avoue xD
Je note pour les fautes, merci !

Alors oui, faut que je l'enlève ici le princesse, à une époque j'aimais bien ce surnom et maintenant j'avoue que ça fait cucul et la féministe en moi n'aime plus, donc il faudra que je change ça.
En plus ça y est dans l'Entre-Deux également, même si ça part plus du rôle de princesse dans un premier temps et après ça devient ironique. Mais bon c'est un des trucs qui me posent un peu problème sans trop savoir comment ou si je dois le résoudre ahah

Alors il s'est passé quelques semaines je crois depuis la rentrée. Après ça peut être plus de l'admiration que de la fierté je le conçois ^^
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