Chapitre 1 | Une nouvelle maison...

Par Choqus

J'ouvris difficilement les yeux. Une lumière éblouissante s'abat aussitôt sur moi. Une douleur vive au crâne me prit aussitôt. Je me redressai en prenant ma tête entre mes mains.

"- Aie..."

Je clignai des yeux plusieurs fois, tentant de m'habituer à cette trop forte lumière.

Je parcourus toute la pièce du regard. Il n'y avait aucun meuble. Tout était blanc, et vide, et...petit. 

La pièce était très petite. Je me sentais comme... oppressée. J'avais du mal à respirer. Mon dieu... Qu'est-ce que je faisais ici ?

Je pris appui contre le mur à ma droite pour me relever et m'approchai prudemment de la porte blanche en face de moi. J'y collai mon oreille, et fermai les yeux.

Rien.

Tout était... silencieux. Ou alors... la pièce était suffisamment insonorisée pour que je ne puisse rien entendre...

Je m'écartai lentement. 

Qu'est-ce que je fais ici ?

Qu'est-ce qu'ils me veulent ?

"- Hey ! Criai-je. Est-ce qu'il y a quelqu'un ?"

Toujours rien.

Je me laissai tomber par terre et mis ma tête dans mes bras. De chaudes larmes perlaient sur mon visage.

Où sont mes parents ? Est-ce qu'ils vont bien ? 

Soudain, un bruit. Je relevai la tête. La porte était ouverte. Un homme se tenait devant moi... Mon souffle se coupa. Il était grand, très grand. Il semblait avoir la trentaine, pas moins. Il portait un jean délavé, un t-shirt blanc et une veste en cuir noire. Ses yeux étaient sombres, tout autant que ses cheveux. Il inspirait... la peur.

"- C'est donc...ça. Murmura-t-il."

Il s'avança lentement vers moi. Je me relevai et reculai jusqu'au mur derrière moi.

"- Pauvre chose innocente. Il fit une pause. N'aies pas peur. Je ne vais pas te faire de mal."

Il tendit sa main. Une grande main, à l'apparence forte mais presque réconfortante, hors contexte.

"- Où sont mes parents ? Demandai-je, hésitante."

L'homme lâcha un ricanement.

"- Tu sais parler alors.

- Est-ce qu'ils vont bien ?"

Son air amusé disparut très vite afin de laisser place à celui de l'agacement.

"- Arrête de poser des questions et viens."

Il baissa le bras et fit demi-tour. J'hésitai quelques secondes avant de le suivre avec méfiance. 

Nous traversâmes un long couloir. Les murs et le sol étaient en bois foncé. Il y avait des portes tout le long. Toutes portaient un numéro. L'homme devant moi se retournait de temps en temps pour me regarder, quelques secondes, et continuait son chemin. Je sentais à chaque fois son lourd regard sur moi pendant que j'avançais silencieusement, les yeux rivés sur le sol. C'est seulement lorsque nous arrivâmes au bout du couloir qu'il m'adressa à nouveau la parole.

"- Tu as des questions ?"

Il sortit des clefs de sa poche.

"-Je...

- J'ai pas tout mon temps."

Je baissai les yeux.

"- Où sont mes parents ? Qu'est-ce que je fais ici ?"

Il soupira. J'étais complètement perdue.

"- Tu le découvriras par toi-même.

- Mais... Pourquoi vous ne répondez pas ?"

Il se baissa et approcha son visage du mien. Son regard méprisant me glaça le sang.

"- Ne me parle plus jamais comme ça. Si je te permets de me poser des questions, je te réponds simplement avec ce que tu as à savoir. Si la réponse ne te plaît pas, je m'en moque. Il fit une pause. C'est compris ?"

Je hochai la tête. Il se redressa et plaça la clef dans la serrure en souriant.

"- Bien."

Et la porte s'ouvrit.

• • •

Un salon. Comme dans une vraie maison. Avec un grand canapé. Une grand bibliothèque, une table de billard et un jeu d'échecs sur une commode. Dans le fond de la pièce, pas loin de la table de billard, se trouvait une autre porte. Aucune décoration.

Et également... il y avait... pleins de gens. Des garçons. D'âges différents. Il y en avait au moins 15... non... il y en avait 11. 11 garçons. Aucune fille.

" - Qu'est-ce que c'est ? S'adressa un d'eux en me fixant étrangement du regard."

Je frissonnai. Le dégoût dans sa voix était... indescriptible.

" - Votre nouvelle camarade. Une fille. Répondit l'homme."

Les autres garçons qui venaient de remarquer notre présence parurent choqués.

" - Une...fille ? Elle n'a pas le droit d'être ici ! S'exclama le garçon."

Il était brun avec de beaux yeux verts, mais avec un regard qui aurait pu avoir le pouvoir de tuer chaque personne qui aurait la mégarde de le regarder.

" - Depuis quand tu te donnes le droit de décider des règles ici, gamin ? Tu as peut-être besoin d'une correction pour te souvenir de celui qui commande ici ?"

Le garçon ouvrit d'abord la bouche, comme pour rétorquer quelque chose. Il me regarda à nouveau, puis baissa la tête, vaincu.

" - ...Non, monsieur.

- Bien. "

L'homme me regarda. Il me prit par le bras pour me ramener devant lui.

" - Je vous présente... Ana. Elle restera ici à présent, comme vous. Je compte sur vous pour lui inculquer les règles que vous connaissez déjà tous. Il s'arrêta et posa son regard sur le garçon. Bien que certains semblent les avoir oubliées."

Je regardai autour de moi. Tous les regards étaient braqués sur moi. Mes mains étaient moites. Je ne supportais pas d'être regardée ainsi...

" - Comment... comment est-ce que c'est possible ? Je pensais que... qu'il n'y avait que des garçons qui pouvaient être... suffisamment forts pour être ici... S'exprima doucement un autre, quelque peu hésitant."

Celui-ci était plus petit que les autres. Il paraissait... différent. Timide. Réservé. Et... gentil.

" - Je ne vous dois aucune explication. Elle est ici, un point c'est tout.

- Et Nathan revient quand ?"

C'était à nouveau le garçon aux yeux verts qui avait pris la parole. Un pesant silence s'installa. L'homme fini par prendre la parole, sèchement.

" - Il n'a pas obéit aux ordres. Vous connaissez la punition. Il reviendra dans quelques jours, le temps de se rétablir."

Mon cœur rata un battement. Une... punition ? "Le temps de se rétablir" ? Oh non...

" - Je n'ai plus le temps de discuter. Je vous laisse. Je vais montrer à Ana sa chambre. Jake, tu n'as pas intérêt à faire une connerie. Sinon tu rejoindras ton ami pour passer un sale quart d'heure. C'est compris ?"

Il me regarda une nouvelle fois. Un regard amer. 

" - Oui, monsieur."

L'homme tourna les talons. Je continuais de regarder le garçon qui me fixait méchamment. Un long frisson me parcourut l'échine lorsque je lui tournai le dos à mon tour, sentant son regard pesant sur moi. Je me dépêchai de rejoindre l'homme dans le couloir.

"Jake..."

• • •

 " - C'est ici que tu dormiras à présent."

Dans la pièce sombre qui se trouvait devant moi, il y avait un vieux lit qui semblait très inconfortable, placé dans le coin droit de la pièce. Aucune fenêtre. Une table de chevet, avec une lampe. Rien d'autre. Il n'y aurait pas eu la place de toute manière tant la "chambre" était petite. 

Je restais silencieuse, ne sachant pas quoi dire. Est-ce que j'allais vraiment vivre ici...? Et dans cette pièce ?

Les larmes me montèrent aux yeux.

" - Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? Pourquoi m'obligez-vous à rester ici ? Je veux revoir mes parents..."

L'homme me fixait, surpris. Je me laissai tomber à genoux sur le sol. Je m'effondrai en larmes devant lui, vulgairement.

" - Je vous en prie, laissez-moi partir, je m'excuse pour tout... Pitié..."

Il ne répondait pas. Mes pleurs résonnaient dans le couloir. Au bout de quelques instants, l'homme se racla la gorge.

" - Tu es bien une fille, hein..."

Je relevai la tête, les yeux brûlés par mes larmes. Il soupira, et me tendit la main.

" - Relève-toi. Ça ne sert à rien de pleurer ici. Ça ne changera rien à ce qui t'attend.

- Je...

- Rentre dans la chambre. Il est tard. Les autres aussi vont devoir se coucher."

Je lui attrapai la main, hésitante. Il m'aida rapidement à me relever.

" - Je fermerai à clefs les premières nuits.

- Merci... Chuchotai-je, les yeux baissés.

- Je ne le fais pas pour toi. Simplement par mesures de sécurité."

Je hochai la tête.

" - Bien, maintenant je dois m'en aller. Demain matin, je viendrai t'ouvrir pour que tu viennes déjeuner.

- D'accord..."

Je rentrai lentement dans ma nouvelle chambre, et allai m'asseoir sur mon lit. Dur et inconfortable. Son apparence ne trompait pas.

" - Au revoir. Lâcha-t-il, sèchement avant de fermer la porte derrière lui."

Un bruit de clefs, puis des pas. Il était parti. Et j'étais seule. Seule dans cette pièce. Seule, dans le noir. Tout était si silencieux que j'entendais mon cœur battre. J'étais en vie. C'était une des seules choses qui pouvaient me le prouver. Parce que j'avais tout sauf l'impression de vivre. C'était comme si le temps s'était arrêté. Je ne savais pas ce que je faisais ici, ni combien de temps j'allais rester. La réalité semblait si dure à supporter... Si sombre, si noire... Où étaient mes parents ? Quand viendront-ils me chercher ? Quand aurai-je les réponses à mes questions ? Pourquoi est-ce qu'on me gardait captive ici ? Pourquoi il n'y avait que des garçons ? Pourquoi... il me regardait comme ça ? Ce... Jake. Le garçon aux yeux verts. 

Si j'avais eu Doudou près de moi, je l'aurais serré tellement fort dans mes bras...

Je me remis à pleurer. Pitié, que ça se termine vite... Faites que ça soit un cauchemar, que je puisse retourner chez moi... Pitié...

" - Aidez-moi..."

Si quelqu'un pouvait m'entendre et venir me sauver... Comme dans les histoires que me lisait ma maman... Si quelqu'un aussi fort que mon papa pouvait venir...

Papa...

Maman...

Quelqu'un...

Je m'effondrai en larmes dans mon lit. Au bout d'un moment, le sommeil s'empara de moi. Je finis par m'écrouler, sentant mes yeux se fermer lentement. Et je rêvais. Je rêvais d'avant. Je rêvais de mon papa qui me portait sur ses épaules, et de ma maman qui nous courait après pour qu'il me repose. Je rêvais de la fois où j'avais aidé maman à faire des cookies. Je me rêvais aussi de la fois où avec papa on avait mangé toute la pâte et que maman s'était énervée. Je rêvais de nous... De notre famille... De ces moments qui à présents n'étaient plus que des souvenirs, douloureux...

Je rêvais de cet après-midi où ils m'ont dit qu'ils reviendraient dans "quelques heures"...

Je rêvais de Doudou qui savait me réconforter lorsque ça n'allait pas. Lorsque maman était fâchée contre moi parce que j'avais fait une bêtise. Lorsque j'avais peur du noir, au moment de dormir...

Doudou...

• • •

Je me réveillai en sursaut. Un bruit de clefs. Quelqu'un était en train d'ouvrir la porte. Je fermai les yeux et me mis sous ma couverture. Des bruits de pas. Il était là. Il s'approchait de moi. Je me retins d'éclater en sanglots. Pitié, pas encore... Je vous en prie laissez-moi...

" - Je sais que tu ne dors pas."

La voix était toute proche de mon oreille. Je ne la connaissais pas. C'était celle d'un homme. Différent de celui qui m'accompagnait hier. Celle-ci... elle me tétanisait.

" - Anie chérie, je vais bien m'occuper de toi, comme je l'avais promis. Ne t'en fais pas."

Un frisson. Sa voix et sa présence... elles me glaçaient le sang...

" - Tu es bien trop précieuse à mes yeux, Anie."

Pitié, allez-vous en... Arrêtez de m'appeler comme ça...

" - On se reverra demain, Anie."

Et puis il s'en alla. Il referma la porte à clefs, me laissant de nouveau seule.

 

Je ne pus refermer les yeux de la nuit.

 

 

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Ella Palace
Posté le 12/06/2021
Très intriguant! Tu sais créer le suspense. On ressent son angoisse. Je n'ai pu m'empêcher d'avoir les images du lieu où vivait le vengeur dans V pour Vendetta.
Qui sont ces deux hommes, surtout celui qui l'appelle Anie... et pourquoi est- elle la seule fille? Où sommes-nous?
Ella
Vous lisez