Chapitre 1 - Une lettre

Par Keina
Notes de l’auteur : Voici le premier chapitre, qui est assez long, mais qui pose les bases de l'histoire, en pleine Belle Époque. J'espère qu'il vous plaira.

« Ouvre les yeux. »

Jade, Earth Redemption

 

 

— Nana ! Nana ! Regarde le dessin que je t’ai fait !

Martha n’avait pas sept ans, et ressemblait à un gnome perdu dans un amas de jupons trop amples pour elle. Rousse de la tête aux pieds, elle tenait son dessin à bout de bras, comme si elle redoutait qu’il ne s’enflamme. Keina posa sa tasse de thé sur la table et réceptionna le cadeau en riant.

— Voyons voir, qu’est-ce que nous avons là ? Mon Dieu ! Qu’y a-t-il au premier plan ? Un éléphant ?

Une moue contrariée se matérialisa sur le visage de la petite fille, qui renifla.

— C’est pas un éléphant, c’est toi !

— Oh… mais c’est fort ressemblant, ma chérie !

— Martha, cesse donc d’importuner mademoiselle Nana ! Nous déjeunons, retentit soudain une voix dont les modulations ressemblaient aux hululements d’une chouette.

— Bien, Mom, murmura l’enfant, yeux baissés.

D’un signe de tête, Keina encouragea Martha à retrouver sa nourrice dans le salon voisin.

— Ne soyez pas trop dure avec cette enfant, Georgianna, déclara-t-elle une fois celle-ci hors de la salle à manger. Elle est vraiment très imaginative. C’est si rare de nos jours ! Notre société est tellement terre-à-terre !

Georgianna haussa un sourcil, ce qui lui octroya avec plus de force l’air d’un hibou contrarié. Elle se tourna vers son mari, absorbé par la dégustation de son Earl Grey et les nouvelles du Times.

— Edward ! Avez-vous entendu les idées qu’inculque mademoiselle Nana à nos enfants ? Ah !  Elle est belle, l’éducation ! Qu’on la laisse de surcroît déjeuner avec nous, alors qu’elle n’est qu’une domestique

Elle acheva sa phrase sur une moue de mépris. Edward, dont le nombre de taches de rousseur rivalisait avec celles de sa fille, se contenta d’un signe de tête et trempa sa flamboyante moustache dans le thé. Il connaissait trop bien le mauvais caractère de sa femme pour y prêter encore attention. Sous la table, les poings de Keina se crispèrent, mais la voix d’Amy Richardson calma un instant sa colère.

— Georgianna !

La mère d’Edward personnifiait l’autorité suprême dans la maisonnée. Sa bru clappa du bec, stupéfaite.

— Je vous interdis de parler de notre chère Nana sans se soucier de sa présence ! Keina n’est pas une domestique, elle fait partie de notre famille. Je vous prie de la considérer avec autant de respect que si elle était votre belle-sœur.

Une réplique cinglante en tête, Keina ouvrit la bouche mais stoppa net son élan, préférant le silence. Il lui arrivait trop souvent de s’exprimer à tort et à travers, et elle s’efforçait de se corriger. Ses paroles irréfléchies contribuaient à la discréditer auprès de la femme d’Edward, qui ne supportait pas que les gens ne demeurent à leur place respective.

Mary, la petite domestique qui, elle, savait toujours où se trouvait la sienne, s’introduisit dans la pièce avec la discrétion d’une souris, le courrier dans une main. Amy s’en empara et lui adressa un sourire de reconnaissance.

Tandis que Mrs Richardson faisait l’inventaire de la correspondance, Keina laissa son regard dériver vers la fenêtre. Au-dehors, Londres s’éveillait. Les minces filets de brume que l’aube avait déposés au gré des rues s’étiolaient peu à peu, effarouchés par l’activité bourdonnante de la ville. L’espace d’un instant, la jeune fille se surprit à songer à là-bas. Les façades grises des maisons se muèrent en murailles alambiquées ; la brume se teinta d’émeraude. Dans l’ombre de la ruelle d’en face, un être magique fila vers une destination inconnue. Qu’était-ce exactement ? Pixie, hobgoblin, farfadet ?...

On l’appela soudain. Elle sursauta.

— Eh bien, tu rêvasses ? Tu as du courrier.

Le visage de Keina s’illumina tandis qu’elle prenait la missive.

— Une lettre de Gaétane ?

— Je n’en ai pas l’impression, répondit Mrs Richardson, un soupçon de trouble dans la voix.

— Oh.

Intriguée, elle observa l’enveloppe qu’elle tenait entre ses doigts. Son nom, au centre, écrit d’une main assurée. Elle la retourna pour en examiner le sceau. Poussa une exclamation. Une louve et une panthère.

Non…

Curieuse, Georgianna pointa son regard vers elle. Keina n’y prit garde. Elle ouvrit la lettre d’une main tremblante, lut les quelques mots qui barbouillaient la feuille…

… et son cœur chavira.

Non, non, non…

C’était comme tomber soudain d’une falaise sans fond, les yeux grands ouverts, sans comprendre réellement ce qu’il se passait. La jeune fille tombait, tombait, et autour d’elle il n’y avait rien, rien à quoi elle aurait pu se raccrocher, juste le néant. Les caractères dansaient devant ses yeux, mais son esprit rejetait d’un bloc leur signification. Elle perçut les mots faussement inquiets de Georgianna (Voyons, que se passe-t-il donc ?), sentit la main chaude et réconfortante de Mrs Richardson qui se pressait contre son avant-bras… Cela dura, quoi ? Une seconde, peut-être ?

Pour Keina, cette seconde eut valeur d’éternité. Puis elle ferma les yeux. Les rouvrit, prise d’un doute subit. Était-ce un hasard si, quelques minutes auparavant, elle s’était égarée dans le méandre de ses souvenirs ? Ou bien avait-elle pressenti… Son regard croisa celui de la bonne Amy, sa protectrice, celle qui l’avait accueillie sous son toit, élevée comme sa fille.

Alors, c’est ça ? Tu nous quittes ? semblaient demander ses yeux gris avec une triste bienveillance que soulignaient ses pattes d’oies.

Elle n’en supporta pas davantage.

— Ex… Excusez-moi, je ne me sens pas très bien, finit-elle par déclarer en se levant de table.

Georgianna lui lança un regard que la jeune fille associa à un haussement d’épaules et retourna à sa collation. Pour elle, l’affaire était classée.

 

*

 

Seule dans sa petite chambre de bonne, la jeune Londonienne sanglotait. Pour une fois, les larmes accompagnaient son chagrin sans effort. Il lui était d’ordinaire si difficile d’exorciser sa peine ! Comme si les vannes de son cœur restaient obstinément closes… Keina esquissa l’ébauche d’un sourire. Non, cette image était beaucoup trop mièvre à son goût. Comme si, à la moindre contrariété, son esprit se détachait de son corps pour pleurer en secret. Là, voilà qui était mieux !

Oh, elle se souvenait avoir versé de nombreuses larmes intérieures quand Georges, le mari d’Amy, était mort d’une attaque à la veille du nouveau siècle – quelle ironie ! Puis Gaétane, la plus jeune des demoiselles Richardson et son amie de toujours, avait épousé un pasteur du Hampshire de vingt ans son aîné, et elle s’était contentée d’observer, béate, le fiacre qui emmenait sa camarade jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon. Ensuite, elle s’était enfuie dans sa chambre pour s’effondrer sur son lit, le cœur vide de toute sensation. Elle avait fixé le plafond toute la nuit, incapable de laisser échapper le moindre sanglot. Oh, comme elle s’en était voulue d’être si insensible !

Toutefois, par la suite, elle n’avait guère eu l’occasion de se tester à nouveau. Son quotidien lui donnait rarement matière à se lamenter. Si l’on omettait l’intrusion dans sa vie de l’insupportable Georgianna et des pies acariâtres qui formaient son cercle d’amis, elle adorait sa famille adoptive, les enfants dont elle s’occupait et son existence tranquille au cœur de Londres. Aurait-elle seulement la force de quitter tout cela ? Elle n’en savait strictement rien.

 

On toqua à la porte, trois coups fermes mais discrets. Keina se redressa. Amy, la douce Amy. Douce et forte à la fois, insupportable revendicatrice du National Union of Women’s Suffrage Society, et maman au cœur d’or à ses heures ! Elle se tenait là, à l’entrée, son aimable corpulence ceinte dans une robe de soie anthracite, petite dame convenable de la haute société londonienne. Elle s’empara de la lettre qui gisait sur le couvre-lit et la lut à son tour. La jeune fille l’observa, inquiète.

Lorsque la vieille dame parla, ses mots revêtirent l’aspect d’évidences.

— Nous savions toutes les deux que ce jour allait arriver…

Keina hocha la tête, un sanglot coincé dans sa gorge.

— Tu as eu vingt ans cette année, Nana. (La silfine hoqueta à l’écoute de ce surnom qui lui était devenu si familier depuis son arrivée.) Je sais que tu espérais qu’ils t’oublieraient, mais…

Mouvement du chef, de nouveau. L’avait-elle réellement espéré ? Sans doute. Elle les aimait pourtant, ils étaient les siens, sa vraie famille. Mais pouvaient-ils lui offrir la chaleur des Richardson ? Elle l’ignorait. Et, curieusement, elle redoutait de l’apprendre.

— Tu n’es pas chez toi, ici, et tu le sais. (Amy hésita un instant avant de continuer.) Nous le savons toutes les deux.

— Je suis chez moi ! siffla Keina, le ton acide. Elle poursuivit avec douceur : Chez soi, c’est là où on se sent bien. C’est là où notre cœur a chaud.

Un silence. Amertume.

— De toute façon, on ne me laisse pas le choix.

Elle se tourna vers Amy, inquiète.

— Que va-t-on dire à la famille ? Et aux enfants ?

Mrs Richardson soupira.

 

*

 

Il y eut des discussions, des concertations, des éclats de voix et quelques larmes. Suite à l’apparition subite d’une vieille tante inconnue qui se mourait et la réclamait à son chevet, Keina, que la famille Richardson croyait jusqu’alors orpheline, devait rentrer aux États-Unis, son pays d’origine. Ce mensonge en valait bien un autre. Gaétane fut avertie dans une courte missive du départ imminent de la jeune fille et promit de s’échapper de sa retraite afin de lui faire ses adieux.

Seules la mère et la fille connaissaient la nature de Keina et sa véritable patrie. Amy, car elle était depuis de nombreuses années déjà un Contact du Royaume, chargée d’aider les ressortissants et les agents en mission. Gaétane… Eh bien, Keina lui accordait toute confiance, et cela lui suffisait.

 

*

 

« Mais dans ce moment une montagne d'eau d'une effroyable grandeur s'engouffra entre l'île d'Ambre et la côte, et s'avança en rugissant vers le vaisseau, qu'elle menaçait de ses flancs noirs et de ses sommets écumants. À cette terrible vue le matelot s'élança seul à la mer ; et Virginie, voyant la mort inévitable, posa une main sur ses habits, l'autre sur son coeur, et levant en haut des yeux sereins, parut un ange qui »

Exaspérée, Keina referma l’ouvrage dans un clappement sec et observa la couverture. Paul et Virginie, de Bernardin de Saint-Pierre. Elle regrettait à présent de s’être échinée à déchiffrer ce roman afin d’exercer son français. Mon Dieu, qu’il était plat et ennuyeux ! Elle lui préférait, de loin, la fibre libertaire de John Stuart Mill !

Elle posa le livre sur la table de chevet et se promit à elle-même de déclarer avant de partir sa façon de penser à Georgianna qui le lui avait recommandé, persuadée qu’il s’agissait là d’un chef d’œuvre de la littérature d’outre-manche. Connaissant ses goûts, la jeune fille aurait certes dû se méfier. D’autant qu’il n’était guère dans les habitudes de Georgianna de prodiguer des conseils de lecture !

Cependant, depuis quelques semaines, la femme d’Edward se répandait en un déluge de gentillesses suspectes à l’égard de Keina, qui devinait sans peine la raison de cette générosité impromptue. Son départ prochain avait de quoi réjouir la vieille chouette, et sans l’intervention de Mrs Richardson, qui souhaitait conserver une atmosphère détendue pour savourer les derniers jours en famille, elle n’aurait pas perdu une occasion de lui clouer le bec une fois pour toutes. Au lieu de ça, elle se prêtait au jeu sans grande conviction, contrariée par cette mauvaise comédie.

La jeune préceptrice jeta un dernier coup d’œil sur la couverture dorée du roman et laissa échapper un soupir latéral qui fit valser ses mèches brunes. Bah, après tout, lorsqu’il s’agissait de se changer les idées, ce roman en valait bien un autre.

Regard circulaire sur la petite chambre pour s’assurer de l’ordre…

Buste redressé, oeil craintif par la fenêtre…

Hélas, la rue était déserte. Keina se leva, réajusta son chemisier blanc dans un geste impatient et exécuta quelques pas, nerveuse. Deux sentiments contradictoires livraient bataille dans son esprit. L’un souhaitait que le temps s’arrête pour apprécier les dernières heures dans ce monde qu’elle aimait tant.

 L’autre... L’autre au contraire brûlait de sentir à nouveau le vent qui bruissait dans les arbres du Royaume Caché Entre Les Mondes...

 

Les trois coups qu’elle connaissait par cœur retentirent contre le bois de la porte. Mrs Richardson passa un nez timide dans l’interstice puis s’introduisit dans la pièce, silencieuse. Les mots étaient devenus inutiles.

En proie à l’abattement, la jeune fille s’affaissa sur le lit. Sa fine chevelure châtain s’éparpilla, lâche, sur les draps aux motifs fleuris. Elle passa une main sur son visage puis se redressa pour offrir à sa bienfaitrice un piteux sourire qui révéla deux minuscules fossettes au creux de ses joues rebondies.

— Gaétane et son mari ne sont toujours pas arrivés, n’est-ce pas ? (Amy répondit par la négative, d’un léger mouvement de tête.) J’aimerais tant lui faire mes adieux avant de…

Partir.

Pour toujours et à jamais.

Non, trop difficile à prononcer, à expulser de soi.

Elle ne termina pas sa phrase.

La vieille dame acquiesça et s’installa avec lourdeur sur une causeuse, en face de la jeune fille. Elle gardait le buste droit, fidèle à son image de haute bourgeoise habituée à l’aristocratie londonienne. Elle attrapa les mains de sa petite protégée et les serra avec ardeur. Enfin, les mots franchirent ses lèvres, chauds, apaisants.

— Tu as peur, n’est-ce pas ?

Keina acquiesça, les paupières baissées pour s’empêcher de pleurer, à nouveau. Trop de larmes s’étaient échappées de son coeur depuis qu’elle avait reçu la lettre.

— Tu ne devrais pas, tu sais. Tu vas retrouver ta patrie, là où tu es née. Comme tu seras heureuse, une fois là-bas, de revoir tes semblables !

Une larme perla sur la joue de la jeune

silfine.

Car c’est ce que tu es, Keina. Toutes ces années durant, tu as progressé les yeux voilés, espérant te rendre invisible. La technique de l’autruche... Ah !

Ouvre les yeux, Keina. Ouvre les yeux et cesse de te lamenter. Tu n’es pas à ta place dans ce monde.

Tu appartiens au Royaume Caché.

Tu es une silfine.

Tu es une...

fille.

D’un mouvement du pouce, la vieille dame chassa l’eau sur son visage. Une main toujours posée sur les poignets de la jeune préceptrice, elle quitta la chaise pour s’installer à ses côtés.

— Je me souviens fort bien de ton arrivée dans ce monde. Ekaterina t’avait amenée ici même, dans cette maison, et tu ne voulais pas lâcher sa main. Tu n’avais pas sept ans, et tu pleurais, tu pleurais… Oh, ne fais pas ces yeux ronds ! Tu n’éprouvais alors aucune honte à pleurer en public. C’était un tel déchirement de te voir si malheureuse ! Mais ta tutrice ne voulait pas en démordre. Tu devais être éduquée dans le monde des hommes, et ne pas revenir au Royaume avant tes vingt ans. Et tu vois, à l’époque, je n’aurais pas juré que tu te plairais tant parmi nous !

Un sourire un peu plus franc se dessina sur les lèvres de Keina. Elle s’en souvenait, oui. Elle se rappelait aussi les odeurs du Royaume, le doux murmure de la Rivière du Milieu, le rire joyeux des créatures magiques, les grands yeux humides de son elfide… Seigneur Dieu, que tout ceci était lointain ! Sa mémoire s’enlisait dans un brouillard jaunâtre qu’elle avait peine à éclaircir. Comme une autre époque, un autre temps… une autre elle-même.

Soupir. Au juste, que désirait-elle réellement ?

Elle avait grandi dans le monde des hommes, s’était imprégnée de leur culture et de leurs idées, et – non ! ne concevait pas de retourner dans un royaume où tout lui était étranger, où ses parents avaient trouvé la mort sans qu’elle sache réellement pourquoi, où les conflits et les principes la dépassaient !

Le vent dans les arbres le galop léger des elfides les tours qui étincellent dans le matin brumeux

Tu es une silfine...

Mon œil, oui ! Je suis humaine, je le sens jusqu’au tréfonds de mes os, jusqu’au plus petit de mes orteils…

Humaine à moitié elfe...

À MOITIÉ RIEN DU TOUT ! hurla son esprit dans une tentative désespérée de regagner l’avantage.

La frappe des sabots sur les pavés de la rue la tira de ses sombres pensées et elle se redressa, joyeuse.

— Gaétane !

Elle noua ses cheveux en un chignon grossier, s’échappa de la chambre et dévala les escaliers, les pans de sa jupe relevés pour ne pas trébucher. Enfin une occasion de chasser les doutes, d’apprécier ce que lui offrait le présent !

La porte d’entrée tinta. Une frêle silhouette à l’allure sage et au ventre rebondi s’introduisit dans le corridor à la suite de la domestique, un timide marmot arrimé à son flanc gauche. Sa chevelure bouclée tenait maladroitement à l’arrière de son crâne, sous une large capeline estivale. Suivit un petit homme replet, le crâne dégarni et la figure joviale, un melon calé entre les mains. Georgianna, qui prenait son rôle de maîtresse de maison fort à cœur, les accueillit dans un déluge de politesses. Abandonnant boléro et couvre-chef à la domestique, Gaétane se tourna pour répondre, mais avant même qu’elle n’ouvre la bouche, Keina se précipita dans ses bras et la condamna au silence. Sous l’impulsion, la jeune épouse vacilla avec un rire surpris.

— Nana !

— Gaétane ! Comme je suis heureuse de te voir !

Elle serra son amie fort, très fort, comme si sa vie en dépendait, comme si le soleil allait disparaître le lendemain, comme si c’était la dernière chose à accomplir en une heure si grave, et celle-ci ne se priva pas de lui rendre son étreinte. Qu’il était bon de retrouver les siens ! Le menton enfoncée dans un impressionnant jabot de tulle ivoire, Georgianna les observa d’un air pincé, avec sur le visage une expression similaire à celle qu’elle adoptait lorsque la cuisinière laissait brûler le rôti.

— Nana, doucement ! Pense au bébé ! s’exclama enfin Gaétane sur un ton rieur qui atténuait le reproche.

Elles se séparèrent enfin, et ses prunelles grises, identiques à ceux de sa mère, se brouillèrent. À l’instar de ces derniers, ils formulèrent la même pensée.

Ça y est, tu nous quittes…

La silfine baissa le menton, honteuse de ce dont elle n’était pas responsable. Pourtant, aucun reproche n’accompagnait le regard de la jeune femme. Juste… l’évidence.

— Eh bien, quelles retrouvailles ! On jurerait que vous ne vous êtes pas vues depuis plusieurs années !

Keina pivota sur elle-même et avisa Amy, qui patientait au bas des escaliers. Avec un soupir, elle libéra sa sœur d’adoption et s’empressa de venir saluer Harry, l’aîné de Gaétane, ainsi que son mari, qui l’apostropha d’une chaleureuse étreinte.

Les embrassades achevées, ils gagnèrent le salon afin de partager l’après-midi ensemble. À nouveau, la contradiction naquit dans l’esprit de la jeune fille. Que ces instants restent éternels, mais d’un autre côté…

… que cela finisse, s’il vous plaît.

 

*

 

Telle une abeille affairée, Mary Cooper s’activait autour d’eux pour leur servir le thé. Tandis qu’elle versait le liquide brûlant dans les tasses, Mr Collins lui lança une boutade qui la fit rougir jusqu’au sommet du crâne. Gaétane le réprimanda avec douceur, mais sa voix trahissait une légère lassitude qui laissa Keina perplexe. Le mari de son amie respirait la joie de vivre, et la londonienne appréciait fort le bonhomme. L’image qu’il renvoyait s’éloignait suffisamment à son goût de l’impression grise et austère que la religion lui procurait d’habitude. Ces impertinences avaient le don de lui faire oublier ce pour quoi ils se trouvaient tous réunis, et elle en savait gré au pasteur.

— Ainsi, après toutes ces années, vous nous quittez, Keina ! déclara Georgianna d’une voix féroce en se tournant vers elle.

Aïe.

Keina sursauta, le feu aux joues, comme une gamine prise en faute. Pourquoi le hibou revenait-il là-dessus ? Georgianna connaissait parfaitement la circonstance, mais paraissait se délecter de l’énoncer à nouveau. Devant le regard curieux de Mr. Collins, la jeune fille retint cependant une saillie et acquiesça poliment. Ne rien laisser paraître…

— Je retourne chez moi, oui.

Elle se tut. L’épouse d’Edward enchaîna avec gaîté, comme si la conversation l’amusait :

— À New-York, c’est ça ? Vous prenez le bateau à Southampton ? Combien de temps la traversée dure-t-elle ?

Une expression paniquée balaya le visage de Gaétane. Comme à son habitude, Amy ouvrit la bouche avec l’intention de réprimander sa belle-fille, mais Keina, qui avait retrouvé son calme, répondit avec naturel.

— C’est exact. Le voyage dure deux semaines, je crois. Le deux juillet prochain, si tout se passe au mieux, je serai en Amérique.

Un silence accueillit la réponse de la jeune fille. Devant l’air serein de cette dernière, Georgianna se renfrogna. Harry, venu solliciter à sa mère l’autorisation de rejoindre les enfants Richardson dans le jardin, brisa enfin la tension, et une plaisanterie de Mr Collins détendit l’atmosphère. Ensuite, la conversation dériva sur les dernières nouvelles du monde, le coup d’état en Serbie, les revendications du NUWSS, et les heures s’écoulèrent, paisibles. Edward les rejoignit bientôt, délivré des obligations qui le retenaient à la banque. Keina associa cette journée à une torture délicieuse et insoutenable à la fois.

Puis, tout à coup, sans qu’elle ne s’en rendît compte, l’heure des adieux se présenta.

 

Officiellement, Keina empruntait un fiacre de nuit pour gagner Southampton à l’aube, où le paquebot l’attendait.

Joanna, Martha et William Richardson, les trois élèves de la jeune fille, la fêtèrent sans relâche, inconsolables de son départ. Mr Collins lui servit une accolade amicale, et Edward la gratifia d’un sourire sincère. Seule Georgianna ne prit guère la peine de se lever de son fauteuil, prétextant un subit mal de dos. Keina rétorqua que c’était fort dommage, car il s’agissait sans doute là des premiers symptômes d’une maladie rare et foudroyante qui se propageait par une terrible contagion dans toute la Grande-Bretagne. Puis elle sortit de la pièce et du coin de la paupière observa le hibou se redresser à la hâte en roulant des yeux effarés. Rendues joyeuses par cette ultime espièglerie, Amy et Gaétane l’accompagnèrent en gloussant jusqu’au perron, devant lequel la voiture stationnait.

La solennité du moment leur restitua leur sérieux. Le soir propageait ses ombres dansantes sur les trottoirs. L’espace d’une seconde, les rayons facétieux de la lune figèrent les trois silhouettes dans un tableau atemporel, comme l’accomplissement du vœu de Keina.

Que ces instants restent éternels...

— Tu donneras le bonjour à tes tuteurs, souffla la vieille dame.

La silfine acquiesça. Pour la première fois depuis bien des années, ses larmes intérieures débordèrent en public et dégringolèrent abondamment sur ses joues. Elle pressa Amy puis Gaétane contre son corsage brodé et promit de leur faire parvenir une correspondance régulière.

— Je veux que tu saches que tu as été comme une sœur pour moi, Nana, murmura la jeune Mrs Collins de ce ton calme et posé qui la caractérisait. Jamais je ne t’oublierai.

— La maison sera moins gaie sans toi, Nana, enchérit doucement Mrs Richardson avec un sourire chaleureux. Qui d’autre va donc bien pouvoir clouer le bec de ma belle-fille ?

Keina hoqueta et, du dos de sa main, sécha ses pommettes. Elle voulait tant retarder ce moment, occulter son passé, son devoir, ses responsabilités ! Demeurer à Londres pour toujours !

Au lieu de cela, et parce qu’elle était, somme toute, une (silfine) jeune fille raisonnable, elle s’engouffra à l’intérieur de la voiture. Un dernier regard humide vers la famille qui l’avait adoptée, quelques signes de la main tandis que le fiacre s’éloignait, puis Keina s’enfonça dans l’habitacle du véhicule, les larmes brouillant encore sa vision.

Elle sortit de sa bourse la lettre chiffonnée et la déplia. Seuls quelques mots, écrits d’une plume nerveuse, siégeaient au centre du manuscrit.

« À Keina Ist Akrista-Ateyalle. 

Tu seras autorisée à rejoindre le Royaume Caché le mercredi dix-sept juin de cette année 1903. Je t’attendrai à minuit au numéro cinq de Folkstone Road, quartier Walthamstow, avec ton elfide.

Lun’ Ist Antos. »

La jeune Londonienne posa la feuille sur ses genoux. Luni était un ami proche de ses tuteurs, Ekaterina et Cinni. Un silfe, tout comme elle. Dans ses souvenirs, il avait l’allure d’un grand gaillard aux boucles blondes, amateur de farces et incurable tête en l’air. Lui et sa sœur Lynn avaient égayé ses plus jeunes années, alors qu’un voile d’affliction et d’amertume s’était abattu sur le Royaume, marqué par la guerre tout juste achevée. Le ton froid de la missive octroya un léger pincement au cœur de la silfine. La morosité ambiante l’avait-il rattrapé ?

Elle exhala un soupir, rangea la lettre à sa place initiale et interpella le cocher pour lui indiquer l’adresse mentionnée. Celui-ci ne se fit pas prier. Il bifurqua à un carrefour et s’enfonça dans les rues de Londres. La jeune fille frissonna.

Partir… voilà qui est fait. Mais pour aller où ?

Que m’arrivera-t-il  de l’autre côté ?

La réponse ne vint jamais.

Elle se cala un peu plus au fond de son siège. Les becs de gaz peinaient à éclairer le pavé et projetaient d’étranges arabesques sur les murs. Pour s’occuper, elle laissa son esprit s’évader sur la multitude d’impressions qui lui restait du Royaume. L’air chargé de magie de la montagne, la majestueuse Trouée des Mondes qu’il lui était interdit de franchir seule, les troupeaux d’elfides qui paissaient autour du Château, les hautes salles qu’elle s’amusait à traverser à toute allure, poursuivie par une nourrice excédée... Et puis les silfes, sa famille, sérieux, froids, comme s’ils avaient perdu le sens du mot vivre

Soudain, alors que, égarée dans ses rêveries, elle faisait vagabonder son regard par la fenêtre du fiacre, un visage se matérialisa devant elle. Un visage asiatique à la beauté enivrante, encadré de longs cheveux d’ébène, magnifique et terrible à la fois, comme la personnification d’une chose effroyable, une chose qui allait lui arriver, ou qui était déjà arrivée,  elle ne savait plus, elle ne se rappelait plus…

Moi, je sais qui tu es, Keina… Je sais qui tu es et ce à quoi tu es destinée… L’Avaleur de Mémoire me l’a dit... 

Elle ferma subitement les yeux pour chasser de son cœur la glace qui tentait de s’y infiltrer. Elle inspira plusieurs fois, longuement, et rouvrit les paupières. Le faciès avait disparu. Keina se détendit et s’efforça d’oublier l’incident. Elle excellait dans ce domaine : bientôt, du visage maléfique ne subsista plus qu’une lointaine évocation.

Tandis que la voiture s’arrêtait, une nouvelle appréhension germa au creux de son estomac. La jeune fille entreprit de l’ignorer. Elle descendit de l’habitacle, agrippa sa valise et paya le cocher.

Enfin, elle y était. Folkstone Road avait l’aspect d’un long goulet qui serpentait entre de hautes bâtisses en brique. La silfine prit une inspiration, réajusta son chapeau et s’engagea dans la ruelle, sa valise dans une main. Son cœur battait à tout rompre.

Peu à peu, sous la lueur blafarde des réverbères, une haute silhouette se dessina, flanquée de deux formes chevalines.

Luni, appuyé contre un pan de mur légèrement incliné, se redressa dès que la silfine fut à sa hauteur. Il ôta son haut-de-forme et s’avança vers elle.

— Hey ! lança-t-il, le chapeau entre ses mains, dans une attitude un peu gauche qui arracha un sourire à Keina.

Elle posa sa valise à terre et le détailla.

Physiquement, il n’avait pas changé. Toujours le même gaillard ! Boucles de paille, peut-être un peu plus courtes, les joues barrées par de longs favoris, le menton rasé de près, des yeux clairs comme de l’eau, un corps dégingandé dissimulé sous une redingote à la dernière mode de Paris. Et pourtant… quelque chose manquait obscurément, comme un lointain souvenir sur lequel la Londonienne n’arrivait pas à mettre le doigt.

— Hey !

Malgré son anxiété, elle s’efforça de sourire et il le lui rendit, creusant d’adorables fossettes de part et d'autre de sa figure. D’une seule expression, tout s’évanouit – crainte, désarroi, embarras. Keina sentit fondre son cœur de jeune fille. De sa mémoire ressurgirent les nombreuses conquêtes du dandy. Cinni et Ekaterina, ses tuteurs à l’époque, reprochaient souvent au jeune silfe ses mœurs libertines, guère convenables devant une enfant. Qu’en était-il aujourd’hui ? Avait-il rencontré la femme – ou la silfine – de ses rêves ?  Son cœur était-il pris par quelque ensorceleuse au regard de braise ? Ou bien demeurait-il aussi volage et inconstant qu’autrefois ?

Le silence s’abattit. Luni passa une main entre ses mèches dorées et ouvrit la bouche, déterminé à engager la conversation. Le plus petit des équidés ne lui en laissa pas l’occasion : il s’approcha de Keina à trot léger et frotta son museau contre elle.

— Est-ce mon elfide ? demanda la jeune fille en lui flattant l’échine.

Luni acquiesça, soulagé de trouver un sujet de discussion.

— Tu te souviens d’elle ? Tu l’as nommée lorsque tu as eu six ans. J’ai bien tenté de faire comprendre à Cinni que tu étais trop jeune pour posséder une elfide, mais il n’a rien voulu entendre. (À grand renfort de gestes, il imita une voix ampoulée.) « Par exemple ! L’elfide est un complément indispensable à l’éducation d’une enfant ! »

Keina émit un petit rire. Cela lui revenait, oui. Pour qu’une elfide vous appartienne, il suffisait de lui attribuer un nom ; celui-ci équivalait alors à un marquage à vie. L’elfide acceptait son maître en même temps que sa dénomination, et le lien qui se créait valait le plus solide des contrats. Mais la silfine n’avait que six ans, et à cet âge, la notion d’un nom acceptable n’équivalait pas vraiment à celle d’un adulte.

— Hello, Lady Princess Rainbow ! murmura-t-elle, tandis qu’à ses côtés Luni esquissait un sourire moqueur.

Keina lui lança un regard faussement assassin puis se remit à caresser son elfide.

— Oh, oui, que tu es belle, que tu es belle ! Tu mérites bien ton nom, va, quoiqu’en dise ce vil individu…

— Hé !

Ses traits se détendirent. Peu à peu, la glace se craquelait, la distance s’amenuisait.

Lady empruntait les caractéristiques de ces poneys nordiques robustes et courts sur pattes. Sa robe isabelle projetait dans l’obscurité un léger halo turquoise, seul témoignage de sa condition magique.

— Es-tu prête ? Nous pouvons partir ? interrogea Luni après un court instant.

Il se gratta la tête, visiblement à la recherche de quelque chose.

La jeune fille hésita. Les retrouvailles avec son elfide lui avaient octroyé un courage tout neuf, mais elle se tenait à présent au bord de la falaise, et le saut qu’il lui fallait effectuer la terrifiait plus que jamais. Qu’y avait-il de l’autre côté ? La joie, l’amour, le bonheur ? Ou bien plus de peine et de désarroi encore ?

Elle plongea son regard dans la pupille humide de Lady, qui battit ses longs cils, comme un clin d’œil discret.

Ouvre les yeux...

Keina prit une inspiration. D’accord.

Sois courageuse, ma fille. Lève la tête, ouvre les yeux et affronte le futur.

Qu’importe ce qu’elle était, elfine, silfine ou humaine. Elle se devait d’avancer, coûte que coûte. Il n’était plus temps de regarder en arrière.

Pardonne-moi, Gaétane. Pardonne-moi, Amy. Il est trop tard…

Elle hocha la tête, et ce geste lui coûta plus que n’importe quel effort, plus encore qu’un compliment à l’égard de cette vieille chouette de Georgianna. Plus encore que de respirer. Elle hocha la tête, simplement. Et ce geste disait tout – joie, douleur, terreur, emmêlés dans un drôle de kaléidoscope.

— Aurais-tu vu mon haut-de-forme ? Je l’ai posé quelque part, et impossible de remettre la main dessus, s’enquit soudain Luni, sans s’apercevoir des hésitations de la jeune fille.

Keina éclata de rire, ce qui vexa le silfe. Sur ce point là non plus, il n’avait pas changé. D’un mouvement de tête, elle désigna le chapeau, tombé négligemment à terre lorsque Lun’, comme elle l’appelait autrefois, avait imité la voix de Cinni.

Le silfe récupéra son couvre-chef, non sans avoir au préalable lancé un regard assassin à Keina, puis se tourna vers sa monture. La haute carrure de Gaelic, nerveuse et musclée, contrastait avec la petite taille de Lady. Il l’enfourcha avec aisance, à cru, comme toute elfide. Son amie l’imita sans difficulté : elle pratiquait l’équitation depuis ses douze ans. Une fois installée en amazone, l’assise consolidée par la confortable bulle invisible que Lady s’était empressée d’ériger autour d’elle, elle jeta un œil inquiet à sa petite valise qui trônait au milieu de la chaussée.

Oh, elle se doutait bien qu’elle n’en aurait pas vraiment l’utilité – le Royaume Caché subviendrait à tous ses besoins – mais les babioles qu’elle contenait (l’affiche d’un spectacle italien, sa première sortie mondaine ; une poupée de porcelaine offerte par Amy ; une robe qu’elle affectionnait, achetée à Paris ; une photographie ; quelques lettres soigneusement reliées) valaient le plus précieux des joyaux.

Le silfe perçut son regard et la rassura.

— Pas d’inquiétude, ton elfide s’en occupe.

En effet, comme si elle avait saisi la demande de Keina, la petite jument exhala un souffle puissant. De minuscules gouttelettes de magie s’en échappèrent et enrobèrent le bagage, qui s’effaça peu à peu et disparut enfin dans un léger *pop* à la consonance joyeuse. La silfine sursauta.

— Pratique pour les voyages ! remarqua-t-elle avec un sourire.

Oubliant en un éclair sa précédente vexation, Luni partit d’un grand éclat de rire qu’elle imita aussitôt. Il n’y avait plus l’ombre d’un doute. Elle l’avait retrouvé, « son » Lun’ d’autrefois, grand frère idéal, joyeux et insouciant, et cette idée la rassura plus que ne le pouvait son elfide.

Cela ne dura pas : son rire mourut soudain. Elle réalisa qu’elle n’avait aucune idée de la suite. Elle n’avait pas emprunté le Passage depuis treize longues années.

— Et maintenant ? s’enquit-elle d’une toute petite voix.

Luni hocha la tête et intima une légère pression à son elfide. Comprenant l’ordre, Gaelic se mit à avancer. Aussitôt, Lady lui emboîta le pas. Le silfe se tourna vers Keina, qui s’était laissée surprendre par l’impulsion mais rétablissait son maintien.

— Maintenant, allons-y.

 Et ils s’enfoncèrent dans le Passage.

 

 

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Ysaé
Posté le 16/08/2020
Ce chapitre est vraiment très prenant, je l'ai lu d'une traite. Tu as vraiment un don pour rendre les personnages vivants : j'avais l'impression de les connaître depuis toujours (la chaleureuse et éclectique Amy, la belle soeur mesquine...).

J'ai vu le petit clin d'œil à "orgueil et préjugés", avec les Colins ;)

Ton texte est de grande qualité, les dialogues très justes, les descriptions ni trop nombreuses, ni pas assez...
Je suis charmée par ce démarrage et j'ai hâte de savoir ce qu'il va arriver à Keina :)
Keina
Posté le 25/08/2020
Merci encore ! Oui, petit clin d'oeil pas discret du tout... :D Même si l'époque n'est pas vraiment la même. J'espère que la suite te plaira tout autant ! On quitte l'univers londonien pour quelque chose de plus... magique !
Slyth
Posté le 18/04/2015
Et ça y est, nous voilà partis. Ce chapitre, qui démarre dans un univers "ordinaire" se termine par une entrée dans un tout autre monde. Nous n'en avons pas vraiment eu d'aperçu pour le moment mais, vu les réflexions de Keina à ce sujet, on s'en est déjà fait une petite idée. Reste à voir sir les choses auront changé et à quel point depuis son départ. Mais j'ai vraiment hâte d'en apprendre plus !
Ton style me plaît définitivement beaucoup : très fluide, doux et poétique.. c'est vraiment très agréable !
J'avoue avoir seulement eu un peu de peine à suivre avec les différents personnages que tu nous présentes au début. Il m'a fallu un peu de temps pour associer noms et "statuts". Mais, à part ce léger détail, j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce chapitre ! ^^
Keina
Posté le 18/04/2015
Merci beaucoup pour tes compliments, Slyth ! C'est vrai qu'il y a déjà beaucoup de personnages dès le début... Mais bon, j'ai vraiment essayé de rendre ça le plus digeste possible, en insistant bien sur les noms et les rôles ! Peut-être que ça sera moins perturbant dans la deuxième mouture. Merci encore en tout cas de t'être penchée sur mon récit !
aranck
Posté le 02/03/2015
Re-coucou !
 
Encore un bien beau chapitre, tout en nuances et émotions. Tous tes personnages sont merveilleusement croqués, certains sont hauts en couleurs, d'autres plus subtils, l'ambiance vieille angleterre est bien présente, et surtout, je ne me serai jamais attendu à ce que Keina ait été élevée par une famille humaine.
Je retrouve donc ton écriture, mais pas le même monde et c'est encore bien plus captivant ! 
Ce monde humain est empli de détails qui créent une ambiance palpable, et les émotions successive de Keina, le déchirement qu'elle éprouve à se séparer de ceux qu'elle considère comme les siens, tout ça est très émouvant, très poignant, et j'en avais les larmes aux yeux moi aussi.
Luni m'a l'air d'être un sacré personnage et, va savoir pourquoi, je lui trouve des points communs avec l'Archibald de Cricri ! Je l'imagine un peu pareil d'ailleurs !
Je n'ai que peu de choses à ajouter, si ce n'est que je lis ton livre comme un roman, et me laisse emporter dans l'histoire, sans qu'aucune remarque négative ne me vienne à l'esprit.
Si la suite est du même accabi, il faudra que tu m'expliques pourquoi ce livre n'a pas été publié . En tout cas, j'espère que tu l'enverra chez les éditeurs, car franchement, il le mérite. Il y a quelques livres sur PA qui me font cet effet, et je trouve dommage qu'ils ne soient pas partgagé par le plus grand nombre. 
Je ne repasserai peut-âtre pas tout de suite à cause du PaCo et de l'emploi du temps qui m'attend, mais je reviendrai avec régularité, sois-en certaine ! 
Encore un grand bravo pour ce chapitre ! 
Keina
Posté le 02/03/2015
Merci infiniment ! Oui, ce changement de décor en a surpris plus d'un. C'est vrai que Luni a bien plus en commun avec Archibald qu'avec Thorn. Bon, il a sa part d'ombre aussi, mais je ne me voyais pas faire de lui quelqu'un de froid et antipathique, ça aurait été incompatible avec ma Keina qui est tout feu tout flamme ! ^^
Et si ce livre n'a pas été publié, c'est d'abord parce que j'attends de l'avoir tout bien corrigé comme il faut avant de me lancer ! Après, on verra... Bon PaCo à toi, je viendrai t'encourager sur ton fil d'équipe ! :)
Jamreo
Posté le 31/01/2013
Quel changment d'ambiance! (enfin pas pour longtemps, pusique Keina doit retourner chez elle visiblement). La Georgianna m'a rappelé une certaine personne de mon entourage ... elle est tellement juste dans ses petites habitudes insupportables. 
C'est le genre de situation que je crains plus que tout. Tout abandonner derrière soi sur le coup d'une seule lettre, aussi brutale qu'inattendue, c'est un cauchemar. En même temps je comprends que Keina soit partagée, vu qu'elle gardait de bons souvenirs de son ancienne vie. Heureusement en fait, sinon ç'aurait été encore plus dur! Je n'ai pas trop compris pourquoi elle avait été rappelée par contre. A cause de ses vingt ans? Il me semblait avoir vu passer qu'une tante éloignée était en train de mourir mais je ne suis plus trop certaine ^^
En tout cas ce qui est sûr, j'aime beaucoup tes descriptions. Et le reste aussi, en fait, tu as une très belle écriture! 
Un petit détail: "Mom" , c'est américain ;)  (Ou alors les Richardson sont américains? mais comme ils vivent à Londres ...)  
Keina
Posté le 31/01/2013
Alors oui, Keina est rappelée parce qu'elle a vingt ans et qu'elle est aux yeux de sa famille en âge de revenir au Royaume Caché. Après, c'est surtout la raison de son éloignement qui est plus mystérieuse (je ne le précise pas vraiment, mais ce n'est pas la norme chez les silfes, d'envoyer les enfants dans le monde des hommes pour qu'ils y grandissent). La tante éloignée n'est que le prétexte de son départ, pour ceux qui ne connaissent pas le Royaume Caché (Georgianna, entre autres).
Merci beaucoup pour tes compliments ! Et pour "Mom", tu as raison, c'est une erreur de ma part. À l'époque où j'ai commencé à écrire, j'étais pleine de bonne volonté mais j'avais une très faible maîtrise du côté historique. À présent, j'ai vu suffisamment de period dramas anglais pour savoir que les enfants anglais disent plutôt "Mama" au XIXe siècle du moins !  ^^
vefree
Posté le 02/11/2010
Et en route pour la grande aventure !!!!
J'adore ces histoires qui commencent comme ça. Deux univers opposés qui se côtoient avec la complicité de quelques uns seulement. La magie est en fait partout, transportée par le cœur de ceux qui savent.
En plus, ton écrit transporte littéralement. J'étais au cœur de cette maison londonienne bourgeoise et je voyais le film se dérouler sous mes yeux, précis, expressif, aux couleurs et ambiances chaleureuses et agréables. Tout coule comme un ruisseau sans roche, fluide, clair et à la fois dentelé et décoré comme on aime à découvrir la Belle Epoque. Vraiment, c'est très beau. Je déguste cette lecture comme un chocolat précieux.
J'ai été touchée par les sentiments de Keina/Nana lorsqu'elle reçoit cette lettre qui donne un coup d'arrêt définitif à son séjour sur Terre, enfin à Londres. Et je compatis sincèrement de sa tristesse car elle était si bien dans cette famille. Tout le monde l'aimait à part cette vieille chouette de Georgianna. Cette galerie de personnages m'est devenue très vite très attachante et j'aurais presque aimé être invitée à prendre moi aussi le thé avec eux. Bref, j'étais vraiment dedans, grâce à ton style parfait et précis et fluide.
Je reviens dès que je peux pour lire la suite.
Biz Vef' 
Keina
Posté le 02/11/2010
Oh, merci pour cette gentille review, vef' !
Tu me fais rougir... J'espère que les nouveaux personnages qui vont venir te plairont tout autant que la famille Richardson. Mais ne t'inquiète pas, tu reverras Amy, Gaétane, Georgianna et les autres... En tout cas je suis contente que tu aimes mon style, j'ai vraiment écrit ce début avec tout mon coeur, même s'il date un peu aujourd'hui... Normalement, l'ambiance de la Belle Époque devrait être toujours présente au Royaume Caché, avec une petite touche de magie en plus. :)
La tristesse de Keina était une étape nécessaire pour la suite de l'histoire. Hélas, ce n'est pas terminé pour elle... J'espère que la suite te plaira !
Bisous 
Seja Administratrice
Posté le 20/08/2010
En fait, ce n'est que maintenant que je te relis que je me rends compte à quel point vos ambiances sont semblables avec Cricri. Tout comme le style d'écriture, d'ailleurs. C'en est troublant. <br /><br />Mwo, j'ai adoré la description de cette famille londonienne dans laquelle évolue Keina. Je suis d'ailleurs profondément admirative devant les gens qui se renseignent autant sur leur environnement avant d'écrire. Et cette recherche se ressent à chaque mot, à chaque petit détail - de la maison, du comportement, des anecdotes - et fait direct plonger dans ton monde. (ha, le pasteur qui s'appelle Mr Collins, j'avais pas noté ce détail à ma première lecture :P)<br /><br />C'est la première fois qu'on rencontre Keina aussi, demoiselle au caractère bien trempé. Et voilà qu'elle reçoit la lettre qui va tout bousculer dans sa vie. Car la voilà contrainte de rentrer au Royaume Caché, sa "patrie", là où vivent tous les siens. Ah oui, parce que notre Keina est une silfine, mi-humaine, mi-elfe. <br /><br />Oh et la rencontre avec Luni était chouette comme tout *o* Je me souvenais plus que c'était lui qui venait la chercher. Oh et je t'ai déjà dit que j'aimais Luni ? :P Cette première rencontre depuis des années était *o* Surtout en sachant comment ça va tourner dans la suite :P Ah et puis, Nephir qui apparait et qui parle d'Avaleur de Mémoire dont on sait toujours rien si je ne m'abuse :P<br /><br />Bon, bah plus qu'à enchainer :))
Keina
Posté le 20/08/2010
Bah, je ne me suis pas renseignée tant que ça avant, j'ai surtout glané des renseignements au fur et à mesure de l'écriture. Je suis contente que ça passe tout seul ! Je me demande toujours si ma description de l'époque Edwardienne est suffisamment crédible... :-/
Tiens, tu es la première à remarquer le "Mr Collins" (ou du moins à me le signaler) ! Hi hi j'aime mettre des petites références comme ça ici et là... :) C'est plus subtil, mais Mary Cooper, la domestique, a dans mon esprit la même tête et le même comportement qu'Eve Myles dans l'épisode de Doctor Who "Unquiet Dead". C'est pourquoi, alors qu'au début elle n'avait qu'un prénom, je lui ai adjoint le nom de famille "Cooper" (comme Gwen ^^). Bon, pour le moment ce n'est pas flagrant, mais ce personnage va prendre de l'importance plus tard (si si !). 
Roooh tu avais oublié la première rencontre entre Luni et Keina ? ^^ Pourtant j'avais essayé de la soigner celle-là...  :) Voui, ça doit être encore plus savoureux quand on connaît la suite... mais bon, il ne faut pas oublier cette "distance" dans les yeux de Luni. Ça aura un autre éclairage plus tard... mais j'ai déjà des idées de réécriture pour y glisser d'autres indices par rapport à la fin... hé hé...
Non, on ne sait toujours rien de l'Avaleur de Mémoire... enfin, quelques indices transparaissent dans le chapitre 14 mais ils sont assez minces. Je compte aborder le sujet plus en profondeur dans le chapitre 15 vu qu'on s'approche de la fin... mais il aura encore plus de présence dans les événements finaux ! ^^
Merci pour cette review ! <3
La Ptite Clo
Posté le 18/08/2010
*_*
Ouch, j'en perds mes mots. Roh, j'ai tellement de choses à dire que je sens que je vais en oublier la moitié... Bon, je vais essayer de commencer par le début, peut-être. =D
C'est clair que ce premier chapitre n'a vraiment rien à voir avec le prologue (mais pour répondre à ta remarque, ton prologue à toi était franchement plus utile que le mien =D) ! Je ne pensais pas du tout me retrouver dans notre monde, en plein 20e siècle ! O_o
Ton écriture ressemble beaucoup à celle de Cricri. On sent que tu es très soignée et que tu choisis avec beaucoup de soin tes mots. Bref, j'ai ressenti beaucoup de délicatesse. :)
Oooh et je suis tombée amoureuse de Luni ! (Mon sens de romance s'agite... je vois très bien Luni et Keina ensemble *_*)
Et gniii, je ne sais plus ce que je voulais dire... En fait, j'ai commencé cette review en début d'après,-midi et j'ai été interrompue par des évènements qui m'ont occupée jusqu'à maintenant, et bref... >_< Je n'ai plus les idées aussi claires. Je me déçois d'avancer si lentement dans (Une Silfine), mais bon... :(
Oh d'ailleurs, en lisant ce chapitre, j'ai compris pourquoi le titre était (Une Silfine). C'est entre parenthèses parce que Keina refuse d'accepter la réalité de sa nature (après avoir vécu si longtemps chez les humaines, ça peut se comprendre)... Bref.
Je vais essayer de me bouger, parce que j'ai vraiment hâte de lire la suite. Je te fais bien des bisous Keina numéro deux. ;) Et à très très très vite !
Keina
Posté le 18/08/2010
Merciiiiiii ! Merci merci merci merci ! :)
Hé hé, oui, ce chapitre contraste d'avec le prologue. C'était totalement voulu ! ^^ Même par la suite, j'essaie vraiment d'insister sur le quotidien de mes personnages pour que le lecteur ne se sente pas trop dépaysé.
Oui, avec Cricri, quand on a commencé à se lire respectivement, notre ressemblance de style nous a sauté aux yeux à toutes les deux. Même si je trouve personnellement que Cricri s'en sort bien mieux que moi pour trouver des expressions qui font mouche et a un vocabulaire plus riche, mais c'est une appréciation personnelle. :) Mais il faut dire aussi que nos deux atmosphères sont proches (victorienne pour elle, edwardienne pour moi, mais c'est à peine si on voit la différence entre les deux). 
Hum, à propos de Luni et Keina... tu m'as perçée à jour ! En même temps, ce n'est pas très subtil dès le départ. ^^ Mais tu verras, Luni a beauuuuuucoup de points faibles, et ce n'est pas encore gagné entre ces deux-là. En tout cas, avance à ton rythme ! Sachant que je suis moi-même très lente à écrire... ^^'
Pour les parenthèses, oui, tu as bien deviné l'une des raisons. (Une Silfine) est un récit initiatique, j'essaie de raconter le passage de Keina à l'âge adulte, sa prise de conscience de ce qu'elle est, de pourquoi elle est dans ce monde. Sa relation avec Luni fait partie intégrante (quasi principale) de cette quête initiatique avec l'expérience du sentiment amoureux et les désagréments/bonheurs que ça amène, mais il y aura aussi d'autres facteurs (souvent pas très drôles pour Keina, d'ailleurs) qui vont rentrer en jeu. Entre autres, la prise de conscience de sa "différence" et de son héritage. Durant tout le récit, en réalité, l'histoire oscille entre mettre des parenthèses à son état de silfine, et au contraire les enlever pour s'affirmer. Plus tard, une autre raison à ces parenthèses sera révélée !   :)
Merci d'avoir lu et aimé ! J'espère que la suite ne te décevra pas. Beaucoup de rencontres, de questions et de mystères vont surgir dans les chapitres prochains (en rapport avec le prologue d'ailleurs), j'espère que ça ne va pas t'embrouiller. Mais ça va s'éclaircir au fur et à mesure, et on reverra Amy, Gaétane et le reste de la famille Richardson ! 
Bisous aussi pour m'avoir lue. <3 
  
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