CHAPITRE 1: La Magie de Noël

• . •

    Quand on pense aux fêtes de fin d’année, l’image typique que l’on nous renvoies généralement est celle des retrouvailles ; des familles réunies pour partager un appétissant repas avant de redémarrer une nouvelle année. L’odeur du feu de bois, celle du chocolat chaud savouré ensemble face au sapin scintillant et débordant de cadeaux après parfois quelques mois sans s’être vus. Il en est que cette année, en cette huitième et sixième année de leurs enfants Zack et Rosie, Iris et Luc étaient lassés des copieux et interminables repas qu’impliquaient Noël. Être entourés de personnes devant lesquelles ils devraient une fois de plus faire semblant d’apprécier la présence et les hideux cadeaux qu’ils recevraient ; comme ils avaient dû le faire chaque année sans exception, leur semblait cette fois insurmontable.

    Férus de nature et de randonnée en toutes saisons, ils avaient à la place décidé de partir passer les fêtes de fin d’année à la montagne afin de partager ce moment avec leurs enfants, maintenant que Rosie leur semblait assez grande et débrouillarde pour se joindre pleinement à eux. C’est en début d’après-midi du 20 décembre que la petite famille avait rejoint pour deux semaines l’atypique chalet perdu en pleine forêt gracieusement prêté par l’un des collègues de travail et ami de Luc. A leur plus grand regret il ne neigeait toujours pas, mais la vaste forêt entourant le chalet suffisait à les convaincre qu’ils avaient pris la bonne décision. Loin de tout, de la ville, du travail, des problèmes de la vie, ces vacances d’hiver étaient aussi pour eux un moyen de se rapprocher de leurs enfants qu’ils ne voyaient que trop peu pour cause de leurs emplois du temps trop chargés. Bien que Zack ne souffrait pas de cette situation, Rosie, elle, gérait ce sentiment d’abandon telle une tornade lorsqu’elle l’avait décidé et avait, contrairement à son frère qui était calme, doux et respectueux, un caractère bien à elle. La fillette était en avance sur beaucoup de choses et avait un regard sur le monde qui la laissait souvent à l’écart des autres enfants de son âge. On la qualifiait souvent d’adulte piégée dans le corps d’une petite fille ; une vieille âme. Mais pour ces raisons qui auraient poussé n’importe quel autre bambin à se renfermer sur lui-même, Rosie, elle, se sentait supérieure à tout et à tout le monde.

    À l’aube du 21 décembre, sacs et couchages de secours sur le dos, la petite famille entama sa première randonnée. La journée aurait pu se dérouler sans le moindre accro si après déjà plusieurs heures à rebrousser chemin jusqu’au chalet, persuadé d’être capable de retrouver son chemin sans l’aide de sa femme, Luc n’avait pas refusé de sortir sa carte plus tôt. Il commença à s’inquiéter et à avouer à Iris qu’il s’était trompé lorsqu’il remarqua que le soleil allait se coucher. Le soir venu il ne servait plus à rien de continuer à chercher son chemin ; ainsi ils installèrent leur campement avant que la nuit ne tombe et ne les plonge dans la pénombre. Tous quatre blottis dans leur tente, sous les chauds et moelleux duvets imprégnés de l’odeur du feu de bois qu’avait plus tôt allumé Iris, l’ambiance avait quelques airs de ce qu’ils étaient venus chercher durant ce séjour ; celle d’un soir de Noël en famille.

    Tard dans la nuit, alors que la famille dormait à poings fermés et que la forêt n’était plus qu’éclairée par la brillante lumière de la lune, Luc fut réveillé par une multitude de sons formants une mélodie ; celle de lointains grelots. Soucieux de la sécurité de sa famille mais non pas décidé à effrayer ses enfants, il empoigna son petit couteau ainsi que sa lampe de poche et se glissa discrètement hors de la tente après s’être chaudement vêtu dans le petit sas de cette dernière. Lorsqu’il glissa la fermeture éclair de l’entrée de la tente, la mélodie s’arrêta. Le bourdonnement du calme ambiant de la forêt avait repris sa place. Luc fit le tour de la tente en pointant de sa petite lampe chaque arbre qui l’entourait. Ils lui donnaient l’impression de s’animer un peu plus à mesure des ombres qu’il créait sur son chemin.  Pensant qu’il avait probablement imaginé ce qu’il avait entendu, Luc se résigna à retourner auprès de sa famille quand la grelottante mélodie repris de plus belle. Il pointa instantanément sa lampe en direction de l'étrange chanson ; il n’y avait rien. Luc se décida à retrouver sa femme et ses enfants dans l’urgence lorsqu’il comprit que la chose s’approchait à grands pas décidés de leur campement. Mais alors qu’il courait en direction de la tente, une immense main, venant de la pénombre derrière lui, empoigna l’avant de son visage, l’empêchant d’appeler à l’aide et l’entraîna au plus profond de l’obscure forêt. Parmi les ombres des arbres déformées par la lampe de poche tombée au sol, il disparut.

    Lorsque le soleil se leva, au matin du 22 décembre, Iris pensa d’abord que son mari était discrètement sorti pour ne pas les réveiller mais, lorsqu’elle vit qu’un épais tapis de neige avait tout recouvert autour d’eux sans y trouver la moindre trace de passage de Luc, l’inquiétude s’installa. Vers midi, elle décida de partir à sa recherche. Puisque la neige commençait de nouveau à doucement tomber, elle emmitoufla Zack et Rosie dans la tente pour qu’ils restent au chaud durant son absence. La jeune femme sécurisa l’entrée de leur abri à l'aide quelques vieux colliers de serrage en plastique trouvés au fond du sac de Luc après leur avoir promis qu’elle rentrerait vite. Iris s’était mis un point d’honneur lorsqu’elle avait soigneusement attaché la cordelette de plusieurs mètres, enroulée en une épaisse bobine et qu’elle avait sortit de son sac, au tronc de l’arbre le plus proche de la tente : Elle ne s’éloignerait pas plus qu’au-delà des capacités que lui offriraient la cordelette qui lui permettrait de retrouver le chemin jusqu’à ses enfants et, l’espérait-elle, son mari. Après avoir trouvé la lampe de poche cassée et éteinte, Iris s’enfonça alors, non pas sans angoisses, dans cette direction de la forêt où elle tenta d’abord en vain de trouver du réseau pour son téléphone. Sa quête n’aboutissant à rien, elle arpenta les lieux à la recherche de Luc qu’elle appela à plusieurs reprises. Après une demi-heure de marche intense à la recherche de sa moitié disparue et alors que la neige ne tombait plus qu’en fins flocons se désintégrant presque avant de toucher le sol, elle sentit soudainement que la cordelette qu’elle gardait soigneusement tendue entre ses mains depuis son départ venait de se relâcher. Iris fut prise d’une panique extrême à l’idée de ne pas retrouver le chemin menant à ses enfants mais aussi à l’idée qu’il ait pu leur arriver quelque chose. En dépit de l’épaisse couche de neige, elle se précipita jusqu’au campement du plus vite que son corps froid et fatigué le lui permit.

     C’est avec effroi qu’une fois son chemin retracé elle retrouva la tente éventrée et vidée de toute trace de ses enfants. Iris hurla de désespoir. Elle s’en voulait d’avoir pensé plus tôt qu’il s’agissait là de la meilleure option, d’avoir laissé ses enfants sans protection. Elle cria leur nom jusqu’à en perdre la voix. Dans sa peine, à la recherche du moindre indice pouvant lui indiquer la direction dans laquelle elle devait aller pour retrouver ses enfants, elle posa le pied sur le petit couteau de poche de Luc. Il l’avait laissé tomber sur le chemin lorsque la chose qui l’avait enlevé à sa famille l’avait traîné dans les profondeurs de la forêt. Iris le ramassa et compris qu’elle devait fuir au plus vite lorsqu’elle déterra de la neige, accroché à la dragonne du petit couteau de Luc, l’un de ses gants jaunes tâché de sang. Tiraillée entre la profonde conviction qu’elle devait immédiatement quitter les lieux et le refus de partir sans sa famille, Iris entendit à son tour la mélodie ; celle que Luc avait lui aussi entendu avant de disparaitre. Aux grelots se mêlaient des rires lointains qu’elle reconnut instinctivement être ceux de ses enfants et se dirigea vers eux. Bien qu’elle s’épuisât à les appeler en les cherchant, elle finit par rapidement perdre leurs traces ; comme s’ils avaient disparu en même temps qu’avait commencé à disparaitre la lumière du jour. Iris n’eût d’autre choix que de se trouver un abri pour la nuit. Dans la panique et la hâte, non pas sans regret d’avoir perdu son sang-froid au point de ne pas avoir réfléchis au moment où elle avait quitté le campement, elle n’avait emporté ni vivres ni de quoi passer la nuit au chaud. Elle monta alors dans un arbre pour passer la nuit au sec et pour ne pas être à portée des éventuels prédateurs rôdant dans la forêt. C’était là sa meilleure chance de passer la nuit mais aussi la seule.

• . •

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
LouiseLysambre
Posté le 13/01/2023
Hello hello :D

Je prends enfin le temps de venir découvrir le premier chapitre de ton histoire (il faudra que j'aille voir sur Wattpad aussi, pour les petites étoiles tant désirées haha).

Chouette mise en bouche, je dirais :) après, je ne suis pas experte en nouvelles horrifiques, mais j'imagine que les codes du genre sont bien présents. C'est rapide sans trop l'être, on comprend les enjeux et tu poses correctement le décor.

Une petite remarque dans le premier paragraphe :
Renvoie*
"Être entourés de personnes devant lesquelles ils devraient une fois de plus faire semblant d’apprécier la présence et les hideux cadeaux qu’ils recevraient ; comme ils avaient dû le faire chaque année sans exception, leur semblait cette fois insurmontable." -> cette phrase me paraît un peu longue et confuse, peut-être la simplifier et vérifier les conjonctions de coordination, par exemple "être entourés de personnes dont ils devraient faire, une fois de plus, semblant d'apprécier la présence et les hideux cadeaux" - mais franchement, je pinaille :)

À bientôt pour la suite !
VioletteMarion
Posté le 18/01/2023
Merci beaucoup!

Je me penche sur une petite retouche de ce passage dès demain 😊
Borghalgard
Posté le 26/12/2022
Impatient d'avoir la suite ! Tout de suite on est pris dans l'histoire ! Que vas-t'il ce passé ?? J'espère vraiment que le prochain chapitre sort bientôt !
VioletteMarion
Posté le 26/12/2022
Merci ! La prochaine chapitre sort ce soir à 19h !
nolween_eawy
Posté le 24/12/2022
Tu écris comme les scénarios de film! C'est très cinématographique comme manière de faire, j'aime beaucoup! On est imprégné de l'ambiance directement. On est sur place avec eux. Mon coeur bat encore la chamade et je ronge mon frein en attendant la suite. Habituellement, j'ai du mal avec les chapitres longs, mais là je n'ai pas décroché une seconde. C'est terrible.... j'attends la suite!
VioletteMarion
Posté le 26/12/2022
1000 merci pour ce commentaire, ce genre d’avis est extrêmement motivant 🥹
Vous lisez