Chapitre 1

30 Juin 2019 – École Hardlook, St Louis de Villeneuve.

 

La cloche sonna enfin. James mit les affaires dont il avait besoin pour faire ses devoirs dans son sac à dos. Il se leva, lâcha un inaudible « R’voir » à l’attention de son institutrice, puis il se mit à courir dans les couloirs, avant de descendre l’escalier à la hâte (il faillit trébucher, prenant le risque de se casser une jambe, comme à l’accoutumée), et de sortir dans la cour de la vieille école délabrée.

C’était un vendredi d’été comme un autre : chaud, sec et ensoleillé. Cependant, il ne restait plus qu’une semaine avant les vacances, et les élèves de l’école Hardlook n’attendaient plus que cela : être libres !

James atteignit le portillon. Sa sœur l’attendait là, comme chaque jour. Leur père devait être ivre, comme toujours. Quant à leur mère, elle était morte alors que James n’avait que cinq ans : que de jours il fallut pour le persuader de ne pas rester sur le palier de l’entrée, chaque nuit, à attendre qu’elle rentre !

« Enola, j’ai neuf ans, maintenant, je peux rentrer à la maison tout seul. », lança le garçon quand ils furent assez éloignés de l’école pour que les autres enfants ne les voient plus.

Sa sœur lui fit la même réponse qu'à chaque fois : la maison n’était pas toute proche, il y avait beaucoup de voitures, peu de gens, et James n’avait pas de téléphone.

Ce dernier avait des cheveux châtain clair tout ébourrifés, car il ne prenait jamais la peine de se les couper, des yeux marrons et un minuscule nez. Il avait une corpulence moyenne, quoique légèrement au-dessus du poids recommandé pour son âge.

Sa sœur, elle, ne lui ressemblait pas : elle était plutôt maigre et grande, et coiffait ses cheveux blond vénitien tous les matins, parfois aussi le soir. Elle avait des yeux caméléon, qui changeaient de couleur au gré de la météo (bleus, verts ou gris).

Cependant, contrairement à ses quelques amies, contrairement à celles mêmes qu'elle ne portait pas dans son coeur, elle détestait le maquillage. Elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi les femmes devaient porter quelque chose de non naturel pour tenter de l’être et de s’embellir (et pourquoi seulement les femmes ?). Elle trouvait cela répugnant, mais sachant que rares étaient les femmes qui pensaient comme elle, elle gardait cette réflexion pour elle. En effet, son frère lui-même avait une vision peu réfléchie des différences hommes-femmes, alors qu’il commençait à avoir l’âge de se poser des questions. Quand elle lui avait demandé si elle pouvait l’accompagner à ses cours de rugby du samedi, il y avait de cela trois mois, il avait répondu, comme si cela était parfaitement normal :

« Bah non, c’est un sport de garçon. Si on te voit, on va se moquer… ».

Elle avait ri avec lui, et la conversation s’était arrêtée là.

*

Ils n’étaient plus qu’à quelques mètres de la maison quand James demanda s’il pouvait aller faire ses devoirs avec le petit Thomas, le fils du voisin. Enola répondit :

« Bien sur, mais il est en CM1, non ? Tu devras l’aider.

- Tu parles ! Thomas est un vrai intello… Il va faire ses devoirs et les miens en moins de dix minutes, il me restera plus qu’à relire mes leçons. De tout façon, la semaine prochaine, on va même pas travailler… »

Enola hocha la tête d’un air incrédule et l’accompagna jusqu’à l’entrée de la maison des voisins. C’était une bâtisse moderne, mais dont les tuiles du toit avaient été verdies par les herbes et le temps, car leur entretien avait été délaissé. Sur la boite aux lettres, qui débordait de publicités pour Car-four, Lamazone et La Halle aux chaussons, était inscrit : « L’Alouette – Famille Anders ». L’Alouette étant le nom de cette maison depuis fort longtemps, depuis un temps bien antérieur à son achat par cette famille.

La jeune fille laissa son frère s’échapper par la porte d’entrée, sac d’école en main, et elle fit demi-tour : elle aussi avait des devoirs à faire pour le lendemain.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Edouard PArle
Posté le 29/10/2021
Coucou !
On a déjà le sujet de l'égalité homme / femme lancé très vite. Ce n'est pas dérangeant mais il faut faire attention je pense à ce que les messages ne prennent pas trop le pas sur l'histoire. Enfin ce n'est que mon avis^^
"hâte (il faillit trébucher, prenant le risque de se casser une jambe, comme à l’accoutumée)," je n'ai pas compris à quoi sert la parenthèse ?
Les yeux caméléons c'est une belle trouvaille mais dans la vraie vie ce doit être perturbant xD
Belle découverte,
Au plaisir (=
Voltage
Posté le 24/03/2021
Je me joins au commentaire de Misty...(on écrit souvent nos commentaires ensemble, mais comme elle s'occupe plutôt du français et moi du style et du récit, on a décidé de faire ça séparément.)
En effet ton style semble un peu instable. Les "hésitations" sont surtout dans les descriptions, ce qui m'empêche un peu de me fondre dans le décor.
Tu devrais plus insister sur le côté "frère absent", ou sur l'attitude des personnes alentours, qui renforcerait le sentiment de solitude qu'éprouve cette lycéenne. Il y a d'ailleurs peu de détails concernant la disparition d'animaux. Je sais que ce n'est que le chapitre 1, mais je te conseille de commencer l'ambiance assez tôt, pour faire un peu une sorte de progression.
Dernière chose : Je te conseille de bien construire et structurer les évènements à venir, car si tu écris au fur et à mesure, tu risques de te bloquer à un moment donné, et être obligé de te lancer dans de longues réécritures (comme moi haha).
C'est un bon début, et j'aime beaucoup ta thématique et le message que tu essaies de passer, car peu de gens de ton âge osent ou pensent ce genre de choses.
Hugo Melmoth
Posté le 28/03/2021
Merci Voltage pour ces précieux conseils !
Misty
Posté le 24/03/2021
J'ai été intriguée par ta préface.
Ton écriture est parfois un peu hésitante, il y a beaucoup de répétition de mots dans quelques même phrases. En revanche, les personnages ainsi que leur manière de penser et leur caractère sont présentés clairement.
On ne connaît juste leur situation, ce chapitre se situant dans un court moment, j'ai pu discerner peu d'éléments qui font avancer l'histoire, mais je ne te presse pas, avance à ton rythme...
Hugo Melmoth
Posté le 28/03/2021
Merci Misty pour ton commentaire !
LilouMimi
Posté le 22/03/2021
Deux des trois sujets sont déjà là. Une ado qui refuse le formatage "Barbie" des filles. Une boîte aux lettres anodine qui regorge d'incitations aux achats futiles.
Le chat botté
Posté le 22/03/2021
Je te suis depuis le début et je trouve que tu fais d'énormes progrès. Ton style se dessine, tes personnages sont moins elliptiques, tu prends le temps de construire un univers en insistant sur le descriptif. J'ai hâte de lire les prochains chapitres de ce roman à la tonalité nouvelle.
Hugo Melmoth
Posté le 23/03/2021
Bonjour chat botté,

Je te remercie pour ce commentaire très encourageant ! Tu es l'un des lecteurs duquel je reçois le plus de retours, et tes conseils et encouragements sont toujours une source inépuisable de bonheur !

Bien à toi,
H.M.
Vous lisez