Chapitre 1

Par Isapass

Chippewa Town

 

Un hurlement déchira l’air lourd de l’après-midi.

Tyler le perçut malgré le volume du poste de radio qu’il tenait sur l’épaule. Il baissa le son et regarda autour de lui, comme si le bruit avait laissé une empreinte, une fumée qui pouvait lui indiquer son origine.

Évidemment, il ne vit rien. L’atmosphère était immobile et l’entrée de la petite bourgade, déserte. Pas étonnant : il ne se passait jamais rien, dans ce trou. Quoique… ces derniers temps, plusieurs personnes avaient disparu.

Il ignora la sensation qui avait transpercé sa nuque en entendant le cri — comme une aiguille chauffée à blanc dans la moelle épinière — et reprit sa marche en haussant les épaules.

 

La vue de la maison de Mrs Balling, avec sa véranda proprette, lui fit oublier l’évènement. Avec un sourire railleur, il tourna les baffles vers le portillon et poussa le volume à fond, comme à chacun de ses passages. C’est vrai qu’il était puissant ce nouveau poste ! Il pouvait, vu son prix. Ses parents avaient dû se saigner pour le lui offrir. Mais Tyler obtenait tout ce qu’il demandait, il n’allait pas se gêner. Après tout, ils étaient si fiers de leur fils. La star du lycée, le quaterback vedette. Il avait bien mérité qu’ils se sacrifient un peu pour lui.

Il ralentit le pas pour laisser à la vieille femme le temps de sortir de chez elle en menaçant d’appeler le Sherif Spark. À quoi il répondrait par un geste obscène pour la faire enrager davantage. Cependant, Mrs Balling ne se montra pas.

Tyler renversa la boîte aux lettres et l’écrasa de quelques coups de semelles, histoire de soulager sa frustration. Il releva le col de sa veste en jean et s’éloigna en marquant le rythme.

 

Devant chez les Porter, une masse brune attira son regard. Il s’approcha. Un chien crevé. La bestiole avait dû être fauchée par une voiture. Pas de bol : il devait en passer dix par jour, ici. Un haut-le-cœur le fit reculer. Ça ne se voyait pas tout de suite à cause des poils longs du chien, mais ses blessures étaient impressionnantes. La chair de la joue était arrachée et plusieurs lacérations parcouraient son flanc. Tyler souleva un lambeau de peau. Les poils étaient gluants de sang et ses doigts se couvrirent de rouge. Dessous, les côtes étaient cassées et enfonçaient leurs extrémités tranchantes dans les tissus déchirés. Il écarta sa main avec dégoût.

L’œil du chien s’ouvrit soudain et un gémissement montra que son agonie n’était pas terminée. Tyler lut la terreur dans la pupille fixée sur lui. La bête haletait. Une flaque d’urine s’étendit autour de son arrière-train.

Il laissa l’animal à son calvaire. Avec la chaleur, il puait déjà la mort.

 

Et maintenant, qu’allait-il faire ? La perspective de rentrer chez lui, de voir ses parents, lui parut au-dessus de ses forces. Ils avaient dû apprendre ce qui s’était passé au mini-market, ce matin. Il s’était fait mettre à la porte par Mr Spitzler parce qu’il avait pris quelques billets dans la caisse. Il imaginait déjà les yeux larmoyants de son père qui lui rappellerait que John Spitzler était un ami. Sa mère, le visage angoissé, lui dirait qu’il avait changé ces dernières semaines.

Le pire, c’est qu’ils n’allaient même pas lui faire de reproches. La pensée de leur sollicitude et de leurs regards remplis d’amour lui donnait envie de vomir. Non, il n’irait pas chez lui tout de suite.

 

Étrange à quel point la ville était déserte. L’activité était toujours réduite à cette heure-ci, mais ce soir, il n’avait croisé personne depuis qu’il était revenu de… Avec surprise, Tyler constata qu’il ne se souvenait plus de ce qu’il avait fait cet après-midi. Un rire sans joie lui monta dans la gorge : il avait peut-être pris une bière de trop, et avec la chaleur… pouf ! sa mémoire avait décroché. Ce n’était pas la première fois : ça lui arrivait régulièrement ces derniers temps. Il devrait peut-être ralentir l’alcool.

En fait, non : c’était finalement assez excitant de ne pas tout se rappeler.

 

Toujours accompagné de la musique crachée par son énorme poste, il marcha vers le carrefour qui formait le centre de la bourgade. La première cassette se termina, il enclencha la seconde. Le groove de Michael Jackson remplaça la voix rauque de James Hetfield. Tyler s’essaya à quelques pas de danse en chantonnant « I’m bad, I’m bad », mais son genou gauche protesta.

 

Les quatre boutiques semblaient ouvertes. Pourtant ici non plus, aucun passant, aucun client, aucun vendeur. Il monta à l’étage au-dessus du drugstore : ses parents ne se trouvaient pas dans l’appartement. Il troqua le poste contre son walkman.

De retour dans la rue, Tyler se campa au milieu du carrefour. C’était grisant, cette sensation d’avoir la ville pour lui seul. Il pouvait faire ce qu’il voulait. Il passa la porte vitrée du mini-market et rafla le contenu de la vieille caisse enregistreuse. Bien fait pour ce vieux Spitzler ! Il prit un coca et une bière dans l’armoire réfrigérée, un milky way, et balaya du bras au passage un rayon de chips.

Il vida d’un trait son soda pour chasser le goût bizarre qu’il avait dans la bouche et lâcha un rot tonitruant avant d’entamer la bière. La lumière déclinait et le soleil, pile dans l’alignement de Main street, jetait des ombres étirées à l’extrême le long des trottoirs. L’air semblait orangé. Palpable. Tyler se sentait en paix. Sans entrave. Il avait changé, ça ne faisait aucun doute. Pourtant il se ressemblait plus aujourd’hui que quelques mois auparavant.

 

Dans le décor totalement immobile, un mouvement attira son regard. Un animal avançait lentement au milieu de la chaussée. Lorsqu’il approcha, Tyler reconnut le chien. Il marchait sur trois pattes, traînant la dernière comme un débris. Comment cette bête tenait-elle encore debout ?

Péniblement, elle progressa jusqu’au croisement et tourna dans Lincoln.

Tyler l’observa un moment, puis la suivit. Peut-être pour voir jusqu’où le clébard parviendrait à tirer sa carcasse. Il parcourut un demi-mile, à une trentaine de pas derrière lui. L’animal s’arrêta à la fourche et sembla hésiter. Tout droit, la route amenait au lycée qu’on distinguait au loin. Celle de gauche continuait sur plusieurs miles jusqu’à la réserve indienne. Tyler s’essuya le front avec le bandana noué autour de son poignet et reprit sa marche derrière son guide qui claudiquait vers le bâtiment scolaire.

Dans ses oreilles, la musique eut des ratés. Les piles montraient des signes de faiblesse. Il appuya sur la touche d’arrêt et rabattit le casque autour de son cou. Le silence l’écrasa d’un seul coup.

 

Chippewa Highschool. Un frisson d’excitation parcourut sa poitrine lorsqu’il traversa le parking désert, réminiscence de ce qu’il avait ressenti pendant les trois années passées ici. Chaque jour lui apportait son lot de gloire, de promesse. Profs ou élèves, tous le considéraient comme un héros. Il avait été roi, choisissant les filles qui auraient l’honneur d’être à son bras, décidant qui était cool, qui était nul. Se permettant même de rendre ou non ses devoirs, sachant qu’il aurait l’indulgence de la directrice.

Le fantôme des souvenirs ne charriait pas que du plaisir, cependant. Une brûlure fugace de colère remonta de son ventre.

 

Le chien avait disparu. Il avança jusqu’à l’accès principal. En plein été, il serait probablement verrouillé. 

Pourtant, l’un des battants était entrebâillé. Il entra. La pénombre régnait. Les rangées de casiers n’étaient éclairées que par la lumière coulant par la porte qu’il venait de franchir. Le silence était total, cependant il avait la sensation que quelqu’un — ou quelque chose — l’attendait.

 

Il avança le long du couloir, jusqu’à la vitrine des trophées au centre de laquelle trônait la coupe de l’état. Il observa les photos. Sur la plupart d’entre elles, sa propre image le dévisageait. Conquérant, vainqueur, un demi-dieu à qui tout souriait. Mais ça, c’était avant ce match amical que l’entraîneur avait accepté pour finir la saison en beauté. Nouvelle victoire pour le lycée. Mais pas pour lui.

Lui, il avait quitté le terrain sur un brancard. Double rupture des ligaments croisés.

 

Il s’enfonça encore dans les entrailles du bâtiment désert. Une odeur âcre flottait.

Il avisa la porte de l’administration. Même si sa vie de lycéen lui semblait très lointaine, il ne put résister à la tentation de visiter le bureau de la directrice.

Une longue plainte retentit, provenant du fond obscur du couloir, au moment où il entrait. C’était sans doute le chien, venu chercher un peu de fraîcheur pour mourir.

Dans la pièce, l’excitation disparut et la torpeur qui l’accompagnait depuis un mois l’enveloppa de nouveau. Il fit quelques pas sans savoir comment profiter de la chance d’être là. Il allait ressortir quand il avisa le téléviseur et le magnétoscope. Une VHS émergeait de la gueule de l’appareil. Sur l’étiquette : « 1986 PROM ». Il la repoussa dans le lecteur.

 

Les images du bal s’affichèrent, accompagnées des chansons du groupe invité ce soir-là. La caméra cadrait la scène avec les musiciens, les danseurs et une partie du buffet. Au fond, il se vit lui, Tyler, assis sur une chaise le long du mur, son genou gauche maintenu par une attelle. Des camarades venaient le saluer, mais ils partaient rapidement, l’air gêné et comme craignant la contagion de sa dégringolade.

Il était sorti de l’hôpital la veille. Chez lui, une lettre de l’université l’attendait, expliquant que la bourse qu’il avait obtenue ne pouvait être maintenue suite à sa blessure. Il avait insisté pour être présent au bal, pensant soigner ce coup dur. Mais il avait passé la soirée seul, comme un looser. Ces images n’avaient aucun intérêt.

Il allait presser « stop », quand il vit une fille s’approcher de lui. Il ne se rappelait pas qu’elle était venue lui parler, mais il reconnut la chanteuse du groupe. À l’écran, elle lui tendit une petite bouteille.

Il fit tout de suite la relation avec le goût qu’il avait dans la bouche. La scène lui revint par flash. Elle lui avait dit qu’il était « du peuple des origines ». Il n’avait pas compris. Puis il avait réalisé qu’elle devait être une Indienne Ojibwé. Il l’avait traitée de folle.

Loin de s’offusquer, elle lui avait suggéré de réfléchir à ses caractéristiques physiques et pourquoi il ressemblait aussi peu à ses parents. Et tandis qu’un choc avait succédé à ses paroles, elle lui avait glissé la fiole, en lui disant qu’une gorgée de temps en temps l’aiderait à savoir qui il était.

Tyler fouilla dans la poche intérieure de son blouson en jean. Il trouva le flacon, presque vide.

 

Tandis qu’il sortait du bureau, il perçut un nouveau gémissement. Il se dirigea vers le bout du couloir. L’odeur s’épaissit. Il se sentait de plus en plus confus, comme si ses pensées lui échappaient.

 

Il poussa la porte battante qui menait au gymnase. Une bouffée d’air faisandé emplit ses narines. Sur le sol, des centaines de corps gisaient, sanguinolents. Il slaloma entre eux dans un état second. Les membres étaient brisés et reposaient selon des angles impossibles. Les vêtements arrachés montraient des plaies béantes, des os saillants. À divers stades de décomposition, des visages lacérés, défigurés, le regardaient de leurs yeux morts, lui souriant parfois quand leurs joues crevées laissaient voir les dents. Il marcha sur un objet mou et se pencha pour le ramasser : de la peau et des cheveux. Il trouva aussi un couteau. Plusieurs cadavres avaient été scalpés.

Une plainte résonna encore. Il restait quelqu’un de vivant. Un mouvement attira son attention. Il s’approcha et reconnut Wendy Correnson, la chef des cheerleaders. Sa jupe courte montrait de profondes entailles sur ses cuisses et ses jambes. Elle se traînait sur les avant-bras, pouce par pouce, laissant derrière elle une mare de sang coulant de la chair en charpie de son flanc droit.

Tyler s’agenouilla près d’elle. Elle tourna ses yeux aveugles vers lui et poussa encore un faible vagissement. Sur son cou, il vit des traces de morsures. Il constata que la marque était moins nette à droite et passa le doigt sur sa propre canine cassée.

Il respira profondément en fouillant dans sa poche. Il avala les dernières gouttes du flacon et le jeta derrière lui. Une joie intense inonda ses entrailles. Il saisit à pleine main les cheveux de Wendy et pressa la lame du couteau sur son front.

L’Indienne avait raison, il avait trouvé qui il était.

 

 

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Nobélium
Posté le 23/10/2019
Ces une super nouvelle et la chute est tout simplement génial car tu as su garder le mystère jusqu'au bout tout en glissant des indices de temps en temps.
Isapass
Posté le 24/10/2019
Merci pour tes compliments. Tant mieux si ça t'a fait passer un bon moment. Ceci dit, je pense qu'il y aurait quand même quelques améliorations à faire pour rendre la chronologie plus claire, si j'en crois les autres commentaires.

Je crois qu'on ne se connaît pas : est-ce que tu es inscrit(e) sur le forum de Plume d'Argent, aussi ? Sinon, n'hésite pas à venir voir, surtout si tu écris : tu trouveras une communauté très sympa, plein de conseils, de discussions...

En tout cas merci pour ta lecture et ton retour !
Nobélium
Posté le 24/10/2019
Si tu ne me connais pas c'est normal car je me suis inscris hier grâce à " l' invitation " de Christelle Dabos.
Merci tout de même pour le conseil. ^^
Nobélium
Posté le 24/10/2019
P.S. J'adore ton dessin
Luna
Posté le 30/10/2018
Alors là Isa, tu m'as complètement eue ! Tu as bien su retranscrire cette ambiance déliceusement rétro des années 1980, chapeau.
J'ai cru que l'histoire irait dans une direction totalement opposée lorsque le chien est entré en scène. Je trouvais qu'il arrivait trop bien à se déplacer compte tenu de ses blessures et que Tyler était en fait coincé dans les limbes ou un entre-deux-mondes parce qu'en fait il était mort (ce qui expliquait qu'il ne croisait personne). Mais je ne m'attendais absolument pas à cette fin.
Bravo pour cette histoire finement menée et glaçante !
Isapass
Posté le 30/10/2018
Ah mais c'est que ton idée est aussi hyper intéressante ! Mais non, je n'y avais même pas pensé. 
Tant mieux si je t'ai surprise et si l'ambiance t'a plu : j'ai beaucoup misé dessus.
Merci pour ta lecture et ton commentaire ♥ 
Primrose
Posté le 28/10/2018
Coucou Isapass ! 
En lisant ta nouvelle, j'ai réellement eu l'impression de voir un petit film se dérouler devant mes yeux. Ton écriture est extrêmement visuelle, et c'est un amas de petits détails qui rend l'ensemble très vivant. Une phrase en particulier a immédiatement créé une image devant mes yeux et c'est celle-ci : " La lumière déclinait et le soleil, pile dans l’alignement de Main street, jetait des ombres étirées à l’extrême le long des trottoirs". Tout ceci a rendu ma lecture très immersive, ce qui a fait que j'ai tout lu d'une traite en suivant silencieusement les pas de Tyler...
Pour autant, je dois bien avouer que je ne suis pas certaine d'avoir tout saisi, notamment en ce qui concerne la temporalité de ton récit. Avant de lire les commentaires, je pensais que l'action se déroulait le jour du bal de promo. En fait, j'avais même l'impression qu'il y avait plusieurs Tyler : celui qui perpétue le massacre au bal, juste après avoir bu la fiole, et celui qui, de loin, entend le bruit qui émet de ce massacre (une hypothèse un peu farfelue, je l'avoue). En fait, après lecture de ton explication, je vois que j'étais complétement à côté de la plaque et que l'explication est beaucoup plus ancrée dans la réalité que mon histoire à dormir debout. 
 Mais finalement, cette incompréhension de ma part ne me dérange pas tant que ça, car elle participe à une espèce d'état flottant de ta nouvelle, un peu fantastique, un peu perturbant, que j'ai vraiment adoré. En fait, et ça va paraître étrange vu que je me rends compte rétrospectivement que je n'avais rien piffé à ta nouvelle, j'ai eu un véritable coup de coeur dessus tant j'ai ressenti l'atmosphère oppressante de cette ville déserte, de ce chien mourant et cet adolescent glaçant qui erre au crépuscule. 
Donc, il ne me reste plus qu'à te féliciter pour cette histoire surprenante et vraiment réussi :) 
(et je rajoute une mention spéciale à ta plume que je trouve juste SUPERBE)  
Isapass
Posté le 28/10/2018
Salut Primrose !
Oh la la ! Ton commentaire est très boostant ! Ca me touche beaucoup, en particulier ce que tu dis sur ma plume et son côté visuel. 
Quand j'ai fait mes coupures pour rentrer dans les 2000 mots, j'ai failli supprimer la phrase dont tu parles et puis j'ai changé d'avis parce que pour moi aussi, le tableau était si net que je me suis dit que c'était un atout pour l'ambiance. J'adore me dire que ça a aussi déclenché une image nette pour toi, mais que ce n'était sûrement pas la même que la mienne !
J'étais un peu inquiète en réalisant que le déroulement des évènements n'était pas assez bien fait pour être compréhensible. Du coup ça me rassure que tu me dises que ça ne t'a pas empêché de profiter de l'histoire. Je vais aussi t'avouer ce qui t'a induite en erreur (et que personne n'a pointé jusqu'ici) : c'est la première phrase. J'avoue que même moi je ne sais pas à quoi raccrocher ce hurlement :) C'est un pur artifice pour accrocher le lecteur dès le début. Ce peut-être le chien, ou n'importe quoi d'autre, ce n'est pas vraiment une incohérence... mais je pense que c'est un peu trompeur (et ça je ne l'avais pas vu venir.
Un grand merci pour ta lecture et ton trèèèèès gentil commentaire (la dernière phrase : ♥) 
Elia
Posté le 27/10/2018
Salut.
Bon s'attaquer à un chien c'est le détail qui suffit à me fendre le coeur dans un récit. En tout cas, j'ai apprécié la façon dont on suivait Tyler (pas très sympathique au début d'ailleurs), dont on se plongeait dans le décor de cette ville. J'ai dû relire cependant deux fois la fin pour comprendre, mais c'était bien trouvé. 
N'empêche... pauvre chien :'(
 
Isapass
Posté le 27/10/2018
"j'ai apprécié la façon dont on suivait Tyler (pas très sympathique au début d'ailleurs)" : ah bon, parce qu'à la fin tu l'as trouvé plus sympa ? ;)
Ah tiens, tu es la première à me dire que tu n'as pas compris la fin du premier coup. 
Oui, bon, je crois que je suis définitivement cataloguée comme sadique avec avec le coup du chien... Tant pis, j'assume :D
Merci pour ta lecture et ton commentaire ! 
Fannie
Posté le 26/10/2018
Coucou Isapass,
Au début, je me disais : « Quel sale gamin, ce Tyler ! » (parce que je l’imaginais adolescent ; maintenant j’ai des doutes quant à son âge). Ensuite, quand j’ai compris qui il était, et lui aussi, je suis restée sans voix. On ne sait pas vraiment si cette potion est censée l’avoir transformé ou simplement révélé à lui-même (je penche plutôt pour la seconde option), mais c’est bien de garder un peu de mystère.
Ta belle plume mise au service d’une histoire d’horreur bien sanguinolente produit un effet saisissant. Le fait que tu nous balades un bon moment, la caméra dirigée sur Tyler, et que les choses s’accélèrent à la fin ne m’a pas dérangée du tout. Tu dis ne pas savoir écrire du gore (puisqu’on est dans les anglicismes), eh bien c’est officiel, tu y es très bien parvenue. En tout cas à moi, ça me suffit, merci. :-)
Tu as bien rendu cette ambiance insolite, oppressante, et bien exploité la perte de mémoire de Tyler pour nous laisser mariner, puis cette cassette vidéo (encore un élément rétro) qui permet de la reconstituer. Tant pis si on peut se demander comment elle est arrivée dans le magnétoscope. À vrai dire, j’étais tellement prise par l’histoire que je n’avais rien remarqué. Mais entre-temps j’ai lu les commentaires des autres plumes… ;-)
Cette nouvelle a sa beauté propre, même avec son côté horrifico-dégoûtant. Bravo pour cette performance !
Coquilles et remarques :
La bestiole avait dû être fauché [fauchée]
La pensée de leur sollicitude et leurs regards remplis d’amour lui donnait envie de vomir [Je mettrais « de leurs regards » si « leur sollicitude » et « leurs regards (...) » sont deux compléments du nom « pensée » ; autrement le singulier « donnait » choque.]
son propre visage le dévisageait [la répétition est-elle volontaire ?]
ce match amical que l’entraineur avait accepté [Comme tu écris « traîner », « boîte », « fraîcheur », il faudrait écrire « entraîneur » par souci de cohérence.]
Il allait presser « stop », quand il vit une fille s’approchait de lui [« qui s’approchait » ou « s’approcher » ?]
laissant derrière elle une marre de sang [Elle peut en avoir marre de tout ce bazar, mais c’est quand même une mare de sang. ;-)]
Isapass
Posté le 26/10/2018
Mwo merci pour tes compliments !
Tyler est bien censé être un ado (17 ou 18 ans) puisqu'il vient de finir le lycée. Donc ton "sale gamin" me paraît adapté ;)
Pour le gore, j'ai bien fait de m'arrêter là, alors ! En fait, je pensais que les autres nouvelles allaient faire paraître mon niveau de "goritude" timide, mais pas mal de plumes ont préféré rester dans la suggestion. Donc en effet, la mienne doit faire partie du trio de tête du gore, finalement :D 
Ton retour sur la cassette vidéo, en plus de la question de UNeven (dont j'ai compris le vrai sens après lui avoir répondu), me font quand même comprendre que je n'ai pas rendu le déroulement des évènements très clairs. En fait, la scène se déroule environ un mois après le bal de promo. Il y a de petits indices (sans doute trop ténus) qui le disent : les pertes de mémoires lui sont arrivées plusieurs fois ces dernières semaines, il marche et essaie même de danser, donc il n'a plus son attelle et il s'est passé du temps depuis son opération... Et aussi (mais là c'est vraiment ténu), les corps sont "à divers stades de décomposition". Dans ma tête, il a pris plusieurs fois de la potion depuis le bal, il a donc tué des gens à chaque fois et les a amenés au gymnase après chaque massacre. Et il n'a pas forcément pris de la potion pour la première fois le soir du bal. Ce qui fait que la cassette peut tout à fait avoir été placée dans le magnétoscope le lendemain du bal, avant même qu'il se soit passé quoi que ce soit.
Mais bon, ça c'est dans ma tête. Apparemment sur le papier, ça n'est pas aussi compréhensible !
Pour les coquilles, merci pour ton oeil de lynx ! La répétition visage/dévisageait n'est pas du tout volontaire ! :D Quant à la "marre" de sang... je vais me cacher ! 
Merci pour ta lecture et ton retour. 
Rachael
Posté le 25/10/2018
Belle ambiance, dans ton histoire. On se croirait vraiment aux USA dans les années 80-90 !
On sent qu’il s’est passé quelque chose dans cette petite ville, et j’ai soupçonné assez vite ton personnage, vu la manière pas très sympathique dont tu le décris (et vu qu’il semble le seul encore vivant dans le coin). Le coup du chien est bien glauque, et puis ça marche toujours bien sur le lecteur quand on s’en prend à de pauvres animaux innocents. (sadique, va !). Tu dis que tu ne sais pas faire du gore, mais je trouve que tu t’en tires vraiment bien, c’est quand même très glauque aussi sur la fin ! On sent que la contrainte de mots t’a probablement frustrée (sur la fin non ? ), mais bien que rapide, la chute reste sympa. Belle réussite !
Je me suis juste demandé après lecture pourquoi tout le monde était dans le gymnase. Il les a amenés là parce que c’était l’endroit du « prom » qu’on voit dans laVHS ?
Isapass
Posté le 25/10/2018
Ah ah ! Marrant comme tu commences à me connaître : tu vois les petites facilités que j'ai utilisées et les défauts que les autres n'ont pas forcément vus ;)
En fait, je ne pensais pas forcément garder très longtemps le suspense sur le fait que Tyler était très louche. J'ai plutôt misé sur l'ambiance et sur le degré de louchitude. Du coup, j'ai même été surprise que d'autres commentaires parlent de "retournement de situation" (encore mieux, c'est du bonus !)
Pour le coup du chien... pour l'avoir testé dans les PL, je sais que les réactions sont toujours très fortes pour ce genre de scènes... Donc j'avoue, je m'en suis honteusement servi pour alourdir l'ambiance d'un coup :)
Et en effet, j'aurais facilement fait 500 ou 1000 mots de plus. Ca me fait toujours ça sur les textes courts : au début je m'étends, je me dis que je n'arriverai jamais à faire assez de mots... et les idées se mettent à arriver, se multiplient et je me rends compte que je suis à 1800 mots et que j'ai 200 mots pour raconter toute la fin :D J'ai essayé de rééquilibrer, mais d'un autre côté, j'aimais bien que l'atmosphère se plombe leeeeentement, alors j'ai gardé deux bons tiers sur la déambulation dans la ville.
Quant au gore... je voulais en faire beaucoup plus ! Mais bon, c'est pas sorti.
En ce qui concerne ta question... Euh, en fait j'en sais rien mais ton hypothèse est très bien : je la garde ! :D 
Merci pour ta lecture et ton retour ! 
NemoB
Posté le 25/10/2018
Bonjour Isapass !
Haha, j'ai senti que quelque chose clochait quand il n'a pas achevé les souffrances de ce pauvre chien... Ou tout au moins essayé de l'emmener chez un vétérinaire pour qu'il le fasse (oui, je suis aussi une amie des bêtes, c'est toujours affreux quand on s'attaque aux animaux). 
 L'ambiance est vraiment bien posée, elle nous oppresse à mesure des mots. Beaucoup de questions restent en suspens, mais ce n'est pas plus mal. Comme tu as pu le dire en commentaire, laisser l'imagination faire les choses, c'est bien aussi ! 
  Bravo pour cette nouvelle qui est fluide et dont on voit le beau travail ! 
Isapass
Posté le 25/10/2018
Décidément ce pauvre chien aura fait couler beaucoup d'encre virtuel ! ;)
En effet, je voulais montrer que Tyler n'éprouve pas trop d'émotions, et surtout pas trop de compassion. Donc en plus de mettre un début d'ambiance gore, la scène du chien montre qu'il se fiche un peu des souffrances de la pauvre bête.
Merci pour tes compliments sur l'ambiance ! Et pour ta lecture et ton retour.
A bientôt 
Nana
Posté le 25/10/2018
Coucou Isa !
Eh ben, on est bien dans l'ambiance gore et rétro de cet Halloween PAen :) J'ai adoré les petits détails bien dégueus du chien blessé, c'était parfait pour mettre dans l'ambiance hihi... Et après, au fur et à mesure, on comprend que le protagoniste a un truc pas net, jusqu'à la révélation finale qui nous achève !
C'était top !
Bisouuuu
Nana 
Isapass
Posté le 25/10/2018
Mwooo merci pour ton enthousiasme !
Ah enfin quelqu'un qui n'est pas trop dégoutée par les blessures du chien :D 
Oui je n'ai rien fait de particulier pour le rendre attachant, Tyler, donc ça ne m'étonne pas que tu aies vu venir le "truc pas net" ;) 
Ravie que ça t'ait plu !
Bises ! 
Omecihuatl
Posté le 25/10/2018
<br />Hello !  Je suis impressionnée par la mise en ambiance et le vocabulaire. J'avais cette impression d'être dans un des films des années 90, surtout vu l'impact américain sur la culture à ce moment-là.  Les phrases sont vraiment jolies et fluides, c'était très agréable à lire ^w^  J'ai presque envie de dire que la mise en ambiance m'évoquait plus un roman qu'une nouvelle par contre. Même si le déroulement est très bien amené ( franchement je voyais le chien le guidant, puis l'atmoosphère s'alourdir, la découverte de la vidéo. C'était très visuel, j'aime beaucoup ! ), je reste un peu sur ma faim =D j'ai l'impression d'avoir été introduite au personnage et au monde et qu'il reste encore toute une histoire à apprendre.  J'ai vu dans les commentaires que tu avais écrit, modifié, relu, réécrit. Je me demandais comment tu t'y prenais pour réécrire ? Est-ce que tu reprends totalement le texte, est-ce que tu affines le vocabulaire et les tournures ?  Merci en tout cas, j'ai passé un chouette moment ^o^/  <br />
Isapass
Posté le 25/10/2018
Salut ! 
J'ai toujours une petite tendance à exagérer et je n'ai pas passé taaaaant de temps que ça sur la nouvelle. Mais c'est vrai que pour un texte court à longueur imposée, je commence toujours par 1) imaginer quelque chose avec un déroulement qui me paraît cohérent avec la longueur demandée, 2) écrire comme je le sens, en ne me restreignant pas trop, 3) constater que j'ai beaucoup débordé, 4) prendre ma tronçonneuse et couper dans tous les sens !
Et évidemment, à chaque fois qu'on coupe, la structure change et il faut repenser les articulations et le déroulement global, l'équilibre, etc... 
Du coup, ça ne m'étonne pas que tu aies l'impression que ça pourrait faire quelque chose de plus long. Parce que moi aussi ! En fait, c'est toujours comme ça : au début je m'étends, je cherche ma voie et j'ai l'impression que tout s'accélère à la fin et que je fais une ellipse.
Et puis aussi, il s'est passé un truc par rapport à ce que j'avais dans la tête au départ : je voulais écrire du gore, mais je me suis rendue compte que je ne savais pas trop le faire (enfin j'aurais sans doute pu mais il aurait fallu que je me force : j'ai plus l'habitude de suggérer que de montrer). Du coup, j'ai vraiment tout misé sur l'ambiance que j'ai essayé de peaufiner. 
Bref, j'ai eu des surprises en cours de route, et c'est pour ça que la fin paraît peut-être courte par rapport à toute la "mise en ambiance" comme tu dis. Et du coup, j'étais incapable de dire si ça faisait vraiment déséquilibré ou si l'atmosphère créée suffisait à porter le truc.
Pour répondre à ta question (oui parce que j'ai un peu digressé) : non, je ne reprends pas totalement le texte ! Quand je coupe, je coupe des passages entiers, mais j'en garde d'autres tels quels. Et lors de la relecture finale, j'affine effectivement le vocabulaire et la syntaxe.
Je suis ravie de t'avoir fait passer un bon moment ;)
Merci pour ta lecture et ton retour ! 
Gabhany
Posté le 24/10/2018
Hello Isa !
Eh bien, je ne m'attendais pas du tout à ce retournement de situation ! J'étais persuadée qu'il allait se faire attaquer par le chien devenu zombie qui en fait l'avait attiré dans un piège. ^^
J'ai beaucoup aimé cette ambiance, je découvre ta belle plume, j'ai frissonné dans mon bureau douillet, bref, mission accomplie !
A bientôt
Gab 
Isapass
Posté le 24/10/2018
Je crois que tu as eu un petit rebond en cliquant sur "soumettre" parce que j'ai deux fois ton commentaire :)
En tout cas c'est gentil ce que tu me dis ! Comme j'ai un peu tout misé sur l'ambiance, je suis contente de voir qu'elle est convaincante. Et c'est marrant que tu me parles de retournement de situation : je pensais que la fin se voyait venir de loin. Mais c'est encore mieux si ça surprend ! Je n'osais pas y croire ! Et tu es la seconde à me le dire.
Merci pour ta lecture et ton retour ! 
touratiy
Posté le 22/10/2018
Salut Isa, j'aime beaucoup ton histoire. Très blubibulga des films d'horreur de ces années là.
 
Bien aimé aussi les petites touches par ci par là de références à nos années 80 bien aimées.
 
Bravo en tous cas ;) 
Isapass
Posté le 22/10/2018
Oh déjà un commentaire ! Ca fait plaisir ! 
J'ai pas osé en mettre encore, vu que les lectures ne sont pas officiellement ouvertes. Mais j'ai lu la tienne, je t'en mettrai un.
Merci pour ton retour. Qu'est-ce que c'est court 2000 mots pour créer une ambiance !  
Stella
Posté le 23/10/2018
Bon j’ai failli tourner les talons à cause du chien (tu n’y peux rien je ne supporte pas les animaux en souffrance), mais j’ai tenu et c’est tant mieux ! Bravo pour l’exploit d’une histoire sans dialogue qui tient en haleine du début à la fin. En tant qu’adhérente à la LPMD, tu sais aussi faire du rétromodernegore : chapeau !
Isapass
Posté le 23/10/2018
Ah oui, le chien... toutes mes excuses pour cette pauvre bête. J'avoue humblement que ce n'est pas la première fois que je m'en prends scripturalement à un animal... Ce qui, n'en doute pas, ne signifie absolument pas que je le ferais pour de vrai, hein !
Merci pour ton retour encourageant : si tu as continué malgré le chien, c'est que j'ai dû pas trop mal me débrouiller. Je ne sais plus quoi penser de cette nouvelle. Ca me fait souvent ça : à force de triturer dans tous les sens, ajouter des choses, en supprimer d'autres, etc... on ne sait plus du tout si ce que ça vaut !
Merci pour ta lecture et ton retour et vive la LPMD ! ;) 
Jamreo
Posté le 23/10/2018
Argh, non, un chien blessé à mort... d'ailleurs, est-ce qu'il est réel, ou est-ce qu'il représente les gens que Tyler a massacrés et scalpés ? 
Il y a une ambiance très pesante dans ton texte, qui est super bien réussie. En plus, le mystère demeure quant à cette substance que l'Indienne lui a filée. ESt-ce que c'est vraiment ça qui l'a poussé à tuer, est-ce qu'il est dans un rêve ou une hallucination ? On n'a pas toutes les réponses, du moins j'ai l'impression, mais ça participe du malaise et de l'horreur. Bravo ;) 
Isapass
Posté le 23/10/2018
Désolée pour le chien, je sais que ça fait réagir certaines personnes très fort. La prochaine fois (oui parce que j'avoue que ce n'est pas la première fois que je m'en prends à une bête dans mes écrits...), je mettrais un trigger ;)
Ton retour me fait plaisir : je voulais essayer de dépeindre une ambiance pesante, en effet. D'ailleurs j'ai tout misé là-dessus : il ne se passe finalement pas grand chose. Sauf qu'à force d'écrire, de modifier, de relire, quand j'ai posté j'étais incapable de dire si ça marchait ou pas. Apparemment, si. Ouf !
Quant aux questions que tu poses, je voulais justement que le lecteur n'ait pas toutes les explications, pour laisser l'imagination travailler. Il semble que la tienne ait fait le job ;)... Et j'avoue que je n'ai pas forcément toutes les réponses.
Merci pour ta lecture et ton retour
Bises 
itchane
Posté le 29/10/2018
Hello Isa,
hé bien et bien, comme quoi hein comme toujours, moins on en dit/montre plus c'est flippant !
Le fameux effet "Dents de la mer", tu as parfaitement réussi à supprimer toute action horrifique pour ne suggérer que par les silences, l'atmosphère, la ville déserte, les petites remarques sur le fait que le personnage a changé... et un chien horriblement blessé, haha, ça ce n'était pas vraiment juste "suggéré", mais justement, cela fonctionne car au final on ne sait toujours pas ce qu'il lui est vraiment arrivé le pauvre, il n'est que metteur d'ambiance bien chelou. Bravo, bravo !
Isapass
Posté le 29/10/2018
Ah ben oui, on fait du "retrorrifique" ou on en fait pas ! Mais en effet, j'ai pensé que ce serait plus flippant de laisser des flous. En particulier pour des lecteurs.trices qui ont une imagination qui galope toute seule, comme ceux de PA ! :)
Quant à ce pauvre chien qui décidément, si j'en crois les commentaires, sera le personnage que tout le monde retiendra (je ne l'avais pas vu venir :D), il se fait quand même pipi dessus en voyant Tyler près de lui... 
Merci beaucoup pour ta lecture et ton commentaire !