Il faisait nuit, il faisait froid, elle se sentait seule, inutile. Un grincement la fit sursauter. C’était Éric qui revenait de la ville et qui était entré par la porte de derrière.
_ Prends tes affaires, on doit partir, maintenant !
Alice monta dans sa chambre, ses valises étaient prêtes, comme lorsqu’elle partait en vacances, mais pas cette fois. Cette fois elle devait fuir, mais elle ne savait ni où ni qui ni pourquoi.
_ Dépêche-toi !
Éric se tenait devant la porte, un sac de sport sur l’épaule. La jeune fille, s’arrêta une dernière fois devant la photo de famille sur le buffet. Ses parents étaient là, ils avaient l’air heureux. Sa mère la regardait avec des yeux aimants. Elle était belle dans sa robe de printemps. Alice était petite, dans les bras de son père. Et puis il y avait Carl, son grand frère.
Alice prit la photo du cadre et la mit dans sa poche. Puis, sur les pas d’Éric, elle sortit de sa maison en ayant le sentiment qu’elle n’y reviendrait plus.
***
Cela faisait quatre jours qu’Éric et Alice se partageaient le volant de la Toyota. Le soir, Éric s’arrêta dans un hôtel qui n’en avait pas l’air.
_ Nous sommes arrivés. Personne ne nous trouvera ici.
En effet, ils semblaient être au milieu de nulle part. Ils étaient entourés de montagnes. L’air était frais, Alice en déduisit qu’ils étaient en altitude. Éric lui avait parlé des Alpes. Ses pensées la menèrent jusqu’à ses parents qui avaient été victimes d’un accident de voiture la veille de leur fuite. C’était Carl qui conduisait. On avait retrouvé que le corps de sa mère, mais la quantité de sang retrouvée sur les lieux du drame laissait penser que personne n’avait survécut. La théorie d’Éric était le meurtre et Alice commençait à y croire.
Les parents d’Alice étaient des personnes très importantes, surtout son père Charles. Il faisait partie de la police judiciaire et aimait s’occuper des affaires à risques. Andréa, sa femme, était avocate pour les victimes des mêmes crimes dont s’occupait son mari.
_ Alice ?
Éric voulait de l’aide pour sortir les bagages. La jeune fille mit ses tristes pensées de côté et prit sa valise dans le coffre. Les deux fuyards entrèrent dans le vieux chalet. Les murs étaient en bois à l’extérieur comme à l’intérieur. La décoration était décousue. La pièce principale était éclairée par un lustre en métal gris. Le mobilier semblait dater du XVIIIème ou XIXème siècle, la tapisserie était moderne avec beaucoup de couleurs et des formes géométriques, il y avait des tableaux éparpillés un peu partout, de façon totalement aléatoire.
_ Où sommes-nous Éric ?
_ Chez mes parents.
Alice, étonnée, se retourna vers son ami. Son regard était froid et le jeune homme restait stoïque face à cette révélation.
_ C’est ici que j’ai grandi.
***