Chap 7 : Traditions et déceptions

Par Achayre
Notes de l’auteur : Premier jet non corrigé - Ecriture du 04/02 au 06/02

Bonne lecture à tous.

Le 07/09/23 : mise en ligne de la version corrigée

Cyriaque se révéla d’une manière volontairement théâtrale. Il gardait, de ses jeunes années, le goût des entrées soignées. Après avoir échangé quelques mots depuis l’arrière d’un tronc assez large pour le soustraire aux regards, il sortit de l’ombre. Taupin avait terrorisé l’intrus qui s’était invité à la porte de leur maison et le vieux roublard comptait bien pousser la chose un peu plus loin. Ce n’était pas la première fois que l’on venait lui vendre une histoire d’héritage à dormir debout. Les gens cupides ne reculaient devant aucune bassesse et savaient se montrer ingénieux dans la complexité de leurs mensonges. Cyriaque prenait un certain plaisir à ruiner leurs plans.

L’ancien Arcane Royal portait une tenue molletonnée, en lin et en coton, du même bleu sombre que la femme qui le précédait. Par-dessus, il avait sanglé un plastron et d’autres éléments en cuir, s’assurant ainsi une protection convenable, sans nuire à sa mobilité. L’ensemble lui offrait une prestance non négligeable. Cyriaque avait aussi remonté sa capuche pour ajouter du mystère à sa silhouette. Celle-ci, personnalisée méticuleusement par une couturière de talent, reproduisait à la perfection la tête d’un renard gris. Le museau fin, le pelage poivre et sel qui virait au roux à la base des oreilles, la ressemblance était saisissante. Les deux perles d’obsidienne serties en guise d’yeux parachevaient le tableau.

Lev, fraîchement sauvé des dents de Taupin, cru voir fondre sur lui une autre créature hybride. Lui n’avait pour bouclier qu’un simple bout de papier qu’il brandissait à la façon d’un talisman. Son esprit mit plusieurs secondes à faire le tri entre la surprise, l’illusion et la peur. Ce n’était pas un monstre, mais bien un homme. Il avait également une certitude : celui qui marchait à sa rencontre n’était pas Sire Daan. À moins que…

La carrure ne correspondait pas aux récits, pourtant, ce dernier portait une épée dans le dos. Privée de garde, de fusée et de pommeau, l’arme avait perdu de sa noblesse. Seule la soie de sa lame dépassait au-dessus de l’épaule droite de l’homme. Non, cette ruine ne pouvait pas être le glaive ardent de Sire Daan. Lev doutait qu’il ait pu exister un septième Arcane Royal, qui serait passé inaperçu dans chacune de leurs histoires.

Un dernier détail interpella le garçon lorsque Cyriaque attrapa la lettre. L’homme n’avait plus de main droite. Sectionné au niveau du poignet, son bras s’achevait sur un vide qui mit Lev mal à l’aise. Là encore, rien ne correspondait aux légendes. Il s’inventa donc une explication. Quinze années s’étaient écoulées depuis la dissolution du groupe de mages à la solde du roi Théobald. Il était possible que la blessure soit plus récente. Après tout, l’homme déguisé en renard, qui lisait les mots de sa mère, devait avoir largement plus de cinquante ans. L’usure de l’âge et un tel revers justifiaient sa retraite au profit d’aventuriers plus jeunes. Les errances mentales du garçon tentaient de remettre de l’ordre dans ce que les contes n’expliquaient pas, mais l’identité de Cyriaque restait incertaine.

Tandis que Lev détournait la réalité, l’homme termina sa lecture en marmonnant certains mots entre ses dents. Sa première réaction fut un bref souffle du nez, marquant à la fois sa résignation et sa désapprobation.

— C’est bien son écriture et son phrasé, admit-il. Pourquoi ne suis-je pas surpris d’apprendre que c’était une mauvaise mère ?

La nouvelle de la mort de son ancienne coéquipière ne parut pas l’affecter. Cyriaque se contenta de retirer sa capuche pour mieux voir l’héritier qu’elle lui envoyait. Sans cet artifice, il paraissait moins menaçant. Ses cheveux gris étaient attachés à l’arrière de son crâne, sous la forme d’un petit chignon stylisé. Une bande de plusieurs centimètres, coupée ras, partait de ses tempes pour suivre le contour de ses oreilles. Sa moustache encadrait sa bouche et un bouc venait prolonger son menton.

— Elle avait de grandes choses à accomplir, la défendit Lev.

Cyriaque passa son unique main sur son visage, puis scruta le garçon.

— Au moins, tu n’es pas rancunier, constata-t-il. C’est toujours bon à savoir.

— Je crois en ma mère !

— Ta mère était douée pour faire croire tout un tas de choses à plein de monde, confirma Cyriaque. Je suis désolé qu’elle t’ait fait faire autant de route pour rien. J’ai déjà une apprentie, et je ne compte pas m'encombrer d’un trouillard.

La jeune femme donna du poids aux paroles de son maître, en acquiesçant de la tête. Désappointé, Lev blêmit à cette annonce.

— Votre monstre. Votre… jardinier ! Il a essayé de me bouffer la jambe, protesta le garçon. J'aurais dû le laisser faire ?

— Taupin est loin d’être une menace significative, le railla-t-elle. Si je devais défaillir à chaque fois que nous affrontons une créature avec trois dents pointues, mon Maître m'aurait déjà laissée mourir.

— Moïra, n’accable pas ce gamin, la reprit Cyriaque. Il est assez grand pour comprendre qu’il n’est pas à sa place ici. Reconduis-le à la lisière.

Lev encaissait coup sur coup. Toutes ces paroles étaient blessantes, mais aucune n’érafla sa conviction profonde. Quoi qu’ils en disent, rien ne pourrait éteindre le feu qui habitait son sang.

— J’ai dû me tromper de bois, cracha le garçon, à bout de nerfs. Dans sa lettre, ma mère parle d’un homme avec de l’honneur. Vous n’êtes visiblement qu’un vieil ermite sans envergure.

Cyriaque ouvrit grand les yeux, stupéfait que la demi-portion tremblante, qui se tenait sous l’arbre, ose lui parler sur ce ton.

— Sais-tu au moins à qui tu parles, freluquet ? le rabroua-t-il.

— Non, et c’est bien le problème ! poursuivit Lev. Vous étiez censé être un Arcane Royal, mais aucun d’entre eux n’est… n’était… Vous n’êtes pas l’un d’entre eux !

Moïra aspira l’air entre ses dents serrées, ce qui produisit une sorte de sifflement gêné. La témérité incontrôlée de Lev venait de l’emmener sur un terrain glissant. Elle connaissait bien son maître, et son degré de susceptibilité. Anticipant sa réaction, la jeune femme rentra la tête dans ses épaules.

— Moi, je ne suis pas un Arcane Royal ? s’offusqua Cyriaque, surjouant sa gestuelle. Tu me trouves trop ordinaire pour avoir servi dans la même troupe que ta mère ? La grande et merveilleuse tordeuse de foudre. L’imbuvable Miraaka ! Peut-être n’as-tu jamais prêté attention aux histoires narrant mes exploits ?

— Je connais toutes les histoires ! Y en a aucune qui parle d’un renard méprisant.

Lev avait crié. Sa gorge le brûlait et sa tension montait en flèche tant l’émotion le poussait à tenir tête à son interlocuteur. Cyriaque s’était tu. La joute verbale n’était plus à son goût. Il était temps de clouer le bec à ce petit roquet hargneux, et, pour cela, il avait un tour sur mesure. Une lueur spectrale fit luire son regard gris acier juste avant que le spectacle ne commence.

La lame qu’il portait dans son dos se réveilla. D’elle-même, elle s’extirpa du fourreau et décrivit un arc de cercle. L’arme virevolta autour de Cyriaque avant de s’immobiliser au bout de son bras droit. Elle flottait, là, comme maintenue par une main fantomatique. Les deux côtés de sa tranche étaient gravés de sept runes. Autour de chacune d’entre elles, l’air ondulait tel un mirage sur les routes par grandes chaleurs.

— Vous êtes le Runard ! en déduisit Lev, soulagé et un brin déçu.

Sans que Cyriaque n’ait prononcé un mot, l’épée fondit en direction du garçon, et se figea à moins d’un centimètre de sa jugulaire. Lev pouvait sentir dans son cou le froid du métal possédé.

— Qu’as-tu dis ? l'interrogea le mage, sur un ton qui n'encourageait pas à répondre.

— Vous êtes le Runard, risqua un Lev redevenu craintif. J’aurai dû vous reconnaître, je suis désolé. C’est que dans les histoires…

Cyriaque n’écouta pas la suite. Sa lame toujours contre la gorge du garçon, il s’était tourné vers Moïra, et se lança dans une leçon improvisée.

— Tu vois, c’est pour cela qu’il ne faut jamais faire confiance aux bardes, la mit-il en garde. Trois décennies à parfaire mon style, à investir dans des fausses fourrures hors de prix, tout ça pour qu’une bande d’abrutis gorgés de valériane massacrent mon nom. Le Renard, ce n’est pourtant pas dur à mémoriser, si ?

— Vous auriez dû porter une vraie peau de renard, se permit-elle, à tort.

— Par les Saintes, tu gâtouilles déjà, à ton âge ? se fâcha-t-il. Il faut avoir perdu la raison pour honorer un animal en portant sa pelure morte sur la tête !

Lev assista à l’échange sans pouvoir y prendre part. Si Cyriaque Bribois était le Runard, alors Miraa n’avait pas menti dans sa lettre. Le mage ne figurait pas parmi ses favoris, et son caractère lunatique ne le rendait pas plus attrayant, mais sa valeur était attestée par de nombreux récits. Que ce nom lui convienne ou non, il était connu dans le royaume sous le pseudonyme du Runard. Le fameux mage capable de faire danser n’importe quel objet sur lequel il avait apposé sa marque.

— Maintenant que tu es éclairé sur mon identité, récapitula Cyriaque, à l’attention du garçon, il est grand temps que tu ramasses ton fourbi et que tu décampes d’ici.

La lame runique retourna dormir dans le fourreau de son propriétaire. Moïra, cordiale, mais distante, indiqua à Lev le chemin qui le mènerait hors du bois. Il n’y avait rien pour lui, par là-bas. Aucun avenir, aucune gloire. Impossible de retourner s’enterrer à la taverne après avoir goûté au voyage. Jeune et inexpérimenté, il ne comptait cependant pas abandonner avant d’avoir joué toutes ses cartes.

— Et votre parole ? tenta-t-il.

— Quelle parole ? lui demanda Cyriaque, feignant l’innocence. Je ne te dois rien.

— Ma mère dit dans sa lettre que vous lui êtes redevable, lui rappela le garçon.

— Qu’est-ce qu’un casse-pied dans ton genre peut bien savoir de mes dettes ? s’agaça le mage.

— Rien, reconnut Lev. Mis à part que vous perdriez votre honneur en refusant les dernières volontés d’une ancienne partenaire. Qu’importe ce qu’elle a fait pour vous à l’époque, c’est votre dernière chance d’effacer l’ardoise.

Cyriaque se fendit d’un sourire mauvais. Le garçon n’avait pas beaucoup côtoyé sa mère, mais il en avait la verve. Sous la couche de peur et de naïveté qui encrassait son âme, le mage sentait qu’il y avait matière à façonner une belle pierre. Et puis, il avait raison, refuser la requête de Miraaka allait à l’encontre de ses valeurs.

— Moïra… dit-il, d’une voix traînante. Trouve une chambre pour le petit, et montre lui où il peut se débarrasser de son odeur de putois.

— Mais Maître, vous n’allez quand même pas accepter ? s’indigna la novice. Vous m’avez déjà moi, nul besoin de recueillir un chien égaré.

— Tu as raison, je n’en ai pas besoin, acquiesça-t-il. Je n’en ai pas non plus envie, et je sais que cela représente une insulte envers toi. Mais j’y suis contraint par ça.

Cyriaque plongea sa main valide dans le col de sa tenue et fit remonter un collier à la surface. Ce n’était qu’une simple chaînette en acier, agrémentée d’une trentaine de minuscules languettes métalliques. Trois étaient dorées et brillantes. Les autres étaient noires et mates. Il pianota sur toute la ligne et se saisit de l’une des dorées. Après l’avoir détachée, Cyriaque la présenta au garçon. Lev put y lire le prénom de sa mère : Miraa, gravé avec une précision incroyable.

— Les Saintes m’en soient témoin, cette dette est payée et ne saurait m’être exigée à nouveau, récita-t-il à la manière d’un sortilège.

Le mage posa la languette dans la main de Lev, le forçant à l’accepter.

— Te voilà mon apprenti, et rien de plus, déclara-t-il. Si tu échoues à suivre mon enseignement, si tu abandonnes ou si tu meurs, ton esprit pourra hanter ce monde jusqu’à sa fin que je ne m’en sentirais pas responsable. À chaque fois que tu auras mal, que tu finiras en larmes ou que tu sentiras la mort ramper sur tes os, pense à remercier ta mère pour son cadeau.

Repoussé par l’intensité de la tirade, Lev tomba sur ses fesses, abasourdi. Cyriaque remit sa capuche avant de filer s’entretenir avec Taupin. Apparemment, les grognements de la créature était un langage construit dont le mage avait percé les arcanes. Ne resta plus que Moïra qui le fixait avec une telle fureur que son regard aurait pu le transpercer. La jeune femme avait des traits fins et réguliers. Elle n’avait que dix-sept ans, mais en paraissait aisément vingt, maintenant que son sourire s’était fermé. Deux longues mèches blondes bouclées pendaient par l’ouverture de sa capuche.

— Tu n’avais pas le droit de faire ça, lui reprocha-t-elle.

— Je suis désolé, si je te cause du tort, s’excusa Lev avec embarras. Ce n’était pas mon intention. Qui sait, nous deviendrons sûrement amis avec le temps ?

Moïra eut un rire nerveux, presque un hoquet.

— Je ne sais pas ce que tu cherches ici, mais si tu crois que je vais me laisser évincer, tu te fourres le doigt dans l'œil jusqu’au coude. Le Maître n’a qu’une seule apprentie, moi. Il aura vite fait de te renvoyer d’où tu viens.

Lev grimaça. Son apprentissage commençait sous les pires auspices.

— C’était un chapelet à promesses autour de son cou ? demanda-t-il pour changer de sujet.

— Le Maître a un caractère singulier, et des manières discutables, mais il est de ceux sur qui l’on peut compter quoi qu’il advienne, vanta-t-elle les mérites de Cyriaque. En retour, il n’oublie rien.

Le garçon connaissait cette tradition sacrée liant les aventuriers. De moins en moins répandue chez les jeunes, elle avait un sens très fort pour leurs aînés. Lorsqu’un mage acceptait de se mettre en péril pour sauver un confrère, ils contractaient une dette d’honneur l’un envers l’autre. Celui qui devenait redevable ajoutait une perle dorée à son collier, tandis que l’autre se parait d’une perle noire. Lev se souvint des trois languettes brillantes parmi la trentaine qui pendaient de la chaînette. Cyriaque n’était pas du genre à réclamer de l’aide, alors qu’une véritable petite troupe lui devait un service.

— Quand tu auras fini de rêvasser, on pourra rentrer ? s'impatienta Moïra. C’est pas une auberge ici, et moi, j’ai mieux à faire que de te materner.

— Oh, euh, oui ! J’arrive !

Lev rassembla ses affaires, les tassant en vrac dans son sac. Le garçon emboîta le pas à la désagréable demoiselle blonde. Elle marchait, les poings serrés le long de ses cuisses. Son maître se réservait le monopole des esclandres, mais se plier à sa demande était à la limite de ce que Moïra pouvait endurer. Cet apprentissage, c’était toute sa vie. Cyriaque n’avait pas le droit d’accepter un autre élève. Lui imposer de cohabiter avec un gamin sorti de nulle part, quelqu’un qui n’avait pas fait ses preuves… Moïra cacha ses larmes dans l’ombre de sa capuche bleue nuit.

Taupin pointa le bout de son nez monstrueux au-dessus du muret du jardin et gratifia Lev d’un sourire déplaisant. Ses dents équines avaient repris leur orientation d’origine. Il s’était calmé et le propriétaire des lieux l’avait renseigné sur la nature de leur visiteur. Le jardinier se fendit même d’un salut de sa main griffue, auquel Lev se sentit obligé de répondre.

— Ne touche plus jamais aux coquelicots, le réprimanda Moïra. Taupin est adorable tant que l’on ne s’approche pas de ses fleurs. Fais en sorte qu’il le reste.

— C’est noté, opina le garçon. Il y a d’autres dangers mortels, dans les environs, dont je devrais me méfier ?

— Ici ? Non, l’éclaira-t-elle. Normalement, tu auras abandonné ta formation longtemps avant de croiser à nouveau un véritable péril.

— Je n’abandonnerai pas !

— Hum… tu as raison. Pour renoncer à l’entraînement du Maître, il faut déjà parvenir à commencer la première leçon, trancha-t-elle, satisfaite de sa remarque.

Ils pénétrèrent dans la maison par l’avant. La porte donnait sur une grande pièce qui faisait, à la fois, office de cuisine et de salle à manger. Quatre fauteuils usés attendaient, en arc de cercle devant la cheminée, que quelqu’un daigne allumer le feu. L’endroit n’était pas très cossu, mais semblait aussi bien entretenu que le jardin. Lev se demanda si l’affreux Taupin, qui sévissait dehors, avait aussi la charge des intérieurs, ou s’il ne tarderait pas à se retrouver nez à nez avec une autre créature.

Moïra dénoua sa cape et l’accrocha sur l’un des patères à l’entrée. Elle détonnait avec cette retraite rustique au fond d’un bois. Fine et gracile, sous ses épaisses boucles blondes, la jeune femme évoluait dans l’espace avec une gestuelle qui trahissait des origines au moins bourgeoises, peut-être supérieures. Seuls ses vêtements concordaient avec l’endroit. Composée d’une tunique renforcée aux entournures et d’un pantalon étroit, sa tenue était rehaussée par une large ceinture-corset en cuir qui lui protégeait les reins et le ventre.

Lev ne s’autorisa aucun commentaire à propos de ses observations. S’étant déjà attiré les foudres de l’apprentie, il ne se pensait pas en position de se montrer, de surcroît, indiscret. Au détour d’un couloir, elle lui indiqua une porte avant de l’ouvrir.

— Voilà ta chambre, énonça-t-elle dénuée d’entrain.

Le garçon se contenta d’acquiescer. À la taverne de la Rap’, il ne disposait pas de sa propre chambre. D’aussi loin qu’il s’en souvenait, il avait toujours partagé son espace avec sa tante Dolores. Chez Cyriaque, la pièce pouvait paraître sommaire avec son lit une place, son armoire de guingois, et son pot de chambre caché derrière la porte, pourtant Lev la jugea accueillante.

Il ne se fit pas prier pour entrer, ni pour commencer à déballer ses affaires. Ses manières, à lui, n’avaient rien de raffinées. Moïra resta à le regarder, nourrissant sa rancœur à son encontre par l’énumération de ses fautes de goût.

— C’est quoi le problème avec la première leçon ? s’inquiéta Lev.

Moïra ne répondit pas tout de suite. Elle canalisa sa respiration et prit le contrôle de la dague cachée dans le rabat de sa botte gauche. Celle-ci s’éleva lentement avant de danser autour du garçon. Lev constata que, comme l’épée de Cyriaque, l’arme ne disposait d’aucune poignée. À la place, la soie de la lame était marquée d’une rune.

— Le Maître t’a montré Ételrune et son pouvoir, mais, toi, tu n’as vu qu’un bout de métal volant, pas vrai ? l’interrogea-t-elle, acerbe. Tout comme, en ce moment, tu vois ma dague, mais pas le lien qui m'unit à elle.

Lev plissa les yeux, mais ne distingua rien de plus qu’une légère distorsion de l’air au niveau de la gravure.

— Demain, il testera ta capacité à percevoir sa magie, et tu échoueras, prophétisa-t-elle. Après quoi je redeviendrai son unique apprentie. Tu ne devrais pas trop étaler tes affaires.

Sur ces mots, elle récupéra son arme et quitta la chambre, laissant Lev seul face à ses doutes.

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Alex Banner
Posté le 18/07/2022
Un super chapitre ! J'aime beaucoup le Renard (le pauvre qui a un jeu de mots sur son nom de façon totalement involontaire, j'avoue j'ai ri !) et son apprentie : c'est normal qu'elle se méfie, et on sent que le petit Lev a encore beaucoup de choses à apprendre.
Oh et le nom de la lame là *-* !
Achayre
Posté le 18/07/2022
Hello ! Bon retour à toi sur Etelrune :)
Cyriaque et les bardes, c'est toute une vie de fâcheries :p
Il y a effectivement toujours un peu d'humour caustique en arrière plan de cette histoire destinée à devenir de plus en plus sombre.
Bienvenue dans la petite maison de Cyriaque. C'est loin d'être Poudlard ^^ Tu n'es plus très loin de la fin du premier acte :)
NoeMyrina
Posté le 19/03/2022
Que dire? C'est parfait, y'a du conflit, on continue sur la lancée de l'histoire, à savoir découvrir que la réalité n'est pas toujours conforme aux mythes. Si, l'acceptation de Cyriaque est peut-être un chouille rapide : je l'aurais bien vu hésiter mais rattrapé par ces fameuses perles (un truc magique, genre la piètre le brûle parce qu'il est sur le point de rompre son serment?). L'idée d'une autre novice est top!
Achayre
Posté le 19/03/2022
J'avoue que l'acceptation de Cyriaque est un poil trop rapide, mais j'espère que les explications des chap 11 et 12 justifieront un peu sa réaction :)
Je note ton idée pour la perle qui brule. Ça pourrait être utile en cas de réécriture :)
Altaïr
Posté le 10/02/2022
Salut Achayre,
J’ai lu tes deux derniers chapitres d’affilée (pas eu le temps de les lire l’un après l’autre). Mon commentaire est donc pour celui-ci et également pour « Tapie au cœur du bois ». Je t’ai précisé les chapitres pour le peu de coquilles ayant échappé à la vigilance des autres plumes
@alienorlx : quel œil de lynx !!!
Là on passe effectivement à la vitesse supérieure !
L’humour apporte un bon décalage à certains passages tendus.
C’est fichtrement bien écrit, très visuel. Tout se tient dans une belle cohérence : l’atmosphère, les noms, les descriptions, et le mystère du titre est ENFIN révélé !
J’ai particulièrement apprécié l’évocation de Luzerne (je n’en dis pas plus pour ne pas spoiler …), même si mon tout petit côté fleur bleue aurait bien aimé qu’elle soit un poil plus longue.
Les analogies entre les réactions de Lev et sa vie à la taverne sont utiles et réussies.
Merci pour le moment d’évasion !
J’ai lu dans un de tes commentaires que tu travaillais sur Gdoc, d’où les coquilles je pense ?
En tout cas elles sont minimes, voici celles que j’ai relevées :
Chapitre 6 : écouter les excuses (pour éviter une répétition avec « justifier » / suffi (sans T) / en rive (à l’orée ?) / bleue (sans E) / avait laisséE / sorS du bois / comme (à supprimer) du mieux / existe bEL et bien
Chapitre 7 : s’assurant une protection convenable (lui assurant une sécurité convenable ?) / acquieSCant de la tête.(pléonasme) / prêté (participe) attention / L’arme virEvolta / se débarrasser (deux R) / ne m’en sentiraiS pas / La jeune femme avaiT / iL contractaiT / bleu (sans E) nuit. / seulS ses vêtements
Achayre
Posté le 10/02/2022
Hello :)
Merci pour ce retour et ta présence au chapitre 7. Eh oui, déjà 7, alors que je ne devrais en être qu'au 5 vu mon planning d'écriture :p
Du coup, je me suis autorisé un petit écart en pondant une participation à l'event des 15 ans de PA. C'était censé être une pause, mais en fait c'est encore plus de boulot, héhé ^^
Mon cerveau est un peu en purée, mais demain j'attaque le chap 8 ! ça va magifier un petit peu plus ;)
Altaïr
Posté le 10/02/2022
Idem, j'ai fait une pause pour participer au concours, c'est idiot mais j'ai le trouillomètre à 0 ... Pour le chapitre 8 : j'y compte bien ;)
Achayre
Posté le 26/09/2022
Hello :)
Encore merci pour ces commentaires que je suis en train d'intégrer dans mon manuscrit. Y a du boulot ^^

J'ai vérifié pour "une cape bleue nuit" et il faut bien accorder la couleur si elle est suivie d'un nom ;)

https://www.projet-voltaire.fr/regles-orthographe/les-bleu-ciel-les-bleus-ciel-ou-les-bleus-ciels/
TiteTeigne
Posté le 09/02/2022
J'avais écrit un premier commentaire et au moment de valider, il m'a déconnecté donc je recommence mais j'ai peur de ne pas retrouver les mots de mon premier jet... Je me maudis... J'espère rester bienvaillante en ne m'énervant pas contre ce saut d'internet --'

Donc, je disais, je pense que ton message d'introduction a influencé ma manière de lire ce chapitre. J'y ai ressenti ta frustration. Comme un filtre qui s'est posé sur chaque phrase de ton récit. C'est normal que sur un premier jet parfois on n'aboutit pas toujours à parfaire ses idées. Mais tu as eu le cran de quand même nous le partager et ce n'est que comme ça que tu sauras le retravailler par la suite. J'aurais néanmoins introduit ton insatisfaction seulement à la fin de ce récit afin d'éviter toute influence. Mais il me semble légitime que tu le dises pour que nous puissions t'aiguiller au mieux dans ton projet aussi et que tu puisses bien interpréter nos retours.

En ce qui concerne le contenu, je suis pour le coup insatisfaite également. L'ensemble de mon point de vue doit probablement être influencé par ton état d'esprit. L'introduction de Cyriaque reste assez plate contrairement à celle de Taupin du chapitre précédent. À la lecture de cette dernière, j'étais en mode wow ! Plongée en plein univers de la fantaisie. Et là, même si tu veux faire passer l'homme comme banal par rapport aux croyances de Lev, on sent qu'il a une attitude d'aventurier par ses habits mais ça reste rapide et peu approfondi. Il y a une perte de dynamisme dans ce chapitre, un manque de rythme entre les dialogues. On s'attend d'avance à ce que Lev soit accepté et donc c'est sans surprise qu'il s'installe. Mais le fait que ce soit par la résignation, parce que l'Arcane a une dette, on est un peu déçu. Lev ne rebondit pas forcément non plus sur ces répliques et paraît un peu pathétique. Même l'apparition d'Etelrune, titre du livre et donc un élément important, se passe rapidement et sans grand panache. On perd ici la magie et le rythme des chapitres précédents.

J'espère n'avoir rien oublié de mes premières idées et que cela pourra t'aiguiller en complément des commentaires des autres lecteurs pour avancer vers les 100% de satisfaction pour ton oeuvre :)
Achayre
Posté le 09/02/2022
Outch le retour de bâton ! :p
Peut être à cause de la fatigue. J'ai enchainé les 2 chap la même semaine, j'aurai surement dû faire une pause.

Merci pour ce retour franc et détaillé.
J'en tire 2 leçons :
- si je sens que ce n'est pas assez bon, c'est que ce n'est vraiment pas assez bon
- ne plus mettre de message d'intro risquant d'influencer les avis.

Je referai un passage sur ce chapitre en espérant corriger le tir :)

Parfois, le site déco pendant que l'on écrit. Je fais toujours une copie de mes commentaires si ils sont long, pour contourner ce bug :)
eysselia
Posté le 07/02/2022
Salut,

Effectivement le chapitre suivant n'a pas tardé. Mais avant de te partager mon ressenti sur ce chapitre je tiens à répondre sur ce dont tu parles en nda.
C'est un sentiment que j'ai parfois connu et c'est vraiment frustrant effectivement. Malheureusement du côté lecteur c'est difficile de pouvoir pointé précisément ce qui pourrait aidé à atteindre les cent pour cent, après tout on n'est que lecteur on ne sait que ce qui ai dit dans le texte et comme tous le monde n'a pas forcément les mêmes processus de reflexion ça complique encore un peu. La seule chose qui parfois marche pour moi c'est la technique du miroir, que j'utilise souvent pour réflechir. Je ne sais pas si ça peu t'aider, mais dans le cas ou ça pourrait. Ce que j'appel la technique du miroir c'est tout simplement de discuter du sujet avec quelqu'un d'autre, parfois débordre un peu sur ce qui est jsute à côté, et sans forcément demander la solution. En l'occurence peut-être que parler de ce qu'il manque et écouter la réponse de quelqu'un d'autre, ces interrogation, pourra débloquer un début de solution.

Passosn au chapitre, encore une fosi je l'ai bien aimé j'ai juste eu un peu de mal sur un point. Je n'ai pas vraiment compris en quoi c'était une insulte pour Moira que son maître prenne un autre élève en plus d'elle. J'ai plus eu l'impression que ce n'était pas tant lié au fait que se soit Lev, et donc un peu quelqu'un de pas trop dégourdi, mais plutôt au fait qu'il en ait un second peu importe qui ça serait. Et ça me laisse perplexe, en quoi il ne peu avoir deux élèves ? "mais se plier à sa demande était à la limite de ce que Moïra pouvait endurer. Cet apprentissage, c’était toute sa vie. Cyriaque n’avait pas le droit d’accepter un autre élève." Alors quand Lev soulève qu'elle est sûrement de haure origine, ça fourni une partie de l'explication qu'elle le prenne si mal, son orgueil est blessé, mais j'ai plus l'impression que c'est la moité du problème et l'autre je ne le saisit absolument pas.
Lev commence un peu à m'agacer, j'ai hâte qu'il commence enfin à ne plus pouvoir se cacher la vérité et que les légendes c'est que de la réalité enjoliver. "Là encore, rien ne correspondait aux légendes. Lev s’inventa donc une explication.", après c'est pour ça que son évolution va être d'autant plus intéressante et prenante à suivre.
"— Tu vois, c’est pour cela qu’il ne faut jamais faire confiance aux bardes, la mit-il en garde. Trois décennies à parfaire mon style, à investir dans des broderies hors de prix, tout ça pour qu’une bande d’abrutis gorgés de valériane massacrent mon nom. Le Renard, ce n’est pourtant pas dur à mémoriser, si ?
— Vous auriez du porter une vraie peau de renard, se permit-elle, à tort.
— Par les Saintes, tu gâtouilles déjà à ton âge ? se fâcha-t-il. Il faut avoir perdu la raison pour se réclamer l’égal d’un animal après l’avoir tué !" Et j'aime toujour autant les petites touches d'humour que tu glisses, surtout que ça montre un peu la dynamique entre le maître et l'élève au passage. Je sais pas si ça arrivera ou pas, mais la rencontre avec les bardes est quelqu'que chose que maintenant j'aimerais bien voir.

Voilà pas d'autre chose à dire, hormis que du coup je suis curieuse de voir comment le test de capacité va se passser, même si "une légère distorsion de l’air au niveau de la gravure" laisse entrendre que ça va pas être gagné facilement.
Je te souhaite une bonne continuation et que tu puisse t'approcher plus des 100% plus facilement ^^.
Achayre
Posté le 07/02/2022
Hello !
Merci pour ton conseil.
Mon processus de création, pour cette œuvre, est très solitaire, mais je dois faire avec. La vie dicte ses règles, et elles changent tous les jours.
Du coup je donne beaucoup d'importance aux retours que je reçois ici, à tort ou à raison. Qui sait ? :)

Pour ce qui est de Lev, à partir de là, il va devenir moins inutile, mais son attachement aux légendes est un élément clé de sa personnalité qu'il va trainer encore un moment.

Un des fils rouge de ce roman est "ce que l'on laisse derrière soi". Lev joue ici le rôle de celui qui déchante, mais cela ne peut se faire que sur un long développement.

A bientot.
eysselia
Posté le 07/02/2022
La création solitaire à aussi ses avantages ^^. Oui ça demande de savoir s'adapter. ^^ je sais pas, mais j'espère sincèrement que les retoru ici t'aiderons d'une façon ou d'une autre.

Si ça serait trop rapide ça serait moins savoureux (oui j'aime bien les personnages qui m'agace mais dont l'évolution fait sens, même si ça prend énorméménet de temsp) uwu.

Un thème qui m'interesse beaucoup, bref trés contente d'avoir découvert ton roman.

À la prochaine fois.
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