Chap 36 (Fin) : Une grande famille

Par Achayre
Notes de l’auteur : Chapitre Final d'Etelrune - Premier jet non corrigé - Ecriture de la semaine 36
Le challenge 36 semaines 36 chapitres a été respecté !!!!!!

07/09/23 : Mise en ligne de la version corrigée

L’herbe était un brin plus verte dans l’étroite clairière qui accueillait la maison de Cyriaque. Il y faisait doux et bon vivre. Tout comme l’agitation alentour, provoquée par les moissonneurs de Grand Val, les chaleurs excessives de l’été avaient rebroussé chemin, au profit d’un air plus respirable. L’automne finissait de jaunir les cimes, mais n’avait pas encore chassé les oiseaux vers des contrées plus propices où affronter l’hiver. Un temps idéal pour flâner dehors jusqu’au premier frisson du soir.

Le vieux mage tenait Ételrune sur ses genoux et en caressait le tranchant de la lame avec une pierre à aiguiser. Rendue plus résistante par la présence de l’essence d’Ételle dans son alliage, l’épée runique n’avait quasiment besoin d’aucun entretien. Malgré cela, Cyriaque avait insisté pour offrir à sa compagne une remise en beauté après les épreuves qu’ils venaient de traverser. Il l’avait longuement lavée, s’assurant qu’aucune goutte de sang de Tolen ne subsiste sur son corps. Le bruit de la pierre contre le métal sonnait à son oreille comme une douce mélodie empreinte de tendresse.

À quelques mètres de là, Taupin s’affairait dans son potager. Seule la pointe de son chapeau émergeait au-dessus du muret, lorsqu’il se redressait en gargouillant des propos qu’il destinait à ses plantations. Au détour d’un rang de carottes, le taupelier étira mon museau étoilé vers le ciel avant de ranger rapidement ses outils. Depuis l’intrusion de Lev, des années plus tôt, la créature, mi-taupe, mi-humanoïde se méfiait davantage des curieux qui s’aventuraient un peu trop près du Bois Sifflant. Il arrivait parfois qu’un bizutage conduise un idiot jusqu’aux premiers arbres pour y graver son nom. En de rares occasions, des couples polissons, et peu au fait de la véracité de certaines légendes locales, se risquaient dans le bois en pensant y batifoler, hors d’atteinte de leurs chaperons. Taupin se faisait un malin plaisir d’interrompre leurs jeux, s’assurant qu’ils n’auraient, jamais plus, l’envie de remettre un pied sur ces terres.

Taupin quitta le potager et trottina en direction de l’odeur qu’il venait de repérer. Peu de taupeliers s’établissaient si près d’une ville, ce qui lui donnait l’avantage de la surprise. Peu friand de la viande humaine, il n’avait réellement croqué la cuisse que d’un colporteur trop insistant, en vingt-cinq ans de service. Quitte à faire un écart dans son régime, Taupin préférait la saveur musquée d’un rat ou le croustillant des os d’un bon corbeau. Ignorant les détails de son régime alimentaire, les gens s’enfuyaient à son approche ou, pour les plus téméraires, lorsqu’il faisait pivoter ses dents.

Cyriaque cessa d’aiguiser la lame pour profiter des cris terrifiés des intrus. Les minutes passèrent, mais rien ne vint perturber le calme de la clairière. Ce n’était pas normal. Taupin ne se serait pas déplacé sans être certain de débusquer quelqu’un dans le sous-bois. L’amusement cynique du mage fit place à de l’inquiétude, car, aussi rares encore que les taupeliers, il existait des hommes ou des créatures capables de les neutraliser.

Ételrune se positionna à plat, au-dessus de son épaule, prête à épingler tout ce qui oserait passer à sa portée. De son côté, Cyriaque énumérait, mentalement, ceux de ses ennemis qui pourraient être assez fous pour l’attaquer devant sa maison. Malgré sa certitude de l’avoir définitivement éliminé, le nom de Tolen remontait toujours parmi les premières menaces à considérer.

Taupin finit par réapparaitre, titubant et le torse couvert d’une substance rouge poisseuse. La petite créature s’effondra, dans la clairière, sous le poids du sac en toile de jute qu’il portait sur son dos. Intrigué et suspicieux, Cyriaque se précipita à sa rencontre. Le taupelier empestait les mûres à un mètre.

— C’est quoi ce merdier ? le questionna-t-il, plein d’incompréhension. J’espère que tu ne t’es pas goinfré avec des baies empoisonnées.

Le jardinier gargouillait plus qu’à son habitude. Les mots, difficilement compréhensibles que le pauvre Taupin braillait, n’étaient plus que des rots parfumés à la mûre. De ses mains griffues, il s'agrippait à la hanse de son sac pour empêcher Cyriaque de l’en délester.

— Cycy pas voler c’fitures ! articula-t-il.

De la confiture… voilà donc l’arme impitoyable qui avait mis le taupelier dans un tel état. Il s’était gavé, au point qu’un pot de plus aurait suffi à le noyer. La créature tant redoutée par le voisinage gisait aux pieds de son logeur, à deux doigts de sombrer dans un coma sucré.

— Qui est le tordu capable d’user d’un stratagème, à ce point répugnant, contre mon jardinier ? fulmina le mage. Montrez-vous !

En réponse à son invective, une large paire d’épaules se révéla au détour d’un arbre, précédée par une fine silhouette plus blonde que le soleil.

— Ce n’est que moi, le rassura-t-elle. Je n’avais pas anticipé que Taupin engloutirait trois bocaux à la suite.

Moïra salua le vieux mage et s’avança vers lui d’un pas souple. Elle était accompagnée par cette jeune femme rousse, taillée comme un homme, qu’il avait croisé lors de l’exploration du phare.

— Vous vous en êtes sorties, toutes les deux, nota-t-il à voix haute. Après ces longues semaines passées sans nouvelles, le doute était permis.

— Nous étions mal en point, reconnut Moïra, mais Luzerne m’a porté pendant une bonne partie du voyage.

Cyriaque se redressa. Une fois convaincu que Taupin n’était victime que de sa gourmandise, son intérêt pour le taupelier s’était évaporé. Il accueillit Moïra d’une accolade qui lui arracha un hoquet de surprise. Venant d’un homme avare du moindre mot amical, un geste si démonstratif ne pouvait être qu’un aveu. Elle lui avait manqué plus qu’il ne l’admettrait jamais.

— Félicitation, jeune fille ! lança-t-il à Luzerne sans s’approcher d’elle. Vous êtes une véritable force de la nature.

— Hum… c’est vite dit, modéra-t-elle. Je ne l’ai porté que jusqu’au premier port que nous avons croisé. De là, nous avons pris plusieurs bateaux pour nous rapprocher de Grand Val. Et puis, Moïra ne pèse pas plus lourd qu’un gros sac de sable.

La comparaison fit rire la grande rouquine, tandis que sa compagne boudait d’être si mal considérée.

— Ma famille, les Sativa, est réputée pour naviguer dans le moindre canal du royaume, alors nous avons profité de leur hospitalité pour flâner en chemin.

— J’ai parfois du mal à concevoir qu’il se soit déjà écoulé des mois depuis cette affreuse nuit, ajouta Moïra.

Cyriaque les invita à s’asseoir sur des billots de bois posés en cercle autour d’un brasero qui n’avait pas connu de feu depuis une décennie.

— Tu n’es pas retournée chez tes parents ? lui demanda-t-il. Quitte à vagabonder, j’aurai misé sur cette destination.

— Non, soupira la blonde. Il faudrait que je prenne le temps de leur écrire. Beaucoup de choses ont changé dans ma vie cette année qu’ils ne reconnaîtraient pas leur propre fille.

— Je suis certain que si, la contredit Cyriaque. On ne peut pas oublier une tête de mule dans ton genre.

Un rire s’échappa des lèvres de Luzerne qui baissa aussitôt la tête, de peur d’affronter le regard noir dont elle serait gratifiée en retour.

— À votre place, je n’en serais pas si sûre. Ma famille n’est peut-être pas aussi rude que celle de Lev, mais ne lui prêtez pas une cohésion comparable à celle des Sativa. Les sommes qu’ils vous ont versées achetaient autant ma formation que mon éloignement.

— Tu les connais mieux que moi, concéda le mage en haussant les épaules. Toujours est-il que tu as un spectacle à monter, une vie à mettre en branle, maintenant que tu as un excellent niveau.

— Une étreinte, des mots à peine irritants, et voilà que vous me servez un compliment, s’étonna Moïra, un brin moqueuse. Je commence à croire qu’un autre a pris votre place en mon absence.

Un soupir sec, de la part de Cyriaque, accompagna la dernière remarque.

— Crois-moi, j’aurai préféré ne plus être de ce monde, lui confia-t-il, mais le destin, les Saintes et cette entêtée d’Ételle en ont décidé autrement. Cependant, tu as raison. Il ne faudrait pas que je me ramollisse trop, sans quoi ma légende en pâtirait.

— En parlant de légende, intervint Luzerne. Nous sommes venues jusqu’ici après avoir entendu la nouvelle épopée que les bardes chantent dans les tavernes.

— Rhumpff… gronda Cyriaque à l’évocation des artistes. Ermanno m’avait juré qu’il attendrait au moins un an avant de transmettre mon témoignage à ces buveurs de valériane.

— Quelle perte de temps inutile, répliqua Luzerne pour marquer son désaccord. C’est un magnifique chant, qui rend un hommage extraordinaire à Lev.

Cette fois, le soupire de Cyriaque n’avait rien de contrarié. C’était un souffle triste et douloureux qu’il ne pouvait contenir.

— Vous êtes donc au courant pour Lev.

— Oui, acquiesça Moïra, et s’il a fait, ne serait-ce que la moitié de ce qui est conté, alors c’est un véritable héros.

— Lev a fait bien plus, pour le Royaume d’Arpentras et pour moi, que cette histoire ne saurait rapporter. Sans cela, je n’aurai pas confié mon témoignage à Ermanno.

— Un chant en souvenir de ses exploits, partagé de taverne en taverne, reformula Moïra. Vous lui avez offert le cadeau parfait. Grâce à vous, son nom résonne partout, aux côtés de ceux qui ont bercé son enfance.

— Sa vie aura été courte, mais il a réalisé son rêve, compléta Luzerne, émue aux larmes.

Cyriaque se mordit l’intérieur de la joue pour ne pas l’imiter et se transformer en fontaine. Ce genre d’effusions lui faisait horreur.

— Si vous êtes venues pour chialer sur le gamin, autant aller faire ça sur sa tombe, siffla-t-il, amer.

Les oreilles de Moïra se dressèrent sous sa chevelure blonde.

— Il est ici ? Vous… vous avez ramené Lev jusqu’ici ?

— Vous n’êtes pas les seules à avoir fait un long voyage, se vanta-t-il. Après ma victoire contre Tolen, j’ai…

Jusque-là restée discrète, posée contre la jambe de Cyriaque, Ételrune se mit à léviter et s’agita entre lui et ses visiteuses, bien déterminée à se faire remarquer.

— D’accord ! D’accord ! Calme-toi !

Le mage attrapa l’épée à pleine main et la força à redescendre avant de reprendre son récit.

— Après notre victoire contre Tolen, Ételle a insisté pour que nous ramenions la dépouille de Lev jusqu’à la maison.

— Sa tante n’a pas réclamé le corps ? s’interrogea Moïra. Il y a une tombe à son nom au Loir-Gris.

— Une tombe vide, pour une femme au cœur vide, avaient-ils tranché. Miraa a détruit la capacité de sa sœur à aimer. Lev méritait mieux que ça. Il a aujourd'hui une place auprès de gens qui ont fini par le comprendre et qui l’aimaient encore à l’heure de son sacrifice.

La sépulture de Lev se trouvait à l’arrière de la maison, à l’endroit où il s'entraînait pour apprendre à se lier aux runes. Un sommaire rectangle de terre retournée que Taupin, à son grand regret, n’avait pas eu le droit de convertir en massif floral. En plissant les yeux, Moïra pouvait presque revoir son rival s’agiter en tous sens, pour des résultats généralement médiocres. À chaque signe de progrès, la jeune femme se souvenait qu’elle entrait dans une colère noire qui la forçait à redoubler d’efforts. Il était incontestable que, sans les aptitudes perfectionnées grâce à cette rivalité, elle n’aurait pas été en mesure de vaincre Teemu, ce soir-là sur le toit du phare.

Moïra était contente que leur relation ait pu évoluer, peu de temps avant qu’il ne meure, car, à l’heure de lui rendre hommage, elle prenait pleinement conscience de la valeur de leur amitié.

Ce fut, finalement, Luzerne qui pleura le plus en découvrant sa tombe. La robuste forgeronne, au caractère bien trempé et à l’âme flamboyante, se révéla d’une fragilité touchante. Bien qu’ils n’aient pas partagé autant de moments intimes qu’avec Moïra, elle s’était profondément attachée à cet improbable compagnon de route, aussi navrant qu’attendrissant. Ne plus pouvoir malmener ce grand naïf, ni le faire rougir en bousculant sa pudeur, l’abandonnait à un manque inattendu.

— Et ça, c’est pour quoi ? se renseigna la rouquine, entre deux larmes.

Non loin de la tombe se dressait une charrette bâchée. Son chargement pesait si lourd sur les essieux qu’elle avait creusé des ornières dans l’herbe, révélant son trajet.

— Je voulais lui offrir une dernière demeure respectable, à la hauteur d’un de mes élèves, mais je ne supportais pas la compagnie des ouvriers, alors je les ai virés.

Curieuse, Luzerne se risqua à soulever un coin de la bâche.

— Par les loches de Sainte Galane ! s’écria-t-elle. Du marbre bleu ! Vu la quantité, ça a dû vous coûter un bras.

— Seulement une main, la corrigea le mage en agitant son moignon.

— Pardon, je ne voulais pas me moquer de…

— Celui qui ne sait pas rire de ses malheurs ne fera qu’en souffrir, la coupa-t-il. La vie est pleine d’injustices et vivre c’est apprendre à les surpasser.

— Vous avez lu ça dans un livre, pas vrai ? le tacla Moïra, en plein milieu de son envolée lyrique.

— J’ai plus d’éducation et d’esprit qu’il n’y parait, grommela Cyriaque, agacé. Rentrons !

— Non ! s’imposa la frêle blonde. Nous avons un travail à terminer. Luz, dégage-moi cette bâche.

Partageant la même idée, les deux femmes se mirent en action sans attendre l’approbation du mage. Lev méritait cet honneur, alors, si les matériaux étaient réunis, il n’y avait aucune raison de le faire attendre plus longtemps. Moïra inspecta le chargement. Quatre éléments d’un cadre à assembler, une grande plaque de couverture et une pierre tombale gravée au nom du héros disparu : rien de très compliqué à comprendre.

— Grave-moi une rune Raidho sur la face interne de toutes ces pierres, sans les faire éclater, ordonna-t-elle à sa compagne. Quant à vous, Maître, reculez !

Le ton se voulait autoritaire et déterminé, mais Moïra s’était débarrassée de la note hautaine qui, jusqu’alors, la rendait irritante. Tout comme son ancien rival, elle s’était libérée de l’enfance et assumait pleinement sa maturité. Ni Luzerne, ni Cyriaque n’osèrent la contrarier. Moïra avait sauté du nid et pris son envol, alors nul n’aurait su la clouer au sol.

En l’espace d’une demi-heure, elles élevèrent la modeste tombe de Lev à un niveau de prestige que n’aurait pas renié un noble. Si Moïra ne remit pas en cause la vantardise de son maître à propos de l’honneur rendu à son apprenti, elle n’était pas dupe pour autant. Cette tombe tape à l'œil, c’était celle d’un fils qu’Ételle et lui n’auraient jamais.

— Merci pour Lev, se contenta de dire Cyriaque, sans trahir ses émotions.

— C’était un gars comme on n’en recroisera plus, confia Luzerne. Ce sera un plaisir de venir lui rendre visite en sachant qu’il repose en paix.

Ce fut au tour de Cyriaque d’être surpris par les propos et le comportement de ses convives.

— Tu ne pars pas sur les routes avec elle ?

— Non ! J’ai une forge à faire tourner ici, et puis, vous ne serez pas en vadrouille toute l’année, si ?

— Je ne comprends pas, grimaça-t-il. Moïra, tu ne lui as pas dit que tu voulais te lancer dans le spectacle itinérant, une fois ta formation terminée ?

— Si, si, se défendit l'intéressée, mais il se trouve que mon projet a changé.

— Comment ça ?

— Je pense passer au moins une décennie à vos côtés, précisa-t-elle.

— Je ne veux plus d’apprentis, protesta Cyriaque. Tu as appris bien assez de choses pour te débrouiller seule. Maintenant que Tolen est mort, je vais réduire la voilure et vivre ici, au calme, avec Ételle.

Moïra se mit à sourire en voyant Ételrune quitter la compagnie de son porteur pour venir se ranger à ses côtés.

— C’est l’avis d’un vieux monsieur, contre celui d’une jeune femme, déclara-t-elle. Et, je crois que votre épée a tranché en ma faveur.

Le mage proféra une ribambelle de jurons avec un débit et un manque d’articulation qui les rendit, en grande majorité, incompréhensibles. Il était furieux contre Moïra, mais plus encore contre Ételle, qui ajoutait à l’affront en marquant ses intentions de la sorte. Luzerne, hilare, assistait à la scène assise sur la pierre tombale de Lev.

— Tu rates une belle embrouille, murmura-t-elle à son défunt ami.

L’escarmouche dura plus longtemps que la mise en place de la tombe. Cyriaque savait qu’il finirait par perdre, comme toujours, face à sa compagne, mais il se défendait bec et ongle. Le coup de grâce vint le cueillir sous la forme d’une proposition inattendue de la part de Moïra.

— Vous n’arrêtez pas de répéter que vous ne voulez plus d’apprentis, et bien, c’est parfait ! Je ne cherche plus un maître, mais un associé.

— Quoi ?

L’armure de son esprit obtus s’était fendue, ne restait qu’à porter une estocade.

— En tuant le larbin de Tolen, j’ai découvert quelque chose à propos de moi. Un point que je partage avec vous, messire Renard.

Moïra releva sa capuche pour couvrir sa tête et révéla les décorations qui l’ornaient depuis peu. Elles formaient une tête de chouette blanche, aussi réaliste que le renard que portait Cyriaque. Un court bec en bois noir verni venait parachever la création en lui donnant une touche d’agressivité.

— Nous sommes des prédateurs futés, en chasse des nuisibles qui perturbent le royaume. Nous formerions une équipe capable de grands exploits.

— J’ai déjà mené cette vie-là. Pourquoi recommencer ?

— Pour que les bardes vous appellent enfin le Renard et que l’on se souvienne de vous comme d’un héros à part entière. Vous méritez mieux que le rôle du grincheux dans les histoires dédiées aux Arcanes Royaux.

Cyriaque ouvrit la bouche pour protester, mais sa voix refusa de sortir. Moïra l’avait piégé d’une façon sournoise et fidèle à son enseignement. Il ne pouvait ni se défausser, ni la contredire pour la simple et bonne raison qu’il était d’accord avec elle.

— J’acc… tenta-t-il sans parvenir à enchaîner.

— Ne vous blessez pas en acceptant, plaisanta Moïra. Contentez-vous de ne plus grogner et je considérerai que l’affaire est conclue.

Enchantée par la perspective de nouvelles aventures, à venir, Ételrune se mit à briller intensément entre les deux manieurs de runes. Les mages rentrèrent se mettre au chaud dans la maison cachée au sein du Bois Sifflant. Là, ils parleraient du futur toute la nuit, laissant le passé derrière eux pour un temps.

— Je crois qu’ils sont partis pour écrire une autre saga, se réjouit Luzerne en bondissant de son perchoir.

La forgeronne offrit un dernier témoignage d’affection à son singulier compagnon de voyage. Alors qu’elle étreignait symboliquement la pierre tombale dans ses bras, Luzerne déposa une bourse en cuir à sa base.

— Tu continues à vivre en moi, murmura-t-elle, avant de quitter les lieux pour rejoindre le reste de la bande.

Dehors, il ne resta plus que la tombe de Lev et son épitaphe élégamment ciselée dans le marbre par sa famille de cœur :

« Chaque vie est une histoire. »

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Neila
Posté le 02/10/2023
Eh ben j’ai tout lu, et c’était drôlement chouette !

Je suis surprise qu’il n’y ait pas plus de commentaires ! :O Est-ce que c’est parce que c’est une réécriture ? En tout cas c’est très abouti, tant sur le fond que sur la forme ! Je pense que ça a toutes ses chances en publication.

La fin est à l’image de l’histoire, elle bouscule les clichés du genre. Je ne m’attendais pas à ce que Lev meure. T.T Jusqu’au bout, je t’avoue, j’ai espéré le voir revenir d’entre les morts. C’est assez inattendu, une histoire de fantasy de ce type qui s’achève sur la mort (définitive) du héros. Mon petit cœur aurait préféré une fin plus classique, où le héros se relève et prend une retraite bien mérité ou part pour de nouvelles aventures. Mais bon. Ça a le mérite de bousculer les convenances, et puis ça colle bien avec le thème de la désillusion qui est présent tout au long de l’histoire. C’est juste super triste. x’D

J’aurais seulement une remarque à faire : le titre du chapitre 22. Faut le changer, ça spoil trop ! XD Franchement, sans le titre, je me serais probablement fait rouler dans la farine par le bon jeu d’acteur de Teemu (surtout que je l’imaginais pas une seconde impliqué (avec Miraa) dans les plans de Tolen). Mais le titre, c’était un peu la confirmation que le bonhomme sorti du bois était du côté des vilains. Un peu dommage. Cela dit, j’ai quand même été surprise de découvrir que c’était Teemu. Et le retour de Miraa aussi ! :O Ça été claque sur claque à partir de là. J’ai eu du mal à m’arrêter de lire. La montée de la tension et du suspense est très réussite !

Mon seul regret, c’est que cette première aventure aura été la seule de Lev. Bon, ce que je vais dire là n’est pas forcément une critique, parce que l’histoire va au but sans faire de détours inutiles, elle se tient en un tome, et c’est sûrement mieux. Mais j’avoue, je m’attendais à voir Lev vivre au moins une aventure intermédiaire avant de faire face au grand méchant. Mais l’histoire est déjà assez longue, et si tu prenais pas le temps de développer le voyage de Lev avec Teemu puis Luzerne, la fin serait pas aussi savoureuse. Et la partie où le héros apprend à utiliser la magie, c’est aussi ce qu’on aime, dans les histoires de fantasy. Tout ça pour dire que pour rajouter des péripéties, il aurait sûrement fallu faire ça en deux tomes. Et… bon. C’est peut-être pas plus mal d’avoir des histoires de fantasy qui ne soit pas des saga en dix tomes. J’ai juste pas l’habitude, je crois.

En tout cas, merci pour ce bon moment de lecture ! Les personnages étaient tous très attachants et chouettes, ils arrivent à être « classiques » tout en bousculant les clichés du genre, tout comme les thèmes abordés. Et le style est vraiment au top. C’est une excellente histoire, qui mérite d’être connue !
Achayre
Posté le 04/10/2023
Bonjour, merci pour ce looooooong et sympathique retour sur ta lecture :) Désolé pour ma réponse tardive.

Je suis ravi que tu ai saisi le sous-texte de cette histoire qui tente de prendre à revers certains grands clichés du genre. Lev parvient à devenir un héro, mais pas de la manière "classique". Il n'y aura pas de gloire pour lui, mais, au moment de sa mort il savait qu'il faisait le bon choix pour sauver l'avenir du royaume.

Je comprend ta frustration face à cette histoire en 1 tome, mais, à une époque où l'on ne sort plus que des saga interminables que l'on étire jusqu'à l'overdose, je souhaitais garder un format simple.

S'il devait y avoir une suite, elle concernerait Luz et Moïra qui sont les véritables héroïnes (sur la base d'un traitement classique du sujet). Elles ont grandit, mûrit, trouvé l'amour, se sont disputées, survécu à l'aventure pour en préparer une nouvelle :)

J'espère que, malgré certains passages très tristes, tu auras également pu profiter des quelques passages à l'humour grinçant :)
C'est un bel univers, avec des personnages aussi singuliers qu'ordinaires. Je suis content d'avoir pu les construire ainsi.

Merci pour le compliment sur le style. A chaque nouvelle histoire ma plume s'affirme :)
TiteTeigne
Posté le 11/09/2022
Il va bien falloir commencer quelque part pour parler de la fin de ce récit. Tout d'abord, un grand bravo pour tout le travail accompli et ces 36 chapitres mis en mots. Bien plus qu'une histoire, ce sont des histoires entremêlées que tu as su nous partager. Donc un grand merci pour ce cadeau :)
Et bravo pour le challenge accompli des 36 chapitres en 36 semaines ! Il faut une discipline de fer pour s'y tenir donc sois en fier ! J'espère sincèrement que tu l'es, fier, du travail accompli. Mais aussi de tout le chemin parcouru pour en arriver à cette dernière épitaphe.

Un dernier chapitre qui vient joliment clôre cette aventure. Des retrouvailles, un nouveau départ, un texte qui reste fidèle aux différentes personnalités de chacun mais démontrant également de l'évolution que les protagnistes "survivants" ont eue tout du long. C'est un mélange savamment dosé.
Quand on s'accroche à un personnage, on tente de croire que tout ira pour le mieux pour lui jusqu'au bout. Il y aura toujours au fond de notre coeur une petite étincelle d'espoir que Lev aurait pu renaître de ses cendres. Pourtant, c'est une très jolie fin que tu lui accordes, dans la dignité et à la hauteur du héros qu'il souhaitait être. Il ne connaîtra pas sa gloire mais ceux qui restent perpétueront sa légende et son souvenir. C'est une très jolie conclusion à sa vie, qui va ainsi demeurer éternelle. Ce qui m'a le plus touché est que Lev soit considéré comme le fils qu'Etelle et Cyriaque n'aurait jamais eu. C'est très beau, touchant.
Et l'épitaphe vient joliment s'ancrer sur la dernière ligne.

Encore un grand merci pour toutes ces semaines de lecture passionnante ! Probablement encore un peu de travail dessus mais c'est déjà un très bon premier jet :)
En espérant avoir pu te donner des feedback constructifs tout du long.
Selon tes prochaines étapes, je te souhaite bon courage et au plaisir de te lire de nouveau :)

Et on n'oublie pas les traditionnelles petites corrections ;)
- "Au détour d’un rang de carottes, le taupelier étira Son (mon) museau étoilé vers le ciel avant de ranger rapidement ses outils."
- "cette jeune femme rousse taillée dans un roc qu’il avait croiséE lors de l’exploration du phare."
- " Luzerne m’a portéE pendant une bonne partie du voyage."
- "FélicitationS, jeune fille ! lança-t-il à Luzerne sans s’approcher d’elle"
- "Je ne l’ai portéE que jusqu’au premier port que nous avons croisé."
- "Quitte à vagabonder, j’auraiS misé sur cette destination."
- "Crois-moi, j’auraiS préféré ne plus être de ce monde"
- "Cette fois, le soupir(e) de Cyriaque n’avait rien de contrarié"
- "Une tombe vide, pour une femme au coeur vide, avai(en)t-il(s) tranché" (Cyriaque qui parle non ?)
- "A chaque (de) progrès de son rival"
- "alors je les ai viréS"
- "Je ne prendrai(s) plus d’apprentis ! rabacha-t-il une fois de trop"
Achayre
Posté le 11/09/2022
Un immense merci à toi d'avoir été présente à mes côté tout au long de cette aventure littéraire. Si j'ai tenu bon jusqu'au bout, c'est beaucoup grâce à toi et ton soutien.
Ravi de t'avoir distraite pendant ces 36 semaines et surtout que cela t'ai plu.

C'était dur, très dur, mais le plus gros est fait :)

Au plaisir de te divertir à nouveau !
TiteTeigne
Posté le 14/09/2022
Le parcours a été dur mais ça en valait la peine, n'en doute jamais ;) Un très beau travail qui ne demande qu'à être peaufiné ! (Et publié ? ;)
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