Chap 31 : Prédateur contre prédateur

Par Achayre
Notes de l’auteur : Premier jet non corrigé - Ecriture de la semaine 29
07/09/23 : Mise en ligne de la version corrigée

Depuis le changement de locataire non consenti, le phare avait subi de nombreux outrages. On l’avait privé de sa mission première, éteignant son feu et brisant sa lentille. Un autre éclat l’avait remplacé, celui d’une magie malveillante. Le bâtiment ovale, qui élargissait son emprise au sol, avait souffert. Sur le toit de cette extension, il pleuvait des pierres depuis l’attaque de Tolen.

Une marche se déchaussa, telle une dent s’échappant de la bouche d’un ivrogne après une rixe. Le bloc s’écrasa avec fracas sur la couronne de cheveux étalée autour d’une petite blonde mal en point. Moïra sursauta, réveillée par le bruit. Elle avait du sang dans la bouche, sur le visage et sur les mains. Le déroulé de sa chute était confus. L’apprentie se souvenait de son rodéo sur le coffre, du choc contre le mur, puis c’était l’obscurité.

Elle tenta de se relever une première fois, mais y renonça dès qu’elle bougea la tête. Sa longue chevelure était coincée sous la marche qui l’avait manqué de peu. Appliquant à la lettre les conseils de son maître, Moïra entreprit d’explorer son corps à la recherche d’éventuelles blessures qui justifieraient la présence d’autant de sang. Elle supposa que l’énorme bosse à l’arrière de son crâne n’était pas étrangère à sa perte de mémoire. Plusieurs lacérations parcouraient son cuir chevelu, mais l’os ne semblait pas atteint. Savoir que son cerveau était entier la rassura, même s’il devait être fortement contusionné. Pour l’instant, il fonctionnait et elle n’en demandait pas plus.

L’apprentie s’était mordue la langue jusqu’au sang. Ce n’était pas la première fois que cela arrivait. L’idée saugrenue qu’elle ne pourrait pas manger épicé pendant deux semaines la détourna une seconde d’une plus mauvaise nouvelle. Au moment de plier les jambes pour les extraire des décombres, elle constata que son genou gauche avait doublé de volume. La blessure n’était pas ouverte, mais ses perspectives de mobilité venaient de s’évaporer.

— Luzerne ! appela-t-elle malgré ses côtes fragilisées.

Ses poumons refusaient de hurler de toutes leurs forces. Ils savaient que cela aggraverait la situation plus qu’autre chose.

Mis à part le bruit de pierres et de débris qui se séparaient de la tour, elle n’obtint aucune réponse. Il y avait pourtant quelqu’un non loin. Une respiration forcée et haletante se précisait sur sa gauche.

— Luz… haaa !

En voulant regarder par-dessus les éboulis qui l’entouraient, Moïra s’arracha une mèche de cheveux, ce qui la fit crier. Avec difficulté, la jeune femme se contorsionna pour se rapprocher de la pierre qui la tenait ainsi prisonnière. Capable de peu d’efforts dans son état, Moïra plaqua malgré tout son épaule contre la marche tombée du ciel et s’arc-bouta pour la pousser. Au prix de souffrances supplémentaires, elle parvint à se libérer et put enfin s’asseoir.

Un retour à une certaine forme de verticalité qui lui permit d’étendre son champ de vision. De quoi découvrir l’identité du propriétaire de ce souffle voisin. Moïra s’empressa de retourner derrière la muraille de décombres, un juron fleuri retenu de justesse entre ses dents.

À trois mètres de là, Teemu aussi se remettait de sa chute de la tour. Trahi par son employeur, le mercenaire avait été mis au rebut sans avertissement. Par chance, sa descente en plusieurs fois ainsi que l’amortissement obtenu grâce à sa chevalière enchantée lui avait épargné de trop sévères blessures. Il s’en sortait avec un hématome de la taille d’une pomme, sur la cuisse gauche et un doigt cassé. Celui-là même où il portait son anneau. Au cours d’une courte prière intérieure, Teemu remercia les Saintes de ne pas lui avoir sectionné l’annulaire.

Cette foutue rouquine méritait une correction. Elle était presque aussi charpentée que lui et s’était cramponnée assez longtemps pour ne pas tomber de si haut. Teemu aurait été déçu qu’elle ait chuté au-delà de la toiture du bâtiment. Il releva la tête pour voir si sa chance insolente avait déposé la cible de sa rage près de lui. Aucune armoire à glace à la chevelure flamboyante à l’horizon, seulement le museau ensanglanté de l’autre gamine. Celle-ci tenta de se soustraire à sa vigilance, mais c’était trop tard. Briser en deux ce joli corps de brindille calmerait peut-être la frustration du mercenaire.

Teemu se dirigea vers l’illusoire cachette de Moïra. Malgré sa tentative de se dissimuler parmi les décombres, la jeune femme restait parfaitement visible. Sa tunique bleue couverte de poussière pouvait éventuellement faire illusion, mais sa chevelure blonde détonnait dans l’obscurité. En cette belle nuit étoilée, le ciel prodiguait l’éclat nécessaire pour qu’ils puissent voir où ils marchaient.

Jouer avec sa victime permettait au mercenaire de chasser, pour un temps, la réalité de sa déchéance. Tant qu’il avait quelqu’un à maltraiter, la trahison de Tolen passait au second plan. Teemu utilisa son filin de lumière afin d’attraper Moïra par sa jambe blessée, ce qui la fit hurler.

— Tu as une jolie voix quand tu miaules, se délecta le rustre. Je comprends mieux pourquoi le vieux te garde dans sa forêt, loin des oreilles chastes.

Moïra ne prêta aucune attention aux propos libidineux de Teemu, submergée par la douleur de son genou. Des larmes vinrent diluer le sang imprégnant son visage. Désemparée, l’apprentie déploya son aura blanche et la projeta au hasard. Si Tolen ne lui avait pas confisqué ses chakrams, elle aurait tailladé son agresseur jusqu’à le laisser exsangue. Moïra était sans défense. Elle cherchait une prise dans les pierres entassées autour d’elle, mais la technique de manipulation sans gravure nécessitait trop de concentration pour y recourir dans ces conditions.

— Je me demande quel bruit tu feras en percutant le sol ?

Le mercenaire dû utiliser sa seconde main pour soulager son annulaire. Une grande partie du poids de la jeune femme était soutenu par la magie, mais l’opération nécessitait une poigne ferme dont Teemu n’était plus capable. Il avait hésité à passer sa chevalière sur sa main droite, mais un bourrelet disgracieux violet s’y opposa. Son doigt enflait à vue d'œil.

Du sang coulait de sa blessure au visage. La chute avait rouvert la plaie en forme de R sur sa pommette. Si Teemu pouvait prétendre disposer d’un certain charme, lorsqu’il prenait soin de son apparence, cette nuit-là, il était aussi laid que son âme.

Non sans difficulté, il approcha Moïra du bord du toit, pour finalement la maintenir au-dessus du vide. Moins de deux secondes de chute et chacun de ses os viendrait se tasser dans celui d’à côté, jusqu’à ce qu’il ne reste plus d’elle qu’un tas informe. La perspective d’un tel spectacle revigorait le mercenaire.

Après ce jeu morbide, il lui faudrait trouver un moyen de descendre plus délicatement. Teemu avait assez d’argent de côté pour s’offrir une retraite de quelques semaines pour panser ses blessures, puis il reprendrait la route, à la recherche d’un employeur moins versatile. Une pointe de regret lui démangea l'entrejambe à l’idée de ne plus revoir Miraa, mais il se contenterait de femmes plus dociles.

— J’espère que tu as eu le temps de visualiser ce qu’aurait été ta vie si tu l’avais passé au coin du feu avec un homme, au lieu de courir le monde, poursuivit-il avec condescendance. Adieu petite.

Au moment où il allait relâcher son emprise sur la frêle blonde, Teemu fut fauché par une force de la nature. Luzerne, lancée à vive allure, venait de le cueillir sous l’aisselle. Tous deux s’écrasèrent lourdement sur le toit, tandis que Moïra se rattrapait de justesse à la corniche.

Le corps vibrant de douleur, elle regardait, impuissante, ses mains glisser à la surface de la pierre. Voilà qu’elle s'apprêtait à chuter de nouveau. Un destin funeste qu’elle refusa de rencontrer. Mobilisant le peu de courage et de malice encore présents en elle, la jeune femme déploya son aura et la fit plonger dans le moindre interstice à sa portée. Des enseignements de Cyriaque, elle avait retenu l’essentiel : dès lors que toutes les options n’étaient pas épuisées, il fallait s’acharner.

Malgré la douleur, la peur et l’urgence de la situation, elle réussit à lier son aura dans une fissure et à remonter son corps à l’abri. Moïra tremblait d’épuisement, mais elle savait qu’elle venait d’accomplir l’impossible. Son maître ne l’aurait pas couvert d’éloges. Il se serait contenté d’un sourire en coin, satisfait de la voir dépasser ses limites.

Luzerne n’avait pas rejoint le plancher des vaches, comme l’avait supposé Teemu. Elle était vivante et déterminée à faire ravaler chaque mot indigne à la raclure de latrine qui s’en prenait à sa compagne. Les poings de la forgeronne s’abattaient sur le mercenaire avec une hargne à faire ployer l’acier. Elle fit du toit son enclume et y martela les côtes de Teemu jusqu’à en fissurer certaines. Luzerne l’aurait tué s’il n’avait pas eu recours à sa chevalière.

Le fil de lumière verte s’enroula sur lui-même, à la façon d’un ressort, et propulsa la rouquine enragée hors de portée. Teemu s’offrit ainsi un temps de répit nécessaire à reprendre son souffle.

— T’es une coriace, toi, lui reconnut-il comme qualité. T’es plus costaude que pas mal de gars qui se prennent pour des cadors.

— Chez les Sativa, on apprend très jeune à faire taire les tocards dans ton genre, l’insulta la forgeronne.

— Ho, je vois. Une consanguine de rivières. Les Sativa, vous n’êtes qu’une bande de grandes gueules et de vagabonds que le roi devrait mettre aux fers.

— Ma famille naviguait déjà en Arpentras avant qu’on nous y colle le premier roi, se vanta-t-elle. Chie nous dans les bottes tant que tu voudras, mais, sans nous, ce royaume serait moitié moins riche.

— Quelle vantardise pour une voleuse de poule, l’invectiva Teemu. On va causer comme ça longtemps ou on règle nos affaires à l’ancienne ?

Le mercenaire avait suffisamment provoqué son adversaire pour gagner du temps. Il était mal en point, mais toujours vif. D’autant plus qu’il pouvait économiser ses mouvements et compter sur la mobilité du filin de sa chevalière.

De son côté, Luzerne dégaina son fidèle marteau et se mit en position pour repartir à la charge. Elle panserait ses plaies et pesterait sur l’état de ses articulations plus tard. Pour l’heure, seule importait pour elle de protéger Moïra de cet abruti.

À chaque assaut, Teemu économisait ses pas. Il provoquait la rouquine afin qu’elle vienne abattre son marteau sur le bouclier qu’il formait en tortillant sa lumière verte. Une fois le coup dévié, la spirale magique se déroulait et allait fouetter Luzerne dans le dos. Qu’importe le manque de bravoure, cette technique épuiserait rapidement les forces de s’assaillante, après quoi il n’aurait plus qu’à l’achever.

Persévérante, la jeune femme puisait dans sa colère pour attiser la vigueur de ses bras. Malgré cela, ils devenaient lourds, lents et sans effets notables sur leur cible.

— T’as si peu de couilles que tu vas rester caché ? défia-t-elle le mercenaire.

— Exactement ! ricana-t-il. À quoi bon risquer ma vie pour un honneur illusoire alors que je peux me contenter de te regarder échouer ?

Luzerne baissa sa garde et ouvrit l’étui sanglé autour de sa cuisse droite. Elle en sortit un poinçon d’une vingtaine de centimètres de long et dirigea sa pointe travaillée en direction du fanfaron.

— Bien ! Si tu te fous que le combat soit honorable, je dois pouvoir faire abstraction de ma fierté.

Teemu se massa la pommette. Un tel outil lui avait déjà valu une déconvenue, mais il ne se laisserait pas avoir par surprise, cette fois.

— Le Renard aurait donc une autre apprentie, supposa-t-il. Ce vieil éclopé est plus entouré que je ne le pensais.

Un rire gras et grossier retentit sur le toit du bâtiment.

— Fais donc tourner des assiettes, que je te jette une pièce par charité.

— Je ne sais pas faire ce genre de choses, le détrompa Luzerne. En revanche, elle, oui !

Derrière Teemu, Moïra avait trouvé l’énergie pour se redresser. D’un simple échange de regards, elle avait convaincu Luzerne qu’à deux elles auraient une chance de le maîtriser. Avant que le mercenaire n’ait pu s’en prendre à l’apprentie, la forgeronne utilisa son marteau et le poinçon pour marquer le débris de pierre le plus proche. Aussitôt, l’aura de Moïra vint s’en saisir et le projeta contre le bouclier lumineux de Teemu. L’impact dépassa de loin la force brute de Luzerne et força le mercenaire à s’investir davantage dans l’affrontement.

Moïra ne s’imposa aucune retenue. Ce type immonde avait tenté de la tuer et elle désirait prendre les devants. À chaque coup de marteau, le poinçon entamait un débris assez profondément pour lui offrir un lien solide. L’apprentie qui ne pouvait pas se lever, à cause de sa jambe, fit pleuvoir des pierres sur Teemu jusqu’à obtenir de lui qu’il recule au bord du vide.

Ce revirement de situation provoqua une forme de panique chez le mercenaire. Il ne pouvait pas s’avouer vaincu, pas comme ça, pas contre deux gamines insolentes. Pourtant il fut vite acculé, avec pour seules alternatives : la chute ou la lapidation. À travers la spirale protectrice de lumière verte, il fixait la jeune femme blonde à l’origine du déferlement de pierres. Moïra lui paraissait si insignifiante, si malingre qu’il ne pouvait concevoir qu’elle puisse le surpasser. Quant à la brute aux cheveux ardents, elle frappait la pierre sans se soucier de lui.

Vint alors le moment de tenter le tout pour le tout. Teemu bondit en arrière, hors du toit. L’instant d’après, il disparaissait derrière le rebord, emporté par le vide. Stupéfaite et hors d’haleine, Moïra cessa de le bombarder. Depuis sa position, elle aurait juré qu’il avait abandonné et décidé de mettre fin à ses jours, mais l’homme était plus retors que la moyenne.

Dès qu’il eut pris de la vitesse, Teemu se servit de son fouet magique pour transformer sa chute en un mouvement de balancier. Il s’en fallut de peu pour qu’il manque d’élan et rate sa prise. Au terme d’un arc de cercle parfait le long de la façade, il se retrouva à proximité de Luzerne, suspendu à la corniche par le bout des doigts.

Elle l’aurait vu, si elle s’était tournée dans le bon sens, mais la forgeronne regardait Moïra avec une expression de victoire sur le visage. Le temps que son amante l'avertisse du danger qui se hissait dans son dos, c’était trop tard. Luzerne sentit sa gorge être écrasée par le sort émit par la chevalière enchantée. Elle en lâcha son marteau.

— Les Saintes m’accordent plus de chance qu’à quiconque, se vanta le mercenaire. Vous ne pouvez rien contre ça ! Je suis béni !

Luzerne était rouge vif, incapable de respirer. Quelques secondes de plus et le feu de sa forge s’éteindrait pour toujours.

— Si tu étais béni des Saintes, elles t’auraient offert le don de percevoir les sources de magie et pas seulement leurs effets, lui opposa Moïra.

La jeune femme tendit la main vers le visage de leur agresseur et referma ses doigts en un poing tremblant de colère. Ainsi elle aida son esprit épuisé à visualiser ce qu’elle souhaitait accomplir avec son aura. Étiré jusqu’à la joue de Teemu, le voile blanc s'immisça sous sa peau. Là, l’aura de Moïra se lia avec la rune Raidho que son attaque avait imprimée à la surface de l’os, lors de l’embuscade au campement. Tout aussi Fané que ses complices, Teemu ne vit pas venir sa fin, jusqu’à ce que sa tête se mette à tourner contre sa volonté.

— Ne fait pas ça ! supplia le mercenaire en comprenant qu’il était sous l’emprise de Moïra.

Ses dernières paroles furent interrompues par un craquement sec. Un bruit bien connu des prédateurs de la forêt, synonyme de victoire totale. Semblable à une chouette terrassant un mulot, Moïra venait de briser la nuque de sa proie entre ses serres.

Tué sur le coup, Teemu s’effondra. Au même moment, le filin lumineux de la chevalière se décomposa, privé de la volonté assassine de son porteur. Luzerne peinait à faire revenir l’air dans ses poumons, mais elle était sauve. Le sang qui bouillonnait dans son visage reprenait doucement sa circulation normale. Trop loin d’elle, les larmes d’épuisement et de soulagement de Moïra coulaient à flot.

L’attention de l’apprentie de Cyriaque fut attirée vers le sommet du phare. Depuis sa position, elle ne pouvait pas voir précisément ce qu’il s’y jouait, mais Moïra distinguait clairement l’aura de son maître, étirée jusqu’au firmament et parcourue de marbrures violettes de plus en plus intenses. Un flash lumineux la fit cligner des yeux, juste avant qu’un souffle puissant ne chasse, hors du toit, la poussière et les cailloux les plus petits.

— Qu’est-ce qu’il se passe ? voulut savoir Luzerne.

— Je ne sais pas… gémi la frêle blonde. Il faut que l’on monte les aider.

Des larmes de désespoir se joignirent à celles que le vent marin s’efforçait de sécher.

— Hors de question ! S’il te reste des forces, tu vas les garder pour descendre de cette maudite tour avant qu’ils ne la fassent s’effondrer sur nos gueules.

— Mais, Luz…

— Quoi ? l’interrompit la forgeronne. Tu es blessée, épuisée, dépassée. Ce serait déjà un miracle que tu atteignes le haut du phare. Si tu tiens à mourir, ne compte plus sur moi.

— Je…

Luzerne avait traversé le toit à quatre pattes et venait d’enlacer sa compagne.

— Moi, je veux que tu survives à cette nuit, lui murmura-t-elle au creux de l’oreille. Je m’en cogne de tes serments, de l’honneur ou de la légende que tu laisseras derrière toi. Ne meurs pas inutilement. Je t’en supplie.

Fière et plus forte que jamais dans ses convictions, Moïra s’apprêtait à repousser la rouquine lorsque la réalité s’imposa. Luzerne avait raison : le combat était déjà fini pour elles, et ce, depuis longtemps. En les éjectant de la tour du phare, Tolen les avaient exclues de sa confrontation finale avec Cyriaque. Le seul qui pouvait encore venir en aide à leur maître c’était Lev et, vu l’agitation, une prière aux Saintes ne suffirait peut-être pas.

— Tu vas devoir me porter, capitula la jeune femme.

— Nous prendrons nos distances, afin de pouvoir fuir si le mage cinglé finit par obtenir ce qu’il veut.

La forgeronne grava une profonde rune Raidho dans une pierre du phare qui ne risquait pas de se désolidariser, puis utilisa son corps comme une coque protectrice pour Moïra. Toutes deux glissèrent le long de la façade, retenues par ce qu’il restait du pouvoir de l’apprentie. Après quoi Luzerne l’emporta hors d’atteinte de la folie de Tolen. Blottie contre sa compagne, Moïra psalmodiait en boucle une supplication aux Saintes pour qu’elles viennent en aide à Lev.

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TiteTeigne
Posté le 23/07/2022
Je m'attendais à lire la suite des péripéties du haut du phare, ayant terminé le chapitre précédent sur un rebondissement déterminant. Et je découvre à ma lecture une action parallèle qui finalement à toute sa place à cet endroit du récit. Je suis ravie de retrouver Moïra et Luzerne dans un chapitre plus dynamique. Il y a moins de réflexion ou de prise de décision comme il peut y avoir pour Lev (comme si l'univers tout entier était en jeu à chaque fois). Ici, c'est juste une question de survie et tout s'enchaîne avec fluidité et rythme haletant. Il continue de se développer la relation entre les deux jeunes femmes et celle-ci s'ancre vraiment selon moi ici, où la survie de chacune a toute son importance pour l'autre. Leur attachement mutuel s'en trouve plus profond. La confrontation avec Teemu est rondement bien menée, j'aime beaucoup l'échappatoire avec le filin magique, mais je dois dire que le sumum de ce chapitre est bien sa mort, qui je dois dire, est très maligne, perverse, je dirais même jouissive. Bref, elle est bien trouvée !
Donc certes, elles se retrouvent de côté par rapport au combat principal de la tour du phare, il n'en reste pas moins que leur histoire est importante donc merci d'avoir pris le temps de lui attribuer un chapitre :)

Quelques notes :
- "En cette belle nuit étoilée, le ciel prodiguait juste assez d’éclat pour qu’ils puissent voir où ils marchaient" : ne serait ce pas plutôt il au singulier, soit Teemu seulement ? Moïra blessée ne peut pas marcher il me semble.
- "J’espère que tu as eu le temps de visualiser ce qu’aurait été ta vie, si tu l’avais passéE au coin du feu avec un homme"
- "cette technique épuiserait rapidement les forces de s’assaillante" : l'assaillante ou son assaillante ?
- "Luzerne baissa sa garde et ouvrit (la) l’étui sanglé autour de sa cuisse droite"
- "Si tu te fouS que le combat soit honorable"
- "Elle l’aurait vu, si elle s’était tournéE dans le bon sens"
- "Je ne sais pas… gémiT la frêle blonde"
- "En les éjectant de la tour du phare, Tolen les avaient excluEs"
Achayre
Posté le 26/07/2022
Hello :)
Effectivement, je ne pouvais pas laisser Luzerne et Moïra sur une défaite totale. Elles avaient le droit à leur moment d'éclat partagé. Je pense retravailler la fin en un départ plus franc qu'actuellement. L'intrigue va se terminer sans elles, mais pas le roman ;)
En route pour quelques chapitres obscures pour clore le périple de Lev...
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