Chap.28 : Les aveux

 

Une musique délicate se dissipait dans le bureau tandis que la jeune femme faisait tournoyer son siège. Les choses allaient bon train et tout se déroulait comme prévu. Avec l'aura de Pryde, elle n'avait eu aucune difficulté à se trouver des alliés sur Sentinelle et ceux-ci n'avaient pas hésité à lui expliquer la situation. Un rictus merveilleux avait déformé ses lèvres carmin lorsque l'une de ses taupes lui avait appris le départ du Donnagher sans aucune autorisation, Spencer venait une fois encore de se jeter aux flammes sans qu'elle n'ait le besoin de la pousser.
Elle préparait son attaque, si cette mission pouvait se solder par la mise à pied de l'amirale Spencer, elle était gagnante sur toute la ligne.
« Madame... »
Une voix s'était élevée derrière elle et Jenkins avait fait tourner son siège vers son visiteur.
« Le Donnagher est sur le retour. »
Jenkins en avait des frissons d'excitation.
« Merveilleux ! » siffla-t-elle. « Qu'on prépare le comité d'accueil pour son arrivée ! »
L'homme avait l'air visiblement mal à l'aise et pris place en face d'elle sans y avoir été invité, ce qui rendit l'amirale particulièrement nerveuse.
« A vrai dire, c'est plus compliqué que ça ...
- Comment ?
» siffla-t-elle.
L'homme déposé un dossier de commandement devant Jenkins qui le considéra avec mépris, elle le feuilleta rapidement alors qu'il continuait ses explications.
« Le Donnagher a reçu ordre de reprendre ses hommes ici et de partir sur le champ. »
Elle haussa les yeux, agacée.
« Des ordres ? Et peut-on savoir de qui ?
- Du...Du seigneur Kylo Ren en personne.
»
La jeune femme reclapa le dossier violemment, ses yeux n'exprimaient qu'une colère sourde.
« Salope... » siffla-t-elle.
« Selon nos informations, le Donnagher est en possession d'éléments importants que le Seigneur Ren a exigé d'examiner en privé...et...
- Taisez-vous !
»
Jenkins serrait les dents, Spencer avait-elle joué au bluffe dans le but de se soustraire ou avait-elle vraiment flairer quelque chose ? Rien n'était moins sure, impuissante, elle devait se résoudre, pour cette fois, à laisser les choses se faire.
« Mettez-moi en communication avec le général Pryde...
- Très bien Madame...
» souffla l'homme avant de quitter le bureau, dossier sous le bras.
Mais une chose était désormais certaine, elle ne payerait rien pour attendre.

-----------------

« Nous voici de retour. »
La voix de Lewis l'avait soustraite à ses pensées. Depuis ce qui s'était passé la dernière fois qu'elle avait vu le général Hux, Spencer était ailleurs, essayant de comprendre ce qui l'avait poussé une fois encore, à faire ce qu'il avait fait. Était-ce comme la dernière fois, l'idée de mourir qui l'avait fait changer d'attitude ? A quoi jouait-il ? Oscillant entre froideur et geste amoureux, l'amirale avait l'impression d'être un pantin entre ses mains.
Et c'était tout ce qu'elle ne voulait pas être.
« En effet... » lança-t-elle à Lewis d'une voix détachée. « Même si nous ne mettrons même pas le pied à terre...
- Pourrais-je vous faire une suggestion, Madame ?
»
Un éclat d'intrigue traversa les yeux de la jeune femme, visiblement, Lewis avait en tête de lui parler de cela depuis leur départ. Elle hocha la tête doucement.
« Je pense que nous devrions parler de la cadette Everson.... »
Sans un mot, elle le laissa poursuivre, se réjouissant déjà de ce qu'il allait dire, Spencer le laissa cependant amener son idée.
« On ne peut pas nier que sans elle, la mission du général Hux se serait soldée par un dramatique échec et...
- Je suis d'accord avec vous.
»
Elle avait coupé la parole à son capitaine, simplement car elle savait ce qu'il allait dire. Il avait visiblement une fois encore anticipé sa réflexion. S'échangeant un regard complice, tous les deux savaient ce qu'ils leurs restaient à faire.
« Convoquez-là dans votre bureau, faisons-lui la surprise. »
« A vos ordres, amirale. » fit-il, le sourire qu'il affichait sur son visage apaisait Enael, tous deux savaient qu'aujourd'hui, ils allaient probablement poser un acte important aux yeux d'une de leur meilleure cadette.

-----------------------------------------

« Merde ! »
Roberta venait de se cogner contre sa lampe de chevet alors qu'elle se redressait à la hâte. Le bip incessant de son interphone l'avait sortie de son sommeil profond. A peine avait-elle pu rejoindre ses quartiers qu'elle s'était simplement effondrée sur son lit et s'était assoupie...Depuis combien de temps ?
La panique, si l'interphone sonnait cela signifiait qu'on avait besoin d'elle. Se redressant à la hâte, elle se jeta littéralement sur le micro, mais oublia ses bottes posées à côté du lit dans lesquelles elle se trébucha maladroitement. C'est donc en rampant qu'elle finit par saisir l'objet de sa convoitise.
« Cadette Everson !
- Je vous dérange Mademoiselle ?
»
La voix de Lewis raisonnait de l'autre côté du micro et son sang se glaça.
« Euuuh...je, non, non capitaine, toujours à votre service !
- Bien... Alors rendez-vous dans mon bureau d'ici une dizaine de minutes voulez-vous ? Ne soyez pas en retard.
- A vos ordres !
»
La communication se coupa et Roberta sentit l'angoisse s'abattre sur elle. Que lui voulait Lewis ? Pourquoi la convoquait-elle ? Et pourquoi voulait-il la voir si rapidement ? Elle réajusta son uniforme, enfila sa veste et glissa les pieds dans ses foutus bottes qui avaient bien faillit lui coûter la vie dix minutes plus tôt. Elle quitta sa chambre pour se rendre, hésitante, vers les quartiers du capitaine. Son cœur battait à une vitesse folle et ses jambes étaient comme du coton.
Demandant l'autorisation d'entrer, la porte s'ouvrit devant elle et lorsqu'elle entra dans le bureau elle crut être mise à mort.
Il n'y avait pas que Lewis qui l'attendait...
Devant elle, assis à son bureau, le capitaine Lewis était effectivement là, la regardant d'un œil sévère, mais à ces côtés, l'amirale Spencer était assise sur le recoin du meuble.
« Bonjour Cadette...
- Amirale...
» fit-elle d'une voix étouffée. Spencer lui désigna le siège en face du bureau et elle s'y jeta, sentant ses jambes fléchir. Bon sang, pourquoi étaient-ils là tous les deux ? Qu'avaient-elles fait ?
« Vous vous demandez ce que vous faites ici n'est-ce pas ?
- Madame, je ....Pour la salle des machines, l'emballage de gâteau, je le reconnais, c'est moi. Mais c'est le cadet Gunter qui les a amenés pour le goûter ce jour-là ! Je sais qu'on ne peut pas manger pendant qu'on travaille en salle de machine, mais...J'avais tellement faim ! Je suis ...Désolée !
»
Spencer et Lewis se lancèrent un regard amusé.
« Euh, nous ne voulions pas parler de ça... » souffla Lewis visiblement amusé. Roberta quant à elle, sentit le rouge lui monter aux joues.
« Quoi ? Vous voulez qu'on parle du lieutenant Brant ? Bon ok ! Très bien ! J'ai toujours promis à l'amirale Spencer d'être franche, et maintenant qu'il est là je dois bien vous le dire. Oui c'est vrai, on est sortis ensemble il y a quelques temps. » elle s'emballait et fit de grands gestes pour accompagner ses paroles. « Mais si ce petit con n'avait pas trop bu et été voir ailleurs, on en serait pas là, j'en suis sure ! Il n'est pas fiable, c'est...Un pauvre type, mais ne vous en faites pas, je continuerai mon travail comme s'il n'existait pas... »
A ce moment elle prit conscience que ses supérieurs la dévisageaient.

« Quoi ? C'est pas pour ça non plus ?.... »
Lewis haussa les épaules en faisant la moue.
« A vrai dire, non, cadette... » lança-t-il amusé. « Mais tant que vous y êtes, vous pouvez continuer.
- Lewis !
» siffla Spencer, « Vous ne voyez pas qu'elle est déjà mal à l'aise ?
« Je plaisantais.
»
Le clin d'œil qui lui adressa n'enlevait en rien le malaise qu'elle vivait à l'idée d'avoir déballé sa vie sentimentale devant ses supérieurs hiérarchiques, mais la rassurait malgré tout sur la cause de sa présence ici.
« Nous voulions vous parler de la mission que vous avez mené avec le général Hux... » commença Lewis, d'une voix douce. « Mais je pense que c'est à l'amirale d'en dire davantage... »
La jeune femme inclina doucement la tête pour observer Everson.
« En effet...Cadette, nous tenions à vous féliciter pour ce que vous avez fait là-bas. Vos actes sont à la limite de l'héroïsme et du génie... »
Roberta n'en revenait pas, si elle n'était pas assise, probablement se serait-elle évanouie.
« Je...Je n'ai fait que mon devoir...
- En effet, mais il fallait penser à cet émetteur, il fallait croire en cette idée et ne pas la laisser tomber. C'est ce que vous avez fait. Aujourd'hui nous avons une piste pour une enquête plus importante et c'est grâce à vous.
- A moi ?
»
Spencer hocha la tête.
« Vous avez suivi votre instinct en accompagnant le général Hux. Vous avez veillé sur un officier supérieur et en plus de ça vous avez permis la capture de prisonniers. Par conséquent, nous souhaitions...Le capitaine Lewis et moi-même, vous demander quelque chose... »
Elle avait l'impression de vivre dans un autre monde.
« Me demander quelque chose ? » répéta-t-elle abasourdie.
« Oui... » continua Lewis. « En calculant nos effectifs, je remarque qu'il nous manque un sergent... »
Les mots frappaient dans sa tête et dans son cœur comme jamais.
« Un sergent ?
- Êtes vous devenue un perroquet Mademoiselle Everson ?
- Je...non non...
- Alors, seriez-vous d'accord pour prendre ce poste ? Nous estimons, avec l'amirale Spencer, qu'il vous revient totalement.
»
L'amirale hocha doucement la tête, un sourire s'était dessiné sur ses lèvres et Roberta lui lança un regard pétillant.
Ses larmes, elle ne put les retenir lorsqu'elles coulèrent sur ses joues...
« Quand ma grand-mère est morte... » souffla-t-elle. « Je lui ai promis de devenir quelqu'un dont le monde se souviendra, je lui ai promis... ». Fermant ses yeux pour laisser couler les larmes d'émotions, elle sentit la main calleuse de Lewis se poser sur la sienne et une main plus féminine sur son épaule. Relevant les yeux, elle vit ses deux supérieures lui apporter du réconfort, comme s'ils étaient en réalité, ses plus proches amis.
« He bien...On dirait bien que vous avez tenu votre promesse...Sergent Everson. »
Les mots de Lewis gonflèrent sa fierté, Roberta pleurait, mais ses larmes étaient celles de la joie et de l'accomplissement. Elle avait travaillé si dur pour en arriver là, chaque jour elle avait pensé à cet objectif alors que tous se moquait d'elle et de sa personnalité. Aujourd'hui, pour la première fois de sa vie, elle se sentait fière d'elle.
Et c'était grâce à ces deux personnes.


« Il faut qu'on parle. »
La porte s'était ouverte brutalement, faisant sursauter le trio bien trop occupés à installer Roberta dans ses nouvelles fonctions. Spencer en avait presque oublié l'élément principal de toutes ses questions. Lui. Qui se tenait désormais là devant eux.
Hux avait fait le tour du vaisseau, demandant à l'équipage où se trouvait Spencer, lorsqu'enfin on lui avait dit qu'elle était probablement en briefing avec le capitaine Lewis, il s'était rué dans ses quartiers afin de la voir.
Il devait absolument lui parler.
Spencer lança un regard à Lewis qui le lui rendit avec méfiance, ce dernier n'appréciait visiblement pas le ton sur lequel il s'était adressé à elle. Spencer aurait voulu à ce moment-là lui répondre sèchement qu'elle avait autre chose à faire, mais elle en était bien incapable. En vérité, elle mourrait d'envie de connaitre la raison qui l'avait poussé à venir jusqu'ici.
« Lewis, continuez le briefing avec le sergent Everson.
- Bien, Amirale.
»
Et alors qu'elle referma la porte derrière elle, elle sentit le regard glacial de Hux sur ses épaules.

« Sergent ? » siffla-t-il.
« Ne le mérite-t-elle pas ? Je vous rappelle qu'elle vous a sauvé la vie. »
Il renifla nerveusement.
« En dehors du fait que vous critiquiez ma façon de gouverner sur ce vaisseau, pourquoi êtes-vous là ? »
Comme simple réponse, Hux fit volteface et marcha dans le couloir, lui sommant de le suivre. Cet imbécile n'avait visiblement aucune envie de parler de ce qui s'était passé hier et, comme la dernière fois, il semblait s'être totalement refermé sur lui-même et était redevenu le général impitoyable et insupportable.
Armitage avait une fois encore disparu...
« J'aimerais qu'on interroge les prisonniers avant leur arrivée sur le Supremacy.
- J'ai garanti à Ren de ne pas le faire, vous le savez.
- Ren ne tient pas ses engagements, pourquoi en ferions-nous autant ?
- Si le cochon se roule dans la boue, rien ne me pousse à l'accompagner...
»
Hux s'arrêta et planta ses yeux dans les siens.
« Je pense que nous avons tout intérêt à le faire, vous savez aussi bien que moi que quelque chose de grave plane au-dessus de nous, tout le monde peut être impliqué, même Ren...
- Même vous.
»
Ses derniers mots, elle venait de lui lancer à la figure et cela eut presque l'effet d'une gifle.
« Dois-je vous rappeler ce qui s'est passé là-bas ?
- Les meilleurs menteurs ont les meilleures mises en scène.
- Menteur, maintenant ?
»
Spencer se tût, sa colère parlait, sa frustration aussi... Frustrée d'un quelque chose qu'elle ne parvenait pas à saisir.
« Je ne les interrogerai pas, nous y gagnerons. Si Ren découvre que nous l'avons fait, et c'est probable, nous aurons tout perdu. »
Hux croisa les bras, frustré lui aussi, il devait reconnaître qu'elle avait probablement raison.
« Dans ce cas, préparez un interrogatoire, car quoi qu'il arrive, une fois sur le Supremacy, je ferai en sorte qu'on puisse les interroger nous aussi. »

Le Supremacy était le vaisseau, celui dont tous parlaient et dont peu avaient la chance de fouler le poste d'atterrissage, pourtant lorsque le Donnagher avait été annoncé, il avait reçu autorisation de transfert. Spencer était nerveuse à l'idée de revoir le seigneur Ren, d'autant que la situation n'était pas à son avantage et qu'elle savait qu'elle allait devoir faire des concessions pour recevoir sa protection. La procédure de transfert pour les prisonniers avait été rapide et c'est aux côtés d'Hux et de Lewis qu'elle rencontra Ren sur le pont.
« Les avez-vous interrogés ? » lança-t-il de sa voix métallique, Spencer répondit à la négative, soulignant sa promesse, ce qui semblait satisfaire le Seigneur sombre.
« Ne leur laissons pas de répit, je veux qu'on commence les interrogatoires dès maintenant !
- On ?
» répéta-t-elle.
« Vous avez livré au Premier Ordre les représentants d'une potentielle menace, amirale, je ne vois pas pourquoi vous ne pourriez pas en profiter. »

Elle lança un coup d'œil à Hux, elle avait pris le risque de jouer franc jeu et cela semblait avoir fait mouche auprès de Ren. Le sourire satisfait qu'elle arborait à ce moment-là faisait clairement comprendre au général qu'il avait fait fausse route.
 Parcourant le couloir sombre sans un autre mot, Spencer avait pris le temps d'observer les environs. Les gardes étaient postés devant chacune des cellules. Dans celles-ci se trouvaient les prisonniers, isolés des autres, incapables de parler. Elle sentait pourtant les regards de chacun d'eux sur elle et cela l'oppressait.
« Par qui commençons-nous amirale ? »
La voix de Ren avait balayé ce sentiment.
Il régnait dans ce couloir parfaitement propre, une ambiance terriblement malsaine. Combien d'hommes et de femmes avaient déjà perdu la vie ici ? Ou pire encore ?...Elle sentait au fond d'elle que le mal vivait dans ce vaisseau, un mal dont elle ignorait la véritable source.
Elle désigna un prisonnier d'un coup de menton, l'un des deux hommes qu'ils avaient récupérés dans le sauvetage de Hux et d'Everson. Ren fit signe aux gardes de l'extraire de la cellule et lorsque son regard croisa l'homme, elle était capable de sentir la colère qui l'animait. Le prisonnier dévisagea chacun d'entre eux alors que les gardes attendaient les instructions.
« Tu es prêt à parler ? » souffla Ren en sa direction, l'homme tourna la tête et cracha au sol au pied de Lewis, qui eut à peine le temps de reculer.
« Emmenez-le » poursuivit l'apprenti de Snoke « la salle d'interrogatoire ».
Les gardes s'exécutèrent et alors que Spencer leur emboita le pas, elle fut surprise de voir ses compagnons se faire barrer la route.
« Cela ne concerne que l'amirale Tarkin et moi... » souffla Ren d'un ton lugubre.
Et alors qu'elle fut entrainée seule avec l'apprenti, Enael put percevoir le message que Lewis lui transmettait à travers ses yeux bleus.
Elle ne devait pas perdre le contrôle.

Spencer avait suivi des formations en interrogatoire, elle avait évidemment participé à certains d'entre eux, mais ce qu'elle allait voir, à ce moment précis, dépassait tout ce qu'elle avait put vivre. Ren lui avait donné la consigne de ne pas intervenir, du moins, pas dans l'immédiat. Comme il l'avait toujours dit, il voulait mener ces interrogatoires lui-même. La lumière aveuglante rétractant ses pupilles, elle se posa alors dans un coin de la pièce, jetant un œil à l'homme assis en face d'elle, tel un mur, leurs présences ne semblaient pas l'ébranler.
Du moins pour le moment.
Ren se pencha face à lui, cherchant toujours à le dominer par la taille, c'était un principe dans les méthodes d'interrogatoire du premier ordre...Toujours montrer sa domination à l'autre.
« As-tu quelque chose à nous dire ? »
L'homme regarda le seigneur noir du coin de l'œil, tel un animal sauvage qui dissimulait sa crainte, il demeurait impassible.
« Que faisiez-vous avec vos amis avant de capturer nos hommes ?
- ça t'ennuies, hein, qu'on ait pu chopper des gars de votre Ordre de merde n'est-ce pas ?
»
Soudain, l'homme eut un hoquet, il semblait suffoquer et porta ses mains à son cou. Son visage se déformait dans une douleur intense alors que son teint virait d'abord au rouge et puis au violet. Un gémissement, puis un deuxième avant le soulagement.
« La prochaine fois, ça sera pire... » souffla-t-il. « Tu restes sur ta première décision?
- Crève !
» siffla-t-il entre deux respirations. Et à ce moment son corps se tendit à nouveau, Spencer eut un frisson, la sensation de ne pas faire ce qui était juste lui saisit la gorge et la souffrance de cet homme lui parut insurmontable. Son visage, déformé par la douleur, semblait perdre peu à peu toute consistance et la vie semblait s'échapper de son être.
« Cessez Ren ! Mort il ne dira rien ! »
Il relâcha son emprise et l'homme s'abattit comme une poupée de chiffon sur la table, de la bave s'écoulait de la commissure de ses lèvres. Spencer eut la nausée, était-ce là la Force ? Ce qui représentait les Jedis et les Sith ?
Terrifiant... pensa-t-elle. Elle venait à se demander si elle aussi sombrerait dans l'abus de pouvoir si elle possédait cette Force.
« Il est à vous, Tarkin. Faites-le parler, ou il mourra. »
Un frisson d'horreur parcourut sa colonne vertébrale, en plus d'avoir assisté à une scène de torture, Ren lui octroyait désormais la responsabilité de la vie ou de la mort de cet homme. Si elle échouait, ce n'est pas elle qui payerait son erreur, mais lui.
Elle s'installa en face du prisonnier, petit à petit, la marionnette de chiffon semblait reprendre vie, son âme regagnant petit à petit ses yeux vitreux.
« On sait tout, alors pourquoi tu ne dis rien ? »
L'homme semblait bien incapable de lui répondre.
« De l'eau » siffla-t-elle à un garde. « Deux verres. »
Le garde s'exécuta et lorsqu'elle les eut en sa possession, elle jeta le premier à la figure de l'homme en face d'elle. Celui-ci sursauta et se redressa sur sa chaise.
« Réveillé ?
- Connasse !
» siffla-t-il.
« Bois celui-là et on pourra parler. »
L'homme lui lança un regard mauvais ne refusa cependant pas son offre, doucement, il prit une gorgée et sa respiration s'aligna doucement sur un rythme normal.
« Je vais reprendre depuis le début. Si t'es là, vivant devant moi, c'est parce qu'on sait des choses sur toi et tes copains.
- Quelles genres de choses ?
» lança-t-il de sa voix rauque.
« On a retrouvé dans ton trou à rat, plusieurs prototypes du même type que ceux qui ont attaqué une de nos bases de gestion. Tu peux en dire quoi ?
- Je ne suis qu'une paire de main, pas un cerveau.
- Alors qui est le cerveau ?
»
A nouveau, il demeura muet comme une tombe. Spencer avait suivi les conseils du général Hux et avait œuvré sur un interrogatoire en béton. Elle avait réfléchi pendant tout le trajet les menant au Supremacy à la façon dont elle s'y prendrait et par qui elle commencerait. Tout se déroulait presque comme prévu et elle poursuivit sa procédure, déposant sur la table des photos des détenus de Bonadan. Sachant que les prisonniers des deux planètes ne s'étaient normalement jamais vus.
« Tu les connais ? »
L'homme était pâle, mais soudain son teint devint translucide.
« Non...
- Deuxième fois...Tu les connais ?
»
La lèvre de l'homme tremblait.
« Sont-ils morts ? » souffla-t-il.
« Non...Non, j'ai demandé à ce qu'il reste en vie. »
Quelque chose dans le regard de cet homme cruel avait soudainement changé, à ce moment, Spencer sut qu'elle avait établi le contact, elle ne devait désormais plus le perdre.
« Ce sont tes enfants, n'est-ce pas ? »
Des larmes ruisselaient à nouveau.
« Pourquoi un mec comme toi, quitte sa planète d'origine en y laissant sa famille ? J'ai du mal à comprendre.
- Tu ne connais pas Bonadan visiblement.
- Bien sûr que si.
»

Ses mots étaient sortis de manière spontanée, bien sûr qu'elle comprenait ce type. Il était parti pour sauver sa famille prisonnière de cette planète infernale. Il essayait par tous les moyens de les faire fuir, mais pour cela il fallait de l'argent. Beaucoup d'argent.
« Tes enfants ont essayé de voler un vaisseau impérial, au départ je les pensais leurs intentions mauvaises, mais maintenant que je commence à y voir plus clair, je me dis que leur but était bien différent. »
Le silence.
« Maintenant dis-moi ce que je veux savoir, dis-moi pourquoi tu étais avec tes mercenaires à fabriquer des vaisseaux pirates et surtout pour qui ? »
Il était au bord du gouffre, il allait parler.
« Laisse-les vivre.
- Pourquoi devraient-ils mourir si tu collabores ?
»
A nouveau, le silence...
« Je ne sais pas ce qui se passe, on est en contact avec un groupe de mercenaire qui exige ses pièces pour une autre organisation, bien plus grande. »
Jamais auparavant Spencer ne fut aussi attentive. La résistance ? Les cendres de la Rebellion renaissaient donc tel un phoenix...?
« Penses-tu qu'ils s'agisse de la Résistance ? »
Il haussa les épaules, faisant comprendre son ignorance.

« Je ne sais pas, je sais que quelque chose se prépare....Mais mon ami, dans l'autre cellule connaît bien ces gens-là. Ils bossent pour eux. Lui saura t'emmener là où ils sont. Tu découvriras tout par toi-même.
- Découvrir quoi ?
»
Il hocha la tête.
« Tu es à l'aube d'une guerre que ni toi, ni tes petits copains dictateurs, ne pourront faire cesser, seul votre mort y mettra fin. »

« As-tu terminé ? »
La voix de Ren s'était élevée au-dessus de ses épaules, l'amirale se retourna et hocha la tête tout en se levant pour être face à lui.
« Il a dit ce qu'il savait seigneur Ren, j'en suis persuadée. Mais c'est son acolyte qui nous dira le reste.
-Et les prisonniers de Bonadan ?
- Aucun intérêt, c'était une fausse piste depuis le début, on peut les relâcher.
- Parfait.
»
Il leva sa main en direction de l'homme, et d'un geste, la Force lui brisa la nuque et il tomba sur le sol, inerte, sous les yeux terrifiés de Spencer. A cet instant, l'amirale crut que son cœur venait de s'arrêter en regardant le cadavre qui gisait au sol.
« Exécutez les prisonniers de Bonadan... » lança-t-il froidement aux gardes.
« Mais...Pourquoi ? » souffla Spencer, à bout de souffle, choquée. « Je...je lui avais promis qu'il vivrait et qu'eux aussi ! Ils n'ont rien à voir avec ça ! »
Ren se tourna vers elle, et même à travers le masque, l'amirale sentit la haine transparaître.
« Cela vous apprendra à faire des promesses que vous ne pouvez pas tenir, amirale... »
Et tandis qu'il se dirigeait déjà vers la cellule du dernier détenu vivant, Spencer comprit à ce moment-là, que l'homme qu'elle avait en face d'elle, n'avait plus rien d'un être humain.

L'interrogatoire avait été rapide.
Lorsque le prisonnier avait vu le cadavre de son ami se faire trainer à ses pieds, il avait hurlé de terreur et s'était recroquevillé dans un coin. Spencer avait assisté à cela, impuissante et groggy par ce qu'elle avait vécu ces dernières minutes.
« Pour qui travailles-tu ? »
La voix langoureuse de Ren s'était élevée alors que sa victime étouffait dans ses sanglots.
« Je suis dans un réseau pirate, on travaille pour ceux qui nous payent bien.
- Qui te paye bien en ce moment ?
»
Pour ne pas penser à l'horreur, l'amirale réfléchissait. Le premier prisonnier avait clairement sous-entendu que quelque chose d'énorme se préparait et menaçait le premier Ordre. Il avait titillé sa curiosité suffisamment pour qu'elle ait envie d'aller voir par elle-même ce qui se tramait.
« Un intermédiaire d'un autre intermédiaire. Si vous me laisser en vie, je veux bien vous aider vous savez...
- Et tu nous aiderais comment ?
»
La voix de Spencer n'avait pas laissévau seigneur Ren le temps de poursuivre son interrogatoire.
« Je peux vous emmener là-bas, vous introduire dans le réseau de production.
- Et ?
- Peut être que vous trouverez qui en veut à votre système et à vos bases... Mais pitié, laissez-moi vivre.
»
Appuyée contre le mur, l'amirale vint alors se mettre accroupi devant l'homme, le regardant d'un regard ferme, mais bienveillant.
« Donc, si je résume, on te laisse la vie sauve, et toi, tu nous mènes là où sont les gens pour qui tu travailles ? »
Il hocha la tête.
Elle lança un regard à l'attention de Ren et cligna des yeux pour lui demander sa clémence. Celui-là devait rester en vie, car même s'il menait à une fausse piste, c'était la seule qu'ils avaient.
« C'est moi que tu mèneras là-bas, si tu m'as arnaquée, si tu as bluffé pour m'attirer dans un traquenard, je te garantis que tu payeras plus cher encore que ton ami. D'accord ? »
Il secoua la tête positivement, désormais, l'homme savait que pour le moment, ils avaient bien trop besoin de lui pour le tuer.
 

« Vous plaisantez ? »
La voix de Hux était aussi acide que le souffre. Alors qu'elle avait exposé le compte rendu des interrogatoires à Lewis et à lui, la conclusion ne lui plaisait pas du tout.
« Ai-je l'air de plaisanter général ?
- Vous allez vous jeter dans la gueule du loup sans même y avoir réfléchi ?
»
Elle avait quitté la pièce en donnant ses dernières instructions à son capitaine, celui-ci n'avait pas eu l'occasion de la contredire, mais à ses yeux, elle savait qu'il s'opposait lui aussi à ce plan.
« C'est tout réfléchi. Nous n'avons que cette piste. Et ...je ne sais pas vous l'expliquer, je sais que quelque chose se trame.
- Votre instinct ne vous a jamais mené à rien de bon !
» siffla-t-il tout en continuant à la suivre dans le couloir. Il ne comprenait pas pourquoi, soudain, le monde semblait s'effondrer sous ses pieds.
En réalité, Hux perdait pied. Était-elle vraiment sérieuse lorsqu'elle avait dit qu'elle s'infiltrerait là-bas ? C'était de la folie. Alors qu'elle avançait d'un pas déterminé vers le pont d'atterissage, il la rattrapait.
« Et si c'était un piège ? » lui lança-t-il. Vous y avez pensé à ça ?
« Qu'importe, le jeu en vaut la chandelle non ? Général...Je suis certaine qu'il y a quelque chose là-bas de bien plus grave qu'un simple trafic de petits pirates. Je suis sure qu'il y a quelque chose là-bas que je dois voir... »
Il était noyé. Pourquoi l'idée qu'elle parte là-bas le rendait dingue à ce point ? Se mélangeait en lui un étrange sentiment de colère et d'inquiétude. Il savait qu'il était en partie la cause de tout ça, mais il n'avait pas imaginé quelles proportions ça allait prendre. Sans vraiment réfléchir, alors qu'elle voulut continuer son chemin, il l'attrapa par le bras et l'attira vers lui.

« Mais qui voulez-vous impressionner en faisant cela ? » lui lança-t-il « Vous n'en avez pas encore eu assez de vous faire remarquer ? Vous et votre égo insatiable ?»
Il était en colère. Pas contre elle, mais contre la situation. Il réalisait qu'elle allait partir et peut être ne jamais revenir.
Et cela le rendait dingue.
Enael était piquée au vif. Ses joues rougirent de colère. Ce type ne comprenait donc rien ? C'était en partie à cause de lui qu'elle était mêlée à ça. Elle était venue le récupérer alors qu'il avait mis en jeu sa vie et celle de ces soldats. N'était-ce pas évident ? N'avait-il donc pas compris ?

N'avait-il pas compris que la seule personne qu'elle voulait impressionner.
C'était lui.
S'en était trop.

« Et c'est vous qui me parlez d'égo ? » lança-t-elle sur un ton colérique. « Vous le petit général qui n'avez jamais pu éteindre le vôtre qu'en vous réduisant à tuer votre propre père ? »
Elle porta sa main à sa bouche. Ses mots avaient été plus vite que sa pensée. Elle eu un hoquet d'effroi.
« Je... » plus rien ne sortait de sa bouche. Elle avait dit ce qu'elle n'aurait dû jamais dire.
Son cœur se brisa lorsqu'elle vit les yeux de Hux s'éteindre et la poigne qu'elle sentait désormais sur le rebord de sa manche s'atténuer petit à petit. Un silence de plomb régnait dans le couloir désert.
« Rompez, amirale »
« Non...Je... »
« J'AI DIT ROMPEZ
» Il fit volteface et partit d'un pas décidé dans la direction opposée.
Enael était seule avec sa bêtise. Elle avait foutu en l'air en l'espace d'un instant tout ce qu'elle avait construit. Tout ce qu'ILS avaient construit. Et probablement ne lui parlerait-il plus jamais.
Probablement ne lui ferait-il plus jamais confiance.
Finalement, Hux avait toujours eu raison dans tout ce qu'il lui avait dit. Son égo avait fini par la perdre.
« Merde !!! » Cria-t-elle en jetant violemment à terre le dossier qu'elle avait entre les mains, les feuilles s'envolèrent et s'éparpillèrent sur le sol alors que l'amirale se hâta vers le Donnagher, ne pouvant retenir les larmes coulant sur ses joues.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
MissRedInHell
Posté le 06/01/2021
Ouuuuuh cette fin omg ! :o
Ca s'est bien envenimé et ça a explosé ! Fallait bien que ça finisse par arriver un craquage comme ça, et j'aime vraiment voir ce genre de développement. Voir des personnages poussés à bout, les voir se questionner sur leurs limites également...
Parce que c'était tout aussi tendu avec Enael et Kylo. Cet entretien qui a fini par exploser lui aussi à sa manière.

Et en plus, je vois qu'on approche des derniers chapitres, du coup, ça me hype d'autant plus ce genre de situations :')
Vous lisez