Chap 20 : Chacun ses valeurs

Par Achayre
Notes de l’auteur : Premier jet non corrigé. Ecriture de la semaine 18
07/09/23 : Mise en ligne de la version corrigée

Lev n’était plus là pour combler les moments lourds par une remarque idiote. Ses deux jambes brisées, son bassin disloqué et les nombreuses contusions qui couvraient son corps laissaient peu de place à l’espoir de le voir marcher de nouveau un jour. Plus grave encore, la plaie circulaire, qu’une griffe avait infligée à son abdomen, s’ouvrait sur l’angoisse de lésions irréversibles. Sans soins, il était condamné. Avec aussi…

Cyriaque garda le silence sur ce qui attendait son apprenti pour ne pas accabler Moïra. Peu érudite en matière de premiers secours, elle avait malgré tout pris les choses en mains. Les bandages étaient approximatifs, mais la jeune femme avait endigué le plus gros de l’hémorragie. À quoi bon lui dire que cela ne faisait que retarder l’inévitable ? Comment lui faire comprendre que des soins traditionnels ne suffiraient pas à le sauver ? Il lui fallait de la magie régénératrice et ils n’en possédaient pas.

Dans le dos du mage, Ételrune vibrait. Piégée dans le métal de la lame, l’essence magique de la guérisseuse des Arcanes Royaux manifestait sa frustration. Cyriaque se mura derrière une expression neutre qu’il travaillait depuis des décennies. Amis, ennemis, alliés ou proches, il avait déjà perdu trop de personnes. Se montrer froid était sa seule défense.

Derrière le mur d’acier, dressé au fond de ses yeux, se jouait une autre histoire. Que ça lui plaise ou non, ce gamin était sous sa responsabilité. Certes, Miraaka lui avait forcé la main, mais il aurait pu le contraindre à rester au Bois Sifflant. Chaque mission pouvait être la dernière. Il était le premier à le dire.

Le mage avala la salive amère qui s’accumulait dans sa bouche. Il cherchait à repousser la faute sur le destin ou l’infortune. Rien n’y fit. Il avait échoué à veiller sur quelqu’un. Si ses yeux desséchés en avaient été capables, il aurait versé des larmes pour son apprenti. Depuis la disparition d’Ételle, Cyriaque s’était tari.

— Il faut le ramener au village, énonça-t-il.

Moïra fixa son maître, désemparée.

— Ksenia, vous allez m’aider à confectionner un brancard pendant que Moïra le préparera pour le voyage, poursuivit-il.

— Vous êtes sûr de…

— Mes ordres n’ont pas vocation à être débattus, la coupa-t-il, avant que la traqueuse ne mette des mots trop concrets sur l’état de Lev.

Le sourire de Ksenia révéla quelques dents supplémentaires, signe de sa contrariété. Devoir faire un aller-retour au village ne l’enchantait guère. Surtout pour un mort en sursis. Pour la décider, le mage lui céda l’intégralité de la dépouille de la vhermine. C’était l’occasion d’engager des bras pour la rapatrier chez un embaumeur.

Une demi-heure plus tard, le brancard était prêt et n’attendait plus que le corps de Lev. Il était inconscient depuis qu’il avait percuté l’arbre. L’âme de l’adolescent semblait avoir déjà quitté la coquille brisée qui prit la direction du Loir-Gris.

Poussé par l’urgence, le groupe dévora les kilomètres à un rythme bien plus soutenu que lors de la traque. Il n’y avait qu’une piste à suivre, la tranchée artificielle qu’ils avaient taillée dans la végétation.

Ksenia courait devant, pressée de revenir. Cyriaque ne se laissait pas distancer facilement, ralenti uniquement par les limites de son apprentie. Contrairement aux deux autres, Moïra n’était pas à l’aise sur les terrains accidentés. Par ailleurs, il fallait gérer le brancard.

Allongé sur un entrelacs de branches, Lev ne pesait pas lourd pour les auras combinées de son maître et de sa rivale. Cyriaque avait glissé Ételrune dans la structure, au niveau des épaules du garçon. Moïra s’occupait de maintenir les jambes à niveau grâce à deux runes gravées de part et d’autre du support.

La promesse faite à son amante l’aiguillonnait à chaque fois qu’elle voulait demander une pause. Luzerne n’aurait pas ménagé ses efforts pour cet idiot de gamin croisé sur le bateau de son oncle. Un attachement que la blonde ne s’expliquait pas, comme bon nombre de décisions de la forgeronne. Elle avait décrété qu’ils étaient amis, et cela suffisait à tout justifier.

Luzerne avait beau être taillée dans le métal, elle serait inconsolable pendant des semaines lorsque l’information finirait par lui parvenir. Du temps que Moïra ne pourrait pas lui consacrer, du fait de son engagement auprès de Cyriaque. Une absence qui deviendrait un reproche, puis qui finirait par rompre leur lien fraîchement renoué. Il fallait absolument que Lev survive, ne serait-ce que pour sauver son couple.

Arrivés au Loir-Gris, le groupe se dirigea naturellement vers la Rap’. La tante du garçon, qui possédait l’établissement, leur offrirait le gite et remuerait ciel et terre pour sauver son neveu. Du moins l’avaient-ils imaginé. Au lieu de ça, ils se butèrent à une porte close et à des mots si durs qu’ils auraient pu s’ajouter aux blessures du garçon.

— Le petit est mort il y a déjà plusieurs printemps. Si son corps a été rapporté, vous n’avez qu’à le déposer chez le fossoyeur. J’ai payé pour sa tombe.

C’en était trop pour Moïra qui laissa ses larmes s’échapper. Comment pouvait-on parler ainsi d’un membre de sa famille ? Le destin de Lev, ou du moins ce qu’elle en connaissait, était si sombre. L’apprentie le trouvait agaçant, mais elle ne pouvait nier qu’il était également attachant, sous ses airs de benêt. Contre son gré, elle s’était rapprochée de celui qu’elle traitait d’idiot du village.

Ses parents lui laissaient vivre son caprice. Sans doute parce qu’ils savaient qu’elle regagnerait le nid une fois cette lubie éteinte. Il y avait une place pour Moïra dans les affaires de sa famille, qu’importe ses errances. Lev n’avait pas cette chance. Au final, il n’avait pris qu’une seule décision importante dans son existence et elle lui avait coûté le peu que la vie n’avait pas déjà ravagé.

Pieuse, plus par éducation que par conviction profonde, Moïra se surprit à prier les Saintes avec une ferveur sincère.

— Sainte Thebasile, entendez moi appeler par votre nom le salut de celui qui souffre. Puisez chez ceux qui l’aiment la force nécessaire à son rétablissement. Que chacun d’entre nous porte une part de son mal jusqu’à ce qu’il nous en libère par son sourire.

Une si soudaine dévotion piqua la curiosité de Cyriaque. Il n’avait pas posé de question sur leur soirée partagée à Grand Val, mais elle semblait avoir fait évoluer leur relation. S’ils restaient rivaux, la guerre que ces deux-là se menaient avait changé de ton. Il aurait aimé pouvoir la consoler ou au moins la rassurer. C’était déjà un miracle que Lev n’ait pas rendu l’âme au cours de leur course à travers bois.

À défaut de soutien familial, le Renard s’était rabattu sur l’unique chose qui liaient les habitants de ce village entre eux : l’argent. Pour une poignée de pièces, il avait obtenu une chambre chez l'habitant et, pour le double, un prétendu médecin disposé à prodiguer des soins au jeune Lev. Il fallut renvoyer le fossoyeur, mécontent de se voir refuser l’accès au mourant. La petite monnaie, que Cyriaque lui jeta au visage, suffit à le faire taire. Une tombe sinistre attendait le garçon.

Pour l’instant, il gisait dans son lit, pâle comme une mauvaise nouvelle et aussi froid que le mois d’avril qui l’avait vu quitter le Loir-Gris. Ksenia leur faussa compagnie, le temps de s’assurer les services de quatre lascars habiles du couteau pour se charger de la dépouille de la vhermine. L’archère avait promis de revenir participer aux restes des investigations, mais se lamenter sur la fin d’un gamin qu’elle connaissait depuis la veille était une perte de temps.

— Nous allons devoir continuer sans lui.

Malgré la retenue du mage, ses mots déclenchèrent une vive réaction de la part de Moïra.

— Vous l’abandonnez, alors qu’il est au plus mal ? l’accusa-t-elle.

— Plus nous passons de temps ici, sans agir, plus il y a de chances que notre véritable cible nous échappe, lui fit remarquer Cyriaque.

— Je sais que vous n’avez pas de cœur, mais vous pourriez au moins avoir la décence d’attendre que le sien se soit arrêté avant de lui tourner le dos, s’indigna l’apprentie.

— Qu’est-ce que cela changerait ?

— Rien ! Tout ! rugit-elle, à des lieues de son rôle de petite fille modèle. Vous ne seriez pas un monstre. Le fantôme que vous chassez peut attendre.

— Tolen n’est pas un fantôme, protesta le mage. Il représente une véritable menace pour le royaume.

— Le Royaume d’Arpentras en a vu d’autres depuis que ce traître a disparu, nota Moïra. Lui, en revanche, personne ne l’a croisé en plus de quinze ans.

— Il existe ! s’emporta Cyriaque, peu enclin à laisser la jeune femme remettre en cause ses convictions. Et quelqu’un doit l’arrêter.

Emporté par l’émotion, il brandit son avant-bras droit sous le nez de la blonde. Ne manquait que la main et l’index tendu, à un centimètre de son visage.

— Ce que l’on dit de vous est vrai. Le Runard n’est plus qu’une ombre aigrie, incapable de se soucier d’autre chose que ses lubies.

— Ne te montre pas insolente, gamine, ou je t’expédie chez ta mère, la menaça Cyriaque.

— Ne trainez pas. Je risquerai de vous prendre de vitesse.

Les pics fusaient sans discontinuer au-dessus du corps de Lev. Du fond de son coma, il ne percevait aucun mot, aucune passion. Quoi qu’il advienne à partir de là, il n’avait plus droit au chapitre.

— Avec Lev, nous pensons que Tolen est le meurtrier de sa mère, lâcha le mage pour renverser la conversation.

Moïra marqua une hésitation.

— S’il pouvait parler, il refuserait que nous abandonnions la traque, argumenta-t-il. Je ne prends aucun plaisir à l’abandonner aux soins d’un médecin douteux et à la convoitise d’un trafiquant de corps, mais si nous ne retrouvons pas Tolen, nous gâchons une chance rare de pouvoir venger sa mère.

L’apprentie mage enfouit son visage dans ses mains graciles et se mit à pleurer.

— J’ai fait une promesse, sanglota-t-elle.

— J’en ai fait des tas, puis j’ai appris que, parfois, il était impossible de les tenir.

Le Renard fit tinter les languettes noires et dorées de son collier. Contrairement à Lev, Moïra connaissait bien cette tradition et son maître s’était davantage ouvert à elle. Presque tous les autres aventuriers qui étaient redevables envers Cyriaque avaient péri. Pour nombre d’entre eux, inconnus oubliés, ces talismans, qu’il emmenait partout, étaient la dernière trace de leur passage dans ce monde.

— Mais, moi, j’ai un cœur, lui opposa-t-elle avec amertume.

— Tolen a drainé jusqu’à la dernière lueur dans le mien, pourtant il est bien là.

Cyriaque plaça son poing manquant contre sa poitrine.

— Sous les décombres d’une vie.

Moïra soupira, hermétique à plus d’effusions. Le vieux mage était son maître, rien de plus. Il s’évertuait à ne pas tisser de liens trop intimes avec ses apprentis, donc espérer qu’elle ressente de la compassion à son égard était vain. La jeune femme serra les poings jusqu’à parvenir à refouler tout cela dans un coin de son esprit. Ce serait sa dernière mission avec lui. Elle en savait assez pour mettre son projet en œuvre. Une telle vie d’aventures exigeait des ressources dont elle ne disposait pas.

— Je viens avec vous, déclara-t-elle. Par respect pour le combat que voulait mener Lev, pas pour vous. Après cela, je retournerai auprès de ma famille.

— Très bien ! accepta Cyriaque, sans laisser paraître son ressenti. Tu as toujours été libre. Chacun a une histoire différente à vivre, et, si tu estimes que tu dois te décoller de la mienne, je ne te retiendrais pas.

— De nos jours, une femme de vingt ans aspire à autre chose que tutoyer la mort lors de chaque sortie.

— Ne te justifie jamais, intervint-il pour la dissuader de s’étendre sur ses doutes. J’ai choisi cette vie car j’espérais que mes exploits m'attireraient l’affection des gens. Lucide le faisait pour fuir les temples dans lesquels elle aurait dû servir les Saintes. Miraaka était persuadée qu’elle pourrait devenir la plus grande légende jamais contée. Lev a suivi les pas de sa mère avant de choisir la voie de la vengeance. Regarde où cela nous a mené. C’est peut-être toi qui t’en sortiras le mieux, à la fin. Aucune histoire n’est meilleure qu’une autre, elles sont juste différentes.

Le raisonnement de Cyriaque assomma quelque peu son apprentie. Il y avait autant de désespoir que de sagesse dans les mots du vieil homme. Moïra n’était pas dupe. Même ce vieux râleur ne pouvait être totalement dénué de sentiments. Avec le recul nécessaire, ses paroles étaient sages, peut-être trop pour être comprises par quelqu’un qui n’aurait pas assez vécu du côté triste de la vie.

Cyriaque s’était composé une légende personnelle. Une manière bien à lui de percevoir les choses, de sorte à les rendre plus supportables. Que cette partie ne soit jamais contée n’était pas un problème. Celle-ci n’existait que pour justifier toutes ces épreuves insoutenables qu’il encaissait depuis son enfance. Ne pas sombrer. Jamais. Voilà son unique objectif. Il mourrait avec ses secrets. Seul à comprendre pourquoi ils étaient si importants.

— Vous arrivez à être haïssable et remarquable à la fois, lui reprocha Moïra.

Le mage se fendit d’un de ses rares sourires.

— Comme un renard, ajouta-t-il. Animal porteur de mystères pour certains, nuisible dont il faut se débarrasser aux yeux des autres. C’est le prix à payer pour être ce que je suis. Comprenne qui pourra.

— J’en viens à me demander comment j’ai pu supporter ce genre de formules fumeuses pendant tant d’années, désespéra-t-elle.

Le retour de Ksenia les libéra de cet échange entre adieux anticipés et déballage de reproches refoulés. Elle aussi souriait, comme toujours. Ses tractations s’étaient bien passées et une troupe d’ouvriers étaient en route vers le charnier d’où ils rapporteraient la fourrure et la tête de la vhermine. Une fois lavées et traitées, ces deux prises lui vaudraient renommée et fortune dans la région. Du moins s’en était-elle convaincue.

— On y retourne ? demanda l’archère, enthousiasmée par le résultat de la première traque.

Pas une seconde elle ne se soucia de l’état de Lev. C’était le problème du vieux et de la gamine. Ksenia ne pensait qu’à sa prochaine prime.

— Nous en discutions, lui répondit sèchement Moïra.

— Hum… C’est jamais facile de leur dire adieu, admit la traqueuse, mais, jolie comme t’es, t’en trouveras vite un autre pour te consoler.

— Tout le monde n’a pas votre aisance à laisser la mort hors de ses pensées, la rembarra Cyriaque. L’autre cible qui se cache dans ces bois est beaucoup plus dangereuse qu’un animal géant. Je serais déçu de devoir me passer de votre aide parce que vous manquez de retenue.

Ksenia le regarda, stupéfaite. Il n’avait fait aucun effort pour masquer sa menace. Or, la brunette était certaine de lui avoir tapé dans l'œil. Du moins assez pour s’attirer sa sympathie. Ksenia le pensait détaché de ses apprentis et focalisé autant qu’elle sur la cible. Le mage venait de se trahir en prenant la défense de Moïra.

— J’ai un ordre de mission à mon nom, expliqua-t-elle. Si je vous ai attendu, jusque-là, c’est uniquement pour m’attirer les faveurs de la guilde. Je suis en veine, alors je peux très bien reprendre cette traque sans renforts.

— Avoir de la chance ne suffira pas face à celui que vous allez déranger dans cette forêt, l’avertit le mage.

Tous deux échangèrent des regards qui n’avaient rien de tendres. Le sourire permanent de l’archère se fit mauvais. Fini les yeux doux et le charme. Aucune règle ne régissait les ententes entre mercenaires, mages ou non. Chacun se mêlait au jeu pour son propre intérêt et selon sa morale.

— Combien ? siffla-t-elle, entre ses dents nacrées.

— Combien quoi ? lui renvoya Cyriaque.

— Vous n’êtes plus que deux, précisa la traqueuse. Combien allez-vous prendre sur la prime ?

L’ancien Arcane Royal ne put retenir un ricanement nerveux face à la tentative de négociation de la demoiselle.

— Rien. Pour la bonne raison qu’il n’y a aucune prime sur la tête de celui que nous partons traquer, expliqua-t-il en secouant la tête. C’est une quête personnelle.

— Hein ?! couina-t-elle. Mais Tally a parlé d’un gros coup. Vous vous foutez de moi ?

— L’affaire de ma vie, pas de la vôtre, se désola faussement Cyriaque.

— Alors ce sera sans moi ! se fâcha l’archère. Quelle arnaque !

Ksenia s’était déjà retournée vers la porte, un pied dehors, lorsque le mage lui proposa une offre qu’elle n’aurait pas la force de refuser. Cyriaque n’était pas le seul à s’être dévoilé plus que prévu. Il avait cerné les bons et les mauvais côtés de leur escorte et il prévoyait d’en jouer.

— Je vous ai déjà cédé nos trois parts pour la neutralisation de la vhermine.

L'appât du gain empêcha la seconde botte de Ksenia de quitter la chambre où Lev était sur le point de s’éteindre.

— Le trophée, la fourrure, ainsi que l’intégralité de la prime qui lui était rattachée, énuméra-t-il. C’est largement suffisant pour m’adjoindre vos services, mais je peux y ajouter mille pièces de ma poche. Qu’en dites-vous ?

Le sourire de la traqueuse avait retrouvé son mordant. Le vieil homme grincheux parlait enfin une langue qu’elle comprenait.

— On fait les papiers avant de partir ! exigea-t-elle.

— Comme il vous siéra, acquiesça Cyriaque.

Moïra se releva brusquement et le tira par la manche pour le ramener à la raison.

— Maître, vous ne pouvez pas faire ça, tenta-t-elle de le dissuader. Cet argent, j’en ai besoin pour partir. Je refuse de lui renoncer à ma part.

Cyriaque se tourna face à elle et l’attrapa par l’épaule droite. Son avant-bras élagué vint reposer de l’autre côté de l’agréable frimousse blonde.

— Moïra, réfléchis un peu à ce que nous allons faire, l’invita-t-il à se remettre en question. Tu voulais de l’honneur, du respect pour les morts, du sens à ces missions qui ne sont plus ton avenir. Nous devons mener celle-ci à bien pour Lev. Le reste n’est que matériel. Si c’est l’argent qui t'inquiète, tu n’en manqueras pas, mais, aujourd’hui, il n’entre pas en considération.

Il y avait encore des larmes dans les yeux de l’apprentie. Si d’ordinaire, elle débordait d’assurance ou de mépris, Moïra se sentait désemparée et misérable. Tout ce dont elle avait envie se résumait au prompt rétablissement de son rival et ami. Une chose qu’elle savait impossible.

— On peut s’en charger à deux, se permit Ksenia. Elle ferait mieux de camper au chevet du blessé. Ce serait trop dangereux de traîner derrière nous quelqu’un qui aura la tête ailleurs. Elle n’a plus sa place dans une traque.

Abattue et perdue dans ses réflexions, Moïra ne réagit pas aux paroles insultantes. Sous elle, ses jambes tremblaient. Elle avait peur. Peur pour sa vie. Peur d’affronter la déception de Luzerne. L’idée de perdre la confiance de l’impétueuse rouquine lui fit l’effet d’un électrochoc.

Moïra déploya son aura blanche et envoya ses chakrams barrer la route à Cyriaque avant qu’il n’ait rejoint Ksenia. Le mage ne sursauta pas. Au fond de lui, il savait qu’elle réagirait et ne se laisserait pas débarquer aussi facilement. Le vieil homme l’interrogea du regard.

— Pour Lev ! dirent-ils, dans un accord parfait.

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TiteTeigne
Posté le 09/05/2022
Passage de Lev en arrière plan dans l'aventure, et j'ai comme l'impression qu'il est aussi l'arrière plan de chaque personnage. "Pour Lev", certes, mais chacun y trouve ses propres intérêts personnels. Sauver sa relation avec Luzerne pour Moïra, se venger pour Cyriaque, l'appât du gain pour Ksenia. Lev se voit même envoyé bouler par sa tante. Personnage central de l'intrigue et qui pourtant se voit facilement mis de côté. Bien qu'ils aient de l'affection pour lui, on le sent dans leurs échanges, d'autres choses passent avant dans leur motivation à agir. Voici ma vision de ce chapitre et je me demande comment cela pourrait se répercuter sur Lev, si un jour il venait à récupérer. Déjà un aura fragilisé, pour qui compte-t'il réellement plus que tout au monde ? L'évolution de son personnage me questionne plus que cette quête pour retrouver Tolen.

Quelques corrections selon moi :
"cela ne fAIsait que retarder l'inévitable"
"Poussé par l'urgence, le groupe"
"Contre son gré, elle s'était attachéE"
"La soirée que ses apprentis avaient partagéE"
"Je ne prendS aucun plaisir"
"Une telle vie d'aventureS"
"Ksenia s'était déjà retournéE vers la porte"
Achayre
Posté le 15/05/2022
En effet, gros coup d'éclat dans ce chapitre et gros changements en perspective. La quête intérieure de chacun est souvent plus importante que le voyage auquel tout le monde assiste. Impossible d'expliquer plus sans spoiler la suite. A très bientôt :)
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