Chap 13 : Enseignements singuliers

Par Achayre
Notes de l’auteur : Premier jet non corrigé - Ecriture du 17 au 19 mars 2022

Modifications notables :
Pour des besoins de cohérence avec la suite, l'âge de Lev a été avancée d'une année. Il passe de 13/14 à 14/15 ans au début de ce chapitre.

Le 07/09/23 : mise en ligne de la version corrigée

Après une semaine d’absence, Moïra regagna la maison du Bois Sifflant. Sourire aux lèvres et le cœur léger, la jeune femme respirait la joie de vivre. Elle avait la tête ailleurs, occupée à archiver avec soin des souvenirs dont l’évocation lui faisait monter le rose aux joues. Ces belles journées, loin de l’humeur maussade de Cyriaque, lui avait fait le plus grand bien. Après tout, percevoir une solde pour chaque mission accomplie offrait l’avantage de pouvoir en dépenser une bonne partie en distractions. Issue d’une famille aisée, la jeune femme se souciait peu de mettre de l’argent de côté. Une fois sa formation terminée, elle se ferait offrir une belle maison par sa mère. La seule question restant en suspens était de savoir où. Sûrement pas à la capitale, juste sous le nez trop curieux de ses parents. Plutôt dans une ville moyenne du sud, là où le climat se montrerait plus agréable. Moïra s’inventait un avenir dédié à ses loisirs. La magie que lui enseignait son maître était propice au spectacle, et elle s’imaginait déjà délaisser la vie d’aventurière au profit de celle d’artiste.

Puisqu'il faisait beau, elle ne portait pas sa capuche, profitant de l’éclat du soleil dans ses boucles blondes. Moïra avait un peu mal aux reins. La conséquence d’une dernière nuit passée dans un champ à contempler les étoiles. Elle remonta le sentier peu entretenu en se massant le bas du dos. Ce ne fut qu’à la vue de la maison que son esprit décida qu’elle avait suffisamment flâné. Encore une trentaine de pas et elle retrouverait Lev. Le prénom sonna dans sa tête comme une cloche annonçant la fin des festivités. Son moral chuta d’un coup, la ramenant à la moyenne ambiante du bois isolé.

Taupin était dans son potager. La créature transportait deux cagettes débordantes de légumes. Ce soir, ils auraient un bon repas. Peut-être une soupe. Le petit serviteur, mi-humain, mi-taupe, était très doué en cuisine. Malgré ses mains griffues, il jouissait d’une grande dextérité, et surtout d’un palais plus raffiné que les aubergistes de la région. Moïra le salua pour la forme, ne faisant pas l’effort de prononcer un mot. Contrairement à Cyriaque qui le considérait comme un membre à part entière de leur pseudo-famille dysfonctionnelle, la jeune femme tenait Taupin à distance. Elle le traitait comme sa mère l’aurait fait d’un domestique. Bien loin de ce genre de considérations, le jardinier ne lui en tenait pas rigueur, se contentant de vaquer à ses occupations.

L’effondrement de l’humeur de Moïra se poursuivit à mesure qu’elle approchait de la maison. À l’intérieur, Lev serait assis dans un fauteuil à contempler le bout de ses doigts sans parvenir à déployer plus d’un centimètre de son aura. Il n’avait rien à faire là. À quoi bon garder un apprenti si peu prometteur ? Au moment d’ouvrir la porte, son attention fut attirée par un bruit sec et répété provenant de l’autre côté de l’habitation. L’occasion était trop belle, car aller assouvir sa curiosité retarderait ses retrouvailles avec Lev.

Quelle ne fut pas sa déception lorsqu’elle découvrit la source de ce bruit. Stupéfaite, elle prit appui contre l’angle du bâtiment et le sac contenant ses affaires glissa au sol. Lev se tenait devant la réserve de bois que Taupin avait rassemblé pour l’hiver. Si ses gestes demeuraient mal assurés, ses intentions étaient limpides. Face à lui, reposaient des bûches gravées d’une rune Raidho, en forme de R anguleux. L’adolescent tendit ses deux mains vers l’une d’elles et déploya son aura jusqu’à se lier à la marque. Mille gesticulations superflues plus tard, il parvenait à déposer la pièce de bois sur le billot. Là, il établissait un nouveau lien avec une lame de hache dépourvue de manche. L’outil tanguait dangereusement alors qu’il s’évertuait à lui faire prendre de la hauteur. Lev transpirait abondamment, une grosse veine palpitant sur sa tempe. Incapable de contrôler la descente, l’adolescent se contenta de rétracter son aura et de laisser la gravité prendre le relai.

Ce n’était pas suffisant pour fendre la bûche convenablement, mais largement assez pour faire voler en éclats l’air supérieur de Moïra. L’apprentie se mordit la langue pour ne pas l’avaler. Livré à ses propres recherches, ce gamin n’aurait jamais dû pouvoir progresser si vite. Quelque chose avait changé en lui. Sa mollesse enfantine avait laissé la place à une forme de colère déterminée que Moïra pouvait ressentir en regardant son aura orangée scintiller. Elle le l’observa débiter d’autres bûches, cherchant dans ses maladresses de quoi minimiser sa soudaine maîtrise.

— Félicitations, tu seras bientôt prêt à retourner faire le bûcheron dans ton trou paumé, persifla la jeune femme.

Lev l’avait vue s’installer pour le spectacle et, jusque-là, il l’avait ignorée. Malgré ses efforts pour maintenir sa concentration, les provocations de Moïra lui firent bouillir le sang. Son aura se contracta et projeta la lame de hache avec force contre le morceau de bois. Celui-ci s’ouvrit en deux jusqu’à la base.

— Bonjour, Moïra, la salua-t-il. Excuse-moi de ne pas être venu t'accueillir. J’espérais que tu ne reviendrais pas.

Sans compter ses vacances, elle ne s’était absentée que le temps d’un voyage pour mener à bien la mission sélectionnée par Cyriaque. À peu près un mois, au cours duquel son rival semblait avoir vieilli d’une année. Physiquement, il n’avait pas changé, mis à part ses cheveux un poil plus longs. Tout se jouait dans ses yeux et son attitude. Lev avait mûri, et la jeune femme n’aimait pas ça. Voilà qu’il osait même lui répondre.

— Le Maître t’a appris à être désagréable ? s’étonna-t-elle. Y a encore du travail, car, là, tu as uniquement l’air pénible.

— Non, moi je trouve que c’est ressemblant.

Cyriaque venait de sortir du bois, sa capuche de renard dissimulant le haut de son visage. Le sourire discret, au coin de ses lèvres, trahissait l’amusement qu’il éprouvait. Une entrée réussie de plus. Le mage portait deux faisans à sa ceinture, signe que la chasse avait été assez bonne pour le mettre d’humeur à plaisanter. Au détriment de ses apprentis, évidemment.

— Lev était parmi nous pour d’excellentes mauvaises raisons, expliqua Cyriaque. Il avançait vers un destin trop évident pour s’être interrogé sur ses motivations profondes. Il ne pouvait pas continuer sans un but concret, alors je lu en ai déniché un.

Lev encaissa, à son tour, les propos déplaisants de son maître. Certes, il avait raison, mais c’était douloureux de s’entendre dire qu’il obéissait, depuis des mois, à un ordre de sa mère, et ce, sans réfléchir. Sa volonté de devenir un héros lui paraissait suffisante, pourtant ce n’était qu’un but, pas un motif. Maintenant que la vengeance le taraudait, Lev s’investirait davantage dans son apprentissage et se montrerait bien moins hésitant à marcher vers l’inconnu.

— Tu te plains que je ne respecte pas la tradition en acceptant un second élève, reprit-il à destination de Moïra. Mais, moi, quand je vous regarde, je ne vois personne pour prendre ma suite. Ce bois n’héberge aucun héritier, et c’est cela qui me plait. Vous avez tous les deux des ambitions personnelles, une histoire à écrire, et non la mienne à perpétuer. Lev suit sa voie, et regarde comme il a changé.

— Moi, j’ai toujours su où j’allais, souffla la jeune femme.

— Je n’en doute pas une seconde, acquiesça le mage. À toi d’y puiser la motivation et l’acharnement nécessaire pour atteindre ton but.

— Vous voulez nous mettre en concurrence ? demanda Lev.

— C’est le cas depuis la seconde où je t’ai accepté ici, en échange de ma dette envers ta mère. N’est-ce pas Moïra ?

— Je suis et resterai meilleure que lui, décréta la blonde austère.

Cyriaque fit mine de se frotter les mains, ravi de mettre son auditoire mal à l’aise, du fait de son handicap. Lev se demanda si ses constantes mises en scène n’étaient pas qu’un jeu pour le vieux Renard. L’idée d’être un pion lui déplaisait fortement, mais Cyriaque savait doser ses effets pour maintenir une forme de tension autour de lui.

— Lev a de nombreuses choses à apprendre pour te rattraper, reconnut le mage. La question est de savoir combien de temps tu parviendras à conserver une avance significative pour justifier que je parte en mission avec toi pendant qu’il végète ici, et non l’inverse ?

Moïra jeta un regard mauvais à l’autre apprenti, lui partageant toute sa colère. Se faire débarquer d’une aventure avec le maître équivaudrait à une insulte impardonnable. Qu’importe si elle devait redoubler d’efforts, Lev serait le seul à goûter à cette humiliation.

— Ne compte plus sur moi pour répondre à tes questions, lui cracha-t-elle, hautaine.

— Avant l’hiver, c’est toi qui en auras, rétorqua le garçon, un brin trop sûr de lui.

Cyriaque soupira et reporta son attention sur le gibier accroché à sa ceinture. Du sang avait perlé sur sa jambe, souillant son pantalon. Le mage sentait sa bonne humeur du matin commencer à s’enfuir. Il était hors de question qu'une si rare légèreté d’esprit se défausse avant midi. Mobilisant le peu de patience et de pédagogie dont il était capable, Cyriaque arbitra l’échange d’un contre-pied qui fit grincer les dents à ses apprentis.

— Vous travaillerez ensemble ! Je veux vous voir partager l’un avec l’autre la moindre astuce qui vous passera par la tête.

— Mais, Maître… tentèrent Lev et Moïra à l’unisson.

— Vous voyez, vous savez être synchrones, les moucha le Renard. Le premier que je surprendrais, à ne pas mettre son savoir en commun, écopera de toutes les corvées de la maison jusqu’à ce que ses bras en tombent. Apprendre l’un de l’autre est indispensable.

Aucun des deux apprentis n’osa répondre. Concourir contre une personne à qui il faudrait confier la moindre de ses trouvailles leur semblait incohérent. Encore une idée d’enseignement tordue de Cyriaque. Ressentir au lieu de sentir. Apprendre par soi-même sur la base d’une vague démonstration. Donner corps à un concept exprimé à l’oral. La liste de ses méthodes douteuses était longue comme le bras. Malgré tout, Lev et Moïra devaient admettre que, jusque-là, le Renard avait toujours eu raison. Leur apprentissage portait ses fruits et chaque aptitude acquise demeurait gravée en eux avec force.

— Bien ! conclut Cyriaque. Je vois à vos têtes que vous avez parfaitement assimilé vos nouvelles consignes. Convenez d’un accord sur vos incompatibilités. Moi, j’ai de la volaille à plumer et un pantalon à faire laver.

Le mage avait déjà fait une demi-douzaine de pas lorsque Lev s’autorisa une dernière question.

— Quand prendrez-vous votre décision ?

Cyriaque ne prit pas la peine de se retourner. Il se contenta de hausser les épaules, pour finalement répondre juste avant de disparaître à l’angle opposé de la maison.

— Présentez-vous au pied du nichoir à corbeaux à chaque message et je désignerai celui ou celle qui pourra m’accompagner.

Le nichoir, dont parlait le maître, se situait à l’extrémité sud du potager. Ce n’était qu’un affreux piquet noir, en fer forgé, coiffé d’une maisonnette grande comme une boîte à chaussures. Taupin avait sculpté l’abri dans un rondin et veillait à son entretien. Ce perchoir était trop accueillant à son goût, mais Cyriaque avait insisté pour que les oiseaux y bénéficient d’un bon repos. Celui-ci se dressait beaucoup trop près du mûrier que le taupelier tentait de faire pousser le long du muret. D'août à octobre, les corbeaux messagers profitaient de leurs séjours pour ravager la récolte de fruits. Taupin se trouvait privé de sa pâtisserie préférée et commençait à rêver de tartes aux freux.

En l’absence de visites des habitants de Grand Val, ces porteurs de missives étaient l’unique lien entre le logis du Bois Sifflant et le monde extérieur. Cyriaque aurait pu y recevoir des missives de la part de ses amis ou de ses proches, s’il avait fait l’effort d’en conserver dans son entourage. Le nichoir à corbeaux servait exclusivement à réceptionner les propositions de missions émises par les autorités du royaume et à y répondre. Lev s’était vu interdire d’entretenir la moindre correspondance privée, au prétexte qu’il ne rapportait pas une pièce à la communauté. Cyriaque lui offrait déjà généreusement le gîte et le couvert. Ce dernier n’investirait pas une pièce de plus dans son apprenti.

Il suffisait d’une rapide lecture à Cyriaque pour savoir s’il s’embarquerait ou non dans une de ces aventures griffonnées sur vélin. La prime proposée était aussitôt mentalement opposée à l’état de ses finances. Un souffle sec du nez indiquait une demande trop peu dotée, et la note finissait au feu. Tandis qu’un grognement accompagnait celles qui présentaient de grands dangers, mais que le Renard acceptait malgré tout. Jamais il ne s’était justifié auprès de Moïra quant à ses critères de choix. Et si, parfois, la jeune femme s’était étonnée de devoir risquer sa vie pour des causes insensées, elle ne se permettait aucune contestation.

Le Runard, comme on le nommait dans tout Arpentras, disposait d’une belle renommée. Rien que de pouvoir l’assister dans ses œuvres était un privilège que son apprentie refusait d’abandonner à un freluquet empoté. Aux premières heures de sa carrière solo, pouvoir peindre le nom de son maître dans un petit coin de l’affiche lui vaudrait l’apparition de badauds supplémentaires sur les bancs de son spectacle. Elle ne jugeait pas cela opportuniste, mais pragmatique. Lev était de trop dans ce plan.

Moïra se montra réticente à partager ses découvertes. Seules les menaces de Cyriaque parvenaient à la décider. Elle le savait capable de lui attribuer des corvées si dégradantes qu’elle en aurait perdu le sommeil. Sur le modèle de son maître, elle s’efforçait de rendre ses propos mystérieux ou ambigus, de sorte à ne pas faciliter la tâche du garçon. Une sournoiserie à laquelle Lev ne se livra pas en retour. Au contraire, il lui dispensait des explications claires et prenait le temps de lui montrer sa façon de faire. Sans doute à cause d’un reste d’héroïsme de conte de fées, mais surtout parce qu’il voulait la surpasser d’une manière qui ne saurait être remise en cause.

Les mois passèrent et les corbeaux apportèrent de nombreuses occasions de les départager. Lev gardait un retard considérable sur son aînée. À la fin de la première année, pas une fois il n’avait été choisi par Cyriaque pour lui servir d’assistant. Du fait de ces revers répétés, son cœur s’était en partie éteint, remisant le souvenir de Dolores et de Luzerne dans un coin de son esprit qui semblait appartenir à quelqu’un d’autre. La première prétendait ne pas vouloir qu’il revienne, quant à la seconde, elle l’avait probablement oublié depuis longtemps. Lev fêta seul l’anniversaire de ses seize ans, entre deux livres écrits par des inconnus.

Le jeune homme maîtrisait, maintenant, des techniques dont il aurait pu user pour se défaire de la surveillance de Taupin. S’il était impossible de voler, au sens premier du terme, Lev parvenait relativement bien à prendre appui sur des objets gravés, grâce à son aura, et à s’élever hors de portée des dents à pivot du jardinier. À partir de là, tout était une question d’endurance. Serait-il assez résistant pour arriver à bout de l’acharnement dévorant de la créature ? Cyriaque le manchot ferait-il équipe avec un estropié ? Des réponses qui n’intéressaient pas Lev. Depuis la mise à l’épreuve instaurée par leur maître, il n’envisageait plus de quitter le bois autrement qu’avec son aval, et pour partir en mission.

Malgré les ambitions contradictoires et les réticences, quelques belles réussites découlèrent de la rivalité collaborative imposée par le Renard. Lev s’était révélé très créatif quant aux usages possibles de son aura et des runes. Il avait expliqué à Moïra comment détourner un objet de sa fonction première. Au Loir-Gris, les habitants ne disposaient pas du confort moderne, ni des dernières inventions, mais ils ne manquaient pas d’imagination pour transformer un ustensile du quotidien en un outil improvisé. En retour, la jeune femme l’abreuvait de conseils, exagérément nébuleux, censés l’aider à comprendre comment diviser son aura en des dizaines de ramifications, tout en en conservant le contrôle. Voir jusqu’où elle irait puiser des formules tarabiscotées était devenu un jeu entre eux. Moïra ne l’aurait jamais admis, mais une petite part d’elle voulait que Lev acquière rapidement ce talent et la pousse dans ses retranchements.

Cyriaque était fier de sa méthode d’enseignement. Il se montrait dur, injuste et parfois irrationnel, à l’image de la vie qui attendait ses deux apprentis. Ses rares exposés sur son pouvoir avaient pour propos cette notion d’imprévisibilité à laquelle ils auraient à faire face sans arrêt. Pour lui, un pouvoir ridicule pouvait devenir une arme redoutable dans les mains d’un manieur conscient de toutes ses applications. À l’inverse, un grand pouvoir se retournait souvent contre un mage trop confiant dans son usage le plus prévisible.

— Le rusé renard atteint le vif lapin, grâce à sa malice, et se moque des loups qui s'épuisent à courir derrière une harde de cerfs dont ils n’obtiendront rien, répétait-il comme si Lev et Moïra avaient une quelconque connaissance de la chasse.

Cette vie impitoyable, que Cyriaque citait tel son maître à penser, ne manqua pas de lui jouer un tour. Au retour d’une absence solitaire de cinq semaines, il avait retrouvé ses deux apprentis en plein duel de gravure. Moïra et Lev s’étaient disputés sur la meilleure méthode pour graver une rune dans du bois. Autant dire que, sans personne pour les ramener à la raison, les choses avaient vite dérapé et pris des proportions relevant de la folie passagère.

De nombreux arbres avaient fait les frais de cette compétition effrénée. L’écorce de certains troncs était couverte de runes, souvent incomplètes, d’autres entaillées si profondément que la sève avait suinté par la plaie. Rien de grave, en soi, mais Cyriaque ne tolérait pas que l’on saccage la nature sans une raison valable. Les deux apprentis avaient écopé d’une punition magistrale. Dans un premier temps, ils durent présenter des excuses à chaque arbre ou buisson maltraité, puis le maître leur interdit l’usage de la magie et les plaça sous l’autorité tyrannique de Taupin pour un mois. La créature profita de cette main d'œuvre gratuite pour entreprendre une ambitieuse rénovation de l’enceinte du potager. Moïra fut libérée de ses corvées lorsque ses mains furent couvertes d’un si grand nombre de bandages qu’elle ne parvenait plus à tenir les outils. Lev s’en trouva quitte pour un tour de reins qui le cloua au lit pendant quatre jours. Si la modération et le respect ne faisaient pas partie du programme, après une épreuve de cette nature, ils les avaient bien intégrés.

Cyriaque leur demanda de canaliser leur rivalité d’une manière différente. Pour cela, il instaura des défis hebdomadaires, mettant à l’épreuve leurs réflexes, leur maîtrise et leur endurance. Poinçons, lames et objets en tout genre se livrèrent à des courses entre les arbres. En ville, une nouvelle rumeur vit le jour. On murmurait entre les échoppes que le bois à l’est s’était remis à siffler.

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Altaïr
Posté le 06/04/2022
Salut Achayre,

ce chapitre est très bien, la description de Lev en train d’apprivoiser son pouvoir est réussie (par ex. : "Incapable de contrôler la descente, l’adolescent se contenta de rétracter son aura et de laisser la gravité prendre le relai."). Pas si naïf qu’il n’y paraît d’ailleurs le « gamin » : « mais surtout parce qu’il voulait la surpasser d’une manière qui ne saurait être remise en cause. »
J’ai particulièrement apprécié la seconde partie, chacun des trois personnages prend une nouvelle dimension je trouve, Lev s’est fait une place, la carapace de Moïra commence à se fissurer, et finalement Cyriaque semble s’attacher à ses apprentis. Enfin ces impressions sont peut-être un leurre de ta part … à suivre !

Je n’ai pas compris ce passage (après la virgule) :
« Son moral chuta d’un coup, la ramenant à la moyenne ambiante du petit bois. »

Et quelques coquilles :
// Lev l’avait vu (vue) s’installer pour le spectacle // Le maître t’as (t’a) appris à être désagréable ? // Lev était parmi nous pour d’excellentes mauvaises raisons, explica (expliqua) Cyriaque. // Je suis et resterait (resterai) meilleure que lui // Lev a de nombreuses choses à apprendre pour te rattraper, reconnu (reconnut) le mage. // Avant l’hiver, c’est toi qui en aura (auras) // Le premier que je surprendrai (surprendrais) // Je vois qu’à vos têtes (Je vois à vos têtes que) // Moi, jai (j’ai) de la volaille à plumer // celles qui présentaient de grand danger (grands dangers) // ses propos mystérieux ou ambiguës (ambigus) // Lev gardait du (un) retard considérable // La première prétendait (avait prétendu) ne pas vouloir qu’il revienne // ferait-il équipe avec un estropied (« estropié ») // voulait que Lev acquiert (acquière) rapidement ce talent //

Je passe au chapitre suivant.
Achayre
Posté le 07/04/2022
Hello !

Content de te retrouver après une petite pause ;)

Pour le moral, j'essayais de faire passer l'idée que le moral général dans le bois était assez bas, et qu'au terme de sa brève réjouissance, elle revenait au même niveau de morosité que les autres.

Ce second arc (chap 13 à 24) est peut être le plus dur car il faut avancer tout en développant les personnages. Content que cela t'ai plu :)
TiteTeigne
Posté le 20/03/2022
Retour au présent avec un chapitre très instructif : comment apprendre dans la rivalité. Cyriaque a été très malin et son stratagème semble plutôt efficace. Après deux chapitres d'histoire, on retrouve Lev avec un nouvel objectif de vie. Un "vrai" cette fois. Une motivation qui lui est personnelle et donc qui le façonne bien plus qu'une simple injonction maternelle. Tu le mets assez bien avant. Moïra fait également son grand retour, désenchantée face aux progrès fulgurants de son rival. Et pourtant, on sent un certain attachement apparaître au fil du récit, une rivalité telle un frère et une soeur, qui se tirent chacun vers le haut. Même si le but premier est d'éviter toute corvée, on sent petit à petit un lien plus profond se créer. Ce qui redonne de la vie au bois, ce qui redonne de la chaleur au fond du coeur de Cyriaque ?

Quelques petites coquilles relevées :
- "annonçant la fin deS festivités"
- "dysfonctionnelle" (au lieu de disfonctionnelle)
- " la gravité" (au lieu de graviter)
- "tu seras bientôt prêt" (au lieu de près)
- "il l'avait ignoréE"
- "j'ai toujours su où (au lieu de au) j'allais"
Achayre
Posté le 20/03/2022
Coucou :)
Hé bien ! Une lecture de 7h du mat' un samedi matin. Tu es drôlement motivée :p Avoir une notification au réveil m'a mis de bonne humeur :)

J'ai pris le temps de corriger les coquilles. Il faut que je le fasse pour les précédents chap :)

Nous attaquons le second arc de cette histoire. Je trouve très difficile de jongler avec l'évolution et les ressentis de chacun alors ça me rassure de voir dans ton message que ces éléments sont compris. Je suis arrivé au bout de ce que j'avais en tête pour l'instant. A la difficulté du rythme d'écriture s'ajoute maintenant la création à l'avancement.

Nos petits camarades partent pour 12 chapitres d'aventure, en espérant qu'à la fin du chap 24 tout le monde arrive bien là où il doit être pour le troisième et dernier arc narratif :)

Merci pour ton soutien. Il m'aide énormément :)
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