Chant 1

Des murs

 

Si nous devions escorter nos angoisses de nouvelles haines,

Si l’étranger était une menace et le monde, une vaste plaine… en tous points semblables,

Si au-delà des mers et avant la mort, il n’existait aucune autre forme de bonheur :

 

Voici ce que nous dresserions pour éloigner de nos existences quelques fantômes imaginaires,

Voilà comment nous remplacerions nos rêves pour le cauchemar d’absconses chimères,

 

Par de frêles parapets sordides,

Aux allures solides,

De montagnes.

 

Ne savons-nous pas que le gris du béton est vite remplacé par la couleur de la vie ?

Ne savons-nous pas qu’il suffirait d’y percer une fenêtre pour offrir un peu de poésie aux gens d’en face ?

Ne savons-nous pas qu’il est possible d’y dessiner une porte et de l’ouvrir pour y laisser entrer le rire des enfants ?

 

À quoi servent ces palissades si elles sont dépourvues de toit ?

 

Retourneront-elles à la poussière ?

Formeront-elles de nouvelles cicatrices dans le paysage des villes ?

Tomberont-elles, un jour ou l’autre, à terre, sous le vent de la liberté, pour ne jamais se relever ?

 

Ne savons-nous pas qu’un mur n’a jamais protégé les peuples

Ni du mauvais temps,

Ni de la maladie,

Ni des oiseaux de malheur,

 

Et encore moins

 

D’eux-mêmes ?

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