Carte 15 - Le vandale

Je me promenais dans la forêt quand je l'aperçus. Je ne l'avais jamais vu auparavant, il n'était pas de la région. En silence, je m'arrêtais derrière un arbre pour l'observer discrètement. Ses mains caleuses travaillaient avec délicatesse, caressant le bois. C'était donc lui. Lui qui, depuis des mois, enchantait les bois. Ou les vandalisait, les avis différaient. Les sculptures avaient commencé à apparaître il y a six mois. Régulièrement depuis on retrouvait un arbre défiguré figurant un ours, une louve ou une colonne d'éléphants. Les commerçants du village étaient ravis, les journaux avaient parlé de l'affaire et les touristes curieux commençaient à affluer. La moitié des autres habitants n'osaient plus s'aventurer dans les bois, craignant de tomber nez à nez avec un jeune fou furieux cagoulé armé d'un marteau et d'un burin. Personne ne savait pourquoi l'artiste-vandale laissait ainsi ses oeuvres en secret. J'allais enfin le découvrir. J'allais m'approcher silencieusement de lui, le prendre sur le fait et lui poser mes questions. 

"C'est un fameux trois-mâts, fin comme un ois..." 

Un groupe de scouts approcha bruyamment. En deux secondes, le vieil homme avait rangé ses outils et s'était enfui, laissant toutes mes interrogations en suspens et un magnifique hibou sculpté devant mes yeux ébahis.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Fannie
Posté le 19/05/2021
Coucou, Espelette !
Ces petits textes ne datent pas d’hier, et il n’y a plus eu de nouvelle carte depuis plusieurs mois, mais je viens quand même jeter un coup d’œil.
Cette histoire d’artiste clandestin a beaucoup de charme. La chute met fin aux espoirs de la narratrice, mais après tout, pourquoi faudrait-il savoir pour quelle raison ce sculpteur laisse toutes ces œuvres ? Il n’y a pas besoin d'un « pourquoi » ; c’est un artiste, donc il crée selon sa spécialité, qui est la sculpture sur bois, ou plutôt sur tronc d’arbre.
Coquilles et remarques :
— En silence, je m'arrêtais derrière un arbre pour l'observer discrètement. [Si ça se passe une seule fois, il faut mettre le passé simple : « je m'arrêtai » ; si cette scène se répète, ce serait bien de le préciser.]
— Ses mains caleuses travaillaient avec délicatesse [calleuses]
— Les sculptures avaient commencé à apparaître il y a six mois. [Ça me semble dérangeant d’avoir l’expression « il y a », qui est au présent, dans un texte au passé. Je propose « six mois auparavant » ou « Cela faisait six mois que (...) ».]
— Régulièrement depuis on retrouvait un arbre défiguré figurant un ours [Avec une virgule après « depuis », la phrase serait plus claire. / Tu l’as peut-être fait exprès, mais je trouve que « défiguré figurant » est une association peu heureuse ; je propose « dénaturé figurant » ou « défiguré représentant », « défiguré arborant »...]
— nez à nez avec un jeune fou furieux cagoulé armé d'un marteau et d'un burin. [Une virgule serait bienvenue après « cagoulé ».]
— pourquoi l'artiste-vandale laissait ainsi ses oeuvres en secret [œuvres ; ligature]
Nascana
Posté le 31/12/2020
J'ai bien aimé l'histoire de ce sculpteur. On s'interroge : est-il humain ou une créature d'un autre temps ? En tout cas, je pense que j'aimerais voir ces créations. Pour la chute, on a presque l'impression que c'est un rêve.
Vous lisez