Cameron • « L'éclat de délicatesse dans l'océan de froideur »

Arès a tourné au vinaigre, et beaucoup plus rapidement que prévu. Jamais, auparavant, je n’aurais cru avoir un jour à ressentir une sensation aussi étrange, dans le creux de mon estomac. Il ne m’a pas fallu bien longtemps pour comprendre de quoi il s’agissait ; de l’inquiétude. Elle est montée en flèche, jusqu’à embrumer mon cerveau. C’est la première fois que je me sens aussi désemparé. Ne pas avoir de nouvelles de l’escouade sur place m’a déstabilisé. La culpabilité, elle, m'a étouffée, ce qui a été renforcé par le refus catégorique de Moïra de transmettre les informations qu’elle a pu recevoir.

J’aurai pu outrepasser les ordres. Mais, ce n’est pas dans mes habitudes. J’aurai dû le faire. Parce qu’Eireann aurait pu mourir. Je parcours encore du regard le premier rapport d’urgence envoyé par Anastasia et l’éventail des blessures de la recrue est considérable.

— Capitaine ? La navette arrive en soute.

La voix de Ian Aznar, l’un des deux pilotes de l’Alecto, m’interpelle alors que je reste figé dans le centre d’opérations tactiques. Le poing serré, la mâchoire crispée, je repose le rapport et descend pour accueillir le retour de l’escouade. L’état général des quatre soldats ne me surprend pas ; Iounevitch et Cooper accusent de blessures légères, qui nécessitent cependant des soins immédiats pour ne pas risquer d’aggravation.

Si Anastasia, comme à son habitude, ne présente pas la moindre égratignure, il n’en va effectivement pas de même pour Eireann. J’adresse un regard aux deux sous-officiers blessés :

— Allez consulter Endelson maintenant.

Après un bref salut, les deux hommes disparaissent de ma vue. Anastasia avance d’un pas.

— Capitaine Nivens ! me salue-t-elle. Si vous le souhaitez, je peux vous faire un rapport détaillé de la mission sur Arès dès maintenant. O’Brian…

— … me fera elle-même ce rapport, lieutenante, coupé-je. Rompez !

Je décèle une grimace fugace sur son visage de porcelaine, mais je ne lui laisse pas le temps de broncher plus avant. Elle baisse les yeux sur Eireann, qui se tient immobile, l’air absent, avant de s’éloigner.

J’ai toujours su comment agir par le passé, quand l’un de mes éléments revenaient traumatisé d’une mission. Or, là, je me rends compte qu’en patientant qu’Eireann réagisse et relève les yeux vers moi, je n’ai jamais autant fait preuve de considération pour aucun des membres de mon équipage.

— Allez prendre une douche, aspirante. Vous viendrez me faire votre rapport dans ma cabine.

— Dans combien de temps ? s’enquiert-elle d’une voix blanche.

Je hausse un sourcil, surpris, avant d’esquisser un léger sourire :

— Quand vous serez prête, O’Brian.

Elle me salue, et tourne les talons, sans dire un mot de plus. Si on omet son regard hébété, sa démarche et son allure tentent de rester le plus dignes possible. Je souris un peu plus ; je sais pertinemment ce qu’il s’est passé, j’ai juste besoin de l’entendre de la bouche de la recrue.

Je retourne à ma cabine, préparant du thé à la vanille. Trente minutes s’écoulent entre le retour de l’escouade et le moment où Eithné m’informe de la présence de l’aspirante devant la porte de ma cabine. Bien évidemment, elle obtient l’autorisation d’entrer. Je verse un peu de thé dans une tasse, que je pose sur le bureau.

Eireann affiche encore un air hagard, et frotte parfois sa peau, ses ongles, avec une légère frénésie.

— Il reste rarement du sang sur les ongles. Ça s'enlève facilement, affirmé-je d’une voix neutre.

Du coin de l’œil, je la vois se tendre et si l’envie d’étirer mes lèvres en un sourire narquois me prend, je me reprend très vite : son état psychologique et physique ne prête pas à plus d’humiliation, parce que ce n’est pas de ça dont elle a besoin. Et je suis tout à fait capable de mettre mes élans de sadique oppresseur d’un côté pour arborer un visage plus humain. Du bout des doigts, je fais glisser la tasse sur le bureau.

— C’est une convocation informelle, O’Brian, détendez-vous.

Je me doute que c’est bien plus facile à dire qu’à faire. Nos relations n’ont jamais été au beau fixe, je me suis toujours astreint aux règles et commandements de Moïra, m’éloignant corps et âme d’une enfant dont j’aurais apprécié être proche par le passé. Et ce n’est pas du tout avec une simple tasse de thé qu’Eireann viendra s’épancher.

Par ce geste, cependant, je veux juste lui signifier que je serais le capitaine un peu paternel qu’il m’arrive d’être quand mes soldats vivent des moments compliqués. Et des moments compliqués, elle en a traversé sur cette station. Brefs, peut-être, mais suffisamment intenses pour mettre à mal sa psyché.

Je m’installe sur une des chaises du bureau et en désigne une autre de la main, l’invitant à prendre place. J’en profite pour la détailler un peu plus ; évidemment, elle n’a pas été voir le médecin de bord, mais c’est parfait pour moi. J’ai besoin de voir comment se déroule sa guérison avant qu’Endelsson ne vienne la badigeonner de crèmes cicatrisantes.

— Comment vous sentez-vous, aspirante ?

Elle ne répond pas, pas immédiatement, mais glisse ses doigts sur sa gorge. Une grimace brise le masque de neutralité qu’elle a cherché à faire et ses ongles frôlent ses hématomes déjà violacés. Je réprime de nouveau un sourire, satisfait cette fois. Pour autant, je demeure silencieux, continuant mon analyse de sa personne. Sa pommette a éclaté sous un coup particulièrement violent et le reste de son visage présente de multiples contusions. La voyant toujours silencieuse, je soupire :

— Vous irez consulter Endelsson après notre entrevue. Sinon, votre pommette ne cicatrisera pas, tout comme votre gorge doit être…

— C’est rien, me coupe-t-elle d’une voix rauque. C’est pas grand-chose, juste quelques bleus.

— O’Brian, ce que vous avez vécu aujourd’hui n’est pas du même niveau qu’aller déloger quelques connards perdus au fin fond de l’Amazonie. Enfin, ça, vous auriez pu le comprendre si vous aviez fait l’Amazonie.

— Je croyais que c’était une punition.

— C’en est une. Une punition de laquelle on revient vivant après avoir frôlé l’enfer, oui. Je n’ai jamais perdu un seul soldat en Amazonie. Contre Panoptès en revanche…

Je pince mes lèvres et croise mes doigts sur mon genou ; ma jambe remue et j’observe toujours ma subalterne, avec une attention encore plus accrue qu’auparavant.

— Affronter Panoptès, reprené-je, ce n’est pas du même niveau. Ecoutez, la Confédération Terrienne tente de protéger l’Humanité dans son ensemble, de la représenter, là où cette organisation ne veut que mettre en avant les Augmentés, au détriment de ce que vous et moi sommes. Alors oui, vous avez été perturbée par la mission.

Cette fois, Eireann daigne lever son regard vers moi. Sa main, encore portée à sa gorge, caresse les hématomes qui commencent d’ores et déjà à jaunir sur l’extérieur. Seulement, ce ne sont pas ses bleus que je scrute, mais bien ses yeux. Ses iris sont toujours éteints, mais les rides autour de son regard se creusent, comme autant de sentiments qu’elle refoule, encore.

— L’amirale avait pris connaissance des informations de l’auxiliaire Hope, n’est-ce pas ? Elle était au courant qu’une attaque était imminente, à nouveau, sur la station. Eithné nous l’a dit. Hope l’a confirmé. Et vous ? Le saviez-vous ?

Je penche légèrement la tête sur l’avant, et soupire. Je ne me sens pas particulièrement contrit, ni dépité. Je ne suis même pas surpris de savoir qu’Eithné a vendu la mèche ; ce n’est pas pour rien que cette IV reçoit régulièrement du gouvernement sud-africain mais aussi de la Confédération, la proposition de passer à la classe d’IA, chose que l’intelligence virtuelle refuse, encore et toujours.

— Oui. J’étais également au courant.

— Vous êtes notre capitaine.

Je ne parviens pas à savoir s’il y a une trace de reproche dans sa voix, pas moins que je n’arrive à déterminer si Eireann est en colère. Mais, sa remarque me renvoie à ce que je suis ; leur capitaine, oui. Celui qui est censé prendre soin de son équipage.

— Pourquoi nous l’avoir caché ? insiste-t-elle.

Elle est lassée, fatiguée, mais pas en colère. Enfin, pas encore. Je pince mes lèvres, et mes dents attaquent discrètement l’intérieur de mes joues. Ah ! Que je meurs d’envie de tout lui dire, là, maintenant. De lui parler des secrets que sa mère s’évertue à garder dresser autour d’elle. Hélas pour elle ! je crains bien plus les réactions de Moïra que de sa fille. Alors, je me contente de hausser les épaules, et de répondre plus sobrement.

— Vous êtes ici pour sortir le meilleur de vous-même, pas être assistée. Vous devez aussi apprendre à mener des enquêtes. L’amirale a songé que retenir cette information serait formateur.

— Super ! ironise Eireann. Très formateur, oui vraiment ! J’ai juste failli crever.

Un silence de plomb s’abat sur ma cabine. Eireann me foudroie du regard, avant de le détourner. De nouveau, je pousse la tasse de thé vers elle. Je sais qu’elle me voit, du coin de l’œil. Elle hésite, résiste peut-être encore un peu avant de la prendre. De là, je note qu’elle tremble, de manière imperceptible, mais le liquide ambré s’agite et le métal de sa tasse cogne contre la soucoupe.

J’observe un peu mieux son attitude, sa posture ; elle se tient droite, comme si elle cherchait à garder sa dignité. Pourtant, son chignon fait à la va-vite montre qu’elle n’a qu’un seul objectif ; passer cette entrevue le plus vite possible.

— Parlez-moi.

Peut-être trop sec, elle sursaute et renverse un peu de liquide sur son pantalon. Elle jure entre ses dents et j’inspire profondément.

— Parlez-moi, reprené-je avec plus de compassion. Videz votre sac, ça vous fera du bien. Vous irez consulter Endelsson après.

D’un geste lent, toujours tremblante, la jeune femme porte la tasse de thé à ses lèvres et boit une gorgée. Elle demeure silencieuse un long moment, et à son regard, il est facile de voir qu’elle réfléchit. Pèse-t-elle le pour et le contre ? Non. Elle se méfie de moi. Et à raison. En plus de sa défiance, elle doit remettre de l’ordre dans ses pensées.

Et quand bien même je sache déjà ce qu’il s’est passé, c’est de sa bouche que je veux l’entendre. D’autant plus que Mikhaïlovna n’était pas présente tout le temps. Elle prend une profonde inspiration, repose la tasse sur le bureau. Ses gestes sont lents. Ses doigts se glissent dans ses cheveux, ramènent une mèche indisciplinée derrière son oreille, glissent sur sa gorge.

— Il y a plusieurs choses que… qui m’ont surprise, avoue-t-elle.

— C’est-à-dire ?

Je tente de ne pas paraître suspicieux, mais ça m’intrigue. Serait-il possible que cela commence ?

— Que ce soit… mes yeux, mes oreilles ou mon nez, je… j’avais l’impression que tout était plus sensible, trop sensible. Comme si ça se déréglait. Parce que… j’entendais des choses que les autres n’entendaient pas ou des odeurs. ‘Tain, c’est ridicule.

— Non, vous n’êtes pas ridicule. Il s’agit peut-être d’un dérèglement hormonal, en effet. Endelsson vous en dira plus.

Je me retiens de grincer des dents. Je sais que ce n’est pas ça. Je suis cependant tenu au secret, par Moïra, par les autres. Je lui adresse un sourire pâle et, d’un mouvement de tête, je l’encourage à reprendre la parole. Aujourd’hui, je ne suis pas là pour la martyriser. Et je pense qu’à l’avenir, mon rôle changera significativement. Surtout si ça commence. Et je ne suis pas certain qu’elle comprendra le changement de mon attitude à son égard. Mais tant pis. Ce qui est fait, est fait.

— J’ai senti une odeur particulière… comme de la cerise écrasée, près d’une porte, reprend-elle, une pointe d’hésitation dans la voix. Et on est rentrées dans cette salle, avec la lieutenante. Y avait ce type, un peu plus loin.

Elle est factuelle, dans sa manière de raconter les événements ; pas de détails superflus, elle n’enjolive pas les réactions et ne va même pas dire ce qu’elle a ressenti. Elle reste en surface, et ça m’agace. J’écoute, ce que je sais déjà, mais j’attend le moment le plus important, celui qui est censé être le plus marquant.

Celui qui l’a marquée physiquement. La voilà qui porte les doigts à son cou et, désormais, c’est un éclat de frayeur qui vient réveiller ses pupilles éteintes. Je ne suis pas psy, mais on apprend à écouter, quand le temps et les expériences font des ravages sur l’esprit des gens.

— Elle était sur moi… et je… n’arrivais plus à m’en débarrasser. J’ai pris mon couteau et je l’ai…

Elle mime le geste, discrètement, mais elle n’oralise pas. Les mots doivent rester bloqués dans sa gorge, tandis que l’angoisse doit l’étreindre à nouveau. On passe tous par là, à un moment ou à un autre, quand on est destiné à aller sur le terrain. Et Eireann, fille de brillants officiers ou pas, n’échappe pas à cette règle universelle.

Je décroise mes jambes, pour paraître moins formel, et me penche quelque peu vers elle.

— J’avais le choix, couine-t-elle secouée. J’avais le choix et je me suis acharnée sur elle. Alors…

Ma respiration se bloque dans ma poitrine. Ce regard, cette incompréhension, je la reconnais. Moïra, dans sa jeunesse, avait le même. La tendresse, cependant, que j’ai pour l’amirale, ne peut pas transpirer dans la relation que j’ai actuellement avec Eireann.

— Alors ouais, vous me direz qu’elle faisait partie de Panoptès, qu’elle méritait sûrement ce qui lui est arrivée. Mais… mais je suis qui, moi, pour décider du droit de vie ou de mort d’autrui ? Je suis pas Dieu.

La tasse qu’elle tenait entre ses mains tombe et se brise en un millier de morceaux. Le sol ne souffrira d’aucun dégât à cause du thé qui s’écoule. Eireann recule, sa voix vibrante d’horreur, tandis que la terreur reprend sa place dans ses yeux émeraudes.

— Qu’est-ce qui m’empêchait de juste me retirer après l’avoir poignardée ? Rien ! Rien m’en empêchait. J’ai complètement câblé, j’ai choisi de m’acharner sur elle et ça me dégoûte. Je me dégoûte.

Sa dernière phrase résonne et rebondit dans mon esprit, et je me redresse. Cette jeune femme, je la connais depuis toujours. De loin, peut-être, parce que je devais obéir aux ordres de Moïra, et ma distance m’a toujours empêché d’établir un quelconque autre lien avec elle qu’un lien de subordination pur et simple. Et si je m’en amuse parfois – souvent – il commence à me peser.

Avec précaution, je glisse mes mains sur ses épaules. Au diable mes propres sermons sur les émotions ! Dans un cadre aussi peu conventionnel, là où le grade n’a pas de raison d’être, je peux me permettre d’outrepasser certaines directives, surtout les miennes.

Je sens son corps trembler sous mes paumes et je m’interroge ; est-ce à cause du contact ou à cause de ce qu’elle vient de subir ? Je pose un genou à terre, humidifiant mon pantalon mais peu m’importe. Etablir un contact visuel ne pourra que lui faire du bien, peut-être la rassurer, quand bien même je ne sois pas le mieux placé pour le faire.

— Nous sommes tous, à un moment ou à un autre, amenés à agir de la sorte, lui avoué-je. Certains, comme Mikhaïlovna, ont la distance nécessaire pour ne pas se laisser atteindre. Ils se disent que c’est comme ça, que c’est leur devoir.

— Je ne suis pas la lieutenante, marmonne Eireann. J’en suis pas capable. Cette mission, ça a été un échec. L’albinos est parti avec des données et j’sais même pas ce qu’il a pu voler.

— Panoptès a toujours un coup d’avance sur nous, sûrement parce que ses membres ont infiltré la Confédération. L’organisation nous gangrène de l’intérieur, et je pense que ce n’est pas pour rien si l’amirale O’Brian a fait le choix de ne pas divulguer certaines informations. C’est une enquête de longue haleine, périlleuse et…

— Je m’en sens pas capable ! Je suis pas capable d’ôter la vie à tour de bras à des gens, quand bien même ils peuvent être les pires connards que cette Terre ait jamais eu à porter !

— Mais, qui vous a dit que vous deviez le faire ? la reprené-je d’une voix plus conciliante.

Eireann, dont le regard se faisait toujours fuyant, établit enfin un contact visuel. Un léger sourire étire mes lèvres et, par égard pour son espace vital, je retire ma main de son épaule et retourne m’installer sur ma chaise.

— Vous avez parlé de choix, un peu plus tôt. Peut-être qu’il est temps désormais de faire celui qui déterminera votre carrière, si bien sûr vous restez au sein de la Confédération.

Etrangement, je n’ai aucun doute quant à l’idée qu’elle finisse par nous rejoindre définitivement ; elle s’attache, mine de rien, à l’équipage de l’Alecto. Et ça arrangerait bien les affaires de sa mère.

— Comment ça ?

— Vous pouvez très bien décider de quitter l’institution, en effet, à l’issue de cette année de formation, sourié-je. Rien ne vous retient. Comme rien ne vous empêchera jamais de devenir un officier conciliant. Chercher à privilégier la diplomatie avant les armes, le dialogue avant l’attaque.

— Mais, en situation de combat, je…

— Même en situation de combat, souligné-je. Retenir vos émotions, ce n’est pas que pour devenir un monstre sans cœur, mais c’est aussi une façon pour vous, à l’avenir, si ce genre de situation se présente à nouveau, de ne plus vous acharner et de prendre vos distances avec votre adversaire.

Si je ne rentre pas dans le détail, je n’aborde pas tout à fait l’option qui se présente à Eireann de devenir sans état d’âme et cruelle. Parce qu’en y repensant, ça ne lui correspond pas. Je retiens un petit rire en m’imaginant la fille tout à fait comme la mère. Il y aurait clairement une dissonance.

Elle me regarde, avec des yeux ronds. Ça doit tourner, dans son esprit, à une vitesse folle… ou ralentie, en fait, par l’angoisse latente qui parcourt ses traits. J’inspire profondément. Comment lui expliquer la conciliation, l’idée de ne pas forcément être obligée de tuer pour parvenir à ses objectifs. Mes lèvres se tordent dans ma réflexion et je claque des doigts lorsqu’une idée me vient. L’index dressé, je lui fais part de mes pensées :

— Aux échecs, on part du principe qu’on capture une pièce. On ne la tue pas, on l’enlève et on la met sur le côté. Voyez vos alliés et vos ennemis comme un immense échiquier sur lequel vos objectifs seront de prendre des pièces à vos adversaires et de les mettre de côté, sans pour autant les annihiler. Croyez-moi, c’est faisable.

— Et vous ? Vous le faites ?

La question me prend au dépourvu. Cette fois, c’est un rictus qui tord ma bouche et je penche la tête sur l’avant, rompant le contact visuel.

— Je ne suis pas le capitaine de l’Alecto pour rien, O’Brian. C’est plutôt à vous de vous demander ce que vous serez.

Une Megara ? Perclue de haine et prête aux pires atrocités ? Une Tisiphone ? Vengeresse pugnace et incontrôlable ? Ou une Alecto, à la détermination implacable, capable de traquer son ennemi jusqu’à son dernier souffle ? La traque n’amène pas forcément à l’annihilation.

— Ça ne répond pas vraiment à ma question, souffle-t-elle.

Je lève mon regard vers le plafond, tapote son genou et me lève de ma chaise.

— Allez voir Endelsson, O’Brian. Je vous laisse trois jours de répit avant de vous revoir sur le pont de commandement.

Je mets fin à notre conversation sans plus de cérémonie et lui tourne le dos. Mon Interface de Communication Personnelle activée, je rédige un simple message à l’attention de Moïra. J’hésite un peu à lui envoyer et je fronce des sourcils, puis, je secoue la tête. Je n’ai guère le choix de toute façon. L’amirale doit savoir.

« Ça commence. »

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drawmeamoon
Posté le 08/02/2021
Plusieurs choses à dire :
J'adore Nivens c'est officiel
Et ! J'ai sur-adoré la référence à la mythologie grecque avec Megara, Alecto et Tisiphone. J'adore le faite que Nivens se demande laquelle des trois Eireann se rapproche le plus c'est super cool. La comparaison aussi avec un échiquier me plait beaucoup beaucoup. Et j'ai été agréablement surpris•e de la délicatesse avec laquelle Cameron a agit dans ce chapitre ! T-T <3
Par contre, bordel, J'AI BESOIN DE SAVOIR
QU'EST CE QUI A COMMENCÉ
NEED
COMPRENDRE T-T
(Oh et légère reflexion pour le sang et les ongles, Nivens à raison mais ca dépend où le sang se coince et sous les ongles ca part pas si facilement que ça contrairement à au-dessus ;-;)
BREF
J'ai cours là
MAIS TROP HÂTE DE LIRE LA SUITE SKHFKJSDHFDJGKDHGDJFH
Cordialement
J'suis fan de toi
AislinnTLawson
Posté le 10/04/2021
Les références mythologiques sont légion dans EA (surtout dans la première trilogie, surtout dans le tome 1).
Ah je savais bien que ça s'enlevait grave mal sous les ongles ! Je remodifierai ça alors merci ♥
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