Callienne Thibault

De cette douce et tendre mélodie, ma nuque est appuyée sur le haut du siège. Mes yeux se rivent au plafond vitré du grand immeuble. La musique sereine et contrôlée du trio est parfaite pour l’espace de l’énorme amphithéâtre. À cette solitude rare tout en écoutant les interprètes de mes partitions, mon regard ne va pas sur leurs doigts effleurant délicatement les instruments de musique ou encore dans l’excentricité de leurs mouvements, mes yeux sont plutôt concentrés sur la coupole et sa majestueuse construction. Pensé et fabriqué par des architectes perfectionnistes, le dôme se fusionne les beautés du ciel et les divers spectacles offerts par le Colisée : les soties, les concerts ou encore les conférences. Chacune des lignes de la toiture se veut discrète pour nous donner une image parfaite du soleil durant la journée et de ses étoiles durant la nuit. 

Apercevant le soleil réchauffant Constantinox, une petite forme grise est discernable aujourd’hui. La lune d’Astrophox est visible assez tôt pour nous rappeler l’éventuelle venue de nuit. Regardant un ciel éclairci, j’espère uniquement que le prochain hiver ne sera pas aussi infernal que les dernières années pour être capable de contempler les deux lunes et les multitudes étoiles décorant le ciel durant soir et nuit de mes futures prestations. D’un sourire, heureuse d’aboutir enfin à faire des spectacles dans le Colisée Hugo de Constantinox City, je réalise bientôt l’un de mes plus grands rêves. Performer dans ce dôme fait parti de l’une de mes plus grandes ambitions depuis la fin de mes études.

Dans cette concrétisation, je préfère regarder cet ordre cosmique se défiler devant moi. Constantinox est une planète discrète, reconnue pour des œuvres légères dans les autres systèmes solaires. Par intérêt futile des autres constellations, des piteuses fiertés locales redonnent aux habitants un sourire. Créant un imaginaire collectif,  ils se vantent de deux grandes qualités pour souvent croire à être réellement important. Tout d’abord, elle fait parti de la Convention des Neuf Systèmes d’Alamak ; une coalition politique pour tenter de rivaliser pathétiquement en face à la puissance démocratique de Belgrum et au directoire scientifique Jumarien. Le deuxième facteur le plus connu de Constantinox est surtout dans mon nom de famille.

Plongé souvent dans le patriotisme et dans la reconstruction historique, mon père est l’un des plus grands héros de l’Histoire selon les éditorialistes, les chroniqueurs d’actualité ou encore dans les illusions des enfants. Fantasmé et louangé, je préfère éviter ce sujet par ma santé mentale. Cette image de grand bienfaiteur est surfaite et entièrement fausse. Personne ne connaît vraiment mon père dans son intimité. Son sourire, sa générosité et ses soutiens sont toujours dans un but de récupérer des opportunités, telle une rapace impitoyable.

Je sors de cette pensée, toujours fixant la lune d’Astrophox, quand la musique classique se termine. Repositionnant mes yeux vers le stage, mes cheveux légèrement frisés se frottent doucement à ma nuque par ce mouvement. Tout sourire, je regarde Alexandrine au poste de l’Akordion. Comme moi, elle ferme les yeux lorsqu’elle joue ces partitions pour mieux se bercer dans le réconfort des refrains. Jeune étudiante en musique à l’Université de Slydom, elle était d’une grande catastrophe durant les auditions. Stressée et même bouleversée, elle a raté totalement le premier test. C’est lorsque je l’ai écoutée seule, que son talent est indéniable. Tant sur un petit Akordion que sur un clavier de Piandron, elle fait partie des raisons qu’il ne faut jamais se laisser incomber par une première impression.

Arrivant au début de ses vingtaines années, je considère même qu’elle est bien meilleure musicienne que moi aujourd’hui. De ses cheveux blonds arrivant jusqu’à sa nuque et d’un revêtement maladroit malgré  la réputation du stage, je souris à la répétition et à sa prestation avec l’Akordion. Je porte aussi un sourire aux deux autres musiciens, s’occupant  respectivement du piandron et du Bassidron, dotés d’un grand talent. Dans les défauts à faire entendre, un petit manque de coordination au milieu de la partition peut être exprimé. Ils se sont cependant très bien repris après. « Alors… tu aimes, Cally? » Me demande Alexandrine souriante, laissant le petit Akordion oscillé au proche à sa jambe droite.

Dans cet œuvre architectural unique pouvant accueillir au moins une centaine de spectateurs, je me suis placée à un siège au centre dans les premières rangées. À la question d’Alexandrine, mes oreilles ont perçu un léger défaut lorsque la mélodie s’est élancée dans un rythme plus mouvementé. D’une sincérité rare de ma part et de mon sourire, souvent déguisé, Alexandrine voit bien ma perplexité dans cette partition. Elle le perçoit sur mon visage, souvent inexpressif et neutre devant la majorité des évènements, mais se rendant bavard lorsque quelque chose m’importune. « C’est parfait en terme technique. Il suffit de corriger la coordination entre vous trois et peut-être… » Alexandrine lance un petit ricanement amical à mon « peut-être », faisant preuve d’une patience envers mon égard, mais surtout habituée à mon perfectionnisme et à mes critiques légères ou acerbes sur mes attentes.

« J’ai l’impression qu’un instrument est mal accordé, lorsque vous arrivez à une intensité plus élevée. Peut-être que c’est juste mes oreilles qui me trompent ou encore peut-être que c’est parce qu’on joue la première dans un tel environnement, mais est-ce que vous pouvez par exemple jouer la Cérémonie de Fita? On va être fixé après ça. » La jeune étudiante bascule tête de haut en bas pour me confirmer ma demande. Elle se place ensuite avec les autres musiciens et se prépare à faire ma requête. Plus difficile à jouer qu’à la moyenne, le pianiste demande un exemplaire de la partition avant de se mettre à l’œuvre. Cette musique joue sur de nombreuses sensations. Restant dans mes plus grands succès, elle a longtemps été la plus difficile à composer par les différents sentiments que je voulais faire ressentir. D’une structure de huit minutes, elle mélange douceur, joie, tristesse et colère. Après avoir fait le tour de ces sentiments aussi contradictoires qu’ils soient, le tempo retourne vers une douceur mélancolique recherchée au début.

Avec ce rythme et touchant à tout ce que les instruments puissent reproduire, je tends l’oreille pour savoir d’où vient mon hésitation. Me penchant en direction vers le trio de musiciens pour me concentrer au maximum sur la ballade, le début est prévu par le piandron effleurant quelques notes devant les cordes de l’Akordion décochant le rythme à prendre. Comme plusieurs autres compositions de mes partitions, un seul instrument peut concrétiser cette impulsion, mais tout devient plus plaisant à une certaine complémentarité entre chaque instrument musical.

Alexandrine, polyvalente comme moi, tient parfaitement le premier rythme pour amener le piandron et le bassidron à prendre leurs places respectives. D’une oreille vigilante, ma concentration ne se bouscule pas. Par la vibration de la salle, le mouvement du local s’envenime pour faire bouger le grand amphithéâtre. Surprise par cette virtuosité musicale, je suis confondue de ne pas faire de différence si le mouvement faisant trembler mes jambes vient de cette musique endiablée ou de mon Holophone cherchant à m’avertir de multiples notifications. Toujours avec cette oreille assidue, je tourne délicatement le petit cercle métallique dans mes poches, pour éviter d’être dérangée de nouveau, si la deuxième théorie se confirme.

Rendue au morceau où la colère s’accroît dans les instruments, je commence à comprendre le souci. Le contingent hargneux rend le tout plus cohérent avec une musique, pouvant peut-être atteindre les quartiers avoisinants de la Haute-Ville. Tout mouvement autour est inaudible et imperceptible vu cette férocité demandée dans l’ardeur demandée. Avec cette sensation, je pense savoir d’où vient le problème. Lorsque le piandron nous donne les notes les plus graves, mon oreille identifie mon doute. Cela doit venir du  mécanisme de l’instrument contrôlant mal l’emportement du pianiste.

Après les dernières notes, je recule la tête doucement pour encore ressentir une vibration venant de mon holophone dans la poche de mon pantalon. Agacée par ce dérangement, j’entreprends le plan d’aller chercher cette foutue machine. Je sursaute légèrement lorsque je m’aperçois à quelques centimètres de ma position, les plumes bleus d’un Kriem tenant un balai. Gardant son outil de rangement d’une main, son autre main tient son chapeau vers son cœur. Vu ma concentration musicale, il attend dans cette position depuis une ou deux minutes à mon avis.

Je tourne ma tête entièrement vers le Kriem, incrédule de sa présence et surtout de cette patience historique d’une réaction de ma part. D’une voix solennelle, le responsable de l’entretien ménager de l’amphithéâtre me dépose ces mots : « Je suis vraiment désolé pour votre père, Madame Thibault. » Dit-il, baissant son bec et ses yeux en signe de condoléance. Surprise, je recule de la tête, gardant un moment pour moi afin de réfléchir. Est-ce que cette vieille merde infâme est enfin morte? De ma neutralité habituelle, je n’émets pas de sourire ou un soulagement visible. Léon Thibault représente tout ce que Constantinox a décidé d’être dans son imaginaire collectif : Orgueilleux, moralisateur et narcissique. Malheureusement pour de nombreux polémistes en recherche de controverse, ces habituels défauts deviennent synonymes de qualités. Le remerciant maladroitement de la tête, je fouille dans mes poches pour enfin sortir mon holophone.

Une centaine de messages non-lue est apparue dans mes notifications. Tous m’annoncent leur grande désolation autour cette tragique nouvelle, ayant frappée l’actualité de Constantinox dans les dernières minutes. Les communications officielles de mon père ont lancé le drame dans ce flot d’actualité : Mon paternel, Léon Thibault, est atteint d’un lourd cancer, ne lui laissant que quelques semaines à vivre. Dans une lettre adressée aux médias, il doit le savoir depuis plusieurs jours, mais il a toujours gardé le même estime pour ses enfants biologiques. Donc… rien. Il n’a jamais eu un réel sentiment réel pour nous, et aux derniers instants avant sa mort, on apprend le tout par un Kriem amical et peut-être par les médias pour Marissa ou pour Jasper.

Si pendant un petit moment, j’ai pensé être débarrassé de cette ordure rapidement par la prestation dramatique du plumé bleu. Le grand homme-Oméga et modèle de vie pour tous citoyens de Constantinox nous prends encore une fois en otage. La logique est bien plus miséreuse dans la vie des enfants de Léon. L’ouragan médiatique est d’une arme inimaginable pour nous coincer dans les traditions les plus ridicules qu’elle soit.

Dans cette option très malheureuse, après les politesses du Kriem et les innombrables milieux publics qui ont repris cette annonce historique, je me suis trouvée dans ce tournant. Deux jours plus tard, je subis encore les foudres de la mainmise du paternel Thibault autour de Constantinox. L’éventuelle mort de mon père a tué la totalité de mon image médiatique en quelques minutes. Dans une conférence de presse, encouragée par mon agent, on m’a décrite comme l’une des femmes les plus détestables de tout le système solaire. Arrivant devant les journalistes et les curieux, ils m’ont tous apporté un soutien infini devant cet évènement tragique. Et comme à chaque fois, j’ai baissé la tête tout en les remerciant à chacun de leurs commentaires.

C’est à la conférence de presse que tout le bordel est venu. Un chroniqueur populaire de Radio de Constantinox a décidé de se lancer massivement dans ma prestation médiatique, dite insuffisante pour lui. Il m’attaque ainsi sur mon apparence et sur mes réponses indélicates, me décrivant comme une adolescente rebelle sans respect pour tout le travail historique de mon père. Je me souviens exactement de ces mots, parce qu’avant me coucher, je l’ai repassée en boucle pour me rappeler pourquoi j’ai une haine aussi profonde envers cette planète. « Moi, je me pose juste la question, Éric. Comment on fait pour différencier l’un des plus grands héros de toutes les galaxies connues, ayant sauvées des millions de vie, en remontant les manches lunaires de Lanar afin de détruire une station terroriste en face de cette cruche, vide de vie, qu’on a vue durant la conférence de presse? » Aux rires de son co-animateur, les deux s’amusent à balbutier des insultes maladroites envers mon égard avant de continuer.

« Elle arrive avec un café, un pantalon troué, un chandail trop long et un manteau noir acheté aux Yelders. Totalement déconnectée de la réalité et de la bravoure de son père, vous avez entendu sa réponse idiote lorsqu’on lui pose la question : Comment faites-vous pour soutenir toute la pression de voir un tel héros disparaître des forces Constantinox? Et… » Ils recommencent à rire vilainement devant ma réponse, qui me semble ordinaire à répondre aux acheteurs ou aux curieux de ma musique, lorsqu’ils me viennent me parler des réalisations fantastiques de mon père.

« Et cette poufiasse fatiguée et lunatique, elle ose répondre : Vous savez… je ne le connais pas vraiment mon père. Vous êtes mieux d’aller lui demander quand il va sortir de son mutisme. » Actant l’exagération mélodramatiquement pour cogner lourdement sur son bureau, l’animateur hypocrite continue son attaque. « Sombre petite merde… » Il prends une pause avant de continuer en ricanant « Désolé d’être autant vulgaire, mais parfois, il existe des limites à ne pas dépasser! » Et cette limite, il va la construire comme une rapace démagogue et haineuse qu’il est. « Comment tu peux être sa gamine et ne pas connaître les exploits de ton père, le plus grand héros de cette planète et même de l’univers? Quelle débile! »

Fier encore de son coup ancestral de dénigrement contre ma personne, il continue à simplifier au maximum toute ma vie, alors que je peux parier facilement qu’il ne se souvenait même pas de mon nom avant mon apparition à cette conférence de presse. « J’encourage aux gens qui ont acheté les putains de billets pour son stupide spectacle, d’appeler immédiatement le Colisée de la Haute-Ville et de demander un remboursement immédiat. » À ce nouvel ordre des chroniqueurs-poubelles, ils ont leur armée débile pour détruire mené à la destruction des réputations. 

En une après-midi, j’ai perdu 50% de mes ventes de mes musiques et 30% de spectateurs pour les premières dates de mes concerts. À l’appel de boycott et même de manifestation contre mes concerts, j’ai été obligée de concéder l’une des choses une promesse faite en quittant le manoir toxique, navrante et merdique de mon père.

Fatiguée et exaspérée, j’ai concédé peut-être à faire l’une des pires bêtises de ma vie. Encore prise dans la pression populaire, j’ai suivi les indications de mon agent. Ironique, quand celui-ci m’a précédemment encouragé de faire cette conférence de presse qui a tourné au cauchemar. Une journée après avoir reçue la masse de critique, j’ai envoyé un message à ma sœur durant la matinée pour ensuite rendre visite à une banlieue souvent ignorée et marginalisée de la Basse-Ville durant l’après-midi.

Épuisée depuis l’annonce de l’éventuelle mort de mon père, revenant à mon appartement, je sais que convaincre Marissa risque d’être plus difficile que Jasper. La personnalité de mon frère ainé est bien plus similaire à la mienne que celle de Marissa. La benjamine de la famille a toujours démontré une personnalité très réservée et coite. Elle a longtemps été d’une gentillesse et d’une innocence trop facile à casser pour Léon. Elle n’a jamais comprise comment négocier avec notre père, toujours dans l’obsession de lui plaire à place de rétorquer avec de la violence.

De mon retour chez moi, je deviens invisible au grand public depuis la tragédie. Deux journées ont passé : Une pour cette conférence de presse et l’autre pour reconstruire un minimum d’image que je pouvais avoir. Discrète et même méconnue depuis que mon enfance a disparu pour faire paraître mon adolescence, il est facile aux gens de se rappeler des disciplines actuelles des enfants Thibault. Portée par le souffle d’une population, se revendiquant le plus démocrate qu’il soit, j’ai confirmé ma présence pour soutenir – anéantir – mon père au maximum de mes capacités dans ce manoir que je me suis exclue dès mon départ de celui-ci. Avant de confirmer le tout, je sais que cette annonce va aussi frapper Marissa et Jasper, qui vont être encouragés respectivement de vivre le fantasme de la population. Ils vont être dans l’obligation de me suivre dans ce cirque médiatique.      

En avertissant en personne pour Jasper, j’ai reçu le retour de Marissa durant ce temps. Son message sur ma boite vocale est d’une agressivité. Sa carrière de militaire l’oblige souvent de se déplacer dans le Spatioport ou dans les garnisons au sol. Donc, il est impossible de la retrouver pour l’annoncer directement en personne ou juste de l’avoir en directe. Cette discussion avec Marissa risque d’être corsée et c’est pour cette raison que je privilège surtout de la rappeler à mon appartement. Dans ce logement que j’habite depuis ma rentrée à l’Université, je prends un temps de décompresser de la rencontre avec mon frère avant de faire le numéro de la benjamine des Thibault.

Cette soirée ne s’annonce pas très productive pour ma santé mentale. Assisse à la table de cuisine où tous mes locaux sont d’une certaine noirceur par la négligence de changer les ampoules, la tonalité résonne une ou deux fois avant d’entendre le petit bruit confirmant l’accusation de réception. Nous deux restant silencieuses, notre relation s’est construite par des murs par deux carrières contradictoires. J’apprécie grandement Mary, mais on a toujours été séparée au niveau de nos perceptions, de nos idées ou même de nos personnalités. Réticente au début de communiquer avec moi, je décide donc de signaler ma présence par un léger : « Salut, Mary. » Une boule dans sa gorge, crachant une forme d’animosité contre ma personne, se fait ressentir par un maigre « Salut, Cally. » Puis, on retombe dans un silence, se voulant intransigeant et accusateur à la fois de la part de Mary.

« Je suis vraiment désolée, Mary. » Ma première excuse officielle est venue, tentant de désamorcer cette tension. Dans cette demande de pardon, je ressens bien que Mary est secrète dans son acrimonie, d’une aigreur stridente à tous les récents évènements. « Alors, ton but… c’est juste de refaire ton image, hein? Tu as besoin de vendre tes billets et ta musique, hein? » Crue et légèrement violente, je reste insensible. Elle crache son venin avec ces deux questions. Et peut-être qu’elle n’est pas sur une fausse route.

Vivre par ma passion est un idéal que je veux préserver, et par la seule mort de notre père ; je me condamne par mon nom de famille. Privilégiée pour être la fille de Léon, mais à la fois désavouée pour ne l’être pas assez, je lui donne cette réponse rationnelle : « C’est mes seuls revenus, Mary. Je suis désolée pour tout ça, mais tu veux que je vive comment si je me retrouve boycottée partout? » Franche, je perçois un changement dans la voix de Mary, traduit par un gémissement, se sentent peut-être coupable de m’avoir attaquée de cette façon. Est-ce que je l’ai touchée par cette sensibilité qui est un synonyme à sa propre personnalité?

« Je ne… » Plongée dans un léger sanglot, elle se bloque une petite seconde avant de se reprendre. « Je ne voulais pas te blesser, Cally. Je suis sincèrement désolée pour cet emportement, mais tu sais très bien ce que j’ai vécu avec Léon. » Reformule-t-elle avant de le concrétiser par sa voix fragilisée à la fin. À cette impression, je peux comprendre son sentiment. Jasper et moi, nous sommes partis très tôt du noyau familial, ressentant cette haine viscérale que notre père a toujours eu pour nous. Mais, Mary a essayé plusieurs fois de le rendre heureux et même fier. Adolescente à l’époque, elle s’est faite la promesse d’humaniser Léon. Mécanique, froid et insultant, il n’a jamais été le père illustré sur les images de propagande de Constantinox. Il a longtemps été uniquement un être exécrable et s’illustrant par sa gratuité de ses propos. 

Mary a essayé plusieurs fois de lui plaire, car la benjamine a toujours eu voulu plaire à quelqu’un dans sa vie. Cependant, Léon a toujours été la mauvaise personne à convaincre. Depuis sa tendre enfance, son estime de soi a toujours été médiocre. Elle s’est toujours sentie coupable de tout ce qu’il se passe. Ses interprétations sont toujours vers la déplorable opinion d’elle-même. Sa confiance et son assurance d’elle-même sont donc tués dans l’œuf. Notre mère est morte durant sa naissance et durant une éternité, elle s’est construite de nombreux scénarios qu’elle est la cause de sa mort de celle-ci.

Croyant que notre père l’en voulait pour cette raison, à l’un des nombreux anniversaires de ce vieil homme antipathique, elle a essayé de construire un photomontage avec nous trois dans les bras de notre défunte mère. Le seul commentaire de notre père a été : « Je ne me souviens même du nom de cette abrutie. » Il a ensuite pris le cadre et l’a jeté dans la poubelle la plus proche. La vitrine du cadre s’est cassée dans les détritus comme le cœur de Marissa, toujours dans cette recherche d’exister par la fierté du père.

Elle m’a déjà envoyé un message par erreur dans le passé. Supposant parler à son ami, elle a écrit ses mots « Cally et Jasper sont partis. Ils ne sont pas uniquement partis du manoir depuis… les deux ont coupé toute communication avec moi. Indirectement ou directement, Ils ont décidé de m’abandonner ici pour que je subisse seule les invectives de Léon.» Trébuchant ses doigts sur le C majuscule dans ses contacts, le message est arrivé par accident avant d’envoyer des missives d’excuses à la suite. Alors que oui, elle avait raison. Par lâcheté ou par seule raison de me détacher de ce milieu oppressif, je suis partie. Le but de Mary a longtemps été de faire des études en ingénierie aérospatiale, mais à notre départ, elle s’est tournée vers une carrière militaire pour nous suivre dans ce départ. Rapide et nette, elle a ainsi quitté le nid familial de cette façon.

Et malgré tout ce qu’elle a vécu, elle a essayé encore de plaire à Léon avec cette carrière. Devenant l’une des plus jeunes capitaines du système solaire, elle doute bien que les mauvaises langues puissent pensés qu’elle a eu ces promotions grâce à son nom. Et malheureusement encore une fois pour elle, c’est un peu vrai. À tout ce parcours, où elle a subi largement l’indifférence de notre père, elle n’a jamais été capable de se sortir de sa propre carapace. Souriante et souvent très expressive avec ses amis, son mental est encore déchiré par ce dilemme.

Repensant à tout ce parcours, je m’interdis quelques mots pendant un instant. Mary doit faire une introspection similaire de son coté. Je reprends doucement après : « Je le sais, Mary. Tu as vécu les plus longues années dans ce manoir et je peux comprendre tes craintes autour. Je ne le souhaite même pas à mon pire ennemi. Mais, crois-moi, c’est important que tu sois présente à cette épreuve. Jasper va être là aussi. On va pouvoir l’affronter ensemble une dernière fois au lieu de vivre encore dans son indifférence et dans son ombre. On va lui faire payer ce qu’il nous a fait subir. On le sait maintenant : Il a juste eu des enfants pour se conformer au modèle-social. Mais ensemble, même si on n’arrive pas de se défaire de son nom, on va pouvoir lui faire comprendre personnellement qu’il n’a jamais été notre père. »

Cette obligation lui fait un peu mal. Au moins, ses repères vont peut-être se retrouver avec nous. C’est d’une certitude qu’Halek et que Samyrise, nos jumeaux adoptifs, vont nous rejoindre plus tard. D’une certaine jalousie au début, nos liens sont très forts envers ceux-ci. Toujours privilégiés et vantés par notre père, ils profitent amplement de leurs curiosités pour découvrir des mondes à part, loin de Constantinox. Eux sont toujours favorisés à l’image sobroique de notre père, perpétuellement dans l’imaginaire épique et héroïque. Léon s’est toujours pris d’une certaine manière à un Héros Gallycien, dépassant tout ce que les Conciles ou la Ligue de Protection de Belgrum puissent entreprendre. Encouragée par mes paroles, Mary décide de me poser une question.

« Comment as-tu convaincu Jasper de venir? » Excellente question, car elle sait très bien sa réputation maintenant. Notre frère ainé est tombé dans une montagne-oumarus émotionnelle depuis les années. Entre ces excès et ces vices, la chute a été brutale. Durant les premières années, on lui a payé plusieurs centres de détoxication, mais sans une grande réussite. Sa toxicomanie revient en tout temps, dans un cycle sans fin. Son record de sobriété est de deux ans avant que ses vices reviennent. En rentrant en contact avec celui-ci, ses sentiments se résument par la sensation d’être dans un vide. Par ma discussion avec mon frère dans le quartier appauvri de Constantinox, je préfère surtout user d’un mensonge pour éviter de noircir encore plus l’image de Jasper devant Marissa.

« Il vient parce qu’il sait que tu vas venir. » Même à travers le vocal, je peux ressentir son bonheur et son sourire à cette remarque. Cette duperie se veut surtout dans son bien, parce que Jasper ne va jamais ignorer cette intention même mensongère, malgré qu’il m’ait avoué un sentiment difficile lors de notre rencontre. D’une voix terne et morose à notre rencontre plus tôt, il m’a avoué n’avoir jamais aimé quelqu’un dans sa vie, même pas nous deux, ces sœurs. Ce sentiment aussi abject, soit-il, peut être parfois partagé par ma propre personne. Cette obscurité, qui m’accompagne, me rends souvent très antisociale et distincte envers mes proches.

Touchée par cette remarque, Marissa accepte enfin de nous rejoindre. Je suis soulagée par cette acceptation, parce malgré mon mensonge inoffensif et les raisons financières de cette venue, je suis motivée par une autre envie. Cette raison est pour moi, mais je la crois primordiale pour Jasper aussi. Malgré tous les contrastes et la noirceur de ce manoir, on a besoin de se retrouver et surtout de se ressourcer. Cette pression sociale et cette longue relation de froideur avec notre père ne sont que des défauts à déconstruire. Le plus important est surtout de pouvoir renouer avec un coté plus humain par ce renforcement qui peut se concrétiser. Marissa n’a pas besoin de cette aide, car elle l’est déjà assez par son innocence et son gentillesse. Cependant, je crois vraiment qu’elle peut aider Jasper et ma propre personne à se réconcilier avec ces concepts.

Junto-498, l’Intelligence Artificielle, majordome du manoir et serviteur de notre père, est aussi une autre raison du pourquoi que cette positivité peut revenir. Malgré le coté robotique de notre ancien compagnon, il a toujours été notre père de substitution. Pour rendre notre enfance et notre adolescence moins pénibles, ce gentil robot nous a permit de se confier, de pleurer ou encore de faire des activités avec nous. Avec lui, on s’est toujours senti bien. On n’était pas uniquement des concepts abstraits pour que Léon respecte les directives non-dits de la conformité de Constantinox. Et je ne vais pas le cacher, si on peut renforcer notre lien en enterrant moralement notre père ; on va amplement lui rendre l’appareil. À cette éducation toxique et pernicieuse donnée, ses derniers moments vont se définir par cette amertume maintenant partagée et diffusée lors de cette éventuelle visite au manoir.  

Malgré ce désir et même cette ambition, je me suis ravisée. Habituée à me mettre en doute, que cela soit dans la réécriture de mes partitions ou que cela soit encore même dans mon propre jugement, les quatorze derniers jours ont été décisifs. Ayant convaincus Marissa et Jasper de se rendre sur place, les premières heures de notre rentrée dans ce manoir, se sont plutôt tournés vers la nostalgie. Rentrant dans ce manoir mythique, c’est Junto qui nous a d’abord accueillis. D’une propreté exceptionnelle, malgré la nature mécanique de Junto, on ressentait une petite joie de nous revoir de nouveau ensemble.  Nous redonnant nos chambres respectives, le majordome a laissé tous nos affaires, nos jouets et même des ancêtres technologiques à la même place que nos départs.

J’ai même retrouvé le petit Captain Oumarus sur mon oreiller, que Junto plaçait à chaque fin de nettoyage de ma chambre. Malheureusement pour l’occupant du manoir, depuis bien avant l’arrivé de notre père, tout dans son squelette robotique montre une rouillure avancé, un manque de mise à jour et surtout une indifférence systématique de notre père envers celui qui a occupé tous les postes importants dans ce manoir.

Après la nostalgie, nous sommes rentrés dans l’agenda de la toxicité et du retour de cette haine. En rencontrant notre père, où la totalité de ses cheveux blonds a disparu pour laisser uniquement des maigres cheveux blancs, il a tenté vilement de repartir dans le même mépris. Affaibli par son cancer, ses attaques ont été bien moins nocives que sa jeunesse a pu permettre. Amaigri et boitant avec sa canne, ses regards souvent moqueurs envers ces trois enfants biologiques sont devenus pathétiques, et même inefficaces.

Durant cette première semaine, on a usé de son savoir destructeur pour le retourner contre lui. Jasper, Marissa et moi-même, nous avons décidé de pratiquer ces attaques personnelles, tout en ignorant son état. Même malade, notre but a été de le démolir. Oui, Mary avait quelques craintes personnelles autour de ces traits. Son image est importante pour elle, et attaquer gratuitement notre père, lui fait peur. Elle a craint ainsi que cette vengeance soit affichée dans les médias par Léon. Cependant, malgré toute cette haine, il a toujours préféré ce faux-semblant d’être le père-modèle de la société de Constantinox. S’il ne dévoile qu’une parcelle de cette vengeance contre lui, on risque de faire pareil. Notre père est d’un tel orgueil autour de la préservation de son image qu’il ne va jamais tenter le diable.

Devant cette guerre d’usure, je me suis trompée. Si dans la première semaine, on s’est renforcé en joutant contre notre père. On s’est tous unis pour se venger de toute cette éducation basée uniquement sur le modèle social d’une grande famille heureuse, tout en camouflant sa toxicité. En ajustant communément cette haine contre lui, la base de notre pacte s’est juste basée sur cette haine. Junto s’est rendu compte cet accord pernicieux qui nous engage à cette brutalité contre notre père.

Il a décidé de nous toucher quelques mots, étant peut-être l’être le plus philanthrope de ce foutu manoir depuis le début. De plus, il a raison. Après la mort de Léon, on ne risque pas de s’en sortir très rallié. Donc par un compromis familial, on a décidé d’être plus gentil envers notre père… et surtout dans le but de faire surtout plaisir à Junto. Devant cet arrangement difficile, on a tous faits de nombreux efforts particuliers. Traverser cette mer conflictuelle a été longuement l’un de nos plus gros défis.

Donc chacun notre tour ; on a fait un effort particulier. Marissa lui a surtout parlé en privé du pilotage des chasseurs et de ses dernières opérations militaires. Selon la benjamine de la famille, en se posant avec ses médailles, notre père lui a même demandé comment elle a monté de grade à chaque fois. Sceptique au début, toutes les explications rationnelles l’ont peut-être rappelé ces souvenirs lorsqu’il était reconnu comme étant l’un des plus grands guerriers de la région.

Quant à Jasper, tout le sujet est resté dans le privé. Il a refusé de nous en parler, mais je pense avoir deviné la fameuse discussion. Car, son sentiment de mal-être est visible, enfin surtout pour les êtres habitués de vivre avec ou d’en être témoins dans le passé. Ayant aussi souffert de cet isolement et de cette marginalité à cette époque, le défi d’en parler est bien plus difficile que le vivre. À cette discussion intime, il s’est clôt pour nous deux, préférant peut-être vivre des moments plus heureux avec ses sœurs que discuter de l’obscurité.  

Quant à moi? Quel compromis que j’ai pu bien faire? Dans ma communication orale souvent laborieuse, j’ai utilisé un langage qui m’est plus facile à être loquace. Akordion sur mon épaule, fermant les yeux au début pour me bercer dans cette mélodie, je lui ai joué la Cérémonie de Fita. Bien amené vers cette intensité, mes yeux se sont ouverts sur un sourire de mon père que j’ai cru sincère durant un moment. Je me suis même demandé s’il a pu traverser le dégout qui se compose pour lui envers son propre sang pour se laisser aller. Il a peut-être vu plus que la fille froide et antisociale. Une théorie plus probable et rigolote me fait plus croire qu’un être a pris le contrôle du corps de notre père. Sans jugement hâtif, il m’a laissé terminer mon morceau. Basculant sa tête pour appuyer les dernières notes, je l’ai ensuite laissé à lui-même.

À cette situation saugrenue pour lui et peut-être au plus proche de sa future fatalité, je ne me suis pas posée de question sur sa sincérité. Il se lance peut-être dans un effort pour rendre son visage plus confortable. Jamais je ne reculerai sur ma position : Léon peut nous demander pardon, nous léguer la totalité de son manoir ou encore nous présenter son vrai visage ; toutes ces éventualités et improbables évènements venus seront refusées par la même animosité du début. J’ai vécu bien trop longtemps dans son ombre et dans son désamour pour lui montrer une forme de pacification à cette relation.

Je le fais principalement pour tenir ma promesse à Junto et pour espérer rétablir des meilleures relations avec mes deux parents les plus proches. Et dans les premiers rebords, c’est une réussite. Léon, par une sincérité, décide de nous livrer enfin des informations en avant-première. Avouant trouver cette tumeur bien douloureuse, il veut en finir au plus vite. Dans ce souhait, Léon a demandé deux évènements précis pour en finir avec sa misérable existence. Dans un premier temps, une réunion avec le grand public, faisant un petit stage sur les plaines, avoisinant la rue à proximité du manoir. Dans cette rencontre historique, Léon demande de faire un dernier adieu au peuple, incluant à toutes les sommités de Constantinox comme les politiciens, les entrepreneurs, les auteurs et les artistes.

Puis, dans l’agenda de son trépas, une semaine plus tard, il va mourir par l’arrêt du traitement médical. Dans cette indication, il nous a confirmé d’être sur respiratoire artificiel depuis quelques semaines. Je me pose quelques questions à cette annonce. Il a attendu quoi en réalité? Pourquoi il n’a pas demandé une mort plus rapide vu la souffrance qu’il porte? Ensuite par cette malheureuse ou heureuse mortalité selon les perceptions, on va devoir attendre encore une autre semaine pour les funérailles officielles. Dans cette future crémation dans le jardin, le but est surtout de réunir des personnalités proches de ses aventures des derniers siècles.

Dans cette requête, ce calvaire se termine logiquement dans trois semaines. Et en bonne foi, je fais effort pour arriver à terme de ce contrat moral. Puis après nous l’avoir annoncer, tout est devenu bien plus rapide. Déjà, les médias de Constantinox en font une tonne par des archives ou des mises en scène. Cette annonce a projeté largement encore plus cette propagande. Dessinant ainsi même son jeune visage sur une tour, à la nuit de cette publication pour les médias, avec les projecteurs des immeubles voisins. Faisant le tour de plusieurs planètes, je ne doute pas une seconde que Samyrise et qu’Halek, notre sœur et notre frère adoptifs, risquent de se pointer bien plus vite après coup.

Bien au courant des tensions avec notre père, ils ne sont pas dupes de cette image. Favorisée grandement par notre père, notre contact avec ceux-ci ont été assez différents. De leurs natures elfes, ils étaient déjà assez vieux lorsqu’on était gamin. Et au lieu de les voir d’abord comme un frère et une sœur, on les a vus comme un oncle et une tante. Explorateurs, héros et surtout des grands philanthropes, pour les journalistes, ils représentent pour les polémistes – et certainement pour notre père – les enfants spirituels du nom Thibault, même s’ils ont refusé de prendre son nom de famille.

Pour se poursuivre dans cette idée, Junto m’a demandé d’aller chercher ma robe noire du concert à la Parabole Artistique sur Jemendra, le 12 Avril 779. Il m’a même montré une photo-holographique pour préciser cette exactitude. À cette précision, il m’a répondu que j’ai toujours été la musicienne la plus douée, non uniquement à Constantinox, mais aussi à Jemendra. Ce commentaire m’a sincèrement touché. Sa gentillesse est d’une rareté dans ce manoir souvent cauchemardesque. Parfois, je me demande comment sa programmation s’est rendue à ce niveau de bonté. Encore pour lui faire plaisir, j’accepte de faire le voyage. Dans mon garde-robe dans mon appartement, mon premier trajet s’est voulu dans la discrétion car une large foule a commencé à s’entasser devant le stage fabriqué par les parlementaires et par le gouverneur.

Après le dénigrement que j’ai subi durant la conférence de presse, mon but est surtout d’ignorer cette population idéalisant Léon afin d’éviter le bain de foule. Généreuse de cette liberté et de ma fuite de la population par un petit détour, je réussis à dépasser les plaines où une grande foule est déjà réunie. Les rues à proximité sont bien plus tranquilles. Aujourd’hui, c’est le grand jour et je ne peux plus me permettre de remettre au lendemain cette recherche. Mary a eu l’idée d’aller chercher ses habits de cérémonie très tôt, montrant sa prudence et sa prévention. Cloisonnée dans le manoir depuis l’annonce, je profite de mon temps de libre pour respirer de nouveau. L’air frais par la petite plaine voisine, surtout avant de passer aux coins habités, me permet au moins de profiter du peu nature de Constantinox. À la civilisation, j’accélère le pas pour arriver rapidement à mon logement. Rentrant rapidement dans mon appartement, je retrouve rapidement cette robe noire dans ma penderie pour le mettre dans un petit sac.

Frisquet lors de ma sortie de mon appartement, quelques petits flocons de neige commencent à décorer la fin septembre. L’hiver arrive toujours vite sur Constantinox, et surtout dans sa capitale-nationale. Je rentre donc à nouveau dans mon appartement pour aller chercher un manteau, m’apportant une petite chaleur supplémentaire. Passant un coup devant un miroir, je dois vraiment me refaire une beauté, dissimuler les cernes et faire que mes cheveux soient un peu plus droits pour cette soirée. D’une petite vibration dans mes poches de mon Holophone, Marissa m’a envoyé un message pour dire qu’elle a une petite surprise pour moi à mon retour au manoir.

Retournant vers le manoir, les flocons sont surtout inoffensifs et légers, tombant dans une inclinaison somnolée par le vent. La neige réussit juste à donner une apparence humide aux trottoirs et à la rue. Regard baissé, mon pas est plus lent que ma fuite, me retrouvant au bord du centre-ville. Avant de me retrouver dans les petites banlieues tranquilles se voulant surtout plus modestes, je tourne mon regard vers la maçonnerie qui se concrétise maintenant dans les nouvelles rénovations. À tous ses immeubles se ressemblant, les différentes administrations de Constantinox ont cherché toujours des nouveautés par le blanc maintenant omniprésent, voulant peut-être représentant une candeur et une illumination presque religieuse.

À cette logique, elle me dégoute foncièrement, surtout prononcée à éliminer cette nuance et s’embrigader dans un désir symbolique de ce blanc sobroique et à contrer la noirceur. À cet accoutrement abstrait, ils oublient parfois que cette métamorphose blanche risque avec le temps de se grisonner. Dans ces manques de nuance, le temps revient toujours nous rappeler son importance.

Rentrant dans les quartiers où des restaurants et des cafés sont ouverts pour les maisons un peu plus fortunées des banlieues. Je tourne doucement mon regard sur la rue Sifire, abritant toujours une partie de ma jeunesse et surtout les derniers commerces avant d’arriver à proximité des grandes plaines vertes devant le manoir. À ce moment, je vois le regroupement s’être accumuler largement devant le manoir. D’un pas pressant, je passe à travers la petite population en toute discrétion. Je vois bien deux ou trois holophones s’orientant vers moi, devinant qui je suis.

Aux premières rangées, les petits drones des journalistes me retrouvent bien plus rapidement que la foule, mais heureusement, je m’éclipse assez vite pour prendre des questions et utiliser mes fausses larmes de cracovile. Je passe les clôtures en face du manoir et aux cotés du stage. Quelques gardes de sécurité sont devant le portail d’ouverture où de nombreuses clôtures métalliques sont places en parallèle pour atteindre l’arrière-scène du stage et créer un petit couloir improvisé. Deux agents se dirigent doucement vers moi, croyant trouvée une intruse voulant se retrouver au plus proche de la scène ou encore par accident. En découvrant les traits familiers de mon visage, leurs expressions changent pour que l’un d’eux entrouvre légèrement la clôture métallique afin de me rendre enfin aux grilles.

D’un petit remerciement de la tête, je continue mon chemin pour voir que le portail est déjà ouvert. Préparant peut-être les festivités, je regarde une petite seconde dans mon sac en espérant ne pas m’être trompée de robe. Dans ce moment de confusion, où parfois mon coté lunatique me permet de faire les pires gaffes qu’il soit. Marchant vers le petit chemin du manoir, je suis surprise d’un coup. Agressée physiquement, des bras entourent mon corps pour me piéger dans la tendresse et surtout dans une expressivité qui font un retour en force au manoir Thibault. Souvent de passage, ce contact physique est souvent élaboré par Samyrise. Peu loquace aux contacts physiques, ma sœur adoptive a toujours été la plus convaincante autour de ce confort par la chaleur de ses intentions.

D’une tête plus petite que moi, ma stupéfaction se calme en comprenant pratiquement à la seconde d’où vient cette agression. Samyrise a toujours eu la réputation d’avoir les qualités d’une certaine robustesse. À cette manière, durant les fêtes de Saint-Alcitor, Marissa est tombée sous les coups de cette affection durant sa jeunesse. À cette raison bien précise, je crois que cette tendresse de Samyrise a beaucoup défini ce que Marissa est devenue. Parce que oui au début, Halek et Samyrise ont été pratiquement un modèle parental pour nous trois, surtout devant l’indifférence de Léon. Après un moment, dans une rengaine particulière de notre supposé père, il nous a forcé moralement de les voir comme un frère et une sœur pour éviter de les suivre.

Malgré Samyrise collée sur le bas de mon épaule, j’aperçois Halek, tout sourire, se diriger vers nous deux. Devant ce signe d’affection, j’enserre réciproquement mes bras autour de Samyrise. Jumeaux selon les tests médicaux, les deux elfes ne se ressemblent aucunement. Samyrise, plus petite qu’Halek, peut-être considérée comme trapue. Un peu plus musculaire que son frère, elle est malgré généreuse dans les critères de beautés humaines, sans rentrer dans une abondance, comme on peut souvent voir dans les médias de Constantinox.

Se détachant doucement de ma personne, son visage juvénile et rond fait toujours partie de son second charme. D’un enthousiasme et surtout d’un optimisme inconcevable pour moi, elle se montre séduisante par son optimisme. D’un costume une pièce, vert foncé, Samyrise peut certainement être dans le gout de plusieurs gentes masculines, mais son indépendance s’ajoute aussi à son charme et à sa intouchabilité. De ses yeux bleus, ses deux mains me frottent délicatement les bras par gentillesse avant de plonger sa main dans le sac. Sa curiosité peut être un défaut et une qualité à la fois, mais cette fois-ci, je la laisse faire, même en lui donnant le sac en question.

Halek, plus timide et taciturne que sa sœur jumelle, arrive maintenant à proximité pour me sortir ces premiers mots. « On est tellement heureux de te revoir, Cally. » Commence-t-il avec le sourire, pendant que Samy regarde avec douceur ma fameuse robe, fraichement sortie. D’un demi-sourire, je décide de lui répondre : « Moi aussi. Alors, finalement, c’était vous la fameuse surprise de Mary? » Ma voix calme fait sourire aussi les deux elfes. « Oui, j’espère que tes attentes n’étaient pas trop élevées… »

Répondit Halek avec une once d’humour. L’une des seules choses qui peut nous rappeler le titre de jumeau, reste surtout dans leurs chevelures, se définissant par un brun, pouvant parfois aller dans le châtain. Halek est plutôt maigre, plus mobile et surtout représentant nullement l’image d’un elfe légendaire d’Origorn. Il peut même être très discret en se cachant les oreilles, pour rentrer dans le modèle parfait d’un humain imparfait. Complètement intégré à la culture majoritairement humaine de Constantinox, c’est plutôt les médias qui déguisent souvent leurs images.

Dans les grandes images de synthèse de leurs représentations des médias ou de la propagande Thibault, Halek, torse nu, devient baraqué comme un héros légendaire où ses pectoraux sont mis en avant dans une représentation aussi exagérée que ridicule. Alors que pour Samy, elle est transformée dans la vulgarité des fantasmes limite érotiques, la rendant cette fois-ci plus mince, mais où ses seins et ses fesses sont omniprésents avant pour devenir complètement difforme à la réalité et totalement absurde lorsqu’on la rencontre réellement. Devant cette risible représentation, Halek et Samy font rarement des voyages sur cette planète, par leurs envies d’explorations bien connues. Par leurs absences, Léon et les médias utilisent largement leurs images pour construire le mythe des Thibault.

Fuyant ainsi cette facette propagandiste, les jumeaux préfèrent découvrir l’univers que se plaindre des misérabilistes habitudes de Constantinox. Halek, de ses yeux bleus, s’est légèrement coupé les cheveux pour la future cérémonie. Contrairement à Samy, il porte un costume plus dans les traditions, avec une chemise blanche, mais accompagné d’un pantalon et d’un veston noirs. Dépassant sa sœur biologique de deux têtes, il tend les bras et sourit lorsque que je reprends la discussion. « Ne vous en faites pas, je n’ai jamais eu des attentes très élevées en général. » Encore dans le sarcasme, Samy et Halek ne vont jamais le prendre personnels, connaissant bien mon humour. Au petit ricanement de la petite elfe, je décide de replonger la discussion vers eux.

« Alors, vous étiez où avant de nous rejoindre? Toujours sur une planète-plage? » Questionne-je avec douceur et encore dans la raillerie. Samy a toujours eu horreur de ces mondes vacanciers où leurs visiteurs s’écrasent comme des vulgaires Baleumas sans bouger d’un millimètre. De vrais randonneurs-spatiaux sur pattes, ils ont toujours préféré découvrir le monde extérieur que le modèle des vacances arrangés par des organisations touristiques. « Je préférais m’étouffer avec une Tuizza que rester sur une planète pareille. » Réplique Samy avec une certaine véhémence et détestant profondément ce type d’exploration.

Indépendante même dans ses vacances, Halek nous a souvent rappelé de comment ils ont trouvé le moyen de tromper leurs guides pour partir et découvrir les petits secrets des univers. « On a été sur Zetria, dans les régions peu habités, voisins du Feu-Rouge. C’est une frontière déconseillée aux gens parce que parfois des pirates, des corsaires et des mercenaires passent sur les routes spatiales, mais quand on arrive sur Zetria, on comprend bien l’importance de notre détermination. » Les deux elfes, malgré qu’ils ne soient pas des combattants d’élites, savent très bien se défendre. Samy, toujours en inspectant les coutures de ma robe, elle ajoute par une certaine excitation : « Parle lui du gros Oumarus! » Réplique-t-elle assez rapidement, foncièrement enthousiaste autour de cette histoire.

Puis, ils me racontent comme des conteurs pour enfants, de comment ils ont retrouvé au plus proche des chutes d’Azur de Zetria, un petit village isolé. De nombreux êtres de plusieurs espèces différentes habitent dans ce village. Maire ou chef des petites habitations, un large Oumarus d’un âge avancé est venu les voir pour leur parler. N’appréciant guère des étrangers, il a raconté comment tous les habitants de ce petit village ont souffert longuement de tous les évènements les plus controversées. De la chute des grands empires tels que le Feu Rouge, que les Églises Pollackiennes ou encore que l’Empire Akhanien, ils ont tous été victimes d’évènements tragiques, les amenant à rejeter une partie des civilisations connues.

Le vieil Oumarus leur a ensuite avoué de comment son cœur s’est détruit lors de l’explosion accidentelle de son système solaire et de sa planète d’origine, le plongeant dans un profond sentiment de solitude. Pensant même au suicide ou finir sa vie dans une éternelle hibernation, celui-ci a décidé de prendre une navette et de voyager sur plusieurs planètes, essayant de trouver un sens à tous ces évènements. Ayant perdu tous ses proches, devenant un anonyme pour toute la galaxie, il s’est retrouvé sur Zetria. Devant les chutes, pendant une pluie battante des seuls nuages visibles le suivant à sa destinée, il a retrouvé une raison à sa vie.

Abandonnés et marginalisés, les centaines d’habitants dans le village ont tous soufferts d’une façon ou d’une autre des évènements de l’univers. Ils retrouvent maintenant refuges, loin de cet univers souvent sombrement triste et obscur. Toujours des maîtres-conteurs, Halek a le projet d’écrire leurs histoires lorsqu’ils vont avoir le temps. Rêveuse de cette petite histoire sur Zetria, je leur mentionne une petite envie, la sachant éperdument impossible.

« J’espère un jour visiter un tel monde. » Devant cette crédulité, la réalité de ces régions lugubres n’est plus à refaire. Ce recoin de l’univers est peut-être moins dangereux que le fossé entre Origorn et la Confédération Jumarienne, mais elle reste dans les territoires instables selon les officiels des agences galactiques. Consciente du danger, Samy me dit que depuis quelques années, des entités étatiques, du Feu-Rouge en coordination avec la Confédération Jumarienne, cherchent à sécuriser les voyages pour encourager une forme de tourisme contrôlée et sécurisée. Tentant de m’encourager dans cet aspect, je redemande ma robe à Samy dans le but de me préparer convenablement. Avec la promesse de les rejoindre au plus vite, je reprends mon chemin vers le manoir.

M’apostrophant, Marissa vient à ma rencontre, d’un sourire éblouissant, mais aussi d’une apparence radieuse. Plus menue que Samy, Mary a toujours eu une habitude de rester dans certaine modestie autour de son propre rôle. Anxieuse et attentionnée, elle s’est rarement donnée à fond pour avoir l’une des apparences les plus soignées. Et dans cette recherche d’excellence, son sourire m’effraie, car je vois réellement un effort de sa personne pour un rare rendez-vous. De ses cheveux ondulés, maintenant ils sont lisses, faisant plus paraître la couleur châtaine de sa chevelure. Peut-être trop maquillée, ce revêtement lui donne un air de rendez-vous romantique. De son visage triangulaire, je remarque plus ce trait vu que ses cheveux ne cachent plus ses petites joues ou son front. Même son front est maintenant plus élevé à cause de ce soin de cette apparence.

Devant cette apparence si soignée, je m’étonne de ne pas la reconnaître immédiatement avec un tel changement. Son visage est tellement marqué par cette perfection, qu’elle rentre en contradiction avec son uniforme militaire vert foncé des Armées de Constantinox. Avec ses nombreuses médailles proche de sa épaule droite je ne vais pas lui faire un retour à une telle élégance. Elle est heureuse du retour de notre frère et de notre sœur adoptifs. Elle est aussi contente de pouvoir afin de montrer une forme de fierté, autant dans sa féminité que dans ses grandes actions militaires. Cependant, je crains qu’elle en ait fait beaucoup trop pour ce que Léon représente vraiment. Avant de prendre ses commentaires, je lui fais immédiatement le commentaire de sa prestance et de son assurance.

Par un simple remerciement, Marissa est plutôt heureuse du retour d’Halek et de Samyrise. D’un sourire, je frotte à mon tour son épaule pour marquer une sincérité dans tout son effort avant de me diriger vers le manoir. À travers Marissa, Halek et Samyrise, d’innombrables personnalités politiques se retrouvent sur place. Je ne vois cependant pas encore Jasper, peut-être en train de se préparer au dernier Adieu de notre père pour le grand public, surtout vu qu’on risque d’être en première ligne, derrière Léon. 

Donnant la robe noire à Junto, installé dans le salon, en train de passer un veston bleu foncé, peut-être destinée à Jasper, je remarque son fer à repassé qui remplace sa main pour parfaire au maximum le code vestimentaire de la soirée. J’averti le majordome du Manoir de ma future localisation : Celle de ma chambre pour me préparer au maximum à ce rendez-vous historique.

Bien moins perfectionniste que ma musique ou encore dans les exigences extrêmement élevées de Marissa, je me montre maladroite dans plusieurs aspects sur les paupières ou même sur les cils. J’ai abandonné après un moment après avoir ratée une vaine tentative de paupière. Je me donne juste la mission de couper les mèches, rendant ma coupe de cheveux inégale. Devant le miroir de ma salle de bain, je me positionne devant pour essayer au moins de réussir cette mission.

Prudente à cette démarche, je me regarde un peu dans cette apparence déconfite et dans ce visage de lassitude. De mes nombreuses imperfections physiques pour charmer, je me retrouve peut-être représentée dans cette pression qui me place dans un malaise récurrent. Plus maigre qu’à la moyenne, j’ai perdu quelques kilos depuis mon arrivé ici. De mes cheveux noirs et de mes yeux noirs, les cernes sont parfois les plus marquantes pour expliquer mon indélébile habitude de me coucher toujours aux heures les plus tardives, me faisant rentrer dans la perte de mes repères des journées. Junto a toujours été là pour me rappeler des dates importantes, me sauvant ainsi la mise lorsque je dois vraiment concrétisée des actions. De cette forme d’épuisement moral et physique, je repense peut-être à mon erreur, peut-être que je dois parler à Marissa de faire attention à la perversité de notre père.

Malgré tout le comportement ravisé de notre père, il n’est pas honnête. Car, il n’a jamais été honnête dans toute sa vie. Il a toujours réagi afin de gagner des opportunités et des avantages. Peut-être que même l’adoption de Samyrise et d’Halek soutiennent cette idée, se plaçant dans le visage du bienfaiteur devant deux petits elfes traumatisés et dans une large guerre culturelle dans le vide juridique entre Origorn et les principales démocraties. Possédant très peu de souvenirs par les traumatismes de ces guerres, les questions posées au jumeau ont souvent très peu apportées de réponses.

À cet effort hors-du-commun de mon père, je crains toujours à son hypocrisie maladive de nous percevoir comme les infâmes rejetons qu’on a toujours été pour lui. Mignons aux premiers rebords pour devenir ensuite des enfants curieux, des adolescents rebelles et finir comme adultes, loin des beautés Gallyciennes ou des aventures atypiques et légendaires qu’il idolâtre autant. Dans cette normalité cassante et cette remise en question, je fixe mon reflet pour savoir qui je suis. Une femme ordinairement pathétique, utilisée uniquement la musique comme porte de secours. Brisée dans cette concentration par ma défiance, j’ai même l’impression que mon double dans le miroir disparaît pour représenter bien le vide qui me conduit depuis le début de mon propre esprit critique. 

Aveuglée par cette autocritique assassine, je sursaute en entendant cognée à la porte de ma chambre. Le majordome robotique a fait assez vite. Reprenant ma robe noire, maintenant complètement repassée de Junto, je ne le fais que le remercier videment. Devant cette chambre qui me rappelle une nostalgie toxique, je ne perds plus mon temps à dénigrer de ce local. Enfilant cette robe noire, je ne fais que passer une dernière fois devant le miroir pour tout égaliser au niveau des épaules ou de défaire une pliure à cause du revêtement. Sans attendre une seconde supplémentaire, je me dirige vers la porte qui m’amène au couloir. Main sur le poignet, je m’arrête lorsqu’un bruit de canne résonne et que la voix de Léon se fait entendre de l’autre coté de ma porte. À cette rencontre indirecte et inopportune, curieuse, je tends l’oreille. Parlant visiblement à son Holophone, la discussion est visiblement corsée.

« Toujours dans cette vieille rengaine, Maxam. Je t’appelle une première fois depuis des décennies et tu me ressors cette idée abjecte de vous avoir laissé tomber. Ce n’était pas concluant et jamais… » Interrompant mon père, ce Maxam exprime une grande partie de sa frustration dans des balbutiements inaudibles lors de l’éloignement de mon père de ma chambre. Maxam résonne comme un vieil homme, dans une tranche d’âge similaire de celle de mon père. Ce nom n’est pas aussi très commun, mais vu les complexités des planètes évoluant parfois seules dans la galaxie. Dans cette petite dispute, j’attends uniquement de ne plus entendre mon père pour sortir de la chambre.

Je décide de passer par un chemin inverse de mon père, même si le détour prend un peu plus de temps pour me retrouver à l’extérieur. Évitant ce connard dans un couloir, je traverse le manoir plutôt rapidement. Enfin à l’extérieur, je regarde le jardin et la petite population s’étant accumulée. Bien plus populeux que la dernière, je tourne maintenant mon regard sur les grandes personnalités de Constantinox, dont le fameux Gouverneur Riley. Grand partisan de l’image collective se basant sur le patriotisme et sur la réputation de mon père, je préfère l’ignorer. Je n’ai jamais voté dans ma vie et mon dernier but dans cette vaste blague est bien d’éviter de jouer à ce misérable jeu.

Je souris en voyant cependant Halek, discuté maintenant avec Marissa et Jasper, récemment arrivé. De son costume bleu foncé repassé par Junto, il gagne un prestige, mais comme moi, son visage est marqué par la fatigue et les maladresses esthétiques. De ses cheveux noirs bien coupés, l’un des crins proche de ses oreilles dépasse légèrement de l’autre coté. Son veston est maladroitement installé, mais il est visiblement inconfortable dans un tel costume. Maigre, un peu plus petit que moi, la différence est surtout les nombreux tatouages qu’il cache avec ce revêtement. Sa barbe noire est coupée sottement avec une certaine improvisation, où malgré la coupe nette de sa barbe quelques zones sur son cou, quelques traces de sa barbiche reste. D’un visage plutôt droit, son rire et ses expressions illustrent une acrimonie. Je le salue de loin avec un petit mouvement de ma main avant de continuer mon chemin.

Ma démarche retrouve une assurance en me dirigeant vers le banc que Samy a décidé de prendre. Elle regarde des messages sur son Holophone. Dans cette petite avancée vers ma sœur elfe, ses yeux se tournent vers moi. Ferment le petit cercle métallique et technologique noir, toute souriante, elle bouge de quelques centimètres pour me laisser plus de places sur le siège. Sincère dans cette action, elle me laisse s’installer à ses cotés. D’un visage inexpressif, mais démontrant un certain désintérêt devant ce spectacle, je ressens une sorte de désagrément entre nous deux. Baissant les yeux, remontant après son visage vers ma personne, elle décide de se lancer dans un sujet moins difficile que cette convention funeste. 

« Alors…Tu vas bientôt faire des concerts dans le Colisée Hugo? Tu dois être tellement fière. » Dans une question prévue comme un compliment au début, elle espère me voir fière devant cet exploit, ce rêve d’universitaire qui se concrétise, mais qui est incertaine. Grâce aux braves démagogues de Constantinox, ce futur évènement est devenu hypothétique et indéterminé. « J’étais fière jusqu’à temps que mon agent repousse les dates. Il tente de convaincre les gens de racheter leurs billets. » Amère, Samyrise perds le sourire en apprenant une telle nouvelle. 

Je la regarde doucement se prendre la tête devant mes dires, comprenant une partie de ma frustration. « Je ne suis pas assez la fille de Léon pour mériter d’avoir mon nom. Les connards le disent, donc c’est forcément vrai… » Coléreuse dans le ton de ma voix, elle se pince les lèvres et elle est profondément bloquée sur mon caractère acerbe et hargneux. « Désolée. » Recommence-je assez prise dans mes excès de colères. « J’ai passé les trois dernières semaines ici et j’ai l’impression vraiment que ma tête va explosée. » Taciturne après cette réponse, elle me scrute et elle essaie de trouver les bons mots.

Posant sa main sur mon bras, sa compassion me touche. « Tu as tellement une mauvaise mine, Cally. Je sais que tu détestes Léon, mais c’est quand même ton père. » À cette réplique, mon mes yeux la fixent sévèrement, trouvant que cette bourde bien trop légère cachant le réel visage de mon père. Voyant cette petite frustration de ma part, ma réplique va vers la rudesse.

« C’est plus simple pour toi, hein? D’être sa fille quand tu n’es pratiquement jamais là. Est-ce que tu es un peu consciente de ce qu’on a vécu ici depuis les années? Enfants, Il nous a placés comme des objets pour bien paraître. Adolescents, il a juste essayé de gommer notre existence, ne voyant pas notre utilité. Et finalement, adultes, on est juste encore des outils pour satisfaire son égo et celui de Constantinox. On n’a jamais été à son niveau, on n’a jamais été les enfants qu’ils voulaient, parce qu’on n’est pas de votre calibre. Il voudrait qu’on soit comme vous, mais même quand Marissa sauve des réfugiés, il s’en balance. Même si on fait tout pour lui faire plaisir, même si on devient une réplique de vous… il ne va jamais accepter qu’on soit comme vous. »

Sentant beaucoup ma frustration, elle essaie surtout de relativiser par une phrase qui me sonne toujours dans les radotages d’un caractère idéalisé de Léon : « Jamais, je ne l’ai vu jugé les gens selon leurs parcours, leurs origines, leurs apparences ou leurs espèces. Il juge selon les… » Je sais exactement où qu’elle veut venir avec cette idée. Notre père juge selon les actions de chacun, et non à cause d’un préjugé quelconque selon ce rabâchage. Devant cette prétention, aucun de mes mouvements ne montre une colère visible, tout est dans mes yeux, représentant cette susceptibilité et cette rage. Je l’interromps ainsi brutalement, me laissant emporter uniquement par cette haine et par cette aversion que je possède envers Léon.

« La prochaine fois pour bien me faire voir par Léon ou par cette foutue planète, je vais allée me faire violenter, torturer et violer sur une planète en guerre. On dirait que cela fonctionne bien chez deux de ses enfants. Alors, pourquoi pas moi? »

Dans cette réplique assassine et punitive, je me tais. Du pire des raisonnements et surtout extrêmement calomnieuse, je viens de me rendre compte de cette attaque perfide contre Samy. Ma sœur se bloque une petite seconde, baissant le regard et souriant malgré cette diffamation. Touchant un point sensible, leurs enfances n’ont jamais été simples et l’attaquer dessus est complètement injuste. Ses oublis, sa souffrance et ses cauchemars les font parfois replongées dans un passé peut-être indéfini, mais inéluctablement abominable. Dans cette irrationalité prise en compte, je reprends cette demande de pardon par un deuxième : « Désolée… » Irréfléchie et cruelle, j’ai parfois peur de ressembler à mon père avec de telles répliques. Réfléchissant sur comment je peux expliquée ce malaise, sans retomber dans les bassesses précédentes, je recommence :

« Juste que si Léon n’a jamais jugé selon les parcours, les origines, les apparences ou les espèces, pourquoi on a été toujours aussi renié par Léon? Même avant qu’on arrive dans nos premières garderies, il nous a toujours détestés. Et tu en étais largement témoin de cette véhémence. Je crois vraiment qu’il nous n’a jamais pardonné de l’affront toujours vu comme un vieillard incapable aux cheveux gris, aux rides prononcées et n’ayant jamais été témoin de ses grandes aventures. » Cette théorie peut se tenir de mon avis, parce que dans tout le manoir, tout est fait pour rappeler ces années, où il a combattu pour l’orphelin et pour le bien commun. Dans ces images fantasmés et refaits par des traits de crayons pour embellir, on n’a jamais senti cette réalité.

Samyrise, toujours aussi calme, ne me regarde qu’une petite seconde, émettant un petit sourire compréhensif et surtout rempli de bonté. Sans aucune rancune, elle nuance ses propos précédents : « Ce n’est pas grave, je voulais juste présentée ce que j’ai observé. » Commence-t-elle avant de poursuivre :

« Je suis sincèrement désolée pour ce que vous avez vécu avec lui et je ne vais pas te mentir. Je ne crois pas qu’il vous a vraiment aimé une fois dans sa vie. C’est l’un des plus sombres connards que j’ai pu côtoyer dans ma vie que cela soit par ses interactions avec vous ou encore que cela soit par ses actions politiques et militaires immoraux. Malgré tout ça, je lui suis reconnaissante pour cette vie offerte. Je suis heureuse que grâce à lui de vous connaître. Cependant, ses agissements et son comportement restent impardonnables et monstrueux… et je vous encourage réellement à en parler après sa mort. »

Amendant ses premières explications, elle me fait rappelée l’une des valeurs qui me tient le plus sur les nuances à avoir. Je me suis montrée brutale et bien trop manichéenne. Devant la proposition de parler des abus psychologiques qu’on a subit, je lui indique simplement :

« Je ne suis pas sûre que cela soit très bien accepté publiquement de dessiner les noirceurs sur les contours de la carrière de Léon. » De ce vieillard sage et adroit, il a toujours cette image d’héros, défenseur de l’orphelin. Avec un œil manquant par les combats héroïques affrontant une cabale entière ou encore par son énergie d’être pratiquement perçu comme un Demi-dieu Central à la religion polythéiste de Constantinox, cette image fausse réconforte au mieux conforter les valeurs et l’égo des citoyens de Constantinox. Devant ce manque de choix délibéré, il faut être conscient de cet aspect : « Constantinox aime surtout cette idée du bien-ultime, prendre un recul est difficile, voir impossible pour l’opinion populaire et immuable sur ce sujet. » À cette réponse, j’amène une forme de désabusement et surtout une frontière impossible à déconstruire vu son importance dans le milieu.

« Ce n’est pas très important de ce que Constantinox veut, surtout avec tout ce que vous avez vécu ici depuis votre naissance. » Samy a raison sur ce point, mais encore une fois, le mouvement de masse ne veut pas enlever tout le crédit s’agençant autour de mon père. D’une nouvelle main sur mon épaule nue, elle montre encore de la compassion avant de voir un petit déplacement pour les différents invités. Tout d’abord, c’est surtout les politiciens, les entrepreneurs, les militaires et les artistes qui commencent à bouger vers le stage. Le Gouverneur Riley, comme à ses habitudes opportunistes, s’arrête devant nous.

Pendant que tous les autres suivent le chemin pour rejoindre le stage, il nous propose toujours avec cette hypocrisie habituelle, de venir discuter avec lui après notre futur deuil. À cette politesse, il faut reconnaître à quoi Riley a toujours été doué : Vivre dans l’ombre de Léon, tout en le vantant comme l’un des plus grands héros pour gagner quelques gains au niveau de la popularité. Son principal but est de nous présenter comme des grands amis de son parti et de lui-même, pour essayer encore plus de se démarquer dans le paysage médiatique. D’une discussion plutôt rapide, il nous invite à rendre visite au Parlement après la mort de notre père, ce que Samy accepte au plus vite, mais ce qu’elle ne va jamais faire.

Elle veut uniquement se débarrasser de lui au plus vite. Dans cette rapide démarche, le Gouverneur Riley, estimant avoir gagné des points supplémentaires, nous quitte. À son arrivé devant l’immense foule, il se fait chaleureusement huer. Dans une mauvaise passe politique, il doit avoir frustré une partie de la population sur les pensions de retraite ou encore sur sa gestion de l’éducation. De toute façon, il suffit juste qu’il trouve une cible à frapper pour recevoir des applaudissements au lieu des sifflées.

Après que le petit jardin se vide des visiteurs, Halek, Jasper et Marissa viennent nous rejoindre. Nous cinq réunis, on garde quelques secondes de silence, attendant que l’organisateur en scène nous fasse signe de venir. Après une minute, plaçant logiquement les invités réputés en ligne, on doit logiquement se mettre devant. Après un mouvement de la main de l’homme s’occupant de cette petite gestion, on s’avance tous doucement vers le stage. Avec des réactions plutôt mixtes pour Marissa, c’est plutôt un vide intersidéral quand j’arrive avec Jasper. Les réactions sont bien plus vives quand l’immense foule voit les deux elfes. Samyrise se laisse prendre au jeu, saluant la foule avant de se placer en ligne droite devant les politiciens.

Nous laissant ressentir la fébrilité de cette dernière commémoration pour notre père, je suis placée à l’extrémité, pendant que Samy est ma voisine et que Marissa suive pour laisser les deux frères à l’autre bout de la ligne. Je ne me permets pas de regarder la foule, préférant garder les architectures des meubles au loin. Placée dans ce silence obscur, l’escalier amenant au stage, subit les quelques coups de canne de mon père lors sa lente avancée. 

En voyant un début de silhouette, les éclats de joies commencent. Toujours accompagné de ce sourire faux, je ne peux pas m’arrêter de porter un jugement envers toute cette apparence superficielle et mensongère. Drôlement déguisé, il porte bien un uniforme militaire, mais teinté de gris, il porte aussi, pour cacher son œil manquant, une sorte de bandeau dorée. D’un mouvement tardif, il fait mine d’être touché par les acclamations de la foule. 

« Alors, Constantinox, vous êtes en feu à ce que je vois! » Commence mon père avec sa voix rugueuse pendant que la foule répond à l’affirmative avec de nombreux. Ils sont tous heureux de voir enfin mon père s’affirmer avec un tel enthousiasme. Lançant un rire ridicule pour soutenir cette foule en délire, il reprend quelques secondes plus tard. « Mes Dieux que vous m’avez manqués depuis cette malheureuse obligation de m’isoler et de me soigner. » Entame-t-il devant une foule encore conquise par son enthousiasme. « Je sais que cela fait assez étrange de dire de telles paroles, mais je dois vous l’avouer. J’étais heureux de choisir la date de ma mort parce que je savais qu’à ce moment-là que je peux fermer le livre de ma vie. Je termine ainsi ce que j’ai commencé. J’ai vécu deux longs siècles, j’ai vu des modifications importantes dans toute la société, je me suis battu dans des guerres difficiles encore à décrire et j’ai vu des milliers s’éteindre. Parfois en sachant éperdument que la mort était d’une certitude, pendant que d’autres fois, ceux-ci n’avaient même pas le temps de comprendre le danger avant de passer au trépas…

Je constate ainsi cette importance de tourner des pages pour éviter de rester dans le doute et dans les remises en questions idiotes. Un homme fort, comme moi, doit être dans la capacité de terminer cette aventure avec des citoyens aussi nobles et forts que vous. Parce que cette aventure ne vient pas uniquement de moi, elle vient du gros bon sens et de la majorité silencieuse de Constantinox. Elle vient de vous et des principes glorieux de notre époque. Parce que contrairement à n’importe quelles autres civilisations, Constantinox est toujours resté noble et fort. Contrairement à nos voisins dysfonctionnels, on a toujours eu des gouvernements redoutables et constants pour savoir ce qui était le mieux pour nous tous. » Des applaudissements soutenus se font entendre pour mon père, qui a toujours eu un certain don de dire n’importe quoi pour accrocher le sentiment identitaire de cette planète. Je ne suis pas surprise qu’il s’en sert encore pour suffire à sa personnalité narcissique et perverse. La prochaine étape risque d’être dans les critiques des réfugiés ou encore de créer un pseudo sentiment de rassemblement sous une fausse idée de nationalité naturelle de Constantinox.

« Vous voyez ce mec ? » Demande mon père en pointant directement vers le Gouverneur Riley. « Ne le huez surtout pas… » Ordonne-t-il aux premières vilipendes de la foule. « Parce que cet homme, c’est l’homme de la situation. Il est là pour Constantinox et avant que je monte ici pour dire mes derniers Adieux, il m’a fait un hommage glorieux sur ma carrière. Jamais, je n’ai vu un homme autant se renseigner sur Constantinox pour m’honorer. Il risque d’en faire autant pour vous que pour moi. Alors, il mérite sincèrement tout notre appui. » Pitoyable de jouer avec la classe politique avant de mourir, mais aucunement surprise par les opportunités de mon père. Cette vision populiste, changeante pour plaire aux systèmes en place, c’est de cette façon qu’il a fait une réelle fortune.

« C’est important de vous donner tout mon amour et ma férocité pour tout ce que Constantinox ait fait pour moi. Votre bannière, votre drapeau et ainsi que votre fierté me rendent satisfaits de ce que j’ai traversé avec vous. Parce que peut-être, parce que peut-être…» Répète-t-il deux fois avant que je remarque un certain affaiblissement dans la voix de mon père. Même en étant derrière lui, on dirait qu’il est un peu perdu dans ses diatribes habituelles. Peut-être qu’il va laisser tomber ces discours politiquement corrects pour nous dire vraiment ce qu’il a en tête. « Peut-être que des évènements tragiques vont arrivés, des évènements jamais-vu dans les étoiles-connues. Ces évènements vont nous obliger de se renforcer dans nos convictions et dans nos idées. Car il faut arriver à combattre toute cette obscurité et ce nihilisme qui accompagnent parfois les étoiles.

On a sincèrement besoin de vrais patriotes pour se battre pour la justice et pour la vie. C’est le plus important actuellement. Parce que regardez bien derrière moi, regardez-les. Le Gouverneur Riley va toujours vous défendre, mais mes magnifiques enfants Halek et Samyrise aussi. Ce sont des véritables héros dépassant largement la Ligue de Protection de Belgrum ou encore le Concile Ostrom d’Asthar. Des aventuriers courageux, dépassant tout le cadre de simples explorateurs pour sauver des vies. Ce sont mes véritables héritiers… »

Des applaudissements insistants se font encore entendre à nouveau. « Je vous aime, les enfants. » Répète-il trois fois avant d’essuyer une fausse larme de son œil restant. Après cette propagande habituelle, je vois que ses yeux changent de direction pour le porter sur Jasper, Marissa et moi. À chaque seconde, son regard persistant est méprisable. Je ressens largement la noirceur dans cette vision. « Parce que…» Recommence-t-il en nous pointant, nous trois… « Parce que si vous ne comptez pas sur Samyrise ou sur Halek pour devenir vos prochains héros, il vous reste ces trois trucs-là. » Lance-t-il à la foule, accompagnée de quelques rires moqueurs. « Regardez-les, putain! Je ne me souviens pas du nom de la fille ratée qui se prend pour une militaire. Maryse ou Meria... je ne sais même plus. » Cet accaparement nocif de Léon, vers nous, est prévisible. Je l’ai ressenti dès qu’on a réalisé ce compromis familial.

Paralysée sur place, le cœur de Marissa s’est arrêté pendant que Samy essaie de la faire sortir discrètement en la tenant par sa manche. « Ce n’est pas parce que tu portes un uniforme que tu es digne de celui-ci. L’une des principales raisons pourquoi tu as monté les échelons aussi rapidement, c’est uniquement grâce au nom que tu portes. Au grand jamais, tu auras atteint ces grades sans ton nom de famille. Tu resteras cette gamine ratée que tu as toujours été. » La fixant avec sa malveillance habituelle, il se retourne ensuite vers la foule. 

« Vous savez qu’elle m’a racontée l’autre jour? Elle m’a racontée comment elle a sauvé des réfugiés… » Encore dans les raccourcis moqueurs, il continue avec à se moquer de cette histoire : « Merde, qui veut sauver des réfugiés? Elle aurait été plus une grande héroine en les faisant sauter sur place vu qu’ils étaient rentrés dans notre orbite. » C’est à ce moment que Mary quitte la scène pour retourner vers le manoir, je n’ai pas vu ses larmes ou son facial cassé, mais je sais très bien que cela l’a blessée bien plus que n’importe quelle blessure physique durant sa formation militaire. Jasper la suit pour essayer durant une rare fois de la réconforter, pendant que moi, je lance en un regard noir devant ces diatribes dangereuses.

« C’était une blague, Maryse. » Rajoute-t-il en se trompant volontairement dans le but de l’insulter encore plus. Il laisse quelques gloussements de rire supplémentaires pour encore mieux la purger. « Et puis, elle… » Il commence à me pointer du doigt. « Vous savez qu’elle est une musicienne accomplie? Non? C’est normal son seul succès, c’est devant des personnes qui pensent encore que la musique Nsono est encore vivante. Avant que je vous rencontre, elle est venue me jouer un morceau de sa musique avec son Akordion. Mes Dieux… je voulais mourir plus tôt en entendant une telle torture. » Il lance encore son ricanement moqueur entretenu par la foule, peut-être pensant que c’est des blagues ou pas. De toute façon, ce n’est pas important ; les animateurs de radio, qui ont propagé l’idée du boycott de mon spectacle, vont se régaler de ce pittoresque discours.

Léon Thibault continue son ridicule exposé. Cette allocution a un but simple : plaire aux idiots, satisfaire le quota des humiliations publiques et augmenter le mouvement patriote à une planète aussi aberrante que cet être. Contrairement à Mary, je ne vais pas verser une seule larme de tristesse autour de ce dernier abaissement. Contrairement aux Mouskons qui soutiennent tous ces dires, jamais je vais me soucier réellement de son existence. 

Il sera effacé après sa mort, un être à oublier pour mieux se reconstruire. À la fin de son discours aussi mielleux que cliché, où tous les pourfendeurs de la construction héroïque vont le vanter, je suis restée figée, ne me rendant même pas compte de la main de tendresse sur mon bras que Samy veut me faire sentir pour combattre les insultes de mon père. Halek, a saisi le bras mon père avec une certaine violence lorsqu’il est allé serrer les mains des politiciens et des militaires à la fin. Retournant notre bien-vouloir et notre compromis familial contre nous, il reste toujours un être aussi machiavélique. Non, ce n’est pas la faute de Junto qui a proposé cette convention ménagère, il doit l’avoir aussi manipulé depuis le début. 

Après ce spectacle misérable et caractérisant la plupart de son existence, on a tous suivis le même comportement. On a ignoré Léon. Ce manoir ne lui appartient plus et on fait ce qu’on désire à l’intérieur de celui-ci. Marissa, peinée et retombant immédiatement dans un isolement, s’est retranchée dans sa chambre. Encore ridiculisée, mais cette fois-ci devant une foule entière, son pire cauchemar est devenu la réalité grâce Léon. Halek a été largement celui qui l’a aidé de sortir de son chagrin aux premiers jours, refusant de l’abandonner au manoir pour prendre une petite navette et se diriger vers le centre d’activité d’Astrophox, sans elle.

Les premières tentatives ont été laborieuses. Quand Marissa s’enferme dans son univers, il est difficile de la faire sortir. Me sentant fautive de l’avoir embarquée dans cette histoire, je laisse Halek faire. L’elfe a utilisé la technique de parlementer avec celle-ci, à travers sa porte, des derniers Anno-films autour de l’espionnage et des alcins pour la faire accepter de sortir de sa chambre. Ces styles de fictions sont ses préférés et en regardant les derniers succès, même les plus médiocres qu’ils soient, elle sort enfin de sa bulle. À cette mission maintenant réussie, notre plan commence à se concrétiser.

Dans le passé, on s’est déjà rendu à la petite boite de nuit sur Astrophox. Lorsque Marissa a eu la majorité, Samy a convaincu tout le monde d’aller boire quelques bières dans cette taverne musicale. Astrophox est le voisin le plus proche de Constantinox, mais elle reste fondamentalement différente par une culture plus ouvrière et touristique. Sur cette lune, nous sommes souvent invisibles pour leurs populations. Comme prévu, on s’est tous déplacés vers cette boite de nuit durant la dernière semaine de la vie de notre père. Hormis Jasper à cause de ses problèmes de toxicomanie, on a tous consommés la spécialité naine du bar. Quant à moi, je suis bien plus intriguée aux musiciens locaux, étant les mêmes à chaque fois qu’on visite ce bar.

Avec un verre d’uranja pour Jasper, on a trinqué pour fêter la future mort de notre père. Profitant ainsi des premiers jours de la préparation du deuil de Constantinox, les derniers jours sont bien sûrs plus dans l’idée de la réserve du respect. Dégoutée de suivre cette tradition, je m’y oblige, repensant reprendre mes activités normales après. Aux trois derniers jours de vie de cet être pathétique, nous restons tous enfermés dans le manoir pour éviter d’être encore lâchement lyncher pour une raison ou une autre. Il est mieux de ne pas exister pour éviter de retomber dans ce piège.

Dans ma chambre à la dernière journée, je regarde les derniers fragments de mon enfance. Ces artefacts risquent de partir après la mort de mon père. On va vivre encore une semaine à attendre son incinération, mais son indifférence et sa fixation contre nous va partir. Sur mon lit, mes orteils frappent l’opposé de mon ancien lit, essayant de faire un petit rythme, souriant au résultat mitigé que j’obtiens. Mon holophone reçoit des notifications, trouvant ainsi le chronomètre de la mort de mon père. Il ne reste que trente minutes selon Junto et les mises à jour qu’il fait suivre.

À Constantinox, les lumières se sont fermées pour encore l’honorer et le rendre plus grand de ce qu’il est vraiment. Je suis soulagée au final. Fermant les yeux, repensant à cette liberté, m’imaginant à aller aux chutes azures que Samy et qu’Halek ont visité, je me sens aspirée à trouver une autre vie que subir des humiliations et des revers de la part d’une population noyée dans la facilité et dans la démagogie.

« Désolé de te déranger, Callienne. Mais, Léon veut te voir. » Je sors de ma stupeur, je n’ai même pas entendu Junto rentré. Je le regarde avec un petit mépris devant ces remarques, rechignant qu’il peut aller cracher son venin sur ma non-présence. Il ne reste que quinze minute, me dit-il. Cette phrase cherche vraiment à me donner un coup de pression, mais ce qui est le plus étrange, c’est surtout Junto. Je vois ses doigts mécaniques tremblés de peur, effrayés et même paraissant  absolument dévasté.

Est-ce que Junto a des réactions d’être biologiques? C’est quoi cette terreur qui l’habite? Je ne l’ai jamais vu ainsi. Est-ce que mon père l’a menacé de le débrancher s’il n’arrive pas à me faire venir dans sa chambre? Percevant sa crainte, j’appuie ma main sur l’épaule mécanique de Junto, portant presque une apparence humaine, mais toute grise et ses doigts étaient au nombre de trois. Ses jambes sont remplacées par une roulette extrêmement bruyante habituellement. Ses trois grands yeux lumineux ont toujours été visibles durant la nuit lors de notre jeunesse, mais depuis quelques jours, un seul œil est visible vu la longévité et surtout la négligence de notre père. 

J’accepte de me rendre à sa chambre, mais je préviens déjà Junto que je ne vais pas me changer. Il va me voir en pyjama pour ses dernières minutes, que cela soit pour des excuses ou encore soit pour nous insulter. Durant un court moment, j’ai cru que Junto va chercher mes deux sœurs et mes deux frères. Il me confirme cependant que Léon veut me voir seule. C’est très curieux comme choix, mais je l’accepte.

Si je peux lui cracher une dernière fois sur la gueule, je vais le faire. M’ouvrant la porte avec son bras mécanique, il ne veut même pas rentrer comme quoi mon père l’a réellement ordonné de rester en dehors de ce débat. Je ne comprends pas encore cette manœuvre de sa part, est-ce que je suis celle qu’il déteste la plus? Est-ce qu’il va enfin essayé de s’excuser pour tout son comportement? Je ne donne excessivement pas beaucoup d’espoir envers cette option ; il a été obtus toute sa vie, alors pourquoi changer à la dernière minute, alors qu’il aurait pu le faire bien avant?

Rentrant dans sa chambre fortunée, mon regard s’arrête d’abord sur l’image qu’il désire envoyer depuis notre tendre enfance. Un grand œuvre d’art se retrouve sur le mur, juste en face de son lit. Mes yeux visitent ce monument dessiné pour lui, un œuvre, qui représentait parfaitement l’image du grand héros patriotique désiré par ses propres illusions. D’un visage neutre, il porte une sorte d’armure d’Origorn levant une épée gigantesque vers un ennemi qui dépasse le cadre de l’œuvre d’art. Dans les horizons rouges sombres, une certaine luminosité blanche entoure mon père comme si cette peinture représente parfaitement l’aspect du bien ultime contre un mal invisible qu’il veut incarner. Pointant son arme dans une direction, l’aspect est peut-être d’imaginer un antagoniste du mal personnifié, qu’il soit actuel ou soit ancien, qu’importe.

Baissant mon regard pour voir mon père respirés ces dernières fois, la différence est nette et considérable. Mon père mourant se retrouve dans un état faiblesse qu’il n’a jamais voulu vivre, surtout par l’image qui l’illustre au-dessus de lui. Levant les yeux vers moi, il me sourit silencieusement, comme quoi il attend que je lui dépose les derniers mots lancer la dernière réplique.

« Je dois être vraiment unique pour être la seule invitée. Alors, c’est quoi les dix dernières minutes de ta vie? Celle de supplier un pardon pour trouver un sanctuaire chez les Dieux? Celle de m’insulter? Ou encore pour monopoliser le titre du plus grand de l’univers, même sur ton lit de mort? Je suis désolée, mais peut-être que je vais te décevoir aujourd’hui. Parce que je ne vais pas venir te parler de notre relation, cela a toujours été un non-lieu. Tu as été le seul antagoniste que j’ai connu de ma vie, une belle merde, incapable de se défaire de l’image du super-héros que tu désire autant faire vivre…

C’est triste pour toi, parce que malgré les témoignages, les enregistrements et les œuvres d’arts, la réalité est toute autre, Léon. Tu n’as jamais convaincu tes enfants, parce que tu ne l’as jamais été. Tu es un homme ordinaire qui doit même avoir créé ces exploits pour essayer de te rendre plus sympathique aux yeux de la foule de Constantinox.

Je suis contente au final… je suis contente que tu aies subis un cancer, je suis contente qu’une tumeur bouffe ton énergie et ta jeunesse, pour laisser uniquement l’être pathétique que tu as toujours été. Je suis contente de te regarder crever de ce cancer, parce que je ressens enfin une putain de justice dans ce monde d’abrutis. Tu as toujours été une tumeur cancéreuse pour tous les gens de ton entourage. Tu es un poison, même pour toute la société de Constantinox, leur donnant des options de facilités devant des problèmes complexes. Alors, sombre merde… c’est bien que tu meurs de l’image qui t’incarne le plus… »

Même au plus proche de la mort, je ne vois pas ses deux mains se lancer vers moi. Je tombe du siège que j’étais assisse afin d’être avancer de force vers lui. Prenant mon col d’une main et m’enfonçant l’autre main derrière ma nuque, cette violence me déroute totalement. Je sursaute de douleur en appelant Junto ou Samy pour m’aider de me détacher de ce vieil sénile. Me forçant physiquement à s’approcher de lui, il tourne ma tête pour que l’un de mes oreilles soit à proximité de sa bouche, je commence à lui donner des coups plutôt secs aux ventres pour qu’il lâche prise. À cette pression physique, l’oxygène me manque vu la panique. Pour une fois, Junto est rentrée et a décidé d’agir physiquement contre mon père, en voyant toute la pression qu’il cumule sur ma nuque. Devant cette panique et cette force, il arrive à son objectif : sa bouche est assez proche de mon oreille droite pour entendre ses derniers mots. De sa plus haïssable, décisive et rancunière voix, il prononce cette dernière sentence, perforant mon armure psychologique.  

« Rien ne vient de toi. »

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Lydasa.
Posté le 12/07/2020
Ça y est je viens de passer mon bloquage a cause de la langueur.
Alors je dit wouah, quand je me suis lancé difficile de m’arrêter. Ce chapitre est bien moins lourd en description et nom compliqué que le prologue. C’était fluide du debut et la fin. Tu as su parfaitement retranscrire chaque sentiments et émotions de cette pauvre Callienne. Elle me fait beaucoup de peine a avoir vécu dans l’ombre de son père et n’avoir jamais eu une once de reconnaissance de sa part.
On se met a haïr ce père autant qu’elle. Et mon dieu ce discours, ce n’est juste pas possible d’être un connard pareils. Et cet fin, cette fin est réussite on veux lire la suite on veux savoir le sens de ses mots, on veux savoir tout.
Bear! Ta plume est superbe et je ne me lasserais pas de te le dire. Tu m’impressionnes avec cette imagination et cette univers parfaitement construite et penser. Je vais de se pas continuer a lire!
Nascana
Posté le 22/06/2020
Alors on change de personnage pour se concentrer sur un autre. J'ai l'impression qu'au chapitre d'avant, on se disait "mais que se passe-t-il là-bas ?" et qu'à ce chapitre justement, on est là-bas.

Du coup, il y a ce héros de toute une planète dont on se demande ce qu'il a fait d'héroique, pour attirer autant la sympathie. Après tout, il va jusqu'à se moquer de ses enfants en public, c'est pas très noble. Malgré tout ça passe. De ce que j'ai compris, il a plusieurs siècles. Est-il humain ou non ?

Dans les frères et soeurs, j'ai l'impression que Callienne est le roc. Celle qui confère sa force à tous. Maryssa est plus la gentille, celle qu'il est facile de faire souffrir. Celle qui s'est sentit abandonnée. J'ai vraiment eu de la peine pour elle, parce que je sais trop ce que ça fait d'attendre de la reconnaissance ou un geste d'une personne qui ne fait rien. J'espère qu'elle pourra se reconstruire. Jasper me parait le plus rebelle, mais aussi le plus fragile.

Les jumeaux, j'ai l'impression qu'ils sont moins cernés. Peut-être parce qu'ils sont adoptés ou alors parce qu'ils sont deux.

En tout cas, les personnages sont bien décrit. On les comprend bien.

Seulement, j'ai trouvé ça un peu long. J'ai noté des répétitions, des tournures un peu bizarres et des mots en trop ou manquants.
BearOmega
Posté le 22/06/2020
Oh merci beaucoup Nascana.
Durant ma deuxième lecture, je vais retravailler les erreurs autour des répétitions et des tournures.

Merci de ton commentaire.
Knaaki
Posté le 15/06/2020
Eh beh ! Quel retournement de fin xD
Plus sérieusement, le personnage de Calienne est super intéressant, et très parlant. J'aime sa brutalité, sa haine, c'est super perceptible dans la façon dont tu décris ses sentiments, ses rapports au monde, à la musique. T'as un mélange de douceur, d'amertume et de violence que j'aime beaucoup, à la fois froide et pas tellement, antipathique mais toujours pas tellement. Elle est, en fait, et elle est jamais tellement à la fois xD

Concernant ton style, j'ai trois points à soulever qui, je pense, pourraient apporter plus de fluidité au texte :
> Limitation des pronoms démonstratifs : tu en as énormément, vraiment, et l'inconvénient de ce bonhomme c'est de faire des échos structurels (tu renvoies toujours à ce que t'as dit avant en appuyant un peu plus, et plus tu appuies, plus c'est lourd). Je pense que tu peux, parfois, te poser la question de si le sens, pour toi, change avec le remplacement d'un pronom démonstratif par un article défini ou indéfini.
> Limitation des compléments de compléments : c'est quelque chose que j'avais déjà souligné, il me semble, mais t'as énormément, énormément, énormément de complément de complément voire de complément. Et beaucoup n'ont pas d'utilité majeure. T'as beaucoup d'informations induites par ta narration, mais tu les rappelles toujours par un complément, ce qui fait que tu alourdis parfois inutilement ton texte.
> Limitation de l'utilisation de la structure complément + sujet + verbe : Tu es la première personne que je lis qui préfère dire "Complément, sujet verbe" plutôt que "Sujet verbe complément". L'avantage, c'est que tu as la mécanique de mettre en avant le complément plus souvent que n'importe qui, mais du coup, t'as le problème de rythme inverse des gens. Si tu ne varies pas suffisamment la structure de tes phrases, tu peux tomber dans une lecture monotone. Exemple que tu fais souvent : "Dans ce truc, je dis ça en faisant ça pour moi. Avec ça, je vois ça sans ce truc en me disant que c'est sympa." Je sais pas si tu vois, mais tes compléments sont souvent en avant, donc tu insistes, et tu rajoutes pas mal de compléments derrière... Bref, c'était l'idée xD

J'aime en revanche beaucoup la façon dont tu décris les sons, et tes descriptions de manière générale. Elles sont bien intégrées dans la narration, et je trouve ça beaucoup plus agréable que les descriptions séparées du fil d'intrigue ! :D
BearOmega
Posté le 15/06/2020
Merci big calamar magique.

Je suis hyper heureuse que tu aimes le gros chapitre au niveau de l'histoire.
Je note tes grosses idées sur l'effet de style. Je vais essayée de le faire durant ma grosse correction après la fin du récit.

Merci pour ton retour. ;)
SollyR
Posté le 06/06/2020
J’ai bien aimé lire tes écrits. Tu utilises un vocabulaire et des mots qui ne font que ressortir les couleurs de tes personnages. J’ai adoré
apprendre à connaitre le personnage de Cally. De la manière dont c’était décrit, on pouvait vraiment se mettre dans sa peau.

On peut voir qu’elle a un côté perfectionniste, surtout lorsqu’il s’agit de sa musique. On peut aussi comprendre qu’elle a un certain ressentiment contre son père, même si l’on n’est pas trop sure de la véritable raison et qu’on l’apprend d’ailleurs à la fin du chapitre.

En tout cas, tu m’as vraiment surprise avec la tournure de la fin. J’avais vraiment une perception négative du personnage de Cally, car elle avait vraiment trop de haine envers son « Géniteur » et je trouvais ça étrange.

Pourtant, là, je te dirais que je me pose plus de questions qu’autre chose. Qu’avait donc fait Léon pour attirer une grosse haine envers lui ? Pourquoi Léon est-il tant vénéré alors qu’on sait qu’il n’aime pas véritablement ses enfants ? Qu’a-t-il accompli d’extraordinaire pour mériter tout cet amour du peuple ?

J’ai vraiment hâte de lire la suite même si je sais que ce ne sera pas pour toute suite :) Merci de ton partage. <3
BearOmega
Posté le 06/06/2020
Merci beaucoup pour ton gros commentaire adoré! Cela me touche!
arno_01
Posté le 31/05/2020
Décidément ton univers est riche ! J'adore Léon ! enfin plutôt l'idée d'un tel personnage, et pas le personnage lui-même. Le héros adulé par son peuple, qui est un vrai salaud et qui l'assume. Et le peuple qui cherche absolument un héros à déifier, quelque soit la vérité.
J'aime bien Callienne également. J'ai régulièrement trouvé intéressant les personnages avec des talents - souvent artistique - mais dont le talent n'importait pas temps pour la résolution de l'action, que par la manière dont le personnage vivait le récit à travers son talent. (me suis-je fait comprendre) et je retrouve ça dans Calienne.

L'écriture est ici très dans un style peu commun, qui dès le départ donne à Calienne une position de noblesse / de vielle famille / de haute éducation. Et quand on comprend d'où elle vient, la fille du héros planétaire, cela lu convient très bien.

Néanmoins j'ai eu quelques difficulté ci et là, il me semblait parfois que certains mots de liaison (les de / à / par ...) n'était pas forcément correctement employé. (en fait cela me mettait dans le doute, hésitant entre une faute (cela arrive), où une formulation plus élevé, plus littéraire que je connaissais pas (ce qui est plus que probable).

J'ai vu qu'on changeait de protagoniste le prochain chapitre, dommage. J'ai trop hâte de voir la réaction de Callienne.
arno_01
Posté le 31/05/2020
Tu m'obliges (à minima), à la lire la suite ! J'en suis outré ! ;) prendre les lecteurs par le suspens !
BearOmega
Posté le 31/05/2020
Mon but est toujours apporter de quelque chose dans les chapitres, et toujours un point de suspense pour que les gens continuent leurs lectures. Cependant, je te remercie grandement de tes commentaires sur l'histoire. Cela me touche sincèrement que tu aimes beaucoup Léon et Cally. Ce sont deux personnages qui risquent d'être beaucoup travailler dans ce gros récit. Et ne t'en fait pas, que tu risques de les retrouver, mais peut-être un peu plus loin. Ce premier acte est surtout pour introduire plusieurs personnages et contextes.

Et peut-être que j'ai bien fait des fautes là-dessus ; je vérifie souvent, mais à écrire beaucoup, c'est peut-être mon plus gros défaut, le problème des liaisons. Je vais être plus prudente la prochaine et je vais revérifier en large avant d'envoyer le produit final à une maison d'édition.

Merci à toi pour suivre cette histoire, je la sais plutôt longue, mais c'est toujours un rêve de concrétiser mon ''trône de fer''. J'espère que la suite va te plaire comme les futurs personnages que tu risques de rencontrer éventuellement.

Bonne lecture et merci encore.
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