Son café était tellement noir que le lait ne se mélangeait pas avec, même en touillant énergiquement. De toute façon sa petite cuillère, plantée verticalement dans le breuvage, ne semblait pas décidée à s'en décoller.
L'homme jeta à sa tasse un regard écœuré. L'électroménager ne connaissait vraiment rien au ristretto. Passablement agacé, il se leva et récupéra sur l'étagère la vieille cafetière à évaporation d'eau de sa grand-mère. Il débarrassa le plan de travail de sa petite cuisine d'un geste du bras et y déposa le précieux objet. La machine à café rendit l'âme en rencontrant le sol dans un fracas métallique. Il n'eut pas un regard pour sa carcasse éventrée.
L'homme avait reproduit les gestes qu'il avait vu faire tant de fois par sa grand-mère italienne. Maintenant, il écoutait l'eau frémir sur le gaz, douce mélodie des matins de son enfance. L'odeur qui sortait par le couvercle de la cafetière lui fit venir les larmes aux yeux. Et comme la vapeur d'eau, les souvenirs remontèrent.
Il se revit petit garçon, assis à la grande table de la petite maison napolitaine, regardant les volutes de fumée danser au-dessus des tasses de nonno et nonna. Il beurra ses tartines et les couvrit de confiture d'orange, sa préférée. Un nuage de lait donna à sa boisson la couleur brune espérée, celle qui lui plaisait le plus. L'homme soupira d'aise et plongea ses lèvres dans le liquide encore brûlant. C'est comme ça qu'il aimait son café.
Je suis au regret de t'annoncer que je n'irait nulle part par la suite ! J'écris des textes très courts, et celui-ci n'aura pas de suite... En fait, j'aime bien regarder en combien de mot on peut capturer un lecteur dans une scène et lui donner envie de savoir la suite... qui ne viendra jamais :-)
Ce texte est le fruit d'un "concours" enctre amis, où la première phrase nous était imposée, du coup sur le moment je ne pouvais pas la modifier, et ensuite, je n'y ai plus pensé... Que dirais-tu de "Son café était tellement noir que le lait ne sy mélangeait pas, même en touillant énergiquement." ?
Pour ce qui est du "tant de fois"... j'ai un grand débat avec moi-même dessus, je ne suis pas encore fixée, mais je crois que je le préfère dans l'ordre dans lequel je l'ai mis là... A voir !
Et tu as tout à fait raison pour la dernière remarque ! Je corrige ça tout de suite !
Merci beaucoup pour ton commentaire qui non seulement m'est utile mais en plus m'encourage à continuer, si ce n'est ce texte, au moins l'écriture !
A bientôt, ici ou ailleurs,
Olek
J'apprécie l'univers que tu dépeins en quelques lignes. Il y a un vécu, des couleurs, des parfums, ...
C'est familier et réconfortant.
Merci pour cette lecture !
Au plaisir de découvrir d'autres de tes textes,
Plulume
Merci pour ton gentil commentaire. Je suis heureuse que ce texte t'ait plu !
En espérant te croiser de nouveau, ici ou ailleurs,
Olek
Très jolie entrée en matière.
Merci encore de ton passage ! A bientôt peut-être !
Olek
J'aime bien ton petit texte !Ton début est une savoureuse mise en bouche. La lecture glise toute seule sous les yeux. L'ambiance est agréable. J'ai apprécié le contraste entre l'adulte aigri, énervé, et son enfance douce, entre l'électroménager et la vieille cafetière à évaporation.
Je pense qu'on a tous eu une réaction semblable où on se demande à un moment donné ce qu'on fait là, et à quel moment cela a bien pu partir en couilles ? Enfin j'interprète un peu, mais je me suis déjà attaché à ton bonhomme.
Sinon, petite coquille à la dernière phrase : "C'est comme ça qu'il aimait son café.
Aussi, première phrase, "avec" est-il vraiment nécessaire? je veux dire " Son café était tellement noir que le lait ne s'y mélangeait pas" n'est-il pas mieux ? C'est juste une proposition hein.
J'ai hâte de lire la suite i
J'avoue que je ne m'étais pas vraiment attaché à mettre une signification derrière les mots... La tienne me convient, on a qu'à dire que c'était ça !!
Coquille corrigée !
Et sinon, le "avec" je le garde, moi j'aime bien le texte comme ça. Enfin, si d'autres veulent l'enlever, j'y réfléchirai !
Au risque de te décevoir, la "suite" ne sera pas à proprement parler une "suite"... Je n'écris que des textes très brefs, aussi celui-ci n'aura certaineent jamais de suite, plutôt des camarades de recueil !
Merci pour ton gentil commentaire ! Et à bientôt peut-être !
Eh oui ! Rien ne vaut le café à l’italienne. J’avoue que personnellement, j’ai une préférence pour le cappuccino.<br /> J’aime bien ta manière d’amener le souvenir par le biais de cette vieille cafetière. Tu arrives très bien à décrire l’ambiance de son enfance en peu de mots. On sent presque l’odeur du café. Dommage que l’homme n’ait pas de prénom ; ça le rend un peu impersonnel.
Et la machine cassée, qui la ramassera ? Non mais quelles vilaines manières ! :-)
Deux petites choses :
L'homme avait reproduit les gestes qu'il avait vu faire tant de fois sa grand-mère italienne [Cette phrase me paraît bancale ; « qu'il avait vu faire tant de fois par sa grand-mère italienne », peut-être ?]
regardant les volutes de fumée danser au dessus des tasses [au-dessus]
Rien ne vaut une tasse de chocolat chaud surtout ! C'est drôle, parce que je n'aime pas le café, en fait, j'ai même du mal à en supporter l'odeur :-)
Je pourrais réfléchir à donner un nom à l'homme, mais serait-ce vraiment nécessaire ? Ne risque-t-on pas de trop lui prêter d'importance ? à voir...
Merci pour la proposition de modification de la phrase ! Je n'arrivai pas à la tourner autrement mais la trouvais plutôt lourde aussi. Je change demain !
Et les "au-dessus", j'ai du mal à me faire au tiret... Merci de ta patience pour toutes ces corrections !
Olek