Avant propos

Vous pourriez, mes chers élèves, être tentés de me traiter de menteur ou de me conseiller de canaliser ma débordante imagination… Comme ce n’est en aucun cas le but de ce cours, je vais prendre les devants et vous lire un extrait des Métamorphoses d’Ovide :

« Avant la création de la mer, de la terre et du ciel, voûte de l’univers, la nature ne présentait qu’un aspect uniforme ; on a donné le nom de chaos à cette masse informe et grossière […], assemblage confus d’éléments discordants et mal unis entre eux […] ; l’air, la mer et la terre étaient confondus ensemble. […] Ennemis les uns des autres, tous ces éléments rassemblés en désordre […] se livraient une éternelle guerre.

Un dieu, si ce n’est la bienfaisante Nature elle-même, mit fin à cette lutte en séparant la terre du ciel, l’eau de la terre, et l’air le plus pur de l’air le plus grossier. Quand il eut débrouillé ce chaos, et séparé les éléments en marquant à chacun d’eux la place qu’il devait occuper, il établit entre eux les lois d’une immuable harmonie. »

Cela devrait vous rappeler quelque chose, je me trompe ? Oui, selon les Grecs, les Quatre Eléments ont été unis en une même entité. Mais un être omnipotent les a séparés afin que chaque force puisse s’exprimer sans surpasser les autres.

Encore fallait-il que les Quatre ne se dispersent pas. Notre pays, Aether est là pour cela.

Oui, oui jeunes gens, je vois bien que vous prenez tout ceci pour des contes de grands-mères. Aussi je poursuivrai en citant Empédocle[1] :

« A un moment donné, l’Un se forma du Multiple, à un autre moment, il se divisa, et de l’Un sortit le Multiple – Feu, Eau et Terre et la hauteur puissante de l’Air. »

N’y voyez aucune mise en avant malvenue de l’un des Quatre Eléments, mais au contraire la clef de leur harmonie : l’Air est ici employé au sens large du terme, c’est-à-dire la déformation du mot Aether.

En effet, Aristote lui-même posait le problème du nombre d’Eléments et y en ajoutait un cinquième : l’Ether (en grec Αεθηρ, Aether) ce qui induirait la quinte essence.

Sans oublier, mes amis, qu’en littérature, la quintessence renvoie à ce qu’il y a de plus raffiné, de plus pur ou l’essence même de toute chose. C’est logique quand on sait qu’Aristote pensait que l’Aether était la substance qui composait l’âme.

Vous ai-je convaincus ? Je vois des visages médisants au dernier rang… Oui, Segeï, c’est vous que je vise ! vous n’aurez qu’à venir en fin d’heure avec mademoiselle Lym, je vous prescrirai quelques ouvrages de la Bibliothèque de Cuivre qui vous ouvriront l’esprit ! En attendant, sortez vos plumes jeunes gens, nous allons étudier avec minutie les écrits de Platon à propos de la quinte essence. Et sans rechigner je vous prie !

Discours de Monseigneur Ramsovu,

à l’intention du premier Cercle de l’Ecole du Palais de Cuivre

 

 

[1] Philosophe et physicien grec du Vème siècle avant JC

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez