Atonia-Midt Dretz

Les jeux de lumières varient dans la grande Aréna centrale de Tadeus, faisant réagir la petite foule de cinq milles personnes pour l’évènement du mois. Dépravé, peu entretenu et à l’abandon depuis que tous types de gouvernements ont laissé tombé de l’entretien des villes et des bâtiments de Tadeus. Cet abandon institutionnel est plutôt normal, vu que dans le passé, les brèves tentatives de contrôler les systèmes solaires, dites problématiques et anarchiques, par des taxes, des impôts et par la sécurisation des frontières se sont tous tournés vers des échecs. Ils ont tous été incapables de contrôler une seule forme de ces contrôles gouvernementaux.

Souvent, c’est plutôt les syndicats du crime ou les méga-corporations privés qui font vivre économiquement la région. Je ne peux pas faire une liste exhaustive de toutes les organisations parallèles qui contrôlent minimalement la pire de nos sauvageries, car elles sont bien trop nombreuses. Nos systèmes solaires sont assez reconnus pour être le plus exécrable de toutes les Galaxies Connues. On a quand même une planète-bordel qui se trouve à trois systèmes solaires de nous. À l’arrivé de touriste en recherche de la violence et de la débauche, il faut qu’ils évitent à tout prix les planètes où la bestialité est le plus élevée.

Des lunes abritent quand même des clubs de cannibales ou des fanatiques qui adorent faire des sacrifices par le feu pour honorer d’anciens dictateurs ou déb’ de tous genres. Immoral, clandestin et malhonnête, si des gens cherchent à vivre selon des préceptes de noblesse de bonté, ma suggestion est de trouver un monde de pieux pour faire des adjurations ou pour se battre avec la loyauté habituelle de code dépassé.

Habituellement, la plupart des êtres, qui viennent visiter ou habiter nos systèmes solaires, sont complètement lucides du résultat donné. Ils cherchent la dépravation des mœurs : En soit, la drogue, tuer ou baiser. Une mentalité très pauvre, j’en suis consciente, mais on s’habitue à ce renforcement de perversités, surtout si on naît sur l’une des pauvres planètes de ce système. Au fil des années, on se renforce à l’accepter pleinement. Personne ne va rien changée à ce territoire, parce qu’au moindre mécontentement, il suffit uniquement de prendre une navette et partir sur une planète à part où il est possible de terminer sa carrière en tant qu’être honorable d’une société honorable.

Durant des années, je me suis convaincue que cet univers m’appartient. Adepte de tous les vices, mon but était de s’installer au sommet de l’hiérarchie sans faire partie des organisations criminelles. On monte souvent cette structure par nos actions. On peut devenir chasseuse de prime ou encore tueuse à gage, mais le plus intéressant, c’est surtout de monter les échelons sportifs de ces mondes.

Malgré tous nos vices et nos perversités, on tient plusieurs traditions des grands Syndicats de Crime pour amuser la foule, mais aussi tenir un marché du pari. Deux sports sont des plus populaires, où les mafias font des millions de Zenith’s par année, uniquement par des paris. La première se concrétise par les courses des véhicules spatiales à travers nos systèmes solaires. Dans le passé, j’ai déjà participé à ces courses, pour même dépasser le classement logique d’une course planétaire pour aller vers la course spatiale. Cependant, comme dirait mon plus intelligent ami et le seul : Le coût des moteurs et la maintenance du matériel ne sont pas très rentables, lorsqu’on commence les courses et qu’on termine toujours dans les derniers.

« Ô public d’Hadeus… » 

C’est bientôt mon tour de rentrer en scène. Je me prépare à conquérir l’élite du deuxième de sport le plus connu de nos mondes. La foule est en feu depuis le début de la carte principale. Dans les combats de l’Octogone, les syndicats du crime en profitent énormément pour placer leurs pions. Avec des combats à chaque mois, séparés par une multitude de poids différents, les mi-lourds, les lourds et les super-lourds font partis de ceux qui ont le plus d’audiences.

Malheureusement, ce n’est pas un sport très légitime par les champions favorisés par les syndicats du crime. Ils aiment monopoliser le Top 5 de chaque classement pour contrôler les gagnants et les perdants. L’arrière-scène sait souvent quand leur ancien champion commence à perdre le rythme par son âge et par ses blessures. Par ces tendances, ils savent quand les remplacer à temps.

« Je ne vous entends pas, Hadeus!! » Hurle Uda Knox, l’un de mes principaux alliés dans cette industrie, même si je crois sincèrement que sans moi, il n’aurait pas survécu aussi longtemps dans cette région. La lumière blanche fait un halo rond autour de mon Gobelin favoris sur la rampe, qui sous-entend dans son temps-libres être mon entraîneur, mon agent et même mon comptable.  « Êtes-vous prêts? Êtes-vous prêts à l’un des combats des super-lourds les plus importants de l’Année? »

Je commence doucement à me positionner de dos devant la foule avant que ma musique commence. J’espère juste qu’Uda ne s’est pas encore trompé de musique pour mon entrée. Les deux dernières fois, il a fait jouer une musique de Rack Slow, ultra-kitsch où les Galaxies Connues le jugent comme l’une des musiques les plus risibles de tous les temps. Et la deuxième fois, c’était du Techno d’Usio, qui rend sourd toute personne l’écoutant pendant plus que trente minutes.

Au moins, il ne s’est pas trompé cette fois-ci. Les cris et la Guytar essaient de composer les premières compositions de la chanson. Les lumières se tournent vers moi. Je lève doucement mes deux mains au ciel pour former un X avec mes deux bras croisés avant de les descendre violemment vers mes jambes aux derniers refrains de la Guytar électrique avec les hurlements habituels de cette musique. Suivant l’adoucissement de la mélodie, Uda, portant un costume ridicule en noir et blanc, et des pathétiques lunettes de soleil, recommence son monologue pour jouer avec la foule.

« Dans les sombres étoiles de Yogrom, lorsque tous les créations du Régime Eugénique se frappa dans le mur des limites scientifiques. Lorsque toutes leurs créations sont devenues soit bestiales ou soit agonisantes, l’une d’entre-elle est devenue notre Élue, notre Championne et notre Idole! Une proto-humaine exceptionnelle! » Je déteste quand il me rappelle mes origines de Yogrom, parce qu’il dit est nécessairement faux vu qu’on retrouve encore plusieurs Super-Soldats encore vivants sur Hadeus.

De plus, la Suprématie de Yogrom a toujours été une chose complètement farfelue à vendre. À la mort de l’Empire d’Akhanien, plusieurs entités politiques ont essayé de se construire, et la Suprématie de Yogrom, était l’une d’entre-elle. Elle voulait revenir sur des fondements scientifiques et avec des principes militaristes. Donc, ils ont tenté de former en général tout et n’importe quoi pour devenir une masse politique avec des super-soldats modifiés dans un registre eugéniste.

Ils n’ont pas prévu que leurs super-soldats, pouvant vivre peut-être plus longtemps que toutes les espèces, deviennent complètement fous. Construis dans des laboratoires et balisés dans la seule condition du combat militaire, ils ont oublié d’enlever les maladies mentales aux fœtus en question.

« Mesurant 2 mètres 16, 336 livres de muscles purs, avec une fiche de neuf victoires et d’une seule défaite, onzième au classement des Super-Lourds, aussi belle que sauvage, veuillez accueillir Atonia-Midt Dretz! »

La foule est maintenant en délire pendant que j’effectue des mouvements de shadow-boxing pour alimenter l’énergie mon intro. Devant ma mâchoire, j’ai une sorte de protection avec des petits piques en Altarium en décoration. Un peu maquillée, ma coupe de cheveux est assez courte. Elle peut cachée l’un de mes yeux, mais pour les deux cotés, elles sont légèrement rasées, pour juste laisser mes mèches blondes sur mon cou. Elle peut cependant aller cacher l’un de mes yeux si j’esquive trop rapidement d’un coté ou de l’autre.

Cette coupe de cheveux est d’une apparence plutôt électrique, pouvant fusionner avec une certaine facilité pour ma vision durant le combat. À ma première rencontre avec Uda, il m’a suggéré de couper mes cheveux pour paraître moins jouvencelle. Le style d’Origorn ne plaît pas énormément aux Syndicats du Crime ou encore aux critères de beautés de notre société underground.

Quand on commence à monter les échelons, tout est plutôt exigeant. Tant dans les entraînements que dans la modération de l’alcool ou des drogues, les mafieux s’engagent à nous donner un battage médiatique lorsque nous jouons sur leur code. Suivant leurs critères au niveau de l’apparence physique et en montant les échelons du classement, la seule chose qu’il n’apprécie pas en moi, c’est mon indépendance.

« Jeunesse contre expérience. Boxe Yogromienne contre Lutte Hellenienne. Matérialiste contre Spiritualiste. Toutes les confrontations les plus légendaires se retrouvent maintenant et ici! » Hurle Edortan, le principal entraineur et promoteur de son poulain. La longue barbe du nain touche pratiquement la rampe, pendant que les lumières se concentrent maintenant sur lui. Crâne rasé, Edortan comme son poulain, viennent de la même place. Origorn. Un Royaume loin de nos débauches. Je commence à enlever mon manteau et ma muselière pour faire paraître mes deux vêtements à molécule instable. Un maillot de sport pour mon haut et un pantalon couvrant le tout, sauf mes pieds.

« Aujourd’hui, cela sera le fondement d’un combat titanesque. Un combat pour faire le choix entre une future championne et un ancien champion. L’avenir de tout ce sport se joue ici » Edortan a toujours été de la vieille école, si la foule et les mafieux adorent les clashs, le nain n’irait jamais à ce niveau. Avant la signature de ce combat, on s’amusait beaucoup ensemble dans notre bordel du coin. Il me respecte énormément beaucoup, mais je savais dès que quand on allait faire ce combat, il ne ‘allait pas rester sur les mêmes bases de notre amitié pour rentrer dans une compétition rude, mais polie. « Ancien Garde Royal du Royaume d’Hellenfell, guerrier impitoyable et puissant de l’un des plus redoutables empires de l’Univers! »

« Je n’ai pas besoin de le présenter, parce que vous le connaissez déjà, mais pour les nouveaux… »Sa musique étrange commence à jouer, faisant un mélange entre une cornemuse d’Hellen avec de l’instrumental électrique. « Je vous présente, Werdum Van Wersek! 2 mètres 14 pour 349 livres! Deux fois champions lourds et une fois champion super-lourd, avec une fiche de 66 victoires, 22 défaites et une égalité. Neuvième au classement et toujours prêt à défendre sa plénitude! Accueillez sa férocité pour le combat du Siècle!! »

Il est largement favori de la foule et c’est compréhensible. Il a vécu à Hadeus pendant pratiquement un siècle pour devenir une mascotte par son expérience et par son vécu. Comme moi, il a travaillé comme mercenaire avant de se tourner vers le combat. Comme tous Hellens, un peuple de boucs, ses deux cornes deviennent des armes naturelles efficaces. Si je n’arrive pas à le séparer d’une de prise de lutte Hellenienne, cela peut être très dangereux. Durant la Guerre contre l’Empire Akhanien, Werdum a déjà parlé que par accident, il avait fendu la tête d’un orque, uniquement avec ses cornes.

Portant le blanc et le vert d’Origorn par ses vêtements, les parieurs aiment joués avec ce sentiment patriotique, alors que cela doit faire une éternité qu’il n’est pas retourné dans son monde natal. Par son âge avancé, sa fourrure grise et noire laisse place à quelques poils blancs. Tout commence à se préparer pour ce combat. Werdum, comme moi, on se concentre surtout sur les quinze prochaines minutes qui risquent de jouer énormément sur notre économie et sur notre prestige pour le prochain mois.

Trois manches de cinq minutes. Aucun coup sur les parties intimes ou dans les yeux. Si on n’arrive pas à soumettre notre adversaire ou de le rendre inconscient avant la fin du combat, trois juges donnent leurs avis en notant chaque manche sur dix…

L’heure de l’affrontement est arrivée et avant que tout commence, je présente mes deux poings en face de Werdum en signe de respect. Répondant par la réciprocité, c’est le temps de partir à l’action. Chaque seconde a son importance dans le rythme et je comprends déjà les manœuvres de Werdum en premier. Joggant autour de moi, il est sur la défensive pour voir ce que je lui prépare. Connaissant mes attitudes à être plus dans la boxe que dans la moyenne, il veut éviter d’être bloquer à l’un de mes enchaînements de coups. Les deux premières minutes sont une vérification de notre confiance et de notre technique.

Comme mon adversaire bouc, je ne lance pas des offensives considérables au début. Centrant mon action surtout sur des petits directs à droite et à gauche, lorsque je suis à sa portée. J’ai plutôt frappé vers son ventre et sur ces épaules au début. Mon manque de précision se fait surtout par ses esquives et  par son éloignement à chaque minime avancé. Dansant doucement autour de l’octogone, quelques huées se font entendre. Avant le combat principal, ils voulaient quand même en avoir pour leurs spectacles, demandant toujours plus de sang.

À la fin de ses deux premières minutes de vérification, Werdum passe à l’attaque. Il veut aller au sol par ses dernières spécialisations dans la lutte. Fonçant directement sur mes hanches, il tente rapidement une projection en me balançant au sol, mais je recule sur la cage de l’octogone pour éviter cette manœuvre. Bloquant ce mouvement, j’ai eu le temps de placer mes mains sur mes hanches avant cette lancée. L’obligeant de remonter vers le haut peu après, et là, il se piège dans l’une des portées les plus dangereuses. Il peut avoir un large avantage par ses projections, mais s’il se coince du haut de mon corps avec mes mains en portée vers sa tête, il connaît les risques…

Il ne peut pas voir le premier crochet, qui le secoue légèrement. Encore penchée sur la grille de l’octogone, je lui donne plusieurs directs sur son corps et proche de sa tête. Ce n’est pas très significatif, mais cela me donne un avantage sur les points de la première manche. Werdum peut gagner des points pour le contrôle du terrain, mais vu qu’il ne bouge pas beaucoup de ce blocage contre la grille, je ne crois pas que cela impressionne les juges.

Essayant quelques vaines tentatives de me donner des coups de ses genoux au ventre, je bouge assez rapidement pour éviter d’en ressortir écopée. Ne restant qu’une minute avant la fin de la première manche, j’entends Edortan à son coin lui hurler des numéros. Il veut que Werdum délaisse cette pression sur la grille pour les dernières secondes, sentant que cette manche m’avantage.

Malgré la sagesse du nain, l’ancien champion ne peut pas éviter mon uppercut qui le déstabilise rapidement dès le détachement de mon corps. Voyant ses jambes tremblées, je passe à l’attaque avec plusieurs suites de directs et de crochets, dont de nombreux assez significatifs. Il ne tombe pas au sol, car assez brillant, il recule sur une partie de la grille afin de rester toujours debout jusqu’à la fin de cette manche. Il est conscient d’avoir perdu le début du combat. Les dix dernières secondes s’accompagnent entre fébrilité de la foule et de quelques huées à travers. Ils sont certainement insatisfaits d’une manche plutôt longue et lente au niveau de l’action. Retournant dans nos coins respectifs, Uda revient avec de l’eau et l’éponge pour me donner l’un de ces précieux conseils.

« Sage est la confiance, confiance est la sagesse. » Je le regarde de la façon la plus affligeante possible, surtout qu’il n’ajoute rien d’autres après. « J’ai gagné cette manche. » Me tendant ma bouteille d’eau, il me sort l’une des seules pertinences de cette pause. « Oui, en effet. »

La cloche sonne pour la fin de la pause. Je vais peut-être parler à Uda de comment intégrer ces citations au contexte la prochaine fois. En mémoire, je me rappelle des révisions contre Werdum. Ne jamais aller à la lutte discrètement avec le bouc-royal. Il faut éviter les positions de projections à tout prix. Prévisible, je le vois foncé vers moi dans une position assez classique de lutte, préparant un Uppercut en direction de sa tête abaissée, cependant…

Il remonte directement vers le haut de mon visage et me donne un crochet que je ne vois pas du tout. À ce coup, un bruit sourd frappe aussi mes oreilles. Mon corps tombe au sol, pendant que j’entends le dramatique : « Noooooon! » d’Uda dans mon coin. Perdue complètement pendant plusieurs secondes, je n’ai pas le temps de contrôler le sol. Werdum est déjà sur moi, jouant à cet avantage pour les premiers coups. Par mon poids, je réussis à le repousser avec mon pied, pour ensuite me permettre de lui donner un coup de talon vers sa mâchoire. Surprise par l’inefficacité du coup, il enlève mes pieds à son visage pour retourner au sol avec moi. Se plaçant sur le coté, il me donne plusieurs coups d’épaule aux visages.

La situation est dramatique et son contrôle sur le terrain est affreux. Au moins, il n’est pas spécialiste dans les soumissions, je serais déjà foutue depuis longtemps. Restant sur le dos au sol, j’essaie d’éviter de lui présenter mon cou, parce que même un amateur peut faire un excellent étranglement quand un adversaire est sonné et lui présente cette alternative. Uda me donne les premiers conseils efficaces de la soirée, je dois trouver un moyen de me remettre debout. Mes pieds me poussent doucement vers la grille pour que je trouve un appui afin de remonter. Trop tard, je sens sa main sur mon dos et une autre main sur mes fesses…

Sa lutte est très dangereuse et peut-être que la pire situation a été de me lever. Par la position de ses mains, il est trop tard pour tenter un blocage, je suis déjà soulevée du sol pour qu’il me projette de nouveau violemment au sol. Je lance un cri de douleur vu le fracas de mon dos sur le sol, pendant qu’il reprend un avantage sur le terrain. La foule est en délire devant l’intensité de l’Hellen sur ma personne. En position défensive au sol, je vais essayée de juste faire couler les secondes pour éviter d’empirer la situation. La fin de la manche sonne de nouveau et l’avantage du Hellen dans cette manche pourrait me faire perdre le combat. Je dois trouver une brèche pour les cinq dernières minutes.

Revenant vers mon coin, Uda revient cette fois-ci avec de la glace. « Je crois que tu as perdu cette manche… » Sentant une chaleur liquide dans ma bouche, je commence à former une boule de salive et de sang avant de le cracher maladroitement sur la tête d’Uda. « Merci, Capitaine Évidence! La prochaine fois, s’il me casse la nuque en me projetant au sol, tu vas pouvoir me dire : Je crois que tu as perdu ta vie! » Essuyant mon sang sur ces maigres cheveux, il me regarde avec un petit air de mépris. « Si tu le prends comme ça, je vais rien dire. Mais, tu as une opinion très limitée de ma personne, je voulais juste voir si tu étais encore commotionnée. »

Si je ne peux pas hésiter une seconde à dire qu’Uda est stupide ou étrange, je me vois peut-être bloquée par nos débats habituels par cette remarque, peut-être par le manque d’énergie. « Tu as au moins un bon conseil à me donner pour la prochaine manche? » Déposant ses deux doigts sur son menton, il commence à réfléchir avant de me répondre : « Confiance est la sagesse… Sage est la confiance… » Je soupire lourdement avant de lui laisser un simple :

«  Je te hais. » Avant que la cloche de la fin de la pause se fasse entendre. 

C’est maintenant la manche finale de ce combat. Le seul moyen de rentrer dans le Top 10, c’est de lui défoncer la gueule. Je dois revenir en mode sauvage, mais réfléchie. Edortan lui a peut-être donné des nouvelles tactiques à suivre pour la suite. Ils ne vont jamais répétés les mêmes mouvements que la dernière fois. Une tactique doit s’écrire avant que je manœuvre dans une nouvelle difficulté. Je n’ai pas encore donné des coups de pieds, donc cela va suffire à me renouveler un peu.

À son avancé vers moi, je lui prépare une petite surprise. À place de rester debout, je fonce directement sur lui et je me lance directement sur son pied. J’enroule mes deux bras autour de sa patte pour commencer à le lever et à le projeter à son tour violemment au sol. Agressé de voir ses techniques utilisées contre sa personne, il se relève impulsivement et là, c’est le moment qu’il regrette, parce que son visage frappe directement mon genou pour le faire retomber au sol. Cette tactique le fait déjouer de ses plans originaux, car j’entends Edortan lui hurler des chiffres aléatoires.

Se relevant une troisième fois, il replonge au sol par un mélange entre ma boxe et mes coups de pieds les plus violents. Par ses offensives extrêmement dangereuses, c’est au tour de Werdum d’essayer de tenter de trouver une solution miracle. Il esquive enfin l’un de mes coups pour se coller sur moi afin que j’arrête de le mitrailler de coups aléatoires. Rentrant directement sur la grille, il utilise ses cornes pour créer quelques ouvertures sur mon front.

Je lui renvoie rapidement cette politesse ; le retournant sur la grille et lui donnant encore des coups d’épaules au niveau de son visage. Cette manche n’est pas pour lui, car il le sent très mal. Ses offensives sont très rares, malgré le sang qui commence à embrouiller mon œil gauche à cause d’une ouverture sur mon front par l’un de ses coups de cornes. Les dernières secondes commencent à filer et on commence à se laisser un petit écart entre nous deux pour finir nous deux début. La foule fébrile éclate devant un combat aussi intense.

À la fin du combat, je me redresse avant de féliciter poliment Werdum pour notre confrontation. Je lève la main vers le ciel pour signaler mon éventuelle victoire. Oui, Werdum a gagné la deuxième manche, mais je l’ai clairement dominée durant les cinq dernières minutes. Pendant qu’Uda vient soigner mes blessures, on attend chacun de notre coté le pointage final sur le tableau principal.

28-27 pour moi, selon le premier juge.

Je souris déjà en attendant le résultat pour le deuxième juge.

28-27 pour Werdum selon le second juge.

Je suis déjà agacée que cela risque d’aller vers une décision partagée. Puis, la dernière note arrive pour me plonger dans une confusion devant un tel cafouillage.

29-27 pour Werdum selon le dernier juge.

Même au visage de Werdum et d’Erdortan, le désarroi est partagé. Uda n’a pas vraiment compris le pointage, car il m’enserre autour du haut de mon corps, vantant cette victoire historique. J’ai perdu par la décision partagée des trois juges, c’est tout ce que je dois me souvenir.

Le combat a été plutôt difficile, et je n’en veux pas à Werdum, mais à mon avis, j’ai gagné. C’est moins éclatant que mes dernières victoires, mais cette défaite reste complètement illogique…

Comprenant enfin le résultat, Uda hurle à la corruption et au drame, rentrant dans une outrance poétique devant ce désastre sportif. Edortan vient s’excuser auprès de moi pour cette victoire non-méritée. J’accepte cette excuse avec une certaine lassitude. Soit cette décision est corrompue par les Syndicats du Crime, soit j’ai eu une très mauvaise perception de la première manche.

Après cette soirée merdique, je me fais un petit bain médical au centre d’à coté pour mon dos. La projection durant la deuxième manche a été très violente, me faisant encore marcher de travers après le combat. Vu le prix du bain médical, il nous reste qu’une petite somme de me mon combat pour aller boire un peu dans notre bordel habituel. Cette défaite crève-cœur me bloque un peu pour être enthousiaste, parce que certainement, on peut se remettre dans un entraînement intense, mais mon but était de faire un autre combat pour le Top 5 et essayer de prendre le champion après dans une autre rixe. De cette façon, j’aurai pu être la plus jeune championne de l’Association, cependant le dilemme de cette défaite est en soit désamorçant pour ma carrière de pugilat.

Le bordel appelé Joséphine est une place misérable et souvent très proche de tout fantasme exotique. J’ai connu la plupart de mes amis et de mes connaissances à cette place. Et oui, à ce lieu de débauche, on retrouve tous les foutus fantasmes possibles pour un prix plus ou moins élevé, mais s’égalisant à l’idée de lourds risques autour d’attraper une maladie sexuelle. Uda adore surtout regarder, alors que pour moi, j’ai passé l’âge de regarder tous les mecs ou Oumarus du coin pour un coup d’un soir. En contrepartie, boire dans ce bordel me permet souvent de décompresser. Rentrant dans le boxon, comme à son habitude, la jolie Ayati-rouge Serena se retrouve derrière le bar à servir les clients. La saluant d’une main, j’entends déjà les revendications morbides d’Uda sur son fantasme préféré…

« Tusk est là?» Demande-t-il le plus expressément. « Non désolée Uda, il est vacance… » Réponds-elle aussitôt. 

Je comprends le foutu délire autour de l’exotisme et des attirances de chacun, mais putain que Tusk, cette espèce de semi-morse et semi-humain visite chacun de mes cauchemars à chaque fois qu’il fait son spectacle. Mais pour Uda, ce satanique de Gobelin qui a toujours les attirances les plus étranges, c’est son plus grand fantasme à vie. Un peu malheureux par ce nouvel drame, il demande une autre personne à place de cette affreuse chose qui doit profiter du lac voisin pour ses vacances. « Gertrude? » Demande Uda. Serena répond que celle-ci est en pause, mais elle va bientôt venir nous voir.

En échange du bon procédé, je lui demande quelques boissons alcoolisées pour accompagner notre soirée. Allant nous asseoir à notre table préférée, la nuit semble un peu morte. Habituellement, on retrouve un peu plus de clients qu’à cette mystérieuse soirée. Uda et moi, on se retrouve un peu silencieux en attendant Gertrude et nos boissons devant les lumières roses et blanches du bordel. 

« On va avoir besoin du fric pour le mois prochain, Uda. Soit, on peut aller chasser les putains de tarés de la secte d’Aryon pour leurs primes, soit on demande un putain de prêt à ce connard de Ragnot. » Réfléchissant, Uda reste silencieux avant de me répondre. « On peut peut-être demander une révision de ton combat. » Ricanant, je lui réponds assez rapidement. « À qui? Ragnot? Ce mec voulait que je perde depuis le début. La majorité des mafias ne veut pas que je dépasse les dix premiers vu que je ne suis pas affilée à leur famille. »

Pensif, Uda ouvre la bouche pour sortir une idée avant que je lui ferme automatiquement sa gueule. « Non! Non. Pas encore ta putain d’idée de Bébé Uda pour vendre à Belgrum ou à Asthar. C’est débile comme idée, personne ne va trouvée un foutu Gobelin bébé vert mignon. » Au moins, Serena arrive avec son plateau pour nous servir nos boissons. Elle apporte bien sûr Gertrude dans son bocal afin de couper court à cette discussion.

« Tu m’as manqué, Gertrude. » Dit Uda en regardant la méduse être installée par Serena sur notre table pour commencer sa petite danse exotique tentaculaire dans son bocal. Avec quelques jeux de lumières et la petite musique techno, notre soirée recommence à avoir un peu de plaisirs.

Après les boissons respectives, je demande une petite dose de poudre mauve pour me remettre dedans. Uda gaspille déjà sa part gagnée en donnant presque tout à notre colorée invitée, faisant ses petites danses et parfois en émettant quelques mots par le petit logiciel vocal à coté de son aquarium. Ouvert toute la journée, la maison-close Joséphine nous sert comme abri pour s’occuper. Puis, on voit enfin passé un habituel de ce commerce hors-norme. Edortan vient d’arriver après une grosse nuit à replacer les muscles et à guérir les blessures de son poulain. Nous remarquant, ses yeux se fixent  directement vers nous avec son sourire narquois.

« Je crains comprendre pourquoi tu as perdu ce soir, Atonia. C’est la journée officielle de la chance naine! » Il a encore fait un gros coup, aujourd’hui. Il a peut-être plus gagné qu’au combat. « Raconte, perfide gnome. » S’installant doucement sur un siège voisin, il commence à me parler de l’après-combat, quand il a suivi une demande pour l’achat de l’un de ses vaisseaux.

« Alors après le combat, j’ai reçu un message d’une femme humaine qui se cherchait un petit vaisseau d’exploration. Je lui ai répondu que j’ai quelques modèles dans mon garage à lui proposer. Je lui fais une petite liste exhaustive de ce que je possède. Devant ce catalogue, elle me dit que n’importe quel vaisseau lui convient, tant qu’il se rend au moins à Xatera. » Levant son doigt vers Serena pour lui apporter sa boisson favorite, je commence à deviner où qu’il voulait en venir.

« Tu n’as pas vendu le Giguar, quand même? » Uda s’hilare en entendant mon hypothèse complètement farfelue.

Me faisant un petit clin d’œil, je commence à rire. « Putain! Mais quelle débile! Elle va peut-être se rendre sur Xatera, mais quand elle va ressayée de partir, jamais ses moteurs vont redémarrer. » Edortan commence à rigoler de bon cœur avec nous après.

« Et devine quoi? Je l’ai vendu à deux fois son prix neuf… » Nous trois, on commence à rire comme des petits fous devant cette histoire. C’est complètement incompréhensible cette histoire, mais tellement probable avec tous les récits qu’on entend avec ces étrangers qui viennent acheter à rabais.

Reprenant mutuellement notre souffle, Edortan nous offre quand même quelques boissons pour le valeureux combat qu’on a eu avec son poulain. Il nous avoue qu’ils ont perdu le combat et ne comprends pas la décision du dernier juge. De plus, vu l’état des implants et des chirurgies de Werdum, cela va être difficile de faire un autre combat après celui-là. Uda, toujours concentré sur Gertrude, semble sortir des grands angles de son nouveau fantasme tentaculaire pour revenir sur un sujet.

« Elle ressemblait à quoi, cette fille qui a acheté ton Giguar? »

Posant sa main sur sa longue barbe, il commence à réfléchir. « Jolie pour les désirs humaines, un peu maigre, il lui manque beaucoup de gras. Je dirais mi-vingtaine humaine. Elle semble être née sur une planète proche d’un soleil vu la couleur de sa peau. Elle portait des vêtements verts foncés, mais cela allait assez mal avec la pluie de Tadeus. » Il commence à attirer un peu mon attention à cette description.

« Elle vient peut-être du Kuristan. C’est des clans qui amassent beaucoup leur fortune dans leur coin, mais étrange qu’elle a cherché de quitter ses lunes. Ils sont assez communautaires et très loin de vouloir visiter les systèmes extérieurs, surtout un monde aussi matérialiste que Xatera… »

« Je ne crois pas qu’elle cherchait à aller sur Xatera. C’était plutôt une approximation. Je crois qu’elle visait plus le coin inférieur de la Galaxie d’Asho. Je dirais peut-être Jemendra, Constantinox ou encore Vellerya. »

Très curieux comme démarche, mais venant du Kuristan, une autre chose m’intéresse d’elle. C’est sa fortune et surtout son collier familial où parfois des minéraux rares peuvent se vendre assez chers.

« Faisons un marché, Edortan. Ta victoire avec Werdum, c’est clairement de la merde en boite. Tu me donnes le traqueur de son vaisseau et j’oublie tout mon dégout autour de ça. On repart sur des bonnes bases… et à part des vieux gâteux qui veulent suivre leur épouse en fuite… qui veut vraiment garder le traqueur d’une Giguar en décomposition? »

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SollyR
Posté le 13/06/2020
Coucou!

Chapitre intéressant ! On rentre dans l’histoire avec un déroulement de combat très bien décrit, soit dit en passant. Je n’ai pas grand-chose à dire sur ce chapitre, il était pertinent :)

Passons au suivant :) <3
BearOmega
Posté le 14/06/2020
Merci beaucoup, Big Solly.

Au moins, Uda ne t'a pas fait fuir.
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