Arc II : Guerre civile - Prologue : le rocher et le Psalmiste

Alors que le siège de Tervire se termine, des événements que personne n’aurait pu prévoir étaient en gestation au Haut Domaine. Mais pour en parler, il est nécessaire d’aborder deux éléments présents sur le Plateau des chèvres que la guerre n’a pas permis de mettre en lumière par manque de temps.

Le premier est un rocher présent dans un champ situé à proximité du village central. À première vue, rien ne semble la différencier des autres rochers. C’était du granit, comme n’importe quelle pierre sauvage que l’on pouvait trouver partout sur ce plateau montagneux. Pourtant, ce rocher était connu de tous les habitants du Haut Domaine. Ceci parce qu’à chaque génération, elle attirait à elle une personne du plateau qui se mettait à en prendre soin, comme une mère de son enfant. Si on lui en demandait la raison, elle-même était bien incapable de donner une raison valable à son attachement à ce rocher. Un matin, elle s’était levée avec un appel au sein de ses tripes et s’était mis en route jusqu’à arriver devant le rocher. C’est pourquoi il était entré dans les traditions du Haut Domaine d’attribuer le champ dans lequel se trouvait ce rocher à l’individu qu’elle attirait.

Le second élément à connaître était donc bien entendu ces gens que la pierre attirait les uns après les autres. Il n’y avait jamais eu qu’un gardien du rocher par génération. Dès que le prédécesseur mourait, le lendemain son successeur se manifestait. Mais ce n’était pas la seule particularité de ces appelés. D’ailleurs, ils n’étaient même pas appelés gardiens ou appelés. La coutume était de désigner la personne que le rocher appelait à lui, le Psalmiste. La raison consistait à ce que chacun des gardiens du rocher avaient composé un psaume ; un seul et unique psaume de toute leur vie. Comme pour le lien qui les unissaient au rocher, aucun d’entre eux n’avaient jamais su dire d’où venait le psaume que chacun écrit à un moment ou à un autre de sa vie. Un jour, l’inspiration leur venait, et ils l’écrivaient. Une fois la plume reposée, c’était fini. Plus jamais ils ne la reprendraient. Les rois et reines du Haut Domaine avaient rapidement décidé de faire une compilation de ces psaumes dans un livre que l’on appelait en toute logique le Psautier. Et les habitants du Haut Domaine avaient pris l’habitude d’attendre avec curiosité et respect le prochain Psalmiste et le psaume qu’il écrirait. Pendant les longues journées de pâturage, il était d’usage pour les bergers de lire et de mémoriser les psaumes associés à leur auteur. Les soirs auprès du feu, un des jeux bien connus et appréciés de tous et de toutes était de se défier sur la connaissance des psaumes. Chaque année, on organisait des concours pour enfants et pour adultes autour de la récitation des psaumes.

Jusqu’aux événements de Tervire et ses suites, le rocher et les Psalmistes, au-delà de ces phénomènes entrés dans la tradition, n’avaient attiré l’attention de personne. Mais à n’en pas douter, un rocher aussi étrange ne pouvait que receler un mystère attendant son heure pour se dévoiler, heure qui était maintenant arrivée.

À l’encontre de la violence,

J’oppose ma douceur.

Face à l’intransigeance,

Je fais montre de miséricorde.

Devant l’esclavage,

J’indique la liberté.

Quand vient l’assoiffé,

Je lui donne à boire.
L’orgueil hurle,
Mais je garde le silence

Car je sais qui je suis ;

Je n’ai pas besoin qu’on m’entende.
Je suis là si l’on me demande.

Je suis celui que je suis,

Me suis-tu ?

Humour et Amour :

L’Âme hume l’homme lumière.

Humour humble d’un Amoureux ému

Par l’homme, lumière du monde.

Hymne de l’Humilité humoristique ;

Humus de l’Âme, émotion de lumière

Aimante, aimant des hommes

Humbles, amants de l’humilité.
Amour pour les hommes,

Humour devant la mort.
Humour et Amour se ressemblent et s’assemblent.

Psaume n°1 du Psautier, écrit par Romain Mélode