Anomalie chapitre 2

Par Folyse

Anastasia en avait clairement assez. Il était déjà assez dur pour elle de gérer le complexe sous la tutelle de l’armée, mais il fallait que celle-ci lui complique encore plus la tâche. Comment ? C’est simple :

« Pourquoi l’avoir fait emménager ici ! »s’exclama une femme de grande taille, mince avec des cheveux courts blonds. Devant elle, Anastasia ne faisait que soupirer en s’enfonçant encore plus dans sa chaise de bureau.

« L’armée vous propose déjà de nombreux soldats pour assurer la sécurité de ce complexe. Ce que vous faites est extrêmement dangereux ! Mesurez- vous vraiment les risques que tout cela va occasionner ? » renchérit un homme un peu plus petit, avec un style militarisé.

 

Ces personnes, ne rendaient que plus terrible la journée qu’Anastasia avait. Tous deux avaient été envoyés par l’armée pour former les Anomalies ou plutôt les robotiser tels des soldats ; la matrone s’y attendait à vrai dire mais ce n’était pas pour ça qu’elle devait les supporter. La femme avait trop souvent un comportement hautain près d’elle, la prenant de haut tel un enfant gâté. L’homme, lui, semblait plus strict et détaché mais se référait beaucoup trop à l’armée à son goût. Bien que hiérarchiquement elle était leur supérieure, ils ne la considéraient pas comme telle, questionnaient chacun de ses faits et gestes. Ce qui rendit plus difficile l’amicalité entre les trois.

 

« Mr Silo, Mme Laberte dois-je vous rappeler qui prend les décisions ici ? Et pourquoi ? »interrompit Anastasia. Face à elle les concernés se redressèrent en lui lancent des regards noirs qui ne la firent même pas frémir. «  à ce que je vois, vous vous en souvenez c’est rassurant »

« Sauf votre permission, Madame... » commença Silo sa voix faisant ressortir sa colère « je pense que les sujets pourraient subir des conséquences négatives suite à l’introduction de cet élément » expliqua-t-il en faisant référence à Élodie

« Tout comme il pourrait y avoir des conséquences positives, qui sait ? » répliqua la plus âgée.

« vous le faites exprès ou quoi ! Elle est... »s’écria la femme s’attirant immédiatement la colère d’Anastasia.

« Laberte ! Quand je voudrais entendre votre avis je vous le ferai savoir ! »coupa-t-elle avec une voix basse tout en se levant lentement de sa chaise, le visage exprimant un dixième de sa colère. « Retenez bien ce que je vais vous dire tous les deux : vous n’êtes pas à la tête de ce projet, je le suis . Ce qui signifie que si je n’ai plus envie de vous voir il me suffit d’un seul ordre à l’armée pour vous faire disparaître d’ici ! Vous n’avez aucunement le droit de contester mes décisions quelles qu’elles soient ! De même que me parler sur ce ton ! Maintenant allez faire ce pour quoi vous êtes utiles avant que je décide de mettre cet ordre à exécution »finit-t-elle toujours calmement.

 

Inspirant fortement les deux concernés ne se risquèrent pas et ne tardèrent pas à sortir du bureau. Enfin seule ,Anastasia se rassit en soupirant, et dire que la journée venait de commencer…

Jetant un œil à la paperasse devant elle, elle se décida plutôt à aller analyser les échantillons de sang de ce matin ; personne n’aimait l’administration, c’était bien connu.

 

Tout en préparant les lamelles dans son labo, la femme repensa au évènements des deux derniers jours. Élodie, comme elle s’en était douté, avait accepté le poste.

Anastasia l’avait donc informée qu’elle avait une semaine pour se préparer à emménager dans le complexe. Ça de fait, il fallait après informer l’armée de l’arrivée d’Élodie… cela avait été une très longue réunion avec des vieux hommes misogynes pour faire accepter la présence d’Élodie. C’était dans ce genre de moment qu’Anastasia imaginait les pires tortures possibles pour ses hommes. Au final, cela s’était terminé sur une bonne note, si l’on peut dire ; elle savait qu’elle était juste un peu plus détestée.

Le deuxième jour, elle s’était attablée à organiser l’installation d’Élodie et à la mise en place de son programme ; cela s’était révélé plus difficile que prévu. Il lui fallait côtoyer les potentielles Anomalies de manière progressive ce qui n’était pas de tout repos avec les deux énergumènes de tout à l’heure. Mais au final elle s’en était sortie, et tout était maintenant en place pour l’arrivée d’Élodie. Ainsi que pour celle de son chien.

 

Des coups ramenèrent Anastasia à la réalité. Posant les ustensiles qu’elle avait en main, elle se dirigea vers la porte, soupirant de manière colérique pour son manque de tranquillité, prête à faire tomber sa foudre sur la personne qui osait la déranger.

En ouvrant la porte elle vit que c’était Jessica qui était venu la voir ; un petit sourire aux lèvres à la vue du café qu’elle lui offrait, elle la laissa entrer après le lui avoir dérobé. Laissant de côté un peu de sa colère.

« Mike et Merry n’avaient pas l’air de bonne humeur alors je me suis douté que vous en auriez besoin... »commença Jessica en se mettant en face de la table du labo, alors qu’Anastasia s’était assise.

« Et tu as bien fait, mais ça ne me dit pas tout sur ta présence ici non plus... »commenta Anastasia en plissant les yeux sur la jeune femme.

 

Se remettant droite de manière maladroite, Jessica se sentit disséquée par le regard de la matrone. En effet, dans le centre tout le monde savait que, lorsqu’elle était dans le labo personne ne devait la déranger au risque d’avoir des répercussions assez froides.

« euh… Merry avait fini pour les tests physiques de la semaine, et vu que… enfin j’ai proposé de vous les transmettre à sa place.. »expliqua-t-elle en lui tendant un fichier assez plein. Bien entendu Anastasia ne le prit pas dans la seconde mais laissa la femme poiroter, la faisant stressé encore plus. Lorsqu’elle vit qu’elle avait assez peur, elle se décida enfin à le prendre ; Jessica, pour sa part, laissa un souffle s’échapper, un souffle qu’elle n’avait même pas remarquer retenir.

 

Analysant rapidement les résultats, Anastasia jeta un rapide coup d’œil à Jessica.

Ladite femme avait intégrée le centre une année après les deux perturbateurs, bien entendu elle avait été admis sous les soins d’Anastasia. Cela expliqué pourquoi dans un sens, on pouvait dire que c’était sa préférée, bien que seule la science et les Anomalies comptait pour la matrone.

Jessica l’avait tout de même impressionnée si l’on peut dire dès les premiers jours. La jeune femme participé à tous les niveaux, et avait vite compris ce qu’il fallait éviter ou non. Le travail d’Anastasia avait été dans un sens plus simple avec l’aide de Jessica, et elle était très vite devenue son ‘bras droit’’, étant la seule appelée par son prénom par Anastasia.

D’après ce qu’elle savait, elle s’entendait assez bien avec Laberte et Silo, mais sans plus. En ce qui concerne les potentielles Anomalies, elle était investie mais de loin. Ne voulant pas d’attaches sentimentales qui pourraient fausser leurs études. Une décision qu’Anastasia respecta bien qu’elle aurait voulu voir ce qu’un tel lien aurait donné.

 

Le train de ses pensées fut rompu par Jessica qui décida enfin de poser la question qui la titille. Anastasia, bien entendu, savait déjà de quoi elle voulait parler.

« Êtes -vous sûr que c’est une bonne idée ? » demanda la jeune femme de manière incertaine, de la peur pouvait être identifiée mais la raison resta inconnue au yeux de la plus âgée.

« Ai-je déjà pris de mauvaise décision ? »retourna la matrone en lui rendant les fichiers ;

« Non madame, c’est juste nouveau et... »

« Je comprends la raison de vos doutes mais pas la peur bien que j’ai une hypothèse...envoyez ces fichier au départements des Anomalies et dites à Laberte d’augmenter le niveau de 2 cran. » s’exclama Anastasia.

Comprenant que la conversation devait s’arrêter là, Jessica hocha la tête avant de faire ce qui lui était demandé. Mais au moment où elle allait fermé la porte, Anastasia l’arrêta :

« elle est comme vous, pas mauvaise et pouvant être bénéfique...maintenant oust »dit la femme avec une voix assez douce en quelque sorte, du moins pour Jessica. Et c’est avec un petit sourire et de la curiosité qu’elle ferma la porte. Se demandant ce qui allait se passer à présent ?

 

 

La semaine s’était rapidement achevée, Élodie était enfin arrivée dans ce qui allait être sa nouvelle maison. Anastasia avait fait en sorte qu’elle soit détachée du complexe, de ce fait elle vivait à présent dans un petit loft derrière le bâtiment central. Un jardin et une fontaine la séparant de celui-ci. L’habitation avait tout ce qu’il fallait, pas de décoration particulière et une peinture neutre complétait les murs. Les pièces étaient toutes bien éclairées, en soi rien de particulier ne se détachait, du moins...

« Pouf rend la chaussette !! »cria Élodie en poursuivant le chien dans la chambre. Cela faisait à peine deux heures qu’ils étaient arrivés dans le loft, que le pitbull avait déjà commencé à mettre du désordre. Il était évident que l’animal n’aimait pas le déménagement.

Celui-ci s’était pourtant passé sans accro, Élodie avait emballé ses affaires dans des cartons avec l’aide de Charlie un jour avant que le camion n’arrive. Finalement, ce fut une patrouille de soldats qui avait transporté toutes ses affaires ; étrange mais pas inquiétant compte tenu de l’endroit ou elle devait emménager.

Élodie face à tout cela avait bien entendu la boule au ventre à l’idée de recommencer à travailler aux côtés des Anomalies, pourtant un sentiment opposé à l’inquiétude dominait son esprit. C’était la curiosité. Pour elle, tout cet endroit cachait quelque chose, elle ne savait pas l’expliquer mais son instinct lui disait de creuser, chercher, fouiller. Cela ne concernait pas les enfants en particulier mais plutôt le centre en lui- même. Et elle allait le découvrir.

 

Il lui fallut au final deux heures pour ranger toutes ses affaires dans les endroits adéquates, elle pouvait maintenant se sentir tant bien que mal chez elle. Pouf était une autre histoire, il avait décidé après avoir rendu la chaussette, de camper littéralement dehors refusant de rentrer dans la maison.

Soufflant de fatigue, Élodie se décida à passer du temps avec le chien, mais à peine avait-t-elle mis un pied dehors qu’elle vit au loin Jessica arriver. S’attendant à avoir des instructions, Élodie se prépara mentalement à ce que la femme allait lui dire. Une minute à peine et la concernée était devant elle.

« Je vois que vous vous êtes installée, y a-t-il eu des problèmes ? »demanda Jessica de manière formelle tout en restant polie.

« Rien en particulier si vous ne comptez pas la chaussette mâchouillée » répondit Élodie tout en lançant un regard au pitbull qui ne fit que souffler en retour sans la quitter des yeux.

« C’est bon à entendre » dit Jessica tout en ayant un début de sourire en regardant le chien, sourire qui disparut aussitôt alors qu’elle reprenait son sérieux. « Vous vous en doutiez mais je suis ici pour vous présenter les lieux et vous expliquer votre programme sous la demande de Mme Lewind. »

« Oui je m’en doute »

« Avant que nous partions vous devriez peut-être le... »commença la femme tout en désignant du regard la niche du chien qui avait été installé à coté du loft. Ce qui ne plaisait pas du tout à Élodie, c’était la petite taille et les barreaux qui la composaient , il était hors de question pour elle que Pouf aille à l’intérieur. Alors tout en sifflant, Élodie fit signe au pitbull de rentrer à l’intérieur du loft. Grognant de mécontentement, l’animal fit quand même ce qui lui avait été demandé ;

 

Le sourire aux lèvres, Élodie se retourna vers Jessica qui l’attendait ; le regard qu’elle lui lança lui fit comprendre qu’elle non plus n’aimait pas cette niche ; Ne perdant pas plus de temps, les deux femmes se mirent silencieusement en route vers le centre.

 

L’arrière de celui-ci était un peu plus moderne que le devant : des baies vitrés s’étalait sur presque tout la longueur du rez-de-chaussé. Tandis que les étages avait une façade plus ancienne, de couleur brique. Rentrant dans le bâtiment, Jessica lui présenta d’abord l’espace où elle avait vu pour la première fois les enfants, une salle close entourée de vitres sans tain de chaque côté avec un jardin artificiel de taille raisonnable à l’intérieur. Passant rapidement, elle lui montra ensuite à l’opposé, une pièce qui était un salon très spacieux décoré de plusieurs bibliothèques dont Élodie avait l’accès. Jessica l’amena ensuite jusqu’au foyer en face de l’entrée, tout en lui indiquant la salle de conférence à la gauche de celui-ci, tandis que le grand escalier se trouvait à leur droite ;

 

Comme elle l’avait déduit lors de sa première venue, le premier étage été plus réservé à Anastasia et Jessica. On y trouvait le bureau de la matrone, ses quartiers (salle de bain et chambre) ainsi que ceux de Jessica, le labo qui lui était strictement interdit, pas qu’elle soit étonnée et une grande bibliothèque ;

Continuant au deuxième étage c’était cette fois concentrée sur les potentielles Anomalies, une petit bibliothèque/salle d’étude, quatre dortoirs : deux pour les filles et deux pour les garçons, ainsi que des salles de bain séparées ;

Tout en visitant les lieux, Élodie n’avait pas manqué de poser quelques questions pour en savoir plus, les réponses de Jessica à celle-ci était toujours courtes et sans détails

Combien d’enfants filles et garçons ? quinze au total : six filles et neuf garçons. Où sont les enfants : en cours. Quel cours suivent les enfants : ce n’est pas vos affaires.

 

Au final Élodie n’avait rien appris de concrètement utile lorsque la visite du deuxième étage s’était terminée, s’attendant à aller au troisième, Élodie fut intriguée lorsqu’elles commencèrent à redescendre.

« Nous n’allons pas au troisième étage ? » demanda Élodie de manière curieuse

« Pas aujourd’hui non » répondit directement Jessica

« Qu’y-a t-il là bas ? »

«  Les quartiers de Merry Laberte et Mike Silo, les militaires s’occupant constamment des enfants, il y a aussi les salles de cours et de sports intérieurs » expliqua la femme tout en continuant à descendre les marches jusqu’au foyer. Élodie ne fit que la suivre, tout en continuant à observer les lieux, les mémorisant un a un. Arrivées au foyer, Jessica se retourna vers la femme, attirant son attention.

« Cette étude que nous menons est importante, alors ne la faite pas échouer en fourrant votre nez partout. »dit-elle froidement mais avec conviction ce que Élodie remarqua. Selon elle, Jessica semblait tenir à cœur ce centre et le projet qu’on y menait à l’intérieur.

 

Acquiescant lentement, elle la laissa finir sans la quitter des yeux :

« Votre programme commence demain, il consistera à observer les potentielles Anomalies dans le parc (le jardin artificiel) , Mme Lewind a ensuite fait en sorte que vous preniez contact lentement avec eux à travers les jardins en extérieur, puis dans les couloirs ; »expliqua Jessica tout en lui tendant un dossier. «  Rentrez chez vous et étudier ces profils pour demain. » conclut-t-elle tout en commençant à partir laissant la brune seule.

« Dites-vous que c’est déjà fait. » murmura passivement Élodie, en tournant sur elle-même, la tête levée avec les yeux concentrés sur le plafond.

 

Aucun enfant, ni signe de vie. C’était ce qu’elle avait remarqué en premier, cela pouvait dire beaucoup de choses. Peu de personnes, peu d’interactions donc peu d’informations partagées. Le contrôle est restreint à quelques personnes. quatre pour être exact. Pas de bruit, c’était étrange étant donné que ce centre devait abriter dix-neuf personnes. Élodie supposa que le bruit acoustique était étouffé, démontrant une sécurité assez élevée dans chaque pièce. Sécurité élevée, contrôle restreint, voilà ce qu’elle savait pour l’instant. Soupirant en réfléchissant, Élodie décida finalement de rentrer au loft pour étudier les seules informations qu’on avait dénié lui donné.

 

Une soirée à lire le dossier, et elle n’avait rien appris d’autre. Seulement les caractéristiques physiques des enfants. Taille, poids, couleurs des yeux et des cheveux. Même leurs prénoms et noms avaient été effacé. Pourquoi ? Élodie n’en avait pas idée. C’était comme si Anastasia et le reste de l’équipe ne voulaient pas qu’elle crée un lien entre elle et eux ; logique dans un sens mais illogique dans l’autre. Si elle devait les maîtriser en cas de danger, il lui serait plus facile de les calmer avec la parole d’où l’utilité des noms.

Mais non, pour l’instant elle devait rester détachée et analytique sur la situation. En face d’elle, Pouf ne fit que la regarder avec sous-entendu. Le chien avait enfin dénié resté dans le loft lorsqu’il avait trouvé les couvertures confortables de la chambre, les préférant à la niche, ce qu’elle pouvait comprendre.

 

S’affalant dans le canapé, elle se demanda ce que la journée de demain allait bien pouvoir lui réserver. Au bout de dix minutes elle en eut cependant assez de réfléchir à tout cela et décida d’aller se coucher, comprenant que certaines réponses devaient attendre.

Alors qu’elle se dirigea vers sa chambre avec Pouf, elle ne remarqua pas la silhouette dans l’ombre de son loft... L’observant et la surveillant, lorsque celle-ci vit que la femme allait se coucher, elle disparut a son tour, la laissant à ses rêves.

 

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Roxy
Posté le 21/09/2021
Coucou !

C'est un excellent travail je dois dire ! je noterais juste quelques erreurs de syntaxe passées à la trappe lors de la relecture (des majuscules au début des phrases entre guillemets et quelques espaces oubliés après les guillemets. Mais sinon le chapitre est super et donne vraiment envie de lire la suite.
les reformulations sont excellentes ! ;)
Vivement la suite !
Roxy
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