Alliance

Par Sebours
Notes de l’auteur : Au jour où je poste ce chapitre, mon histoire vient de dépasser 10 000 vues! Pour moi qui ne possède aucun compte sur un réseau social et qui ne pars pas à la pêche au commentaire, je trouve ça incroyable! Il faut relativisé, mon histoire est longue, vous êtes 250 à avoir lu mon troisième chapitre. En tout cas merci de me lire, ça me fournit encore plus de motivation à écrire!

On estime à 200 000 tonnes d’or et 1 600 000 tonnes d’argent le volume de métaux précieux en circulation. Ces richesses ne sont cependant pas également réparties entre les bannières des Sept.

  • Les nains possèdent environ 30 % des richesses, soit 60 000 tonnes d’or et 480 000 tonnes d’argent.

  • Les elfes possèdent environ 20 % des richesses, soit 40 000 tonnes d’or et 320 000 tonnes d’argent.

  • Les gnomes possèdent eux aussi environ 20 % des richesses, soit 40 000 tonnes d’or et 320 000 tonnes d’argent.

  • Les orcs possèdent environ 11 % des richesses, soit 22 000 tonnes d’or et 176 000 tonnes d’argent.

  • Les satyres possèdent environ 5 % des richesses, soit 10 000 tonnes d’or et 80 000 tonnes d’argent.

  • Les dryades possèdent environ 2 % des richesses, soit 4 000 tonnes d’or et 32 000 tonnes d’argent.

  • Les fées possèdent environ 2 % des richesses, soit 4 000 tonnes d’or et 32 000 tonnes d’argent.

    Répartition de l’or et de l’argent sur le bouclier monde.

    Encyclopedia Gnomnica

 

Nomrad s’interrogeait sur la marche à suivre à présent. Elle avait voué son existence à l’établissement du clan des Marteaux d’Airain. A présent qu’il était reconnu, elle devait consolider sa position et continuer son ascension.

Depuis l’officialisation, les propositions d’alliances arrivaient par wagonnets entiers. Tous les clans désiraient associer leur nom à celui des Marteaux d’Airain. Ils espéraient tous soutirer une part de la supposée incommensurable fortune de Nomrad et les siens. Mais de fortune il n’y avait plus. La matriarche s’était saigné aux quatre veines pour réunir le tribut nécessaire à la reconnaissance de son clan. Certes les armes fabriquées à Khur-Dural se vendaient bien et l’arrêt du marché d’achat d’esclaves avec les ors permettait de respirer économiquement. Cependant, depuis leur affranchissement, il fallait à présent payer les derniers nés de Nunn ! La maître forgeron ne disposait plus d’aucun pécule. Payer trente mille tonnes d’or et dix fois plus d’argent avait siphonné le trésor du clan. Même avec la découverte de nouveaux filons, la reconstitution du stock prendrait des centaines d’années ! Il restait bien les pierres précieuses, cependant, depuis l’aube des temps, jamais un nain ne s’était encore séparé d’un diamant ou d’une émeraude de taille respectable. La matriarche ne dérogeait pas à la règle. Dès lors, l’équilibre financier restait précaire. Au moindre faux pas, à la moindre anicroche, toute l’entreprise de Nomrad pouvait s’écrouler.

Heureusement, les autres clans ignoraient tout de la situation délicate des Marteaux d’Airain. Tous défilaient à Muggulor pour proposer une alliance. La maître forgeron cherchait le mariage qui rééquilibrerait les comptes. Aujourd’hui venait Garrak, du clan des Diamant-Charbon et surtout roi de l’infra-monde. Pour afficher sa puissance économique de façade, Nomrad emmena son suzerain visiter à dos de manticornes Vonkholm, le nouveau nom du territoire-qui-n’existe-pas. Les dimensions presque infinies du nouveau royaume laissèrent pantois le souverain. Les mines pullulaient. Les manufactures poussaient comme des champignons. Tous les alliés possédaient des logements individuels. Une zone spécifique avait été aménagée pour les goules. Même les cyclopes disposaient du luxe de l’espace dans des cavernes taillées à leurs mesures.

Après cette promenade intrigante, Nomrad invita son roi à souper dans la salle de réunion des Marteaux d’Airain en compagnie des membres majeurs leurs clans respectifs. Garrak prit donc place à la grande table ronde en compagnie de sa femme, sa fille, son frère et sa sœur. Krim, Tordur et Oin participaient également au repas. Le souverain était le seul nain marié ce qui laissait une multitude d’alliances envisageables. Certainement influencé par la visite de Volkholm, Garrak ne put contenir son empressement à négocier.

« Fichtre, matriarche Nomrad ! Je ne tournerai pas autour de l’entrée de la mine ! Nos deux clans doivent s’unir ! Pour l’avenir de l’infra-monde ! »

« Que proposez-vous, Garrak, roi des nains ? Mon roi ! »

« Fichtre ! Un mariage entre vous et mon frère, Magdir, ici présent ! »

« Je suis cheffe de mon propre clan ! Mon autorité est absolue ! Je décide de l'avenir des Marteaux d’Airain, de ses alliances et de ses guerres ! Pourquoi m’encombrerai-je d’un époux qui m’imposerait sa loi ? Pour payer une dot ? Mon tribut ne vous a pas suffi ! »

Nomrad se dressa sur ses poings et toisa l’impudent souverain. Qu’attendait-il d’une proposition aussi indécente ? Le feu de la colère brûlait dans les yeux de la matriarche. Elle était prête à ordonner à Krim de conquérir militairement le royaume de Grimdar et d’envahir Néggudur. Elle pouvait aussi demander à Oin d’affamer et assoiffer le territoire des Diamant-Charbon. Elle montrerait à ce suzerain fantoche qu’on ne se moquait pas impunément de son clan. Tordur posa calmement sa main sur celle de sa matriarche pour la rassénérer.

« Hum ! Hum ! Restons sérieux, noble Garrak ! Tous les clans ont défilé à Muggulor pour nous proposer des alliances intéressantes. Hum ! Et aucun n’a eut l’outrecuidance de tenter de s’emparer du clan des Marteaux d’Airain. Hum ! Hum ! Nous sommes trois nains célibataires et vous êtes venus avec votre sœur et votre fille qui sont encore bonnes à marier. Il est donc possible de trouver un terrain d’entente raisonnable. »

Tordur entendait par raisonnable un accord sans d’importantes tractations financières. Les Marteaux d’Airain savaient grâce aux espions de Oin que le tribut qu’ils avaient versé avait sauvé le roi de la banqueroute. Jusqu’à présent, Garrak ne mariait pas sa fille et sa sœur faute de dot suffisamment conséquente. Et son frère, Magdir se montrait trop gourmand, boursouflé d’ambition qu’il était. Il voulait être à la tête de son propre clan. Le cadet des Diamant-Charbon courtisait depuis des siècles Nysla, la cheffe des Sang de Rubis sans parvenir à ses fins. Et voilà qu’il jetait son dévolu sur Nomrad ! La maître forgeron n’avait pas enduré toutes ces épreuves pour offrir le fuit de son labeur sur un plateau d’argent à ces vautours. Elle restait en position de force pour mener les négociations.

« Mon roi, quel mariage envisagez-vous et pour quelle dot ? »

« Fichtre ! Ce franc-parler me change des courbettes habituelles ! »

« Par ma hache ! C’est que nous n’avons pas de temps à perdre ! Volkholm est un territoire vaste ! Ha ! Sa population est innombrable ! Son administration demande une implication de tous les instants ! » se vanta Krim le fougueux.

« Fichtre ! L’union des héritiers uniques de nos deux clans semblerait le plus approprié. Nous pourrions fixer la dot à … disons… dix talents d’or et cent d’argent. »

« Garrak, vous nous insultez encore ! Les Marteaux d’Airain ont payé un tribut dix fois plus important à chacun des dix clans officiels. Tous vos concurrents nous ont proposé au minimum la moitié de ce que qu’ils avaient perçu ! Faites-nous une proposition concrète et acceptable ! »

« Fichtre ! Vous êtes dure en affaires, Nomrad ! Va pour cinquante talents d’or et cinq cents d’argent ! Cela conviendrait-il ? »

Financièrement, cela convenait en effet. Cette somme renflouerait quelque peu les caisses. Cependant, Nomrad espérait plus de cette alliance. L’officialisation du clan devant le Thing avait éludé la préparation de la nouvelle guerre lemniscate. Prendre le commandement des armées naines assiérait un peu plus la légitimité des Marteaux d’Airain. Krim briguait donc le poste de grand jarl. La matriarche avait construit toute l’éducation de son fils dans ce sens. Il dirigeait depuis plus de cinquante cycles la milice du territoire qui n’existe pas. Les meilleurs stratèges avaient été débauchés pour l’entourer et lui prodiguer leurs conseils. L’héritier du clan participait même régulièrement avec ses troupes à des manœuvres et des exercices militaires contre les soldats des peuples de la mer. La demande d’alliance du roi des nains offrait l’opportunité de placer le fougueux descendant à la tête des troupes de l’inframonde.

« Vous vous doutez, mon cher Garrak qu’il faut plus qu’une dot honnête pour marier mon fils ! Si cette alliance n’était qu’économique, Tordur ou Oin épouserait votre sœur Arnas, ici présente. » Comme une sororité sous-jacente, les deux naines se renvoyèrent une discrète révérence d’un mouvement de tête.

« Fichtre ! Mon clan n’a rien d’autre à vous offrir ! Les Marteaux-d’Airain sont omniprésents dans l’infra-monde ! Vous êtes en monopole ou en situation de majorité dans tous les secteurs d’activité ! »

« Ce n’est pas l’économique qui nous intéressent mon roi ! C’est le politique ! »

« Fichtre ! Vous voulez ma couronne ?!! Et après cela, c’est moi qui suis insultant ! »

« Hum ! Non pas, mon roi ! Les Diamant-Charbon siègent sur le trône par la volonté de Dmor-Khal ! Hum ! Hum ! Et vous envisagez déjà de faire de Krim le futur prince consort. » tempéra l’avisé Tordur.

« Ce que mon clan attend surtout du vôtre, c’est un appui politique indéfectible. Votre voix est déterminante pour l’élection du grand jarl. Depuis trente mille ans, vous obtenez la nomination de votre frère Magdir à ce poste, avec les résultats que l’on sait. Il serait logique que vous souteniez votre gendre devant le Thing. »

« Je proteste mon frère ! N’écoutez plus les propos de cette mégère ! Qu’elle me refuse une union est une chose entendable ! Qu’elle tente d’usurper mon titre de grand jarl est par contre inacceptable ! Je pourrais annexer le Volkholm pour cet outrage ! »

« Par ma hache ! Essayez dont et vous serez bien reçu ! Nos forces sont dix fois supérieures à celles des sept royaumes réunis ! »

Le roi Garrak se terrait dans le silence. Il réfléchissait à la proposition en lissant sa barbe.

« Mon frère ! Vous n’allez tout de même pas sérieusement envisager cette proposition ?!!! »

« Silence Magdir ! Tu troubles ma réflexion ! » cria le souverain courroucé.

« Je suis grand jarl depuis je suis en âge de porter une hache ! » s’offusqua Magdir.

« Par ma hache ! Et combien de guerre as-tu remporté ? Aucune ! Être grand jarl n’est pas un du ! »

Nomrad posa sa main sur celle de son fougueux fils. Elle visait à canaliser sa nature impulsive. Ils étaient en passe d’obtenir le titre de grand jarl. Il aurait été trop stupide de tout gâcher maintenant. De plus, ils parvenaient à instiller la discorde dans le clan des Diamant-Charbon. Oin et son service d’espionnage suspectaient les tensions importantes entre le souverain et son cadet. Celles-ci étaient essentiellement liées à l’exercice du pouvoir. Obtenir le commandement des armées s’avéraient donc doublement stratégique. La maître forgeron ressentait le conflit interne de son roi. Pouvait-il refuser une alliance avec le plus puissant clan de l’infra-monde pour ne pas se fâcher avec son frère ? Dans ce cas les Marteaux-d’Airain seraient en capacité de remettre en question sa légitimité. Quelle était la plus grande menace pour son trône ? Pour faire pencher la balance, elle sortit un nouvel atout de sa manche.

« Pour solidifier un peu plus encore notre alliance, je vous propose d’unir votre sœur Arnas à Oin sans la moindre dot à verser. Ou bien disons que la somme envisagée tout à l’heure compte pour les deux mariages. »

Après un lourd et long silence, Garrak se décida enfin.

« Les mariages pourraient avoir lieu dans deux mois, le dernier jour d’Abathi. Cela laisserait le temps d’organiser les festivités et d’envoyer les invitations. Et cela aurait lieu la veille de la réunion du Thing ! Fichtre ! Matriarche Nomrad, je me répète, mais vous êtes dure en affaire ! » Furieux, Magdir se leva et quitta la salle avec fracas. Le souverain rassura l’assemblée. « Ce n’est rien ! Magdir a toujours été impulsif. Je lui parlerai plus tard à tête reposée et il comprendra ma décision. »

Nomrad et son clan menaient pour l’instant de main de maître le jeu des alliances. Krim et Oin épouseraient bientôt les deux naines de la lignée royale. Mais en parvenant à leurs fins, ils venaient de faire émerger une menace. Le cadet des Diamant-Charbon risquait d’être un sérieux obstacle à leur ascension vers le pouvoir !

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