Alexander Gleeson

La station de défense du Système de Kardok est reconnue surtout pour des raisons plutôt inattendues et hors-du-commun, surtout lorsque nous connaissons les grands principes militaires d’Egoria. Cette station spatiale est utilisée, surtout pour rentrer dans une certaine forme de dissimulation d’une école de pensée, tout en étant une protection militaire couvrant la totalité du territoire solaire. Notre mission est surtout de protégé les habitats spatiaux, les stations scientifiques ou encore les centres de recherches scientifiques sur des planètes telluriques. Tout dans le système solaire de Kardok se montre souvent hostile à toute vie. Même les animaux spatiaux n’utilisent pas ce système solaire pour trouver un chemin vers une maison plus viable. À l’intérieur de la station de défense, je me retrouve facilement dans le local le plus spacieux et surtout le plus confortable de toute la station spatiale.

Dans le bureau de Sandrine, une militaire qui a fait son service civique d’une autre façon que tenir une arme, on se retrouve sur une pièce presque luxueuse. Bien sûr, cette mansarde ne lui appartient pas. Cette architecture est basée sur les suggestions de la Santé Publique pour tenter de créer un milieu plus propice à parler. Les officiers de la station ont longuement travaillé pour aller à contre-courant des traditions habituelles, voulant rentrer en contradiction autour d’un Egoria militarisé qui ne subit jamais de traumatisme psychologique.

Confrontant ainsi cette mentalité souvent réductrice autour d’un sentiment indivisible et immuable du patriotisme militaire, je me souviens des mots de l’Amiral Eduartos Olmos, lorsqu’il a voulu me rencontrer une première fois pour me résumer les bases de cette station. Connu pour être un philanthrope, intellectuel et commode, sa sagesse ne s’incarne pas par son âge visible vu ses rides. Sa communication et sa prudence font partis des légendes locales d’Egoria. Pour les réalistes, il ne va jamais monter les échelons pour prendre un pouvoir décisionnel dans le gouvernement militaire vu ses positions philanthropes dans le passé ou même pour aujourd’hui. À ma première rencontre avec celui-ci, il a toujours eu des mots doux sur mon intégration.

Cette rencontre originelle a été dans une logique de continuité. Le Commandant Olmos a toujours été dans cette idée de progression pour ce milieu. Frappant le sujet délicat de ces traumatismes psychologiques, il rejette d’emblée cette argumentation pour adhérer totalement au devoir patriotique, puissant et sans faiblesse. Même dans les rapports officiels, quand plusieurs administrateurs ont discuté des réformes bureaucratiques et institutionnelles à la lune de miel avec le Régime Sismantique, l’Amiral Eduartos Olmos a été totalement contre-courant d’une image trop perfectionniste du drapeau d’Egoria.

Au lieu d’aller sur le volet de répandre des alliés de choix dans les états voisins, il a préféré longuement s’appuyer sur le soin et les réparations des soldats démoralisés par les conflits. À cette démarche impopulaire, il a gagné des appuis dans la population, et aussi des militaires ayant écopés de traumatisme majeur par les récentes guerres. À ce gain de popularité et surtout pour que les dirigeants se débarrassent de sa contestation idéologie, ils ont décidé de le placer dans un système solaire isolé.

En pleine liberté pour ses propres envies, ses conseilles militaires ont décidé de se proposer un service plus calmes afin que des soldats, ayant subis des maux légers ou majeurs, finissent leurs services civiques dans un milieu plus posé. Dans la liste des soldats, ayant été impliquée dans les guerres asymétriques pour supporter les alliés d’Egoria, j’ai été convoqué pour sortir des campagnes meurtrières. Dans cette logique, je me retrouve ici depuis une année pour panser des plaies, peut-être invisibles, mais aussi profondes que les blessures physiques. Reniant au début ce choc, surtout dans un régiment où mes compagnons d’armes ont souvent l’habitude de minimiser ces traumatismes, représenter ces maux a toujours été difficile. Quelques fois, je suis retombé dans un profond sentiment de malaise par cette attitude

Influencé positivement, je me sens prêt à raconter ce qui m’a autant choqué à Sandrine. Dans ce grand déni, je me suis souvent renfermé dans cette bulle, préférant se construire dans l’apparence, dans les valeurs Egoriennes ou encore dans la certitude des personnalités militaires, ayant suivis les mêmes épreuves que moi. Dans cette grande espace, où Sandrine est installée en face de moi ; elle est plutôt patiente. Ses cheveux blonds dépassent légèrement son cou d’un coté, d’un visage plutôt rond et de ses yeux noisettes, elle préfère attendre. Mon silence est déjà assez parlant pour plusieurs. Je favorise de rester dans ce mutisme, trouvant une solution de comment améliorer ma communication pour mieux mes maux m’affectant.

La psychologue, avec son habit militaire bleu marin accompagné de quelques modifications vestimentaires pour mieux spécifier ses compétences, est attentive et compréhensive. Tant dans la psychologie que le travail social, ces spécialistes sont récents dans les différentes Régiments d’Egoria. Ils apportent tous un vent de fraicheur et surtout un développement réparateur à tous ceux qui ont connu des images estampillées dans la mémoire des victimes de ces conflits.

Dans ce grand bureau, Sandrine est assisse sur un grand siège, persévérante de me voir m’ouvrir. Assis de mon coté, sur un siège aussi confortable que le mien, j’observe le grand soleil rouge de Kardok. Le panorama nous offre cette vision unique et souvent oubliée. Habitués à ce décor, lorsqu’on passe dans les couloirs permettant de nous faire observer cette source de chaleurs, accompagnés par des fusions nucléaires, je profite pour le regarder une dernière fois avant de parler. Un peu plus à l’aise, toujours avec un regard légèrement fuyant, je me retrouve coincé à faire encore attendre Sandrine pour offrir les premiers mots de cette rémission. D’un petit soupire, je m’afflige à moi-même cette suspension et cette histoire omniprésente dans ma mémoire.

« C’était en 781, dans un hiver pluvieux, vers 19h56. Habituellement la planète Viadaz a toujours été dans un système dépressionnaire, faisant que le soleil se couche pendant toute l’année vers 17h53. J’ai vérifié avant de partir, parce que sans comprendre les raisons qui m’ont défini à ce moment-là, la disparition de la lumière m’effrayait. Elle me donnait l’idée que les bombardements allaient recommencer dans la Région d’Hamsphare. À chaque jour, les commandants militaires sur le terrain donnaient l’ordre à nos vaisseaux de bombarder lourdement Hamsphare. Durant la journée, on est envoyé pour voir les avancées contre la faction pro-UST. Il paraît que durant vingt ans, dans les systèmes solaires d’Atonmilivic, on a tous vécus une guerre similaire. Sans douter de la bonne foi de notre armée et de la libération du territoire des influences sismantistes, on dirait qu’on a pratiquement obligé une population à choisir entre les deux options…

Une troisième option n’existait pas. Soit on intégrait la Fédération des Sismantistes, soit on venait nous rejoindre pour bloquer l’influence politique de ce mouvement. Il était impossible de tenir une position extérieure, parce qu’elle était perçue automatiquement par une opposition politique pour les deux forces. » Pinçant mes lèvres, stressé et nerveux, j’essaie de trouver les mots qui me manquent. Ma confiance est infinie envers Sandrine, l’une des rares psychologues engagées par l’Armée pour aider les militaires à traverser les laborieux obstacles de leur rédemption.

« Habituellement pour cette guerre, chaque faction allié ou ennemi prenait la couleur du drapeau des deux puissances, voyant naturellement qui sont nos ennemis et qui sont nos alliés. Parfois des civils sortaient sans ces couleurs, et on les braquait automatiquement, leur demandant de se rendre. Il arrivait parfois aux gens de porter les deux couleurs en même temps, juste pour éviter les foudres de chacune des armées pendant qu’ils essayaient d’évacuer une ville bombardée. Cela arrivait aussi à certains de porter des couleurs, contraire à leurs affiliation, pour rendre une embuscade plus facile.

 À travers ces tactiques et ce conflit idéologique, je me suis retrouvé dans un monde complètement dénoué de sens vers 20h16. Durant une rare journée, les haut-officiers ont annulé les frappes dans la ville pour laisser les militaires fouillés la zone pendant la soirée et pendant la nuit. Je crois que ceux-ci pensèrent que la faction Sismantiste avait quitté Hamsphare depuis plusieurs jours. C’était la première fois que je rentrais dans la ville à cette heure. La fumée du feu, alimentée par les anciens bombardements, cachait les étoiles et les grands navires militaires de l’espace. Les cendres des cadavres soufflaient parfois sur nos habits noirs, nous animant dans cette atmosphère tendue et répugnante. On voyait parfois des morceaux de cadavres servir de repas aux rapaces.

On avait un devoir civil d’éviter les fosses communes, où chacun de nos alliés ou chacun de nos ennemis, faisaient un nettoyage politique ou identitaire. J’ai connu des soldats et des soldates, qui ont surtout craqué mentalement en découvrant ces fosses communes, alors que moi… »  Je commence à prendre doucement mon front en regardant le plancher métallique de la salle. « Alors que moi, j’ai craqué…

À la vision d’un homme, boitant entre les différentes rues en ruines. D’une main, il tenait sur sa tête une chaise de cuisine. Il se déplaçait avec, hurlant un nom, le répétant dans le brume des cendres. Je me suis approché de lui, j’ai laissé mon arme hors de son visuel, montrant mes deux mains en signe de paix. Il ne portait aucune couleur visible. Une partie de son visage portait le noir des ruines, il lui manquait quelques doigts, mais sur sa tête, il soutenait encore cette foutue chaise.

Il m’a regardé une seconde, il m’a parlé avec un air complètement délirant et à mon absence de réponse, il était reparti en hurlant encore le nom de cet inconnu. J’avais une forte envie de l’aider, mais fatalement, je savais que la personne qu’il recherchait était déjà morte.

Je lui ai demandé pourquoi il portait cette chaise sur sa tête, et il m’a répondu faiblement et d’une sincérité fracassante : C’est tout ce qui me reste. »

C’est un premier pas difficile à franchir, architecturé par un mur insociable, ne voulant pas dévoiler ces faiblesses. Mouvementé, ces souvenirs ne sont pas parfaits ; quelques modifications peuvent se concrétiser, mais tout est maintenant dit. Cet homme avec la chaise a été central par mon mutisme, par mon isolement et surtout par ma culpabilité. Dans ce premier aveu difficile, Sandrine Fortan s’est montrée compatissante, négligeant des oublis ou encore des détails. Dans cette confession, les avancées ont été importantes. Je mets enfin des mots sur mes blocages et surtout sur des interactions sociales limitées. Encouragés à ce sentiment, j’indique à Sandrine que dans ce souvenir douloureux, quelque chose qui me semble dérangeant.

Malgré le tout réalisme de cet environnement et de ce mal, tous les détails que je me souviens ou encore les heures exactes, quelques difformités modifient parfois cette vision dans mes cauchemars. Dans cette sinuosité obscure, lorsque je replonge dans ces abîmes, des monstruosités indéchiffrables ont commencé à s’immiscer. Dans ce test initial, j’ai essayé d’expliquer sincèrement à Sandrine ces modifications, mais la description est trop abstraite pour encore le préciser parfaitement. Percevant très bien ma perturbation autour de ces mutations monstrueuses, elle a préféré clore cette discussion. Aux prochaines séances, on va peut-être pouvoir avancer sur ces intrigues éléments s’ajoutant au décor. « On a déjà beaucoup avancé. » Dit-elle avec sa sincérité et sa gentillesse habituelle. Pour le reste de la journée, elle me propose de me reposer.

La psychologue me propose de ne pas repenser immédiatement à ces angoisses troublantes pour attendre de le développer durant notre prochaine consultation. Elle a quelques idées derrière la tête, pensant peut-être utiliser les dessins pour mieux décrire ces anomalies. En réponse à cette proposition, je lui suggère vaguement d’être très brave pour essayer de déchiffre mes prochains œuvres artistiques. La quittant sous une franche rigolade, l’heure officielle du navire, et répandue dans le système solaire de Kardok, me donne la possibilité de rejoindre d’aller manger avec des collègues. À parler d’un sujet aussi pénible, retrouver des amis peut vraiment beaucoup m’aider pour aller sur des discussions plus légères. D’un pas décidé, je traverse donc les différents couloirs gris métalliques pour me diriger vers la fameuse cafétéria.

À mon approche vers la fameuse pièce, j’entends des bruyantes discussions inaudibles à quelques mètres du grand local pour réunir la plupart des militaires s’occupant de la Station de la Défense. D’une centaine de tables, cette salle est la plus vaste de toute la construction spatiale. Le but du fameux local est surtout d’accueillir une grande partie des militaires assignées dans la station de la Défense. Arrivant enfin devant la cafétéria, une centaine d’êtres partagent leurs repas, mais surtout des discussions. Quelques masses poilues, composant la forte et habituelle morphologie des Oumarus, me cachent légèrement la vue. Recherchant deux ou trois silhouettes à travers cette foule, j’ai une petite crainte d’avoir manquer mes amis. Assis toujours à la même place, ils sont absents actuellement.

Je suis soulagé cependant de voir une énorme patte montée au dessus des têtes présentes pour se remuer sobrement. Leurs places, étant déjà occupés, ils ont été obligés de trouver d’autres sièges. Le responsable de la sécurité interne, Maurasin Yvos, un vieil Oumarus, a toujours préféré être aux cotés du présentoir de nourriture, si un deuxième appétit se réveille en lui – ce qui est souvent le cas -. Déçu, il a décidé de s’installer à une autre place. En avançant vers cette fameuse patte, je commence à reconnaître sa fourrure blonde, mêlée à une certaine blancheur. Contrairement à plusieurs Oumarus, Maurasin n’a jamais été dans un conflit armée. Longtemps considéré comme très intelligent, il a gagné plusieurs échelons surtout en aidant les ingénieurs à améliorer des armes pour des membres de son espèce.

Scientifique moyennement reconnu par les pairs, son langage rustique et imparfait peut être rapidement trompeur. Son caractère, amical et apte à la réhabilitation, est souvent infidèle à la susceptibilité des Oumarus. Bien plus laxiste que de nombreux guerriers de son espèce, Eduartos Olmos, notre commandant, a toujours eu des bons mots pour la dextérité et surtout pour les réflexions de Maurasin. De son grand uniforme bleu marin, cette couleur lui va très mal vu sa somptueuse fourrure. Frisant légèrement à la nuque, le bout de son nez est plutôt noir. À ses cotés, il discute avec une jeune femme – enfin c’est vite dit pour le traitement anti-âge, qui lui donne environ une centaine d’années plus que moi -. Helena Samson, une femme noire, porte quelques cicatrices visibles sur son visage. Une petite brûlure, proche de son oreille, est camouflée par ses cheveux noirs. De son uniforme toujours impeccable, l’une de ses jambes est bien plus massive que l’autre.

Amputée d’une moitié de jambe durant l’une des innombrables guerres entre des alliés d’Egoria et des sympathisants de la cause Sismantiste, elle a toujours une manie assez singulière de pratiquer une touche d’humour parfois sanglante. Amicale, rigolote et surtout extrêmement pragmatique dans plusieurs de ses actions, elle est très peu loquace dans le domaine de la politique. Cependant, elle pratique beaucoup de dérision sur le sujet de son membre amputé, surtout avec se vantant de pouvoir tout défoncer avec sa prothèse robotique. La Colonel Samson est surtout connue dans la station de défense surtout pour gérer les rares tactiques de vol ou encore les manœuvres militaires à utiliser au sol. Dans nos discussions, elle a souvent critiqué Egoria pour un autre aspect que l’idée philanthrope d’Eduartos, elle l’a critiquée pour tenter de jouer surtout avec une propagande donnant un rôle crucial pour les militaires sur les terrains, tout en ignorant l’affichage des projets alternatifs pour varier le recrutement.

« J’ai fait plus en cinq ans dans un bureau qu’en soixante ans sur le terrain. » est une phrase très marquante pour Helena lors de ma première rencontre avec celle-ci, caractérisant beaucoup sa personnalité. Dans le recul de l’ancienne soldate sur le terrain, le recrutement d’Helena de la part d’Eduartos s’est réalisé surtout par ses nuances. De nombreux guerriers d’Egoria refusent toujours de quitter leurs frères et leurs sœurs d’armes dans des campagnes. Dans plusieurs de ces anciens régiments, ce sentiment est si fort qu’il est parfois facile de critiquer les officiers qui font les opérations en arrières. C’est souvent l’argument que j’ai plus entendu de mes anciens frères et sœurs de combat, parlant que les tacticiens sont souvent très déconnectés de la réalité.

Omniprésent dans les négociations et dans les avis, mon avis a surtout changé lors de ma rencontre avec Helena, qui préfère avoir une vision assez multidisciplinaire de l’art martial. De son réalisme sur la grande stratégie des armées et même sur Egoria, sa sensibilité a beaucoup touché Eduartos Olmos pour mieux construire les mentalités progressives de la Station de la Défense. En me posant aux cotés de Maurasin, Helena me salue de la tête avant de laisser poursuivre l’Oumarus dans son long monologue.

« J’en ai parlé avec Eduartos et le responsable du ravitaillement la dernière fois, mais je ne crois pas que cela les intéresse de recevoir la sauce Barsum pour ajouter une saveur supplémentaire sur la Tuizza. Peut-être que cet ingrédient coûte trop cher, je reste cependant déçu du manque de diversité de la nourriture. » Helena écoute Maurasin, sans broncher. Notre Oumarus préféré toujours parler longuement sur le sujet de la nourriture. Il sait très bien que seuls les Oumarus mangent de la Tuizza, mélangeant miel, pâte et plusieurs autres ingrédients mystères. Seuls les foies de ces créatures peuvent endurer cette bouffe sans tomber malade pendant trois jours. Malgré que ce sujet ne touche jamais Helena, c’est un sujet de prédilection pour plusieurs Oumarus.

Entamé dans son long monologue, Helena ne peut pas s’empêcher de rester muette et de l’écouter avec le sourire. Jamais, elle ne va présentée une opposition aux plaintes et aux commentaires de Maurasin, connaissant bien de comment il en rajoute une tonne sur ce sujet, surtout lorsque c’est au sujet de la nourriture. Arrivant vers le sujet des dernières épices, j’écoute aussi attentivement les dernières lignes des épices pouvant parsemer son éventuelle Tuizza. À la fin de ce long monologue de Maurasin, c’est au tour d’Helena de prendre la parole. « Alors, tu as vu les dernières nouvelles de la Station, Alex? » Surpris de la question, et avec le sourire complice de la femme, je me demande si elle veut savoir mon avis sur les mets préférés de Maurasin. Avant de pouvoir répondre, c’est plutôt l’Oumarus qui répond.

« Oh non! Ne lui parle pas de ça! » Réplique-t-il avec un air faussement mélodramatique. Dans cette mise en scène plutôt fictive, Maurasin continue ensuite sur le sujet. « Je ne veux pas perdre mon armurier qui incarne au mieux la méticulosité et la ponctualité. » Complimenté, je reste plutôt intrigué par ce légendaire projet. J’ai encore manqué les nouveautés de la journée par mon rendez-vous avec Sandrine. Connaissant un peu mon horaire de la journée, Helena recommence à parler, incluant ainsi les fameuses mises à jour qu’on peut retrouver sur nos tablettes ou dans les messages journaliers à chaque tableau de bord.

« Eduartos a confirmé un projet massif en ajoutant un nouveau compartiment dans la Station de Défense. Il a enfin reçu l’accord de cette foutue institution qui doit s’occuper du domaine de la Culture et du Savoir. À croire qu’ils sont toujours en vacance. » Ajoute-t-elle en rigolant. Intrigué, je lui demande quelle est la nature de cette nouvelle installation. « Je pense que cela t’intéresserait beaucoup, parce que je me souviens que tu m’as toujours parlé de ta passion des livres, des archives et des documentaires. » Je retrouve automatiquement le sourire à ce moment, Eduartos Olmos a réussi à avoir un contrat avec la fameuse Institut Egorien du Savoir? On peut vraiment crier aux miracles à ce niveau. Bien avant de préparer ma fameuse formation militaire, mon but a toujours été de me retrouver dans un milieu de la culture d’Egoria. Catapulté dans un conflit meurtrier, ce désir s’est plutôt atténué et même oublié avec le temps.

« On va avoir besoin de bras, de ton perfectionniste et surtout de ton intelligence, Alex. Parce que tu sais très bien que le pauvre lumbago de Maurasin peut facilement le mettre sur la touche. » Dit-elle pendant qu’encore une fois, l’Oumarus à mes coté, joue avec son expression facial pour simuler la tristesse de cette fausse excuse afin d’éviter de se pencher. « 200 000 documents physiques à déplacer, ainsi que tout le mobilier, et peut-être un poste après le aménagement. On commence vers Avril et on doit terminer fin-août ou début-septembre. » Dans cet immense projet, je demande aux deux responsables de comment faire pour participer à ce projet. Malheureusement pour Eduartos, l’Institut Egorien du Savoir a toujours un contrôle absolu sur les archives et sur les connaissances. Ayant une très mauvaise réputation pour les administrateurs, ceux qui sont au centre du pouvoir de la culture, ont été impliqués dans plusieurs critiques sévères. Même les plus mauvaises langues en parlent comme l’une des institutions les plus malintentionnées, manipulatrices et avares de toutes les institutions en dehors de la gouvernance prononcée uniquement sur l’administration martiale. 

Au moins, Olmos, en négociant avec cette fameuse organisation, a eu le temps de pouvoir placer des pions dans ce projet, qui n’appartient uniquement pas à cette institution, mais bien, comme la volonté d’Eduartos, à toute la culture du système solaire de Kardok. Helena et Maurasin vont participer à choisir les candidats pour ce grand projet. C’est de cette façon qu’Olmos a pu éviter le contrôle absolu de cette institution dans ce projet qui lui tient beaucoup à cœur. Les deux coordonateurs m’ont précisé comment envoyer ma candidature, toujours en jouant avec la fausse tristesse de Maurasin, pour accentuer sa perte l’un de ses armuriers. Avec cette journée, je me suis retrouvé avec deux ouvertures en une. Une par mes aveux avec Sandrine, et l’autre par un projet étant essentielle, à mon avis, pour développer son esprit critique. 

Et si dans la première semaine après mon entrevue, je me suis retrouvé sur la pente descendante, après cet entretien complètement catastrophique par ma nervosité, je crois sincèrement que la touche d’Olmos, une figure paternelle pour plusieurs d’entre-nous, les a convaincu de me prendre en test. Comme Helena et Maurasin, à cet émoi non-voulu et à ces tremblements de mes mains, ils se sont réellement servis de la pensée d’Eduartos pour affronter cette corruption froide, étatique et souvent inhumaine de plusieurs institutions d’Egoria.

Bien souvent pour la suite, en travaillant avec Helena pour ajouter les différents modules, elle m’a souvent répété de faire attention aux gestionnaires et aux administrateurs de cette institution, les décrivant comme les plus grands hypocrites de la lourde administration d’Egoria. Toujours très rude dans ses avis, cette frustration, je l’ai trouvé injustifié en premier lieu surtout en discutant avec chacun des responsables, me répondant avec le sourire et avec un semblant de sincérité. Même pour plusieurs gestionnaires, je crois qu’ils ne sont pas très conscients de l’hypocrisie qu’Helena a dénoncée après avoir installé les derniers modules.

Puis après avoir installé les modules supplémentaires pour former les archives, ils m’offrent quand même une deuxième chance de rayonner dans la mission du Savoir et de la Culture. J’ai une confiance aveugle pour ceux qui ont des croyances d’une rédemption surtout en face d’une minuscule erreur comme une première entrevue boiteuse. Il est toujours mieux de voir le positif que prendre uniquement le négatif. Cette phrase est souvent répétée de la part Maurasin, et je crois que son optimisme fait toujours beaucoup du bien.

Surtout qu’avec cette expérience, j’ai rencontré des agents travaillant dans les archives depuis des années, bien avant leurs arrivés dans ce système solaire. Dans tout cet aspect, malgré tout mes problèmes de sociaux dits limités et lunatiques, ces différents employés sont une source d’une grande philanthropie. Et si certainement, rien des prétendus fourbes dans la direction de cette institution représentent les obligations prescrites dans leurs codifications, peut-être que ces préposés symbolisent vraiment cette mission.

À ces rencontres toujours aussi riches, chacune d’entre-elle veut son pesant d’or. Andrée-Anile, de ses cheveux blonds frisés, est d’une humanité sincère et fracassante. Ayant étudiée d’abord sur la philosophie, voulant peut-être aider à mieux  faire comprendre les enjeux fâchant de notre Régime avant de se reconvertir à un projet plus proche de ses valeurs. Rencontrant par la suite, un homme du nom de Benan, ancien correspondant de guerre, devenu ensuite journaliste et pour se diriger vers les archives, qui est lui très préoccupé par le sort des animaux spatiaux et de la vie animale sur les planètes en conflit. Dans ces multiples rencontres, on m’a demandé d’être prudent envers cette institution, surtout avec sa direction arrogante.

« Si leur mission est noble, leurs têtes pensantes ne le sont plus depuis un moment. » Cette pensée foncièrement pessimiste ne vient pas d’Helena, elle provient des rares langues se déliant des subordonnés, pas observés par les gestionnaires. Malgré tous ces avertissements, j’ai eu beaucoup de difficulté à le croire. Ayant fouillé dans des conférences disponibles pour les documentaires virtuels, où ils ont présenté l’histoire non-censurée de leur institution, souvent biffés par des guerres entre libéraux, conservateurs et ultramoniaux. Ainsi, ils ont longuement été affectés par des anciennes valeurs autoritaires. Étant touchés antérieurement par cette noirceur et souvent par les simplicités étatiques, je ne vois pas comment ils peuvent recevoir autant une mauvaise presse.

En rencontrant toujours des nouvelles têtes à chaque nouvelle journée, dont une Katharine affectionnant, beaucoup la littérature gothique de plusieurs patrimoines de nombreuses planètes, et dont une Vanassa, une gestionnaire embauchée récemment, adhérant surtout la créativité offerte dans ce milieu, tout dans leurs comportements ne montrent pas cette forme d’hostilité calomniée par une majorité d’êtres composant leur ressource de travail. Il est vrai que je n’ai pas rencontré les grandes têtes de ce milieu, ceux les plus décriés par Helena ou ceux les plus dénigrés par leurs propres subordonnés. Parce que malgré un aménagement massif et surtout intense pour ceux qui ont été là du début jusqu’à la fin, je n’ai juste que reçu des remerciements, qui me semblent cordiaux et francs.

Dans ces mois souvent intenses, je me suis tourné vers cette vision optimiste de leur mission. J’ai réellement cru en ce devoir autour de la culture et du savoir. Toute ma mentalité s’est tournée vers cette logique. J’ai été heureux de placer les œuvres de tous les genres, j’ai été heureux de déplacer le mobilier et j’ai même été heureux à survivre physiquement dans cette grande mission. Illusionné par cette illusion, je ne me suis pas rendu compte immédiatement de la supercherie. Travaillant depuis quelques jours dans la bibliothèque et dans les archives, je ne suis pas encore tombé dans les papiers d’antécédents faits pour être uniquement condamner. Parce que le plus important pour eux, n’est pas dans le principe de transmettre leurs connaissances, mais bien de se servir de toute la bonne foi de la personne pour la détruire et surtout pour l’ignorer après. Car bien sûr, ce sont souvent des gestionnaires complètement absents qui font la sale besogne, simplifiant tout ce travail par des feuilles et des notes.

Parce que bien avant d’être proscrit par leurs noms, j’ai vécu un parangon personnel utopique. Travaillant plusieurs jours après le grand aménagement, le début de ce grand compartiment s’est fait par une certaine fébrilité. Avec cette ouverture, j’ai travaillé sur mon apparence, rasant ma barbe brune à chaque jour, demandant de l’aide à Maurasin pour parfaire mes cheveux ou encore en travaillant intensivement pour aller dans un code vestimentaire réglementaire. Lors d’une séance avec Sandrine, elle m’a même complimenté de me voir plus souriant à chacune des avancées du aménagement. 

Devant ce bonheur, cette expérience me satisfait amplement. Ce procédé me redonne un aspect plus tangible à mon premier désir de m’inscrire depuis des années à redonner un visage plus mécène à ce monde. Emporté dans un conflit marquant dans notre imaginaire collectif, j’ai désappris le concept de l’espoir. Ressourcé, mes perceptions ont changé, entreprenant cette démarche de reconstruction que Sandrine m’a proposée pour me reconstruire. Oubliant même les modifications étranges et sinistres de mon traumatisme et de mes cauchemars, je préfère maintenant penser à continuer cette démarche. C’est surtout le trois Septembre que ce monde bouscule, cette proportion de bonheur ne doit jamais être éternelle. Recevant un message personnel d’une gestionnaire voulant me parler durant la journée, mon regard s’arrête surtout sur le message personnalisé du commandant Olmos.

Il m’annonce que sa femme, accompagnée par son petit-fils, risquent d’être présents aujourd’hui dans les archives. Passionné sur les Rezanerds et leurs diversités, une espèce plutôt rare sur le territoire d’Egoria, ma mission est de trouver un petit ouvrage sur le sujet pour Dylan, son petit-fils. Dégageant le message officiel de la gestionnaire de ma tête, je favorise surtout à me concentrer à trouver un ouvrage particulier pour celui-ci. Le nouveau compartiment a une section pour les enfants, bien naturel vu la petite garderie disponible pour les parents dans la Station de la Défense. Cette section a été prévue depuis le début. Dans les premières heures de cette fameuse journée, j’ai surtout aidé à ranger les nombreux livres déplacés la veille. 

Peu après, j’ai fouillé dans quelques archives pour retrouver un classique de la littérature jeunesse. Plus jeune, cet œuvre m’a sincèrement touché pour m’apporter un fond de réponse adéquat à tout cet univers. Je garde donc ce livre entre mes bras en attendant la famille. Dans cette journée peu mouvementée, je m’étonne surtout d’un détail. Travaillant sur un ordinateur, au bureau, pour savoir les dernières actions ou transitions à faire, des lumières éteintes noircissent une rangée de la bibliothèque. Bizarrement, je crois percevoir une silhouette à l’intérieur. Effrayé pendant un moment, je tourne surtout mon regard sur l’ordinateur, refusant de voir cette silhouette déchantée se téléportant par le changement entre lumière et noirceur.

« C’est elle, Alex! » Je sursaute légèrement en regardant André-Anile, à mes cotés, pointant son doigt vers une vieille humaine se promenant avec un enfant. Lui ayant parlé de cette future présence, elle a eu la gentillesse de m’avertir pour leurs arrivés. Les Olmos ont une grande histoire dans Egoria, souvent adepte des mouvements plus intellectuels et foncièrement démocrates. C’est l’une des raisons pourquoi ils ne sont pas souvent appréciés durant des questions de réformes sur Egoria. Tant que le vieil homme, servant de repères paternels pour plusieurs, sa femme a aussi développé un esprit critique pour améliorer les systèmes de santé. Retournant mon regard vers les rangées avant de rejoindre cette femme mythique, cette illusion complètement macabre a complètement disparu. Sans me poser une question supplémentaire, je me dirige vers le petit duo des Olmos. 

« Monsieur Gleeson. Un honneur de vous rencontrer. » Dit la femme d’Eduartos. Droite et respectueuse, elle est dans une apparence aussi disciplinée que son mari. Ses cheveux blancs sont très courts. Les rides à son visage sont aussi présentes pour faire parler à une certaine expérience. Plus maigre que son mari, Dysalla est maintenant à la retraite et elle travaille parfois comme conseil dans les hautes-administrations militaires. Cette première phrase est surtout dans l’amicalité, dans une approche sans se contraindre avec les échelons militaires. « Moi aussi, madame. » Très peu expressif par ses yeux, elle dirige son regard vers le jeune enfant.

« Dylan. Ton grand-père t’a parlé de lui. Tu te souviens? Il a dit que tu lui ressemblais beaucoup. Silencieux, mais réfléchi. Calculateur, mais imaginatif. Et surtout gentil, mais surtout aux bons moments. » Rajoute-t-elle en pouffant sensiblement. Habillé d’un petit costume civil pour celui-ci, sa grand-mère porte quant à elle toujours les habits traditionnels de son ancien titre. Ancienne amirale, elle l’est jusqu’à sa mort. Dylan reste plutôt en retrait, timide de cette nouvelle rencontre. Je tiens toujours le livre envers destiné pour celui-ci. Très peu doué dans le domaine de discussion avec des enfants, je me penche vers Dylan. Âgé d’environ sept ans, sa peau est un peu plus blanche que celle de sa grand-mère ou de son grand-père. Son regard se tourne surtout vers le livre que je tiens entre mes mains.

« Désolé, Dylan. Je ne suis pas la personne la plus douée avec les enfants. Alors, je me présente Alexander Gleeson. Je travaille ici depuis sa fondation mythique… donc depuis environ sept mois. Ton grand-père m’a parlé un peu de ce que tu cherches comme livre, donc pour parfaire cette expérience dans cette grande bibliothèque, je vais te présenter un œuvre qui a été très important pour moi durant ma jeunesse. Alors… » Je lui tends doucement le livre d’une centaine de pages. Dylan le prends avec ses petits doigts, vérifiant le dessin fait.

« La citadelle. » Le nom de ce roman d’aventure est assez mythique, surtout pour la culture altruiste et contredit des méthodes de pensées majoritaires d’Egoria. Autour de cette image, on retrouve plusieurs un membre de chaque espèce autour d’un même château. « Longtemps, l’espace a été séparé par plusieurs frontières, souvent fausses. On a été séparé par nos points de vues, nos origines, nos espèces ou encore nos traditions. Quand on s’est tous enfermés dans des points de vue souvent trop sérieux… Exupary Antonios, l’un des fameux pilotes et voyageurs d’Egoria, a récolté plusieurs témoignages différents pour nous permettre de raconter une autre histoire. Celui-ci a longuement rejeté les pensées les plus adultes et souvent les plus fallacieuses. Il nous a rappelé l’importance de voir l’univers sous ton regard.

L’enfant, posant des questions et relatant des doutes, est bien plus vraie qu’un entrepreneur regardant les étoiles automatiquement comme des richesses à produire et à vendre. Dans ce petit ouvrage, tu peux voir le dialogue entre un Oumarus et un Rezanerd. Les deux civilisations se sont longuement opposées lorsque les religions dominantes des Pollackiens, étaient sur leurs territoires. Cette histoire nous démontre de comment un Oumarus et un Rezanerd complètement opposés au niveau de leurs valeurs ont décidé de traverser leurs rancœurs pour quitter l’astéroïde où ils se sont écrasés ensemble par accident.

Avec ce petit conte pour enfant – et souvent pour adulte -, Exupary nous rappelle l’importance de ne jamais se laisser guider par notre première impression ou encore par nos préjugés. On est tous unis ensemble pour combattre l’obscurité et malgré toutes nos différences, on sert tout la même voix au final : La vision simple, efficace et juste des enfants. » Je me relève de Dylan, lui laissant découvrir l’apparence de cet œuvre. Dysalla est touchée par la présentation de cet ouvrage, me trouvant même inspirant et expliquant grandement qu’elle est contente que la bibliothèque préserve une vision aussi bienfaisante sur les œuvres qu’ils partagent. De cette mission accomplie, je me dirige ensuite vers mon bureau où André-Anile m’envoie maintenant au bureau de la gestionnaire. Oubliant ce rendez-vous, j’ai aussi oublié la réputation réelle de cette institution.

Une semaine plus tard, je me retrouve de nouveau à travailler à l’armurerie. Tout le pessimisme des critiques antérieures de cette connerie institutionnalisée est devenu une réalité pour moi. Retournant automatiquement dans le même marasme qu’avant, la grande Institut Egorien du Savoir récupère parfaitement cette image de décrépitude, me provoquant un arrière-gout amer de leur avoir offert ma confiance. M’enfermant dans mon monde et surtout dans mon mutisme, Sandrine s’est inquiétée dès les premiers jours de cette nouvelle nature. Taciturne aussi devant la psychologue, je décide de retourner vers des détails qui envahissent mes dernières nuits. Elle a essayé plusieurs fois de discuter du retour de mes cauchemars violents, m’amenant encore sur l’état de choc. La plupart de mes compagnons a averti les officiers de mes premiers problèmes. D’un saignement d’un œil discret, après coup, mes oreilles ont suivi la même logique. Ils m’ont bien obligé d’aller voir le médecin de la Station, mais aucune maladie ne soit trouvée.

Ils ont essayé de comprendre mes maux, mais la question n’est pas là. Cette présence terrifiante et omniprésente quand mes yeux se ferment, m’a rappelé l’importance de garder cette négativité envers tout ce que j’essaie de construire depuis Hamsphare. Isolé, je me découvre un spectacle morbide et de raisons absentes de toute logique. Peut-être qu’il existe une tonne d’explication psychologique sur l’apparition d’une planète rouge sans astre ou encore d’un milieu déformé par le pire des enfers, mais ces éclaircissements ne m’intéressent pas.

Ces modifications abstraites et répugnantes accompagnent maintenant mon quotidien. Cette posture refoule mes amis. Plusieurs fois sur les prochains jours de cette dépression, durant mes repas, Maurasin et Helena ont essayé de discuter avec moi. J’ai changé de places à chaque essai de leurs parts, préférant maintenant être seul pour mieux saisir cet abîme. J’ai même coupé tout contact avec des anciens amis travaillant dans les modules des bibliothèques et des archives. Ce comportement antisocial et agressif n’efface en rien le désir réel de la plupart de mes connaissances à essayer de me redonner un sourire ou de se reconnecter avec moi.

Désillusionné, tous mes contacts à l’extérieur, ou même à l’intérieur, de cette fameuse institution, ont été bousculés par mon changement de comportement. Retourné vers ces tendances neurasthéniques, ce minime revers a installé le concept de l’impossibilité pour trouver une réelle porte de secours. L’Institut Egorien du Savoir est une blague, une vaste fumisterie, servant uniquement à se meubler par une image. Le savoir et la culture ne font que partis des mots qu’ils utilisent pour mieux les massacrer après. Dans cette tendance autoritaire de leur mystification la plus profonde, ils ont décidé de me condamner. Car, c’est plus connu, il est plus facile de purger un problème que de trouver des solutions.

Cette nuit n’est pas différente aux autres. Elle s’agence dans la même répugnance nocturne. Je me suis réveillé en sursaut, bousculé tout seul. Vidé de mon énergie, en sueur et en vomissant mes derniers repas aux toilettes, tout me fait dire que ces cauchemars sont liés à ces symptômes. Toujours dans cette rengaine d’énergie de cette morosité, ces réveils brutaux me lancent dans une forte insomnie. Me servant de ce temps pour me retrouver seul dans les douches communes, je profite de cette solitude pour encore mieux me plonger dans cette obscurité. Prenant un peu de temps pour me regarder dans le miroir, mon ancienne barbe brune, disparue pour les bibliothèques, réapparaît. Ma fatigue n’est pas simplement visible de mes cernes, elle s’accumule aussi sur mes cheveux bruns dépeignés, devenant assez inégaux depuis que j’arrête de les soigner. Devant le miroir, je me plonge aussi dans mon regard noir, s’immobilisant devant moi pour mieux me reconnaître.

Lorsque la chaleur de l’eau chaude se répand un peu partout, mes yeux se tournent vers un autre détail étrange. Des petits dessins se sont formés, simples et réguliers. Juste à proximité de mon visage, le miroir fait apparaître un grand cercle et deux autres formes ovales. Étrange, mais explicable, je suis plutôt intrigué, lorsque cette fois-ci, un autre miroir de la douche commune, ne fait pas apparaître des formes pouvant se réaliser avec l’hasard de la chaleur. Des chiffres se sont aussi formés dans les miroirs. Me croyant encore dans mes cauchemars, je retrouve mes habits civils pour quitter les lieux.

Rejoignant ensuite la cafétéria, le silence règne à travers les différents couloirs durant la nuit. Réfléchissant beaucoup sur les questions de cette dimension ; mon imagination – ou encore de ma folie - est peut-être fertile. C’est peut-être dans mon devoir de se focaliser sur ces questions, de rentrer dans un autre monde, où tout serait bien plus facile. Car oui, on revendique la facilité pour mieux moduler la réalité. De ces pensées plutôt macabres et distinctes, je reste dans la cafétéria sur un siège seul et dans ces réflexions autodestructrices. Concentré dans cette vision, je ne me rends pas compte immédiatement des mouvements autour de moi. C’est lorsque ses pas s’approchent de moi que je le remarque.

Malgré tout le rejet de dialogue dans le passé, Maurasin avec le sourire, me retrouve, portant une Tuizza avec ses deux pattes. « Je savais très bien que je n’étais pas le seul à manger durant les heures de la nuit. » Dit-il avant de s’installer en face de moi. D’une voix plutôt rancunière, mon épuisement tient par un violent : « Le sujet de ta Tuizza ne m’intéresse pas, grosse merde. » Déboussolé par une telle remarque, Maurasin a un petit mou devant cette réplique. Stoppé dans son appétit, son expression me montre une certaine tristesse par cette insulte. Le voyant encore blessé, je soupire avant de m’expliquer. « Je suis vraiment désolé, Maurasin. Je ne suis juste plus d’humeur. J’ai besoin de rester seul… » À cette revendication, l’Oumarus gratte légèrement son nez et il essaie de trouver mon regard avant de s’asseoir et de commencer à parler. 

« On a tous peurs pour toi, Alex. Je sais que tu as beaucoup de difficulté avec la situation de la bibliothèque et des archives. Et je sais que c’est laborieux de travailler avec eux, mais nous, on est toujours là pour toi. Tu as eu une belle expérience là-bas, même si les gestionnaires sont des incompétents chroniques. Tu as aussi trouvé des nouveaux visages amicaux. Et puis pour être franc… » Ébranlé une millième de seconde, son passé est encore très souffrant. « J’ai connu des Oumarus après la destruction de Relly qui ont agi d’une façon… » Bloquant sur le mot à utiliser, je vois bien de l’eau coulé proche de ses yeux. « Il était totalement abattu. Cet isolement et ce mutisme ressemblent beaucoup à ce que je vois de toi actuellement. Et j’ai peur sincèrement… »

Faisant une nouvelle pause, il se racle la gorge avant de continuer : « J’ai peur de perdre cette famille, Alex. J’ai peur de voir des êtres proche partir, surtout ceux qui se déprécient totalement pour nous oublier. Il ne voit que la noirceur, alors qu’il oublie les gens qui l’apprécient. » Attristé par ce discours, je me rappelle de cette brutalité qui me sert à casser les ponts et à refroidir chacun de mes contacts.

« Je ne voulais pas te blesser, Maurasin. » Il m’interrompt âprement : « Non, Alex… le but n’est pas de me blesser, mais c’est surtout de ne pas te blesser davantage. Je t’ai envoyé un message pour trouver des options à sortir de cet état d’esprit que je trouve dangereux pour toi. Peut-être que tu peux visualiser d’autres carrières si le rôle d’armurier ne te plaît pas. Oui, les administrateurs de l’Institut Egorien du Savoir sont des crétins finis. Ils ont décidé de hâter à te juger sur une première impression pour détruire tout le travail que tu as fait, uniquement pour des raisons financières.

Ils sont des opportunistes et ils ne représentent rien de la diversité culturelle d’Egoria. Je ne sais pas qui t’a parlé à la fin, peut-être Sophia ou Marcy vu comment tu l’as décrite, mais je parie fortement qu’elle t’a prise en dépourvue durant les quinze dernières minutes de ta journée pour mieux plonger ses griffes. Et ils ont eu tort. Ils ont eu tort de t’avoir indiqué que tu n’as pas eu ce profil. Cela fait très longtemps que ceux légèrement honnêtes, travaillant dans cette institution, savent la réalité ; l’Institut Egorien du Savoir n’a jamais eu le profil pour répandre la culture et le savoir.

On t’a enlevé ce poste pour des officialités caduques, insuffisantes et surtout venant de leurs incompétences habituelles. On t’a jugé pour une entrevue en oubliant largement tout le travail que tu as fait pour eux. Je le sais. Tu l’as mentionné à plein d’individus avant d’arriver à la phase du mutisme. » Connaissant mon argumentation par cœur avant d’arriver au stade d’être plus captivé par mes cauchemars que les individus autour de moi, je me retrouve silencieux après coup. Je l’ai calculé. 0.0007%. On m’a jugé sur ce nombre au lieu de la quantité et de la qualité du travail fourni depuis les derniers mois.

Bureaucratisé, froid et agencé uniquement à leurs profils économiques, la vérité est dans leur rudesse et dans leur hypocrisie. Agissant comme une multinationale galactique, ils n’avantagent que leurs responsables. Dénaturant l’idéal d’Olmos et de cette station, ils détériorent tout ce qu’ils font. C’est exactement pour cette raison que personne ne leur fait confiance, même pas leurs subordonnés. Cet Institut subtilise des concepts inconnus, à leurs mentalités, pour mieux les défigurer afin de mieux les détruire.  

« Tu ne dois pas te laisser défaire, Alex. Ce revers est injuste ; j’en conviens parfaitement avec toi. Ils n’ont pas été loyaux avec toi, mais nous on a toujours été bienséant avec toi. Eduartos et Helena sont d’accords avec moi : Regarde les postes disponibles et dis-nous ce qui t’intéresse. On va faire notre possible pour t’aider à te placer. Je vois bien que le rôle d’armurier ne te plaît plus. Alors… ouvre d’autres portes et on va pouvoir t’aider à visiter ce qu’il se cache derrière ces accès. »

J’ai tenu promesse. Ressentant une forme de culpabilité devant mon comportement toujours très hostile envers des êtres qui ont toujours eu de la compassion pour moi. Il a été important pour moi de tenir promesse. Cependant, je ne crois pas qu’ils se sont attendus que je décide de d’ouvrir une porte bien loin de leurs propositions. Ils ont peut-être imaginé que dans les multiples choix proposés, que j’essaie de me concentrer sur ces avantages et sur ces défauts avant de prendre la décision la plus improbable pour eux. Ayant terminé mon service civique en Été dernier, en plein aménagement, la majorité des militaires continue de préserver leurs postes jusqu’à un âge vénérable. Malheureusement, malgré l’empathie pour me rattacher à cette famille dans la Station de Défense, la porte privilégiée a été choisie depuis un moment.

Devant Sandrine pour cette dernière et infructueuse séance, je la sais au courant depuis hier. Eduartos doit lui avoir envoyé cette information dès que j’ai rempli le formulaire pour mon départ permanant de la Station de la Défense. À cette formalité légale, j’ai créé un rejet total des propositions de Maurasin. Durant la matinée avant mon rendez-vous avec Sandrine, je suis allé m’excuser à celui-ci. Il a tout fait pour me garder sur dans un cercle social heureux et, j’ai décidé de me tourner vers une autre alternative. J’ai décidé de me tourner vers une option bien plus macabre et même nihiliste. À cette présence vers mon ami, l’Oumarus frustré par cette actualité, il a décidé de m’ignorer lors de la présentation de mes excuses. Passant devant moi sans me porter un regard, il s’est ensuite tourné vers moi pour me glisser amèrement : « Bonne chance, Alex. Je ne sais pas ce que tu recherches, mais j’espère que tu vas retrouver une joie de vivre. » 

La psychologue est maintenant gênée de mon silence, cherchant à comprendre la raison d’un tel repli. Hamsphare s’est peut-être dissipé pendant un moment, me laissant profiter du moment à travailler dans les archives. Par le rejet de cette reconversion de la bibliothèque de la Station, j’ai préféré volontairement choisir mes cauchemars. La spécialiste, dans les études comportementales, est la première à avancer sur deux questions. Une première interrogation est autour du pourquoi une demande de ce type, et de l’autre se définit par est-ce que je suis vraiment certain de vouloir les quitter? Dans cette ribambelle de questions, je m’étends par une seule réponse :

« Répétant les mêmes jours depuis mon départ dans les archives, mes actions m’enferment dans ce sentiment inutile du concept du développement. À la fin de mes actions, quand j’ai réellement pensé à affirmer la qualité de ma promotion et de ma confiance dans ce domaine, on préfère plutôt me revoir dans le modèle déterminé par des hauts-cadres qui ne cherchent qu’à minimiser les coûts et les interactions humaines.

Lors de mon recrutement à Egoria, on m’a dit que notre bannière est d’une richesse historique. Une richesse humaine où le service national nous permet de prendre chacune de nos passions et nos envies afin de combler les rôles qu’on peut espérer prendre dans l’avenir. Cependant, c’est faux, parce qu’on nous insère automatiquement dans la perception du minimum pour servir leurs causes. Finalement, la seule chose qui était fidèle depuis la campagne d’Hamsphare, c’est ma propre folie.

Quelque chose de différent s’est dessinée depuis les années. Quelque chose de non-défini vient me hanter pour une raison obscure, mais elle s’alimente en plongeant uniquement dans ma solitude. À chaque nuit, je découvre des nouvelles choses, je développe cette curiosité à la seule chose qui me propose des nouveautés. Au début, je me promène dans une obscurité, invisible, ne me permettant pas de définir la folie autour. Après, une porte est apparue, grandissante et vaporisant doucement cette invisibilité, comme si ces cauchemars veulent que je la traverse pour m’ouvrir vers un nouvel horizon.

Puis, tout a commencé à changer. Au lieu que mes yeux soient incapables de voir cette noirceur autour de moi, je perçois les contours des ténèbres, on me permet de comprendre ces couloirs sombres de cette folie. Le décor se fusionne avec ce que je connais, elle se mélange par la station de défense et  par mes patrouilles dans les ruines d’Hamsphare.

Et finalement, une lune rouge se dessine, elle s’agrandit pour transformer mon environnement et mes idées. Lorsque je me promène seul dans ces couloirs, des formes organiques illogiques vous remplacent, des morceaux de chairs, souffrant à chaque minime respiration de vos jumeaux cauchemardesques. La lune rouge utilise vos os et vos organes internes pour tester une nouvelle forme de vie plus logique pour lui.

C’est complètement stupide, cette évolution morbide de la réalité déshumanisante, mais au fil de ces transformations monstrueuses, quelque chose de curieux commence à m’accompagner. Des silhouettes humaines se sont formées autour. Au début, c’est une silhouette de femme, mais trois autres ombres humaines se sont dessinées. Et c’est exactement pour cette raison que ces cauchemars me rendent plus curieux, peut-être que je ne suis pas seul voir ces dessins malséants. »

Dans ce malheureux dessein qui s’est concrétisé autour de moi, la jeune militaire blonde a des difficultés à comprendre la raison de ma démarche. Et c’est bien normal, j’ai de la difficulté moi-même de l’expliquer. Devant cette obsession, elle perçoit rapidement de comment il va m’être impossible de me faire changer d’avis. Se plaçant dans une position similaire à Maurasin, elle ajoute une possibilité de retour dans la Station de Défense, à n’importe quel moment. Visiblement déçue de la tournure des évènements, je la remercie sincèrement du travail effectué sur moi. Je lui fais une petite blague à ce revers pour elle, car j’ai l’impression qu’elle le subit un échec personnel. « Tu vas être maintenant débarrassé de moi. Peut-être que cela va être plus simple maintenant. » À cette plaisanterie, son demi-sourire est forcé. Elle le vit comme une déception et j’espère sincèrement que cet échec n’est pas similaire au même que celui de mes revers dans l’aménagement des archives. M’excusant une dernière fois avant de partir, elle souhaite juste recevoir des nouvelles de ma part malgré mon départ.

Je quitte ainsi son bureau, laissant un dernier regard vers le panorama, avec Sandrine visiblement déconfite qui regarde quelques uns de ses dossiers. Quand la porte se referme, je respire un coup. Navrée, je ne vais pas encore plus lui planter un couteau dans son dos. Mon départ doit se rendre dans l’officialité. Elle doit être logique à toute l’institution d’Egoria, malgré que son image ne soit fausse depuis le dernier mois. Ayant repassé mon uniforme pour le respect de ses protocoles plus tôt durant le matin, je passe une dernière fois devant la cafétéria. Maurasin discute brièvement avec Benan, André-Anile, Vanassa et Katharine. Tous des noms qui m’ont marqué, et qui ont engendré une grande empathie lors de mon départ forcé. Malgré tout Maurasin sourit, mangeant l’une de ses habitudes Tuizza et racontant de comment il manque de sauces piquantes pour garnir son appétit. 

« Déjà nostalgique, Alex? » Demande Helena curieuse, qui vient juste d’arriver derrière moi. Avec le sourire et bien plus de bonne humeur que l’Oumarus, elle ne partage aucune rancune visible. Je me demande même si elle a déjà vécu une aventure similaire dans le passé. Silencieux, j’essaie de trouver des bons mots pour lui faire comprendre la situation. Elle est cependant plus rapide que moi, décidant de couper court à cette tension. « Ne t’en fait pas, mon ami. Je peux comprendre la notion de lâcher prise. Je l’ai déjà vécu dans mon ancien régiment dans le passé, où malgré des visages amicaux, j’ai toujours eu une impression de malaise. J’étais incapable d’être heureuse pour même devenir un poison pour les autres. Tu fais un choix difficile, Alex, mais si tu en as besoin ; Suis-le. Et j’espère que tout le monde t’a fait comprendre que tu es toujours la bienvenue, ici. La porte n’est jamais fermée. » Conclue-elle doucement avant de se diriger vers Maurasin et ses nouveaux compagnons.

Cette diversité va me manquer. Toujours prêt à suivre un idéal d’ouverture et de changements, ils ont tous apportés une pierre à l’édifice. Cette complémentarité est la raison pourquoi cette Station de Défense va toujours exister. Tant dans cette station que dans ce système solaire, cette progression se tourne toujours vers la philanthropie, malgré que physiquement tout dans ce monde soit hostile à celle-ci. Elle incarne ainsi parfaitement l’idéal de la Famille d’Olmos. Baissant un regard devant ce petit groupe, mon regret s’alimente exponentiellement en allant chercher mon uniforme militaire pour mon dernier salut au bureau d’Eduartos. 

Revêtant mon uniforme assez rapidement, ma marche vers son bureau est très lente, me sentant encore coupable de partir pour des raisons aussi obscures que dans le mysticisme. La porte entrouverte, Olmos l’a laissé toujours ainsi pour mieux inviter tous les êtres à venir lui parler. Je prends une nouvelle respiration avant de rentrer dans son bureau. Repensant à ma première visite de la station de la défense et surtout de cette rencontre, me fixant ainsi sur la personnalité et sur le réel désir d’amplifier cette vision vers un ensemble de bonté et de discipline. « Rentre, Alex. » Sans être dans les ordres martiaux, la voix prudente de l’homme ressent mon inquiétude. Assis dans son bureau, il manipule délicatement une miniature de navire marin d’une autre époque dans une bouteille en vitre. Patient, il recolle doucement tous les petits morceaux. De son uniforme sorti de ses pantalons et de son veston détaché, sa simplicité a toujours été maladroitement critiquée par les autres haut-officiers.

« Tu vois la coque du bateau, Alex? Je l’ai fait assez récemment. Malheureusement, il a eu un petit problème technique dans sa première élaboration. J’ai essayé de trouver comment régler le problème tout seul, utilisant les services de commandes pour trouver un minuscule objet afin d’éviter que la coque tombe. J’ai fouillé partout. Mais, j’ai oublié l’essentiel. Heureusement, lorsque mon petit-fils Dylan était à mes cotés, son innocence et sa sagesse n’ont pas oublié l’essentiel pour réparer les maux du navire. » Tournant le regard vers moi, un sourire se dessine. D’un âge avancé, Eduartos a vécu beaucoup d’évènements dans sa vie.

Entre la guerre contre l’Empire Akhanien, la destruction du système solaire des Oumarus ou encore les Révolutions Sismantistes. Sa bonté et sa philanthropie sont bien plus importantes que les bases de plusieurs institutions d’Egoria, tout en se développant par sa connaissance brute des différents moments troubles de l’Histoire. De ses cheveux encore noirs, son visage est ridé et ses fines lunettes sont surtout pour calculer chacun des mouvements de ses petites pinces. « Dylan m’a dit que dans l’un de ses livres récemment analysé par ses plus sérieuses décisions, que les solutions sont souvent plus simples qu’on le croit. De sa petite fierté juvénile, il m’a rappelé que ces fameuses solutions sont toujours plus proches de ce qu’on pense. Me pointant l’une de mes étagères, il a vu un petit objet métallique, minuscule et oubliée par mon habitude dans le bureau. »

Par les petites pinces sur le navire primitif, il oriente mon regard vs une petite bille bloquant les différentes parties de la miniature. « Puis, quand je lui ai demandé où il a apprit cette formidable maxime. De son sourire timide et légèrement moqueur, il m’a dit : Mais voyons papy, tu ne connais pas Citadelle? » Redevenant silencieux, je le regarde déposer ses pinces sur son bureau. Il prend un petit temps avant de continuer, espérant peut-être que je réfléchisse sur mon départ. En introspection avec moi-même, il place maintenant ses fines lunettes sur son bureau avant de reprendre. « Je peux te demander de peut-être réfléchir avant d’officialiser ce processus? Par exemple, je peux te donner quelques semaines de congés sur une planète de ton choix. »

Je ne peux mentir que cette proposition me touche, mais dans l’ensemble des possibilités connues, il est le temps que je pars vers un mystère pouvant peut-être me redonner un but plus réel dans cette vie d’échecs. Bougeant la tête à la négative, il comprend que les mots me manquent. « Tu peux au moins me dire ce que tu voies dans ces cauchemars? » Pose-t-il comme dernière question. Je sens mes larmes chaudes coulées sur mon visage, réfléchissant à une réplique adéquate à tout ce schéma incongru. Mon explication le bouscule légèrement, j’ai vu son regard changé par cette unique phrase. D’une voix accablée, souffrante et ruinée, je réponds : « C’est tout ce qui me reste. »

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SollyR
Posté le 10/06/2020
Coucou !

Nouveau chapitre, nouveau personnage ! Cette fois-ci, l’on s’aventure dans un milieu militaire. Honnêtement, ce n’est pas un milieu que je reconnais facilement donc personnellement (et je parle juste pour moi) ça m’a pris un peu de temps à embarquer. Tout de même, comme je le dis souvent : « Le texte est bien écrit et les descriptions sont parfaitement présentées. »

Je te félicite pour ton initiative à créer toi-même des personnages comme les Ouramarus (j’avais oublié de te le dire dans le dernier chapitre) et même des repas ! Tu fais preuve d’une grande imagination en t’impliquant profondément dans ton univers !

C’est chouette de voir que cette histoire est aussi liée à celle de Eeiza, car ils font tous les deux des cauchemars et ont d’ailleurs les mêmes réactions physiques.

À un tel point qu’il décide de quitter la station de défense à cause de ses rêves et de son traumatisme d’après la guerre.

J’ai hâte de voir comment son histoire va être liée aux autres. On voit bien que le personnage d’Alexander est plongé dans un isolement assez difficile en raison de ce qu’il est en train de vivre.

Sur ce, passons au chapitre suivant et bonne continuation pour la suite !
BearOmega
Posté le 10/06/2020
Merci beaucoup pour ton joli commentaire.
Désolée si le début ne t'a pas plus!

Bonne suite. ;)
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