Acte de foi

Par Bleiz
Notes de l’auteur : Voici donc le nouveau chapitre de la Pythie ! Comme toujours, dites moi ce que vous en pensez. J'ai hâte de connaitre vos avis sur ce chapitre.
Bonne lecture !

Comment en étions-nous arrivés là ? Tristan le corbeau, Tristan le poète, Tristan mon allié, avait décidé de causer ma perte. J’eus tout à coup conscience du silence qui s’était abattu sur le plateau. Je gardais les yeux rivés dans ceux de Tristan, refusant de croiser les regards qui pesaient sur moi. Il n’avait pas l’air particulièrement heureux, le bougre. Pas d’attitude triomphante, pas de sourire mesquin. Il me rendait mon regard, de la façon grave et déterminée qu’il avait arboré lors de notre rendez-vous au cimetière. J’appuyais mes mains sur mes cuisses pour arrêter leurs tremblements. S’agissait-il de ça ? Avait-il décidé que pactiser avec le démon que j’étais était au-dessus de ses forces ? Pourtant, je croyais bien l’avoir convaincu la dernière fois… J’inspirais doucement. Je n’avais pas le temps de réfléchir au pourquoi du comment. La situation était en train de m’échapper. Si je ne reprenais pas le contrôle maintenant, tous mes efforts jusqu’ici auraient été en vain.

« Que voulez-vous dire par là ? » m’entendis-je dire d’une voix claire.

-C’est vrai, » renchérit Luguy à côté de moi. « Quel genre de preuves avez-vous ? »

Je me retins de lever les yeux au ciel. Ah, le rat ! Tu parles d’une équipe ! Ce présentateur aux dents qui raclaient le parquet avait vu une opportunité de faire exploser les records d’audience et ne comptait pas la manquer. Bah, à ce stade,  ça n’avait plus d’importance. Luguy n’était pas un problème en lui-même. Tristan, en revanche… Le souvenir de l’enregistrement me traversa subitement l’esprit. Je devins froide. S’il utilisait ça, j’étais complètement et irrémédiablement foutue. Toutefois, son esprit chevaleresque l’empêcherait sans doute de montrer cette preuve. Après tout, il n’en avait rien fait auparavant. Mais s’il n’utilisait pas l’enregistrement, comment allait-il faire pour prouver que ma Grande Prophétie était inventée de toutes pièces ? Je n’eus pas à m’interroger longtemps. Le garçon fit quelques pas de plus, s’arrêtant à un mètre de l’estrade. La lumière blanche des projecteurs ne l’atteignait pas entièrement, si bien que seul un halo distant le révélait aux yeux du public.

« Je suis la carrière de la Pythie depuis le début, » dit-il. « J’ai été, comme vous tous, témoin de ses dons de devineresse. » Il se tourna à nouveau vers moi. « Je ne saurais expliquer comment une telle chose est possible. Que ce soit grâce à un talent surnaturel ou autre chose, il semble bien que la Pythie soit vraiment capable de voir l’avenir. »

Je lâchais un soupir inaudible. I n’avait pas l’intention de ruiner ma réputation. J’étais sauve, tout du moins pour l’instant. Son but devait être ailleurs. Il reprit :

« Pourtant, il est évident que cette Grande Prophétie est fausse, et je peux le prouver. »

Luguy se balançait légèrement de droite à gauche, indécis. Prendre le risque de le laisser parler pouvait lui rapporter gros, mais s’il faisait de moi son ennemi alors que je disais la vérité, il ne ferait pas long feu… Je décidais de prendre la décision moi-même.

« C’est d’accord. »

Je me redressais dans mon fauteuil et croisais les jambes.

« Je suis curieuse d’entendre ce que vous avez dire, » dis-je avec un sourire.

Refuser de l’écouter signerait la fin de ma carrière. Si je fuyais maintenant, non seulement plus personne ne me prendrait au sérieux, mais Tristan serait alors hors de portée pour toujours. Et ça, je ne le permettrais pas. Ce dernier cligna des yeux, visiblement surpris par ma réponse. Je sentis mon sourire s’élargir. « Voyons voir ce que tu vas faire, Tristan. Montre-moi l’étendue de ton talent et, quand j’aurais surmonté l’obstacle que tu dresses devant moi, tu n’auras plus d’autre choix que de te joindre à moi… une bonne fois pour toutes. » Je crois qu’il comprit ce à quoi je pensais car une étincelle s’alluma dans son regard. Un génie ne peut pas résister à un défi : croyez-moi, je parle d’expérience. Il pivota alors vers le public et s’exclama :

« Pour être franc, il suffit d’écouter attentivement les mots exacts de cette prophétie. Les fléaux l’inspirée annoncera. Ça sonne bien, mais au fond, ça ne veut pas dire grand-chose ! Tout d’abord, quels fléaux ? La seule chose que la Pythie a prédit récemment, c’est cette Grande Prophétie. Ne trouvez-vous pas ça trop vague, comme formulation ? Ça désigne tout et rien, et portant c’est suffisant pour convaincre la plupart des gens que la Quête dont parle la Pythie est fondée sur une menace concrète. Les fléaux l’inspirée annoncera, c’est l’ouverture parfaite pour une prophétie bateau. »

Alors là, je lui tirais mon chapeau. Prouver que je mentais en faisant une analyse de son propre texte, rien que ça ! Quoiqu’à la réflexion, il m’avait dit au début qu’il m’avait démasqué en utilisant des méthodes similaires… Est-ce que ça voulait dire qu’il avait préparé une prophétie moins que parfaite avec cet instant en tête ? Mm, probablement pas. Le connaissant, il avait dû faire de son mieux sur le moment et trouvé des failles plus tard. Je jetais un œil à la foule silencieuse et mon soupçon se confirma. Le public était subjugué par sa verve. Tristan avait l’avantage dans cette situation : non seulement il disait la vérité, mais il était aussi convaincu que son honnêteté était la bonne voie à suivre. Je relevais un peu le menton en attendant la suite.

« Passons à la suite. Jusqu’aux barreaux de l’étoile solitaire… Une fois encore, où se trouve cette étoile solitaire, quelle est-elle ? On se retrouve une fois de plus avec un symbole mystique qui en jette, mais qui ne donne aucune information réelle. Sans parler des barreaux ! La prophétie parle-t-elle d’une prison ? Quoiqu’il en soit, tout le monde s’accordera à dire que c’est mauvais signe. Rien que le début de cette ligne est un présage néfaste : « jusqu’aux barreaux ». Cela indique un voyage, mais qui mènera où ? Jusqu’où faudra-t-il aller pour satisfaire les besoins de cette Grande Prophétie, et les désirs de la Pythie ? Car c’est bien de ça qu’il s’agit ! Suivre la prédiction, peu importe le prix !  Quel genre de prophétie demande un tel sacrifice ? Pour une menace fantôme, de plus ! » 

Il me jeta un coup d’œil, auquel je répondis par un imperceptible mouvement de la tête. Il n’avait pas à s’inquiéter, je l’écoutais attentivement ! Et alors qu’une partie de mon cerveau enregistrait ses arguments, l’autre préparait la répartie dont j’allais avoir besoin.

« Enfin, les deux dernières lignes de cette Grande Prophétie. Elles ont aussi peu de substance que les deux précédentes, et sont peut-être encore plus nébuleuses. » Il s’éclaircit la gorge. Fière cohorte des héros polaires/ Pour secourir la lumière naitra. La prophétie demande donc qu’on envoie des gens à l’aventure ! Mais qui seront-ils ? S’ils doivent être choisis, il y a de grandes chances que ce soit arbitraire, et alors quels critères de sélection seront utilisés ? À moins, bien sûr, que la Pythie ait une nouvelle vision… »

Je me mordis la lèvre pour ne pas lancer une remarque acerbe. Le fourbe, il savait très bien quel était mon plan ! Décider au pif ! Je dissimulais mon agacement sous une expression d’intense concentration.

« Pour finir, il y a cette notion de lumière, complètement bateau elle aussi, qui veut dire tout et son contraire. Aucune précision sur cette lumière n’est donnée et c’est normal, car la Grande Prophétie est une invention. » Il se tourna vers moi et planta son regard dans le mien. « Cependant, je ne saurais dire pourquoi la Pythie, qui a prouvé tant de fois sa capacité à prédire l’avenir, créerait une telle machination sans réel objectif. Pourquoi ? Vous pouvez nous expliquer ? »

À ces mots, l’attention se reporta sur moi. Tristan recula dans l’ombre. Je pris un moment pour évaluer la situation. Tristan méritait sa réputation de génie littéraire et venait de le prouver au centuple. La foule n’était plus extatique comme auparavant. Elle n’était pas ouvertement contre moi, mais elle se méfiait. Les humains sont des créatures fragiles :  ils aiment qu’on leur vende du rêve, mais ne supportent pas qu’on les prenne pour des idiots. Si je faisais une erreur dans ma réponse et que je froissais leurs égos, le public ne ferait qu’une bouchée de moi. Je me levais de mon fauteuil lentement. À mon tour de montrer à Tristan de quel bois j’étais faite.

« Je suis d’accord avec ce qui vient d’être dit. C’est vrai, ma Grande Prophétie ne donne aucun détail, aucune précision. Toutefois… n’est-ce pas le cas de la majorité des prophéties ? » Je souris d’un air complice. « Soyons honnêtes : mes visions jusqu’ici ont été l’équivalent de frappes chirurgicales. Et ce pour des raisons que j’ignore ! Mais prenez des prédictions comme… disons Nostradamus. On ne peut pas dire que ce soit des exemples de clarté ! »

Je croisais mes mains dans mon dos et m’avançais vers le centre de l’estrade.

« Ma théorie est que, puisqu’il s’agit d’une Grande Prophétie, les détails n’arriveront qu’au fur et à mesure. Trop d’informations pourrait brouiller le véritable objectif de la Quête à venir et… » J’esquissais un petit sourire d’excuse. « Mes visions me prennent beaucoup d’énergie. Je ne sais pas quels seraient les effets d’une vision aussi importante sur mon corps et mon esprit. Peut-être qu’inconsciemment, mon cerveau a tenté de limiter les dégâts, ce qui expliquerait le manque actuel de détails. »

Tandis que des murmures de pitié s’élevaient du public, j’eus une pensée pour tous mes cahiers aux feuilles déchirées et aux crayons brisés en deux sous l’effet de la frustration et de la rage depuis l’invention de ma formule. Tout ce stress, ça ne peut pas être bon pour la santé… ce n’était donc pas un mensonge ! Je baissais le visage une poignée de secondes afin de me ressaisir aux yeux des téléspectateurs, avant de poursuivre :

« Je comprends aussi les soupçons qui peuvent peser sur mon don de devineresse. N’importe qui se méfierait ! Mais je dois protester sur ce point : j’ai démontré à plusieurs reprises que je pouvais prédire l’avenir. Il n’y a donc aucune raison pour que cette prophétie soit différente des autres de ce côté-là. »

Faux, faux, archi-faux ! Évidemment, lecteurs, vous savez bien que tout ça, c’est du vent. Quoique là encore, je n’ai pas menti. Je peux prédire l’avenir grâce à ma formule ! Je ne le vois pas, mais je sais ce qui va se passer. Ça compte ! Je marquais un temps pour que mes mots imprègnent l’esprit de la foule. J’allais marquer un coup final. Je raffermis ma voix :

« Et quand bien même ? Disons que cette personne, » et je désignais l’obscurité dans laquelle Tristan était retournée, « ait raison. Après tout, comme je disais plus tôt, il n’est pas le seul à ne pas croire en mes pouvoirs. Disons que je mens. Je n’ai pas de vision prophétique. Je ne suis pas une vraie voyante. La Pythie n’existe pas. Cela rend-il la Quête inutile ? » Je laissais le silence planer. « Je répète ce que j’ai dit au début de cette émission : nous vivons dans un monde difficile. Les problèmes apparaissent les uns après les problèmes, sans aucune solution. Nous avons besoin de héros ! Nous avons besoin d’une Quête qui met les espoirs de chacun dans les mains de personnes capables d’apporter de la lumière dans nos vies où le futur se réduit comme peau de chagrin. Si jamais on découvre un jour que j’ai menti, la Quête n’en restera pas moins nécessaire. »

À mon tour de déglutir avec difficulté. J’inspirais profondément.

« Mais ce n’est pas le cas. Comme vous le savez, mes visions sont toujours correctes. Vous avez tous vu de quoi j’étais capable. Alors, cher public et téléspectateurs, je vous demande de me faire confiance une fois de plus. Croyez en ma Grande Prophétie, malgré l’absence de détails. Croyez en moi, comme vous l’avez fait auparavant. »

Voilà. C’était fait. J’avais fait de mon mieux. Je tentais de voir du coin de l’œil si Tristan se tenait encore près de l’estrade, mais je ne voyais rien.

Lentement, comme une vague, les applaudissements retentirent. Mes épaules se détendirent presqu’immédiatement. Ils mordaient à l’hameçon. Ils me croyaient. Le sol se mit à vibrer sous les coups de pied enthousiastes du public. Des cris et des sifflets vinrent à s’ajouter à la clameur. J’absorbais le son des mains qui s’entrechoquaient et mes yeux se fermèrent. J’entendis vaguement Luguy derrière moi mettre un terme à l’émission, mais même avec le micro, sa voix était noyée dans les exclamations. Les lumières blanches diminuèrent alors d’intensité et on me poussa dans les coulisses. Les applaudissements me poursuivirent longtemps.

Mon père et Charlotte m’attendaient, me dit l’assistant aux paupières tombantes. Je marmonnais mon assentiment distraitement. Où était Tristan ? L’avais-je convaincu, lui aussi ? Car c’était surtout pour lui que j’avais parlé. Avait-il compris qu’il était mon vrai interlocuteur ? J’avais bien parlé, je m’étais bien défendue. Allait-il m’aider, maintenant ? Soudain, j’aperçus un éclair bleu pâle dans le coin de mon champ de vision. Je me retournais vivement.  Là, caché dans des coulisses où il n’avait rien à faire, ce fourbe de poète se tenait, mains dans les poches. L’assistant me poussait à deux mains pour me faire sortir du bâtiment avant de me faire prendre par les journalistes. Je me tordis le cou pour ne pas lâcher Tristan du regard. Je levais les sourcils. Alors ? Il allait me suivre, oui ou non ? Il soupira et, avec une moue de défaite, il hocha la tête.  Enfin, ce maudit poète était un membre à part entière de ma Quête !

Charlotte et moi pûmes à peine discuter. Nous sommes sorties du bâtiment à la hâte, afin d’éviter d’attirer trop d’attention. Un signe de tête, un geste de la main au loin et j’étais enfermée dans la voiture, sur la route du retour. J’étais incapable de réfléchir à ce qui venait de se passer ou envisager ce qui allait suivre. Je vous le dis par expérience : vivre dans le présent, et le présent uniquement, n’est pas toujours aussi idyllique qu’on pourrait le croire. Je suis rentrée chez moi comme dans un rêve. Les voix de ma mère et de mon frère me parvenaient à travers d’un brouillard. Ils avaient suivi l’émission et étaient très impressionnés (mon frère) et assez réprobateurs (ma mère). Je suis montée dans ma chambre lentement, avant de revenir sur mes pas en me disant que prendre une douche serait une bonne idée. J’avais à peine fermé la porte de la salle de bain que mes genoux ont lâchés. J’étais toute secouée de tremblements et je me rendais compte seulement maintenant que mon dos était couvert d’une pellicule de sueur froide. Il me fallut bien vingt minutes d’eau chaude et de savon à la pomme pour me calmer.

Et me voilà, assise à mon bureau, à vous faire le résumé de ma soirée. 

Chers lecteurs, je n’ai jamais eu aussi peur qu’aujourd’hui. Il s’en est fallu de peu que je perde tout. En vérité, j’ignore comment j’ai fait et cela m’effraie. Perdre le contrôle à ce stade de mon plan, n’est-ce pas la preuve que je suis incapable de le mener à bien jusqu’au bout ? Certes, je me suis reprise et je suis saine et sauve. Cependant j’ai cruellement conscience que ce n’est pas passé loin.

Néanmoins, je suis satisfaite. Ce soir a dépassé toutes mes espérances. Je ne peux que me féliciter de la tournure des choses ! Je crains en revanche que le gros du travail ne reste à venir : où vais-je dénicher cinq -ou plutôt quatre, car j’ai déjà M. Froitaut- héros ? Mais c’est un problème pour demain. Lecteurs, vous pouvez marquer ce jour avec un menhir blanc : celui où Pythie est définitivement devenue une légende !

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Ilthedam
Posté le 16/11/2022
Hâte de comprendre pourquoi Tristan était prêt à tout foutre en l’air, alors qu’il a quand même aidé Ingrid à forger sa prophétie, voudrait-il prendre la tête de l’équipe finalement ? J’espère qu’Ingrid et lui vont en discuter bientôt :)
Bleiz
Posté le 30/12/2022
Salut ! Je réponds mille ans après x) merci beaucoup pour ton commentaire !
Edouard PArle
Posté le 07/06/2022
Coucou !
Comme dit Ingrid, ça n'est pas passé loin. J'imagine qu'elle trouvera des adversaires autrement plus déterminés que Tristan sur le chemin de sa quête. D'ailleurs je me demande quelles sont les véritables motivations de Tristan, il devait se douter qu'Ingrid n'allait pas tout lâcher aussi facilement, alors pourquoi cette intervention ? Pour jauger sa détermination ? Pour soutenir indirectement son projet en montrant qu'il résiste à la contradiction ? Je t'avoue que je suis très séduit par cette dernière hypothèse.
Je suis très curieux de voir quels seront les héros choisis pour la quête, je suis sûr qu'il y aura des personnages aussi loufoques qu'amusants^^
Mes remarques :
"ce que vous avez dire," -> à dire ?
"et trouvé des failles plus tard." -> trouver
Un plaisir,
A bientôt !
Bleiz
Posté le 11/06/2022
Bonjour,
Merci d'avoir pris le temps de laisser un commentaire ! La découverte des héros se rapproche ;) J'espère que la suite te plaira tout autant !
À bientôt !
Benebooks
Posté le 27/05/2022
Ingrid a eu de la chance de pouvoir rebondir ainsi. Il s'en est fallu de peu
Mais cet ennui sera sans doute le premier d'une longue liste, je me demande quelles justifications elle pourra trouver à l'avenir
A bientôt
Bleiz
Posté le 27/05/2022
Merci pour ton commentaire ! En effet, les plus gros ennuis restent à venir... À bientôt ! :)

P.S: je viens de me rendre compte à l'instant que tu avais écrit le deuxième tome des Natifs de l'Éther et je ne m'en étais pas rendu compte !!!! Et moi qui me demandait quand tu allais écrire là suite x) Attends toi à une pluie de commentaires dans les jours à venir !
Benebooks
Posté le 27/05/2022
Haha pas de soucis XD je suis impatiente de les connaître
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