Abîmée

Par Raza
Notes de l’auteur : Cette nouvelle m'a été inspirée par le thème "Abysses". N'hésitez pas à commenter, j'espère pouvoir m'améliorer dans mon processus d'écriture, donc tout commentaire est bon à prendre. Bonne lecture !

Le cœur de Yu battait au rythme lent de ses pas, tandis que ses poumons filtraient calmement l’air artificiel. Le manomètre de son scaphandre indiquait deux bars. De ce que lui avait expliqué Petter, cette jauge grimperait bien plus haut au cours de son périple. 

— Continuez comme ça, vous vous en sortez très bien. Essayez de sentir la pente. Dirigez-vous vers le plus profond en suivant le manomètre si vous le pouvez. Sinon, faites-le à l’instinct. 

À l’instinct ? Quel instinct pouvait-on avoir en un tel lieu ? Yu observait les reflets lumineux qui miroitaient sur le sol. Sous ses semelles lestées, un sable fin et poussiéreux s’éparpillait au moindre mouvement. Ainsi qu’il lui avait été demandé, elle évitait soigneusement de marcher sur les bosquets qui parsemaient le terrain. Leurs tons verts-bleus auxquels se mêlaient des touches orangées paraissaient délavés, comme si les faibles courants les avaient trop frottés les uns aux autres. Ces tentacules évanescents, allongés et lascifs, dansaient sans volonté dans l’eau claire. 

Ses premiers pas lui avaient demandé beaucoup d’attention. Le scaphandre, malgré son exosquelette intégré, la transformait en un être lourd et pataud. Chacun de ses mouvements se voyait ralenti par le mécanisme et par l’eau, dans une sensation qu’elle aurait rapproché de l’apesanteur. Cependant, suite aux simulations de son entraînement, Yu avait eu tout le temps de comprendre que les réflexes acquis en apesanteur n’étaient pas les bons quand on avait à ses pieds des poids qui nous ancraient solidement au sol.

En plus de cette lenteur forcée, la visière demi-sphérique réduisait son champ de vision, ce qui l’empêchait d’embrasser le paysage d’un coup d’œil. Sur les premiers mètres, Yu avait tourné régulièrement la tête pour compenser ce manque de visibilité, mais elle avait vite compris que cette stratégie était vouée à l’échec. Son cou n’était pas fait pour une telle sollicitation.

Après une dizaine de minutes d’errance dans ce décor assoupi, Yu remarqua enfin la pente que Petter lui avait demandé de trouver. Légère et douce sur les premiers pas, son inclinaison augmentait à mesure qu’elle avançait. Elle n’avait pas beaucoup échangé avec Petter, trop occupée qu’elle était à maîtriser ses gestes, mais Yu avait désormais besoin d’un peu de compagnie.

— Ça y est. Je suis sur une descente.

— Est-ce que vous pouvez décrire ce que vous voyez ? La réception vidéo n’est pas bonne. Peut-être qu’un détail qui m’échappe pourrait m’aider à vous guider.

— Ok. La luminosité est acceptable, mais les plantes ont changé de couleur par rapport au début, et elles grandissent, je dirais. Elles s’étirent.

— Est-ce qu’elles s’étirent vers le haut ?

— Non, pas vraiment. C’est mauvais signe ?

— Pas spécialement. Continuez à avancer.

Yu prit une grande inspiration. Pas spécialement. Elle se retourna pour voir le chemin parcouru.

— Je ne vois plus mon point de départ, et de là où je suis, on voit bien que je suis descendue. J’ai l’impression que je suis sur un plateau.

— Continuez, ne vous inquiétez pas des légers changements de pentes. Quand ils seront importants, vous le saurez.

La documentation qu’on lui avait fournie avait été assez évasive dans ses explications sur ce qu’elle expérimenterait lors de sa descente. Les compléments de Petter avaient été pour le mieux vagues, mais il s’était justifié en prétextant qu’il ne devait pas trop l’influencer. Yu avait beau savoir que c’était lui l’expert du sujet et qu’elle aurait dû lui faire confiance, elle ne pouvait réprimer tous ses doutes. Mais qui n’en aurait pas eu dans cette situation ? Elle espéra que Tina ne lui tiendrait pas rigueur d’avoir essayé cette aventure. 

Les bosquets devinrent plus touffus. De petits morceaux s’en détachaient parfois, puis roulaient le long de la pente. Encouragée par ces guides inattendus, Yu avançait d’un pas lent mais déterminé, jusqu’à ce qu’elle arrive à un premier palier. D’une hauteur de seulement deux mètres, il ne lui aurait pas paru bien dangereux, si elle n’avait pas été en scaphandre sous une pression qui atteignait désormais cinq bars. 

— Qu’est-ce que je fais ?

— Pour un palier si court, vous sautez, comme vous avez fait en simulation. C’est tout simple, il n’y a aucun danger ici.

Petter ne voulait pas dramatiser la situation et le scaphandre faisait la majorité du travail de stabilisation, mais Yu savait que si elle endommageait l’équipement, elle était finie. Même si elle avait compris que c’était un stress ou un faux mouvement malheureux qui pouvait poser problème, et qu’elle avait lu que seul son esprit pouvait la blesser, et rien d’autre, son appréhension ne voulait pas la quitter. Elle prit une grande inspiration, fléchit les jambes, et sauta.

Le scaphandre décolla, porté par le fluide autour de lui. La sensation ressemblait à celle de la simulation, mais, de même que l’apesanteur n’était pas un parallèle parfait, les simulations n’étaient que des esquisses de cette réalité. Alors qu’elle descendait, le léger courant qui la portait en avant s’inversa, et la poussa soudain vers la paroi abrupte derrière elle. Instinctivement, ses bras se levèrent contre ce vent sous-marin, mais ce geste eut pour effet d’amplifier ce qu’elle voulait éviter. Une force violente la ramena vers l’avant. Les contre-mesures du scaphandre s’étaient enclenchées à temps. L’impact du sol sous ses pieds lui remonta le long des jambes.

— J’ai réussi ?

— Je n’en doutais pas.

La luminosité avait baissé d’un cran, mais Yu pouvait encore voir sans allumer les lampes du scaphandre. Le temps que ses yeux s’habituent à cette pénombre, elle resta immobile, et contempla le paysage. Les plantes avaient disparu, remplacées par des amas de roches saillantes à l’aspect tranchant. Un petit frisson parcourut sa nuque : la température extérieure avait baissé, son scaphandre n’avait pas encore réussi à stabiliser son atmosphère intérieure. 

— J’avance.

— Faites. Je pense qu’il est temps qu’on parle de Tina. Vous pouvez me raconter comment vous l’avez rencontrée ?

Yu se figea. Elle fut tentée de refuser, mais elle savait qu’elle ne le pouvait pas.

— C’était un jour où j’étais à l’office au temple. Je venais de terminer ma rotation et ceux qui étaient en service comme moi sortaient des caissons de méditation. Tout le monde se pressait vers la sortie pour rentrer à la maison. J’avais été mise dans un coin, donc j’étais parmi les derniers à quitter les lieux. Tina aussi. Je ne l’avais jamais vue avant.

À mesure que Yu racontait, les souvenirs remontaient à la surface. Elle se rappelait la froideur de l’atmosphère, la fatigue qui survient toujours à la sortie du caisson, la puissante odeur de lavande du désinfectant du jour.

— On s’est saluées, comme deux citoyens peuvent le faire. On a échangé un regard, simple et direct. Le mien voulait dire : une bonne chose de faite, et j’ai cru lire la même chose chez elle. Je n’ai jamais osé lui demander si on s’était bien compris. 

Un faible courant chatouilla le scaphandre, qui retransmettait ces sensations à sa peau par l’interface tactile. 

— Et ça a suffi ?

— Non, pas du tout… On s’est revues au temple, plusieurs fois. À chaque fois, on s’est saluées. Parfois, je me dis que d’une manière ou d’une autre, l’équilibrage des caissons avait dû nous trouver complémentaires ou bien assorties, pour qu’on soit affectées si proches, si souvent. Et parfois, je me dis que c’est seulement un mirage, et que c’est plus la chance qui nous a réunies.

Autour d’elle, les roches du sol devenaient poreuses, et ces porosités créaient des tourbillons aux formes étonnantes, révélées par les poussières en suspension. Pourtant, quand Yu regardait tout ce désert aquatique, tout ce qu’elle voyait était sa stérilité. Elle regarda son manomètre. Dix bars. Les lumières du scaphandre s’étaient allumées automatiquement. Elle voyait mieux devant elle, mais elle était encore plus aveuglée sur les côtés.

— Il n’y a plus rien, Petter. Rien. Vous allez dire que je divague, mais même les roches m’ont l’air mortes.

— C’est normal, ça arrive souvent. Il ne faut pas se laisser abattre. Continuez plutôt votre histoire, comme ça vous penserez à autre chose.

Yu avait le cœur serré. Elle n’était pas sûre que ce sujet lui fasse penser à autre chose.

— Si vous le dites. Un jour, je suis tombée malade. Rien de grave, juste, je n’ai pas pu aller au temple. Et ce jour-là, je me suis dit, intérieurement : tiens, je ne connais même pas son nom. Si j’avais voulu l’avertir, je n’aurais pas pu. Je me suis demandé : est-ce qu’elle s’inquiète ?

Yu se rappelait la faible fièvre. Elle se rappelait aussi qu’elle s’était demandé : pourquoi je me pose cette question ? Elle n’avait même pas prévenu ses parents, elle n’avait rien de bien grave, alors pourquoi penser à elle ? Ce moment où elle avait été dans son lit, où elle n’avait rien à faire d’autres que réfléchir, un peu hors du temps, était loin désormais. Ici, elle avait d’autres préoccupations que ressasser son passé.

— Je pense que j’ai compris ce que vous vouliez dire par « vous le saurez ».

— Comment ça ?

— J’ai trouvé le gouffre.

La pente avait disparu. À ses pieds, un trou d’un insondable noir hypnotique l’appelait. Ses lumières s’effritaient au contact de telles ténèbres, impuissantes à dévoiler ce qui l’attendait. 

— Je ne pense pas que ce soit le dernier, c’est trop tôt. Mais vous n’allez pas pouvoir sauter, c’est trop dangereux. Passez en mode désescalade.

Yu résista au vertige. Tout est dans la tête. Elle savait faire. Elle n’était pas une férue d’alpinisme comme Tina, mais cette dernière l’avait traînée dans toutes les montagnes de la Terre, elle avait donc bien pratiqué. Jamais en scaphandre, bien sûr, mais celui-ci était là pour l’aider. Théoriquement, ce devrait donc être plus facile. Elle se retourna pour se mettre dos à cet abîme, et commença à descendre.

— Il est possible que la descente soit un peu longue et monotone. Ne vous inquiétez pas.

Ne t’inquiète pas, ne panique pas. Yu connaissait bien ces paroles. Elle n’avait jamais été celle qui s’inquiète. Peut-être aurait-elle dû. Un peu plus. 

Les pieds du scaphandre s’accrochaient sans difficulté dans cette paroi dure. Yu avait peur de dégrader cet endroit incroyable, mais, quand son regard passait là où elle avait pris appui, ce mur étonnant paraissait comme neuf. 

— L’équipement est vraiment bluffant. 

— Merci, mais n’y pensez pas trop. 

— Je sais, mais quand même. J’imagine que les premiers essais ont dû être compliqués.

— Je ne suis pas sûr que ce soit un bon sujet à imaginer pour vous en ce moment. Quand vous reviendrez, je vous raconterai. Restez concentrée sur votre descente.

Rassurant. Être dos au gouffre lui permettait de ne pas penser à sa profondeur. Son regard se portait d’une pierre à une autre, d’une prise à une autre. Ses lampes n’éclairaient que la paroi. Les chiffres de son manomètre grimpaient à mesure qu’elle descendait. 15 bars, 20 bars, 40 bars. 49 bars. Sa sueur évaporée se condensait sur la visière. Petter avait raison, le gouffre paraissait sans fond, à tel point que lorsqu’elle arriva enfin sur un plateau sédimentaire, dans lequel ses pieds s’enfoncèrent jusqu’à disparaître, elle en fut plus surprise qu’heureuse. Elle s’étira pour soulager ses bras, puis se retourna.

— Je ne vois presque rien. Je retire ce que j’ai dit, vous pourriez améliorer cette lumière.

— On y travaille, on y travaille.

Yu était de retour dans le sable. L’eau avait perdu sa clarté, et les multiples grains de poussière, auparavant tourbillonnants, restaient figés, comme si le temps s’était suspendu.

— À part la paroi derrière moi, je n’ai aucun repère. Je ne risque pas de me perdre ?

— Même pendant les premiers essais, ça n’est pas arrivé. On vous a expliqué tous les risques, vous vous rappelez ?

La voix de Petter trahissait une légère inquiétude.

— Je sais, mais ça ne veut pas dire que tout ce dont vous ne m’avez pas parlé n’est pas dangereux.

Un silence s’étira entre Yu et son accompagnateur. Il n’était pas bon de rester tendu dans cette situation.

— Enfin, je comprends que je peux avancer. Si vous voulez, je peux continuer à vous raconter, pour Tina.

— Bonne idée. Allez-y.

Yu s’avançait dans une neige immobile. 49 bars. Bien qu’il ne lutte pas assez efficacement contre le froid ambiant, le scaphandre n’avait pas plus de difficulté à trancher l’eau qu’à la surface. 

— Quand j’ai été guérie, j’ai voulu faire le premier pas. Je suis allée la voir. J’imaginais tout ce que je pourrais lui dire, puis je me suis dit, qu’est-ce qu’elle va penser de moi, à l’aborder comme ça ? Si depuis le début, ce n’était que de la politesse, mais qu’elle n’avait pas spécialement envie de parler avec une inconnue ? Mes collègues et amis sont top, mais j’étais dans une période où j’avais besoin de créer du lien avec des gens à l’extérieur. Je pense que ...

Yu s’arrêta de parler. Elle voyait ce qui ressemblait fort à une rivière, comme si elle avait été sur une berge, au bord d’un cours d’eau, paisible, doux, mais boueux. Le seul problème était qu’elle était sous l’eau.

— Est-ce que j’hallucine complètement ? J’ai perdu pieds ?

— Non, c’est une rivière sous-marine. C’est un phénomène qu’on a déjà observé plusieurs fois, créé par d’importantes différences de densité.

— Et c’est bon ou mauvais signe ?

— Bon signe. A priori, il faudrait la traverser.

— Je ne vois pas l’autre côté. C’est une obligation ? Je ne dois pas simplement suivre le courant ?

— Ces rivières ne fonctionnent pas comme celles que vous connaissez. Vous pouvez essayer de longer, mais ça prendra plus de temps. Il ne faudrait pas que vous fatiguiez trop.

Yu haussa les épaules. Le scaphandre n’était pas une tenue de sport, mais elle avait connu pire. Un bon citoyen était un citoyen en forme, elle pouvait tenir l’effort.

— Je préfère chercher un passage plus facile, pour l’instant. On en rediscute dans une demi-heure ?

— Comme vous voulez.

Ce courant ne lui inspirait pas confiance, et elle n’aimait pas prendre des risques. Déjà trois fois, son chef l’avait exhorté à en prendre plus. Pourtant, ce n’était pas parce qu’elle avait décidé de prendre un risque en venant ici qu’elle devait renier sa prudence à jamais. Pendant qu’elle marchait le long de la rivière, sur cette berge triste dont même la couleur ne changeait pas, étonnement et mélancolie se disputaient son cœur. D’un côté, elle ne s’attendait pas à trouver une telle diversité de paysages, et de l’autre, leur aspect terne et morne lui sapait le moral. Alors que les trente minutes étaient presque passées, aperçut un changement dans cette rivière.

— Ah ! J’ai l’impression qu’il y a un passage.

Le courant mou laissait apercevoir des rochers au-dessus de ce qu’elle aurait pu définir comme la « surface » de la rivière. Régulièrement espacés, ils étaient une invitation à traverser. 

— Je me lance.

Avant même d’entamer son mouvement, son cœur s’emballa et l’adrénaline déboula dans ses artères. Ce n’était pas plus dur que toute à l’heure, lors du saut. Elle en avait plusieurs successifs, c’était la seule différence. Elle prit un peu d’élan, puis commença la série. Un premier saut. Un second. Un troisième. Et au quatrième, son pied se déroba sur une pierre glissante. Reste calme. Elle raidit ses muscles et réprima ses mauvais réflexes. Le scaphandre rétablit l’équilibre, comme les fois précédentes. Elle s’arrêta. Devant elle, toujours pas de rivage. Derrière elle, la berge avait disparu. 

— Vous faites une pause ?

— Non. Je continue.

Elle ne pouvait plus prendre d’élan, mais ce n’était pas important. Elle ferma les yeux. Elle n’entendait rien de plus que sa propre respiration et le grésillement en provenance du bureau de Petter. Elle devait réussir. Elle pouvait réussir. De nouveau, elle fléchit les genoux et sauta, toujours les yeux fermés. Le scaphandre s’éleva, vola, et se posa lourdement sur une surface dure, stable, forte. Elle avait fait le premier bond. Elle ouvrit les yeux, et recommença. Chaque rocher était plus large, chaque saut plus facile. Cependant, elle n’en voyait pas le bout. Elle avait déjà la fatigue accumulée de la longue descente, et la fatigue dont Petter avait parlé commençait à se faire sentir. La dernière plateforme avait la largeur d’une grande table, Yu en profita donc pour se reposer.

— Je n’ai pas pensé à demander, mais combien de temps ça peut durer, ces bonds ?

— On ne peut pas connaître la géographie en avance. Sinon, vous vous doutez bien qu’on vous aurait donné une carte. C’est comme la descente.

— Non, mais dans les cas dont vous m’avez parlé, ça dure longtemps ?

— Attendez, je cherche. Ça va prendre un peu de temps, peut-être pouvez vous continuer à me raconter votre histoire avec Tina ?

— Oh, rien que de très banal. C’est elle qui est venue me voir pour me demander comment j’allais. On s’est enfin présentées mutuellement. On s’est ajoutées dans nos contacts respectifs, et on en est resté là pour ce jour. Les gens sont toujours un peu déçus quand je raconte ça.

— A l’époque, vous n’aviez aucune idée de la suite ?

— Vous savez bien que dans le temple, on enlève ses bagues de statut. Soi-disant que leur présence empêcherait les gens d’atteindre la plénitude nécessaire. Donc, non, je ne pensais pas à la suite. 

Yu mentait un peu. Bien sûr, au fond d’elle, elle avait un petit espoir. Qui n’en avait pas ? Mais imaginer la suite, telle qu’elle s’était déroulée, non, bien sûr que non. Et certainement pas le fait d’être ici, dans ce scaphandre. Elle devait repartir.

— J’ai trouvé combien de temps ça dure habituellement et...

— Ne me dites pas. Je vais le faire, quoi que vous me disiez.

La série de bonds suivants lui parut plus facile. Elle en enchaîna une dizaine, puis arriva enfin sur ce qu’elle aurait pu appeler une seconde berge. Les roches du sol n’étaient plus que des couteaux tournés vers la surface. 48 bars. Cette série l’avait légèrement remontée, sans s’en qu’elle s’en rende compte. Les plantes n’étaient toujours pas réapparues, aucun indice ne lui permettait de s’orienter, à part son manomètre, mais si elle suivait la descente, elle avait des chances de retrouver le courant boueux qu’elle venait de traverser. Les poussières ne lui donnaient pas plus d’indications, figées dans leur ballet immobile. Seul ses propres mouvements amenaient un peu de vie à son environnement. Ne pense pas à ça. Pas en ces termes. Yu essaya de ressentir les courants autour d’elle. L’interface haptique du scaphandre restait bruitée, mais elle se fia à son intuition. Au fond, elle ne pouvait pas se perdre, lui avait dit Petter.

— Je vais tout droit.

Tina avait toujours été quelqu’un de direct. Pas la peine de faire des circonvolutions. Autant prendre exemple sur elle. Surtout ici.

— Après un temps à se contenter de discuter sur les réseaux, c’est elle qui a franchi le pas. Elle organisait une grande fête pour son anniversaire, et elle m’a tout naturellement invitée. C’est là que j’ai remarqué qu’on avait des bagues compatibles.

Yu se rappelait que son cœur s’était presque arrêté quand elle avait vu un anneau à l’index de la main gauche de Tina. Pas sur le majeur, pas sur l’annulaire, non, sur l’index. Elle avait demandé à Tina si elle-même avait remarqué tout de suite, et elle avait avoué qu’elle avait la tête ailleurs ce jour-là. 

— Enfin, bref, on s’est rapprochées dans les mois qui ont suivis jusqu’à finir ensemble, voilà tout.

Ce soir-là, elle était entrée dans le monde de Tina. Ses amis, son frère, quelques collègues, entassés dans son petit appartement – mais quel appartement ne l’était pas dans le secteur 33 ? Elle n’avait pas préparé les traditionnelles nouilles d’anniversaire, mais un gâteau, une habitude de son continent d’origine. Yu avait encore l’acidité du glaçage au citron sur la langue. 

Ce qu’elle ne raconterait pas à Petter, ce serait les soirées suivantes, celles où elle l’avait invitée. Dès que Tina entrait, le stress venait avec elle. Yu avait tant envie de bien faire que la soirée passait à une vitesse astronomique. Quand tout était terminé, elle était alors lessivée, autant que si elle était restée trop longtemps au temple. Pour finir ensemble, il avait encore fallu du chemin.

Yu arriva enfin dans un paysage différent. D’immenses colonnades à la croissance organique se dressaient sur son chemin. Elle leva la tête pour en voir le sommet, mais elles continuaient au-delà de la portée de ses lampes. Elle s’approcha de l’une d’entre elles, et constata qu’elle était poreuse, comme le sol auparavant. Cependant, une substance à l’aspect spongieux s’était déposée à l’intérieur. 

— Que signifient ces structures ?

— Vous aurez peut-être une étape ou deux, mais vous êtes proche du dernier gouffre. Ne changez pas de direction, et tout ira bien. 

Le dernier gouffre ? Elle n’était qu’à 52 bars. Ce n’était pas elle qui connaissait le mieux tout ça. Si elle demandait encore des précisions, Petter ne manquerait pas de lui rappeler qu’elle était censée avoir tout lu, tout écouté… et tout retenu. 

Les colonnes, d’abord espacées, s’étaient rapprochées jusqu’à ressembler à une forêt. Ces troncs, droits sur les premiers mètres, se courbaient, fusionnaient, dans ce désordre harmonieux si commun dans la nature. Yu traversait en silence, pour mieux respecter cette construction étonnante.

Son manomètre indiquait 54 bars, lorsqu’elle aperçut le premier signe de vie. Un petit animal filiforme ondulait vers elle, une ombre luisante dans les ténèbres. Il glissa à quelques mètres d’elle, et Yu put mieux l’observer. Ce serpent emberlificoté dans un nuage de nageoires semblables à des feuilles, dont les tons orangés rappelaient les plantes du premier paysage, manquait de la vigueur qu’elle aurait attendu de la part d’une créature fine et colorée. Lentement, il décrivit un cercle autour d’elle, puis repartit.

— Ce truc essaie de communiquer ?

— Non, il est juste attiré par votre présence. Votre empreinte psychique est une forte anomalie par ici.

D’autres s’amusaient aux alentours, mais tous gardaient leurs distances avec Yu. Ils ne paraissaient pas avoir d’yeux, ni même de bouche. La collision de deux d’entre eux provoqua une lumière vive, un éclair sous la mer. Ils naviguaient entre les troncs, certains montaient, d’autres tournaient sur place. À mesure que leur troupeau se densifiait, les collisions se multipliaient. Yu essayait de ne pas se déconcentrer. Chaque éclair lui révélait ce paysage d’un autre monde, un ailleurs qu’elle n’aurait pu imaginer exister quelques semaines auparavant.

Yu arriva à l’orée du bois. Les belles colonnes s’arrêtaient, pour laisser la place à un champ de ruines. Ses lampes mouraient une dizaine de mètres plus loin, sur des troncs abattus, amoncelé pêle-mêle, comme soufflés par quelque tempête sous-marine, difficile à imaginer dans un paysage si immobile. Les animaux ne quittaient pas la proximité de leur forêt, Yu devrait continuer seule. La vision de cette désolation lui coupa le souffle. 

— Petter ?

— Continuez, continuez. C’est attendu, vous le savez. Contrôlez-vous et tout ira bien. Peut-être voulez-vous me raconter quelque chose sur Tina ? Un événement quelconque ? Un voyage, peut-être ?

Une petite larme goutta sur le coin de son œil, mais Yu résista. Elle devait continuer.

— On a fait tant de voyages. On est allées sur les six continents et les deux faces de la Lune. Mon seul regret est qu’on n’ait jamais eu le temps d’aller sur Vénus. Vous êtes déjà allé sur la Lune ?

— Non. Je suis d’ici, et je n’ai jamais bougé. Trop de travail. Mais j’aime bien qu’on me raconte, comme ça je voyage sans effort… Les six continents ? Cela semble formidable.

Yu visualisait tous ces lieux si touristiques qu’elles avaient écumées. Des plages, des plaines, des montagnes, des villes. Enfin, surtout des montagnes, maintenant qu’elle y repensait. Toutes ces montagnes pour finir ici, dans ces profondeurs, il y avait quelque chose d’ironique. 

— Je n’aurais jamais pu faire tous ces voyages sans elle. Ce n’était pas une question de budget, même si ça a joué, mais surtout, une question d’organisation. Si elle n’avait pas eu cette fibre, je pense que j’aurais fait comme vous.

Yu essayait de continuer la conversation comme si de rien n’était, cependant, elle était entourée de noir et les petits scintillements de la poussière ne lui donnaient aucun point de repère. Tina, qu’aurais-tu fait à ma place ?

Alors que seuls ses mouvements agitaient l’eau autour d’elle, une vague sous-marine la frappa sur le côté, à un point qu’elle faillit en perdre l’équilibre. Un frisson remonta le long de sa colonne, son cœur se mit à tambouriner. Quelque chose bougeait sur sa droite. Elle se figea.

— Un problème ?

— Je…

Yu regarda son manomètre. 89 bars. Quand était-elle descendue si profond ? Elle se tourna lentement pour voir ce qui avait créé ce courant si soudain.

Les lampes fixèrent le rien pendant un instant. Elle avait senti un courant, elle en était sûre. Qu’est-ce que cela pouvait vouloir dire ? Là où le noir seul se dressait face à elle, une créature gigantesque, un béhémoth sorti des plus impressionnants mythes que Yu connassait, surgit. Large comme un immeuble, la bête énorme à la tête difforme, aux multiples yeux et à la bouche entrouverte avait le corps recouvert de feuillages verts et jaunes. Elle nageait une dizaine de mètres plus haut que le sol, mais son sillage renversa le solide scaphandre et Yu se retrouva sur le dos.

— Qu’avez-vous vu ? Yu, que se passe-t-il ?

Pris de frissons incontrôlable, son corps s’était tétanisé.

— Yu ? Répondez ! Voulez-vous qu’on vous ramène ? Si vous ne répondez pas, je prendrais la responsabilité de vous ramener.

Tina...Hors de question d’abandonner maintenant.

— Non ! Ne me ramenez pas. Je suis là. Je… J’ai beau avoir été prévenue, je n’aurai pas cru en croiser un tel… 

— Restez calme. Ce spécimen est grand, mais il est coloré, vous ne risquez rien. Vous avez été repérée. Ce n’est pas grave, certains médecins pensent même que c’est une bonne chose, ça atténue l’effet de choc de la rencontre. 

Ça dépend pour qui… Yu ne savait pas si elle aurait le courage de faire un retour détaillé à Petter quand elle sortirait, mais il avait encore un peu de progrès à faire en tant qu’accompagnateur. Elle avait envie de couper ses lumières. Elles signalaient sa présence comme un phare dans la nuit, alors que son environnement restait invisible. Le courant induit par la créature la bousculait lentement, témoignage silencieux de sa présence pesante. Yu n’osait plus parler, de peur de la provoquer involontairement. Parfois, la colère pouvait être déclenchée sans qu’on s’en aperçoive. Tina avait un tempérament calme, mais certaines situations pouvaient l’amener à devenir un vrai dragon. Comme quand elle était partie prendre cette navette. Yu frissonna. Pas le moment de penser à ça.

Elle continuait d’avancer, mais depuis sa chute elle n’était pas sûre d’avoir pris tout droit. Son inquiétant compagnon ne l’aidait pas, avec sa danse irrégulière et lancinante au-dessus d’elle. Il arrivait que Yu soit renversée, mais elle se relevait toujours plus déterminée. Son manomètre paraissait coincé sur 89, tandis que ses pas l’enfonçaient progressivement dans cette boue aux frontières indécises. Petter semblait avoir compris sa volonté de garder le silence, et ne disait plus rien. Les minutes passèrent.

Au milieu de cette immensité noire, Yu s’interrogeait. Aurait-elle dû faire autrement ? Avait-elle fait le bon choix, de se lancer dans cette procédure ? Quelle étrange randonnée, seule – ou presque – à ne rien voir, errer sans but autre que descendre, descendre, toujours plus profond. Tina, qu’est-ce que je fais ?

Progressivement, son impatience monta. Combien de temps s’était écoulé depuis le début de la descente ? Elle ne pourrait pas rester ici indéfiniment. Petter lui dirait de remonter. La liste d’attente était longue pour avoir le droit d’utiliser le scaphandre, si elle n’avait pas terminé aujourd’hui, il serait attribué à quelqu’un d’autre et elle repartait pour le bas de la liste.

— Ne désespérez pas. Ces plateaux peuvent être longs, et la créature qui vous accompagne est extrêmement bon signe, ne l’oubliez pas.

Cette voix sortit du néant la fit sursauter. Bien sûr, son rythme cardiaque, sa tension, la conductivité de sa peau et son champ psychique étaient enregistrés. L’un des indicateurs, ou peut-être même les quatre, avaient dû dépasser un seuil quelconque, et son accompagnateur s’était senti obligé de parler.

— Merci Petter. J’aimerai juste avoir un indice, quelque chose qui me prouve que je bouge, que j’avance. Que je suis plus près du but. Il n’y a rien ici. Je devrais peut-être retourner dans la forêt ? Au moins, la vie paraissait moins… hostile.

Alors qu’elle prononçait ces paroles, les ténèbres face à elle bougèrent dans la limite de ce qu’elle pouvait percevoir. Un autre courant venait de l’avant. Une nouvelle créature, presque aussi grande que la première, mais bien plus terrifiante, lui faisait face. Sa peau recouverte d’écailles tranchantes, ses yeux globuleux, sa bouche aux dents emmêlées, chacune de ces caractéristiques étaient pétrifiantes. Cependant, ce qui avait figé Yu sur place était la transparence pâle de son corps cartilagineux. Le monstre n’avait pas de couleur. Il resta une seconde en suspens, puis sa mâchoire s’ouvrit dans un mouvement vif et il se jeta sur Yu. S’en suivit un violent choc latéral : le scaphandre l’avait propulsé sur le côté. 

— Est-ce que vous allez bien ? Est-ce que je dois vous remonter ?

Paradoxalement, le corps de Yu avait été dans une telle paralysie que l’équipement l’avait sauvée automatiquement. Elle ne pouvait plus parler, plus bouger. Le monstre était encore là. Tina… Est-ce que je me suis trompée ? Est-ce que … 

— Je vous remonte.

— Non !

Yu ne voulait pas abandonner. Elle n’abandonnerait pas. Elle fit face à la créature, qui revenait vers elle. Le scaphandre la ferait l’éviter, tant qu’elle était dans son champ de vision. 

— Vous ne pourrez pas vous battre, vous le savez ?

— Oui, je le sais, Petter !

Fichu Petter, fichus techniciens minables. Ils croient tout savoir. Ils ne savent rien. Tina aurait compris. Tina avait ce don de déceler l’indice qui permettait de lire en vous. Certains s’en sentaient agressés, et il était arrivé que sa curiosité dépasse un peu les bornes de l’acceptable, mais elle était comme ça. Pleine de vie, pleine d’espoirs, qui aurait pu croire qu’elle se retrouve dans cet état ? 

Alors que la créature fondait sur elle, une patte jaillit du néant et l’écrasa, dans un éclair époustouflant. Yu ne l’avait vu qu’un instant, mais son allié impromptu était si colossal qu’elle n’arrivait pas à en croire son bref souvenir. Le béhémoth venait l’aider. Un second éclair illumina les profondeurs, révélant à nouveau son sauveur.

— Yu, vous devez avancer.

Le scaphandre résistait difficilement aux courants puissants du combat titanesque. Yu se ressaisit. Elle devait avancer. Le cœur encore battant, elle tourna le dos à ce spectacle qui menaçait sa raison, et reprit sa marche.

— Ces créatures, elles apparaissent pour tout le monde ?

— Oui. Elles sont différentes pour chacun, mais elles apparaissent pour tout le monde. L’espèce incolore est plutôt rare, il faudra qu’on en rediscute après pour comprendre son apparition. 

Les techniciens avaient insisté pour qu’elle ne mente pas lors des entretiens. Peut-être qu’elle ne l’avait pas assez pris au sérieux. Yu secoua la tête, pour faire partir le relent de peur qui restait dans son corps. C’était trop tard, elle devait faire avec. Elle regarda son manomètre, qui indiquait 110 bars. Et alors qu’elle fuyait les monstres abyssaux, elle arriva à un autre gouffre. Quand elle le vit, elle sut que c’était le dernier. La fin. 

— Gardez votre calme. Ne faites rien d’inconsidéré et tout ira bien. La dernière désescalade et...

Yu n’écoutait plus. Elle ne voulait plus attendre. Elle se jeta en avant, pour se laisser tomber. 110 bars. 120. 130. 200. Le premier instant passé, elle ne savait plus quoi faire. Elle tombait, sans nul doute, mais avec une telle lenteur qu’elle ne savait plus dans quelle direction. Elle était dans le noir, à la dérive, seule. Petter lui parlait, mais elle n’entendait plus rien. Elle était perdue dans les ténèbres, seule étoile sur une toile d’ébène. Son manomètre n’indiquait plus aucun chiffre. Tina… Dans cet océan de néant, dans ce rien, elle appela aussi fort qu’elle le put. 

— Tina !

Et l’impensable, pourtant tant attendu, se produisit. Tina était là. Image fugace, furtive, fugitive, son visage paisible flottait dans ce rien, sa silhouette éthérée se laissait deviner au-delà. 

— Tina… 

Yu tendit les bras et l’étreignit, celle qui n’était plus qu’un corps ensommeillé depuis son coma. La machine improbable des techniciens l’avait amenée jusqu’à elle. Elle entra en contact avec l’esprit de Tina. Elle devait agir vite. Elle plaça le masque de secours sur le visage paisible, masque qui n’avait pas plus d’existence que son scaphandre. Et pourtant, elle sentait la chaleur de son étreinte, elle ressentait sa présence. Yu serra ses bras autour d’elle encore plus, et murmura à l’oreille de ce fantôme. 

— Je t’aime.

Alors, le visage ouvrit les yeux.

— Petter, tu peux me remonter. Tu peux nous remonter…


 

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ClaraDiane
Posté le 16/10/2022
J'ai adoré cette histoire ! Elle est vraiment racontée de manière ingénieuse, avec tous ces mystères dont les réponses se dévoilent au fur et à mesure ^^
Raza
Posté le 05/03/2023
Merci pour ton commentaire ! Pour une raison que j'ignore, je n'en ai pas été notifié, et donc je réponds avec honte très très en retard!!!
Loup pourpre
Posté le 09/08/2022
J'aime bien l'histoire. On ressent tout ce que le personnage ressent. Tout est bien décrit en détail. On croirait y être. Il manque plus qu'un peu plus d'action, de dangers, de suspense pour pimenter l'histoire. Un petit twist.
Raza
Posté le 09/08/2022
Merci pour ton commentaire! Je comprends qu'on puisse vouloir de l'action ou un twist, mais ce n'était pas vraiment l'ambiance que je voulais donner :) Pour l'aspect twist, tout dépend comment tu comprends la nouvelle (certains on trouvé que c'était une belle chute, d'autres pas), mais de même, je comprends, merci pour ce retour!
Djina
Posté le 10/04/2021
Magnifique je suis tant émue, retournée... je pensais que Tina était un souvenir un ancien souvenir... cette belle chute <3 Ce monde cette histoire, les traits du monde décrit, la méditation, les bagues... réussir à entrer dans un monde différent en si peu de charactère jsuqu'à nous émouvoir .... Merci

Ton écriture est très plaisante et si fluide et si facile à suivre ... J'ai bcp de progrès à faire et je comprends d'autant plus tes remarques par ailleurs. Je rêve de réussir à tenir un narrateur de première personne comme ça :)


J'ai relevé une mini coquille je crois : " sans s’en qu’elle s’en rende compte." -> pour --> sans QU’elle s’en rende compte.

On a envie de savoir pourquoi tout cela s'est passé et en même temps, l'histoire se suffit à elle même. J'aime beaucoup la thématique, cette plongée dans les abysses, sans savoir où on est , cette liste comme la liste pour un organe ou encore le champ lexical de l'eau, comme si nous étions plongeurs sous marins pour se rendre compte de tout autre chose.. Puis aussi champ lexical de l'émotion, de la méditation..... Merci :) Je lis la suite de ton monde imaginaire avec plaisir :)

J'aime aussi le fait que tu décrives de façon si exacte mais ça semble juste être suffisant pour s'envoler dedans sans mots en trop ... impressionnant :)
Raza
Posté le 16/04/2021
Merci beaucoup pour ton très gentil commentaire ! Je vais m'occuper de cette petite coquille... :)
MariKy
Posté le 11/12/2020
Coucou Raza :) Je découvre ta plume à travers cette nouvelle... Quel style ! On est immergé (sans mauvais jeu de mot ;-)) dans une ambiance pesante. J'ai pressenti assez vite une histoire de métaphore, de plongeon dans l'esprit. Les différentes références à la technique m'ont ensuite fait penser à une espèce de simulation, d'aventure virtuelle. Tu as décrit un univers futuriste en quelques touches rapides (les bagues, les caissons, les voyages) pour nous faire envisager plusieurs hypothèses. L'alternance des dialogues nostalgiques sur la rencontre avec Tina et l'avancée vers les profondeurs me laissaient penser qu'il s'agissait d'une sorte de thérapie. J'imaginais que Tina était morte et que le gouffre représentait le chagrin de Yu, la fin m'a donc surprise, mais agréablement :) Une machine pour sortir les gens du coma ? Très original !
Si j'avais une critique à faire, ce serait uniquement une sensation de manque sur le dénouement : on devine une histoire d'accident quand tu parles de navette mais on n'apprend pas vraiment ce qui est arrivé à Tina, si Yu et elles se sont quittées en mauvais terme... Cela aurait permis de donner encore plus de poids à la fin, comme une boucle qui se referme.
Raza
Posté le 12/12/2020
Hello MariKy !
Merci pour ce commentaire complet sur ton ressenti ! Je réfléchis à comment gérer cette impression d'incomplétude. D'un côté, je n'ai pas envie de donner des indications trop claires, mais d'un autre côté, je veux que le lectorat "sente" les réponses aux questions précises que tu pointes du doigt ici... Il faudrait que je refasse une passe uniquement sur cet aspect scénario.
Isapass
Posté le 05/12/2020
Salut Raza !
Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre avec ce thème d'Abysses (même si c'est déjà relativement évocateur en soi), surtout compte tenu de la longueur de la nouvelle. Et puis je ne t'ai jamais lu avant, mais j'ai vu des recommandations enthousiastes sur le forum, alors j'étais assez impatiente de découvrir.
Eh bien je comprends tout à fait les recommandations ! Quelle plume ! Quelle atmosphère ! Je trouve que c'est une performance d'avoir su créer une ambiance aussi immersive avec un rythme aussi lent. En fait, c'est peut-être ce rythme, justement, qui fait qu'on RESSENT la pression, l'isolement de Yu, la descente dans les ténèbres avec la voix du technicien comme cordon ombilical vers le monde connu. C'est bien simple, j'étais DANS le scaphandre ! Fascinant...
J'ai jeté un oeil au commentaire de Liné, mais je dois dire que le flou de la fin ne m'a pas gênée. En fait, bizarrement, le récit de la rencontre avec Tina et le fait que Yu réussisse à la retrouver, ce n'est pas ce qui m'a le plus émue. Moi j'ai plutôt était fascinée par la progression de Yu, ses sensations, son équipement, l'effet sur elle des échanges avec Petter, le mélange de peur de d'excitation hypnotique qui la pousse à continuer. Du coup, ça ne me gêne pas de ne pas avoir d'explications sur tout.
J'ai quand même une interprétation : pour moi, c'est une exploration virtuelle et psychique. Je pense qu'en fait, Yu est allongée dans un caisson et c'est seulement son esprit qui est en exploration. Ce qui n'est pas moins dangereux car elle peut ne pas revenir. Un peu à la manière des Thanatonautes de Werber.
En tout cas, j'ai passé un moment isolé du monde en te lisant (et ce malgré deux enfants bavards à proximité !) et c'est une expérience rare, à ce point en tout cas, qui mérite d'être saluée ! Bravo !
Raza
Posté le 05/12/2020
Eh bien, tout d'abord : merci beaucoup ! :)
Les nouvelles que j'écris sont pour moi des exercices géants. Pour cette nouvelle, j'ai vraiment voulu travailler, comme tu l'as ressenti, l'effet d'étirement, cette "pression", la lenteur due au scaphandre, et je suis très heureux de voir que ça fonctionne :)
Pour ton interprétation, elle correspond à l'idée que je m'en faisais quand j'ai écrit, après, j'aime aussi laisser du flou pour permettre aux gens d'imaginer ce qu'ils veulent, ça ne me gêne pas quand les gens imaginent autre chose.
Liné
Posté le 17/11/2020
Hello Raza !

Après t'avoir rencontré(e) sur ton journal de bord, c'est avec beaucoup de plaisir que je détrouve ta plume.

Tu oses le pari risqué de prendre le temps, de nous montrer quasi seconde par seconde la traversée de ces abysses, souvent intrigantes, parfois effrayantes. Le coche aurait pu être loupé, l'ennui arriver, mais non : on reste jusqu'au bout.

En revanche, tout comme Ery, je ne suis pas sûre d'avoir saisi la chute à 100%. Tout au long du récit, on se doute que le but de ce voyage est de retrouver Tania ou, à minima, d'obtenir des indices concernant une probable disparition. Je me suis même demandé si les deux n'étaient pas en fait des machines, humanisées au possible par leurs créateurs humains ! Ce qui expliquerait leurs voyages sur la lune, par exemple... Bref - ma seule petite remarque que j'espère constructive : peut-être chercher à clarifier la situation ?

A bientôt !
Raza
Posté le 17/11/2020
Hello ! :)

Merci pour ce gentil commentaire ! Je voulais travailler ce temps qui s'étire, voir ce que je pouvais en faire, c'est très agréable de voir que ça marche :). Je comprends, pour la chute. Je voulais laisser une fin un peu ouverte, même si j'ai mon interprétation bien sûr. Est-ce que c'est un point qui t'a laissé un arrière goût de pas fini désagréable ? (juste pour préciser ton sentiment :) )
Sinon, comme tu as écrit ce commentaire il n'y a pas longtemps, je compte faire un update de la nouvelle suivante ce soir (ou demain, mais j'espère ce soir), donc n'hésite pas à attendre. avant de la lire...

Au plaisir de se lire ;)
Liné
Posté le 18/11/2020
C'est noté, je reporte ma lecture de la nouvelle suivante à dans quelques jours ! ;-)

Abîmée ne m'a pas laissé un arrière-goût de pas fini, car j'ai eu l'impression que dans ta tête, tout était clair. Autrement, la narration ne serait pas plusieurs revenue sur la rencontre et la relation avec Tina, par exemple. Et puis on se doute que, si c'est Yu et non Petter qui se balade dans les abysses, c'est qu'il y a une raison. J'ai plutôt senti que tu "me laissais en plan" sur la fin, en ne me donnant pas toutes les clefs de compréhension. Après, je suis une lectrice assez impatiente (... ce qui montre qu'une fois encore, tu as très bien réussi à étirer le temps et à en faire quelque chose d'intrigant !) et de "gourmande", dans le sens où je préfère avoir beaucoup d'indices voire de certitudes qu'aucune - peut-être que d'autres lectrices ont eu ou auront une approche différente de la mienne.
Raza
Posté le 21/11/2020
Ok, merci pour ces précisions, c'est toujours très utile d'avoir les ressentis de chacun et chacune :). J'ai mis à jour, pour la nouvelle suivante (au cas où tu ne l'aurais pas déjà lu).
EryBlack
Posté le 07/11/2020
Salut ! Après la lecture de ton autre nouvelle, j'étais curieuse de découvrir celle-ci. C'est un style d'histoire différent, plus lent et immersif. C'est cool que tu sois capable de passer de ça au style de la deuxième (beaucoup plus d'action, tout ça) ; vu que tu disais être en train de travailler sur un roman (je crois ?) c'est bon signe !
J'ai été vraiment bien prise par cette descente et honnêtement, je n'ai pas vu la fin venir. Je suis d'ailleurs toujours un peu confuse. Est-ce que Yu a été "branchée" à l'esprit de Tina ? J'ai du mal à imaginer une technologie capable de faire ça, mais c'est une idée chouette. Du coup quand il était question de la "navette" que Tina a prise... A-t-elle eu un accident, ou a-t-elle tenté de mettre fin à ses jours ? Ou autre ?
Cette incertitude n'enlève pas le plaisir que j'ai eu à te lire. Je sentais bien qu'il y aurait une chute, quelque chose en rapport avec Tina puisque c'est son histoire avec Yu qui est mise en avant, mais je n'ai pas compris avant la fin (je ne suis pas une lectrice très perspicace il faut dire, j'aime bien me laisser porter, quand je devine j'ai le sentiment d'avoir été spoilée).
Rien à redire au niveau de la forme, sauf un tiret qui ne devrait pas être là : "J'ai compris ce que vous vouliez-dire". Je trouve que tu as un style vraiment agréable à lire. J'ai le sentiment que sur une histoire plus longue, ça pourrait donner quelque chose de vraiment riche et émouvant (enfin c'est déjà le cas ici ! Mais je suis très roman, moins nouvelle. J'aime m'attacher à des persos et des enjeux sur le long terme).

Voilà, donc un commentaire qui est surtout un bol de compliments :D Bravo pour tout ça ! J'espère que ça ne te décourage pas que tes nouvelles n'aient pas été retenues aux AT, je les trouve vraiment cools, il faut que tu continue. À bientôt !
Raza
Posté le 08/11/2020
Merci pour ce commentaire tout doux ! Les nouvelles que j'ai écrites cette année sont des expériences, pour tester différentes techniques d'écriture, tout en développant mon univers. :) Je participe aux AT parce que ça me donne une deadline en plus ! Pour l'explication, je laisse le lectorat décider, c'est ouvert.
Pour le roman, je suis effectivement dessus, j'espère arriver au bout un jour ! :)
Merci pour le tiret, je vais corriger ça de suite.
Encore merci pour tous ces compliments, et pour le message dans les lectures PA !
Alice_Lath
Posté le 29/10/2020
Oooh, la claque de cette nouvelle, elle est juste superbe haha, je me suis retrouvée en apnée à descendre avec Yu, le coeur battant, et angoissant à chaque nouveau risque qu'elle ne puisse pas parvenir à son but. Puis une fin heureuse, merci haha, j'adore ça et je suis contente de voir que cette nouvelle se finit bien
Honnêtement, je n'ai rien à suggérer haha, c'est embêtant, mais pour moi j'étais juste embarquée dans ton univers et j'ai dévoré l'histoire. Donc je ne sais pas si cela te sera très utile comme retour, mais en tout cas, bravo à toi ! J'ai aussi beaucoup apprécié comment tu distilles les détails d'un univers bien plus vaste en arrière-plan qui suggère tellement de potentialités...
Enfin bref haha, juste bravo à toi!
Raza
Posté le 29/10/2020
Tu vas me faire rougir ! Je ne peux répondre qu'une seule chose : merci, et j'espère que tu aimeras aussi la suite !
Gnucki
Posté le 16/10/2020
Salut Raza !

Je ne sais pas comment je suis tombé sur ton texte, mais le titre "Spicilège rêvé" m'a donné envie d'entrer.
Je n'ai pas lu les autres commentaires.
Souviens-toi que ce n'est que mon avis et qu'il te faudrait probablement le corroborer à d'autres pour en tirer quelque chose.

Avant de commencer, une petite remarque sur la forme.
Je suis tout nouveau, donc probablement mal placé pour donner ce genre de conseils, mais j'aurais tendance à penser que mettre une image personnalisée attirerait plus de monde sur ton texte. Des images libres de droit sont facilement trouvables.
J'ai vraiment dû me faire violence pour lire ton texte que tu as choisi (par inadvertance ?) de mettre en gras tout du long... Je te conseille vivement de changer ça si tu ne veux pas rebuter certain-e-s lecteurices.


D'abord, quelques remarques dans le texte. Ça commence vers le milieu. Sur le début, je me suis laissé imprégner pour me mettre dans l'ambiance.

"dans les pattes"
Un peu familier.

"Ça va prendre un peu de temps, peut-être vous pouvez continuer à me raconter votre histoire avec Tina ?"
Soit "peut-être pouvez-vous" (plus agréable), soit "peut-être que vous pouvez" (moins soutenu).

"— J’ai trouvé le temps moyen...

— Ne me dites pas. Je vais le faire, quoi que vous me disiez."
Tu as choisi de ne pas mettre d'incises. Ça participe à l'ambiance de ton texte, mais, dans ce genre de cas, vu que tu joues sur des éléments qui nous sont inconnus, on a du mal à situer qui est qui.

"basa sur"
Certains considèrent "basé sur" comme familier voire impropre, car traduction littérale de l'anglais. En général, j'utilise "fondé sur" à la place.

"haptique"
Tu m'as appris un mot ! :)

"Alors seuls ses mouvements agitaient l’eau autour d’elle"
Il manque un mot, je crois.

"sorti des plus impressionnants mythes que Yu aurait pu connaître"
Pas clair. Le conditionnel donne l'impression qu'elle ne connaît pas et donc fait perdre le statut aligné sur Yu.

"Large comme un immeuble, la bête énorme à la tête difforme, aux multiples yeux et à la bouche entrouverte avait le corps recouvert de feuillages verts et jaunes."
Vu ce que tu as écrit avant, je suis sûr que tu peux faire mieux sur cette description ! Vu l'éclairage dont elle dispose et l'ampleur de la créature, elle doit la découvrir très progressivement.

"Progressivement, son impatience monta. Combien de temps s’était écoulé depuis le début de la descente ? Elle ne pourrait pas rester ici indéfiniment. Petter lui dirait de remonter. Elle aurait le droit de réessayer, bien sûr. Toute la journée. Cependant, la liste d’attente était longue pour avoir le droit d’utiliser le scaphandre. Si elle n’avait pas terminé aujourd’hui, il serait attribué à quelqu’un d’autre et elle repartait pour le bas de la liste."
Elle peut réessayer toute la journée ou pas ? Si la liste est trop longue...

"puis sa mâchoire s’ouvrit dans mouvement vif"
Coquille.

"Yu était en panique totale, mais cette panique avait amené son corps dans une telle paralysie que l’équipement l’avait sauvée sans difficulté."
C'est un bon exemple de description de sentiment ressenti en "tell" cumulé à un imparfait qui étire au lieu d'un passé simple qui resserre.
Tu as la même information dans "Yu était en panique." que dans "Yu éructa un cri qui rebondit sur les parois de son scaphandre pour venir lui déchirer les tympans." (OK, j'en ai fait un peu beaucoup et ça ne fonctionne probablement pas avec ton histoire, mais c'est juste un exemple un peu vite écrit).
Dans un cas, on se sent à distance du ressenti qui paraît très analytique. Dans l'autre on comprend ce qu'elle ressent par l'effet physique que ça a sur elle. On vit la sensation avec elle.
Dis-moi si je ne suis pas clair. Quelque chose me dit que tu connais déjà cette idée.

"Tina… Est-ce que je me suis trompée ?"
L'invocation fonctionne, mais il ne faut pas en jouer trop souvent, si tu veux mon avis. Décrire ce qu'est(était) Tina et sa façon qu'elle aurait de réagir dans ce cas pourrait-être une bonne option pour varier.

"Alors que la créature fonçait, une patte jaillit du néant et l’écrasa, dans un éclair époustouflant."
Fonçait sur elle ?

"Elle avait été tellement éloignée de la paroi qu’elle ne la voyait plus."
Il faudrait qu'elle puisse se retourner pour voir la paroi, non ?

"seule étoile sur une toile d’ébène."
Belle image, mais qui donne l'impression qu'elle s'observe de l'extérieur.


Franchement, un beau texte dans l'ambiance, l'intensité et le dénouement.
On comprend assez rapidement que l'on n'est pas dans un scaphandre classique. On devine petit à petit qu'on est à la recherche de Tina, puis dans sa tête. J'ai compris un peu avant que tu l'affiches clairement dans le dénouement, mais ce n'est pas du tout un problème. La surprise n'est pas nécessaire. Dans mon cas, la progression a fonctionné.
Les allégories sont belles et adaptées (même si je ne les ai pas toutes comprises, je pense). Juste, avec le recul, je me suis demandé pourquoi il y avait de la vie au début de son exploration. Si Tina est dans le coma, la surface ne devrait-elle pas être morte ?

Au niveau des enjeux et du conflit, ton texte fait une erreur classique de ne pas en donner et de ne jouer que sur le mystère. Malgré tout, je dois avouer que, pour ton texte (et pour moi), ça marche. On est plongé dans la découverte d'un abysse avec ton personnage. On ne sait pas ce qu'on va y trouver, mais on suit Yu dans son aventure.
Les quelques longueurs se fondent avec le sujet. Une exploration de ce type ne peut pas être un enchaînement d'actions.
Bien joué ;)

Le principal axe d'amélioration, selon moi, serait d'accentuer les effets stylistiques aux moments intenses. Le "show don't tell" des émotions permettrait de diminuer l'aspect un peu robotique de Yu à certains moments.
Le monde extérieur que tu dépeins en filigrane est intéressant. On a un goût de pas assez et donc de trop (commentaire très clair :D).

J'imagine que la nouvelle a été écrite pour l'AT Abysse. Si elle n'a pas été sélectionnée, c'est probablement pour cette histoire d'enjeux.
Juste une dernière suggestion pour casser cet effet tout en gardant ta structure: tu aurais pu jouer sur un côté destructif de cette intrusion. Si Yu ne réussit pas, il ne restera qu'un champ de ruine derrière elle. Le peu de vie qui subsiste disparaîtra pour toujours de cet abysse.


J'espère que ce commentaire pourra te servir.
Merci pour le moment de lecture. :)
Raza
Posté le 16/10/2020
Bonjour !

Merci beaucoup pour ce commentaire long et détaillé :)
Arg, je ne sais pas ce qui s'est passé pour mon texte en gras, voilà qui est réparé.
Pour l'image... mea culpa, c'est sur ma todo list. Je dois avouer que j'attends (ou je procrastine, je ne sais pas) d'avoir un peu plus que 2 textes. Et quand je suis devant mon ordi, j'ai le choix entre écrire ou chercher une image et... Bref, je vais essayer de me faire violence, sois-en certain. :)

Je ne réponds pas sur la partie "détaillée", dont je prends note. J'ai corrigé les remarques "faciles" et j'ai laissé de côté les plus dures pour l'instant, et mis un patch sur les "moyennes". ^^"

Pour la surprise, je ne souhaitais pas que le lecteur/ice en ait. La fin est là pour confirmer son intuition.

Juste, avec le recul, je me suis demandé pourquoi il y avait de la vie au début de son exploration. Si Tina est dans le coma, la surface ne devrait-elle pas être morte ?
Sur ce point particulier, la vie en haut correspond aux signes qu'on a quand même lors d'un coma (le corps n'est pas "mort" biologiquement, il processe encore quelques trucs automatiquement).

Pour la présence d'enjeux, il est vrai que j'ai choisi de faire un texte volontairement flottant. L'idée est de proposer une lecture qui porte, et dérive. Tu as effectivement bien deviné pour l'AT, c'était bien pour abysses. Si comme tu le penses le rejet est dû à ce manque d'enjeu, alors c'est que mon texte ne correspondait pas aux attendus. Je ne voulais pas d'une descente en mode "réussir ou mourir" (même si j'entends ta proposition :) ).

Pour le monde extérieur, je comprends le sentiment de pas assez et donc de trop, c'est certainement dû au fait que j'écris des nouvelles pour m'aider à développer l'univers de ma série de roman. Je pense que ça me dessert sur le court terme, mais peut-être qu'un jour tout ça fera un peu plus sens.

Enfin, le style... Disons que j'y travaille ? :)
Merci encore, ton commentaire m'est très utile (techniquement & moralement!).
Lohiel
Posté le 16/09/2020
Bonjour Raza

J'ai trouvé cette nouvelle assez puissante (frappante, comme je dis dans ton JdB).
Techniquement, elle n'est vraiment pas mal du tout, on sent immédiatement que quelque chose cloche dans cette longue descente. Et on continue, pour savoir quoi.

L'effet d'oppression est vraiment bien rendu, c'est prenant. Il y a sans doute de minuscules corrections à apporter(*), mais dans l'ensemble tu maîtrises quand même très bien (je veux dire, tu parles d'une progression nécessaire... j'ai beau être du genre difficile, elle me semble juste de l'ordre du dernier verrouillage ;)

(*) Exemple : "chacune de ces caractéristiques étaient pétrifiantes" -> accord avec "chacune" et non avec "caractéristiques" : "chacune de ces caractéristiques était pétrifiante"
Raza
Posté le 17/09/2020
Bonjour,

Merci pour ce commentaire très positif :)
Ce texte a été retoqué sur un AT, j'imagine donc qu'il doit bien avoir quelques défauts... J'essaie de m'améliorer, et je suis ici pour savoir ce que je ne peux (pour l'instant) pas voir. Merci pour le soucis d'accord. As-tu vu d'autres problèmes ? Qu'as-tu pensé de la fin ?

Lohiel
Posté le 17/09/2020
Je ne pourrais te dire pourquoi il a été retoqué. Tout dépend de l'AT. Peut-être trop de candidats - ou trop oppressant / noir pour le projet que menait la ME ?

Ou simplement, parce que oui, c'est vrai... une correctrice ou un correcteur pro pourrait décortiquer tout ça et te signaler les petits points qui restent à améliorer - ou à corriger. Et qu'ils voulaient des textes déjà verrouillés, n'ayant pas prévu de repassage éditorial ? On ne peut pas savoir.

(sur une nouvelle, on peut aussi parfois trouver facilement dans son entourage un crack en français / orthographe / grammaire / syntaxe qui voudra bien faire pour toi ce boulot très minutieux... et si tu as de la chance une personne possédant les bonnes compétences passera par ici, mais c'est selon la disponibilité des gens, ça, et n'est donc jamais garanti ^^)

La fin, je la voyais venir, je croyais de moins en moins à la réalité de cette descente abyssale. On ne peut pas dire qu'il y ait une grosse surprise... néanmoins, c'est une jolie conclusion.
Raza
Posté le 21/09/2020
Ok, je note donc que de ton point de vue c'est surtout grammaire / orthographe / style qui aurait mérité un peu plus d'attention. :)

Pour la fin, j'espère que tu l'as vu venir, sans non plus que ça fasse trop cliché. :) Si tu as apprécié, c'est l'essentiel !
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