8. L'équilibre

 

Il s’appelle Léo, elle s’appelle Léa. La faute à la coïncidence. Bien qu’aucun lien de parenté ne les lie, Léo et Léa sont toujours ensemble. Depuis aussi loin qu’il se souvienne, elle a toujours été là.

 

À l’école maternelle, ils rencontrèrent d’autres enfants, ils apprirent à jouer, à partager un camion, les chevaliers et les histoires inventées. Les meilleurs moments, c’étaient ceux où Léo et Léa dessinaient ensemble sur un même chevalet. La peinture volait dans tous les sens, les coups de pinceau, les traces de doigts, les taches sur les vêtements…

 

Ils entrèrent au CP, ils avaient de la chance ils étaient encore dans la même classe. C’est là que les problèmes ont commencé. Il y avait cette fille que ni Léo ni Léa n’appréciaient vraiment mais elle faisait la loi. Elle imposait à qui parler et qui isoler. Léo et Léa n’étaient jamais désignés mais ils décidèrent d’eux-mêmes de sortir de la boucle. Après tout, personne n’avait à leur dire avec qui être ami ou non.

 

Au collège, cela devient plus compliqué entre Léo et Léa. Elle était trop fragile, à fleur de peau, elle pleurait facilement. Si cela avait toujours été, c’était plus embêtant maintenant que Léo était un grand. Il ne pouvait se permettre que ses copains l’associent à une pleureuse alors il mit de la distance. La peinture devient moins présente.

 

Première scientifique, Léo et Léa étaient encore ensemble. Elle visait une école d’art, elle voudrait faire du dessin animé, lui penchait plus pour une prépa’ maths. Ils se lancèrent à cent pour cent dans leurs concours, il fallait être les meilleurs pour entrer et pas question de lâcher prise. Léo avait arrêté le dessin mais Léa aussi, elle était trop absorbée dans les DM. Léa pleurait toujours beaucoup, il savait qu’elle vivait un moment difficile mais il essayait de l’ignorer, pleurer il n’en avait pas le temps.

 

À la surprise de tous, Léo et Léa entrèrent en école d’architecture. Finalement, c’était un bon compromis. Lui le côté rationnel et pragmatique, elle la créativité et l’imaginaire. C’était difficile. Pour tout les deux. On lui disait qu’elle ne savait pas dessiner, lui qu’il était maladroit dans sa conception. Ils manquaient de s’effondrer mais c’est leur force de combativité qui les poussa plus loin.

 

Et finalement.

Léo comprit.

Léa, c’était lui.

 

Léo n’était autre que Léa. Léa n’était autre que Léo. Deux parts d’une même personne, l’hypersensibilité liée au pragmatisme. Une décoction étonnante mais une fois découverte qui fait des merveilles.

 

Main dans la main, leurs projets fleurirent de leur âme commune.

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Zig
Posté le 29/06/2020
"Depuis aussi loin qu’il se souvienne, elle a toujours été là." : le jeu sonore de ce premier paragraphe est très, très réussi... il m'a beaucoup plu !

L'histoire aussi d'ailleurs, c'est très bien écrit, et j'ai été cueillie par la fin. Je pensais vraiment qu'il s'agissait de deux petits personnages, tu m'as bien eue ! (et j'aime bien être piégée :p)

J'ai été un peu déstabilisée par la gestion des temps, parfois présent, parfois passé, parfois séparés, parfois mêlés... il y a peut-être quelques verbes égarés qui font bizarre.

Cela dit, ça ne m'a pas empêché de beaucoup apprécier et me régaler à la lecture !
Flowrale
Posté le 12/04/2021
Merci beaucoup Zig ! Je suis contente que ce premier paragraphe te plaise, je l'aime bien aussi. Peut-être qu'on perd un peu ce rythme dans la suite (à voir).

Merci beaucoup ! Contente d'avoir réussi à te piéger =D À voir maintenant comme tu l'interprètes.

Oui effectivement la gestion des temps est bancale... Il faut que je reprenne pour uniformiser ! Dans le "flow" j'ai tendance à tout mélanger.

Merci beaucoup pour ton retour <3
Yvaine
Posté le 28/06/2020
Ce double-sens est sublime. On peut imaginer que Léo et Léa sont deux facettes d'une personne, ou qu'ils sont deux personnes qui se complètent ; le terre-à-terre ou la métaphore. C'est très joli ♥️
Flowrale
Posté le 12/04/2021
Merci beaucoup Yvaine pour ton retour, je suis contente que tu aies aimé le double-sens. Je pense qu'en fonction de son propre vécu on peut lire deux (ou plus?) interprétations.
Merci beaucoup <3
Myfanwi
Posté le 28/06/2020
C'est meugnon.
J'ai beaucoup aimé ce petit texte, il est très sympa et laisse à réfléchir. Certaines parties sont un peu moins développées que d'autres, comme la partie au lycée, qui aurait mérité encore un peu plus de développement.
Néanmoins, la chute est très chouette et donne du sens à la carte :D C'est une petite vignette très chouette !
Flowrale
Posté le 12/04/2021
Merci pour ton retour !
Tu as raison pour la partie au lycée, je crois que je maintiens encore une certaine distance sur cette partie et en même temps, je veux que la nouvelle se lise vite sans rentrer trop dans les détails. À voir quand je le reprendrais si je développe ou non :o
Isapass
Posté le 27/06/2020
Je n'avais rien vu venir ! C'est joli et très bien fait, et je pense que c'est un peu universel : nous avons tous deux types de personnalité, voire plus :) En tous cas c'est vrai pour moi !
J'ai été un peu surprise par quelques concordances des temps, mais rien qui arrête dans la lecture.
Merci pour ce joli texte !
Flowrale
Posté le 12/04/2021
Coucou Isa !
Contente d'avoir réussi à te surprendre. Je ne sais pas si c'est universel, peut-être qu'on a tous au moins une petite part de chacun. Qui s'efface ou non avec le temps =)
Il faudrait que je reprenne ce texte pour l'uniformiser, encore une mauvaise habitude dans la gestion de mes temps ! Après six mois, ce texte me plait encore, il faut que je le reprenne =)

Merci pour ton retour <3
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