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Par Jamreo

Leroy était crevée. Elle avait eu une folle envie de vomir après sa cinquième cigarette, l’estomac plein de sucre et de gras, et ses collègues l’avaient obligée à rester allongée sur le sofa de la salle de détente, la menaçant d’appeler l’hôpital si elle bougeait d’un pouce. Stéphane avait monté la garde. Saleté !

La moitié du DSM encore calqué sur la joue, elle trottinait maintenant le long du sentier qui menait à la clinique, la gorge irritée, l’estomac en léger vrac et déjà ruisselante de sueur. Jetant un regard au ciel dégagé du matin, elle se maudit d’avoir laissé filer tant de temps. Elle aurait voulu cueillir le directeur Brisebane aux premières heures pour ne pas avoir les gosses dans les pattes ; les patients, certains en tout cas, se montraient doucement hostiles à sa présence, et elle n’aurait pas craché sur un peu de tranquillité pour inspecter la chambre d’Élias.

Quoique, finalement, elle avait peut-être réussi à se faufiler à un moment de l’emploi du temps thérapeutique où les enfants étaient occupés ailleurs : il n’y avait personne dans le parc. Personne derrière les vitres de la salle de télé, pour écraser son nez morveux et ouvrir grand les yeux. Leroy souffla de soulagement et poussa la porte.

Le bruit de ses déplacements accru mille fois dans le silence, elle prit la direction du bureau directorial et toqua. Pas de réponse. Elle réitéra ses coups, avec dans l’esprit un mauvais pressentiment. Brisebane ne répondit pas. Déçue, en colère même, Leroy s’éclaircit la voix et appela son nom.

Tout à coup, plusieurs portes derrière elle s’ouvrirent presque à l’unisson, libérant des flots d’ados dans la galerie du rez-de-chaussée qui menait vers le parc. Heurtée par le bruissement de leurs cris et conversations, elle les vit passer devant elle, accusa le coup de plusieurs regards noirs, en repéra certains qui étaient fiévreux, malades, troubles. Elle s’écarta de la porte et se plaqua au mur, espérant se faire la plus petite possible.

La foule s’écoula dehors et dans les étages supérieurs ; le calme retomba et pourtant, Leroy avait la sensation de ne pas être seule.

— Inspectrice Leroy, c’est bien ça ?

Une silhouette masculine surgit à ses côtés et le contact d’une main suante s’imprima sur son dos. Leroy sursauta.

— Vous tombez mal si vous voulez voir monsieur le directeur, susurra l’homme, trop près pour qu’elle le voie avec précision. Il a dû s’absenter pour quelques heures.

Elle se dégagea et fit un pas en arrière. Des lunettes en écaille de tortue et un sourire gouailleur nageaient devant elle.

— Docteur Tilloloyeul, se présenta-t-il.

Tillo-quoi ? Leroy prit la paume qu’il lui tendait, circonspecte.

Ah oui ! Le nom bizarre lui revenait ; elle l’avait croisé plusieurs fois dans les notes que Jules avait eu le temps de prendre. Pour l’instant, son esprit refusait de coopérer plus. Avait-elle bu… ?

Non, elle se souvenait seulement de cet enregistrement sur la lycanthropie, et puis du chocolat, des cigarettes et du vomi. Pourtant…

Elle secoua la tête. En un rien de temps, ses réflexes professionnels prirent le dessus.

— Docteur, puisque le directeur n’est pas là, pourrais-je vous poser quelques questions ? C’est pour mon enquête sur la mort du jeune…

— Mais bien sûr, l’interrompit-il d’une voix onctueuse. Je n’attendais que ça. Suivez-moi, nous allons nous installer dans mon bureau. Je n’ai plus de rendez-vous jusqu’à onze heures.

 


 

Donnie n’était pas parti. Il avait attendu que sa sœur se libère de ses démons, doux comme un agneau, sans recours à ces mots creux dont les infirmiers abusaient dans les moments de crise. Et rien que ça, le silence, sa présence physique plus qu’intellectuelle, l’avait aidée à rejoindre un état mental acceptable, sans déluge ni bourrasque, à l’abri du pire. Ils étaient restés un temps indéterminé allongés par terre, au beau milieu de la salle de bains, goûtant la fraîcheur relative propre aux pièces d’eau.

Honteuse de ses blessures, Annabel remit sa chemise et alla à sa table de chevet. En-dessous, une liasse de feuilles. Donnie avait suivi et s’était glissé sur le lit de Mégane avec un air de garnement irrésistible.

D’un moment à l’autre, le quartier libre prendrait fin. Il fallait profiter pleinement de ces instants de paix.

Donnie avait sorti de sa poche une balle rebondissante. D’une main experte, il la faisait rebondir d’abord sur le sol puis sur le mur et la rattrapait au creux de sa paume. À demi redressé sur le lit, il prétendait rouler des épaules comme les grands sportifs sur leur terrain et ébouriffait régulièrement ses cheveux fauve pour leur donner un air classieux. Il chantonnait un air qu’Annabel reconnaissait comme venant d’un dessin animé qu’il avaient beaucoup regardé, à deux. Sous ses mèches blondissantes, elle l’observait et un sourire venait étirer ses lèvres à la constatation mille fois répétée qu’il était beau.

Tout de suite après cette joie venaient la honte et l’envie, encore, bestioles jumelles qui s’entrelaçaient dans son ventre. Elle détournait les yeux et les posait sur les papiers étalés devant elle, couverts de son écriture brouillonne au crayon. Dans sa tête, une mélodie demeurait suspendue, éthérée, oscillant entre l’existence et le néant. Il ne manquait pas grand-chose pour la faire naître enfin. Annabel ferma les paupières et se concentra pour faire défiler la musique fantôme dans son esprit. Les murmurant du bout des lèvres, elle y calqua ses bribes de paroles. Au bout d’un moment, à force de patience et de répétitions silencieuses, des taches et des formes fleurissaient du rien, s’entremêlaient pour en créer de nouvelles, liées par une texture de fond, un éclat indéfinissable au plus profond d’elles.

— T’es moche quand tu fais ça, Anna.

Elle ouvrit les yeux. Donnie la fixait très sérieusement. Bousculée, Anna ne trouva rien à dire. Le chaud lui monta aux joues et elle sut qu’elle venait de virer au rouge tomate. Comme s’il avait attendu ce signal pour changer d’attitude, il lui offrit un sourire penaud.

— Tu pensais à quoi ?

— À ma chanson, marmonna-t-elle.

— Elle parle de quoi celle-là ?

Annabel hésita à lui répondre. En fait, elle cherchait un prétexte pour garder le silence, mais aucun de raisonnablement potable ne lui vint. Glissant de son lit sous les yeux brûlants de son frère, elle s’aplatit par terre, localisa les livres éparpillés sous le sommier et jeta son dévolu sur un volume fin à la couverture bleue.

— Tiens, fit-elle en lui lançant l’objet.

Elle baissa le regard, bouillante d’anticipation. Son crayon lui rentrait dans le poignet mais elle ne cessait pas de le serrer, intensément, avec une fureur maquillée. Le bruit des pages qu’il tournait avec une lenteur calculée prenait des airs de compte à rebours avant l’échec, l’explosion, la fin du monde comprimé dans la chambre aux stores rabattus, la fenêtre et la prote à peine ouvertes sur des espaces différents, lumineux, hors de portée de cette tension insupportable. Annabel pressa une main sur sa poitrine, haletante.

— La guerre de sécession, dit Donnie.

La jeune fille hocha la tête.

— T’en as pas marre d’écrire des chansons sur la guerre ? ajouta-t-il en lançant sans cérémonie le livre sur le lit.

La panique noua d’un coup ses bras noueux autour des côtes d’Annabel et elle eut du mal à respirer. Secouée par une douleur profonde, elle se courba en deux.

— Je t’ai demandé quelque chose, insistait Donnie.

— J’aime bien, soupira-t-elle en osant le regarder. Je trouve ça intéressant, la guerre.

Voilà, elle avait osé. Donnie haussa un sourcil qui disparut presque sous la ligne dentelée de ses cheveux. Finalement, il eut un petit rire ironique.

— T’es bizarre conclut-il.

Et là, après la panique et la vague de chaleur, venait la traditionnelle colère qui dévorait jusqu’aux pointes de ses doigts et de ses orteils, qui hurlait pour sortir, le genre qu’on muselait à force de patience et de tumultes invisibles. Non, aurait-elle voulu gueuler dans l’air saturé de chaleur et de promiscuité avec cet animal dégoûtant dont son frère jouait si bien le rôle, quand ils s’ennuyait. Elle avait toujours été fascinée par la guerre et la facette noire qu’elle montrait de l’humanité toute entière, tourmentée par la violence et la mort et, plus encore, par le désir de les infliger. Elle ressentait parfois tant de peine et d’horreur pour les victimes de ce phénomène fascinant et terrible, elle rêvait d’eux, spectres sans nom qui n’avaient jamais eu droit à une tombe, et parfois elle devenait eux, partait sous la mitraille ou dans les forêts de baïonnettes pour ne jamais revenir.

Mais Donnie, quand il décidait d’être con, réduisait tout ça à néant par son simple mépris. Elle n’allait pas entrer dans son jeu et essayer de lui expliquer son point de vue. Son frère, qui était aussi son ami le plus proche, ne la comprenait pas.

Il n’avait rien vu. Mains derrière la tête, il s’était étiré de tout son long sur le lit de sa sœur et semblait faire une sieste express. Annabel se calma, délogea le crayon de l’endroit où il s’était niché dans sa chair et reprit le carnet. Cette ligne, là, ça n’allait pas. Elle voulait rendre le rythme des sabots d’un cheval de guerre, un cheval de général, au moins. Mais ce mot, avec ses trois syllabes, cassait l’impression. Elle le raya furieusement.C’était important, c’était le moment où le général Lee avait enfin capitulé à Appomatox, il ne fallait pas louper ce passage. Annabel ferma les yeux et convoqua, du noir de son esprit, le bruit de la défaite, l’éclat de la victoire et l’odeur poisseuse du sang. Un sol de boue foulée scintillait sous le soleil étrangement sombre, qui jetait des ombres plutôt que de la lumière, et se répétait à l’infini dans les flaques. Des chevaux hennissaient avec douleur et des hommes chuchotaient. Des boutons brillaient furtivement, des uniformes bleus et beiges se confondaient, car maintenant que la guerre était finie, la haine était suspendue, ne serait-ce que pour quelques heures.

— Oh, Anna !

Elle ouvrit les yeux. Son frère lui secouait l’épaule, son visage trop près du sien.

— C’est fou, on dirait que t’es plus là ! lâcha-t-il avec ironie.

Annabel se dégagea avec humeur et se leva du lit. Elle sortit sa guitare de sa housse et s’accroupit près de la fenêtre, faisant jouer ses doigts cornés sur les cordes, dans une suite de notes et d’accords qui se précisaient de minute en minute dans ses pensées.

Une silhouette apparut dans l’encadrement, et Annabel arrêta de jouer. Mégane, une fille grande et maigre aux yeux larges, revenait probablement de la salle de télé. Elle vit Donnie et ses sourcils se froncèrent.

— Qu’est-ce qu’il fout sur mon lit, celui-là ?

Donnie glissa du matelas, l’expression exagérément soucieuse. Il ramassa son chapeau qu’il planta de traviole sur ses cheveux, mit les mains dans les poches et regarda Mégane avec une fausse tristesse :

— Je rends visite à ma sœur, c’est tout. D’ailleurs, tu nous déranges.

La fille dégingandée ouvrit et referma la bouche plusieurs fois, comme un poisson privé d’eau. Elle perdait ses moyens devant l’assurance de son adversaire.

— Laisse-nous, insista Donnie. J’ai pas fini ma visite.

Le regard accusateur de sa colocataire tomba sur Annabel, qui se contenta de hausser les épaules. Au fond, l’attitude de Donnie la gênait ; mais pas au point de le contredire.

— Vas-y, Mégane, dit-elle dans un soupir. Il va bientôt partir, je te le jure.

L’intéressée renifla un bon coup, la tête haute, et fit volte-face dans une grâce tout offensée, bredouillant des avertissements confus. Donnie leva les yeux au plafond.

— Quelle plaie, cette fille ! Je ais pas comment tu la supportes.

— Ça va, elle est bien.

Pourquoi tu es si méchant avec elle ? aurait-elle voulu ajouter. Mais à la vue de son beau sourire, ses griefs fondirent en un éclair. Donnie paraissait soudain beaucoup plus jeune, innocent, et vulnérable. Un enfant dans un corps qui changeait trop vite. Annabel délaissa sa guitare et tendit les bras.

— Allez, viens-là, murmura-t-elle.

Et il courut se blottir contre elle, ronronnant comme un félin devant un pot de crème.


 


 

Le docteur Timo Tillo… Leroy relut l’écriteau devant elle.

Le docteur Timo Tilloloyeul était au moins aussi irritant que son nom. Le crâne prématurément déplumé, il regardait Leroy à travers sa paire de lunettes rondes qu’il ne cessait d’enlever pour en mâchouiller le bout, les yeux alors perdus dans le vide. Il baignait aussi dans une aura de condescendance impitoyable, et son large sourire dévoilait des dents plus blanches que des panneaux solaires. Dans l’ensemble, il paraissait satisfait de lui-même. Il ne se rendait probablement pas compte qu’une odeur de faisan pourri imprégnait son bureau. Leroy, après une inspection visuelle des environs et n’ayant tien trouvé que des taches de sueur sous les bras du fringant docteur, en avait conclu que c’était son odeur spécial canicule.

— En fait, vous voyez, comment dire, disait-il, ses lunettes dans la bouche, il faut voir ça comme un œuf.

— Un œuf, répéta Leroy en haussant un sourcil.

— Oui, je veux dire, prenez un œuf. Imaginez que le trouble maniaco-dépressif soit un œuf.

Maniaco-dépression = œuf, écrivit-elle.

— Dans ce cas, s’enthousiasmait tout seul le docteur, qui avait violemment pivoté sur son siège pour planter les deux coudes sur le bureau et se pencher, tout s’éclaire. Dans le cas d’un trouble maniaco-dépressif, l’œuf, à l’extérieur, est intact. La coquille n’est pas fendue. Mais à l’intérieur, comment vous faire comprendre, à l’intérieur, c’est le chaos. C’est à dire, c’est le chaos par périodes, que nous allons appeler épisodes.

Œuf chaotique par épisodes

Leroy leva les yeux. Le docteur s’était tu pour la regarder écrire dans son calepin, l’air de disséquer un sujet particulièrement intéressant. La brillance dans ses pupilles aspirait le moindre détail de ses traits, de sa position et de ses gestes. Les doigts de Leroy se crispèrent sur son stylo. Elle ouvrit la bouche pour se justifier, puis l’idée lui parut tout de suite si absurde que les mots moururent avant de rouler sur sa langue. Le docteur Tilleul fit un geste complaisant et continua ses explications comme si de rien n’était :

— Un œuf maniaco-dépressif réagit à des phénomènes intérieurs, de nature biologique. L’extérieur peut jouer, les événements de la vie, l’environnement, mais son rôle demeure anecdotique. Maintenant, visualisez l’esprit de l’œuf comme étant constitué du blanc et du jaune. Le jaune représente ce que l’on peut appeler le thermomètre de l’humeur. Vous le voyez ?

Leroy se borna à ne pas hocher la tête, un battement brûlant dans la gorge, ses ongles ne crissant pas sur le papier malgré l’envie de le froisser. L’autre, d’une main, formait, découpée dans le demi-jour du bureau, la forme approximative d’un œuf.

— Maintenant, disons que le thermomètre, le plus souvent sans raison extérieure, se dérègle de lui-même. La température chute. C’est la dépression. Visualisez le jaune qui sort de son territoire et coule vers le bas, envahissant ainsi le blanc de l’esprit. À l’inverse, lors d’épisodes maniaques ou hypomaniaques, moins sévères, le thermomètre se dérègle mais vers le haut, si je puis dire – il eut un sourire en soubresaut, parfaitement calculé – et ainsi le jaune coule lui aussi vers le haut.

Sur ce, le docteur Épagneul remit d’un geste vif et précis les lunettes sur son nez, renifla pour marquer le coup de sa mirifique démonstration, et un silence inconfortable tomba dans la pièce exiguë.

— Mais la coquille, j’insiste, est intacte, ajouta-t-il.

Après le vide, sa voix avait soudain paru tonitruante. Il avait derechef retiré ses lunettes sans même y penser et s’était remis à les mâchouiller, abîmé dans les motifs du papier peint. Il avait tourné la tête de sorte que Leroy avait une vue plongeante sur son crâne dégarni. Elle fixait la peau blanche comme mort qui passait entre les cheveux clairsemés avec une sorte de fascination. Enfin, remarquant que des pellicules ponctuaient le col et les épaules du docteur prétentieux, un fort dégoût monta en elle et elle reprit ses esprits.

— Humhum, docteur ?

Le fauteuil de ministre pivota de sorte à ce que le docteur Bégueule faisait de nouveau face à l’inspectrice, toutes dents dehors.

— Vous voulez dire que Théa…

… est un œuf ?

— … souffre de cette maladie ? demanda-t-elle.

— Cela, je ne devrais pas avoir à vous le dire, la serina-t-il d’un ton faussement enfantin. Mais puisqu’il paraît que dans une affaire de meurtre, le policier a tous les droits… oui, je vous l’affirme, Théa est maniaco-dépressive. Depuis plusieurs années, si vous voulez mon avis. Il est rare que le trouble se développe durant l’enfance, mais cela arrive, et ce sont en général des cas graves.

Leroy se souvenait bien de Théa et de leur séance de questions. C’était elle qui lui avait signalé l’éventuel ascendant que ce gamin, Donnie Lynch, pouvait avoir sur le groupe d’amis d’Élias. Maintenant, à retardement, une foultitude de détails affleurait à la mémoire de la jeune femme, et des morceaux de conversations entre infirmiers ou patients, chopés ici et là lors de ses déambulations dans la clinique, s’y associaient pour former un tableau révélateur. La colère de la jeune fille, son front plissé et boudeur ; ses manières erratiques et auto-protectrices, son incapacité à rester en place ou se concentrer ; l’arrêt de mort de son lavabo qu’elle avait signé en voulant se teindre les cheveux en rouge vif. Avec ces mèches carmines, elle crevait les yeux, comme si quelque part son égo torturé avait voulu se prouver de sa propre valeur. Doucereux parfum de désespoir et de violence.

— Est-ce que vous pensez que Théa est capable de violence ?

La question, trop directe peut-être, resta un instant suspendue entre eux. Puis le docteur eut l’air soucieux. Sincèrement. Il détourna un peu le regard, en un geste qui ne trompait pas.

— Vous savez, il y a des tas de paramètres à prendre en compte. Théa ne réagit pas bien au traitement qu’elle prend en ce moment. Mais tout son vécu est à décortiquer. Comme je vous l’ai dit, elle n’est pas dans la norme. Elle souffrait probablement de la maladie des années avant d’être prise en charge au Laurier-noble, et son entourage ne savait pas quoi faire pour l’aider. Vous imaginez le traumatisme.

Leroy tiqua. l’expression de son interlocuteur était toujours dans les tons du sérieux et de l’affliction, mais d’infimes détails crevaient maintenant son masque. Un rictus étirait les coins de sa bouche et une lueur bizarre s’était allumée das ses prunelles.

— … a suivi un programme de sismothérapie qui n’a malheureusement rien donné.

Leroy réprima une exclamation ironique. Sans s’en apercevoir, elle avait commencé de tracer des spirales et des rayons sur son carnet. Elle se ressaisit :

— Vous soignez beaucoup de vos patients par la sismothérapie ?

— Ah chère madame Leroy, s’écria le docteur Dégueule, j’aimerais vous parler des heures de ce remède dans l’espoir de vous faire changer d’avis. C’est fou ce qu’un faible courant électrique peut rétablir dans l’âme et dans le corps. Nous avons sauvé tant de vies grâce à lui ! Mais non, tous nos enfants ici n’en ont pas bénéficié. Il est des troubles pour lesquels la sismothérapie n’est pas optimale…

— Et pour Donnie et Annabel Lynch ?

Il ne répondit pas tout de suite. Leroy dut prendre sur elle pour ne pas le presser. Elle avait sous la main un élément précieux ; il se trouvait que le même homme suivait quatre de ses suspects principaux – Annabel et Donnie, Théa et Jade – et que Jules n’avait pas eu le temps de bien l’interroger sur les gamins avant d’être attaqué.

— Donnie et Annabel, répéta-t-il d’une voix songeuse. Voilà que j’en arrive à la deuxième partie de ma métaphore. Reprenons cet œuf, mais oublions la maniaco-dépression. Cette fois, comment dire.. nous avons un œuf qu’un œil averti serait tenté de ranger dans le même panier que la jeune Théa. Inspectrice, avez-vous déjà entendu parler du trouble de la personnalité limite ?

Leroy ne s’en souvenait pas, non, pas autrement que par le biais du DSM. Mais une impression d’extrême familiarité l’habitait tout à coup, comme si ce nom avait toujours été à ses côtés, dans l’ombre.

— C’est le trouble borderline ? laissa-t-elle échapper.

— C’est exact, confirma le docteur.

— Vaguement, alors, dans mes recherches…

L’autre eut un hochement de tête entendu.

— Ce que les gens ne comprennent pas – et il était clair que Leroy rentrait dans la catégorie « les gens » - c’est que le trouble limite est tout autre. Sur l’œuf, cette fois, nous voyons des fissures. D’où viennent-elles ? Eh bien, embraya-t-il avec un large mouvement des mains, elles viennent de l’extérieur, de l’environnement, des circonstances. En clair, l’œuf réagit à ce qui lui arrive, particulièrement à ce qui le blesse, et c’est dans ces moments-là que les symptômes sont visibles. Les personnalités limites sont des personnalités profondément blessées, souvent dans l’enfance. Il en résulte d’énormes difficultés à gérer leurs émotions et leur perception d’elles-mêmes. Elles font alors tout pour échapper à leur souffrance. Les crises, de fait, peuvent ressembler à des accès de dépression ou de manie, mais un œil averti ne s’y trompe pas.

Il se rencogna dans le fauteuil et croisa les bras. Leroy l’observait en coin, laissant courir le stylo sur la page de son carnet, qui se remplissait de son écriture serrée.

— Si je comprends bien, s’aventura-t-elle, Donnie et Annabel…

… sont capables de péter un câble et d’agir sans connaissance de cause. Elle ne parvint pas à formuler les idées qui grouillaient dans sa tête.

— Je vous conseille de faire attention, inspectrice, tempéra le docteur. Les enfants Lynch sont des rescapés. Il y a trois mois, nous les avons surpris après une tentative de suicide commune… à temps pour les envoyer aux urgences recevoir un lavage d’estomac…

— Un lavage d’estomac ? interrompit Leroy, les oreilles dressées. Il s’agissait d’une surdose ?

Le docteur acquiesça.

— Une sale affaire. Ils s’étaient procuré des médicaments dans la réserve.

— Et il n’y a pas eu d’enquête ? s’offusqua Leroy.

Le docteur eut la grâce de rougir.

— Écoutez, nous avons fait, comment dire, une sorte d’enquête en interne… l’hôpital faisait pression sur nous pour que nous résolvions l’affaire… et il s’est avéré qu’un de nos infirmiers avait laissé dans la serrure la clef du local de stockage. Par malveillance ou par mégarde… il jurait être de bonne foi, bien sûr, mais nous ne le saurons jamais.

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Laure
Posté le 24/10/2020
Coucou !
C'est drôle je commence à avoir presque des Shutter Island vibes avec cette histoire hihi.

Je n'ai rien à dire, comme d'hab tes personnages sont vivants et tangibles, et il y a de l'humour même dans le sérieux. J'ai beaucoup aimé la phrase "le docteur eut la grâce de rougir" hahaha !

Détails :
« de l’humanité toute entière » : tout
« des dents plus blanches que des panneaux solaires » : alors c'est peut-être une question de point de vue, mais je trouve ça noir des panneaux solaires moi
« C’est à dire, c’est le chaos » : C'est-à-dire
Laure
Posté le 24/10/2020
Ahh j'ai oublié cette phrase avec coquillette : « Je ais pas comment tu la supportes »
Jamreo
Posté le 30/10/2020
Hey !

Je vois toutaffé le parallèle avec Shutter Island en plus ! Heureuse en tout cas que tu apprécies ta lecture, et je suis aussi soulagée si tu trouves de l'humour dans les considérations plus sérieuses : j'avais pas envie non plus de trop plomber l'ambiance ou en tout cas ne laisser aucun espoir.

Merci pour les coquilles ! et pour ta lecture !
Tac
Posté le 25/04/2020
Yo Jam !
Ah, j’arrive dans la partie que je n’ai pas déjà lue ! J’adore comme tout s’entrelace et comme chacun des personnages y va de sa petite théorie. Ton histoire semble étrangement réaliste, avec les pressions entre les hôpitaux, les thérapeutes qui ont un peu des délires de toutes-puissances sur leurs patients… étrangement parce que tu ajoutes des touches d’irrationnel, ce que je trouve ultra malin, ça donne une autre dimension à ton histoire plutôt qu’une « simple affaire de fous ». Inconsciemment ça introduit l’idée de forces qui nous dépassent, hors de notre contrôle, et introduit cette ancienne idée que peut-être les gens qui ne sont pas dans la norme (en termes de la sacro sainte santé mentale) ont en fait accès à des choses invisibles pour le commun des mortel.le.s. Bien joué !
Le chapitre VI se déroulait donc après le chapitre VII puisque le VIII est dans l’immédiate continuité du VI… tu brouilles aussi la ligne temporelle ! Vilaine !
Donnie est vraiment réussi comme personnage, car il réussit à charmer même les lecteurices (en étant sympa avec sa sœur, ne serait-ce que momentanément) même si je le trouve globalement antipathique de par son côté manipulateur. Il m’agace profondément, à obtenir toujours ce qu’il veut ! d’autant plus qu’il est quand même très vache avec sa sœur, au-delà des liens qui les unissent et ce de manière particulièrement profonde puisqu’on apprend plus loin qu’ils ont tenté de mourir simultanément…
J’ai pas été ultra méga convaincue par cette métaphore de l’œuf, on ne va pas se mentir, mais je crois que c’est justement le but. Finalement je trouve presque dommage qu’il n’y ait pas plus de jeux de mots nuls autour de ça (mettre tous ses œufs dans le même panier, marcher sur des œufs…) Bref. En tout cas l’apparition du personnage Tilloloyeul est mémorable. (Brrr, la thérapie par l’électricité…)
Plein de bisous !
Jamreo
Posté le 14/05/2020
Reyo !
Je suis vraiment contente de lire ton commentaire sur ce mix entre réalisme et surnaturel : à ce stade de l'histoire j'essaie de manier les deux de manière à les faire se toucher et se mélanger, mais tout en laissant les deux côtés conserver leurs caractéristiques à eux. Je sais pas si c'est clair ? xD Et puis, en même temps, j'aime bien jouer avec la notion de "folie" dont on ne sait pas trop si c'est "uniquement" de la folie, ou bien une espèce de porte vers un monde invisible.
Oui, je malmène un peu la temporalité dans cette histoire, navrée ! Et encore plus dans la suite...
Je suis super contente si tu trouves que Donnie est réussi ! <3 c'est un vil petit manipulateur, les autres personnages ne se méfient pas assez de lui. Ce qui est sûr c'est qu'il a un lien très bizarre avec sa soeur.
La métaphore de l'oeuf, disons qu'elle est là pour donner une image particulière de ce docteur ^^ il explique dans des termes très imagés pour se faire comprendre des "profanes", mais je comprends tout à fait que cette métaphore ne te convainque pas, elle est très imparfaite et un peu ridicule.
Bon et puis le docteur Tilloloyeul, c'est le docteur Tilloloyeul quoi !
Bisous !
Dédé
Posté le 14/04/2020
Le Timo, je le sens tellement pas… Mais… qui sens-je, en fait ? Parce que tous tes personnages sont louches quand on y réfléchit.

Ce n'est pas nouveau mais j'aime énormément le côté scientifique/recherches apporté à l'histoire. Ici, les métaphores avec l'œuf, j'ai trouvé ça passionnant à lire. Etrange car le docteur Timo est quand même assez spécial dans son genre mais je me suis senti captivé.

Au-delà de ça, la relation Annabel/Donnie est toute mignonne à côté. C'est à la fois touchant et complexe, et aussi très vraie dans la façon dont tu racontes cette relation. Donnie a quand même le réflexe de casser Annabel et c'est ce que j'aime moins dans leur dynamique. Mais tes personnages sont comme ça : ils ont leurs fissures, leurs imperfections et cette relation ne fait pas défaut. C'est ce qui la rend intéressante à suivre aussi.

A bientôt pour la suite !

Coquillette :
Leroy, après une inspection visuelle des environs et n’ayant tien trouvé --> rien
Jamreo
Posté le 15/04/2020
Tu n'es pas le seul à ne pas sentir ce docteur xD cela dit, les autres ne sont pas forcément plus dignes de confiance...

Contente que les recherches et la métaphore de l'oeuf te plaisent <3 c'est peut-être parce qu'il est spécial qu'il a choisi cette image bizarre;

Oh oui, tu trouves la relation entre Annabel et Donnie mignonne ? C'est vrai qu'ils tiennent beaucoup l'un à l'autre, même s'il y a des conflits et que Donnie a tendance à vouloir garder l'ascendant, ce qui n'est effectivement pas très sympathique. C'est exactement ça, ils sont pleins de fissures et d'imperfections ^^

Merci beaucoup pour ta lecture Dédou ! Et merci pour la coquille ^^
Alice_Lath
Posté le 03/02/2020
Donnie, ce grand fou et Anna qui se laisse faire. Je suis en mode: mais laisse-la tranquille haha Pareil pour les explications avec l'oeuf, en choisissant cette image, tu fais vraiment ressortir leur vulnérabilité et j'adore. Le docteur est sacrément spé par contre, j'aurais jamais pu être en thérapie avec qqun pareil, il m'aurait rendue encore plus ouf que je le suis déjà. Et c'est marrant quand même ce trou de mémoire de Leroy... Mmmmh, je me demande bien ce qu'il y a derrière. Bon, en tout cas, je le pose ici pour la postérité: je pense que le docteur Tilloloyeul est trempé dans des trucs pas nets. Et je dis pas ça parce qu'il a des pellicules, attention, tout le monde en a!
Jamreo
Posté le 15/04/2020
Oui, Anna se laisse faire, Donnie a complètement l'ascendant sur elle...
Contente que la métaphore de l'oeuf te plaise ;D je suis d'accord avec toi pour dire que le docteur est bizarre. Peut-être à force de côtoyer des malades ? Ou alors c'est lui qui rend fous les patients ? Maybe xD
C'est enregistré, pour la postérité ! Le docteur Tilloloyeul est pas net ;) même si les pellicules ne sont pas un argument ! Merci pour ta lecture !
Isapass
Posté le 08/01/2020
Mais qu'est-ce qui m'a pris d'attendre aussi longtemps pour revenir te lire ?! Mais qu'est-ce que j'aime ta plume ! C'est vif, délicat, piquant... C'est aussi très visuel : la mise en scène est grandiose, particulièrement pendant l'entretien avec le docteur truc-ieul. Le vocabulaire est toujours utilisé à bon escient, qu'il soit au sens propre ou légèrement détourné. Et en plus, ça se lit vite et bien parce que c'est très fluide. Bref, c'est brillant et je suis carrément admirative. Et je trouve que tu écris de mieux en mieux, en plus !
Tu arrives même à me faire marrer alors qu'on sent bien quelque chose de très lourd derrière tout ça. Le personnage du docteur est juste parfait. Tu aurais pu tomber dans le caricatural, mais pas du tout, parce qu'on voit bien qu'une partie de ses travers (l'odeur de faisan, le machouillage de lunettes, "l'aura de condescendance impitoyable" ♥...) est accentuée par la vision négative et l'envie de vomir de Leroy. Ce qui fait qu'il est tout à fait crédible. OMG, l'histoire de l'oeuf... il a l'air très fier de sa metaphore alors qu'elle est bien pourrie : on comprend rien. Enfin, quelques trucs, mais ça manque teeeellement d'humanité !
J'ai adoré la scène entre Donnie et Annabel. On perçoit hyper bien l'ascendant de Donnie, son art de balancer ses remarques en ayant l'air de ne pas y toucher, juste quand Annabel prend son essor (intérieurement). Comme s'il la ramenait vers lui, qu'il l'empêchait de s'éloigner.
La description visuelle de la musique qui se forme dans la tête d'Annabel est super bien trouvée, aussi.
Bref, à part quelques coquilles que tu verras facilement en relisant, je n'ai vraiment aucune remarque. Je vais d'ailleurs continuer ;)
Des bisous !
Jamreo
Posté le 15/04/2020
Hello Isa ! Désolée d'avoir traîné comme ça à te répondre... d'autant que ton commentaire m'a fait immensément plaisir ! Tu vas me faire rougir ! Mais je suis vraiment super heureuse que ça soit à ton goût, vraiment <3
Soulagée aussi que tu aimes le personnage un peu ridicule du docteur Tiiloloyeul... et sa métaphore de l'oeuf un peu foireuse xD cela dit, clairement, comme tu le dis justement, Leroy en fait un portrait très négatif parce qu'elle le voit pas en peinture, ce docteur. Vu objectivement, il ne serait peut-être pas aussi terrible (tout en conservant ses travers...). Mais oui, à force de côtoyer des malades, il perd un peu de sa sensibilité, pour lui c'est plus ou moins normal de voir des gens souffrir.
C'est exactement ça pour la relation Annabel/Donnie. Mine de rien, il veut garder l'ascendant sur elle.
Arf, oui, les coquilles, il faudra que je relise tout un jour xD merci infiniment Isa et des bisous !
Rachael
Posté le 22/09/2019
Raaahhh, j’adore vraiment ton écriture, Jam ! Je n’ai pas relevé de passages , mais il y a plein de petites images qui m’ont vraiment plu comme la guerre dans la tête d’Anna, la description du docteur timo truc, sans parler de la métaphore de l’œuf, qui est super bien trouvée, avec le jaune qui coule, ça donne une image bien crade !
D’ailleurs, je trouve tout ce chapitre très inspiré autant sur la forme que le fond. Tu nous fais passer des explications sur les troubles de enfants par le docteur « bégueule » (j’ai bien ri) avec un humour qui marche très bien pour dédramatiser et donner un peu d’air à Leroy en face de ce très louche médecin (qui n’est pas sympathique du tout !). J’adore sa réaction de recul ironique, justement, elle ne se laisse pas juger ou happer par le comportement condescendant du médecin. C’est super bien vu je trouve, ça nous la rend plus proche, et on se doute que le timo vient de se rajouter à la liste des personnages louches…
Si je me force à relever un truc négatif, je dirais que la fin nous laisse un peu suspendus entre deux eaux, parce qu’on se demande bien pourquoi « nous ne le saurons jamais ». Il y a une forme de suspense mais un peu facile.

Détails
Au changement de point de vue (paragraphe « Donnie n’était pas parti.), on s’aperçoit très tard qu’on est en fait avec Annabelle et pas Donnie. Ce serait probablement mieux de le savoir plus vite pour éviter un sentiment de confusion.
la prote à peine ouvertes : la porte à peine ouverte
T’es bizarre conclut-il : T’es bizarre, conclut-il. (virgule)
Non, aurait-elle voulu gueuler : un point d’exclamation ? Non ! aurait-elle voulu gueuler
Je ais pas comment tu la supportes : sais
Elle fixait la peau blanche comme mort qui passait entre les cheveux clairsemés avec une sorte de fascination : je n’ai pas bien compris cette phrase ?
Le fauteuil de ministre pivota de sorte à ce que le docteur Bégueule faisait de nouveau face à l’inspectrice : de sorte que ? (+subj !)
comme si quelque part son égo torturé avait voulu se prouver (de) sa propre valeur.
pas autrement que par le biais du DSM : là tu m’as perdue, peut-être mettre en toutes lettres ou mettre une note ? (tu en avais parlé avant ? c’est peut-être dû à ma lecture fragmentée ou à ma haine des acronymes…)
Jamreo
Posté le 10/11/2019
Haaaaa j'arrive à la bourre désolée !

Je suis vraiment heureuse que ça te plaise ! C'est vrai que l'oeuf au final, c'est absurde, mais aussi un peu dégueulasse x)

C'est vraiment super si le mélange t'a paru bien dosé dans ce chapitre, entre les infos à donner et l'humour/le décalage. J'étais pas sûre du tout que ça passerait ! Mais oui on est d'accord ce docteur on s'en ferait pas un ami. Leroy l'a ajouté à la liste des personnes à surveiller, et pas qu'un peu !

En fait le "nous ne le saurons jamais" était là simplement pour exprimer l'idée que, de fait, l'infirmier jure avoir oublié les clés sur la serrure, mais au final on peut pas savoir s'il est sincère, ou s'il ment et a donc laissé les clés volontairement. Cela dit oui ça crée sans doute un petit cliffhanger facile ^^

Merci pour les détails ! La phrase sur la peau blanche c'est en fait la peau blanche qu'on voit entre les cheveux mais bon la formulation est pas des plus simples x'D
Le DSM a été évoqué avant, oui, c'est le "Diagnostical and Statistical Manual of Mental Disorders", et le nom est long donc je remplace par l'acronyme ^^ mais un rappel ferait pas de mal sans doute.
Merci beaucoup d'avoir lu Rach !
Liné
Posté le 09/09/2019
HAAA j'ai lu ce chapitre mais je viens de me rendre compte que je ne l'avais pas commenter !
... c'est certainement que la lecture est toujours aussi agréable, et que je n'ai pas grand-chose à dire de plus par rapport aux chapitres précédents ? (la bonne excuse :-p)
Dans ce chapitre ci, j'ai repéré plus de cynisme et d'humour décalé dans le point de vue de Leroy - je ne sais pas si c'est fait exprès ?
A très vite !
Jamreo
Posté le 10/11/2019
Haaaaa et moi je suis en retard pour répondre pardonne-moi !
Oui, y a plus d'humour noir (et plus d'humour tout court) dans ce chapitre. c'est fait exprès oui, peut-être pour montrer que Leroy aime pas du tout ce docteur et aussi qu'elle en a marre de tourner en rond ^^ à vite et merci pour ta lecture !
Sorryf
Posté le 26/08/2019
J'ai bien aimé la comparaison avec l'oeuf du docteur tillomachin! J'ai aussi beaucoup aimé le perso, que je trouve pas commun! (Aimé en tant que perso hein! En tant que personne il a l'air glauque xD ou alors le point de vue de Leroy est biaisé)

Annabel qui part toute seule dans ses histoires de guerre : j'ai adoré! C'est super bien fait!
Je fonce lire la suoye
Sorryf
Posté le 26/08/2019
"Suite" J'ai ecrit de mon tel pardon, le messag est parti trop vite
Jamreo
Posté le 05/09/2019
Hahaha c'est cool si tu as aimé le docteur Tillo (en tant que perso bien sûr, on est d'accord ^^ sinon en tant que personne... en tout cas tel que Leroy le voit, il est bizarre à souhait).

Oui, Annabel est passionnée par tout ce qui touche à la guerre ! C'est cool si tu as trouvé ça bien géré ^^

Merci pour ta lecture Sorryf et à bientôt !
Olek
Posté le 25/08/2019
Je t'avouerai que je n'aime pas les textes policiers pour l'angoisse et le stress qu'ils me provoquent, mais tes personnages sont tellement bien que, malgré l'angoisse et le stress, j'ai envie de continuer ! De mieux les comprendre, de les voir aller mieux.
Vraiment c'est parfaitement dosé !
Jamreo
Posté le 05/09/2019
Ah ça, stress et angoisse sont un peu au rendez-vous, enfin je suppose ^^' cela dit je suis super contente si les personnage te donnent envie de continuer la lecture ! Merci du coup pour ta lecture ^^
itchane
Posté le 24/08/2019
Hello !

"Tillo-quoi ?" Haha, quand les pensées du personnage rejoignent exactement les miennes dans un timing parfait, c'est génial x'D

Comme l'on dit les autres plumes, ça marche vachement bien le fait d'alterner entre des déclarations très sérieuses et vulgarisatrices et des éléments plus ironiques ou drôles. Cela permet de décompresser et de rester en alerte.
Et ça donne une bonne idée aussi de l'état d'esprit de Leroy qui est ainsi toujours aussi touchante et hyper-humaine, et assez paumée aussi : /
Comme si ses pensées tournaient au ralenti, écrasées par le contexte de chaleur et d'ambiance de l'hôpital.

Donnie est vraiment un enfant très particulier, j'aurai envie de m'en méfier à mort en permanence et pourtant il reste aussi très touchant, c'est d'une subtilité assez folle, j'adore.

Je suis d'accord aussi avec les autres sur le secret médical, ça m'a perturbée mais par contre moi dans le bon sens, cela rend le médecin encore plus louche, je ne lui fais pas, mais alors pas du tout confiance, notamment à cause de ça.

Hoooo, une clé laissée sur le local de stockage et des médicaments en moins (enfin, consommés apparemment, mais l'ont-ils tous été ?)... hmmm hmmmmm intéressant !!

En tout cas je n'ai absolument aucune théorie et soupçonne absolument tout le monde, c'est parfait ! : D

Bravo pour ce nouveau chapitre et bon courage pour la suite ^^
Jamreo
Posté le 05/09/2019
Yo !

Tillo... Tillotillotillo :p

Je suis quand même vachement soulagée que le mélange entre sérieux et décalage/comique fonctionne bien sur cette conversation, j'étais pas sûre du tout si ça allait marcher ou quoi ^^ ah oui Leroy est paumée à ce stade, mais j'aime beaucoup que tu la qualifies d'humaine, parce qu'elle n'est pas dénué de sentiments ou quoi, comme elle a pu sembler être (maybe ?) au début. Ah et puis la chaleur, bien sûr, joue un rôle ! C'est la grosse canicule (un peu comme on a connu par vagues cet été, sauf que là c'est en continu pour eux).

Ah, Donnie... ;D c'est vraiment cool si tu l'apprécies ! (en tant que personnage en tout cas).

Oui concernant le secret médical, faudrait au début que je précise que Leroy lui a déjà présenté un mandat. Cela dit, c'est vrai que ça aurait pu contribuer à la louchitude du mec, qu'il lâche tout sans demander de mandat...

Eh oui, y a des médicaments qui se sont fait la malle 8D plus de détails... dans la suite :p

Haha c'est cool si tu soupçonnes tout le monde :DD c'est vrai que rien est vraiment clair à ce stade.

Merci à toi pour ta lecture ça fait très plaisir !
Renarde
Posté le 24/08/2019
Bon, j'ai fini par tout lire d'un coup :p
L'affaire devient de plus en plus complexe au fil des chapitres, tous comme les personnages. Certains sont franchement antipathique de base et à mon avis il n'y a rien à sauver (le docteur Dégueule, quel sinistre, mielleux et autosuffisant personnage, il me débecte).
Leroy est difficile à cerner, mais dans le bon sens. On se demande jusqu'à quel point elle n'est pas elle aussi atteinte d'un trouble quelconque.
La balance entre explication rationnelle et glissement vers le surnaturel est également bien dosée. Tu pourrais partir autant dans un sens que dans l'autre que cela tiendrait la route .
Je doute d'à peu près tous tes personnages (Leroy, Donnie, Louis, l'infirmier, le prêtre...) et j'adore ça.
Jamreo
Posté le 26/08/2019
Waw ! C'est très flatteur pour moi ^^

Bien d'accord avec toi pour le docteur Dégueule, en tout cas pour Leroy il est antipathique jusqu'au bout des ongles.
Leroy semble avoir des difficultés, elle aussi, c'est pas dit qu'elle ne couve pas quelque chose.

C'est vraiment chouette si tu trouves que c'est bien dosé entre réel, rationnel et fantastique ! Ca compte beaucoup pour ce texte ^^

Et bien sûr contente de voir aussi que tu doutes de tout le monde (comment ça je me réjouis d'embrouiller mes lecteurs ? Oui bon... un peu).

Merci de ta lecture Renarde !
Dan Administratrice
Posté le 22/08/2019
Purée entre les essais infructueux pour replacer le nom du docteur jusqu'à "Dégueule" et la réaction de Leroy devant la métaphore de l’œuf, tu m'as complètement tuée x'D

Limite je me sentais mal de pouffer comme une dinde dans une situation pareille, mais en même temps ça fait du bien aussi de relâcher partiellement la pression, alors que le sujet reste grave ; en fait le décalage marche hyper bien, on a un peu l'impression que le soleil nous a cuit la cervelle, à nous aussi.

Outre l'aspect comique, la discussion avec le docteur permet quand même de donner une définition abordable et ultra intéressante des maladies en question. Je trouve ça vraiment chouette que t'arrives à en parler en détail, à sensibiliser le lecteur au-delà des préjugés ou des idées reçues qu'il peut avoir, autant à travers des dialogues que du ressenti des personnages. D'ailleurs j'aime toujours beaucoup le point de vue d'Anna qui se laisse emporter par ses réflexions, mais aussi un peu envahir par ces passions qui tournent à l'obsession.

Donnie est vraiment un personnage fascinant ; très trouble et insaisissable. On sent carrément le côté charmeur dont il joue et qui fonctionne sur tout le monde, et puis le danger qui rôde en-dessous. Je m'attendais pas du tout à ce qu'on découvre une tentative de suicide commune ! Y aurait fallu que je relise tout depuis le début pour voir si chronologiquement ça pouvait avoir un lien avec des choses qui auraient pu concerner Elias aussi...

En tout cas, grave louche cette "enquête interne" en carton et ce docteur insupportable... Et comme j'ai fureté du côté du commentaire de Flammy, je la rejoins : il a l'air très disposé de briser le secret médical, limite content (ce qui peut tenir à sa louchitude générale, mais du coup Leroy devrait remarquer qu'il balance des infos un peu vite ? Techniquement il doit lui falloir un mandat ou un truc du genre pour le faire parler, non ?).

Cela dit à ce stade j'arrive pas à porter mes suspicions sur quelqu'un en particulier. Les enfants sont presque trop touchants pour que j'envisage que le coupable est peut-être dans le tas... Je vais parier sur l'infirmier débile qui oublie ses clefs :p

Ah j'ai juste noté une petite incohérence de rien du tout : "Mains derrière la tête, il s’était étiré de tout son long sur le lit de sa sœur et semblait faire une sieste express." alors que tu dis que Donnie est installé sur le lit de Mégane.

Vivement la suiiiite ♥
Jamreo
Posté le 26/08/2019
Wah je suis bien contente si ça t'a fait rire ;D j'étais pas très sûre, je me disais que ça faisait peut-être trop/c'était mal dosé/toussa, c'est compliqué l'humour en fait !

C'est top aussi si ça permet de relâcher un peu la pression, de pas être dans une ambiance trop grave, vu ce qu'ils se racontent ces deux-là ; ça aurait pu plomber l'ambiance d'un coup. Mais ouais carrément, la chaleur joue aussi pour Leroy et sans doute pour le docteur. C'est toujours la canicule pour eux !

Oui, je voulais incorporer un élément de "sensibilisation" ou en tout cas d'informations sur toutes ces maladies, tout en essayant de pas donner l'impression d'arriver avec mes gros sabots ou bien de faire une espèce de "conte moral" parce que brrrr j'aime pas ça x) c'est chouette si ça passe bien, du coup. Et oui complètement, Anna est du genre à se laisser envahir voire bouffer par ses passions, à s'abîmer dedans.

Ah ça oui, Donnie est un graaand charmeur et il est conscient de son pouvoir sur les autres; Il est doué pour ça ^^ Concernant leur tentative de suicide à tous les deux, c'était "il y a trois mois" à partir de l'été, donc vraisemblablement au printemps. Elias, lui est mort plus tard, mais bon peut-être qu'il y a un lien entre les deux quand même, c'est pas à exclure. (quoi comment ça je joue à embrouiller le monde ? maipadutou)

Oui donc, ce que vous avez relevé avec Flam est très vrai, normalement un docteur ne peut pas rompre le secret médical comme ça. Dans ma tête il avait déjà vu un mandat (et je vous jure votre honneur je ne dis pas ça pour me dédouaner) mais c'est bête de ne pas l'avoir mis. Merci pour la remarque !

Hahaha, ma foi peut-être que c'est l'infirmier débile le coupable :p who knows ?

Ah mais oui très juste, Donnie est sur le lit de Mégane et pas de sa soeur il faut changer ça ^^

Merci Danouch pour ta lecture :*
Flammy
Posté le 22/08/2019
Coucou, me revoilà ! Mine de rien, NFPA permet d'être bien réactif et au courant tout de suite =p

J'ai été très contente de retrouver les enfants =D C'est pas que je n'aime pas Leroy, au contraire, mais il y a une telle sensibilité quand tu es du point de vue des enfants, et généralement de très jolies images (la panique qui serre ses bras autour d'Anna) que j'apprécie vraiment beaucoup ! Et plus on est avec Anna, plus on la comprend, dans ce que son comportement à de, à première vue, d'imprévisible. J'aime beaucoup aussi la manière dont elle écrit des chansons, comment tu décris ça, je trouve ça justement très poétique <3

Je ne sais pas trop quoi penser de Donnie. A la fois il a l'air de tenir à sa soeur, il est resté avec elle le temps de sa crise, mais il s'est montré vraiment con avec elle, pour la chanson, et la manière dont il a parlé à la coloc, ça donnait vraiment l'impression d'un coq qui veut imposer sa suprématie. Bref, je ne sais pas trop, mais on verra bien ^^

Du côté de Leroy, sa nuit n'a pas été sans conséquence xD Bon, le fait que le directeur ne soit pas là, c'est louche. C'est pas le meilleur moment pour quitter le navire, et qu'est-ce qui peut justifier de quitter un hôpital pour enfant plusieurs heures ? C'est pas rien quand même ! Et pour le docteur, quand on l'a rencontré la première fois, j'avais envie de lui donner des baffes ='D Trop mielleux pour moi.

Mais en vrai, j'ai bien aimé ses explications sur les troubles des enfants. Ca permet d'en apprendre plus sur ce sujet, et ça passe vraiment comme une lettre à la Poste vu que c'est dans le cadre de l'enquête. Pour ça, chapeau, le côté sensibilisation sans en avoir l'air ^^ Par contre, je trouve que quand même, il casse le secret médical un peu vite pour moi --" Okay, avec un meurtre, il y a de grande chance pour qu'elle ait obtenu de quoi le casser, mais que le médecin prenne cette décision lui-même...

Et je ne savais pas que ça se faisait toujours les soins par le courant électrique ! Il me semblait que c'était totalement empirique comme pratique et en vrai, pas top. Je me suis trompée ou le médecin est fan aussi de lobotomie ? J'avoue que pour ça, je ne peux pas m'empêcher de me méfier de lui. Surtout que bon, un double suicide mais un enquête pas... C'est un peu léger aussi !

Juste une petite coquille :

"la prote à peine ouvertes sur des espaces différents" la porte je suppose ^^

Bref, je suis très contente de ma lecture, et j'attends la suite =D

Pluchouille zoubouille !
Jamreo
Posté le 26/08/2019
Hallo ! Oui la lecture et l'orga avec NFPA c'est génial ^^

C'est vrai que Leroy paraît moins touchante que les enfants, sans aucun doute, et je suis vraiment contente que tu ressentes ça au sujet des enfants d'ailleurs <3 Annabel est imprévisible de prime abord mais effectivement quand on comprend les mécanismes à l'oeuvre ça prend plus de sens.

Donnie tient en effet beaucoup à sa soeur, mais on est d'accord qu'il a un côté trouble. Et le fait de vouloir dominer tout et tout le monde en fait partie ! Un vrai petit coq :p

Non clairement Leroy paie ses conneries alimentaires, mais je crois qu'elle arrive pas du tout à s'organiser de ce côté :p concernant le docteur, ouais hein, tout mielleux et pas net lui non plus :p tu peux lui donner des baffes si ça te soulage.

Par contre je suis contente que tu aies aimé ses explications ^^ ça permet du coup d'éclaircir un peu les choses du côté des enfants. Concernant le secret médical, dans ma tête il avait déjà vu le mandat apporté par Leroy mais oui t'as raison, normalement il a pas le droit de dévoiler tout ça sans mandat. Je vais penser à rajouter un passage ^^

Si, le traitement par courant électrique ça se fait même encore aujourd'hui ^^ ça s'appelle maintenant électroconvulsionthérapie et il me semble que ça s'utilise pour des symptômes qui résistent à d'autres traitements (à moins que ce soit aussi utilisé en premier traitement pour certaines choses, je sais pas). La dépression résistante par exemple ^^ c'est une pratique qui reste controversée cela dit.

Lobotomie ? Hmmm, je me souviens pas en avoir parlé ou alors de manière involontaire ^^ qu'est-ce qui te fait dire ça ?

Mais oui on est d'accord, une tentative de suicide et pas d'enquête, hein...

Merci pour la coquille, je la fais tout le temps celle-là xD très heureuse que tu apprécies ta lecture, à plus !

Jamreo
Posté le 26/08/2019
électroconvulsiothérapie*
Flammy
Posté le 26/08/2019
Alors, pour la lobotomie, non, tu n'en parles pas, c'est juste que dans ma tête, le traitement par chocs électrique, c'était du même niveau de la lobotomie x) Mais visiblement, non, j'avoue que ça m'intrigue beaucoup et que je vais essayer pour me renseigner dessus ^^
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