7. La Nouvelle Héloïse

            Les jours de novembre raccourcissent alors que Daniel marche à pas de loup dans la bibliothèque bondée. Les partiels approchent, cela se sent dans la tension qui règne au sein du campus. L’atmosphère est lourde, la tombée de la nuit menace, car avec elle vient l’heure de la fermeture. Au creux de sa main, plié en huit – évidemment – , un morceau de papier bleu.

            Daniel ne sait pas très bien ce qu’il est en train de faire. Il est presque sûr que ce n’est pas une bonne idée, mais il est déjà à mi-chemin, il ne va pas renoncer maintenant. Il serre le poing. Si Zeus est dans le coin, là, tout de suite, il aurait bien besoin d’un coup de pouce. Si ça ne dérange pas son Olympique divinité, naturellement.

 

            Lui, d’ordinaire un volcan d’idées, est ce soir d’un calme radical. Et ce, sans même avoir recours à une éventuelle médication. Il voit tout distinctement, avec une acuité presque surnaturelle. Les poutres de métal reliées à la mezzanine, les visages concentrés des étudiants sur les PC. Les toiles d’araignées qui pendent au plafond, le biscuit abandonné au bas du trio de marches, juste devant le rayon des géographies.

 

            Il s’avance vers les ouvrages de littérature, le cœur battant. Ses yeux parcourent les étagères à la recherche de La nouvelle Héloïse. Soudain, son regard s’illumine alors qu’il aperçoit la plus ancienne des éditions possédées par la bibliothèque.

 

            Froncement de sourcils. Pas de petit mot ? Le palpitant emballé, il tourne les pages frénétiquement jusqu’à ce qu’un éclat métallique attire son regard. Caché dans le vide de la tranche, se terre un emballage de gavotte, enroulé comme un parchemin et attaché avec un minuscule élastique pour cheveux. Il soupire, de soulagement et d’un tas d’autres choses. « Enfant. »

Il déroule le ‘‘parchemin’’. Un sourire à peine perceptible éclaire son visage fatigué l’espace d’un instant. Rictus.

 

            Glissant le papier bleu dans la cachette, il esquisse un mouvement d’hésitation, se ravise. L’enfonce dans la tranche.

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