6. Bateau

Par Gab B
Notes de l’auteur : Bonjour à tous et bienvenue dans la deuxième partie du chapitre 2, dans laquelle on retrouve Bann et Mevanor !

Précédemment : Face à l'ennui que lui procure son existence et suite à l'effondrement du temple qui laisse le canyon sans surveillance, Bann a décidé de partir à l'aventure pour explorer le gouffre. Mevanor s'est laissé entrainé dans son projet, un peu malgré lui.

Nous espérons que cette suite vous plaira ! Merci à tous ceux qui laisseront un commentaire :)

Chapitre 2 : Le mastodonte

 

Bateau

 

Bann franchit la porte d’entrée, s’arrêta sur le seuil extérieur de la maison et grimaça. Le jour était à peine levé et déjà des cris perçants retentissaient au loin. Plusieurs rapaces avaient été aperçus la veille à voler au-dessus de la forêt. Pour les entendre ainsi, leur nombre devait avoir augmenté pendant la nuit, ce qui ne manquerait pas d’alimenter les discussions de tavernes et affoler les plus craintifs des habitants. Le jeune homme s’efforça de chasser les oiseaux de son esprit et se refusa de reconnaître que lui aussi se sentait mal à l’aise face à cet afflux de prédateurs à proximité de la Cité.

Derrière lui, il sentit son frère s’impatienter et finit par sortir sur la place et se mettre en chemin. Les rues presque vides s’éclairaient peu à peu sous l’éclat du soleil qui pointait par-dessus les remparts de la ville. Seuls quelques gardes à l’air suspicieux rôdaient par groupes de trois ou quatre. Ils arrivèrent rapidement au port du quartier Kegal, où quelques marins et ouvriers matinaux vaquaient déjà à leurs occupations. Les deux garçons se dirigèrent vers l’un des imposants bâtiments qui longeaient les quais, le hangar dans lequel étaient construits et réparés les bateaux destinés à la pêche et au transport de marchandises. Bann actionna la lourde poignée de la porte, qui s’ouvrit dans un grincement de métal rouillé. À l’intérieur, ils ne trouvèrent qu’un contremaître, de dos, debout en train de s’affairer et râler vigoureusement contre son marteau. Intimidés par ses vociférations, ils s’avancèrent jusqu’à se situer à une dizaine de pas derrière lui, puis Bann se racla bruyamment la gorge pour signaler leur présence. L’homme sursauta, laissa tomber son outil à terre, poussa un juron, se baissa pour le ramasser et finit par se tourner vers eux. Il devait avoir une soixantaine d’années. Il les toisa de haut en bas de ses prunelles aux paupières ridées puis fit à nouveau volte-face pour se remettre au travail.

— Qu’est-ce que vous faites là vous deux, habillés comme ça ? C’est pas la Fête du Vent ici. Dégagez, j’ai du boulot, grogna-t-il sans les regarder.

Indigné, Bann posa les yeux sur sa tenue, puis celle de son frère. Il devait admettre que leurs vêtements ne convenaient pas vraiment au lieu. Leurs pantalons de laine épaisse et manteaux brodés détonnaient face à la vieille tunique en coton et au plastron de cuir abîmé du contremaître. Mais ce n’était pas une raison pour les ignorer.

— Nous avons besoin d’un bateau, dit Bann d’une voix forte pour couvrir le bruit des coups secs que l’homme donnait sur son ouvrage.

— Ça me fait une belle jambe, répondit l’autre sans se retourner. Allez donc jouer avec des coquilles de noix.

La main de Mevanor se posa sur son bras, empêchant Bann d’avancer vers l’ouvrier naval pour le forcer à leur faire face. Il se contenta de serrer les poings et fulminer intérieurement. Comment osait-il leur parler de cette façon ?

— Calme-toi, murmura son petit frère. On a besoin de lui.

Il le dépassa de quelques pas et s’adressa à son tour au vieil homme.

— Nous sommes les fils d’Ateb et Subor Kegal et nous pouvons payer comptant. Nous voudrions acheter un bon bateau, d’environ vingt pieds de long, pouvant être manœuvré à la voile et à la rame. Il nous le faudrait dans une sizaine.

Le contremaître s’interrompit. Il posa son marteau sur son établi, pivota sur ses talons et contourna une embarcation éventrée pour s’approcher de Bann et Mevanor, un sourire amusé sur le visage.

— Les fils Kegal, hein… Vous êtes bien mignons tous les deux, mais je ne vends pas de bateaux. Tous ceux que vous voyez ici appartiennent à des pêcheurs, à des commerçants, ou à vos parents. Vous ne pouvez pas les acheter. Et en seulement une sizaine, personne dans la Cité ne sera capable de vous en fabriquer un neuf, peu importe que vous payiez en une ou cinquante fois. Comptez au moins une quarantaine de jours de travail.

Les deux garçons échangèrent un regard découragé, puis Bann fronça légèrement les sourcils. Il avait cru un instant lire du soulagement dans les yeux de son frère, mais il avait dû se tromper. L’annonce du vieil homme contrecarrait leurs plans ; les prêtresses du temple du Fleuve pouvaient être remplacées à tout moment, ils ne pouvaient pas se permettre d’attendre si longtemps.

— Si vous tenez vraiment à dépenser vos écailles, reprit leur interlocuteur, j’ai peut-être une solution à vous proposer. Ces épaves, au fond, ne seront plus réclamées par personne. Choisissez-en une et je vous donnerai mon prix pour la remettre à flot.

Bann jeta un œil dans la direction indiquée par le contremaître, un amoncellement de coques fissurées, de mâts brisés et de pièces diverses qui jonchaient le sol. Suivi de près par son frère, il se rapprocha pour tenter de discerner lequel de ces morceaux de bois pourrait leur convenir. Il en repéra un, le plus grand et le moins endommagé de tous ceux qui étaient entassés là. Après l’avoir examiné de près et de tous les côtés, leur choix était fait.

— Nous prendrons celui-ci, dit Bann en désignant les restes du bateau. Vous pourrez le réparer en moins de six jours ?

L’homme eut un petit rictus, les rejoignit et tapota du pied l’embarcation. Le bois craqua, de la peinture abîmée se détachant et tombant en poussière sur le sol.

– Ça ira. Par contre, celui que vous avez choisi mesure quarante pieds de long, c’est beaucoup plus difficile à manœuvrer. Vous en aurez pour huit cents écailles, payées aujourd’hui. Je suppose que vous avez une autorisation ?

— J’espérais qu’on puisse s’arranger sans, tenta Bann en essayant de ne pas rougir.

En face de lui, son interlocuteur eut un sursaut d’étonnement, puis éclata d’un rire rauque.

— Vous voulez qu’on s’arrange, hein ? Très bien, débarrassez-moi de ça alors, ou faites en sorte que les gardes arrêtent de fouiner dans les parages. Manquerait plus qu’ils tombent dessus.

Il pointait du doigt un coin du hangar où quelques caisses étaient entassées sous des morceaux de métal et de tissu.

— Pourquoi ? Il y a quoi dans ces caisses ? s'enquit Mevanor.

Le batelier plissa les yeux, comme s’il ne comprenait pas la question. Puis il sembla réaliser que ses interlocuteurs ignoraient vraiment de quoi il parlait, et son visage se teinta d’inquiétude.

— Si on vous demande, vous direz que vous savez pas, répondit-il. Pas d’autorisation, pas de bateau.

Il commençait à faire volte-face pour retourner à son travail quand Bann, faisant volontairement abstraction du dernier échange, reprit la conversation.

— Donc si on vous débarrasse de ces caisses, vous réparez l’embarcation ? Qu’est-ce que vous voulez qu’on en fasse ?

— Je dois livrer ce bateau-là au port du quartier Cewim, lâcha-t-il après un moment d’hésitation en désignant à travers les portes ouvertes une gabarre à fond plat qui flottait un peu plus loin. Mettez les caisses dedans, amarrez-vous à n’importe quel ponton et la personne à qui appartient le chargement se débrouillera. Vous êtes capables de naviguer avec ça sur les canaux ?

— À votre avis ?

Le menton fièrement relevé, les bras croisés sur sa poitrine, Bann défiait du regard le vieil homme, qui esquissa un sourire.

— Très bien, dit le contremaître en haussant les épaules.

Il fit signe à Mevanor et son frère de le suivre jusqu’au fond de la pièce et leur fourra à chacun deux caisses dans les bras avant de retourner à son établi.

— Maintenant, déguerpissez, grommela-t-il, son marteau de nouveau dans la main droite.

Bann s'engagea derrière son cadet à l'extérieur du bâtiment. Là, il dut plisser les yeux à cause de la lumière qui contrastait avec l’obscurité du hangar. L’éclat du soleil se reflétait sur l’eau devant lui et l’éblouissait. Juste à côté, Mevanor déposa son chargement dans l’embarcation avant de sauter dedans et d’emporter les caisses vers la cabine. Bann se hâta de l’imiter. Sur ce type de bateau à fond plat, les marins stockaient d’ordinaire les marchandises sur le pont, ainsi la petite cahute dans laquelle il pénétra ne contenait-elle que quelques outils. Il se pencha un peu et lâcha sans délicatesse ses deux colis au sol, qui émirent des tintements sonores.

Les deux frères se figèrent.

— Des écailles ? souffla Mevanor.

Bann attrapa une pince qui traînait par terre et fit sauter les clous qui maintenaient les pans de bois, révélant l'intérieur de la boîte. Au moins une dizaine de milliers d’écailles s’étalaient devant eux. Il en saisit quelques-unes pour les examiner de plus près. Encore intactes, il leur manquait le précieux poinçon qui leur donnerait leur valeur monétaire. En levant les yeux vers son frère, il lut sur son visage tendu que ce dernier avait compris la même chose que lui.

Du braconnage.

Ils refermèrent la caisse sans dire un mot, la cachèrent sous les autres, et sortirent de la cabine. D'un regard en direction du hangar du vieux batelier, Bann constata que les portes avaient été soigneusement bouclées derrière eux. Il était prêt à parier qu’elles ne se rouvriraient pas avant le départ de leur embarcation. Ils n’avaient plus d’autre choix que se rendre jusqu’au quartier Cewim.

Après avoir détaché la corde qui retenait la gabarre au port, Bann se posa à la proue tandis que son frère s’installait derrière la barre. Le niveau avait beaucoup monté à cause du déluge de l’avant-veille et le courant les emporta rapidement vers le sud. Le Fleuve entrait dans la Cité par le quartier Kegal, au nord-ouest de la ville, la parcourait en prenant la forme d’un fer à cheval, puis ressortait dans le coin nord-est, entre les quartiers Viswen et Cewim. Pour atteindre leur destination sans suivre tout le cours de l'eau, Bann comptait emprunter un canal étroit qui reliait les quartiers du nord de la ville d’ouest en est.

— C’est pas du tout maniable comme bateau, pourquoi tu as dit qu’on saurait le manœuvrer ? s’agaça Mevanor qui peinait visiblement à garder leur embarcation droite.

— On doit juste réussir à entrer dans le canal. Une fois qu’on y sera, ça ira. Tire un coup sec à bâbord !

Son frère s’exécuta et la gabarre se mit à tourner vers la gauche, le nez commençant à s’engouffrer dans le petit cours d'eau perpendiculaire au Fleuve. Mais le bateau continuait son tour sur lui-même.

— Redresse, redresse ! cria Bann.

— On a trop d’inertie ! Je ne peux rien faire ! répliqua Mevanor d’une voix forte.

Le courant qui s’engouffrait dans le canal leur procurait trop de vitesse. Impuissant, Bann vit la rive se rapprocher, puis frapper de plein fouet le nez de leur embarcation. Il entendit un craquement sonore, sûrement celui du bardage en bois contre lequel ils venaient de buter. Ensuite, le canal les aspira. La coque frotta la paroi sur toute sa longueur avant de se redresser et reprendre son cours.

— Amarrez-vous !

Du haut des quais, sur leur gauche, trois miliciens du quartier Kegal leur faisaient de grands signes.

— Tout va bien, répondit Bann, nous n’avons rien !

— Arrêtez ce bateau ! hurla l'homme en retour.

Levant les bras en signe d’impuissance, Bann les ignora et reporta son attention devant lui. À sa droite défilaient le quartier Volbar et ses jolies maisons. Bientôt, les trois soldats qui les poursuivaient toujours sur l’autre rive, côté Kegal, s’interrompirent. Ils venaient de dépasser la frontière Volbar ; ces hommes ne pouvaient pas les suivre plus loin.

L’air anxieux de son frère lui rappela que les ennuis n’étaient pas terminés.

— Ne t’en fais pas Mev ! Ils n’ont aucune idée de ce qui se trouve dans la cabine. Ils sont juste un peu agacés parce qu’on a abîmé le quai avec le bateau, tenta Bann pour le rassurer.

Il se rapprocha de son interlocuteur pour pouvoir discuter à voix basse.

— S’ils le fouillent, on est foutus, déclara Mevanor d’une petite voix.

Bann se força à sourire et prendre un air espiègle, comme si la remarque de son cadet était risible.

— Comment veux-tu qu’ils fassent ça ? Ils ne savent pas où on va.

— On devrait simplement l’abandonner au prochain port.

— Et offrir aux Volbar un bateau plein d’écailles ?

— D’écailles braconnées !

D’un geste de la main, Bann balaya ses paroles. Il ne devait pas laisser Mevanor paniquer, sinon ce dernier voudrait tout arrêter et il n’en était pas question. Ils avaient besoin d’une embarcation. Pour l’obtenir, le jeune homme voulait bien transporter des dizaines de caisses de marchandise illicite s’il le fallait. Et de toute façon personne n’irait chercher des ennuis aux fils des administrateurs Kegal.

L’eau les porta sans encombre à travers le quartier Volbar. Arrivé à la frontière Viswen, le canal se séparait en deux directions : l’une continuait à l’est dans le quartier Viswen, l’autre partait vers le sud. Ils parvinrent cette fois à manœuvrer sans rien esquinter, contournant quelques bateaux amarrés pour poursuivre tout droit. Depuis un bon moment, Mevanor ne disait plus rien, concentré sur le gouvernail, les prunelles fixées au loin. Bann ferma les yeux pour réfléchir. Il leur restait sept jours avant la Fête du Vent, bien peu pour réunir tout le matériel nécessaire à leur expédition. De grandes cordes pour descendre dans le gouffre, des torches et de quoi les allumer, des vivres. Même pour eux, tout cela n’allait pas être facile à trouver sans provoquer des questions embarrassantes.

Bientôt, ils quittèrent le canal pour se retrouver à nouveau sur le Fleuve, qui constituait la frontière entre les Viswen et les Cewim. Les deux quartiers étaient des vassaux de leurs parents, en effet, les familles les plus riches passaient souvent des accords avec les quartiers moins aisés. Cela leur permettait d’exiger des faveurs, en retour de la protection financière et militaire qu’elles leur octroyaient. En particulier, les milices des quartiers plus puissants intégraient dans leur effectif celles de leurs vassaux. Ce qui expliquait certainement pourquoi deux hommes armés les attendaient à l’entrée du port. Ils leur signalèrent de ranger leur bateau à quai, alors que deux autres embarcations devant eux s’amarraient sans subir le même sort.

— Comment ont-ils fait pour les prévenir si vite ? souffla Mevanor.

Bann sentait la panique envahir à nouveau son petit frère et s’efforça de garder lui-même son calme. Il se posait aussi la question.

— Ils ne peuvent pas être déjà au courant, nous avons pris le chemin le plus rapide. C'est sûrement un simple contrôle de routine, répondit-il en essayant de masquer le tremblement de sa voix. Amarre le bateau comme si tout était normal.

Ils ramèrent un peu pour approcher leur embarcation de la bite d’amarrage et Mevanor s’occupa du nœud tandis que Bann avançait vers les deux soldats. Pourquoi les avoir arrêtés, eux, alors qu’ils en avaient laissé passer d’autres ? Il expira longuement avant d’accrocher son plus beau sourire sur ses lèvres.

— On peut savoir ce que vous fabriquez avec cette gabarre ? interrogea le plus gradé des deux miliciens, un grand homme au visage mangé par une barbe noire et touffue.

— Il vient du quartier Kegal. On nous a demandé de l’emmener ici.

— Vous faites les commissions des bateliers maintenant, Bann ? continua le barbu. Est-ce qu’on vous fait livrer autre chose ?

Bann secoua la tête négativement, prenant l’air le plus innocent qu’il pouvait. Un peu plus loin, son frère, accroupi, faisait semblant de s’acharner à nouer proprement le cordage, mais il devinait que c’était uniquement pour gagner du temps et ne pas avoir à répondre aux questions de la milice.

— Non, rien, dit-il. Pourquoi ?

— C’est pas votre rôle de déplacer des gabarres sur les canaux, faudrait déjà savoir les naviguer, railla le deuxième milicien en pointant un doigt vers la coque écorchée.

— Un malheureux accident, rien de plus. Je suis sûr que nous arriverons à nous arranger avec le propriétaire. Bonne journée messieurs, ajouta Bann avant de se tourner vers Mevanor qui s’empressa de se lever pour le rejoindre.

Les deux hommes les regardèrent s’éloigner en chuchotant, mais ne firent rien pour les arrêter. Plus ils se rapprochaient de leur quartier, et plus les épaules de Bann se détendaient. Les deux miliciens les avaient reconnus, voilà tout, et leur présence ici les avait intrigués. Il n’y avait pas de raison de s’inquiéter. Il essaya d’engager la conversation avec son frère pour continuer les préparatifs de leur voyage, mais Mevanor n’arrivait pas à changer de sujet.

— Il faut qu’on prévienne les parents, insista-t-il pour la troisième fois.

— Qu’on a livré des écailles braconnées au quartier Cewim ? Sûrement pas, non.

— Mais ces deux gars avaient un comportement étrange… Ils vont forcément inspecter le bateau.

— Ils n’ont pas de raison de le faire ! Et quand bien même, on pourra toujours dire qu’on n’a pas mis les pieds dans la cabine et qu’on ne savait pas qu’elles étaient là.

Bann s’appliquait à calmer son frère, car ce dernier était bien capable d’aller vraiment raconter toute l’affaire à leur mère. Pourtant, il devait bien avouer que son cadet n’avait pas tort. Le comportement des deux hommes paraissait très étrange, comme s’ils les avaient attendus. Et puis, généralement, quand des miliciens les reconnaissaient, ils les laissaient partir sans poser de questions. Ces deux-là avaient été un peu trop inquisiteurs. Sûrement à mettre sur le compte de la paranoïa qui commençait à envahir la ville depuis l’effondrement du temple.

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Camille Octavie
Posté le 24/04/2023
Bonjour,

J'avais lu votre chapitre la semaine dernière mais j'ai été rattrapée par la vie "IRL" et n'avais pas eu le temps de commenter. Du coup mon retour va être un peu superficiel, parce que ça date un peu. Si besoin je relirai :)

J'aime bien le retour au point de vue des deux frères, ça "ramène" vers quelque chose de connu, si ensuite tu veux introduire encore un autre point de vue c'est bien je trouve :)

Ici on sent plutôt bien que le petit frère suit mais que le doute et la peur le taraudent beaucoup plus que son aîné c'est intéressant.

Je me doute que cette histoire d'écailles de contrebande (au passage, cette idée de monnaie tirée de ressources "animales" avec un poinçon officiel, je la trouve absolument géniale) ne va pas en rester là hahah.

Tu as ici encore un ou deux passages où selon moi la caméra "flotte" un peu entre les deux personnages, par exemple ici:

"Il le dépassa de quelques pas et s’adressa à son tour au vieil homme.
— Nous sommes les fils d’Ateb et Subor Kegal et nous pouvons payer comptant. Nous voudrions acheter un bon bateau, d’environ vingt pieds de long, pouvant être manœuvré à la voile et à la rame. Il nous le faudrait dans une sizaine.
[ici pour moi la caméra est sur l'épaule du plus jeune]

Le contremaître s’interrompit. Il posa son marteau sur son établi, pivota sur ses talons et contourna une embarcation éventrée pour s’approcher de Bann et Mevanor, un sourire amusé sur le visage.
— Les fils Kegal, hein… Vous êtes bien mignons tous les deux, mais je ne vends pas de bateaux. Tous ceux que vous voyez ici appartiennent à des pêcheurs, à des commerçants, ou à vos parents. Vous ne pouvez pas les acheter. Et en seulement une sizaine, personne dans la Cité ne sera capable de vous en fabriquer un neuf, peu importe que vous payiez en une ou cinquante fois. Comptez au moins une quarantaine de jours de travail.
[du coup comme je ne vois pas d'indication contraire ici on est toujours du point de vue de Mevanor]

Les deux garçons échangèrent un regard découragé, puis Bann fronça légèrement les sourcils.
[ici la phrase d'avant peut passer des deux points de vue, puis ça enchaîne dans la tête de Bann j'ai l'impression]
Il avait cru un instant lire du soulagement dans les yeux de son frère, mais il avait dû se tromper. L’annonce du vieil homme contrecarrait leurs plans ; les prêtresses du temple du Fleuve pouvaient être remplacées à tout moment, ils ne pouvaient pas se permettre d’attendre si longtemps.
Gab B
Posté le 24/04/2023
Hello Camille ! Merci pour ton commentaire :D

Effectivement on a intercalé cette scène sur les deux frères entre deux nouveaux points de vue, pour raccrocher le lecteur qu'on aurait pu perdre ;) Mais après ça, on ne les revoit pas tout de suite... A voir si il faudra intercaler d'autres scènes dans la suite du chapitre ou si ce qu'il se passe avec les autres persos est assez captivant !

C'est vrai que Mev est moins optimiste que son frère sur toute cette histoire !

Je suis contente que notre histoire d'écailles te plaise ! A vrai dire, on sait qu'elles viennent d'animaux, mais on n'a jamais vraiment décidé desquels haha ^^ Et oui on ne va pas en rester là ;)

Merci pour ta vigilance sur les moments où le point de vue est flou. C'est quelque chose que j'ai précisément du mal à repérer ^^ Normalement ici la caméra devrait être tout le temps sur Bann, et je vois que tu n'as pas toujours cette impression, donc je m'efforcerai de corriger ça !

A bientôt :)
MichaelLambert
Posté le 05/03/2023
Bonjour Gab !

Alors, rassure-toi, ce que j'ai dit sur le fait que vous ne parliez plus de Bann et Mevanor au chapitre précédent, est complètement balayé par le fait de les retrouver aussi vite !

J'ai beaucoup aimé le personnage du contremaitre, ses répliques cinglantes et la manière dont il traite les jeunes !

(Sa première réplique donne le ton et est ma préférée : "— Qu’est-ce que vous faites là vous deux, habillés comme ça ? C’est pas la Fête du Vent ici. Dégagez, j’ai du boulot, grogna-t-il sans les regarder." !

Un petit détail :
"Il fit signe à Mevanor et son frère de le suivre" -> ça me parait bancal comme formulation, j'aurais opté pour "Bann et Mevanor" ou plus simplement (et pour éviter la répétition de Bann déjà cité un peu plus haut) "aux deux frères"

Ensuite, je suis surpris qu'il prenne le risque de remettre des caisses de contrebande dans les mains de fils d'administrateurs... a-t-il une raison cachée ?

Puis, j'aurais voulu que Bann et Mevanor soient plus curieux dès le début sur les caisses (en tout cas moi je le suis) avant d'accepter : à quoi ressemblent-elles ? que pèsent-elles ?

Une fois qu'ils ont compris de quoi il s'agit, on sent bien l'urgence pour eux de s'en débarrasser (et au passage ça vous permet de bien expliquer et facilement le système de monnaie et le braconnage, bravo). La vitesse du fleuve est un bon élément pour ajouter de la tension (et j'adore la fanfaronnade de Bann qui prétend savoir manoeuvrer des bateaux, alors qu'en fait... ça promet bien du plaisir pour la suite de leur aventure !), mais je trouve que vous ne l'exploitez pas assez apès l'accrochage du quai : je ne savais pas si le bateau était ou non gravement endommagé, si Bann parvenait à l'empêcher de continuer à prendre de la vitesse... et c'est un peu trop commode que les soldats cessent leur poursuite simplement parce qu'il y a une frontière que je ne parvenais pas à visualiser en tant que lecteur...

La fin est intéressante avec ces soldats qui semblent avoir autant à cacher que nos deux héros !

A bientôt pour la suite !
Gab B
Posté le 06/03/2023
Bonjour Michael !

Merci pour tes remarques :) j'essaierai de clarifier tous ces points lors de la réécriture ! Je ne suis pas super forte pour décrire les scènes d'action, et j'avoue que la navigation du bateau dans la ville m'a donné pas mal de fil à retordre ! En particulier, j'avais très peur de mettre trop de détails sur la géographie, est-ce que leur trajet t'as paru compréhensible ou tu étais un peu perdu ? Moi j'avais la carte sous les yeux mais pas le lecteur haha

C'est vrai que c'est étonnant que le batelier leur demande ce service... Tu n'es pas le premier à me faire la remarque, mais c'est intentionnel ;) garde cette réflexion dans un coin de ta tête pour plus tard ! Au chapitre 56 (dans loooongtemps haha) si tu trouves toujours ça dérangeant, on en reparlera ;)

Ce me fait plaisir de voir que tu t'es attaché à Bann et Mev :D j'espère que les nouveaux personnages qui apparaitront par la suite te plairont autant (mon préféré ne s'est pas encore montré pour le moment ;D) !

A bientôt !
MichaelLambert
Posté le 07/03/2023
Pas de soucis pour moi avec la géographie de la ville et c'est drôle : celle où je vis avais au moyen-âge un bras d'eau qui la traversait en forme de fer à cheval et qui a été comblé depuis pour laisser la place à un boulevard qui a conservé cette forme particulière, avec des rues perpendiculaires qui permettent de traverser le centre en prenant des raccourcis (ce qui déroute toujours la première fois qu'on essaie de s'y retrouver ou quand on veut expliquer un chemin à un touriste !)
Il-Lazuera
Posté le 25/02/2023
Salut à vous les Gab B !

Je n'ajouterai rien de spécial sur la qualité de la plume et la gestion du rythme (qui sont tous deux amplement maîtrisés). Les dialogues ont cette petite touche qui fait sourire, et on se plait à suivre ce début d'aventure plutôt mal barrée x).

Je voulais vous demander, vous qui êtes 3, comment vous organisez-vous pour l'écriture ? Celle-ci, particulièrement fluide et cohérente d'un chapitre à l'autre, ne laisse pas vraiment entrevoir que vous êtes plusieurs à tenir les ficelles. Pour ma culture d'auteur en devenir, ça m'intéresserait de savoir.

A bientôt !

Il-Lazuera, le vieux sorcier.
Gab B
Posté le 28/02/2023
Hello !

Merci beaucoup pour ton commentaire ! Je suis ravie que ça te plaise :)

Concernant l'écriture, on a un procédé un peu particulier (et long), à la fois pour que le style d'écriture reste cohérent et pour utiliser au moins les qualités de chacun. Notre premier compère écrit d'abord un premier jet de chaque scène, le but étant de poser l'action et les dialogues, pour savoir où on va et pour que l'histoire soit cohérente. Ensuite, le deuxième compère ajoute du texte par-dessus la première version, pour creuser plus spécifiquement les pensées et les enjeux des personnages, et les arcs "secondaires". Enfin, la troisième personne (moi !) s'occupe de tout réécrire. Comme ça les deux autres ne se préoccupent pas du style, de l'orthographe, etc (je corrige des choses parfois... qui piquent les yeux) et moi, qui n'ai pas beaucoup d'imagination, je n'ai pas besoin de me creuser la tête pour me demander ce qu'il va se passer ensuite ! Bon, j'exagère un peu évidemment, en réalité on s'appelle très souvent pour décider ensemble de ce qu'on fait de l'intrigue, de l'univers, des personnages etc. Et on utilise beaucoup les commentaires de Google Doc pour régler les points de détail ;)

J'espère que mon explication est claire !

A bientôt :)
Il-Lazuera
Posté le 28/02/2023
Merci pour ce retour !

sacrée méthodologie... mais c'est vraiment futé de capitaliser sur les points forts de chacun, pour qu'au final chaque étape soit vraiment bien maîtrisée : chacun son propre truc.
Je n'ai jamais essayé d'écrire à plusieurs mains, je serais curieux de découvrir concrètement comment la collaboration se déroule dans ce cas.

A bientôt !
Il-Lazuera, le vieux sorcier.
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