Au printemps, l’océan verra naître une enfant
A queue de poisson, yeux rubis et voix éteinte
Loin de la forêt de son père, elle grandira
Jusqu’au triste dénouement de cette planète
Un couple vivait dans la forêt, dénudé
La seule certitude était leur amour, mais
Ils n’avaient aucun enfant, rien qu’arbres et fleurs
A leurs yeux, c’était là une malédiction
Chaque hiver leur semblait un peu plus froid, mortel
Et leurs deux corps n’étaient pas assez de chaleur
La neige glaciale, le vent mordant, les troncs nus
Les échecs nombreux leur étaient insupportables
Puis un matin, quelque chose de bleu apparut
Bleu saphir, bleu larmes, bleu espoir, calme et paix
Les vagues bougeaient au rythme de leurs sourires
Horizon inconnu, ils l’appelèrent « mer »
Lorsque les fleurs poussèrent et les arbres grandirent
La femme céda sa vie à un jeune enfant
L’homme s’empressa de consulter l’océan
Il ne savait que faire, ses larmes le tuaient
Le grand amour de sa vie lui avait laissé
Un drôle de bébé, aux yeux rouges et muet
Mais ce qui était inconcevable pour lui
C’étaient la queue de poisson et les écailles bleues ;
L’océan avait réalisé leur souhait
Pour aider le père, il s’ouvrit et déclara :
« Confie-moi cet être et je l’élèverai
Jusqu’à la mort de la Terre et de ses humains »
Le père se dit que sa fille était sauvée
Qu’elle vivrait une vie heureuse et sans soucis
Alors il lui remit un unique baiser
Et la laissa dans les bras tendres de la mer
L’homme vécut triste, mais rassuré et calme
Il se consacra à la forêt et ses fleurs ;
La sirène grandit heureuse avec les siens
Regardant son père prier toute l’année
Cependant, tous les humains n’étaient pas cet homme
Beaucoup prenaient plaisir à détruire la Terre
Pollution, consommation, brutalisation
En dix ans, seule la forêt était un havre
Bientôt, l’océan aussi fut massacré
Sirènes et poissons ne pouvaient plus nager
Perdus au milieu des horribles déchets
La dure mer expulsa la petite fille
Aveuglée par le ciel et les nuages blancs
Toute seule sur une terre à l’agonie
Innocente, abandonnée, son cœur d’or en miettes
Le poisson se noya dans le sable affamé
Son père n’en sut rien avant le printemps
Pieux, il se rendit au bord de l’océan
Et vit, à la place des vagues, le plastique
Sans hésiter, il se noya dans cet amas
Mère tendre, attentionnée, partie pour sa fille
Sacrifice du père pour sauver l’enfant
Petite sirène repoussée, rejetée
Océan condamné par la folie des Hommes
Il y avait bien eu du bonheur avant la mort
Des jeux de bulles, des sourires et des rires
Un simple contrat à durée déterminée
Une parenthèse avant l’apocalypse
Famille déchirée, aurais-tu pu sauver
Ta planète, ton trésor, tous ces innocents ?
Lignée maudite, aurais-tu pu vivre longtemps
Ou le destin a-t-il jeté les dés sur toi ?
Le pauvre père que le chagrin rend fou. Et le plastique qui apparait telle une bête immonde.
Concernant le père, il n'est pas vraiment fou ; sa fille est morte, et il se rend compte que c'est un peu de sa faute. Il se donne la mort parce qu'il ne souhaite pas vivre dans ce monde-là. Selon moi, c'est plutôt être sain d'esprit que fou.
Je rejoins Allie, la poésie te va décidément très bien ! J'adore les poèmes qui racontent aussi des histoire (un peu comme La Loreley de Apollinaire, qui est l'un de mes favoris). Il y a ce petit côté poésie médiévale, avec les ballades et leur contre mélodieux.
J'espère pouvoir lire d'autres choses comme ça, à l’avenir ** (oui je quémande, c'est pas bo de quémander)
Ce que tu dis me fait vraiment très plaisir, je n'arrive même pas à l'exprimer >< Tout dépendra des prochaines cartes et de ce que mon inspiration va me conter !
C'est vraiment super joli ! La poésie que l'on retrouve dans tes textes est présente ici aussi (en même temps C'EST une poésie xD). Je trouve que les vers sonnent très bien et sont harmonieux ^-^
Ca fait plaisir de te voir d'une autre "façon" qu'habituellement, et la poésie te réussit très bien 😄
Bravo pour cette interprétation ♥
Merci beaucoup ❤ Je n'écris pas souvent de poèmes de ce genre, alors ton retour me fait très plaisir !