5 : Condamner et être condamné

Par Yvaine
Notes de l’auteur : Un poème pour changer un peu ! Toujours dans le même univers, mais le lien avec les deux premières nouvelles est très mince ; j'imagine la première strophe comme une prédiction de Gaüs, de la première nouvelle. Bonne lecture !

Au printemps, l’océan verra naître une enfant

A queue de poisson, yeux rubis et voix éteinte

Loin de la forêt de son père, elle grandira

Jusqu’au triste dénouement de cette planète

 

Un couple vivait dans la forêt, dénudé

La seule certitude était leur amour, mais

Ils n’avaient aucun enfant, rien qu’arbres et fleurs

A leurs yeux, c’était là une malédiction

 

Chaque hiver leur semblait un peu plus froid, mortel

Et leurs deux corps n’étaient pas assez de chaleur

La neige glaciale, le vent mordant, les troncs nus

Les échecs nombreux leur étaient insupportables

 

Puis un matin, quelque chose de bleu apparut

Bleu saphir, bleu larmes, bleu espoir, calme et paix

Les vagues bougeaient au rythme de leurs sourires

Horizon inconnu, ils l’appelèrent « mer »

 

Lorsque les fleurs poussèrent et les arbres grandirent

La femme céda sa vie à un jeune enfant

L’homme s’empressa de consulter l’océan

Il ne savait que faire, ses larmes le tuaient

 

Le grand amour de sa vie lui avait laissé

Un drôle de bébé, aux yeux rouges et muet

Mais ce qui était inconcevable pour lui

C’étaient la queue de poisson et les écailles bleues ;

 

L’océan avait réalisé leur souhait

Pour aider le père, il s’ouvrit et déclara :

« Confie-moi cet être et je l’élèverai

Jusqu’à la mort de la Terre et de ses humains »

 

Le père se dit que sa fille était sauvée

Qu’elle vivrait une vie heureuse et sans soucis

Alors il lui remit un unique baiser

Et la laissa dans les bras tendres de la mer

 

L’homme vécut triste, mais rassuré et calme

Il se consacra à la forêt et ses fleurs ;

La sirène grandit heureuse avec les siens

Regardant son père prier toute l’année

 

Cependant, tous les humains n’étaient pas cet homme

Beaucoup prenaient plaisir à détruire la Terre

Pollution, consommation, brutalisation

En dix ans, seule la forêt était un havre

 

Bientôt, l’océan aussi fut massacré

Sirènes et poissons ne pouvaient plus nager

Perdus au milieu des horribles déchets

La dure mer expulsa la petite fille

 

Aveuglée par le ciel et les nuages blancs

Toute seule sur une terre à l’agonie

Innocente, abandonnée, son cœur d’or en miettes

Le poisson se noya dans le sable affamé

 

Son père n’en sut rien avant le printemps

Pieux, il se rendit au bord de l’océan

Et vit, à la place des vagues, le plastique

Sans hésiter, il se noya dans cet amas

 

Mère tendre, attentionnée, partie pour sa fille

Sacrifice du père pour sauver l’enfant

Petite sirène repoussée, rejetée

Océan condamné par la folie des Hommes

 

Il y avait bien eu du bonheur avant la mort

Des jeux de bulles, des sourires et des rires

Un simple contrat à durée déterminée

Une parenthèse avant l’apocalypse

 

Famille déchirée, aurais-tu pu sauver

Ta planète, ton trésor, tous ces innocents ?

Lignée maudite, aurais-tu pu vivre longtemps

Ou le destin a-t-il jeté les dés sur toi ?

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Nascana
Posté le 28/06/2020
C'est triste. C'est un peu comme si la vie de la petite fille était liée à la vie de la planète. En la détruisant, les humains détruisent cette enfant. C'est tragique.

Le pauvre père que le chagrin rend fou. Et le plastique qui apparait telle une bête immonde.
Yvaine
Posté le 28/06/2020
En détruisant la planète, nous nous détruisons nous-mêmes... C'est tragique, mais il y a des gens qui se battent pour ralentir la fin, la faire reculer, et peut-être même sauver certaines choses. Je voulais dénoncer l'assassinat de la Terre ici !
Concernant le père, il n'est pas vraiment fou ; sa fille est morte, et il se rend compte que c'est un peu de sa faute. Il se donne la mort parce qu'il ne souhaite pas vivre dans ce monde-là. Selon moi, c'est plutôt être sain d'esprit que fou.
Zig
Posté le 06/06/2020
Coucou !

Je rejoins Allie, la poésie te va décidément très bien ! J'adore les poèmes qui racontent aussi des histoire (un peu comme La Loreley de Apollinaire, qui est l'un de mes favoris). Il y a ce petit côté poésie médiévale, avec les ballades et leur contre mélodieux.

J'espère pouvoir lire d'autres choses comme ça, à l’avenir ** (oui je quémande, c'est pas bo de quémander)
Yvaine
Posté le 06/06/2020
Merci, vraiment merci ❤ (Pour Apollinaire : hop, dans ma PAL !)
Ce que tu dis me fait vraiment très plaisir, je n'arrive même pas à l'exprimer >< Tout dépendra des prochaines cartes et de ce que mon inspiration va me conter !
Xendor
Posté le 02/06/2020
Salut Elore. Bigre ! Un texte engagé 🙂 Belle interprétation de la carte Elore. Tu gères 👍C'est tellement la mer noire qu'il faille abandonner son enfant pour au final le retrouver mourir dans ses bras. C'est mélodramatique 😭 Chapeau pour cette nouvelle 🎩
Yvaine
Posté le 02/06/2020
Je pense que tu t'es trompée de personne, je ne suis pas Elore :)
Xendor
Posté le 02/06/2020
Pardon, j'ai fait un lapsus dans ma tête :/
Yvaine
Posté le 03/06/2020
Pas de problème c:
_HP_
Posté le 02/06/2020
Coucou ! ^-^

C'est vraiment super joli ! La poésie que l'on retrouve dans tes textes est présente ici aussi (en même temps C'EST une poésie xD). Je trouve que les vers sonnent très bien et sont harmonieux ^-^
Ca fait plaisir de te voir d'une autre "façon" qu'habituellement, et la poésie te réussit très bien 😄
Bravo pour cette interprétation ♥
Yvaine
Posté le 02/06/2020
Hello !
Merci beaucoup ❤ Je n'écris pas souvent de poèmes de ce genre, alors ton retour me fait très plaisir !
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