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Notes de l’auteur : Désolée pour tout le temps que j'ai mis pour cette suite, j'ai eu un peu de mal à écrire récemment et j'ai l'impression de m'attarder peut-être trop sur les détailles, mais j'espère que cette suite vous plaira :)

Le plafond de ma chambre comporte de magnifiques moulures similaires à celles présentes un peu partout dans la maison.

Je les déteste.

Pas qu’elles soient laides en elles-mêmes : comme je l’ai dit, elles ont sans aucun doute du charme, c’est ce qu’elles représentent que je hais. Je voulais rentrer depuis des mois, mais les revoir m’oppressent. C’est toute la maison que je hais. Sa façade pompeuse, son nombre exubérant de petits salons, son jardin si grand qu’on pourrait s’y perdre. Je hais tout cela.

Je n’y ai pas passé tant de temps finalement. Entre mon arrivée ici à mes 12 ans et mon départ pour L'Observatoire, il ne s’est écoulé que deux ans. Je n’y suis pas chez moi. Je ne sais pas comment quiconque pourrait s’y sentir chez soi.

Aussi bizarre que cela puisse paraître, c’est ce plafond qui finit de me convaincre d’accepter l’invitation.

Je n’ai toujours pas revu Hortense. A mon réveil, le lendemain de mon retour, elle était déjà repartie avec Maddie pour retrouver le calme de la banlieue.

J’irai la voir la semaine prochaine. J’ai tout le temps du monde à présent.

 

Ma mère est évidemment plus que ravie que je me rende chez Mme Renner. Elle se souvient d’un seul coup qu’elle doit appeler presque tous les membres de la famille jusqu’au troisième degré.

Ça ne me dérange pas vraiment qu’elle étale mes réussites auprès des autres à ma place. Je serais incapable de le faire moi-même, bien que cela reste nécessaire pour se faire une place ici. Je n’ai jamais été un grand parleur -c’est impossible de l’être si on a tenu ne serait-ce qu’un an à l’observatoire-, mais je sais en revanche très bien faire semblant. Sourire au bon moment, placer quelques mots formels par ci par là…

Si on peut reprocher beaucoup de choses à l’éducation donnée par ma mère, entre sa rigidité et la distance qu’elle a toujours tenu entre nous, elle m’a malgré tout bien préparé pour affronter le combat perpétuel de l’apparence. C’est sans aucun doute une professionnelle du faire-semblant. Je ne sais pas si c’est un don ou si l’expérience l’a poussé à acquérir ce talent, mais je l’envi.

J’ai appelé Mme Renner en fin de matinée pour prévenir de ma visite. Le majordome semblait s’attendre à mon appel et m’a invité à venir l’après-midi même.

Ma garde-robe n’est plus vraiment à ma taille, et je me contente donc d’une chemise blanche assez ample et d’un pantalon beige.

Je sors de la maison et fais signe à un glideur de s’arrêter.

Ma destination est à l’autre bout de l’enceinte pour mon plus grand plaisir. J’ai envie de voir du paysage après avoir été muré pendant sept ans. Si ça n’avait tenu qu’à moi, j’aurais fait tout le chemin à pied, mais je serais alors arrivé après la tombée de la nuit, et bien après l’heure du thé.

Le glideur commence par traverser de petites ruelles avec des maisons plutôt modestes avant d’enfin atteindre le centre-ville et ses bâtiments époustouflants. Une verdure abondante et pourtant parfaitement ordonnée inonde chaque rue en été comme en hiver grâce au climat tropical de l’enceinte. Mon lieu préféré de cette partie de la ville a toujours été la bibliothèque. C’est un superbe bâtiment sculpté, surplombé d’un dôme en verre finement ouvragé.

Je n’y suis jamais entré. A vrai dire, je ne suis même pas sûr que ce soit réellement une bibliothèque. Il faut être un Lord ou une personne avec les bonnes grâces de la Diva pour y aller. Certains disent même qu’on peut y rencontrer cette dernière, mais ce ne sont probablement que des superstitions.

Le glideur sort du centre-ville et finit par atteindre la muraille qu’il longe. J’aperçois le viaduc qui nous relie à l’extérieur. Malgré sa taille impressionnante il me parait plus petit que la dernière fois que je l’ai vu.

Les vieux bâtiments délabrés de l’extérieur s’étendent presque à perte de vue, jusqu’au désert glacial qui nous entoure. J’adore observer l’extérieur, ce monde hostil et délaissé.

Le véhicule s’éloigne de la muraille et finit par atteindre les beaux quartiers.

La maison de Mme Renner est plus ce qu’on pourrait appeler une villa avec sa large façade et ses dizaines de fenêtres.

Le majordome sort et vient à ma rencontre avant même que je puisse sonner. 

-         Si Monsieur veut bien me suivre.

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