4ème Trouble : Mourir

Par MrIous

14 heures 30, je n’ai pas été en cours, c’est vrai. J’en ai un qui commence dans 30 minutes. Avec mes étincelles j’aurais le temps d’y aller. Est-ce que c’est une bonne idée ? Non, je ne sais pas ce que je vais faire. Je vais vérifier ma théorie, comme quoi je peux maîtriser mes entrées et sorties dans mon histoire. Assis au bord de mon lit, j’essaie de m’imaginer la suite des évènements depuis la dernière fois. Je suis tombé du toit et j’ai vaincu Lucas. Thibault a eu sa crise pour mieux maîtriser son étincelle, et les antagonistes de cet arc ont fait leur apparition : Youssef, Hana, Paulo, Anton et Sammy, alias les Démons Béni. Je vois le combat de Sammy contre Corentin, celui de Susie contre Paulo, Lucas contre Anton, Thibault contre Hana, l’évasion des autres amis de Driss et enfin… qu’est-ce qui se passe ? Tout s’est arrêté… mes yeux sont ouverts, il fait nuit et mon torse est transpercé, mon cœur est… écrasé par la main de Youssef. Merde… le syndrome…

Une fois de plus, je suis projeté à l’intérieur de la tête de Driss ne pouvant qu’observer le déroulement des choses. Je suis seul, Driss garde le contrôle de son corps mort. Quel intérêt de vivre ça, si je ne peux pas faire de choix ? Le choc de voir mon cœur arraché m’a-t-il attiré ici sans raison ? Est-ce que ça m’a déconcentré au point de me condamner ici ? Non, je devrais pouvoir ressortir non ?! J’ai été capable d’arriver, je peux repartir… je dois imaginer mon quotidien. Je me lève, je mange, je vais en cours, je ris, j’apprends, je prends le métro, je bosse mes romans… je… je… je suis toujours dans la tête de Driss ! Bordel !  Qu’est-ce qui ne va pas ? Comment j’ai fait ? Arh, c’était trop tôt ! J’ai voulu me presser ! Fais chier ! J’ai rien saisit du tout… j’en ai marre :

« - Eh Créateur, regarde ! Me lance Driss.

- Quoi ? … … Oh bordel ! Benjamin, Alexandre ! »

 

Je les vois. Ils sont au loin. Je ne sais pas pourquoi, mais Driss, bien que conscient du danger qu’ils risquent avec Youssef devant eux, il ne bouge pas. Il se contente d’observer… … c’est vrai, Driss est comme ça. Si j’avais écrit ce passage, Driss se serait dit qu’avoir Orel et Seth comme allié avec des pouvoirs seraient un bon avantage. Certes, il veut par-dessus tout leur sécurité, mais s’ils peuvent l’aider à atteindre son but, il n’hésitera pas à les laisser dans le pétrin qu’ils sont. Driss est quelqu’un qui vit énormément pour ses convictions et il est l’une des rares personnes qui abandonne au bout du premier échec… surtout qu’il a déjà perdu la vie, alors il n’a plus grand-chose à perdre. Youssef plaque sur Benjamin et Alexandre ce que j’ai appelé des Oursins dans Open Wounds. Ce sont des objets sphériques où sont conservées des étincelles. Plaqués sur un humain normal, l’Oursin va envoyer l’étincelle en lui et lui donner. En gros, Youssef est en train de donner une étincelle à Benjamin et Alexandre. En faisant cela, un écran de poussière se soulève et la seconde d’après, Benjamin et Alexandre ont disparu.

Je le savais… tout se passe comme prévue… et pourtant… je regarde dans le vide, je ne veux penser à rien. Comme si tout ce que j’allais faire après ça relèverai de la mécanique, d’une suite d’évènement déjà connu et si ennuyante à reproduire… à côté de ça, Driss s’amuse comme un fou, il tient tête à Youssef et après deux attaques surpuissantes, on sera projeté dans les airs avant de nous écraser dans un bâtiment abandonné.

Qu’est-ce qu’il s’est passé déjà ? J’ai mal partout, mon corps est engourdit. Il fait encore nuit. La poussière chatouille mon nez. Qu’est-ce que je devrais faire ? J’ai… j’ai…

 

 

« - Victor !

- AH ! M’écrie-je. Ambre ?!

-Tu vas bien ?

- Ouais, je vais bien, mais qu’est-ce que je fous là ?

- Bah, on a cours.

- Mais… … oh bordel. Dis-je en m’affalant sur ma chaise.

- T’es sûr que ça va ?

- Je te raconterai plus tard… … attends, non, rien ne va ! Rien ne va plus ! Je dois partir ! Mainten- arh ! »

 

Merde ! L’impact de mon histoire sur la réalité !  Le syndrome zombie ! Il est en train de faire effet. Tout mon corps tremble et j’ai comme cette impression d’écrasement dans mon cerveau, comme si on le remplissait de je-ne-sais-quoi. C’est complètement différent de tout à l’heure. Je vois tout de mes propres yeux. Ma chute, les autres qui se rassemblent et moi qui tente de les dissuader d’approcher. Je vais devenir dangereux. Je ne vais pas pouvoir le retenir longtemps, le syndrome prend possession de mon corps. J’ai mal ! C’est douloureux ! Aidez-moi ! Mon corps bouge tout seul ! Il se lève, et il va attaquer ! Ambre, fuis ! Dégagez de là les gens ! Ne soyez pas cons ! Vous voyez bien que je suis censé être mort ! Vous l’avez vérifié ! Non ?! Non !? Ne restez pas planté là et courez ! Une vitre se brise ? Mon corps se tourne automatiquement vers le bruit. C’est K ! Comment est-ce qu’il a su ? Est-ce qu’il va au moins pouvoir m’arrêter ?

« - Eloignez-vous de lui ! Immédiatement ! Crie-t-il. »

 

Mon corps réagit avant tout le monde, il saisit un gars à la gorge et le jette violemment contre un mur, où sa tête va s’écraser et répandre une large marque de sang. Je viens de- je viens de… tuer quelqu’un… oh bordel, non ! Non ! J’ai rien fait ! Ce n’est pas moi ! C’est le syndrome ! C’est ça ! C’est le syndrome que j’ai reçu à cause de Warren ! Je ne dois pas chercher trop loin ! K ! Aide-moi ! S’il-te-plaît ! Arrête-mo-

 

 

Ouuuh~~~ franchement, la dernière chose dont je me souviens c’est un choc électrique, et puis c’est tout. Ne me dis pas que c’est la seule chose qui te vient à l’esprit ?! Non, je suis où là ? Une pièce, sans fenêtre, bien éclairé et aménagé du lit sur lequel je suis, d’une table de nuit, d’une armoire et d’une table avec chaise. Un petit appartement, ou une chambre d’hôtel. Une odeur étrange me chatouille le nez et c’est quand mon regard glisse sur mon bras qu’il tombe sur une énorme tâche de sang. Cet odeur de fer venait de là… … c’est vrai, j’ai tué quelqu’un. La tête soudainement dans les mains, je me mets à y penser, à revoir chaque détails comme si je le faisais et la seule réaction qui me vient à ce moment : c’est le rire. Un rire incontrôlable vient exprimer ma confusion et ma détresse. J’ai tué quelqu’un… ces mots résonnent comme une bonne blague, avec une bonne dose d’humour noir, le fou rire ne tardant pas à se manifester, je roule sur le lit en m’esclaffant. La porte s’ouvre, peu importe. On s’approche de moi alors que mon rire dément se prolonge. C’est Ambre qui m’attrape par le col de mon manteau et me met une dizaine de claque avant que je ne m’arrête. Je la regarde, choqué. Je ne comprends pas moi-même ce qu’il s’est passé. Moi non plus. Son regard n’inspire que de l’inquiétude :

« - C’est pas drôle Victor ! Tu pleures ! »

 

Je… pleure ? Ah… j’ai pleuré… c’est dingue. Avec mes joues crispées par le rire, je n’ai pas fait attention à mes larmes. K s’approche à son tour et m’aide à me relever. Il me demande si tout va bien, et je dois bien avouer qu’il est difficile de dire que TOUT va bien. Je suis un peu rassuré de savoir que c’est moi-même qui choisis quand rentrer dans mon histoire, mais pour le reste… j’ai tué quelqu’un sans le vouloir et ça aurait pu aller plus loin. K m’emmène jusque dans une autre salle en traversant des couloirs, eux, complètement isolés de l’extérieur. En plus, ils se ressemblent tous, c’est un véritable labyrinthe cet endroit. La nouvelle salle est plus grande que la chambre dans laquelle j’étais. Au milieu, une table très grande en longueur, mais large de deux places. Des deux côtés de la salle, pleins d’ordinateurs qui m’ont l’air mille fois plus puissant que le mien. Enfin, tout au fond, de grandes capsules… je ne vois pas comment appeler ça autrement. Des capsules qui vont sûrement servir, mais à quoi ? La réponse me fait peur. Au bout de la table, juste devant ces capsules, Benjamin et Alexandre sont assis là, se tenant la tête.

« - Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Demandé-je en les rejoignant une main sur la tête aussi.

- Ça fait mal de recevoir une étincelle. Dit Alexandre.

- C’est la phase d’apprentissage, c’est un paquet d’information qui sont livrés dans le cerveau en quelques fractions de secondes. Expliqué-je.

- Tu m’étonnes, j’ai l’impression qu’on m’a écrasé le cerveau avec une encyclopédie énorme. Se plaint Benjamin.

- Pas mal l’image.

- Je fais de mon mieux. Et toi ton mal de crâne ?

- Syndrome zombie. J’ai tué quelqu’un. Et les claques d’Ambre.

- La totale quoi. Ajoute Alexandre.

- On va dire ça comme ça… … minute, K, en analysant bien la situation et au vue de cette endroit, je dirais qu’on est sous terre et que c’est une de tes planques, exact ?

- Grossièrement oui, sinon c’est ma maison, je préfère, mais bon.

- OK, donc tu m’expliques pourquoi Ambre est là !? M’écrie-je d’un coup en me levant avant de retomber sur ma chaise la tête plaquée sur la table.

- Elle m’a aidé à évacuer les lieux et est resté à côté de toi pour te surveiller. J’ai jugé bon de l’emmener.

- C’est une très mauvaise idée ! Qu’elle rentre tout de suite ! Continué-je malgré mon mal de crâne.

- Je suis là, tu peux me parler tu sais. Dit-elle en levant le bras derrière K. »

 

Personne n’a l’air de me suivre alors je me permets d’éclaircir ma panique. Warren est bien décidé à me faire agir selon son bon vouloir, il a déjà menacé de mort deux de mes amis et à cause de ça, ils se sont retrouvés embarqués dans mon histoire. Je suis sûr que Warren n’hésitera pas à ré-étirer une expérience pour entraîner quelqu’un d’autre là-dedans, Ambre est une cible potentiel. Benjamin me demande pourquoi, vu que je n’ai crée aucun personnage dans Open Wounds qui s’inspirerait d’Ambre. C’est vrai, mais il y a un personnage qui pourrait lui ressembler au moins physiquement : Noémie. C’est bien le dernier personnage qui devrait être incarné dans mon histoire. Tout simplement parce qu’elle est folle amoureuse de Driss… donc de moi ! Certes Ambre a la peau bronzé comparé à Noémie qui est vraiment noir, mais rien n’empêche. La moindre ressemblance peut être un prétexte pour Warren. Cette réflexion m’avait parcouru rapidement l’esprit hier, mais me dire que ça risque d’arriver, ça non ! Ambre doit partir :

« - Attends, tout ce que j’ai à faire, c’est de ne pas te toucher c’est ça ?! Lance-t-elle.

- Même, ça reste trop dangereux ! Enchaîné-je. En plus, qu’est-ce que tu peux nous apporter ?

- Une personne normale ici, ce ne serait pas de refus hein. Fait savoir K vite fait.

- Non, mais ça veut rien dire ça. Réponds-je dépité.

- Je suis tout seul ici pour un moment, tous mes coéquipiers sont en mission. Je ne peux pas entretenir cet endroit tout seul et vous serez trop occupé avec ton histoire. Je suis pour qu’elle reste, pour m’aider tu vois.

- Bon, euh, vous savez quoi, je m’emporte là, c’est pas bien. Désolé. K, t’aurais une salle où on peut se défouler ?

- Oui, la salle d’entrainement, elle peut résister à tout.

- J’espère pour toi. »

 

Il m’indique oralement où se trouve cette fameuse salle. Je retiens l’itinéraire et m’y rends immédiatement. Une fois à droite, deux fois à gauche et c’est la deuxième porte à droite. J’y suis. Je vais pouvoir tout lâcher. Un long et strident cri que je pousse avant de sauter au milieu de la salle en y abattant mon poing au sol. Désormais, plus rien ne compte. Ça arrive… encore une fois et je peux enfin m’exprimer.

 

Je me souviens de ces nuits… ces longues nuits de torture mentale. Pour une raison qui me paraît inconnu, parfois, la nuit une sorte de rage surgit à l’intérieur de moi. Mes dents grincent, ma bouche se crispe dans un grognement animal, une envie irrépressible de mordre me vient, j’ai envie de frapper, de cogner de partout, je gratte le sol et salive à l’idée de dévorer la première  chose qui viendra se loger dans ma gueule. Mon corps entier redevient animal, je me suis pris parfois à me retrouver à quatre pattes.

Tout ça n’arriverait pas si tu ne te parlais pas tout seul ! Comme si c’était ma faute !? Ça vient comme ça ! Je n’y pense pas et ça vient ! Contrôle-toi ! Plus facile à dire qu’à faire ! On voit bien que c’est pas toi qui- ! Bah en fait si ! Arh la ferme ! Je la ferme si je veux ! T’es vraiment chiant quand tu t’y mets ! Fais gaffe je peux être très con aussi ! Je vais planter ma connerie dans ta gueule tu vas voir ! Tu te frappes toi-même, génial ! Te fous pas de moi !

« - Eh Créateur ! C’est pas le moment de perdre la boule !

- Driss ? »

 

Je me retrouve plongé encore une fois à l’intérieur de ma tête en compagnie de Driss. Il me confie un évènement étrange qu’il a vécu il y a quelques heures de ça. Warren lui serait apparut. Il lui aurait fait une offre. Littéralement, il aurait dit : ‘‘Je viens te proposer la liberté. Libéré de ton créateur tu pourras vivre comme tu l’entends, tu ne seras plus entravé par ton tragique destin qui t’attends dans la tête de cet écervelé ! Je pourrais faire venir tes amis aussi si tu veux, ce n’est pas impossible ! Choisis ! La liberté ou restreint à ton destin ?’’ Quel choix a fait Driss ? Quelqu’un comme lui, qu’est-ce qu’il choisirait ? La réponse me- :

« - J’ai refusé. Me dit-il.

- Pourquoi ça ? Demandé-je pris de court.

- Ta réalité… n’est pas faite pour nous accueillir. Je ne pourrais pas accomplir ce que je veux dans ta réalité, je ne pourrais pas grandir, je ne pourrais pas m’épanouir, je n’aurais peut-être jamais de famille… … dis-moi au moins une chose Créateur… est-ce que dans ton histoire, nous sommes heureux ? »

 

Je peux sentir sa tristesse, il a peur d’avoir fait le mauvais choix. Moi j’hésite… dois-je lui dire tout ce qu’il va lui arriver ? Est-ce que c’est le bon choix ? L’histoire n’en sera-t-elle pas altérée par sa nouvelle façon de penser ? Je dois bien choisir mes mots, je n’ai pas le droit à l’erreur. Une seule parole de travers et c’est tout une histoire qui dérive vers un destin que je ne pourrais peut-être pas prédire et éviter. Driss… en toute honnêteté…

« - Ta vision d’être heureux… je la connais bien. Elle est similaire à la mienne. Tu perdras beaucoup de chose en route. Des gens vont mourir qu’ils soient des connaissances, des proches, des inconnus, des alliés ou des ennemis… mais je peux te jurer une chose… ton avenir est à nos yeux… très beau, je dirais même admirable.

- C’est pratique d’avoir un Créateur qui vous ressemble.

- C’est bien quand t’as création est raisonnable. Nous le savons tous les deux…

- Se rebeller ne mènera à rien…

- Chercher à fuir sa réalité est inutile…

- Croire Warren est une bêtise…

- Rien ne prouve qu’il puisse faire ce qu’il dit…

- Alors dans le doute…

- Soit on le force à le prouver…

- Soit on gagne notre propre liberté. Nous sommes d’accord. »

 

S’allier à Warren n’a aucun sens, il n’a aucune compassion envers moi depuis le début, pourquoi se préoccuper du futur des autres tout à coup ? Pourquoi promettre cela alors qu’il met en péril la vie du Créateur ? Parce qu’il ment, il n’a aucun moyen de tenir sa promesse, mais comme on dit souvent : l’espoir fait vivre, et nombreux sont ceux qui en ont besoin, d’espoir. Ça fait trop longtemps que je m’exprime au travers de mes histoires pour savoir cela. Je ne peux faire confiance qu’à moi-même… alors je peux faire confiance à mon alter ego, mon autre moi : Driss. Il est temps de me calmer.

 

Je me vois, allongé au milieu de cette salle cabossée par mes coups surhumains. Je suis essoufflé, je fixe le plafond en reprenant mes esprits, comme si j’avais eu un moment de blanc durant quelques minutes, par terre comme ça. Je me redresse doucement et constate les dégâts. K ne m’a pas mentit en disant que cette pièce était résistante à tout. J’entends la porte s’ouvrir, je regarde dans sa direction. K entre, suivit d’Ambre, Alexandre et Benjamin. Je soupir et leur assure que je vais mieux, que j’ai pu mettre les choses au clair et que j’ai une demande à faire à K. Tout en me relevant, je lui demande d’enlever cette capuche qui cache son visage depuis le début. Qu’il se cache comme ça auprès d’allié m’apparaît comme étrange, surtout pour quelqu’un comme K. J’affirme avoir appris quelque chose d’important à propos de Warren, mais qu’il fallait que j’éclaircisse ce point. Qu’est-ce que K nous cache !? Il hésite un moment, et suite à mon insistance, il finit par se décider. Il retire petit à petit sa capuche et nous découvrons ce qu’il lui est arrivé. Le visage de K… n'existe plus. Ce qui nous regarde et nous parle depuis le début est une tête sans visage. Pas de bouche, pas d’oreille, pas d’yeux, pas de nez, ni de cheveux, rien… juste une peau grise, dessinant à peine ce qu'il reste de ses traits…il a tout perdu. Comment c’est possible ?

« - Tu n’es pas la première  victime de Warren. Annonce-t-il. D’autres et moi-même avons échoués. Voilà ce qu’il se passe quand nous mourrons dans nos histoires, nous perdons toutes identités, nos noms, nos visages disparaissent et nous laisse sans marque. Tu veux une preuve ?! Essaie de te rappeler de mon prénom.

- C’est simple c’est Cy… … c’est…

- Tu vois. Dit-il en recouvrant son visage. Nous ne sommes plus beaucoup dans mon cas. Warren double d’intensité ses recherches et provoquent des disparitions en chaîne. Victor… tu fais partie d’une génération spéciale, d’autres potes à nous sont entraînés là-dedans, mais grâce à la longévité de vos histoires, on a décidé d’exploiter au mieux ce phénomène et de le retourner contre Warren.

- Minute, s’exclame Ambre, c’est qui ces potes ?

- Il y a de ça deux ans je dirais, précisé-je, j’étais sur un forum où je publiais mes chapitres d’Open Wounds, c’était assez populaire et j’ai mené l’histoire jusqu’au chapitre 100 au moins sur le forum. Je n’étais pas seul, il y avait Neo, le Doc, K, Lucie… tellement de monde. K, qui est impliqué ?

- Justement, ceux que tu viens de citer. Je savais pas que tu connaissais Pandora au point de connaître son prénom.

- C’est une longue histoire. Ça va être la guerre ! M’écris-je en fonçant vers la sortie.

- Eh, qu’est-ce que tu racontes ? S’exclame K.

- Désolé, mais je suis du genre à me soucier plus des autres que de moi-même. Le forum, c’est là-bas que tout a commencé pour mes histoires et moi. C’est là-bas que j’ai appris à me perfectionner, que j’ai fais des rencontres géniales : mon co-auteur actuel, une amie en or que j’ai déçu, un type comme toi K qui me ressemble beaucoup sur ce point ! Rien que le fait de vous imaginer vous ou qui que ce soit d’autre impliqué dans ce merdier… ça me met dans une rage qu’un seul coup de poing ne suffirait à exprimer. Je vais retrouver Warren et je lui ferai ravaler ses ambitions, ses paroles, ses menaces ! Je vous rendrez votre identité ! Suivez-moi ! J’ai un plan ! »

 

Je quitte la pièce en donnant un dernier coup dans le mur de la salle et je me dirige vers celle avec les capsules et les ordinateurs. Je n’arrive toujours pas à mettre des mots sur ma colère. C’est tellement frustrant de se dire que je suis capable de beaucoup de chose avec mes capacités, mais que je suis si restreint en action. Je ne sais pas quelle est le but de Warren et je m’en fiche de toute façon. Je ne le laisserai pas faire plus longtemps. Je ne veux pas perdre mon visage et mon nom, je ne veux pas que ça arrive aussi aux autres. Je dois faire quelque chose, avec mes pouvoirs, je peux y remédier. J’arrive dans la salle à capsule et m’assois au bout de la table. Je vois les autres arriver et entame le début d’une autre discussion, toujours avec cette pointe de colère dans ma voix :

« - K, qu’est-ce qu’on sait des autres ?

- Des autres ?

-Neo, Lucie, le Doc…

- On observe Neo et le Doc depuis avant-hier. Leur situation est spécial et le déroulement de leur histoire aussi. Pour Pandora… disons qu’on l’a… enfermé.

- Hein ? Quoi ? Répète…

- On l’a enfermé.

- Mais pourquoi ?

- Trop dangereuse. Le pouvoir de son personnage dépasse l’entendement, en plus, elle n’en fait qu’à sa tête. Elle peut entrer et sortir de son histoire quand elle veut, elle a un don pour tout contrôler. Même Warren ne veut pas s’intéresser à elle. Mes supérieurs ont réussi à négocier.

- Et donc ?

- On lui a dit que vous étiez impliqué, toi et les autres. Du coup, elle a dit qu’elle acceptera de coopérer à une seule condition…

- D’accord, j’ai compris, on y va. Alexandre, Benjamin, allez découvrir vos étincelles dans la salle d’entrainement où j’étais tout à l’heure. Ambre… si tu veux, va avec eux. K, on va voir Lucie. »

 

Je dis cela en sortant de la salle, et K est surprit. Il se demande si j’ai bien compris où il voulait en venir, si j’ai bien deviné la condition de Lucie. Je lui réponds que oui, au moment où elle a su que j’étais impliqué, il ne pouvait y avoir qu’une seule condition qui pourrait la faire coopérer. Cette condition, c’est d’être avec moi. Rien n’aurait pu l’arrêter si je n’avais pas été impliqué. C’est pas comme si je ne l’aimais pas et elle m’impressionne un peu… mais quand même, c’est une histoire de vie ou de mort, c’est pas le moment de faire des caprices. Je ne pense pas que lui parler va changer quelque chose, mais bon, je peux toujours essayer. Au fait…

« - Elle est enfermée où ?

- Pas ici en tout cas… elle est dans le Sud, pas loin de chez elle à Monaco.

- Hein !? M’écrie-je. Mais, on est dans le Nord ! Comment tu veux y aller ?

- C’était ton idée à la base.

- Euh… c’est pas faux… et donc, comment on y va ?

- J’appelle un ami à moi, attends. »

 

Il prend un portable et passe un court appel. La seconde d’après une voix que je ne connais pas apparaît derrière moi, je sursaute et vois une autre personne au visage couvert comme K. Une autre victime de Warren. Par où est-ce qu’il est arrivé ? Derrière lui… c’est une impasse. Tiens, elle était là cette impasse tout à l’heure. C’est quoi cet endroit ? Le nouvel arrivant, nous touche à une épaule K et moi. Un haut de cœur me prend et je ne reconnais plus les lieux. On est où ? En deux secondes, on vient de passer d’un couloir à un autre. Celui où l’on se trouve maintenant est plus large et est coloré en blanc, contrairement au beige terne de tout à l’heure, qu’est-ce qu’il s’est passé ? Je me retourne pour poser la question à l’étrange ami de K, mais il n’est plus là, disparut. Bon, c’est bon là qu’on m’explique un peu :

« - Tu es surpris, ça se lit sur ton visage. C’était un ami, C, il peut se téléporter à côté de quelqu’un peu importe où il est, ou encore dans un endroit qu’il a déjà visité uniquement. Il a aussi des sens surdéveloppés.

- Attends, si c’est quelqu’un comme toi… vous n’avez pas perdu vos pouvoirs après votre mort ?

- Si, mais la technologie crée des merveilles. Nous avons un implant dans la nuque qui stimule notre système nerveux et notre cerveau, cela nous permet de recréer l’histoire qui nous était liée, que nous pouvons manipuler sous forme de pouvoir comme la téléportation pour C.

- Oh, ingénieux.

- Ironiquement, cette technologie n’aurait jamais vu le jour sans Warren.

- Sans Warren, tu serais en vie, en quelque sorte. »

 

Difficile de répondre quoique ce soit à cela, je comprends son silence, il aurait souhaité lui aussi ne pas mourir, de rester dans son quotidien… même ennuyeuse, notre vie est plus importante que des sensations fortes qu’on rêve tant dans nos histoires… la vie, n’est pas un jouet. 

K m’emmène vers une porte se trouvant à trois tournants de là où nous sommes arrivés. Apparemment, la téléportation de C n’est pas très précise. K me présente une porte blindé et m’indique que derrière, il y a Lucie qui n’attend qu’une chose : mon arrivée. À la vue des gonds de la porte, je devine qu’elle va s’ouvrir vers l’extérieur. Je conseil à K de s’éloigner un peu, quant à moi… je toque à la porte et m’annonce. J’entends des bruits de course, je fais un pas en arrière, la porte s’ouvre brusquement et quelqu’un me saute au cou. Je reste debout en portant ce poids qui s’accroche à moi et qui s’écrie :

« - Yahou ! Lapinou ! Je te vois enfin en vrai ! »

 

Accroché à moi comme cela, je regarde deux secondes dans ses yeux pleins d’étoiles, puis je regarde K d’un air toujours stoïque que j’ai depuis mon arrivée. J’en peux plus, j’éclate de rire. Cette situation est ridicule. C’est plus fort que moi, je rigole alors que Lucie me lâche et se demande ce qu’il y a de si drôle.

« - Ha, désolé, mais depuis le début je peux plus me retenir. Fallait que ça sorte. Content de te voir aussi Lucie.

- Pandora, commence K, nous avons remplit notre part du marché.

- Je vous ai déjà dit que j’avais les pouvoirs d’Aurora, alors vous m’appelez comme ça !

- Je suis habitué à Pandora.

- On s’en fout, Lucie reste Lucie. Dis-je.

- Tu vas pas t’y mettre aussi. Répond-elle dépitée.

- Lucie, écoute, on est tous en danger de mort, soit raisonnable et écoute ce qu’ils ont à dire.

- Mais ils voulaient m’enlever des pouvoirs.

- Bon, récapitulons. Le pouvoir d’Aurora, donc le tiens, c’est d’être immortel et d’utiliser les pouvoirs des autres en mangeant leur cœur. Primo, c’est dégueulasse, mais on fera avec… deuxio, certains pouvoirs que tu peux avoir sont beaucoup trop dangereux, il faut imposer une limite, sinon on arrivera à rien… tercio, t’es immortel certes, mais ça ne t’empêche pas de souffrir, ne t’y crois pas trop en te disant que de toute façon tu ne peux pas mourir, tout le monde à un point faible. D’accord.

- Bah, oui. Dit-elle.

- Hein ?

- Je sais tout ça, je vais coopérer.

- Quoi ? Mais… K, tu m’as dit que vous aviez dû mal à te tenir.

- Ouais, mais je t’ai dit aussi qu’elle a dit qu’elle coopérera quand tu seras là.

- Hein ? J’ai fait ce speech pour rien là ?

- Ouais. Répondent-ils en même temps.

- Quel con ! Je vous attends au bout du couloir, je vais évacuer un peu de connerie de mon cerveau, hein. »

 

Je me suis cru où moi sérieux, ça n’a aucun sens, y doivent bien en rire les deux là. Au moins Lucie va bien et elle n’a pas changé. Maintenant que j’y pense, si le personnage principal de l’histoire de tout le monde était immortel, on n’aurait pas autant de problème avec cette histoire de mort ou je-ne-sais-quoi. Pourquoi ce n’est pas le cas ? Je me le demande. Si je crée un personnage immortel… pour ma part, j’essaierai à tout prix de lui trouver une faiblesse, de faire en sorte qu’il ne soit pas complètement immortel, parce que sinon, ce n’est pas intéressant. Un personnage qui ne peut pas mourir ? Et puis quoi encore, tout ce que ça peut donner c’est un personnage trop sûre de lui et limite hautain envers les autres… je trouve ça d’une tristesse. Lucie a accepté ce personnage d’une certaine manière, même si elle a dû réserver une partie mortelle pour son personnage, ça doit être extrêmement difficile pour la tuer. Encore heureux j’ai envie de dire, comme ça on peut être sûr qu’elle ne risque quasiment rien. Je réfléchis à tout ça, jusqu’à ce que mon portable vibre. Je décroche :

« - Allô ?

- Allô, Victor ?

- Ambre, qu’est-ce qui se passe ?

- Bah, c’est à propos d’Alexandre et Benjamin.

- Qu’est-ce qu’ils ont ?

- Disons que… … malgré les connaissances qu’ils ont acquis dans ton histoire, ils n’ont toujours rien compris aux étincelles.

- D’accord, je vois… j’arrive. Dis-je en raccrochant. C’était déjà pas assez compliqué comme ça tiens… me plains-je. 

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