41. Ce qui vient du ciel

Par tiyphe
Notes de l’auteur : /!\ Ce chapitre peut heurter la sensibilité des plus jeunes /!\

Lucas

Lucas avait eu le temps de se retourner pour voir Mia disparaître dans un nuage de fumée grisâtre. Il avait reconnu l’œuvre de Jacques, Sibylle avait subi exactement le même sort que la surfeuse. Une boule s’était formée dans sa gorge en y repensant, tandis que la jeune Indienne s’était effondrée. Elle aussi avait perdu un être cher. Allongée au sol, elle ne s’était plus défendue. Le Créateur avait dû prendre les choses en main. Pour la protéger, il avait continué de tirer sur les ombres qui les encerclaient.

Très vite, le groupe de Louise les avait rejoints. Un garçon s’était affalé près de Gyanada pour la consoler. Lucas ne s’était pas aperçu du sentiment de soulagement qu’il avait éprouvé en découvrant la Princesse, saine et sauve. Elle avait fait claquer sa corde qui émettait de vives lumières bleues ressemblant à celles de ses propres lasers avec des tons électriques.

La femme à la chapka aida le jeune couple à se relever. Pendant ce temps, Lucas et Louise se battaient contre les monstres de l’obscurité, lui avec son arme lourde, type fusil d’assaut, et elle avec son long fouet. Elle le faisait tournoyer autour d’elle, si gracieusement que le jeune homme se perdit dans la contemplation de cette danse. Ses cheveux volaient sans sembler la gêner. Sa combinaison était déchirée par endroits, laissant apercevoir sa peau, si blanche par rapport au noir de ses bottes en cuir.

La Princesse dut remarquer son regard puisqu’elle envoya le faisceau vers son visage. Il voulut se protéger, mais ce n’était pas lui qu’elle visait. Un cerf à deux têtes éclata en millions de petits fragments scintillants.

« Merci. », dit-il à la jeune femme.

Elle hocha le menton et reprit sa chorégraphie hypnotique. Lucas détacha finalement son regard. Il devait trouver Jacques. Ses lentilles de vision lui permettaient de percevoir clairement son environnement, mais aussi de discerner des silhouettes thermiques. Il se tourna dans la direction où avait disparu la jeune Mia. La femme russe avait fait évacuer le couple et revenait au pas de charge pour les aider, lorsqu’un liquide noir tacha son tailleur beige. Il s’écoula sur le reste de son corps et, l’instant d’après, elle n’était plus qu’une petite brume grise qui s’évaporait.

« Merde, s’énerva Lucas en pensée. Jacques est bien dans le coin, fit-il à l’attention de Louise qui semblait inarrêtable. Il vient d’emporter Potanushka. »

La jeune femme s’immobilisa. Elle fit de grands yeux. Qu’ils étaient beaux. Ils ressemblaient à deux émeraudes que l’on aurait déposées délicatement sur le visage d’une poupée.

« Irinushka ? », demanda-t-elle, l’émotion dans le ton se ressentant comme si elle avait prononcé ce nom à voix haute.

« Oui, pardon. », s’excusa Lucas.

Il distingua une balle de matière noire s’écraser à quelques centimètres de lui. Instantanément, il se retourna, prêt à faire feu avec son arme. Il aperçut un fusil sur une grosse pierre. Jacques campait derrière, il le voyait à l’aide de ses lentilles. Lucas s’avança et tira pour faire exploser la roche. Elle éclata, dispersant plusieurs débris autour d’eux et laissant apparaître l’homme. Deux revolvers se matérialisèrent dans ses mains alors qu’il se relevait, faisant face aux jeunes Créateurs.

— Tu penses vraiment pouvoir m’effleurer avec ça ? ricana le garçon.

— Au pire, je te touche. Au mieux, j’atteins la Princesse en te visant, rétorqua son adversaire.

Louise avait rejoint son compagnon et se tenait en position de défense comme le lui avait appris Lucas.

— Pourquoi fais-tu tout cela, Jacques ? s’écria la dirigeante. Pourquoi n’es-tu pas venu nous voir pour nous annoncer que tu es un Créateur, toi aussi ?

L’ancien ingénieur ricana. Son air était mauvais et le jeune homme qui assistait à l’échange pouvait apercevoir le Mal dans ses yeux obscurs.

— Pour me faire rejeter comme la première fois ? tonna-t-il de là où il se trouvait.

« De quoi parle-t-il », demanda Lucas en ne s’adressant qu’à la jeune femme.

Louise semblait un peu mal à l’aise, mais se reprit rapidement :

— C’était il y a plus d’un siècle, Jacques, répliqua-t-elle. L’eau a coulé sous les ponts, ressaisis-toi. Il n’est peut-être pas trop tard.

— Pour moi, non. Mais pour toi, c’est terminé Princesse ! lâcha-t-il sous la colère.

Pour illustrer ses propos, il tira un coup, puis un second. Ils passèrent tout près du garçon, qui était resté immobile, sans le toucher. Ce dernier ne put s’empêcher de rire, jusqu’à ce qu’il entende :

— Lucas…, murmura la voix de Louise derrière lui. J’ai froid…

Effrayé de la voir disparaître, il se tourna vivement, oubliant que Jacques essayait de lui tirer dessus. Aucune trace de la matière gluante ne se trouvait sur la jeune femme. Puis il comprit. Une ombre se glissait à travers elle. Le monstre la franchit, comme si elle n’était pas un corps physique, et continua sa route vers un morceau de rempart.

— Merci ! railla l’homme dans son dos. Ça va me faciliter la tâche.

Deux nouveaux coups furent tirés. Lucas n’eut pas le temps de se retourner. C’était trop tard, il allait finir en Enfer, Louise aussi. Au moins, il pourrait retrouver Tom, le revoir, le rassurer. Mais rien ne se produisit. Il ouvrit un œil, puis l’autre. Il avait entouré Louise de ses bras pour la protéger. Lorsqu’il recula, il aperçut son regard figé qui semblait observer derrière ses épaules. Il tourna la tête. Ses ailes s’étaient déployées d’elles-mêmes. Un liquide noir dégoulinait des plumes, toutes aussi sombres. La substance visqueuse s’évapora avant même de toucher le sol.

— Comment ? s’exclama l’homme, apparemment décontenancé.

Lucas lui fit face. Jacques le pointa de son pistolet et appuya une fois de plus sur la détente. La balle d’ichor fonça vers le cœur du garçon. Mais son aile droite s’interposa et repoussa la petite sphère loin d’eux. Elle s’écrasa sur une pierre et disparut dans un nuage de poussière.

Sans plus réfléchir, Lucas prit de nouveau Louise dans ses bras. Elle était immobile, mais son corps n’était pas entièrement figé. Le jeune homme réussit à la tenir sans la blesser. Il fit battre ses ailes, tandis que Jacques essayait tant bien que mal de le toucher. D’un coup puissant, il s’envola dans les airs. Une brise fraîche lui chatouilla le visage alors qu’il emportait la Princesse loin de cet homme fou. Il atterrit avec aisance sur le balcon de la chambre royale et y entra rapidement. Le Créateur déposa la jeune femme dans son grand lit.

— Je m’occupe de lui, Princesse, lui promit-il. Reste là.

Il crut lire dans les yeux de Louise "Je ne peux pas bouger, abruti !" et apercevoir quelques étincelles s’échapper de ses doigts, mais l’homme ailé s’engouffrait de nouveau dans l’ouverture vers la terrasse et plongeait vers Jacques qui l’attendait. Le démon s’était muni d’une arme plus imposante. Les sphères de matière noire qu’il tirait étaient de la même taille que celle qui avait envoyé Sibylle en Enfer.

Dans les airs, Lucas esquiva facilement les rafales de l’homme. Il répliqua avec une petite mitraillette. Jacques était agile, il évitait également la plupart des balles. Celles qui le touchaient se faisaient désintégrer instantanément sans le blesser. L’ancien ingénieur avait dû conserver son bouclier puisqu’il n’était aucunement amoché. Il avait l’avantage sur le jeune Créateur, qui n’avait pas d’arme pouvant le faire disparaître. Ce dernier essaya d’imaginer des plombs dans le but de le brûler, de le découper ou de l’exploser. Mais rien ne fonctionnait. Il tentait de l’emprisonner dans des cages indestructibles, mais Jacques trouvait toujours une parade à ses inventions en créant les siennes.

Leurs tirs croisés durèrent plusieurs heures. Lucas dans les airs et Jacques, au sol. Le jeune homme se servait de ses ailes pour éviter les dangereuses balles ou les contrer afin de se protéger. Il réussit à en envoyer quelques-unes sur son adversaire, mais le bouclier semblait immuniser le quarantenaire face à sa propre arme.

De nouvelles ombres venues de tout l’Entre-Deux continuaient d’affluer lentement, mais certainement. Lucas entendit Jeanne lui dire qu’elle s’était réfugiée dans le château. Tous les Occupants présents étaient paralysés. Elle s’était enfermée dans la chambre de Louise et essayait de les repousser autant qu’elle pouvait. Seulement, le jeune Créateur restait concentré sur sa vengeance et son envie de réduire Jacques à néant.

***

Jeanne

Assaillie par des créatures de l’obscurité, Jeanne n’avait pas pu fermer la porte de la chambre de Louise. Elle avait essayé d’en créer une, afin de bloquer les monstres sans consistance. Mais, alors que ses émotions prenaient le dessus, elle n’arrivait pas à se concentrer. Elle ne pouvait que se servir de son arme. Elle braqua l’arbalète sur la chose difforme qui s’avançait vers elle. Une flèche lumineuse vint se ficher dans l’estomac avec un horrible son, plutôt réaliste. L’ombre se dispersa en de nombreux éclats noirs et blancs. Elle allait souffler, lorsque deux nouveaux monstres s’introduisaient dans la pièce.

C’était comme une hydre, une tête de coupée, plusieurs en repoussaient. Elle avait beau les détruire les unes après les autres, il y avait toujours davantage d’ombres. La Créatrice commençait à reculer de plus en plus. À présent sur le balcon, elle jeta un coup d’œil derrière elle. Dans la cour, jonchée de débris des deux remparts, elle aperçut une forme dans le ciel. Un ange aux ailes noires volait entre les tirs d’une puissante arme qui devait être au sol. Lucas semblait maîtriser parfaitement ses nouveaux membres. Il était majestueux lorsqu’il piquait vers le bas, remontait tout aussi vite ou effectuait une pirouette.

Ces quelques secondes d’inattention firent perdre à Jeanne son avance quant à la quantité de créatures qui se glissaient à présent sur la terrasse. Elle tira plusieurs flèches, mais les ombres étaient trop nombreuses. Seule, la dirigeante allait finir paralysée comme les autres. Alors, elle se tourna vers la rambarde, elle l’enjamba et s’assit dessus. Elle agrippa fermement ses mains à la pierre et attendit. Elle espérait ainsi observer le combat, plutôt que de voir Louise pétrifiée dans son lit.

De mauvaises images de 472 ans plus tôt vinrent la hanter alors qu’elle imaginait son amie se faire attraper par d’horribles hommes. Celui qui la surmontait posait d’affreuses mains sur son magnifique cou blanc de jeune fille. Il serrait, serrait si fort que les délictas yeux verts de la Princesse se teintaient de rouge.

Jeanne ne sentit pas la fraîcheur la parcourir lorsqu’elle fut traversée par des dizaines et des dizaines d’ombres. Son malheureux souvenir s’effaça tandis que les créatures quittaient la chambre et le château. Ils avaient terminé leur mission. Plus aucun être vivant ne bougeait, à part l’inaccessible Lucas, que la Créatrice pouvait admirer de son perchoir.

Elle le voyait combattre Jacques avec la rage du désespoir. Elle n’apercevait pas l’homme, qui fut un temps son ami. Son regard était porté sur l’horizon. Seuls Lucas et les balles noires qui s’envolaient vers lui, sans jamais l’atteindre, passaient parfois dans son champ de vision. Au loin, elle pouvait admirer le lac, puis les montagnes blanches. La vue était si belle. Elle remarqua alors que ses lentilles de contact avaient dû être détruites lorsqu’elle avait été figée. Elle s’émerveilla devant le lever de la lumière qui débutait tout doucement.

Une agréable chaleur vint se propager sur son corps. Elle sentait de nouveau ses orteils. Était-ce le jour qui le lui permettait ? Elle avait le sentiment que, bientôt, elle pourrait les mouvoir. Bientôt, elle ne serait plus immobile. Bientôt, elle aurait la possibilité et les capacités de serrer Louise dans ses bras et aider Lucas à enfermer Jacques.

Cela aurait été le cas s’il n’y avait pas eu ce terrifiant éclair. Une décharge électrique et large comme le tronc d’un arbre vieux de plus de 100 ans s’écrasa devant elle. Un second vint frapper le château. Puis plusieurs dizaines, tous aussi gros, s’abattirent autour du bâtiment. Jeanne aperçut Lucas s’effondrer tandis qu’elle-même tombait du balcon. Ses membres se contractèrent. Elle pouvait de nouveau bouger. Elle vit le sol se rapprocher de plus en plus vite. Dans un réflexe lié à la peur de mourir les os en bouillie, elle imagina un grand matelas.

Vacillante, elle se releva difficilement du large coussin. Derrière elle, le château s’effondrait. Des Occupants sortaient en panique, tandis que les autres devaient être restés bloqués à l’intérieur.

« Louise ! », cria-t-elle par la pensée.

Personne ne lui répondit. Jeanne porta la main à son oreille. La bille de télépathie n’y était plus. Elle avait dû subir le même sort que les lentilles. La femme se dirigea vers les ruines, il fallait qu’elle trouve la Princesse. Était-ce elle qui avait fait tous ces dégâts ? Les éclairs, l’électricité, c’étaient ses nouveaux pouvoirs. Peut-être étaient-ils devenus plus puissants. Comme elle, Louise avait pu de nouveau bouger et avait décidé de riposter rapidement, sans contrôler.

Une force étrange l’immobilisa. Cette fois, ce n’était pas comme les ombres, mais plus comme une contrainte qu’elle ne pouvait éviter. C’est alors qu’une voix emplie de fureur s’infiltra dans son crâne comme si un pic-vert voulait y faire son nid. Elle essaya de hurler, mais aucun son ne sortit de sa bouche.

« ASSEZ ! », vociféra la voix.

Jeanne ne contrôlait plus son corps. Sa tête se leva d’elle-même très lentement, comme tirée par des ficelles invisibles. Au-dessus des ruines du château flottait un énorme nuage gris. Il était chargé d’électricité. De petits filaments bleutés scintillaient entre les particules de fumée. Deux trous béants étaient focalisés vers le sol. Blancs et encerclés de fibres argentées et incandescentes, ils semblaient exprimer une forme de colère céleste.

Le Bien plana doucement, comme une feuille qui se détache de son arbre. Le regard de la Créatrice suivit l’Être contre son gré. Il se posa près des corps inanimés de Lucas et Jacques, non loin d’elle. L’électricité ne semblait plus la parsemer, mais la masse de fumée paraissait toujours aussi courroucée. Le sentiment de n’être que des fourmis face à ce géant de brume empestait l’air. Les genoux de la Créatrice se plièrent, forcés à la faire s’incliner devant l’Être Supérieur. Autour d’elle, Jeanne n’en vit que quelques-uns, mais tous les Occupants ayant échappé à l’effondrement du château se prosternaient à leur tour. Les grimaces sur leur visage lui prouvèrent que c’était l’œuvre du Bien.

L’Être se trouvait entre Jacques et Lucas. Il ne s’intéressa pas longtemps au second, mais se rapprocha du premier. Jeanne crut apercevoir un éclair traverser le ciel avant d’entendre un cri. La foudre frappa de nouveau. Encore et encore, toujours au même endroit, produisant des hurlements de douleur de plus en plus durs à supporter. Un énième flash fit voler le corps de Jacques à quelques pas de la dirigeante. L’homme était entièrement brûlé. Il ne restait que quelques cheveux fumants sur son crâne muni de cloques. Ses vêtements avaient disparu, ce qui laissait apparaître une peau nue, carbonisée et flétrie. Il ne semblait pas guérir de ses blessures et un liquide noirâtre sortait de ses yeux. Une grande quantité de cet ichor en dégoulinait avant de se transformer en une vapeur obscure qui se désintégra dans l’air.

La femme, paralysée, aurait aimé détourner le regard de cet horrible spectacle. Malgré les actes de son ancien ami, elle ne pouvait supporter de voir quelqu’un subir de telles souffrances.

— Jacques, appela-t-elle, doucement entre ses lèvres immobiles. Jacques, réponds-moi.

À présent redevenus marron, les yeux effrayés du quarantenaire étaient tournés vers elle. Avec ce regard humain, il était celui qu’elle avait toujours connu. Une fois de plus, elle était prisonnière et incapable d’aider une personne importante à son cœur. Elle allait l’observer, impuissante, alors qu’il se faisait torturer par une autorité céleste qui venait mettre son nez dans leurs affaires.

« Tu penses que je m’occupe de ce qui ne me regarde pas, Jeanne ? », s’introduisit la voix du Bien au plus profond de son crâne, comme si des ronces se faisaient un chemin dans son cerveau.

Une force invisible compressa ses tempes, lui arrachant un cri. Elle sentait ses yeux être exorbités tandis que l’Être Supérieur s’approchait d’elle. C’était apparemment la seule à entendre les paroles torturantes, les Occupants étaient simplement immobiles, saufs.

« Je suis le maître de ces lieux ! », éclata la voix.

— Vous êtes le maître du Paradis, hurla Jeanne, de rage et de douleur. Vous nous avez laissé les responsabilités de l’Entre-Deux.

« Et qu’en avez-vous fait ? », persifla-t-il.

L’anneau de ses globes oculaires s’intensifiait de colère. Il se remplissait de plus en plus de cette couleur sanglante qui animait sa fureur. Jeanne aurait dû en avoir peur, mais elle aussi sentait la rage monter en elle. Elle savait qu’elle lui manquait de respect et qu’il allait la châtier pour cela. Mais si elle pouvait le détourner, se l’accaparer, la sauver.

« Je te trouve bien insolente, Jeanne, vilipenda-t-il. Tu penses pouvoir me tenir tête de la sorte ? »

— Vous n’avez aucun droit sur notre monde, aucune légitimité, répliqua-t-elle, lancée. Vous vous faites appeler le Bien, mais qu’est-ce qui est bien dans la torture d’un homme ?

Le rouge des cercles célestes s’intensifia d’autant plus.

« Je n’ai pas à répondre à une simple humaine à ce sujet, dévia-t-il avant de poursuivre. Mais toi, qu’essaies-tu de me dissimuler ? »

Elle le sentait s’introduire dans son esprit, le fouiller, inspectant chaque souvenir. Jeanne tenta de résister. Pour rien au monde, elle ne voulait la mettre en danger. Elle était tout pour elle. L’Être avait dû découvrir qu’elle pensait à Louise, à son amie de toujours, cette merveilleuse femme. Non, elle ne devait pas y songer. Son pouvoir, l’électricité, la grande dirigeante revoyait les filaments bleutés parcourir les phalanges beiges de la Princesse. Non, il était nécessaire que ses réflexions se focalisent sur autre chose.

« Tu crois être capable de me cacher quelque chose que je sais déjà ? explosa finalement le Bien dans sa tête. Je suis celui qui a offert ce don à Louise, tandis que le Mal a accordé le souhait de ce cher Jacques. Ils étaient censés s’affronter ! »

Cette fois, la douleur causée par ces paroles fut si violente que Jeanne perdit connaissance quelques instants. Lorsqu’elle se réveilla, son corps gisait à côté de celui de Jacques. L’homme était toujours immobile. Si ses yeux marron n’étaient pas ouverts, Jeanne aurait pensé qu’il était inconscient. Elle le regarda. Il essayait de lui dire quelque chose. Ses lèvres tressautaient.

Elle ne put déchiffrer la demande de son vieil ami puisque des cordes invisibles s’enroulèrent autour d’elle, la soulevant dans les airs. Elle fut élevée à la hauteur du Bien, à plusieurs mètres du sol. Ses poumons et son cou étaient compressés par la force imaginaire. Ses mains étaient liées au-dessus de sa tête où un étau se resserrait de plus en plus. Elle voulait hurler, mais un bâillon imperceptible l’en empêchait.

« Tu es allée trop loin, Jeanne. Tu étais supposée me rejoindre au Paradis, mais je me dois de rétablir un équilibre. », rugit la voix rocailleuse.

Elle essayait de se débattre, mais les liens se resserraient sur elle, l’opprimant, l’étouffant. La peine était si forte qu’elle ne savait plus où elle souffrait le plus. Des larmes de douleur s’écrasaient au sol, plusieurs mètres plus bas.

« Je te laisse douze heures pour faire tes adieux et me rejoindre à la Porte d’Argent. »

Sur ces mots, lancés comme des poignards, la pression invisible qui retenait Jeanne la lâcha d’un seul coup. La femme s’écrasa au sol, cette fois sans délicatesse. Ses os se brisèrent au contact dur et froid du parterre blanc, à présent taché de rouge. Le temps de sa guérison, elle aperçut le Bien se transformer en tornade et emporter le corps de Jacques jusqu’au ciel. Le tout disparut vers le Nord et la gare, comme si rien ne s’était passé. Jeanne sentit des personnes se presser autour d’elle, crier son nom, s’inquiéter. Mais elle ferma les yeux et ne répondit rien.

 ***

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Sorryf
Posté le 10/02/2020
"lui avec son arme lourde, type fusil d’assaut, " -> je m'y connais pas du tout en armes, mais je m'y connais en jeux vidéos, et il me semble que les fusils d'assaut sont considérées comme des armes légères (=on peut courir avec). A verifier !

Voila c'était juste pour dire ça, je ferai un commentaire plus complet quand j'y verrai plus clair parce que là ça pète de tous les côtés c'est pas le moment xD
Je note tout de meme que le Bien et le Mal s'éclatent bien à jouer aux playmobils avec des non-vies humaines è.é Je suis grave déçue par eux deux :-(
tiyphe
Posté le 10/02/2020
Effectivement c'est à revérifier, je regarderai ça. Mes connaissances viennent également des jeux vidéos xD

"Je note tout de meme que le Bien et le Mal s'éclatent bien à jouer aux playmobils avec des non-vies humaines" -> Mdr tu m'as fait rire !! Eh oui, sont vilains !
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