4- Connais toi, toi même | présent

Notes de l’auteur : TW clinique psy'

Jour 1 chez Barbe-Bleu

 

Je m'appelle Alban et je suis en unité psychiatrique, au C.H.U Bonnegarde. Le psychiatre du service me conseille de rédiger quelques lignes par jour. Il dit que cela m'aiderait à entrer doucement en introspection. Je ne me souviens pas tout à fait comment je suis arrivé ici, mais je m'y sens en sécurité. J'ai bien un vague souvenir de ce moment où un intrus est entré chez moi, où j'ai voulu le fuir, où...

Oublie ça, c'est du passé.

Ce que je retiens c'est qu'ici tout le personnel est très gentil, à l'écoute, respectueux. On m'a proposé de rester le plus longtemps possible pour prendre soin de moi. Je peux quitter l'établissement quand je le veux, mais pour le moment cela ne m'intéresse pas. Ici la vie est simple, réglée, facile. Je n'ai plus à faire des choix, ces choix qui me donnent à chaque fois l'impression d'être torturé à l'image de Prométhée. Chaque repas est commun, chaque activité est commune; je suis rarement seul. Cela me convient. Car si l'inconnu qui a pénétré chez moi revient, je serai toujours entouré pour me défendre. J'ai bien reçu quelques remarques sur la couleur de mes cheveux, pourquoi ça cause encore problème aujourd'hui ? Je ne sais pas. C'est particulièrement sot de leur part. Être roux n'est pas une tare. 

Oublie les, concentre toi sur toi.

J'ai pris quelques longues inspirations, par le nez, avant de me remettre à écrire. Ça me détend. Je me sens calme. Je vais essayer de suivre ce que le psychiatre m'a conseillé de faire. En écrivant ces lignes j'en apprendrai davantage sur moi, sur qui je suis, sur ce que je suis au plus profond de mon être perturbé. Je sais que quelque chose ne va pas. Je le sens. C'est étrange. Et toutes ces pensées qui gravitent dans ma tête. Toutes ces voix qui parfois se réveillent et me poussent à me faire du mal, allant même jusqu'à me sussurer que la mort serait plus douce que le reste. Mais non ! Je ne veux pas y penser ! Ce n'est pas moi ! Mère me répétait souvent que je devais être un enfant joyeux, car un enfant c'est naturellement guilleret. Je crois l'avoir été. Je ne sais pas trop. Je suis fatigué, je n'arrive pas à rassembler mes propres souvenirs. Je vais me concentrer déjà sur ce que je sais, et on va avancer petit à petit. Comme l'a dit le psychiatre. Demain je rencontre ma nouvelle infirmière référente. Tellement de personnes gravitent dans cet endroit un peu bizarre par moment. Morphée m'appelle, la fatigue m'étreint de ses doux bras alors je te laisse mon nouvel ami et je reviendrai bientôt.

 

Jour 3 chez Barbe-Bleu

Me revoilà et avec une drôle de remarque à te confier. T'ais-je dis ? L'unité s'appelle << Barbe-Bleu >>, tu sais comme ce conte pour enfant. Enfin, pour les enfants... Quand on voit la tournure de ce récit, ce qui nous est conté, et la manière dont on nous le retranscrit. Ce n'est pas ce qu'il y a de plus innocent, il faut en convenir. Voilà, je trouve ce nom assez intéressant. Je sais que j'ai lu cette histoire, quelque part dans le passé. Sinon j'ai rencontré Amanda Pilares, ma nouvelle infirmière référente. Une charmante personne, très souriante et avenante. Elle s'occupe notamment de mon traitement, de me fournir toutes réponses à n'importe quelle question et plus encore; mais aussi de venir me dicter mon planning jour après jour. C'est bien de se laisser ainsi porter, de ne pas avoir à réfléchir à quoi faire car tout est déjà pensé, prévu, programmé. Je ne choisis plus, je suis soulagée de ce fardeau d'intenses réflexions. Neuf heures, petit-déjeuner en réfectoire commun. Les premiers repas ont été étranges, puisque c'était aussi les premières fois où j'apercevais mes camarades internés. Certains sont plus vifs d'esprits que d'autres. Dix heures, début d'une activité physique. Un corps sain dans un esprit disent-ils, << Mens sana in corpore sano >> comme j'aime à me le répéter depuis l'enfance. Je suis particulièrement sous le charme de ce mantra; alors quand l'équipe médicale l'a scandée je me suis senti tout de suite au bon endroit. L'ombre de Juvénal plane dans un coin serein de mon esprit. Midi c'est l'heure du déjeuner, toujours en collectif. De quatorze heures à seize heures, vient la farandole de rendez-vous médicaux et batteries de tests. Ensuite nous avons un temps libre jusqu'à dix-neuf heures, un temps occupé selon nos envies. La plupart de mes camarades restent en chambre. Pour ma part, j'apprécie une courte promenade dans les beaux jardins environnants, me perdant dans la contemplation de ces bois qui nous entourent avec chaleur et protection. Ensuite je m'endors pour une sieste bienvenue et réparatrice. Dix-neuf heures c'est le souper, qui annonce une soirée où chacun doit retourner dans ses quartiers. Aucune distraction n'est permise dans nos chambres. D'ailleurs, j'ai presque été outré de la fouille subie à mon arrivée. Mais ça, c'était avant de comprendre l'importance de cet acte. Alors bien souvent c'est le moment que je choisis pour te parler, mon journal.

On toque à ma chambre.

 

Jour 7 chez Barbe-Bleu

Oh comme je suis indignation ! C'est innommable ! Je me dois de te conter ce qu'il m'est arrivé au plus vite tant la gêne s'empare de moi et me rend ivre de honte. Ce matin, je me suis tranquillement réveillé comme d'habitude. La nuit fut reposante, voilà bien la seule chose agréable du jour, notons le. Sauf qu'un étrange sentiment s'empare alors de moi. Au moment où j'ouvre les paupières, que vois-je ?! Amanda, cette chère Amanda si douce en mon cœur tel un petit rayon de soleil, qui me fixe avec un sourire pour le moins déconcertant. Je ne comprends pas. Le personnel n'a pas pour habitude d'entrer dans ma chambre sans mon accord, après quelques coups brefs donnés sur la porte verte. Et là, je remarque que je suis nu comme un ver ! Le drap est au sol, sûrement a-t-il dû glisser dans mon sommeil. Devant cette jeune femme si innocente ! Je me suis empourpré avant de sauter sur ce bout de tissu pour m'emmailloter en vitesse. Elle me regardait toujours fixement, toujours. Je me suis bien sûr confondue en excuses. Quelle indécence que de paraître en tenue d'Adam devant cette personne si chaleureuse ! Elle m'a assuré que ce n'est rien, qu'elle est entrée pour s'assurer que tout allait bien car je ne répondais pas à son appel derrière la porte. Je suis confus, si terriblement confus.

C'est étrange tout de même, c'est la première fois que ce drap tombe ainsi du lit.

Pétrifié de honte, je n'ai osé sortir de ma chambre toute la journée. On m'a apporté mes repas à ma demande, j'ai refusé tout rendez-vous médicaux. Voilà que l'astre solaire se couche au moment où je t'écris. Une palette d'émotions tourbillonne en moi violemment. En espérant que la nuit m'apporte réconfort et apaisement.

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UneXtoile
Posté le 10/05/2023
Chapitre plus calme et je pense que, comme d'autres lecturices l'ont dit, ça fait du bien. Je me méfie beaucoup d'Amanda parce qu'Adam a assez souffert quelle le laisse T.T
Mais j'adore toujours autant par contre !
Abbyleplume
Posté le 10/06/2023
Je me méfierai aussi d'Amanda !
Ezylae
Posté le 12/09/2021
Abbyyyyy, arrête d'être aussi qualitative stp, je sais pas quoi dire après et ça me gêne. :x Blague à part, j'ai encore plus apprécié de chapitre que les autres, sans pouvoir mettre le doigt sur le pourquoi du comment.

Maintenant, j'ai une seule question : A quand la suite ?
Abbyleplume
Posté le 10/06/2023
Miih merci <3 Promis ça arrive !
drawmeamoon
Posté le 25/05/2021
Chapitre très calme par rapport aux autres, c'est très agréable à la lecture j'ai beaucoup aimé
C'est marrant comme Alban parle bien ! Je l'aurais imaginé plus familier mais j'aime bien, d'ailleurs heureuxse d'enfin pouvoir le voir penser ! Jusqu'à maintenant on la vu vivre par les yeux d'un autre, il me semble que c'est le premier chapitre où il pense et c'est très très très cool !

Par contre
Amanda.
Non.
Juste nope nope nope
Le pauvre T-T
Abbyleplume
Posté le 26/05/2021
J'avais un peu peur de casser la dynamique mais si ça passe alors tant mieux, ouf ^^
Merci pour ton retour très chouette ! Mais oui le pauvre, j'en suis afraid d'avance de ce qu'elle va lui faire T.T
Eryne Beaumont
Posté le 19/05/2021
Très bon chapitre. J'aurai bien aimé que Alban nous parle un peu plus du décor des lieux et détaille ses camarades.
La phrase "Oh comme je suis indignation" m'a paru bizarre dans la bouche d'Alban.
Eryne Beaumont
Posté le 19/05/2021
En tout cas j'ai hâte de lire la suite
Abbyleplume
Posté le 23/05/2021
Merci beaucoup ! C'est vrai que je n'en ai pas trop dit par rapport, j'ai pas osé haha.
Abbyleplume
Posté le 23/05/2021
*par rapport aux chapitres d'avant
Joxan
Posté le 15/05/2021
Une bonne lecture avec ce point de vue ! Plus posé j'ai trouvé, avec le quotidien dans un endroit qu'on ne connaît pas forcément.

J'aurais bien voulu avoir plus de détails, sur la météo, la décoration des lieux, les repas...

Mais sinon c'est nickel !
Abbyleplume
Posté le 15/05/2021
Merci beaucoup pour ton retour ! J'essaierai d'y penser la prochaine fois :) j'ai eu du mal avec ce chapitre sur la quantité de choses adoré. J'avais peur d'en dire trop peu ou trop trop ahah
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