35. L’échelle des pompiers

Par Rachael

Les câbles des trolleys et de l’électricité cassaient comme du fil. Les bouts des câbles électriques tombèrent sur le trottoir à moins de 3 mètres de moi, en se tordant et en sifflant comme des reptiles. Des briques et du verre pleuvaient autour de moi. Les bâtiments le long de First Street depuis Howard jusqu’à Market s’écroulaient comme des châteaux de cartes.[1]

Thomas Jefferson Chase, témoin du tremblement de terre du 18 avril 1906.

 

 

Je me tournai vers Hippolyte. Il le savait ! Je le devinai à une certaine raideur dans ses épaules, à son regard qui me fuyait. Edison disait vrai : Tesla avait ouvert la faille parisienne.

Un chapelet de juron dans le langage cher à Gus s’afficha devant mes yeux. Rien que de voir défiler les mots en les destinant à mon estimé frère me fit un bien fou. C’était le pompon ! Il y avait de quoi douter. Tesla avait-il réellement l’intention de nous protéger ou cherchait-il seulement une revanche puérile sur Edison ? Et celui-ci, satisfaisait-il une ambition démesurée ou œuvrait-il pour le bien-être commun ? Qui croire ? Fallait-il les fermer, ces maudites failles ? Quant à moi, dans tout cela… une héroïne en puissance ou une pauvre idiote manipulée ?

Je me secouai : je n’avais plus le droit de douter. Les relevés parisiens, les avertissements de la fausse Curie et pour finir ce tremblement de terre. Que fallait-il de plus ?

— Tesla est fou, reprit Edison. Après quelques succès, il a dépensé des millions de dollars sur des projets sans avenir. Sa raison ne s’en est jamais remise. Aujourd’hui, il donne du pain aux oiseaux de mer devant sa maison perchée pendant que son cerveau dérangé rumine des idées de revanche, par jalousie envers ma réussite.

Il apostropha Hippolyte :

— Osez dire le contraire ! Pourriez-vous prétendre sans ridicule que Nikola Tesla est un homme parfaitement sain d’esprit ? Avec ses manies et ses tics ? Ses prévisions d’apocalypse sont totalement farfelues. Il est bien le seul à y croire, d’ailleurs.

Le dragon d’Edison décolla, puis tourna autour de la tête de mon frère, dont les yeux se perdirent dans le vague, si bien qu’il ne répondit rien. Ensuite, le faée vint me frôler les cheveux en soufflant sur moi son haleine verdâtre. Une odeur puissante de rose me fit plisser le nez, mais je ne reculai pas et croisai les bras.

— Ah, cela suffit, toi ! N’essaye pas de m’enfumer ! Et laisse mon frère !... Pensez-vous, Monsieur, que vos tactiques dragonesques sont de nature à me persuader de votre sincérité ? Tesla, lui au moins, n’utilise pas la magie pour emberlificoter son audience.

Touché. Son visage mobile avait trahi en un instant surprise et intérêt.

— Vous êtes bien aussi douée que je l’espérais, mademoiselle. C’est un don rare que de voir les faées des autres. Je me réjouis que les clairvoyeurs du tong m’aient averti de votre présence près du marché aux âmes. Ils étaient fort impressionnés par votre aura.

Il rit avec aisance.

— Les faées n’ont apporté que des bienfaits depuis leur découverte. Nous pouvons améliorer nos technologies grâce à elles, comme relier les peuples par de nouveaux engins, les aéronefs, qui bientôt empliront les airs. La liste est longue, elle n’est limitée que par l’imagination et l’intelligence humaines ; les faées nous fournissent les moyens de poursuivre ces rêves. Elles ne sont pas maléfiques, vous devez bien le savoir, puisque vous faites équipe avec l’une d’entre elles. Grâce à elles, nous construirons un monde meilleur. Ah, je sens que nous allons accomplir de grandes choses ensemble.

Un monde meilleur ? Au diable ces visionnaires à moitié fous ! Edison ou Tesla, j’avais bien envie de les envoyer au diable, l’un comme l’autre, en cet instant… ainsi qu’Hippolyte, pour tout dire. J’aurais aussi volontiers échangé toute la Californie contre ma chambre chez mon oncle à Paris, avec ses plaisirs simples : un lit douillet, des pieds nus sur du parquet ciré, de l’eau bien chaude au robinet…

Oui, il fallait fermer ces fichues failles, mais… il y avait plus urgent. Mon père m’avait autrefois raconté qu’en tant que médecin, devant l’ampleur des misères humaines, il avait appris à se recentrer sur l’essentiel.

L’essentiel.

Je croisai les bras en fixant l’homme d’affaires. C’était facile, finalement…

— Je veux bien vous aider si vous entendez en priorité sécuriser la ville et venir au secours de ses habitants. Il y a de pauvres gens ensevelis, morts ou vivants, il n’y a plus d’eau ni d’électricité, des incendies ont éclaté. Combien de familles ont perdu tout abri ? Un monde meilleur, voilà une belle utopie, mais cela peut attendre.

Je laissai mon regard revenir à la pièce. Il se fixa sur Jules, crispé de douleur en face de moi.

— Mon ami a été blessé pendant le tremblement de terre. Il a besoin qu’on examine son bras.

— Mais non Léo, souffla Jules, la ville en premier, moi, c’est pas important.

— Bien sûr que si, Jules ! D’ailleurs, toi aussi tu peux te rendre utile, si on te remet d’aplomb d’abord.

— Très bien, acquiesça Edison, j’accepte votre aide. Je vais faire prévenir mon médecin afin qu’il examine votre ami. Pour la ville, je vous rejoins, nous devons parer au plus pressé. J’ai déjà envoyé des troupes partout pour dresser un inventaire des dégâts. Dès que j’aurai des nouvelles, nous esquisserons un plan d’action. Je veux que vous commandiez mon équipe de sauvetage faéerique. Vous ne répondrez qu’à moi.

Cela me laissa sans voix un moment. Diriger, c’était tout autre chose que participer. Cependant, c’était une chance de manier ce pouvoir que j’avais senti affluer avec le retour de Gus pour le mettre au service du bien commun. Je n’hésitai plus :

— Si j’ai la possibilité d’organiser les opérations à ma guise.

— Vous l’avez.

— Et si vous cessez d’ennuyer mon frère.

— Vous êtes dure en affaires, mademoiselle Le Mezec.

— Ne soyez pas ridicule, vous n’avez rien à perdre et tout à gagner, puisque c’est vous qui récolterez les lauriers des efforts de secours, et moi les blâmes pour tout ce qui pourrait mal se passer.

Il prit un air innocent qui ne me dupa pas : j’avais vu clair dans son jeu. En outre, je le soupçonnais d’être moins intéressé par le sauvetage de la ville que par les perspectives qu’il lui offrirait. Sa remarque suivante acheva de m’en convaincre :

— Et après ? Travaillerez-vous avec moi à la reconstruction ?

— On verra cela plus tard. Je ne m’engage à rien de plus.

Le dragon perché sur l’épaule d’Edison souffla de déplaisir en agitant les poignards au bout de sa queue. Ses panaches de fumée faéerique ne m’impressionnaient plus. Ce n’était qu’un gros lézard, après tout.

Ce fut le moment que choisit Gus pour sortir de ma poche avec un bâillement bien peu discret. Sans me laisser le temps de jeter un œil sur lui, il monta sur ma tête pour lancer de sa voix inimitable.

— J’ai toujours rêvé de conduire un camion de pompier. Rouge, avec des cloches et une grande échelle. Qu’est-ce qu’on attend ?

Je ne pus m’empêcher de pouffer, à la surprise de la partie humaine de l’auditoire qui n’avait rien vu de ses pitreries faéeriques.

 

 

À peine une heure après démarraient les efforts de sauvetage. Mon moral avait grimpé en flèche – sur l’échelle des pompiers de Gus, peut-être ?

Gus était de retour !

Il s’abstint de faire toute une histoire de sa mésaventure. Peut-être parce qu’il avait franchi une étape en repassant dans le monde faéerique ? Il avait perdu son aspect de faune cornu et revêtait une apparence humaine, celle d’un garçon d’une dizaine d’années au visage rieur, ce qui seyait bien à sa gouaille moqueuse. Je gardai mes questions pour un meilleur moment, mais je brûlais de curiosité : avait-il choisi lui-même cet aspect et, si oui, d’où venait le modèle ? Le couvre-chef rouge façon pompier, cela, en revanche, je voyais très bien. Sur sa tête de gamin, on aurait dit un déguisement de fête d’anniversaire.

À mon grand étonnement, Jules embarqua in extremis dans la voiture qui nous ramenait au cœur de la ville : rayonnant, les joues roses, il débordait d’enthousiasme :

— Le médecin d’Edison était un clairvoyeur. J’sais pas comment il a fait ; il a remis vite fait mon bras en état : il est flambant neuf. J’suis requinqué, c’est bougrement impressionnant.

Même si Hippolyte boudait – tout le contraire de Jules –, moi, assise entre eux, je me sentais ragaillardie. Mes doutes s’étaient envolés : nous faisions œuvre juste et nécessaire, ce qui, d’une certaine manière, rendait mon tandem avec Gus indisputable.

Sous le soleil qui découpait avec cruauté les contours des choses, le spectacle apparaissait encore plus désolé. Je tâchai de me concentrer sur ce qui nous attendait pour ne pas me laisser déborder par la tragique ironie de la situation : les faées pouvaient grandement nous aider à secourir les habitants et à réparer les dégâts, alors même qu’elles étaient peut-être à l’origine de ce tremblement de terre.

Dès notre retour en ville, j’organisai avec Gus, Jules et Druse le sauvetage des rescapés en créant un vaste réseau de faées urbaines. Elles nous rapportaient la présence de gens toujours vivants sous les décombres, afin que nous y dépêchions les clairvoyeurs d’Edison. Cela permit d’exhumer et de soigner de nombreux habitants ensevelis. Pour aider dans cette dernière tâche, Hippolyte se joignit aux volontaires recrutés par les hôpitaux de la municipalité. L’ouvrage ne manquait pas.

— Je vous retrouverai ce soir, cria-t-il en nous abandonnant.

En parallèle, je m’attaquai avec Gus aux incendies qui menaçaient d’embraser tout le centre : il dirigea le ballet des faées nettoyeuses de la ville pour qu’elles avalent l’oxygène autour des foyers. Sans oxygène, les feux étouffèrent, ce qui redonna à tous un immense espoir : pour certains, celui de recouvrer leur logis ; pour d’autres de pouvoir récupérer une partie de leurs possessions dans les restes des immeubles effondrés.

— C’est pas mon genre de rouspéter, grogna Gus avec une moue chagrine, mais ces incendies manquent salement de camions rouges avec leurs cloches.

— Pas ton genre de rouspéter ?

Je me rendis compte à son grand sourire moqueur que je m’étais fait piéger, mais décidai quand même de défendre les pompiers.

— Qu’auraient-ils pu éteindre, sans eau ? Ils se sont sûrement occupés d’autres choses.

Les canalisations avaient toutes été détruites par le tremblement de terre, au grand dam des combattants du feu, restés l’œil rond et les bras ballants. Gus le savait, bien sûr. Il admira un moment le ballet des faées qui s’activaient selon nos ordres, puis se frotta les mains avec satisfaction.

— Bon, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

À l’instant où Gus m’interrogeait, plusieurs clairvoyeurs de la troupe envoyée par Edison convergèrent vers moi, depuis différentes directions. Essoufflés, ils se lancèrent dans des explications auxquelles je ne compris rien. Ils parlaient en même temps, si bien que Gus se gratta la tête avec perplexité.

— Ça cause de monstres ou de dragons. Y a un gonze qui vient de Chinatown, l’autre de Mission… Je pige rien à leurs bafouillages. Et c’est pas parce que c’est de l’angliche, hein…

De son côté, Jules tâchait de soutirer des informations plus compréhensibles à un jeune clairvoyeur qu’il connaissait. Avant qu’il ait eu le temps de les partager, la situation devint claire par elle-même : un monstre ailé survola notre groupe. C’était une sorte de mélange raté entre un corbeau obèse et une anguille. La bête était énorme, longue, sinueuse, pleine de bourrelets graisseux qui distordaient son cuir verdâtre. Sa bouche de poisson – ou son bec – était munie d’une ribambelle de dents acérées. Elle était horrible comme… Non, vraiment, sa hideur était impossible à décrire ! Cependant, ce ne fut pas à cause d’elle que chaque poil de mon corps se hérissa : l’épouvantail tenait en son bec un humain qu’il tâchait d’engloutir à grand renfort de mouvements du gosier. Je compris alors avec effroi que les bourrelets que j’avais cru voir étaient en réalité la trace des personnes déjà avalées.

Autour de moi s’élevèrent des hurlements de terreur. Nous avions choisi comme quartier général Union Square, une grande place où de nombreux réfugiés s’étaient rassemblés. Leur situation leur semblait à tous bien exposée, à présent.

— That’s it, beugla un des clairvoyeurs en pointant du doigt. There are monsters like this everywhere!

— Il dit qu’y en a partout, traduisit Jules.

— Mais d’où sortent-ils ? m’écriai-je.

— Ce sont des démons du nether, nous éclaira Gus. Ils ont dû s’incruster à la faveur du tremblement de terre.

— Quoi ? Tu n’as jamais parlé de ça avant ? m’indignai-je.

— Alors, on aurait pu tomber sur eux les deux fois où on a traversé le nether ? se récria Jules. Eh ! c’est pour ça qu’il en menait pas large, le gars Gus, et voulait qu’on atterrisse dare-dare à Pantruche !

Ledit gars n’eut ni le temps de se justifier ni de poursuivre ses explications, car la bête immonde fonçait vers la place, encore affamée malgré les proies avalées. La foule s’éparpilla plus vite que je ne l’aurais cru possible.

— Gus, qu’est-ce qu’on peut faire ?

— Affûter nos pincettes et décaniller comme des zèbres !

— Nom de nom ! pesta Jules. Y a pas moyen de s’en débarrasser ?

— Courons ! intima Gus, on réfléchira après.

Jules me saisit le poignet, m’obligeant à ravaler mes questions.

— Allons par-là, hurla-t-il pour couvrir les cris des fuyards.

— Non, Hippolyte est parti dans cette direction, vers la tente de l’hôpital.

Je pointais à l’opposé, si bien que nous restâmes une ou deux secondes à tirer chacun de notre côté.

— On va quand même pas traverser l’esplanade, t’as perdu la boule ! Il est pas timbré, ton frère, il va trouver un abri.

Jules tira franchement et m’entraîna vers les bâtiments qui bordaient la place. Alors que nous passions un porche pour nous mettre à couvert, j’aperçus haut dans le ciel une spirale noirâtre, tourbillonnante. Hypnotisée, je la voyais tourner et pulser, animée d’une ondulation étrange. La périphérie éthérée laissait pénétrer nos regards qui plongeaient dans un cœur opaque, comme celui d’un nuage d’orage. Au-dessous, l’ombre était ténébreuse elle aussi, elle effaçait le sol qui réapparaissait derrière lavé de ses couleurs.

— Qu’est-ce que c’est, Gus ?

— C’est une nuée funeste, murmura-t-il d’une voix d’outre-tombe.

— Quel joli nom ! ironisa Jules.

Mon faée semblait frappé d’immobilité. Je l’entendis gémir doucement, ses bras agrippés à mon cou. Je le saisis dans mes deux mains et lui demandai :

— Qu’est-ce qui se passe ?

— Dans le nether, les nuées funestes aspirent les âmes qu’elles approchent. Aucune faée n’y résiste.

J’avais presque oublié l’autre monstre, cauchemardesque, mais matériel, tant celui-ci me captivait. La chose qui pulsait en son centre produisait une lueur d’un rouge ténébreux, chaude, fascinante. Elle paraissait si attirante, comme un bon feu de cheminée une nuit d’hiver. J’avais froid… J’avais tellement besoin d’être réchauffée…

— Assez ! ordonna Jules. Arrêtez de le regarder. Vous voyez pas qu’il se nourrit de votre attention ? Allez, on bouge, on doit pouvoir ressortir de l’autre côté.

Il avait raison. Je me sentis un peu mieux dès que je cessai de contempler la nuée. Il ne faisait pas du tout froid ce soir, c’était cette chose qui avait commencé à absorber ma chaleur. Peut-être qu’elle recherchait notre énergie ? Et plus elle en aurait, plus elle deviendrait puissante et inarrêtable.

Nous traversâmes l’immeuble en usant et abusant des sorts d’ouverture de portes – Jules et Druse excellaient décidément à ce jeu –, puis nous émergeâmes dans la ruelle de service de l’autre côté. Le bâtiment suivant était construit sur le même modèle, mais cette fois, nous passâmes de l’issue de derrière à la grande porte de devant, située sur une large avenue. De ce côté, c’était encore assez calme ou du moins la panique commençait-elle à peine à gagner.

— Y a un taxi, venez !

Jules sauta dans la voiture qui se garait. Il y avait déjà à bord un passager qu’il poussa sans ménagement au bout de la banquette.

— Move over, make room for us[2].

My god, who are you? I need to get out[3].

Very bad idea. Go driver, go![4] ordonna Jules.

La voiture démarra au moment où je claquais la porte. Je me ratatinai dans le siège, encore tremblante de froid, et laissai Jules se dépêtrer avec le client. De ce que j’avais compris, l’homme voulait descendre là : Jules était en train de lui expliquer à quel point l’idée était mauvaise. Il pointa du doigt vers le ciel comme le passager poussait toujours de hauts cris. Ce que celui-ci aperçut par la vitre le réduisit au silence en un instant. Depuis ma place, je ne distinguai rien, mais l’ignorance est parfois salutaire : si nous devions nous faire croquer tout vifs, je préférais ne rien voir venir.

Au bout de quelques minutes, le froid reflua quelque peu, si bien que je sortis de ma position recroquevillée et m’intéressai à l’extérieur. Bien mal m’en prit. Un nouveau monstre était installé au milieu de l’avenue, qu’il bloquait totalement. Contrairement à l’immonde poisson-corbeau, il était magnifique, comme un fauve couvert d’écailles chatoyantes, avec une crinière de plumes multicolores. Superbe, tout autant que terrible : accroupi dans la posture du chasseur prêt à bondir, il avait l’air aussi létal qu’un lion – et dix fois plus gros. J’eus à peine le temps d’avoir peur que la voiture négociait un virage serré à droite, pour s’engouffrer dans une voie de desserte entre deux dos d’immeubles. Je me cramponnais du mieux possible, à moitié écrasée par Jules qui n’avait rien pour se tenir, alors que le chauffeur zigzaguait entre les poubelles et les tas d’ordures. Il ressortit dans une autre avenue, dégagée celle-ci, puis reprit son cap initial en tournant à gauche.

— Bravo ! m’écriai-je une fois ma voix retrouvée.

— Hooray ! firent le passager et Jules en écho.

Triomphant, le chauffeur leva haut le pouce, avec un sourire quand même quelque peu crispé. Celui-là, il irait loin, si les monstres ne l’attrapaient pas.

— Où va-t-on, Jules ?

— Chez Tesla. Tu crois encore qu’on peut laisser cette faille ouverte ?

Pour couronner le tout, la voiture se mit à tanguer comme un bateau par mer grosse. La terre tremblait de nouveau.

 

 

[1] Power and trolley lines snapped like threads. The ends of the power lines dropped to the pavement not 10 feet from where I stood, writhing and hissing like reptiles. Brick and glass showered about me. Buildings along First Street from Howard to Market crumbled like card houses.

[2] Décalez-vous, faites-nous de la place.

[3] Mon Dieu, qui êtes-vous ? Je dois descendre.

[4] Très mauvaise idée. On y va, chauffeur, allez !

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OphelieDlc
Posté le 30/07/2021
Ca va vite, ça va très vite, mais le rythme est parfaitement maîtrisé. On se laisse embarquer et on achève le chapitre à bout de souffle. C'est parfait. J'ai juste une petite suggestion, bien que je ne me sente pas réellement légitime pour en faire, mais pourquoi les monstres n'apparaissent-ils pas plus tôt ? S'ils se sont échappés de la faille au profit du tremblement, ne devraient-ils pas être là quelques instants après que les protagonistes se fassent embarquer par les hommes d'Edison ? J'envisage parfaitement qu'il faille du temps aux bestioles pour s'échapper du nether, mais là ça me semble un poil long. Ce n'est que mon avis, mais pourquoi ne pas introduire quelques secousses pendant l'intervention de Léo sur la ville en ruines ? C'est de l'ordre du détail, hein, parce que l'ensemble fonctionne bien tout de même.

J'ai aimé l'assurance de Léo, justement, le fait qu'elle tienne tête à Edison. Cela témoigne de l'évolution du personnage. Et Gus en gosse d'une dizaine d'années, j'adore !
Rachael
Posté le 02/08/2021
Hello,
Oui, le rythme s'accélère ici, tant mieux si cela t'a semblé juste. Pour les bestioles, je note, et j'essaierai d'ajouter un petit machin explicatif.
Merci pour ta fidélité à l'histoire !
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