32 La bombe

Notes de l’auteur : Enfin retrouvée le bon logiciel, et un peu de temps pour finaliser ce deuxième volume! *souffle

   — Il arrive ! s’écria Samantha en pointant du doigt l’autre bout de la rue.

   Edmond arrivait d’une démarche décontractée bien qu’un peu pataude, Océane libre à ses côtés, tous deux semblant partager une discussion joviale mêlant gestes des bras à la parole. Rose poussa un gros soupir de soulagement après une longue demi-heure d’attente dans un silence glaçant. Il s’approcha d’elle, une main dans ses cheveux ébouriffés ; il était pâle et émincé par la fatigue et dégageait une odeur rance.

   — Tu as réussi, lui dit-elle avec une fierté non cachée dans la voie.

   — Oui.

   Il se détourna d’un pas pour laisser une ouverture à Océane qui attendait derrière, la tête basse et les mains jointes dans le dos, les joues rougies par la timidité. Elle ne pouvait cacher qu’elle avait pleuré mais semblait résolue et en paix. Tout comme Edmond, elle dégageait une puissante odeur de fauve. Rose fit un pas énergique en avant et lui tendit une main que la jeune femme regarda avec méfiance.

   — Tu n’as rien à craindre, lui dit calmement Edmond.

   Mais Océane lança un regard vers Corentin, toujours étalé par terre, le dos posé sur une des portes de la supercinq. Samantha faisait le guet devant, comme un chien défendant son bout de gras.

   — Il est juste dans les vapes, indiqua Rose. Il a été… un peu plus récalcitrant à se livrer que toi, dira-t-on. Je suis heureuse que tu sois là Océane (cette dernière eut encore une grimace en entendant son nom). Je ne peux t’expliquer tout de suite où je vais t’emmener, mais sache que tu y seras en sécurité, avec le confort que tu veux. Mon seul but est de te protéger.

   — Est ce que… répondit Océane. Est-ce que je pourrais continuer mes recherches ?

   Rose fit oui de la tête.

   — Dans la mesure du raisonnable et sans abeilles pour l’instant, bien entendu. Mais nous ferons en sorte que tu puisses le faire.

   Océane eut un hochement de tête de contentement. Elle se redressa, lança un regard circulaire avant de devenir blanche comme de la craie.

   — Où est Ernest ?

   Rose fixa ses yeux marrons, puis baissa la tête.

   — Mort, malheureusement, répondit-elle solennellement.

   Océane posa une main tremblante sur sa bouche grande ouverte. Edmond devint lui-même d’albâtre.

   — Il s’est jeté dans la centrale électrique, ajouta Rose. Nous n’avons rien pu faire.

   Rachid confirma d’un bref signe de tête. Le bruit d’un camion venant au loin les interrompit ; la guerrière regarda sa montre : 23h. Pile poil.

   Le convoi blindé, âgé mais entretenu avec soin, se stoppa à côté d’eux, s’abaissant de quelques centimètres dans le soufflement de ses suspensions hydrauliques. Il était noir, et comportait sur ses flancs un symbole blanc qu’Edmond n’avait jamais vu. Une lettre grecque, Phi peut-être ? La porte s’ouvrit et Pierre en descendit, l’air toujours sérieux et impénétrable. Un passager qui semblait être son double le rejoint à son tour.

   — Parfaitement à l’heure, indiqua Rose avec un sourire.

   — Évidemment, se contenta de répondre Pierre avec une moue qui se voulait joyeuse. Je te présente mon cousin Bernard.

   Rose tendit une main amicale que le sosie de Pierre accepta. La seule différence perceptible entre les deux était une taille de moustache plus fine et une petite mouche sous les lèvres pour le cousin. Après de brèves retrouvailles, le groupe s’écarta pour laisser Edmond et Océane s’approcher de Pierre. Samantha fermait la marche avec Corentin en baluchon sur ses épaules.

   — Il ne devait pas y avoir trois personnes ? demanda Pierre.

   — Léger contretemps, répondit Rose.

   Océane tendit un regard paniqué vers Edmond, et celui-ci lui serra doucement le bras, l’accompagnant jusqu’à l’arrière du camion où Bernard ouvrit la porte. L’intérieur semblait plutôt confortable pour un véhicule de bagnard, avec des assises renforcées de cuir tendu sur des mousses épaisses. La lumière blanche était chaleureuse, tout comme l’habillage. Océane regarda une dernière fois Edmond et celui-ci fit un signe de grimper en balançant sa tête. Elle posa un pied dans le van et se hissa. A cet instant, un autre camion arriva, ses feux les éblouissant de loin. Le nouveau véhicule se gara à quelques mètres d’eux, rutilant, imposant, déversant son duo d’agent gouvernementaux flanqués d’un fonctionnaire reconnaissable de loin à son costume impeccable et d’un quatrième homme lui aussi en costume.

   — Samantha, ordonna Rose, remets ton casque. Edmond ton masque. Je ne veux pas qu’ils voient vos visages. Vous me laissez parler. Océane, quoi qu’il arrive, tu ne bouges pas tant que je ne te le dis pas.

   Les quatre hommes arrivèrent d’un pas hautain jusqu’à eux, les deux en costume entourés des agents de la paix, s’arrêtant devant Rose avec un papier cacheté dans la main.

   — Par ordre du préfet, les membres d’E.C.O doivent nous être remis.

   — Quoi ? s’indigna Rose. Ses compagnons derrière frémirent. L’homme lui tendit le papier, que Rose attrapa avec vigueur et lut en diagonal.

 

   « En l’autorité du gouvernement, Mr le préfet … bla-bla-bla.

Bla-bla. »

[…] Les pouvoirs des membres du groupe auto-proclamé « E.C.O » étant issu de technologies, et non d’une source non-terrienne, les accords stipulent que c’est au gouvernement de s’inquiéter de leur jugement » [...]

 

   Rose resta un instant coi. Merde. Il est vrai qu’aucune preuve n’indiquait que les membres d’E.C.O avaient développé leurs pouvoir à partir d’un météore où d’une autre source « surnaturelle ».

   — Devant l’absence de contestation, j’estime que vous êtes d’accord.

   L’homme du gouvernement, sûr de lui, regarda les deux colosses qui l’accompagnaient et fit un signe de la main, plein d’assurance.

   — Allez les gars, embarquez-les-moi.

   L’homme à côté, très probablement un membre de la MBE se mit à sourire largement, ce qui eut don d’irriter au plus haut point Rose.

   — Attendez ! reprit-elle. Où est la preuve ?

   — La preuve ?

   — Votre preuve que le pouvoir d’E.C.O provient d’une technologie.

   Le sourire sur le visage du membre de la MBE s’effaça.

   — Mais nous n’avons aucune preuve. Nous n’en avons pas besoin !

   — Vous croyez ça ? J’imagine que vous savez qui je suis ?

   — Oui mais quel rapp…

   — Le rapport c’est que je suis la porte-parole et la juge de ce côté ! Ce bout de papier-là ne représente pas plus pour moi qu’un vulgaire morceau de papier toilette ! Lorsqu’une preuve concrète prouvera que s’occuper des membres du groupe E.C.O n’est pas de notre ressort, c’est avec joie que je vous les livrerais. En attendant…

   Rose lâcha le papier qui plana en plusieurs passes jusqu’au sol, laissant l’homme du gouvernement et son comparse idiotement stoïques. Elle se retourna ensuite et indiqua à Pierre et Edmond de pousser un peu plus Océane au fond du van. Samantha récupéra Corentin sur ses épaules.

   — Non ! Interrompit le membre de la MBE qui avait soudainement reprit du poil de la bête. Vous non plus n’avez aucune preuve !

   Rapide à réagir le bougre.

   — Je vous l’accorde. Alors coupons la poire en deux. Nous prenons Océane avec nous et vous prenez le reste du groupe.

   Samantha lâcha derrière son casque un regard indigné, et donc invisible.

   — Pourquoi ce serait à vous de choisir ? Nous voulons la femme !

   Rose, passablement agacée, avança d’un pas.

   — Non. Ecoutez, nous prenons Océane, je vous laisse les deux autres membres d’E.C.O, et en prime je vais dans l’usine tenter de désamorcer la bombe. J’imagine qu’aucun démineur ne pourra venir avant minuit, et qu’aucun membre de votre équipe va se porter volontaire ?

   Personne ne répondit.

   — Parfait. Je vais moi-même vous amener Corentin dans votre fourgon, nous repartons avec Océane, et je désamorce cette foutue bombe.

   Rose s’approcha de Samantha, et Pierre vint murmurer à son oreille :

   — Tu es certaine ?

   — Tu me connais. Elle lui fit un clin d’œil presque imperceptible. S’approchant de Samantha, elle posa ses mains sur le postérieur de Corentin, et grâce à l’aide de la chevalière, prit l’homme inconscient sur ses épaules. Sans grandes difficultés malgré sa carrure, elle trimbala le roi des cloportes jusqu’à l’autre camion, accompagnée des deux gardes, et déposa Corentin au fond du blindé. Les deux agents refermèrent la porte derrière à double tour, avec la même précaution que l’on mettrait pour une arme nucléaire.

  • Et leur chef ? s’enquit le membre de la MBE.

   — Vous le trouverez dans la centrale. Enfin, du moins ce qu’il en reste.

   Ils eurent un regard horrifié.

   — Si vous permettez, je vais vous demander de vous éloigner de la zone de déflagration. Au cas où.

   Les agents du gouvernement et le membre de la MBE ne se firent pas plus prier, et embarquèrent dans le camion en direction de la centrale, suivit par quelques voitures de police. Pierre et son cousin enfermèrent avec précaution Océane dans le van, Rachid éloigna sa voiture de plusieurs mètres en attendant Rose et Edmond s’avança près d’elle avant de monter dans la supercinq où Samantha attendait déjà.

   — Rose, avant que tu rentres là-dedans, je peux te parler de quelque chose ?

   Le regard d’Edmond était pensif et sous ses traits fatigués apparaissaient des interrogations profondes.

   — Qu’il y a-t-il Edmond ?

   Il haussa les épaules.

   — Voilà c’est que… en discutant avec Océane… je n’ai pas pu m’empêcher de penser que leur cause n’était pas… injuste. Enfin… Je m’interroge de savoir si…

   — Si on est du bon côté ?

   Il baissa la tête, penaud.

   — Oui.

   Rose soupira, mais avec un sourire paisible. Elle posa une main maternelle sur son épaule.

   — Nous ne sommes d’aucun côté Edmond. Notre but n’est pas de savoir ce qui est bon ou mauvais ; ce qui est juste ou injuste. Je sais très bien que la MBE n’est pas clean à 100%. J’ai même de sérieux doutes à leur sujet.

   — Mais l’impact qu’ils ont !

   — Je le sais Edmond. Et je t’assure qu’ils paieront un jour ou l’autre de leurs actes. Mais il ne faut pas agir comme les membres d’E.C.O ; foncer tête baissée est totalement suicidaire. Et c’est le meilleur moyen de perdre sa chance.

   — Alors, si eux où d’autres organisations commettent de lourds méfaits, on aura nos mots à dire ?

   — Oui, mais il faut la jouer intelligemment. Je te montrerais. En attendant, je veux que tu montes dans la supercinq et que toi et Samantha m’attendiez dans le hangar. Ok ?

   Il fit oui de la tête et s’éloigna. Rose se détourna et positionna l’oreillette dans son oreille gauche. Elle se dirigea devant la porte de l’usine et appela Laurent à l’autre bout des ondes.

   — Laurent est ce que tu me captes ?

   — Parfaitement, répondit celui-ci au bout du fil.

   — Je crois qu’on tient une occasion rêvée d’en savoir un peu plus sur leurs activités.

   Le portable dans la poche de Rose vibra.

 

Attention, vous n’êtes pas seule. Je m’occupe des caméras. Ne tardez pas.

R.

 

  Rose balaya son regard de gauche à droite, avec la désagréable sensation d’être observée par quelqu’un d’invisible à ses yeux. Elle appuya sur un bouton de l’oreillette et murmura :

   — Après cela, on méritera bien une pizza hawaïenne.

   Un son désagréable de grésillement traversa ses tympans, laissant après lui un fond sonore crypté.

   — C’est actif. Tu penses qu’on est sur écoute ?

   — Je viens de recevoir un message inconnu qui semble l’indiquer. Soyons prudent, cela ne m’étonnerait pas du tout.

   — Tu as une idée de qui te l’a envoyé ?

   — Non. Aucune. Mais cela accentue mes doutes sur le rôle de la MBE dans tout ce merdier.

   Elle regarda une dernière fois autour d’elle, puis retroussa ses manches.

   — Je m’apprête à rentrer.

   — Je te suis virtuellement.

 

   Rose passa la porte d’entrée coulissante, sur laquelle un gros logo MBE était apposé en lettre rouge. Des bureaux flambants neufs, reliés par des couloirs blanc crème embaumaient l’espace d’une odeur de carbone et de peinture. Après deux couloirs et trois sas, une balustrade surplombant un long escalier de métal s’ouvrait sur l’usine en elle-même. Large, majestueuse, en grande partie creusée dans le sol. La disposition était pragmatique, en longues lignes droite s’entrecoupant perpendiculairement, formant un quadrillage presque parfait. Quelque chose d’étrange s’en dégageait. Quelque chose de…

   Familier.

   Rose fit glisser ses doigts sur la rambarde glacée de l’escalier, observant tout en descendant la disposition des espaces qui lui rappelait horriblement quelque chose. Elle s’arrêta en plein milieu, ayant aperçu dans son champ de vision la bombe d’E.C.O, simplement disposée entre de grandes cuves. Son regard s’en détourna, observant de nouveau l’entièreté de l’espace, essayant de trouver au fond d’elle d’où venait cette impression de déjà-vu. A l’avant dernière marche, elle s’arrêta.

   — Laurent, tu as le plan de l’usine ?

   — Evidemment. Pourquoi ?

   — Fouille dans le chapitre 17 du dossier jaune. Ôte-moi d’un doute.

   Sans dire un mot, Laurent s’exécuta. Rose continua d’un pas tranquille en direction de la bombe. Quelques cloportes et abeilles perdus s’éloignèrent au plus vite de l’endroit quand elle atteignit l’engin. Un dispositif simple, sans fioriture, dont n’importe quel amateur pouvait trouver les plans dans les profondeurs d’internet. Rose était rompue au désamorçage de ce genre de bombes. Elle en fit le tour, toucha quelque fils, observa les énormes cylindres autour duquel l’objet était placé. Elle s’approcha d’un des tanks métalliques, et reconnu toute de suite leur odeur familière.

   Phosphore.

   — J’ai trouvé la bombe, indiqua-t-elle dans l’oreillette.

   Le bruit du froissement de papier précéda la réponse de Laurent.

   — Et alors ? répondit-il en feuilletant les pages.

   — Simple comme bonjour. J’avoue qu’ils l’ont idéalement placée. Autour de ces cuves, la moindre petite déflagration peut littéralement raser les environs.

   — Alors tu désamorces ?

   — Yep.

   Rose s’agenouilla devant le dispositif, sépara un fil des autres, et sortit un petit canif de secours.

   — Rose ! l’interrompit Laurent.

   — Oui ?

   — Ton doute n’en est pas un. Cette usine est…

   — Exactement la même que dans le dossier.

   Rose arrêtât sa besogne, se releva lentement, observant alors la fabrique comme une sorte de monstre l’engloutissant.

   — Tu ne désamorces pas la bombe ? demanda Laurent qui ne l’entendait plus parler.

   La guerrière observa sa montre. 23h30.

   — Il me reste encore un peu de temps, répondit-elle. Je veux m’assurer que c’est bien exactement la même. Garde le dossier près de toi, tu vas me guider.

   Elle traversa la grande pièce, atteignant un immense monte-charge de plus de 20m². Le panneau de contrôle de l’ascenseur proposait 2ème étage, 1er, rez-de-chaussée et sous-sol.

   — Concernant le tableau de commande, il y a marqué quoi ?

   — Le dernier bouton se trouve derrière.

   Rose observa de plus près ; le panneau de commande comportait en effet le trou d’une serrure. Munie d’un crochet, elle le déverrouilla pour découvrir qu’un cinquième bouton s’y cachait bien, désigné simplement par « 2SS »

   Deuxième sous-sol.

   Le cœur de Rose se mit à battre la chamade. Elle appuya dessus et l’élévateur s’ébroua, lentement, descendant en vibrant, plus bas, toujours plus bas, avant de s’arrêter en douceur. Rose déglutît ; les portes coulissantes s’ouvrirent sur un couloir immaculé, d’une blancheur éblouissante. La guerrière fit un premier pas prudent, interloquée rapidement dans son exploration par un logo écarlate qui transperçait les murs d’albâtre : une sphère rouge, dans laquelle trônait une tête d’Ibis.

   Putain.

   — Rose ?

   — Laurent… Les choses sont graves. Très graves.

   — Dans quel sens ?

   — Tout ce qu’il y a dans le dossier. Il n’y a plus aucun doute possible désormais. Et… et c’est la MBE.

   L’oreillette grésilla à l’autre bout.

   — Autant dire, une Chimère, soupira enfin Laurent.

   — Comme tu dis.

   Rose fouilla dans une de ses poches internes, et en sortit un minuscule appareil photo. Elle avança, toujours le pas pesant, dans le dédale de couloir. Arriva un premier haut-le-cœur : un terrarium, vide, grand, pouvant contenir un animal de la taille d’un humain. Un deuxième, où de la végétation avait été méticuleusement disposée. Puis un troisième dont la porte ouverte lui permis de voir que la glace qui donnait sur le terrarium était un miroir sans teint. De l’autre côté de la pièce, une autre porte menait à une salle de chirurgie. Une table, des outils stériles, de grosses lampes, du matériel médical neuf et encore sous emballage. Des ventouses. Des forceps. Un étrier.

   Une salle d’accouchement.

   Un frisson glacial parcouru son échine, une sueur froide coulant de son cou jusqu’à son séant. La nausée lui coupa la gorge, et elle dû prendre appui sur un mur pour reprendre son souffle, la main devant la bouche.

   — Laurent c’est… c’est… c’est immonde.

   — Si tout est comme dans le dossier, j’imagine.

   La guerrière le savait, se l’était l’imaginé. Mais voir en vrai ce type d’enfer lui congelait les os.

   — On va devoir agir. Mais comment ? Cette entreprise est un véritable rouleau compresseur. Ce serait suicidaire de les combattre de face.

   Laurent resta quelques instants silencieux, au grand désarroi de Rose, qui lançait des regards circulaires dans la pièce et imaginait les pires horreurs qui allaient s’y passer.

   — Rose. Nous n’avons pas les moyens de lutter contre une entreprise comme la MBE. Surtout qu’elle ne sera jamais seule. Nous ne les avons pas pour l’instant. Après tout, le message que l’on t’a envoyé nous a prévenu : nous avons un allié. Et en la jouant fine, on pourrait peut-être les ralentir sans qu’il le sache.

   — Je t’écoute ?

   — La bombe, tu crois qu’elle peut provoquer assez de dégâts ?

   Le cœur de Rose se réchauffa.

   — Oui ! Je peux même lui donner un petit coup de pouce ! Laurent tu es un génie !

   — Je sais.

   Les idées de Rose se replacèrent, son cœur se réchauffa.

   — Je prends les photos qu’il me faut, et après on va jouer à un petit jeu d’acteur. Ça te va ?

 

   Le son strident recommença dans l’oreillette ; dans la radio, on entendit indistinctement entre deux grésillements :

   — La… bomb… je… n’arri… pas… désamorc… fui dehors ! … Evacu… alentours ! Evacuez les alentours !

   Rose sortit comme une furie de l’usine, et courra le plus vite possible en direction du préau où s’étaient réfugiés les policiers de la zone. Elle sauta vers eux juste avant l’explosion. Le bruit, l’impact fut tel que la terre en trembla ; un champignon de flamme verte s’éleva, illumina les alentours dans la nuit, dans les cris choqués et apeurés des agents de Police et des quelques badauds autour. Rose, à plat ventre, se retourna et s’assit, les bras tendus derrière elle, ouvrant de grands yeux devant le spectacle. Personne ne le vit, mais au coin de ses lèvres, se figea un sourire victorieux.

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