3· Lupo

Notes de l’auteur : Un petit peu plus d'informations sur notre protagoniste aujourd'hui…

Bonne lecture 🔥

« La solitude est la seule amie qui ne nous contredit jamais. »

 

 

INCONNUE...

 

Après la douche, je n'ai revu ni les hommes, ni le chien. Le grand brun tatoué que j'ai croisé en sortant de l'hôpital m'a laissé me changer et m'a tout de suite emmenée dans une chambre. Il ne m'a pas adressé un mot, je n'ai réentendu sa voix qu'une fois dans la pièce. 

  – Tu dormiras ici cette nuit. Pas la peine de songer à partir, ton avenir est meilleur ici qu'ailleurs. 

Et ce sont ces mots qui me font cogiter depuis maintenant plus d'une heure. C'est comme s'il laissait entendre qu'il connaît un bout de ma vie. Qu'il sait que je n'ai pas vécu que des belles choses. Peut-être mon paternel ne lui est pas inconnu. 

J'espère qu'il l'est. Je n'ai pas envie que qui que ce soit sache ce qu'il s'est passé. Ce n'est pas encore le moment. 

Je ferme fortement les yeux au souvenir de cet homme qui m'a donné la vie. Je n'ai absolument aucune envie de penser à lui dans ce genre de moment. Il faudrait plutôt que je me concentre sur une personne que j'aime...

 

Je n'en aime aucune. 

 

Mes pensées divaguent rapidement sur mes patients que j'ai abandonnés pour une durée indéterminée et qui me manquent déjà. J'ai toujours tout fait pour être une bonne infirmière, et je pense l'être. Je me suis toujours donnée à cent pour cent pour eux et je n'ai jamais regretté toutes ces nuits blanches et cette anxiété accumulée dans les couloirs des urgences. 

Un soupir quitte mes lèvres. Là où, il y a quelques heures, j'aurais aimé pouvoir ne rien faire de ma matinée et fuir l'hôpital, désormais j'aimerais me retrouver au travail plutôt qu'ici. Tout sauf me retrouver dans cet endroit inconnu avec ces cinq types dont je ne me souviens même pas le nom. Ils se sont interpellés mais je n'ai pas retenu, bien trop occupée à stresser concernant mon avenir. 

Je n'ai qu'une amie. Je suis presque persuadée qu'elle aimerait être à ma place actuellement, elle qui aime tant les hommes. Je crois que c'est son sujet de conversation préféré. Beaucoup de femmes auraient sans doute tiré profit de la situation, elle la première. 

Je ne peux pas m'empêcher de me méfier de cette fille malgré tout le temps qu'on ait pu passer ensemble. Je n'ai connu que des personnes malveillantes dont le seul but était de me faire du mal, et je pense sincèrement que c'est ce qu'elle pourrait faire, elle aussi. Si cela venait à être le cas, je ne serais pas surprise. 

Poussant un soupir, je me tourne de l'autre côté, face à une fenêtre que j'ai déjà essayé d'ouvrir sans succès. 

Je n'ai pas osé demander pourquoi je suis là. J'ai bien trop peur de la réponse. Pourtant, la question me brûle les lèvres. Je n'ai plus que ça en tête désormais. Pourquoi suis-je ici. 

En y réfléchissant bien, si personne ne m'a encore fait du mal, c'est qu'il y a une raison à ma présence ici. L'un d'eux m'a demandé si j'étais infirmière, peut-être que je suis leur otage pour soigner quelqu'un? Non, j'aurai déjà œuvré à l'heure qu'il est. 

Je ne pense pas que tout cela ait un rapport avec des services sexuels, j'ai plus ou moins été respectée, si on omet le moment de la douche. 

Je ne pense pas avoir une seule réponse tant que je ne sais pas qui sont ces types. 

 

Je me retourne de nouveau, cette fois-ci sur le dos. J'étends mes jambes en fermant les yeux, mon corps a bien besoin de repos après une telle journée aux urgences et après s'être fait un peu secouer. 

Ça fait longtemps que je n'ai pas pris de pause. Demain, je ne pourrai pas aller travailler. Je vais manquer le boulot pour la première fois. 

Merde. 

Comment vont faire mes collègues pour gérer cet imprévu avec la charge monstrueuse de travail que nous avons déjà? Est-ce que ma chef va me détester en constatant mon absence injustifiée? Je ne peux même pas les prévenir, ils ont pris mon téléphone. 

Je glisse mes mains sur son visage en fermant les yeux, poussant un soupir interminable. 

L'angoisse monte encore une fois en moi et je sens mon estomac se resserrer. J'ai toujours été sérieuse et assidue, et je suis sûre qu'à cause de cette situation je vais perdre mon travail.

 

Si tu n'as pas perdu la vie avant, idiote. Il y a des priorités.  

 

Oui, mes patients. Je me suis juré d'être à leur service quoi qu'il arrive, de m'occuper d'eux au détriment de ma propre personne, et je ne peux pas les abandonner ainsi. 

Je ressens une forte envie de vomir en pensant que je vais devoir briser ma promesse. D'une force qui en devient rapidement insupportable, je me mords l'intérieur de la joue. Une sorte de punition pour moi-même. Pour avoir été aussi bête. 

Une violente envie d'aller aux toilettes me fait oublier le souci du travail. Ma vessie en est douloureuse et je n'ai rien ici. La porte étant fermée à clé, je suis foutue. Ils n'ont même pas pensé à ce besoin primaire. 

Qu'est-ce que ça peut être con un homme. 

Je croise les jambes pour combler l'inconfort en me tournant de nouveau sur le côté. Ces cinq malades m'ont enfermée pour que je ne puisse pas sortir. Comme si j'étais une menace. Ou bien leur prisonnière. Je ne pleure pas, mais j'en aurais presque l'envie. 

Toutes ces pensées et l'épuisement finissent par avoir raison de moi et je sens mes yeux se fermer quand bien même j'essaie de lutter pour les garder ouverts. Mon corps est secoué de quelques spasmes, il lâche prise, il veut se mettre sur off le temps de quelques heures. Il en a bien besoin. Il le mérite. 

À peine je laisse mes membres se détendre un peu qu'un flashback me revient soudain. Je revois les cinq hommes devant moi il y a peu, dans leur salon, et je me sens encerclée. Je suis immédiatement renvoyé au soir où mon père est entré dans ma chambre au début de la nuit avec deux de ses amis alors que j'essayais de m'endormir. J'avais six ans et envie de disparaître à tout jamais. 

 

Je rouvre subitement les yeux et me redresse, le souffle bloqué dans ma gorge. J'ose un regard vers la porte par réflexe et me lève pour aller vérifier qu'elle est bien fermée.  

Je retourne au pas de course jusqu'au lit dans lequel je me glisse de nouveau, le carrelage est gelé et mes pieds nus n'apprécient pas la soudaine fraîcheur. 

 

La nuit risque d'être longue.

 

Mais le tatoué avait raison sur une chose. 

 

Je suis plus en sécurité ici que chez moi. 

 

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Ellegrisone
Posté le 05/10/2023
Je suis en train de suivre cette nouvelle histoire et je peux dire que j'apprécie bien! Je vais continuer les autres chapitres et on va voir ce que ça donne :)
millobooks
Posté le 12/10/2023
merci beaucoup pour ton petit commentaire, je te souhaite une bonne lecture, en espérant que mon histoire et mes personnages te plaisent☺️
UneXtoile
Posté le 22/01/2023
J'ai tellement envie de mettre des commentaires ici aussi alors que je l'ai déjà lu il n'y a pas longtemps omg T.T
Cette histoire rend complètement fou
millobooks
Posté le 22/01/2023
ma meilleure supportrice🤍
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