Endrin essayait : elle s’élançait, se cramponnait, tentait de se hisser.
– Tu n’y arrives pas. Tu penses trop fort, tu t’éparpilles.
Le ton du Tisseur était parfaitement neutre. Ni colère, ni lassitude, juste une froide méticulosité. Endrin s’efforça de faire le vide. Elle évacua ses incertitudes, ses craintes et ce sentiment croissant de honte qu’elle ne délimitait pas encore. Honte comme un enfant qui ne sait pas lire. Comme un chasseur qui revient toujours bredouille.
Le mur de brique sur lequel elle se concentrait se mit à trembler. Ce n’était pas ses fondations qui s’ébranlaient, mais sa surface entière qui se troubla soudain et tourna floue. C’était comme regarder ce mur à travers une flaque.
Endrin fit un pas en arrière, essoufflée, et s’adossa contre une colonne effondrée. Tout autour, d’autres fragments d’anciens bâtiments disparaissaient sous les plantes grimpantes. Seul le mur de brique se dressait nu. Endrin garda les yeux fixés dessus pour ne pas voir ceux que le Tisseur dardait sur elle. Il s’était débarrassé des lunettes de Djem – il n’en avait visiblement pas l’usage – mais arborait toujours son visage.
– Tu n’as peut-être pas la capacité de tisser la vie.
– Je ne sais pas, bredouilla Endrin. Je ne comprends pas comment vous faites. Si vous pouviez m’expliquer, peut-être…
Elle releva la tête. Le Tisseur réfléchissait.
– Ou me montrer une fois de plus ? risqua-t-elle.
– Je n’ai pas la puissance nécessaire pour faire ça plusieurs fois de suite. Pas encore.
Il regarda les mains de Djem.
– Ce corps n’est pas habitué à ma présence. Le garçon n’aime pas tant que ça me céder la place.
– Pourtant il vous respecte. Il ne cherche qu’à vous aider.
– C’est ce qu’il pense en surface, oui. Mais il va falloir qu’il fasse mieux que ça.
Endrin se mordit les lèvres, à nouveau submergée par la honte et la honte de ressentir la honte. On aurait dit que le reproche s’adressait à elle aussi. Le Tisseur l’observait d’un œil perçant, comme s’il entendait ce qui se passait en elle.
– Je suis désolée, dit-elle avec sincérité. J’essaye vraiment.
Elle était tentée d’interpréter la fixité de son regard comme de la contrariété, mais ça n’en était pas. Le Tisseur disait que ce qu’elle appelait des sentiments lui était inconnu. Que là d’où il venait, et là où il voulait retourner, personne ne s’en embarrassait – c’était un fardeau humain, une fantaisie, une posture que se donnaient les Hommes.
Et elle comprenait à demi-mot qu’elle n’aurait jamais dû ressentir toutes ces choses, elle qui était comme lui. Alors la petite fille en elle se décomposait à l’idée d’être cause de déception pour le Tisseur.
– Qu’est-ce que tu essayes, exactement ?
La question la prit au dépourvu.
– Eh bien… Comme vous me l’avez dit… J’essaye de faire taire tout ce qui se passe à l’intérieur. Mais je ne sais pas comment je devrais faire… Il n’y a jamais de silence en moi.
Il cilla. Il se tenait assis en tailleur sur sa dalle, les mains posées sur les genoux, vêtu de la longue djellaba qui appartenait à Djem.
– Tu as passé trop de temps parmi les humains. Tu n’es pas comme moi, tu es comme eux.
Ces mots la heurtèrent comme une blessure. Elle resta muette.
– Ils t’ont soufflé leur peur et leur honte, leur espoir aussi et même leur tendresse… Ces grands mouvements internes dont ils se parent pour se mettre en scène. Comment aurais-tu pu t’en préserver alors que tu vivais parmi eux ?
– Je n’ai jamais été – tout ça n’a jamais été simple, répliqua Endrin en serrant les poings. Ces sentiments n’ont jamais été évidents pour moi, il a toujours fallu que je les débusque. Je ne suis pas… comme eux.
Elle l’avait toujours su. Pourquoi fallait-il maintenant qu’elle doive s’en défendre, chercher à convaincre cet être qui n’était pas humain ?
– Tu as trop de moi en toi, trop d’eux, aussi. Le mélange n’était pas fait pour être évident. Il n’y a pas grand-chose de plus contre-nature, au contraire. Et entourée d’humains, tu es devenue à peu près humaine. C’était inévitable.
– Je vous assure que je…
Elle se tut quand il descendit souplement de la dalle.
– Je vais te montrer, dit-il simplement.
Les contours de son corps se brouillèrent soudain.
– Tu sais pourquoi je ne porte pas les lunettes du garçon ? C’est que je vois déjà trop de choses. Le flou est bienvenu. Regarde…
Endrin plissa les yeux, puis les écarquilla quand les ombres surgirent.
– Vois ce que je vois, ce que tu verrais si tu étais réellement comme moi et pas comme eux.
Des gens traversaient le parc, éclairés d’une lueur bleutée. Ils portaient jupes, tuniques et sarouels, avec une besace pendue à l’épaule ou des livres à la main ; ils avançaient d’un pas décidé, laissant derrière eux des traînées de brouillard bleu ; c’étaient des étudiants. Mais pas ceux qu’Endrin aurait pu apercevoir dans les parties les plus fréquentées du parc, pas ceux qu’elle aurait croisés au détour d’un couloir – pas aujourd’hui. Ils étaient d’un autre temps.
Un petit groupe s’immobilisa à proximité. Une des silhouettes fouillait dans son sac, les autres parlaient sans produire un seul son – ou alors un murmure trop lointain pour les sens d’Endrin. Hypnotisée, elle s’approcha, tendit la main vers eux, la passa devant leurs visages indistincts.
– Ils ne nous voient pas… ?
– Ni eux, ni ceux d’avant, ni ceux d’aujourd’hui. Les humains ne voient rien. Dans cette obscurité, ils ont besoin de se remplir pour croire à leur existence : alors ils se persuadent d’éprouver des impulsions plus grandes qu’eux-mêmes et leur donnent une importance démesurée.
Les silhouettes se dissipèrent. Le Tisseur s’approcha d’Endrin, raccrocha le regard qu’elle avait égaré du côté du passé.
– Ton drame, c’est que tu ne sortiras pas de cet entre-deux. Tu verras, partiellement, et tu t’empliras de ces sentiments, partiellement aussi. Sans passer jamais entièrement d’un côté ni de l’autre.
Endrin baissa la tête sous le poids de sa déception.
– Je suis désolée, souffla-t-elle.
– Ça ne signifie rien pour moi, répliqua le Tisseur après un temps d’arrêt. Que veux-tu dire ?
– … Je ne suis pas telle que vous l’espériez. Vos projets seront peut-être contrariés par ma faute.
Il ne dit rien et Endrin finit par relever la tête, craintivement, pour voir ce qu’il y avait dans son regard. Mais il n’y avait rien – il réfléchissait, simplement.
– Tu n’as pas compris. Je ne t’ai pas voulue différente de ce que tu es. Il fallait que tu puisses faire illusion. Il fallait que tu sois à peu près humaine, avec juste assez de moi en toi pour t’élever au-dessus des humains. Pour comprendre ce que j’ai besoin que tu fasses et pour pouvoir l’endurer.
Il s’approcha, se pencha de sorte que leurs visages soient à la même hauteur. Les yeux de Djem, qui n’étaient plus les siens, fouillèrent ceux d’Endrin, où les couleurs dansaient.
– Tu es juste entre les deux, répéta-t-il tout bas.
Endrin s’abîma dans ce regard. Tant de choses s’expliquaient. Tous les murmures, tous les fredonnements de la pierre et du bois, tous les chants de la forêt et ceux de la ville ; tout ce qu’Endrin avait toujours ressenti – entendu ? ou vu ? – tout cela prenait sens. C’étaient des fragments d’ailleurs et d’autrefois, comme celui que le Tisseur venait de lui montrer. Mais ils étaient différents l’un de l’autre : tandis que lui vivait en permanence dans une superposition d’histoires, de mouvements, d’époques, elle n’en percevait que des miettes… Ce qui l’éloignait à la fois du Tisseur et de tous les autres – tous les humains.
– Il y a tant de mouvement dans ta tête, souffla-t-il.
– Vous… vous pouvez entendre ce que je pense ?
– Je perçois juste le mouvement. Ça murmure.
Elle baissa la tête, respira pour se vider l’esprit. Le Tisseur alla s’adosser au mur de brique sur lequel Endrin s’était acharnée et, après quelques instants, elle le rejoignit. Quelque chose en elle redoutait de poser des questions – elle avait si longtemps cherché à les garder pour elle – mais maintenant que le fil avait commencé à se dévider, il était intolérable de ne pas tout savoir.
– Pourquoi faut-il que je sois « à peu près humaine » ? demanda-t-elle en s’asseyant à côté de lui. Pourquoi ne pas m’avoir créée exactement comme vous ?
– Parce que tu ne serais pas utile. Ceux que je cherche à retrouver veulent des humains, pas des êtres comme moi.
Endrin attendit, mais le Tisseur ne compléta pas. Il répondait toujours de manière brève, sans compléter les zones d’ombre. Elle allait devoir persévérer.
– Qui est-ce que vous cherchez à retrouver ?
– Des morceaux de nous… moi…
Il claqua de la langue et agita la tête.
– Le langage humain est trop pauvre. Tu comprendras mieux si je te dis qu’il s’agit de ma… famille. Je crois.
– Et où sont-ils ?
– Tu le sais mieux que moi.
– Comment ça ?
– Ils sont dans le plus beau pays du monde. Au Nord. Ils sont peut-être ailleurs aussi, je n’en sais rien ; j’ai eu tellement de mal à retrouver leur trace ! J’y ai perdu des siècles.
Endrin peinait à suivre la pensée du Tisseur, tant la moindre de ses réponses ouvrait d’incroyables horizons. Elle avait peur de comprendre.
– Et ceux que vous cherchez… à quoi ressemblent-ils ?
– Ils étaient un peu comme moi, mais ils ont changé, c’est inévitable. On m’a dit qu’ils ressemblent au paysage, à certains éléments du paysage, comme s’ils étaient des morceaux du monde. Mais ils ressemblent aussi un peu aux humains – très vaguement, je pense.
– Les esprits, souffla Endrin. Les Branns, les Lytts…
Il hocha la tête. Tout simplement.
– Les Pans, les Skums… C’est pour ça que vous avez réagi si vivement quand je les ai mentionnés… C’est pour ça qu’ils me…
Elle s’interrompit. Elle avait failli dire « qu’ils m’aimaient ». Mais il ne fallait pas parler de sentiments au Tisseur. Elle reprit :
– Ils savaient que j’étais comme vous.
– Non. Précisément. Ils devaient voir que tu étais humaine. C’était ça qui devait les attirer. Et une fois qu’ils s’étaient intéressés à toi, ils devaient s’apercevoir qu’ils parvenaient à te comprendre et à communiquer avec toi, bien mieux qu’avec n’importe quel humain. C’était ce que j’avais prévu.
Il planta son regard dans celui d’Endrin. Elle y percevait de l’urgence, une sorte de violence. Mais le ton du Tisseur fut très doux quand il dit :
– Je voudrais que tu me parles d’eux.
– Mais j’ai… Je voulais…
Elle avait encore tant de questions.
– S’il te plaît. Parle-moi d’eux. Parce que tu sais… ils me manquent.
Endrin ferma les yeux. Ils me manquent. C’était ça. C’était là depuis le début. Elle aurait pu s’attarder sur ces mots, demander au Tisseur comment d’autres êtres pouvaient lui manquer alors qu’il disait ne ressentir aucun sentiment. Elle aurait pu. Mais il attendait depuis des siècles. Alors Endrin raconta.
Elle décrivit la forêt enneigée et le bruissement qui annonçait l’approche des Pans. Leurs yeux vides, leur corps gelé, leur petitesse dans l’immensité des plaines du Nord, et leur puissance par contraste. Elle se rappela les Lytts et leurs sifflements qui se terminaient en rire, les Branns dansant dans les flammes, les Skums et leur beauté impossible…
De nouvelles questions se présentaient tandis qu’elle parlait. Les esprits venaient-ils des États Suspendus, comme le Tisseur ? Que s’était-il passé pour qu’ils soient séparés ? Pourquoi les Skums avaient-elles mentionné un conflit entre eux ? Et par association d’idées…
– Ils m’ont offert quelque chose quand j’ai quitté le Nord, se souvint-elle. Des fragments de… d’eux-mêmes. Je crois. Ils m’ont dit qu’ils voulaient rester avec moi.
Le Tisseur l’avait écoutée jusqu’ici avec une attention douloureuse.
– Montre-moi ces fragments.
– Je ne les ai pas, avoua Endrin. L’autre jour, je suis partie très vite… Les présents des esprits sont restés dans l’appartement.
Le Tisseur se leva.
– Allons les chercher.
– Quoi… Maintenant ?
Endrin était confuse. Ils n’avaient pas quitté les parcs de l’Université depuis leur rencontre, restant dans les zones les moins fréquentées. Elle avait senti l’influence du Tisseur sur le monde alentour ; rien ni personne ne les avait dérangés, comme si leur présence s’était effacée aux yeux des autres. Ils avaient mangé les fruits d’un arbre, bu l’eau d’un ruisseau et dormi assis contre une colonne. Ils avaient peu parlé – elle avait restreint ses questions, se contentant d’obéir à ce que le Tisseur lui demandait, c’est-à-dire « tordre » le monde. Elle avait cru qu’ils devaient rester ici, à l’Université. Car après tout c’était ici que le Tisseur avait voulu qu’elle soit, non ?
Mais à présent, il parlait de quitter les lieux et de s’aventurer dans la ville sans une once d’hésitation. Le Tisseur la déstabilisait en permanence. Endrin se demanda si ses proches avaient eu, à son sujet, cette impression constante de décalage.
Elle le suivit dans les jardins de l’Université. Son inquiétude grandissait à l’idée d’évoluer dans le monde extérieur aux côtés du Tisseur.
*
Je marche. L’enfant me suit. Les fantômes nous frôlent. Inconscients. Nous traversons les jardins. Je laisse le garçon jouer les guides. Il est fatigué. Je pèse lourd dans son corps. Il va devoir tenir. Plus longtemps que les autres ? L’enfant murmure. Elle ne s’entend pas mais moi oui. Elle pense à ses « esprits ». Nous sommes tournés dans la même direction. Je veux les voir. Je veux les voir. Je veux les enlacer les frapper les supplier
Mais
Soudain
Les lignes du monde frémissent. Je vois arriver des silhouettes qui ne sont pas des fantômes. D’abord je veux les repousser. Mais le garçon s’agite en voyant ce que je vois. Ça me gêne. Alors je laisse venir les silhouettes
Et
Ils nous entourent. L’enfant et moi. Il y a des exclamations. L’enfant devient floue. Les humains se mettent à parler. Tous en même temps. Questions. Reproches. Ils me regardent. Moi ? Non. Le garçon. Ça s’approche. Questionne. Encore. Trop vite.
– Djem.
Le nom du garçon. Les humains l’appellent.
– Djem !
L’enfant est paralysée. Derrière moi. Elle regarde celui qui est venu du Nord avec elle. Quelque chose circule entre eux. Il y a les restes de l’orage. La fureur d’un côté. La honte de l’autre. Des échos. Mais il y a aussi
Des fils qui se cachent à ma vue
Solides. Anciens.
Je me tourne vers l’enfant pour l’interroger. Autour ça continue de s’agiter. On m’interpelle – pas moi, le garçon. Il voudrait répondre mais je ne peux pas le laisser faire. Trop de bruit
Et puis
Une main humaine se pose sur le corps que j’occupe
Le garçon rue et
C’est ma sœur ! c’est Bokka ! Elle sait pas ce qu’elle fait, je suis désolé, elle compte pas ! Ne lui faites pas de mal s’il vous plaît s’il vous plaît ne lui faites pas de mal ! Elle est si petite
Si petite. Je reprends le contrôle. Le garçon se laisse faire. Je dégage mon bras. La sœur me lâche. Lui faire du mal ? Les humains ont peur du mal. Mais qu’est-ce que ce serait, lui faire du mal ? Mouvement. Cris. On appelle le garçon. Une troisième humaine. Elle m’apparaît plus distinctement que les autres. Elle, je vois que je pourrais l’occuper. Comme j’occupe le garçon actuellement. Ils brûlent du même feu. Ils sont tournés dans la même direction. La même que moi. Leurs États Suspendus. Mon chez-moi. Quand le garçon se brisera sous mon poids, je pourrai occuper cette fille. Elle tiendra bien aussi longtemps que lui. Elle vient à moi. Elle me scrute. Ses yeux s’écarquillent. Je crois qu’elle me voit à travers le garçon. Elle tend la main. Je recule, je
Non ne lui faites pas de mal ! C’est Ecce ! Elle vous servira il faut juste qu’elle comprenne, elle vous servira, je vous le promets ! Elle sera utile, ne lui faites pas de mal !
Je musèle le garçon. Il a trop peur de moi. De ma présence en lui. Et du mal. Il croit trop à l’idée de peur. Ça ne devrait pas être ainsi. Pour que je puisse l’occuper sans problème il ne faut pas qu’il ait peur.
– Djem, Djem… Djem, tu es là ?
Je suis fatigué. Ces humains bougent trop. Occupent trop d’espace. Les deux filles dirigent leur vacarme vers moi. Il y a aussi le voyageur. Lui et le Nordiste cherchent à parler à l’enfant. Quel bruit. L’enfant est immobile. Elle cherche le silence. Cette irruption d’humains la dérange aussi. Je décide de lui donner le silence. J’appuie fort sur le garçon pour qu’il ne me gêne pas et je tranche quelques fils dans la toile du monde. Les humains se taisent brusquement. Puis ils tombent
Comme je suis tombé ?
Inconscients de tout
Aveugles et sourds. Je respire. Le silence revient. Je regarde l’enfant. Son œil raté brûle, brûle, hurle.
– Non, dit-elle. Non, non. Qu’avez-vous fait ?
Je ne comprends pas. Ce n’était pas ça qu’il fallait faire ? Ce n’était pas le silence qu’elle voulait ? C’est mal, le silence, pour les humains ? Je ne comprends pas les humains. Et je me dis que tout a commencé comme ça. Un jour, nous avons eu cette pensée « Je ne comprends pas les humains ». Tout est parti de là. À partir de ce jour-là, nous étions scindés. Il y avait un « moi » en plus du « nous », un « eux » aussi. Ceux de nous qui observaient les humains. Ceux de nous qui ne s’y intéressaient pas. Ceux de nous qui voulaient comprendre
Ceux de nous qui ont trahi
Qui nous ont déchirés
Arrachés à nous-mêmes
Ceux qui ont lutté, ceux qui ont répliqué, ceux qui se sont trouvés au milieu, ceux qui se sont enfuis, ceux qui sont tombés… Je revois tout. Et ils me manquent. Le confort d’être plusieurs au lieu d’un seul me manque. Ça n’aurait pas dû se passer comme ça. C’est une erreur terrible. Mais je vais la réparer. Tout reviendra à ce qui était. Je regarde l’enfant. Elle s’est relevée. Elle serre les poings. J’entends ses murmures. « Vous n’avez pas le droit ». Mais elle n’ose rien dire. Alors je lui demande.
– Tu as besoin de ces humains ?
Elle écarquille les yeux. Celui qui est raté affiche une couleur d’orage.
– Besoin ? répète-t-elle.
– Oui. Il y en a plein d’autres. Tu as besoin de ceux-là en particulier ?
Elle tremble. Tout ce qu’elle ne veut pas dire se déverse par des voies qui lui restent invisibles. Le monde tangue. Le vent souffle.
– Réponds-moi, j’insiste.
– Je ne sais pas si j’ai besoin d’eux, mais je veux qu’ils vivent, dit-elle. Ils m’ont aidée. S’il vous plaît… Ne les laissez pas comme ça.
– Si je les ranime ils nous enfouiront de nouveau sous leur vacarme.
– Ils ont juste besoin de comprendre. Si nous prenons le temps de leur expliquer… Mais est-ce que nous avons le temps ?
– C’est la seule chose que j’ai. J’ai tout le temps. Mais tu n’en as pas autant. Et ce garçon (je désigne le corps que j’occupe) encore moins. Et je ne sais pas jusqu’où peut aller mon impatience.
L’enfant me regarde. Elle sait. Ils me manquent… Je me dis qu’elle ressemble vraiment à une humaine à cet instant. Elle souffre. Mais une humaine me supplierait de redonner vie à ses amis. Peut-être qu’elle pleurerait. L’enfant n’est pas comme ça. Est-elle vraiment attachée à toutes ces personnes ?
Ce qui me rappelle ces drôles de liens qui la lient au Nordiste. Alors je me penche pour le regarder. L’enfant tressaille. Son murmure s’accentue. J’entends « Andrev ». J’entends « Il faut qu’il se relève ». J’entends « Qu’est-ce que je vais faire de lui ? ». J’entends aussi « Je ne peux pas je ne peux pas je ne peux pas ». J’observe les fils entre eux. C’est un tissage. Un entremêlement voulu, fabriqué. J’aimerais demander à l’enfant de quoi il s’agit. Mais son murmure est trop désordonné pour le moment. Elle est fébrile. Elle veut que je permette aux humains de se relever. Alors je laisse courir.
– Si je les ranime, j’annonce, ils auront le choix. Ils peuvent partir. Je préférerais qu’ils partent. Ce serait moins de travail. S’ils restent, ils ne doivent pas nous gêner. Pas de vacarme.
– Mais Ecce et Bokka seront forcément inquiètes pour Djem, dit-elle.
– Je peux lui laisser la parole quelques minutes le temps qu’il leur parle. Mais c’est égal. Si elles viennent, c’est en silence. Je répondrai aux questions. Je n’ai rien à cacher. Mais je ne veux pas de leur humanité débordante – leur colère, leur bruit… Qu’elles les gardent. Et c’est pareil pour les deux autres. Tu comprends ?
Elle hoche la tête. Elle redoute leur réveil autant qu’elle l’espère. Leur peur. Leur colère. De toute façon, s’ils sont trop bruyants, j’ai d’autres moyens de les faire taire. Je peux couper les fils de leur parole. Ou ceux de leur conscience, comme maintenant. Ils ne peuvent rien me faire. Ils sont juste gênants. Je veux avancer. Mais si l’enfant m’avait suivi sans s’émouvoir quand je les ai faits tomber, cela aurait voulu dire qu’elle n’a pas suffisamment d’humain en elle. Finalement, c’était une expérience intéressante.
Je rattrape les fils coupés, je les ressoude. Les humains reprennent conscience. L’enfant souffle. Le monde cesse de vaciller autour d’elle. Je ferme les yeux. Il est temps de laisser la place au garçon. Djem.
*
– Et j’étouffe, disait Djem en pleurant, j’étouffe, il m’écrase, mais je dois tenir, il a besoin de mon corps et je veux tenir jusqu’au bout, je veux voir les États…
– Mais s’il te tue, Djem ? gémissait Bokka en serrant le bras de son frère. Si tu tiens pas ?
– Je vais tenir, je vais tenir… Il cherche pas à m’écraser, il le fait pas exprès… Mais voilà, c’est comme ça. J’ai plus le choix. Je vais le suivre jusqu’au bout. Ecce… Je suis désolé. J’ai pas voulu te laisser sur le côté, c’est juste qu’il est arrivé trop vite, il m’a tout montré – Ecce si t’avais vu ça ! Tout ! Il sait tout… Je vais continuer de le porter. Tu comprends ?
Ecce contemplait Djem, le visage mangé par l’horreur, l’envie, la peine et la colère.
– J’irai où tu iras, dit-elle du bout des lèvres.
À quelques pas de leur groupe, Andrev et Nilssen étaient toujours assis par terre, hébétés. Ils regardaient les Sudistes, impuissants, spectateurs de la scène, pas assez proches d’eux pour partager leur chagrin, le cœur serré de compassion pourtant. Endrin se tenait auprès d’eux, en retrait pour respecter le chagrin de Bokka et la colère d’Ecce.
– Comment vous vous sentez ? demanda-t-elle dans un souffle au Nordiste et au mercenaire.
Nilssen s’épongea le front. Ses yeux d’oiseau de proie tressaillaient, passant d’un point à l’autre, dévisageant Djem puis cherchant l’autre, autour d’eux. Andrev était pâle et épuisé.
– Gamine, ton Tisseur…
– Je suis désolée, lança aussitôt Endrin. Est-ce que ça va ?
– Pas du tout. Qu’est-ce qu’il nous a fait ?
– Il vous a… Il ne voulait pas vous faire mal, simplement il y avait trop de bruit, c’était… Je suis désolée.
Elle avait la gorge nouée.
– Trop de bruit, marmonna Nilssen. Il nous a quoi… éteints ? Juste parce qu’on faisait trop de bruit ?
– Il n’avait pas conscience de mal faire… Il ne recommencera pas, je lui ai demandé…
Le mercenaire secouait la tête d’un air incrédule. Andrev avait évité le regard d’Endrin jusqu’ici, mais il lui adressa un léger signe de tête pour lui désigner les trois Sudistes. Elle constata qu’Ecce s’était relevée, laissant Djem dans les bras de Bokka. La préposée les écoutait, l’œil un peu fou. Elle demanda :
– Alors si on le gêne pas, on peut venir, c’est ça ?
Nilssen marmonna « Folle ! » tandis qu’Endrin acquiesçait.
– Il faut juste rester calme en sa présence, y compris dans vos pensées, expliqua-t-elle précipitamment. Il en entend une partie ; pour lui, ça fait du bruit. Si vous paniquez, il peut… paniquer aussi. À sa façon.
– Je panique pas, répliqua Ecce, mais j’ai énormément de trucs à lui demander.
Ce fut Djem qui répondit, haletant :
– Tu peux. Le noie pas sous les questions, attends le bon moment. Mais il te cachera rien.
Ecce hocha la tête, puis reporta son attention sur Endrin. Elle parut réfléchir intensément pendant quelques secondes, puis déclara :
– Je veux que tu saches que je ferai tout pour qu’il atteigne son but. Je veux le voir monter dans les États – idéalement, je veux venir. Du coup je resterai avec vous deux jusqu’au bout, et avec Djem. Alors je sais que c’est étrange après tout ce qui s’est passé, mais je suis de ton côté, maintenant. Tu peux compter sur moi si tu as besoin d’aide.
– Folle ! répéta Nilssen entre ses dents. Ce malade est en train de tuer ton Djem à petit feu !
Un voile passa dans les yeux d’Ecce. Endrin ne l’avait jamais vue troublée ; elle eut l’air si vulnérable l’espace d’un instant, comme une enfant perdue. Mais Nilssen enchaîna :
– Et tu t’en fiches, c’est bien ce que je disais, que des tarés dans vos rangs !
– Je m’en fiche pas, dit Ecce du bout des lèvres. Endrin… Tu pourras dire au Tisseur d’aller doucement avec Djem ?
– Je vais essayer…
Elle croisa les yeux de Djem – réellement les siens, cette fois. Hagards mais reconnaissants. Bokka pleurait sans bruit. Dans le regard qu’elle posa sur Endrin, il n’y avait aucune reconnaissance. Mais il était clair qu’elle serait aussi du voyage, quel qu’il soit. Et contrairement à Ecce, elle tenterait de sauver son frère en priorité, quitte à tout faire échouer. Endrin savait d’avance que la rancune de Bokka lui ferait mal, mais elle était inévitable.
– Qu’est-ce que vous allez faire maintenant ? demanda Ecce.
Endrin, suivant le fil de ses pensées, crut que la question s’adressait à Andrev et Nilssen et se tourna naturellement dans leur direction. Mais ils la dévisageaient, comme Ecce et Bokka. C’était à elle seule que s’adressait la question, désormais – et au Tisseur, mais il n’était pas tout à fait là. Le vieux réflexe de triturer ses vêtements refit brusquement surface quand elle répondit, tendue :
– Je dois mener le Tisseur jusqu’à notre appartement, j’ai quelque chose à lui montrer.
– Mais t’es pas bien ? s’exclama Nilssen en nordique.
Il fit un mouvement brusque pour s’éloigner d’elle. Elle bredouilla :
– Vous… Je… Ne venez pas si vous ne voulez pas ! Je ne vous oblige à rien…
– Ben si, gamine ! C’est tout pareil que quand tu t’amusais à appeler les esprits au Nord ! Tu vois pas que tu m’obliges à choisir ? Entre ma peau et la tienne, entre tes croyances et mon instinct… Tout ton bordel, c’est dangereux ! Et nous, au milieu, on va se faire écraser !
Il aurait peut-être continué longtemps si Andrev ne s’était relevé à son tour pour lui poser la main sur l’épaule, dans un geste apaisant. Il cessa de vociférer mais reprit tout de même :
– J’veux pas te laisser dans une telle situation, j’ai pas envie, comment tu veux que je me regarde dans une glace sans honte après ? Vos parents à tous les deux m’ont fait confiance, c’est pas tous les jours, merde. Je veux pas mais… C’est ce que je vais finir par faire parce que j’ai plus le choix, Endrin ! Je crèverai pas pour tes beaux yeux !
Sa voix faiblissait au fur et à mesure que le visage d’Endrin se décomposait. Elle parvint à articuler :
– Je vous suis très, très reconnaissante pour… le voyage, tout… et je suis désolée… Mais ne venez pas si vous ne pouvez pas...
– Mais venir où ? Tu comptes repartir ? T’es pas déjà assez paumée là où t’es ?
Elle ignora la dureté de ses mots, secoua la tête :
– Je ne sais pas, je ne sais pas si nous partirons, dans l’immédiat je dois lui montrer les présents des esprits et ensuite je ne sais rien ! Il a encore besoin de se reposer, après nous attendrons le passage des États Suspendus ou bien – je ne sais pas – nous les chercherons…
Ecce hochait la tête comme si tout cela lui paraissait parfaitement sensé.
– Chercher les États, éructa Nilssen. C’est brillant. Autant m’annoncer que… Putain, gamine… Je leur dis quoi, moi, hein ? Parce que tu réalises pas, mais annoncer à ton père que tu te lances là-dedans va pas être une partie de plaisir, sans parler de Pierrot. Évidemment toi tu seras loin, alors sur qui ça retombera ? Tu me condamnes aux mauvaises nouvelles !
– Mais qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? s’écria Endrin.
Nilssen eut un réflexe protecteur. Mais c’est Andrev qui répondit précipitamment à la question d’Endrin, comme s’il n’attendait que ça :
– Tu n’es pas obligée de suivre la route que le Tisseur a préparée pour toi. Tu pourrais reculer, prendre un autre chemin – tu peux aller où tu veux, Endrin ! Qui sait ce qu’il te fera, ce qu’il te demandera de faire ? La vie n’a pas de valeur pour lui s’il a pu s’en prendre à nous si facilement.
Il parlait sans la regarder dans les yeux, comme s’il s’adressait à un fantôme. Nilssen opina vigoureusement puis renchérit :
– Et t’as vraiment envie de te retrouver seule avec lui et elles ?
Il désignait les Sudistes.
– Ils te boufferont, gamine ! Ils mettront le temps mais ils te boufferont ! Tu peux pas leur faire confiance, et ni moi ni Andrev on peut t’aider si tu décides de rester avec eux…
– Je reste aussi, coupa Andrev.
Apeurée, Endrin ferma étroitement les yeux quand le mercenaire rugit de dépit.
– Mais c’est pas possible ! Abruti ! Laisse tomber, dégage-toi de ce guêpier une bonne fois pour toutes ! Arrête de la suivre comme un putain d’aveugle… !
– Ce n’est pas ça.
La voix d’Andrev était faible mais résolue. Il lâcha l’épaule de Nilssen et s’écarta d’un pas, se plaçant derrière la ligne invisible qui délimitait « le côté d’Endrin ».
– Pas ça quoi ? Tu crois que j’ai jamais été amoureux ? Putain, ce qui est sûr c’est que j’ai jamais été aussi con ! Ne la suis pas, gamin !
– L’amour n’a rien à voir là-dedans, dit Andrev. J’ai grandi avec Endrin. Je ne peux pas la laisser parce que… Il y a les autres, nos amis, nos parents…
Parce que tout le passé serait sali, parce que la valeur de toute chose serait bouleversée. Endrin déglutit. Il avait déjà prétendu qu’il la suivait par amitié autant que par amour, qu’il l’accompagnait surtout pour qu’elle ne soit pas seule lorsqu’elle plongerait dans l’inconnu. Mais le soir de l’orage, il avait bien tenté d’obtenir plus que ce qu’elle avait à donner. Est-ce qu’il avait menti ? Est-ce qu’il continuait de mentir ? Ou bien est-ce qu’il était aveugle, pour de bon ?
Et pourtant, au moment où il avait déclaré qu’il restait, Endrin n’avait rien ressenti d’autre qu’un très vaste sentiment de parfaite normalité. Comme si cela faisait partie de l’ordre des choses. Pour la première fois, elle se demanda si elle n’était pas aveugle, elle aussi. Mais aveugle à quoi… ?
– Tu te perdras encore pire qu’elle, Andrev… !
Nilssen avait la voix rauque à force de cris.
– Mais je devrais savoir, articula-t-il en tirant sur sa barbe, que les fous veulent pas qu’on les aide. Putain, je devrais sacrément bien le savoir…
Un court silence s’ensuivit jusqu’à ce que Bokka gémisse soudainement.
– Djem… !
La qualité de l’air sembla se modifier et tous ressentirent le courant d’air qui les étreignit. Le Tisseur s’était relevé, ensevelissant à nouveau Djem sous son poids.
– Assez parlé, dit-il simplement. Allons-y.
Nilssen paraissait tétanisé par la peur.
– Juste un instant, dit rapidement Endrin. Ecce, Bokka et Andrev vont venir avec nous, alors… Mais ils ne feront pas de bruit – je veux dire qu’ils essaieront, alors si vous êtes gêné, dites-le, d’accord ? Ne les… Ne faites pas comme tout à l’heure.
– J’ai bien compris, répondit le Tisseur.
Il était impassible, comme à l’ordinaire, mais Endrin avait l’impression qu’il trépignait d’impatience. Ils me manquent, ils me manquent. L’appel était pressant. En se rapprochant des présents que les esprits avaient adressés à Endrin, espérait-il les retrouver ?
Elle voulut s’adresser à nouveau à Nilssen mais elle ne savait plus quoi dire. Elle se contenta donc de répéter « Merci », peut-être trop bas pour qu’il l’entende. Elle surprit entre lui et Andrev un échange de regards qui signifiait que tous les ponts ne seraient pas coupés définitivement. Après quoi, timidement, le groupe s’ébranla en direction des portes de l’Université. Le mercenaire resta en arrière, toujours tremblant.
Je trouve que le chapitre est bien écrit, j'aime bien voir la scène depuis les yeux du Tisseur parce que cela renforce sa non-humanité, et paradoxalement, l'humanité d'Endrin (qui n'était pas super visible dans le tome 1 pour le coup : et on comprend mieux pourquoi à présent).
Je suis curieuse de voir où tu vas emmener Endrin parce que c'est pour moi la grosse interrogation que pose ce début. Voudra-t-elle sauver sa propre humanité ? Je suis curieuse aussi de voir où vont s'insérer les Nordistes. Et bref, je suis toujours aussi fan de cette histoire et j'espère que l'inspiration va se débloquer. Tous mes encouragements !
En ces temps de confinement je me suis dit « super, je vais pouvoir lire la suite de l’Université!(enfin le tome 2) » ! Mais que vois-je, pas de nouveau depuis 1 an! J’espère que tu n’as pas abandonné l’écriture...
Je repense à cette histoire et à cet univers souvent. J’y suis autant attachée qu’à l’Univers d’Harry Potter ou qu’à celui de la Passe-Miroir !
J’ai cherché des news sur le forum mais je retrouve pas le fil de discussion à propos de ton histoire. Et puis je sais pas pourquoi j’arrive pas à me connecter sur le forum!!
En tous cas ça fait tellement longtemps que j’ai pas été sur PA que j’ai un peu oublié les personnages, donc je vais tout relire depuis le début pour pouvoir profiter des quelques chapitres du tome 2 :D et qui sait, peut être plus durant ces vacances confinees?
Le forum a des soucis dernièrement, à ma grande tristesse, je n'arrive même plus à ouvrir la page. Je crois qu'il y a eu un "forum de secours" créé sur Discord mais je n'ai pas les accès.
Et en ce qui me concerne... Eh bien oui, ça fait longtemps que je n'ai pas vraiment écrit ^^' Ça me touche beaucoup ce que tu dis, et je suis d'autant plus désolée de n'avoir rien à ajouter à cette histoire pour le moment ! Je n'ai pas abandonné, mais ça ne vient pas. Je crois que je sais trop où je vais et ça m'empêche d'écrire, je n'ai plus le plaisir de la découverte. Du coup, pour ne pas lâcher complètement, je me suis un peu replongée dans le tome I pour améliorer certaines choses qu'on m'avait fait remarquer (et remettre à jour l'écriture qui date par endroits !).
Du coup, je te souhaite une bonne relecture et te remercie infiniment pour l'intérêt que tu portes à cette histoire <3 Ça me fait même tellement plaisir que j'ai envie d'essayer de m'y remettre ! Je vais faire de mon mieux :D
D’ailleurs, la narration du point de vue du Tisseur est vraiment excellente ! Très froide, comme l’idée que l’on se fait de lui qui n’éprouve aucun sentiment. Et le dialogue intérieur avec Djem est aussi génialement bien rendu ! Je ne savais pas trop à quoi m’attendre de sa part, mis à part qu’il avait cette étiquette d’ " antagoniste ", et là mon pauvre petit cerveau est perdu, je ne vois pas comment tu vas le faire évoluer. Bref, ça le rend hyper intéressant et original comme personnage, et ça donne une envie furieuse de dévorer la suite de ton histoire !
Et c’est vrai que tout s’emboite en ce qui concerne Endrin aussi ! Maintenant on comprend vraiment sa froideur dans certaines de ses attitudes qu’elle avait pu avoir dans le premier tome. Ça ne tombe pas à plat, mais ça fait vraiment sens, on se dit « mais ouiiii je comprends maintenant ! » Et paradoxalement, quand elle est confrontée au Tisseur, on la trouve vraiment très humaine. Du coup, elle incarne parfaitement cet « entre-deux » dont il parle.
Je suis assez curieuse de savoir ce que Nilssen va choisir de faire en fin de compte. Et également comment les chemins avec leurs copains nordiques vont se croiser.
Du coup on sait que l’histoire décolle bel et bien et qu’on va rentrer dans le vif du sujet. Vivement la suite ! ♥
Merci pour ton soutien envers cette histoire, ça me touche énormément <3
Bon courage et bonne inspiration pour cette remise en beauté du premier tome ! Et peu importe quand la suite arrivera, je serai là avec les autres plumettes, je suis devenue trop accro <3
Je suis très heureuse que les retrouvailles n'aient pas trainé plus que ça. CE qui aurait été complètement possible avec l'ancienne Ery XD En gros j'avais un peu la même idée que Danoushka.
Du coup, tout le monde est ensemble et tout le monde partage les même infos (sauf Djem :'( )
Donc maintenant ça va forcément avancer et c'est très cool <3. J'ai trouvé très intéressant les rapports entre Endrin et le tisseur. J'avais aussi noté cette "infériorité" qu'elle a avec lui et sa dévotion, ce qu'elle n'avait avec personne jusqu'ici.
Bref, j'attends vraiment de savoir ce qu'il va se passer quand le tisseur pourra voir les cadeaux des esprits. :D
A très bientôt IRL Erybou!
Je crois que toutes nos conversations et nos blagues sur le fait qu'il ne se passe rien dans cette histoire m'ont motivée à me bouger ! Mais je trouve ça vraiment difficile, ce truc de "on rassemble tout le monde et toutes les infos sont mises en commun". C'était déjà galère dans le chapitre d'avant, dans celui-ci je m'en suis tirée par l'ellipse et le point de vue du Tisseur qui est finalement assez simple (et très sympa à écrire). Ça me fait penser que je devrais rejeter un oeil dans VN parce qu'avec tous tes persos, il doit y avoir ce genre de scène. TEACH ME SEMPAI
Bon du coup la suite n'arrive pas tout de suite, mais je la prépare activement !
Bisuuus
Et voilà je suis à jour, quelle émotion <3
J'ai vraiment beaucoup aimé ce chapitre ! Je trouve que tu rends extrêmement bien le décalage et l'indifférence du Tisseur (et puis j'aime bien qu'Endrin s'étonne en même temps que le lecteur sur "comment d’autres êtres pouvaient lui manquer alors qu’il disait ne ressentir aucun sentiment." parce que ça renforce encore ce décalage). Ça le rend assez inquiétant, tout ça, même si au départ on se dit que ça peut être une bonne chose parce qu'on a pas à craindre qu'il s'emporte ou qu'il malmène quelqu'un... jusqu'à ce qu'il se retrouve à deux doigts de buter tout le monde D':
J'aime bien aussi qu'Endrin se retrouve en position "d'infériorité" face à lui : qu'on parle de raté, qu'elle échoue à faire ce qu'il attend, qu'elle paraisse presque trop normale en comparaison, parce que jusque-là c'était elle la bizarrerie et le mystère et celle qui se trouvait "au-dessus" des autres (pas qu'elle avait un complexe de supériorité, hein, je veux dire dans la façon dont les autres personnages agissaient par rapport à elle). C'est hyper intéressant ce renversement et tout ce que ça provoque chez elle.
C'est vraiment glaçant vis-à-vis de Djem et de Ecce, ils ont l'air complètement aveuglés par leur besoin de rejoindre et de découvrir les États, j'ai pas l'impression qu'ils se rendent bien compte du sort qui les attend (particulièrement Djem). C'est trop crève-cœur pour Bokka T.T Bon Andrev ça m'étonne pas qu'il suive Endrin et toutes ces histoires de lien m'ont rendue très très curieuse... Nilssen, on peut pas trop lui en vouloir. Je me demande du coup si en parallèle sa route va pas rejoindre celle des amis du Nord qui sont en chemin ?
Après je t'avoue que dans le déroulé, je m'attendais à ce qu'Endrin et le Tisseur passent beaucoup plus de temps seulement tous les deux ; je sais pas, je m'étais limite imaginé que tout ce tome viserait à les rassembler (Endrin et le Tisseur d'un côté, et Andrev et les autres de l'autre), qu'Endrin se laisserait détourner des humains avec qui elle a beaucoup vécu, qu'elle se serait un peu perdue en cours de route. Mais alors là c'est vraiment mon cerveau qui s'emballe ! J'ai hâte de découvrir ce que tu nous prépares, du coup ♥
C'est pour quand la suite ? 0:-)
Ah bah heureusement qu'il est un peu inquiétant, faudrait pas que j'ai un antagoniste en carton après l'avoir autant teasé ! C'est pratique pour moi que ce soit pas franchement un "méchant", que s'il fait du mal c'est sans en avoir vraiment conscience, c'est plus facile à écrire. Mais le but est bien sûr de maintenir la tension pour le lecteur.
Oh c'est intéressant ton analyse d'Endrin en infériorité ! Sans me l'être dit de cette façon, je voulais que ce t2 marque des ruptures pour elle, comme pour Andrev, que les places changent, toussa. Du coup visiblement pour ce chapitre c'est réussi en ce qui la concerne, c'est chouette.
Aleurs, c'est le moment où je t'avoue que si j'ai pas développé plus Endrin et le Tisseur tout seuls, c'est que je craignais que ce soit imbuvable pour le lecteur : du blabla à n'en plus finir avec des révélations tous les deux paragraphes... C'était important que les autres soient là pour que les choses bougent. Mais ce que tu as imaginé s'approche quand même de ce que je veux faire, en bonne partie ! Donc... ouais, j'espère que ça fonctionnera tel que je me le suis projeté. Et j'espère que ça te plaira <3
La suite c'est pour... arg... Un jour ? Si je dis octobre, au plus tard, en espérant avoir du temps à y consacrer, peut-être que ça le fera ? :/ Désolée pour ce temps d'attente inévitable, et merci beaucoup beaucoup pour ta lecture et tes impressions !
Et t'en fais pas pour la suite xD C'est pas pour te mettre la pression ! Je préfère lire un chapitre que t'as aimé écrire dans longtemps ! Donc octobre, ou novembre, ou 2020, je serai au rendez-vous ♥
J’ai vu après l’IRL que tu avais posté un chapitre et je me précipite dessus maintenant que j’ai un peu de temps :D
J’ai beaucoup aimé l’alternance de point de vue et je suis ravie de la manière dont tu exploites le Tisseur. C’est un être qui n’est pas humain et on le sent dans sa manière d’agir et de parler, c’est vraiment trop bien fait !
Je pensais pas que Nilssen ne les accompagnerai pas (c’est ce que j’ai compris de la fin, mais peut-être que je me trompe car au final c’est assez vague xD), je suis choquée !
Je t’avoue que j’étais un peu dubitative quand j’ai lu les quelques mots de Djem quand il reprend son corps. Il n’a pas l’air de comprendre qu’il va mourir certainement AVANT d’avoir vu les États. Je l’ai toujours trouvé dévoué à sa cause, mais pour moi il n’est pas aussi motivé qu’Ecce par exemple, et du coup j’avais du mal à me dire que ça lui plaisait autant, d’être une enveloppe en décomposition !
Mais outre ce détail subjectif, j’ai vraiment adoré le chapitre et c’est toujours aussi plaisant de retrouver les personnages ! On a aussi pas mal d’explications, le « Ils me manquent » qui revenait souvent dans le tome 1, l’œil d’Endrin qui n’est pas magique mais raté (enfin qui est magique parce qu’il est raté mais bref, tu m’as compris xD), son insensibilité \o/ ON SAIT TOUT MAINTENANT !
J’aurais presque aimé avoir quelques réponses avant, parce que je trouve dommage d’attendre le tome 2 pour avoir autant de réponses dans un chapitre... Après, si ça se trouve tu le mentionnais déjà dans le 1 et j’ai oublié (c’est très probable XD)
Vivement la suite !!
Ohhh je suis trop contente que ça fonctionne, la narration du Tisseur ! C'était pas gagné, je craignais d'introduire tout le temps des sentiments sans m'en rendre compte, alors qu'il ne devait pas y en avoir. Mais en fait, c'est assez bien venu tout ça, tant mieux !
Euh oui, c'est vague, j'ai posté assez précipitamment xD Désolée ! Dans l'idée, effectivement, il s'arrête là, mais lil a quand même lié une relation importante avec eux donc... qui sait, hein. C'est maladroit, faudrait que je bidouille !
Aha, alors Ecce te paraissait plus motivée que Djem ? ^^ Ça c'est drôle. Il faudra que je montre à quel point il est beaucoup plus taré qu'elle avec tout ça x) La différence c'est qu'il fait mieux illusion. Et pour la question de mourir avant d'arriver aux États, comme il a en partie accès à la conscience du Tisseur, il sait que ça va être ric-rac. Pour le moment il considère que sa "passion" le fera tenir, c'est inespéré comme situation, c'est complètement dingue... dans un second temps, il cherchera probablement un moyen de ne pas crever.
Ouiii enfiiiin des réponses tout plein ! Ça fait du bien d'en donner xD Ah, le déséquilibre des révélations entre t1 et t2, c'est une bonne remarque. Pour ces points précis c'est un peu difficile de faire des révélations dans le t1, mais je devrais voir ce qui est possible avec le reste... Diluer un peu, quoi. Jvais tester ! Nan nan, t'as rien oublier, j'ai juste une mauvaise habitude de garder des secrets dans mes histoires :')
Merci pour ton retour <3 Je ne sais pas quand viendra la suite, mais j'espère qu'elle te plaira !
T’inquiètes pour le délai de réponse, c’est parfaitement normal (je fais pareil sur mes histoires, chuuut)
Je te reconfirme que le Tisseur est un personnage très crédible, je trouve qu’il fonctionne bien ! En plus on sent qu’il ne veut ni le mal ni le bien, mais qu’il est focalisé sur son but et qu’il ne laissera personne l’empêcher de l’atteindre.
Oui, je pensais qu’Ecce était bieeeen plus motivée que Djem ! Tu m’apprends un truc en me disant l’inverse, mais c’est vrai que Djem est beaucoup plus « dans l’illusion » et le paraître. Pour moi il était prêt à quelques trucs mais pas autant qu’Ecce.
Concernant le déséquilibre des révélations, je ne peux pas trop t’aider là-dessus parce que je sais à quel point c’est complexe de donner des réponses au lecteur sans trop en donner non plus XD c’est à toi de voir pour ça, en fonction de ce que tu peux caler aussi.
Et j’attends la suite avec impatience ! Je pense que ça me plaira, je m’inquiète pas trop pour ça :p
Les retrouvailles sont super,je trouve trop bien de les avoir faites du point de vue de quelqu'un qui n'a pas d'emotions!
La relation d'Ecce et Djem est belle, je le remarque pour la première fois.
La colère de Nilssen : superbe aussi! "Choisir entre mon instinct et tes croyances", " T'es pas deja assez paumee", j'adore!
La haine de la petite Bocca aussi!
Zero critique, zero constructivité! Juste, continue comme ca!
Merci beaucoup pour tes impressions ! Ça fait drôle d'écrire avec le pdv de quelqu'un sans émotion oui, moi qui suis habituée à en mettre partout j'ai du mal xD mais ça facilitait cette scène difficile à rédiger.
Je vais continuer comme ça oui ! J'aimerais bien réussir à écrire encore un ou deux chapitres avant la rentrée :) à bientôt donc !