3. Cauchemar en colimaçon

Les glycines tissaient des sillons verts et mauves sur la façade en pierre. Merle connaissait par cœur ce jardin parsemé de fleurs et papillons, les volets cyan ouverts sur le soleil, la porte en chêne, les rires d’enfants dans l’herbe, la table massive et les chaises alignées. Il tendit les doigts vers le rebord de fenêtre où séchaient des jouets vernis. Dans le reflet, il aperçut une silhouette flotter derrière lui. Il se retourna et resta bouche bée. Les nageoires grises et la tête allongée, presque rectangulaire, ne laissaient aucun doute : c’était un minuscule cachalot.

Il faisait la taille de sa main, nageait dans les airs et brillait de l’intérieur. Merle s’approcha de lui. Il n’y eut plus aucun bruit. La lumière du soleil se ternit, couverte par une ombre massive. Merle sut que c’était une mauvaise idée de regarder mais ne put pas s’en empêcher. Il hoqueta face au monstre décharné, de la taille de trois ours adultes, sans poils, et dont les petits yeux perçants, en cherchant le cachalot, tombèrent sur lui. La panique dans ses genoux devint si insupportable que Merle tomba sur la pelouse, les yeux fermés. Lorsque ses mains touchèrent le sol, cependant, elles ne rencontrèrent pas d’herbe, mais le plancher de la chambre qu’il partageait avec sa sœur Aymée. De l’autre côté du bureau qui séparait leurs lits, celle-ci geignait et se débattait contre ses draps, aux prises avec le cauchemar qui venait de déborder dans l’esprit de Merle.

Il alluma la petite lamposphère, qui répandit des constellations sur les murs et le plafond. D’un bond, il traversa la pièce et se laissa glisser par terre, dos au lit d’Aymée. En attendant qu’elle se réveillât, il étira ses muscles crispés par la peur, tourna ses poignets et pivota sa tête de droite à gauche. Leurs songes se mélangeaient ainsi depuis quelques lunaisons seulement et Merle ne savait pas comment faire pour que ça s’arrête.

Aymée avait toujours été connectée à l’au-delà, aux fantômes, aux empreintes, aux esprits, tandis que lui refusait catégoriquement de s’embarquer dans quoi que ce fût qui n’existât que dans l’esprit. Son don était le voyage astral mais il ne l’entraînait pas. Il connaissait les risques de s’y briser la psyché, de rester bloqué dans des landes obscures, de ne plus savoir revenir. Il préférait la sécurité du bois, qu’il pouvait mesurer, découper, réparer.

Il fallut à sa sœur quelques minutes pour émerger. Il fit semblant qu’il ne s’était pas encore couché. Il ne voulait pas l’accabler en lui confiant que ses cauchemars le réveillaient, alors il l’avait peu à peu convaincue que l’inspiration le prenait souvent la nuit. Le mensonge avait une part de vérité : comme il ne parvenait pas à se rendormir, il profitait du silence nocturne de Canopée pour sculpter.

Les yeux d’Aymée papillonnèrent avant de se poser sur Merle. Ils avaient les mêmes tâches sur la peau, une tignasse rousse qu’ils avaient été les seuls à hériter de leurs grands-parents nordiques et des yeux qui changeaient de couleur en fonction de la lumière.

Il s’installa à son bureau et se remit à tailler un arbuste, après avoir lancé un regard réconfortant à Aymée. Ce petit miracle de la nature, ce poupon arrivé par accident des voltes après ses frères, avait maintenant dix-sept ans, mais n’avait d’adulte que le statut légal. Pour le reste, trop fragile pour travailler dans le vaste monde du dehors, elle restait dans la chambre et étudiait les échantillons que son frère lui ramenait.

— Tu te souviens, commença Aymée avant de s’éclaircir la voix, tu te souviens de l’incendie à l’école ?

— Oui, hésita-t-il, mais tu n’étais pas née.

— C’est Maxime qui m’en a parlé. Ou Maxence. Ou Maximilien.

C’était cocasse d’avoir appelé les triplés comme ça, mais ça ne les dérangeait pas. Ils se faisaient surnommer Les M et se séparaient rarement. À presque trente ans, ils travaillaient dans la même boucherie et envahissaient l’espace tant par leurs éclats de rire que par l’odeur qui se dégageait de leurs vêtements. Merle n’avait jamais réussi à s’intégrer parmi eux et avait été soulagé à la naissance d’Aymée, qu’il avait prise sous son aile et protégée tant bien que mal de leurs moqueries incessantes.

— Il m’a dit qu’au moment où il a manqué d’air, il a eu l’impression qu’il faisait très sombre d’un coup, et que des monstres avaient rempli la salle de classe.

— Pourquoi tu me parles de ça, Aymée ?

Elle ne parlait jamais de ses cauchemars, d’habitude. Probablement voulait-elle ainsi le préserver de ce qui la torturait la nuit, sans se douter que ses monstres se propulsaient à travers la pièce jusqu’à ses songes à lui.

— Bien sûr, déplora-t-elle, quand j’ai voulu lui en reparler, il a tout nié en bloc et m’a traitée de folle. Je crois, prononça-t-elle plus bas, comme si elle avait peur de ce qu’elle s’apprêtait à dire, que c’est le monde des morts.

Merle s’obligea à prendre une profonde respiration.

— Au début, continua-t-elle, je ne savais pas où je débarquais : ça ressemblait un peu à une forêt, mais c’était trop bleu et silencieux ; et puis, plus j’y retourne, plus je me rends compte que je tourne en rond.

Merle détourna les yeux pour ne pas qu’elle lût dans son regard toute l’inquiétude qui s’y dessinait. Est-ce qu’il y avait eu plus de vertiges dernièrement ? Plus de nausées ? Il s’était tant habitué aux symptômes qu’il les remarquait moins et il délaissait le carnet où il avait noté le moindre éternuement au début.

— C’est peut-être à cause de mon don, suggéra Aymée, dans un effort manifeste de les rassurer tous les deux.

— Oui, c’est probablement ça, dit-il d’une voix blanche.

 

Merle rumina cette conversation pendant des jours dans sa boutique L’Atelier Perché, à l’Alcôve, ce marché artisan que locaux et touristes adoraient. Situé sur un arbre plus haut que les autres, il offrait une vue superbe sur les cabanes, ponts, guirlandes, lucioles de la capitale, et tout en bas le sol herbacé et fleuri.

Merle s’arrêtait à chaque fois, stupéfait par la beauté de sa ville natale. Elle était particulièrement époustouflante ces jours-ci avec ses feuilles rouges et jaunes qui tombaient lentement et tapissaient le sol et les ponts.

Il préférait contempler Canopée avant le lever du soleil, lorsque les animaux faisaient leurs derniers passages et emplettes parmi les bacs de restes mis à leur disposition. Les jours de chance, il apercevait un cerf ou une biche. Ses préférés étaient les renards. Il en était à sa quinzième tentative de sculpter un jouet à leur effigie.

 

En attendant les clients, il était à son établi, les yeux et mains à cette figurine. Il avait récemment divisé en deux le petit magasin qu’il louait : une moitié pour la boutique, et une moitié pour l’atelier, les deux séparées par un comptoir en mélèze.

— Ça divise par deux tes chances de ventes, calcula son voisin Serge, un potier de son âge qui était convaincu d’être un génie. Tu sais, les normes de la confrérie ne sont pas arbitraires.

Merle rit. S’il y avait bien un royaume de l’arbitraire, c’était la confrérie, ce rassemblement de négociants dont personne ne savait s’il était dirigé par le gouvernement ou par ses membres et qui débitait de nouvelles règles tous les quinze jours. Merle leur souhaitait d’être des sbires du cénacle des doyens, parce que sinon ils ne devaient cette obsession d’imposer des normes qu’aux tristesses de leur vie.

— À la dernière réunion, que t’as encore manquée…, ponctua Serge avec l’air d’attendre des explications.

Merle ne semblait pas s’en souvenir, donc Serge précisa :

— Il y a deux jours.

Ah. Aymée avait eu l’air mélancolique, ce matin-là, donc il s’était dépêché de rentrer après le travail. Le docteur les avait prévenus qu’une chute d’humeur pouvait aggraver son état.

Merle inspecta le renard. Serge le hérissait tant qu’il avait trop taillé les oreilles et que le jouet ressemblait désormais à un lynx. Il inspira sur quatre temps, puis expira sur quatre temps : c’était Siloë qui lui avait enseigné cette astuce, avant d’ajouter que parfois, il avait juste le droit de s’énerver.

— Ils ont expliqué, continua Serge, que le revenu est proportionnel à la taille de la boutique. C’est prouvé scientifiquement, avec des chiffres et tout.

Donc, pour devenir riche, il eût suffi d’acheter un grand magasin dès le début. Drôle d’idée qu’il avait eue, de se limiter à ce que la Banque Équilatérale avait accepté de lui prêter pour l’achat du fonds de commerce.

— Écoute, si tu ne deviens pas un peu plus entreprenant et collaboratif, c’est sûr qu’ils te feront jamais confrère. C’est pour toi que je dis ça, ça met ton enseigne sur la sellette. Parfois, on pourrait même avoir l’impression que tu t’en fiches un peu de ton magasin.

L’oreille du renard partit pour de bon, cette fois.

— Oh là, ça va, t’as bu ta tisane ce matin ? T’as l’air fébrile.

Serge s’approcha et observa les figurines d’animaux sylvestres, ainsi qu’un dispositif circulaire de la taille d’une maison de poupées. Quand il prenait cet air perplexe de celui qui ne comprenait rien, Merle le trouvait presque attendrissant.

— C’est un manège, expliqua-t-il. Enfin, ça va le devenir.

— Mais on peut pas monter dessus.

— C’est pour décorer une chambre. J’ai envie de poser des luminaires dedans.

Il croisa le regard mi-admiratif, mi-dubitatif, de Serge.

— Ça va rien te rapporter ça, si ? Oublie pas que revenu égale bénéfice net moins temps de travail. Moi, tu vois, les bols, j’ai juste à les peindre, alors c’est très rentable.

Serge avait une magie inintéressante au possible : quand il dormait, son mana arrondissait et creusait tout objet à proximité. On l’avait beaucoup grondé enfant, parce que tout y passait : ses carnets d’école, son bâton de marche, son sommier, ses pantoufles. Après avoir passé des voltes à s’excuser, Serge était tombé sur la confrérie, qui lui avait fait souper de la pensée positive à tous les repas. Depuis, le potier aux grandes oreilles avait enfin trouvé la combine qui allait changer sa vie. Avant de s’endormir, il posait des monticules de terre humide à côté de son lit rond, et au matin : des bols.

Serge fixait le canif avec curiosité.

— C’est quoi, ton don à toi ? lui demanda-t-il pour la trentième fois depuis qu’ils s’étaient rencontrés.

Merle resta aussi silencieux qu’un mur porteur. Serge haussa les épaules.

— Il n’y a pas de honte à avoir, hein, dit-il, c’est toujours comme ça avec les familles nombreuses : il y en a toujours un ou deux dans le lot qui ont des magies pas très utiles.

Il balaya le magasin du regard. Sur chaque étagère se jouaient des saynètes, comme si la minuscule boutique était un livre de contes. Il jeta un œil à la pendule en forme de chouette.

— Bon, c’est pas tout ça mais je vais aller ouvrir, moi. N’hésite pas si t’as un problème, hein, et puis je serai bientôt confrère, ils me l’ont confirmé là, donc si jamais, pour ta boutique, on pourra s’arranger.

La porte claqua derrière lui sur ces derniers mots. Serge rêvait d’agrandir sa poterie en annexant celle du voisin. Il savait que Merle n’avait aucune intention de céder le bail de son magasin, mais il croyait qu’à force de le répéter, il pourrait le faire changer d’avis. Merle détestait la pensée positive.

 

Quelques heures plus tard, après le travail, le jeune artisan déplia la carte de Canopée qu’Aymée lui avait confiée. Elle l’avait quadrillée et avait inscrit dans chaque carreau une date de collecte.

Il pria les astres pour que ce fût un endroit désert cette fois mais lorsqu’il arriva, il constata que trois enfants entraînaient des marcassins à faire la course. Si personne ne possédait d’animaux à Madeira, certains avaient le don de se faire comprendre d’une autre espèce et s’en faisaient ainsi des compagnons de jeu. Merle arbora un sourire crispé en guise d’excuse et fit signe qu’il n’en avait pas pour longtemps.

Il se mit à genoux, sortit une planche de bois et un bocal en verre et, sous les six paires d’yeux qui le fixaient, déposa une poignée de terre sur la planche. Il aida deux vermisseaux paniqués à s’enfuir, puis plongea cette fournée dans le bocal. Il recommença avec de la terre chaque fois plus profonde, jusqu’à ce que le bocal fût rempli. Lorsqu’il se releva, deux enfants avaient l’air dégoûtées, tandis que le troisième semblait profondément peiné pour lui.

— Ça va aller, Monsieur, le consola-t-il.

Merle acquiesça avec un sourire dépité.

 

À la maison, Aymée accueillit sa collecte avec une salve d’applaudissements.

Merle se lava les mains dans la cuisine et lut qu’il était de corvée épluchure. Sa famille avait trouvé un système ingénieux qui permettait à chaque personne de passer dix minutes sur les repas. Sa mère avait acheté des carottes et pommes de terre, qu’Aymée avait soigneusement lavées. Merle s’occupait désormais de les peler et puis Maximilien les couperait, Maxence les bouillirait, Maxime les écraserait en purée, et son père les servirait.

— Écoute, lança Aymée, ce n’était pas du tout ce qu’on pensait pour l’hôpital. C’est un arbre beaucoup plus récent qu’ils le prétendent, peut-être suite à un autre incendie ? En tout cas, ils ont enraciné la même espèce au même endroit, ni vu ni connu, mais ce qui est surtout intéressant, c’est le mycélium au-dessous. Il y a un point de convergence d’énergie là, depuis des milliers et des milliers de voltes. C’est un endroit propice pour la guérison.

Merle adorait ses monologues. Ils étaient sa deuxième partie préférée de la journée. La première était ces instants de grâce, lorsque, après des heures à sculpter en silence, le temps suspendait son vol.

Aymée fila étudier le nouveau bocal, de son côté du bureau, tandis qu’en face Merle sculptait un chêne miniature. Ils ne sortirent de leur chambre qu’à l’heure du dîner.

 

À table, ils s’assirent côte à côte, silencieux tandis que les parents et les triplés débattaient sur les prix des denrées alimentaires et la chute des températures. Ils se retirèrent dès qu’ils finirent de débarrasser et montèrent afin de poursuivre leurs activités.

— C’est peut-être normal qu’ils nous traitent d’obsessionnels, sourit Aymée.

Merle grommela une réponse inintelligible. Il était déjà concentré sur les pétioles. La cadette prit des notes furieusement pendant une vingtaine de minutes, puis elle dut s’assoupir au milieu d’une phrase, car elle sursauta et rejoignit son lit.

— Bah, déjà fini ? s’étonna son frère.

— Plus la force, marmonna-t-elle en s’endormant.

Il posa un regard inquiet sur sa silhouette recroquevillée sous la couverture, avant de se coucher aussi. En s’endormant, il décida que le lendemain, il prendrait un nouveau morceau de bois et recommencerait le renard depuis le début.

 

La semaine se poursuivit ainsi. Après quatre heures de sommeil, Aymée commençait à se débattre dans son lit et Merle recevait, bien malgré lui, la visite de ses monstres oniriques. Un matin, il trébucha de fatigue sur l’un des ponts dans sa route vers le travail et faillit en basculer. Il conclut dans un bâillement qu’il était temps de trouver une solution.

La forêt de Landamæri lui ouvrit ses branchages et aiguilles. Il quitta les sentiers et s’enfonça toujours plus, ne tournant que lorsqu’il apercevait une cordelette brune nouée à une branche. Il fallait savoir ce qu’on cherchait, sans quoi on les manquait complètement. Même avec l’habitude, il arrivait encore à Merle d’en rater une, se perdre et devoir rebrousser chemin.

Siloë avait tissé ces marqueurs des décennies auparavant et les changeait de place chaque fois que le sol montrait des traces d’usure. Quand Merle lui avait demandé si ça lui pesait de devoir se cacher, la haut-perchée avait haussé les épaules : elle ne se souvenait pas d’avoir vécu autrement.

Il la trouva en train de débroussailler les plantes qui assaillaient ses volets : chaque jour, lierre, fleurs, glycines revenaient à l’assaut, attirés par la présence paisible de Siloë. Elle était elle-même plus végétale qu’animale, avec ses vêtements marron à motifs de fleurs, les brins d’herbe dans ses cheveux et les ridules qui donnaient à son visage l’apparence d’une feuille d’arbre au soleil.

Quand il lui eût expliqué la raison de sa venue, elle soupira.

— Tu veux un somnifère, jeune bourgeon, mais les symptômes apportent toujours des réponses. Si nous plongeons ta sœur encore plus profondément dans le sommeil pour que ses cauchemars se dissipent, quelque chose d’autre surgira.

— On trouvera une solution. Elle n’arrive plus à se concentrer sur les collectes. Si ça continue, elle va se désintéresser des cartes. Et il ne lui restera plus rien pour tenir.

— Il y a pire que la fatigue et le désœuvrement. Les rêves sont des guides. Il n’est jamais bon de les ignorer.

— Siloë, sans repos, elle va s’effondrer. Et moi aussi.

Siloë scruta ses traits épuisés.

— Ta famille pourrait t’aider si tu leur demandais.

— Ils ne comprennent rien à Aymée, protesta-t-il. Ils la trouvent bizarre. Tu as vu ce qu’ils ont fait à Eugénie.

— Eugénie a fait ses propres choix.

— Elle en aurait fait d’autres s’ils avaient été plus compréhensifs.

La haut-perchée soupira et disparut à l’intérieur de la cabane. Merle l’attendit sur la plateforme, d’où il observa, en contrebas, les feuilles voltiger autour du tronc. Un lièvre jouait avec ses petits.

Siloë ressortit avec une fiole jaune canari.

— Ne la laisse pas sans surveillance. Si tu sens qu’elle bascule, emmène-la aux urgences.

 

Le soir même, Merle répéta les avertissements à Aymée. Il voulait faire marche arrière, car le visage soucieux de la chamane le hantait, mais sa sœur était déterminée. Elle but une gorgée de la mixture avant de se coucher.

— Ça a le goût d’une prune qui a mûri au soleil.

Elle sourit à Merle, qui la dévisageait comme si elle allait s’enflammer subitement.

— J’ai juste besoin d’une nuit avec la tête hors de l’eau.

Lorsqu’il se réveilla au milieu de la nuit, Merle s’étonna du silence dans la pièce. Il alluma la lamposphère et jeta un œil à Aymée, qui dormait paisiblement. Il eut un sourire plein de gratitude pour les astres et se rendormit.

 

Au matin, il vit qu’elle était allongée dans la même position et que ses joues avaient rosi. Il se précipita vers son lit pour vérifier qu’elle respirait encore. Son souffle était régulier mais elle était brûlante de fièvre.

Est-ce qu’il devait l’emmener aux urgences ? Est-ce que c’était ça, le basculement ? Siloë aurait juste parlé de fièvre, si c’était le cas. Le docteur lui avait dit de venir à l’hôpital le moins souvent possible : les germes là-bas étaient dangereux pour son système immunitaire défaillant. Il décida d’attendre quelques heures.

Il convoqua les triplés, qui froncèrent leurs sourcils blonds, croisèrent leurs bras musclés, écoutèrent ses explications et, à sa demande, répétèrent trois fois de suite les instructions. L’un d’entre eux devait revenir à chaque heure, puisque la boucherie était au bout de la rue, et vérifier la température d’Aymée, ainsi que lui faire boire de l’eau. Si d’autres symptômes apparaissaient, ils devaient venir le chercher immédiatement au magasin. Surtout, ils ne devaient prendre aucune initiative.

 

Merle jeta des coups d’œil au pendule toute la matinée. Serge dut sentir qu’il était plus nerveux que d’habitude, car il partit après seulement trois commentaires sur le vent frais.

Les triplés débarquèrent en fin de matinée, et parlèrent tous en même temps.

— On ne trouvait pas ton magasin.

— Elle voit des choses qui sont pas là.

— Elle t’a appelé.

— Pas moyen de vérifier la température.

— Elle m’a mordu.

Maximilien montra son bras, où Merle vit les traces de dents d’Aymée. Il courut jusqu’à la maison et trouva sa sœur enroulée dans sa moustiquaire, tel un poisson pris dans un filet. Ses yeux passèrent sur lui sans le reconnaître. Il dut prononcer son prénom plusieurs fois, tout doucement, pour qu’elle revînt. Ses yeux se firent moins vitreux l’espace de quelques secondes et il expliqua qu’ils allaient à l’hôpital, qu’elle pouvait s’appuyer sur son épaule, que ça allait bien se passer.

Il prit le sac qu’il gardait toujours prêt au cas où, et aida sa petite sœur à sortir de la maison.

— Ça va aller, répéta-t-il en prenant la direction des urgences, ça va aller.

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maanu
Posté le 15/06/2023
Salut Nanouchka !
J’ai cru comprendre qu’il y avait des roux qui traînaient par chez toi, alors je viens faire un tour pour la gloire des Tentacules… ^^
Et avant toute chose, j’aime beaucoup le titre de ton roman ! Je le trouve très poétique :)
En plus de ça, le personnage de Diane est ultra attachant et sympathique, avec ses rêves, ses difficultés et surtout ses piques sarcastiques qui me font vraiment beaucoup rire !
Un personnage qui rêve de voyages et d’aventures c’est toujours très prometteur et ça annonce de beaux développements :) Sans compter que dans le cas de Diane, surtout dans le premier chapitre, ça permet aussi de faire écho à des problématiques très actuelles…
Avec Merle aussi (bénis soient-ils, sa sœur et lui, d’avoir les cheveux roux) on entre tout de suite en empathie, et son quotidien à lui ajoute encore à la profondeur de ton univers :)
Dès le premier chapitre tu arrives à nous présenter de façon simple et fluide un monde très riche dans lequel on se repère bien, entre la géographie des lieux, les liens entre les personnages, les habitudes et croyances des gens…
Les pouvoirs des personnage ont l’air très sympas, et surtout très originaux
Ça donne envie de découvrir plus concrètement en quoi ils consistent et quels sont les autres types de dons présents dans cet univers ! (celui de Serge est juste génial ! ^^’)

Enfin bref, je suis venue poussée par la fièvre du bingo mais je ne regrette vraiment pas le voyage, je suis complètement happée par ton histoire !! :D
Nanouchka
Posté le 06/07/2023
Awwww, merci co-équipière tentacule ♥
EryBlack
Posté le 01/06/2023
Coucou Nanouchka ! Oh là là je suis tellement accrochée par ce chapitre ! Ça doit tenir à la vision époustouflante que représente la ville, ou peut-être à ces esquisses brèves mais précises du quotidien de Merle et de sa famille, ou peut-être aux détails visuels et aux objets, ou à cette relation frère-sœur qui fonctionne si bien, ou à ces touches discrètes de magie, ou à ce cliffhanger de malade... Tout ça ensemble certainement ! En tout cas, j'ai vraiment adoré ma lecture. Je m'interroge sur ce qui a motivé ton choix de faire apparaître Diane puis Merle (qui semble être deux personnages principaux "à égalité"). Peut-être pour des besoins de l'intrigue que je ne peux pas encore percevoir à ce stade ? En tout cas, je pense que ce chapitre m'a fait davantage d'effet que le premier de Diane. Il était chouette aussi, mais là juste je frétille à l'idée de cliquer sur suivant quoi !
J'ai relevé quelques passages :
- "il fit semblant qu’il ne s’était pas encore couché." > la formulation m'a perturbée. "il fit semblant de ne pas encore s'être couché" ?
- "il était à son établi, les yeux et mains à cette figurine." > là aussi, j'aurais spontanément dit "les yeux et les mains sur cette figurine" ?
- "Il pria les astres pour que ce fût un endroit désert cette fois mais lorsqu’il arriva, il constata que trois enfants entraînaient des marcassins à faire la course." : petite question sur l'environnement ici. J'avais cru comprendre que la ville se déployait dans les arbres, pas au sol. Mais s'il y a des marcassins (et de la terre) je suppose que si en fait, la ville touche aussi le sol ? En tout cas, à ce passage précis, j'aurais apprécié une petite indication de lieu.
- "Ils se retirèrent dès qu’ils finirent de débarrasser" : dès qu'ils eurent fini, je crois
À bientôt pour la suite !
Nanouchka
Posté le 08/06/2023
Coucou Ery :)
Merci pour ton retouuuur !

Oooooooooh, c'est très intrigant ce que tu me racontes sur ta légère préférence pour ce chapitre que l'ouverture de Diane. Faut que je réfléchisse à ça. La structure est pensée de manière à donner l'ascendant à Diane en première moitié, puis à Merle en deuxième moitié. Diane me semblait une porte d'entrée plus évidente, parce qu'elle a un parcours "classique" de fantasy, une intrigue "palpitante". Merle, c'est... autre chose. Il m'est venu après, en plus, alors j'ai naturellement respecté cet ordre. Mais je vais laisser la question exister dans ma tête, ma foi.

Merci pour tes commentaires précis sur les détails, je vais corriger tout ça <3
Peridotite
Posté le 13/02/2023
Coucou Nanouchka,

Ça m’a fait plaisir de découvrir un nouveau personnage qui vit dans un village fort mignon. J’adorerais avoir mon lieu de travail dans une cabane. Mais du coup, est-ce un village perché en haut des arbres ? Les clients doivent grimper jusque chez lui ? Il ne doit pas avoir grand monde si c'est le cas ?

J’aime bien les pouvoirs, l’idée que chacun en est un qui lui permet d’exercer son métier, un peu comme dans Lanfeust de Troy. Mais du coup, suis- passé à côté de celui de Merle ? Son ami très sympathique par ailleurs 😊 lui dit qu’il a un pouvoir inutile. Je me demande du coup ce que c’est.

Merle semble aux petits soins de sa sœur, mais qu’en est-il des triplés ? Ils n’ont pas cette même relation avec elle ? Pourquoi vivent-ils tous ensemble si les triplés ont 30 ans et que les deux autres sont adultes ? Ça me parait bizarre. Si encore la boutique était dans la maison, mais tu dis que la maison est séparée du village et donc de leur lieu de travail. Pourquoi n’ont-ils pas de chez eux ? Et aucun n’est marié à trente ans ? Ils sont hideux ? Ou trop pauvres ? La boucherie ne marche pas ? Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez eux ?

Dans ce chapitre, contrairement aux deux autres, je te conseillerais de faire attention au style qui n’est pas encore fluide selon moi. J’ai buté sur certaines phrases/paragraphes. Par exemple, la description du rêve au début est quelque peu laborieuse. Tu vas me dire que tu veux du mystère, mais le mystère même dans un rêve s’instaure en créant des images et en amenant le lecteur vers des terrains surprenants. Là pour moi, c’était un peu brouillon, car j’ai dû relire les paragraphes pour comprendre. Pareil pour certains dialogues qui ne s’enchaînent pas toujours de façon naturelle.

Je me demande si tu n’as pas casé ici trop d’info. Par exemple, l’épisode de la guérisseuse qui est très rapide peut être gardé pour plus tard. Ça t'éviterait d'introduire mille persos ici. Pareil quand Merle gratte la terre. On ne comprend pas ce qu'il fait, où il est, car tu n'expliques pas. Ces scénettes n’amènent pas grand chose, moi elles m’ont juste embrouillées en fait. Il y a beaucoup d'événements et de persos, mais qui n’ont pas forcément de lien entre eux.

Un autre point qui pourrait être amélioré à mon avis, c’est la personnalité de tes persos. On sent que Merle aime être tranquille dans son coin à bricoler et aime sa sœur. Mais je n’ai pas senti toute l’ambiance frère/sœur à la maison. Leur attitude entre eux m’a même semblé froide, alors qu’une ambiance comme dans la famille de Ron dans Harry Potter serait plus choue à mon avis. La sœur n’a pas une personnalité bien à elle. Qu’aime-t-elle faire ?
De manière générale, quels sont leurs objectifs ? Leurs rêves ? Pourquoi sont-ils restés avec leurs parents si longtemps ? Ils n’ont pas d’aspiration propre ? Et les parents ? Que font-ils dans la vie ? Tu ne les as même pas présentés quand bien même tous vivent chez eux !

Sinon, c’était sympa. Est-ce que Diane va venir dans ce village pour les recherches de Basil ?

Mes notes :

« sur la façade en pierre »
> La façade de quoi ? D’un manoir ?

« ce jardin »
> Tu n’as pas encore décrit le jardin, donc est-ce ok d’employer « ce » ?

« parsemé de fleurs et papillons”
> Autant je m’imagine bien un jardin parsemé de fleurs, autant je ne sais pas ce que tu veux dire avec parsemé de papillons. Les papillons sont-ils tous posés par terre dans l’herbe ? C’est bizarre je trouve. Et je répèterais le « de » : « parsemé de fleurs et de papillons »

« Les glycines tissaient des sillons verts et mauves sur la façade en pierre »
> En fait, si Merle est dans une pièce du manoir et regarde au-dehors, il ne devrait à priori pas voir le mur du manoir.
> Et pourquoi les glycines forment-elles des sortes de tranchées dans les murs ?

Je trouve cette description du jardin peu claire. Ok, c’est un rêve, mais on ne comprend pas ce qu’il se passe. Où est le perso ? Dans le jardin ? Dans sa chambre ? Donc que voit-il concrètement ?

« Merle s’approcha de lui. Il n’y eut plus aucun bruit. »
> « Merle s’approcha de lui sans faire de bruit / en silence » ?

« Il hoqueta face au monstre décharné, de la taille de trois ours adultes »
> Il vaut mieux dire que le cachalot grossit, ce serait plus clair.
> En écrivant ces lignes, je viens de réaliser que tu parles d’un autre monstre, c’est bien ça ? Si c’est le cas, mieux vaut le dire. Le lecteur n’aimera pas avoir à relire pour comprendre et la plupart ne le feront pas.

« Merle sut que c’était une mauvaise idée de regarder mais ne put pas s’en empêcher. »
> De regarder quoi ? Le cachalot ? Mais n’est-il pas déjà en train de le regarder ?

« les petits yeux perçants, en cherchant le cachalot, tombèrent sur lui. »
> C’est un peu maladroit. Et comment sait-il que le monstre cherche le cachalot des yeux ?
« que Merle tomba sur la pelouse »
> Tu as une répétition de tomber

« aux esprits, tandis que lui refusait catégoriquement de s’embarquer dans quoi que ce fût qui n’existât que dans l’esprit »
> Répétition de esprit
> Je suis pas sûre du temps des verbes, à vérifier

« que par l’odeur qui se dégageait de leurs vêtements »
> Tu veux dire… l’odeur de viande morte ?

« — C’est Maxime qui m’en a parlé. Ou Maxence. Ou Maximilien.
[…]
Pourquoi tu me parles de ça, Aymée ?
Elle ne parlait jamais de ses cauchemars, d’habitude. […]
— Bien sûr, déplora-t-elle, quand j’ai voulu lui en reparler »
> Attention à la répétition de parler, quatre fois ici

« Merle détourna les yeux pour ne pas qu’elle lût dans son regard toute l’inquiétude qui s’y dessinait. »
> Un peu alambiqué : « Merle détourna les yeux pour dissimuler son inquiétude. » ?

« ce marché artisan »
> Ce marché artisanal ?

“Situé sur un arbre plus haut que les autres, il offrait une vue superbe sur les cabanes, ponts, guirlandes, lucioles de la capitale »
> Elle est cool sa boutique, je veux la même 😊

« et tout en bas le sol herbacé et fleuri.
Merle s’arrêtait à chaque fois, stupéfait par la beauté de sa ville natale. Elle était particulièrement époustouflante ces jours-ci avec ses feuilles rouges et jaunes qui tombaient lentement et tapissaient le sol et les ponts. »
> Tu as une incohérence puisqu’en deux phrases, le sol est à la fois herbacé et fleuri, mais aussi couvert de feuilles rouges et jaunes.

« Donc, pour devenir riche, il eût suffi d’acheter un grand magasin dès le début. »
> Il aurait suffi ?

« C’est pour toi que je dis ça, ça met ton enseigne »
> Attention aux deux ça à la suite qui ne sonnent pas très jolis

« Avant de s’endormir, il posait des monticules de terre humide à côté de son lit rond, et au matin : des bols. »
> C’est cool comme pouvoir, du coup il bosse en dormant. Je veux le même !
> Il manque un truc non : « et au matin : des bols étaient apparus » ?

« — Bon, c’est pas tout ça mais je vais aller ouvrir, moi. »
> Tu as un dialogue de sourd. Le gars ne lui répond pas. Et s’il connaît la réponse, pourquoi lui demande-t-il ? Pourquoi ne pas lui envoyer une pique à la place ?

« Il pria les astres pour que ce fût un endroit désert »
> Mais où se trouve-t-il ? Je suis perdue

« Merle s’occupait désormais de les peler et puis Maximilien les couperait, Maxence les bouillirait, Maxime les écraserait en purée, et son père les servirait. »
> À trente ans, les triplés vivent toujours avec leurs parents ? Et Merle aussi ? Pourtant, aucun d’entre eux ne s’occupe d’une affaire familiale ou je me trompe ? Les trois sont bouchers et Merle est menuisier. Et Merle dort toujours avec sa sœur quand bien même ils sont tous deux adultes ? Un peu bizarre tout ça, il y a un truc qui cloche dans cette famille.

« Il y a un point de convergence d’énergie là
> Un peu maladroit je trouve

« Siloë »
> Qui ? On ne la pas rencontrée avant je crois
> La guérisseuse ?

« sa sœur enroulée dans sa moustiquaire »
> Tu n’as pas décrit sa moustiquaire avant.

Je serais toi, je ferais des relectures pour lisser le style dans ce chapitre. Comparé aux deux autres, il se lit moins facilement. Sinon, tu introduis de chouettes persos et un village mignon 😊

Au plaisir de lire la suite
Nanouchka
Posté le 18/02/2023
Salut Peridotite,

Merci pour ta lecture attentive !

Le marché L'Alcôve a une grande plateforme en bois qui relie les cabanes entre elles, pour faciliter le déplacement des passants et acheteurs. Ce qui, je me rends compte, est très clair pour moi, et très, très, très implicite dans le texte. Je vais préciser.

Merle n'utilise pas sa magie consciemment pour le moment, donc on n'en saura plus là-dessus que quand il surmontera cette étape. De fait, le métier associé à son pouvoir est tombé en désuétude, sauf chez des tribus marginales.

Très drôles, tes questions sur les triplés. Je ne les vois pas se marier parce qu'ils sont leur propre unité, et du coup ça leur semble naturel de rester avec leurs parents. Je crois que d'une façon générale, à Canopée, tu vis en famille : celle d'origine ou celle que tu formes ; mais tu ne déménages pas juste pour vivre seul, ce n'est pas quelque chose qui fait sens pour eux. Par ailleurs, ils n'ont pas beaucoup d'argent, donc ce n'est effectivement pas le luxe : Aymée et Merle ont été casés dans le grenier transformé en chambre depuis l'enfance.

J'ai en effet casé beaucoup, beaucoup, beaucoup d'informations dans ce chapitre, j'avoue. Je vais voir ce que je peux retirer et comment.

Hahaha justement, je n'ai pas entièrement décrit la dynamique familiale parce qu'elle va apparaître peu à peu. L'essentiel c'était qu'on comprenne ici que Merle et Aymée fonctionnent comme un duo au sein de leur famille, et on élucidera peu à peu pourquoi. Comme un mystère ? Est-ce que c'est peut-être trop mystérieux ?

Idem pour la personnalité des personnages. J'ai donné ici des pistes : Aymée et Merle sont tous les deux passionnés par leur activité respective, elle la cartographie et lui la construction de figurines qu'il vend dans son magasin ; on les voit introvertis, taiseux, pudiques. Ils ne sont pas dans l'expression d'affection enthousiaste, comme pourrait l'être Diane, mais plutôt dans un langage d'amour qui passe par rendre des services, donner de l'espace, être respectueux. J'avais le sentiment que ça fournissait un premier aperçu d'eux, qu'on allait ensuite approfondir au fur et à mesure. Est-ce que t'as ressenti un peu tous ces aspects-là et il t'en manquait encore ? Ou est-ce que t'as trouvé que ces facettes ne ressortaient pas assez en l'état ? En tout cas, je confirme : ce n'est pas du tout la même ambiance que chez Ron ; ici, je veux vraiment une famille dysfonctionnelle, parce que c'est un des thèmes du roman.

Ce n'est pas un village héhé, c'est la capitale de Madeira, une grande ville-forêt (je l'aime). Et Diane est en chemin, oui !

Merci pour toutes tes remarques très précises, je vais m'occuper de tout ça !
Peridotite
Posté le 19/02/2023
Coucou Nanouchka,

J'essaie de te répondre ci-dessous en réfléchissant à mes ressentis :

"mais plutôt dans un langage d'amour qui passe par rendre des services, donner de l'espace, être respectueux. [...] Est-ce que t'as ressenti un peu tous ces aspects-là et il t'en manquait encore ? Ou est-ce que t'as trouvé que ces facettes ne ressortaient pas assez en l'état ?"
> Je trouve le fait de vivre l'un sur l'autre, comme des enfants, ne donne pas ce ressenti de "donner de l'espace". Au contraire, je me dis qu'ils doivent s'étouffer à vivre l'un sur l'autre. D'autant que tu enfonces le clou en disant que la soeur empêche même Merle de dormir. Son travail doit donc en être impacté. Et peut-être d'autres pans de sa vie. Peu de filles accepteraient de l'accompagner dans sa chambre par exemple, s'il y a sa soeur ? Donc il a zéro vie sentimentale. À moins qu'il les emmène dans sa boutique ?
J'imagine aussi que la présence de Merle doit être fort dérangeante pour A. Imagine comme elle doit être mal à l'aise lorsqu'elle se déshabille pour aller au lit. Ou quand elle a ses règles ? Ils n'ont même pas de paravent pour se séparer des regards. Moi je n'apprécierais pas de partager l'intimité de mon frère adulte. Mais bon, c'est ptêtre juste moi ?

Alors respectueux, je ne l'ai pas vu manqué de respect envers elle et inversement. Donc ok pour ça.

Rendre des services, ce n'est pas encore présent dans ce chapitre-ci. À priori, rien dans ce chapitre ne dit qu'elle l'aide à fabriquer ou vendre ses figurines par exemple. S'il a une autre passion, comme aller marcher dans les bois ou le jardinage, il semble le faire seul, sans elle. Donc je n'ai pas eu ce sentiment qu'elle l'aidait dans sa vie.
Lui l'aide parce qu'elle est malade, mais les triplés aussi et on imagine que ses parents aussi.
Est-ce qu'il l'aide à faire ses cartes ? J'imagine que si elle est enfermée toute la journée, elle ne doit pas connaître grand chose du monde, donc je sais pas s'il fait des expéditions ou quoi pour lui faire des brouillons de cartes ? En tout cas, c'est pas dit ici. Mais du coup, s'il faisait ça, ce serait lui qui ferait tout le boulot. Il lui apporte les brouillons et elle les met au propre ? Ça serait une sorte de bienveillance envers une personne malade, mais ça signifierait aussi qu'il ne la prend pas au sérieux et ne la considère pas comme une bonne cartographe ? Mais je vais peut-être trop loin ? En tout cas, on ne sent pas encore tout le lien qui les lit à part qu'ils se marchent dessus dans la chambre. On se demande qui les a forcés à cohabiter de la sorte ? Les parents ? Mais il a une boutique à lui, rien ne l'empêcherait d'y mettre une couchette ? Qui le force à rester ? C'est assez étrange je trouve. Est-ce sur ce point que tu veux mettre le mystère ? Qu'on se demande s'il y a une sorte de relation incestueuse entre les deux ? 🤔

Si tu veux bien centré le chapitre sur la relation de Merle avec sa famille, à mon avis, il faut revoir car en tant que lecteur, on est noyé sous pleins d'infos et on ne sait pas encore lesquelles sont du pures lore, du foreshadowing, ou de l'exposition à ce stade. Je renforcerais le lien entre les gens si j'étais toi, donc en mode louche, plus en mode Haut de Hurlevent que Ron du coup ? Haha je pense qu'il ne peut pas y avoir de relation familiale pire que dans ce livre, mais je me demande ce que tu as en tête. Pour l'instant, cette mauvaise ambiance que tu souhaites créer, si j'en crois ton commentaire, n'est pas encore palpable dans le texte. La preuve est que je penchais plus vers une bonne ambiance à la Ron.

Allez, je vais lire la suite 🙂
Nanouchka
Posté le 19/02/2023
D'accord, merci beaucoup pour les précisions, je réfléchis à tout ça et je rectifierai !
Gabhany
Posté le 10/02/2023
Coucou ! J'aime beaucoup ce nouveau personnage, il est touchant ! Sa relation avec sa soeur est attendrissante :) Ai-je raison de penser qu'Aymée est atteinte de la cendrure ? Et cette ville où ils vivent ! Ca a l'air tellement beau.
L'univers a l'air très vaste et ça donne envie d'en découvrir plus.
Il y a quelques concepts qui ont l'air intéressants, qu'est-ce qu'une Haut-Perchée ? De toute façon le nom lest joli donc j'adhère ^^
Et donc si j'ai bien lu, Merle n'a pas de mana ? Mais il souffre de celui de sa soeur qui a l'air aussi particulier que celui de Diane. Hum hum, que de pistes de réflexion =D
En tout cas je suis enchantée de cette lecture vraiment immersive.
Nanouchka
Posté le 10/02/2023
Awwww, merci beaucoup pour ta lecture, Gabhany, ça me fait hyper chaud au cœur que ça te plaise et ça m'encourage à carburer ! <3

Tu as raison de penser qu'Aymée est atteinte de cendrure, en effet.

Haut-Perchée est seulement le surnom de Siloë, ce que je devrais peut-être préciser (je l'aime beaucoup aussi).

Merle a du mana mais n'exerce pas sa magie intentionnellement... pour le moment !
Chacardi
Posté le 30/11/2022
olala ce suspense ! j'ai hâte de découvrir le début du voyage de Diane mais je suis aussi contente de rencontrer de nouveaux personnages, j'aime beaucoup la relation fraternelle entre Merle et Aymé, et puis c'est vraiment bien écrit !
Nanouchka
Posté le 30/11/2022
Mais, mais, mais : insérer visage ravi avec sourire qui va jusqu'aux oreilles. Merci beaucoup <3
Zlaw
Posté le 27/11/2022
Bonjour Nanouchka !


Je m'attendais à la suite - ou plutôt le début - du voyage de Diane avec Basile, mais je suppose que ça viendra plus tard. Dans ce chapitre, on découvre toute une flopée de nouveaux personnages, presque un peu comme un second premier chapitre. Pourquoi pas ! Ça maintient le suspens du côté des personnages qu'on a déjà vus, et ça permet d'ouvrir le champ des points de vue pour l'histoire. La seule obligation avec ce type de narration, c'est de ne pas se perdre, sinon c'est sûr que les lecteurs vont être paumés. Pour moi, jusqu'ici, ça va, et j'ai le pressentiment que c'est parti pour continuer à rouler. =)

Bon, comme le premier chapitre, on a beaucoup d'informations à emmagasiner.
C'est bien parce que, encore une fois, ça sécurise dans le fait que tu sais où tu vas. Il n'y aura pas d'obscur lien de parenté révélé plus tard parce que ça arrange l'histoire que quelqu'un ait un cousin à tel endroit sans qu'il n'en ait jamais parlé avant. ^^
D'un autre côté, ça fait beaucoup, donc si tu comptes retoucher quoi que ce soit, ma seule suggestion serait de ne pas hésiter à remettre une petite couche sur certains éléments. Ce n'est pas strictement nécessaire, mais j'essaye toujours d'avoir une pointe de constructivité quand même. Et répétition est mère de mémorisation, comme je dis souvent. Il faut penser aux gens qui sont mauvais avec les prénoms mais qui aiment quand même lire. Ce qui paraît clair à la première énonciation ne l'est pas toujours à la première lecture, et si un lecteur peu en effet revenir sur ce qu'il a lu, ça peut embêter d'être poussé(e) à le faire un peu trop souvent. On n'en est pas là ici, ne t'inquiète pas, mais je suis toujours d'avis de prendre les devants. Il y a une énorme marge entre donner une information une seule fois et l'avoir trop répétée. Plus grande qu'on se l'imagine, en ma maigre expérience. On a parfois l'impression d'être lourd à l'écriture, et en fait c'est à peine suffisant à la lecture. C'est vraiment un super hobby que le nôtre, huh ? xD

Ce nouvel axe de l'histoire apparaît centré autour d'un certain Merle, tailleur de jouets en bois. Merle à des grands frères triplés (Les M, pour Maxime, Maximilien, et Maxence) et une petite sœur, Aymée. Très pratique d'avoir nommé les triplés de manière similaire, leur avoir donné le même métier, et à peu près la même personnalité. D'autant que ça ne sonne pas faux, parce que ce sont des choses qui arrivent, dans une fratrie, d'être très similaires.

Un détail qui m'a interpelée, c'est que, si je comprends bien la conversation avec Serge, tout le monde a donc une magie, dans ce monde ? Ce n'est donc pas une exclusivité d'une partie de la population ? C'était une présomption de ma part, mais c'est très intéressant d'avoir ce début de confirmation du contraire ! Ça doit éviter pas mal de rancœur parmi la population, même si on a déjà vu que tous les moyens sont bons pour diviser... Capitale vs. campagne, région vs. région, et je suppose type de magie vs. autre type de magie. On ne refait pas l'humanité !

Côté géographie, en lisant que Merle était situé à Canopée (qui est donc une ville, alors), j'ai invoqué ma mémoire et me suis dit "c'est la destination de Diane, donc ils sont séparés par une mer ou un océan". Mais je n'étais pas sûre, en grande partie parce qu'étant très mauvaise en géographie du monde réel, mémoriser celles de fiction n'est jamais facile pour moi. Après, il parle de Madeira, et ma mémoire m'a dit la même chose que pour Canopée ; c'est en gros à l'autre bout du monde par rapport à Diane. Mais, bêtement, tu sais ce qui m'a convaincue que je ne me souvenais pas mal ? C'est le fait que personne ne possède d'animaux dans cette région. Merle ne peut donc pas être là où est Diane, sinon, pourquoi un vétérinaire ? ^^ (Cette partie de mon commentaire est peu utile, mais je me suis dit que je me raccrochais aux trucs les plus débiles pour me repérer et que c'était peut-être une forme de compliment pour ta cohérence.)

Je suis avec Merle contre la pensée positive. Ma mère m'a toujours parlé de la méthode Coué, et ça n'a jamais fonctionné avec moi. Certes, si ça peut aider d'autres gens, grand bien leur en fasse... tant qu'ils ne sont pas pénibles comme le cousin Serge ! xD

Le personnage d'Aymée est développé en tandem avec celui du plus jeune de ses grands frères. Cartographe et un peu aussi pédologue, elle est enfermée à la maison par une maladie mystérieuse. Si j'ai bien compris, sa maladie (liée à sa magie ou non) lui confère des cauchemars, cauchemars que son frère (grâce à sa magie, étrangement inexploitée) subit. Mauvais combo. Ou alors très bon combo pour son rétablissement ? Sans doute que sans cette connexion en apparence fortuite, ses chances de guérisons seraient faibles.

On évoque puis rencontre une certaine Siloë, dite "Haut-Perchée", qui vit cachée dans la forêt et fournit des remèdes à Merle pour sa sœur. Très mystérieux, ce point.

Il est également fait mention d'une certaine Eugénie. Une autre sœur à la fratrie ? Atteinte du même souci que la benjamine ? Là aussi, mystère, mais au moins on a matière à s'interroger, et plus d'informations que ce qu'on a déjà reçu serait sans doute trop !


Voilà pour moi. Très bien ficelée, cette histoire. Tu tisses une étoffe avec beaucoup de fils au centimètre carré, c'est immersif. À bientôt ! =)
Nanouchka
Posté le 28/11/2022
Yaaaaaaaay, merci beaucoup pour ta lecture et ton commentaire détaillé ! C'est si agréable que ces gens et lieux existent désormais dans un autre cerveau que le mien (et rassurant, je dois dire, parce que je m'y promène pas mal seule).

Je note ta remarque sur répéter un coup les informations essentielles pour que le lecteur puisse bien s'en imprégner. Je déteste effectivement quand je dois trop revenir en arrière, donc je vais faire attention à ça.

Tu as tout juste : tout le monde a une forme de magie dans cet univers et malgré cela, comme tu le dis si bien, ils trouvent quand même des raisons de se chamailler.

J'avais complètement oublié ce détail que j'ai créé moi-même (et ce n'est que le début d'une longue série de ce phénomène, je le sais, donc ton relevé est extrêmement précieux) et tu as encore une fois raison : à Ilyn, chez Diane, on a des animaux domestiques, tandis qu'à Madeira ce n'est pas du tout possible. Ce sont des approches différentes de ces autres règnes.

Ravie que tu poursuives cette aventure à mes côtés, en tout cas <3
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